Aulnay-sous-Bois : les policiers tentent la défense du viol… par accident

viol-violences-policiers-en-garde-a-vue-aulnay_5794673Quatre policiers de la brigade spécialisée de terrain (BST) d’Aulnay-sous-Bois ont été mis en examen ce dimanche 5 février pour violences volontaires en réunion, à la suite d’un contrôle d’identité qui a dégénéré d’une manière à peine croyable. L’un d’entre eux est accusé d’avoir violé, lors de ce contrôle, le jeune homme de 22 ans interpellé.

Un simple contrôle de police qui aurait dégénéré en viol. Quatre policiers soupçonnés d’avoir interpellé avec violence un jeune homme de 22 ans à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, alors qu’ils procédaient le jeudi 2 février à un contrôle d’identité, ont été mis en examen ce dimanche soir pour violences volontaires en réunion et l’un d’entre eux pour viol, a annoncé le parquet de Bobigny. Plus tôt dans la journée, le Parquet avait pourtant requalifié les faits, ne retenant que l’accusation de violences en réunion.

Bien que le jeune homme présente selon les médecins « une lésion du canal anal de dix centimètres de profondeur », le parquet de Bobigny a en effet estimé qu’il n’y aurait pas eu d’élément intentionnel de pénétration. Un avis toutefois balayé par le juge d’instruction chargé de l’affaire, qui a finalement mis en examen le policier soupçonné d’avoir provoqué ces blessures avec une matraque télescopique, pour viol par personne ayant autorité et violences volontaires.

« C’est une affaire exceptionnellement grave (…), ce gamin n’est pas connu des services, il appartient à une famille de gens parfaitement intégrés qui ne cherchent pas d’histoires. (…) Il y a une exigence vis-à-vis de la justice, la famille veut des réponses », a réagi sur France Inter ce lundi 6 février l’avocat de la victime, Eric Dupond-Moretti, saluant l’intervention du maire Les Républicains de la ville, Bruno Beschizza – lui-même ancien policier -, qui a publiquement dénoncé dans un communiqué la tentative de requalification des faits.

Placés sous contrôle judiciaire et « immédiatement » suspendus par le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, les quatre agents de police de brigade spécialisée de terrain (BST) d’Aulnay-sous-Bois ont quant à eux désormais « l’interdiction d’exercer l’activité de fonctionnaire de police » et « l’interdiction de paraître en Seine-Saint-Denis ». Sur le déroulé de l’interpellation du jeune Théo, filmée par les habitants, les versions divergent cependant.

Le pantalon aurait… « glissé tout seul »

Quand les policiers sont arrivés sur place dans la Cité des 3.000, raconte un témoin dans Le Parisien, « ils ont giflé un petit. Par la suite, le petit Théo a voulu s’interposer pour défendre son pote (…) et les flics n’ont pas aimé. » « Il y a des échanges de mots mais on ignore ce qui se dit, complète une source proche de l’enquête dans Le Monde. Assez rapidement, les policiers font usage de gaz lacrymogène ».

Comment la matraque de l’un des policiers a-t-elle pu finir par pénétrer l’anus du jeune homme ? Eh bien les policiers affirment, rapporte toujours cette source proche de l’enquête, que le pantalon du jeune homme « semble glisser tout seul ». « Sur la vidéo, on voit un coup de matraque télescopique, à l’horizontale, vers la victime. Le coup traverse le caleçon, nous pensons que c’est celui-ci qui entraîne la blessure », conclut la source dans le quotidien.

Une version qui a provoqué ce lundi matin l’ironie outrée de Me Dupond-Moretti : « Il est contrôlé par quatre flics qui le battent, il y a du sang partout sur le mur, et on introduit dans l’anus de ce jeune homme une matraque (…), le pantalon baissé qui a dû tomber par hasard… ». Sur la tentative du Parquet de ne garder que la qualification de violences, l’avocat relève : « Tous ceux qui introduiront un objet quel qu’il soit dans le sexe ou dans l’anus pourront revendiquer qu’ils n’ont pas de visées sexuelles, et ils seront donc mis en examen pour violences, avis aux amateurs ! »

Outre cette blessure, Théo présente également des ecchymoses au visage et au niveau du crâne. Il affirme avoir été frappé au moment de son interpellation, de son menottage ainsi que dans le véhicule de police où les agents de la BST lui auraient de surcroît asséné des insultes à caractère raciste comme « bamboula » ou « négro ». Lorsque le policier a pris « sa matraque » et qu’il me « l’a enfoncée dans les fesses » (…) « volontairement » (…) j’ai cru que j’allais mourir » (…) mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal », a quant à lui confié Théo à ses avocats selon un document audio auquel à eu accès BFM. Un état de santé qui lui a d’ores et déjà valu soixante jours d’interruption totale de travail.

Ce week-end, l’affaire a provoqué de brefs incidents à Aulnay-sous-Bois : une voiture incendiée et une tentative d’incendie sur un bus. Un habitant s’est confié auprès de l’AFP : « C’est un vrai choc, comme on en a jamais connu à Aulnay ».

Source Mariane 06/02/2017

On line. Aulnay-sous-Bois : « Si les policiers nous attaquent, qui va nous protéger ? »

La marche en soutien au jeune homme, dont la famille n’est pas à l’initiative, va commencer. Il a été grièvement blessé à l’anus avec une matraque, jeudi dernier, lors d’une interpellation par quatre policiers. Depuis, trois d’entre eux ont été mis en examen pour violences volontaires en réunion, et un pour viol. Tous ont été suspendus.

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Harcèlement scolaire : l’Etat reconnu en partie responsable du suicide d’une collégienne

Nora Fraisse, la mère de Marion Fraisse, au tribunal, à Paris, le 14 novembre 2013. FRED DUFOUR / AFP

Nora Fraisse, la mère de Marion Fraisse, au tribunal, à Paris, le 14 novembre 2013. FRED DUFOUR / AFP

Les investigations ont confirmé « des infractions pénales imputables » notamment au principal du collège et à des membres de son équipe.

Victime de harcèlement dans son collège de l’Essonne, il y a quatre ans, la jeune Marion Fraisse, 13 ans, s’était donnée la mort chez elle par pendaison. Dans un jugement du 26 janvier, révélé jeudi 2 février, le tribunal administratif de Versailles a reconnu l’Etat partiellement responsable du drame. En conséquence, l’Etat a été condamné à verser 18 000 euros de dommages et intérêts à la famille de l’adolescente.

L’Etat est reconnu coupable de n’avoir pas détecté ni empêché le harcèlement de la jeune fille par certains de ses camarades de classe. Il lui est également reproché de n’avoir pas entendu les multiples appels à l’aide lancés par sa mère auprès du personnel enseignant et de la direction du collège Jean-Monnet de Briis-sous-Forges. Le tribunal considère notamment que :

« L’absence de réaction appropriée à des événements et des échanges hostiles entre élèves qui se déroulaient pour partie sur les lieux et pendant les temps scolaires caractérise un défaut d’organisation du service public de l’enseignement de nature à engager la responsabilité de l’administration ».

« Véritable désorganisation » au sein du collège

Le tribunal souligne cependant qu’une grande partie des menaces et insultes proférées à l’égard de l’adolescente ont transité par moyens électroniques, notamment sur Facebook, et donc ont échappé au contrôle du personnel éducatif, atténuant ainsi la part de responsabilité de l’administration.

Les investigations diligentées ont confirmé « des infractions pénales imputables » notamment au principal du collège et à des membres de son équipe d’encadrement, avait fait savoir l’avocat de la famille, MDavid Père, en mars 2016.

D’après Me Père, « le collège souffrait d’une véritable désorganisation, au sein de laquelle plusieurs élèves faisaient l’objet de comportements violents en toute impunité ». « Les obligations incombant aux personnels de l’éducation nationale, notamment en matière de prévention et de sécurité des élèves, n’ont pu être respectées », avait-il déploré.

Source Le Monde AFP 02/02/2017

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Politique, Politique de l’éducation  rubrique Education, Société, Justice,

Un Français sur cinq en situation de précarité énergétique

«Selon les chiffres du dernier baromètre Énergie-Info, 33% des Français se sont privés de chauffage au cours de l'hiver 2015-2016, pourtant clément, afin d'éviter de payer des factures trop élevées», précise le médiateur national de l'énergie.

«Selon les chiffres du dernier baromètre Énergie-Info, 33% des Français se sont privés de chauffage au cours de l’hiver 2015-2016, pourtant clément, afin d’éviter de payer des factures trop élevées», précise le médiateur national de l’énergie.

INTERVIEW – La vague de froid rend encore plus aiguës les questions d’accession à l’énergie pour les ménages défavorisés. Jean Gaubert, le médiateur national de l’énergie, revient sur cette problématique qui est un véritable enjeu de société.

LE FIGARO. – Comment définir la précarité énergétique?

Jean GAUBERT. – Selon la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement: «Est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat.» Afin de quantifier le nombre de personnes touchées par la précarité énergétique, l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), présidé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), et dont le médiateur est partenaire depuis sa mise en place en 2011, utilise une combinaison de plusieurs indicateurs concernant les dépenses énergétiques, le niveau des revenus et le ressenti du froid. Les derniers chiffres publiés, à partir de la dernière enquête logement de l’Insee, font état de 5,6 millions de ménages en précarité énergétique, soit 12,1 millions de personnes, c’est-à-dire un Français sur 5.

Quels sont les éléments qui sous-tendent cette précarité?

De mon point de vue, la précarité énergétique est liée à trois facteurs qui sont indissociables: la fragilité des foyers disposant de faibles ressources financières, la mauvaise isolation des logements et le prix de l’énergie. Depuis une décennie, le revenu des catégories les plus modestes a peu évolué, et parfois pas à hauteur de l’inflation. Par contre les prix de l’énergie ont beaucoup augmenté. Selon les chiffres du dernier baromètre Énergie-Info, une enquête que je réalise chaque année, 33% des Français se sont privés de chauffage au cours de l’hiver 2015-2016, pourtant clément, afin d’éviter de payer des factures trop élevées. Par ailleurs, 8 % des personnes interrogées ont rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie et 2% d’entre-elles déclarent avoir subi une réduction de puissance en électricité ou subi une coupure d’électricité ou de gaz naturel. Les personnes les plus en difficulté sont souvent celles qui résident dans les bâtiments les plus vétustes, mal isolés, avec de ce fait des coûts énergétiques élevés. La précarité énergétique est un sujet majeur de préoccupation pour moi, car elle a un impact social et sanitaire important.

La libéralisation du marché de l’énergie a-t-elle intensifié la précarité?

Je pense qu’il ne faut pas faire d’amalgame et tout mélanger, même si selon moi, la libéralisation des marchés de l’énergie ne s’est pas faite, jusqu’à ce jour, dans l’intérêt des consommateurs. Pour autant, la création par le législateur, d’un médiateur national de l’énergie, au moment de l’ouverture des marchés de l’électricité et du gaz naturel à la concurrence, a permis de mettre en place un nouvel interlocuteur, neutre et indépendant, observateur privilégié du fonctionnement des marchés. Mes services, que ce soit lorsqu’ils interviennent en médiation pour résoudre des litiges, ou qu’ils informent et assistent les consommateurs dans leurs démarches, sont confrontés à des personnes qui sont dans des situations financières délicates, et parfois mêmes dramatiques. Les difficultés de paiement de factures d’énergie représentent, selon les années, entre 10% et 20% des sollicitations qui me sont adressées. C’est parce que des factures d’énergie très élevées, parfois de plusieurs milliers d’euros, peuvent faire basculer des familles du jour au lendemain dans la précarité, que je suis fier d’avoir obtenu, dans le cadre de la loi de transition énergétique, la limitation des rattrapages de facturation à 14 mois, une mesure qui est entrée en vigueur l’été dernier.

Quelles sont les propositions du médiateur national de l’énergie pour remédier à la situation?

J’ai soutenu plusieurs dispositions en faveur des consommateurs d’énergie les plus précaires, que le législateur a décidé d’adopter: par exemple, la trêve hivernale des coupures d’énergie du 1er novembre au 31 mars, l’interdiction des rattrapages de facturation remontant à plus de 14 mois – répétons-le – et la mise en place du chèque énergie qui, à la différence des tarifs sociaux, apporte une aide, quelle que soit l’énergie de chauffage utilisée. Ce sont des avancées considérables, mais il reste du chemin à parcourir! Le chèque énergie est pour l’instant en phase d’expérimentation dans quatre départements. Je suis très favorable à sa généralisation prévue le 1er janvier 2018, même si des ajustements me paraissent nécessaires pour améliorer son efficacité, en particulier son montant et la garantie du bénéfice des droits liés, lors de la trêve hivernale. Je plaide aussi pour la mise en place d’un fournisseur d’électricité universel de dernier recours, pour les consommateurs, particuliers ou petits professionnels, en situation financière délicate, qui ne parviennent plus à souscrire de contrat avec un fournisseur.

Et s’agissant plus précisément du logement….

Les mesures curatives précitées sont nécessaires mais elles doivent s’accompagner d’actions de rénovation sur l’habitat afin notamment de supprimer les «passoires énergétiques». Dans ce but, des mesures préventives avec des effets sur le long terme sont indispensables. Je pense notamment au renforcement du programme «Habiter mieux» de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) et, pour les logements en location, à l’obligation d’un niveau de performance énergétique minimum. Seule la conjugaison de moyens d’action curatifs et préventifs permettra de faire reculer durablement la précarité énergétique. Pour ma part, fort des enseignements retirés des litiges individuels dont je suis saisi, j’ai le souci permanent de continuer à être force de propositions pour renforcer la protection des consommateurs d’énergie, et en particulier des plus fragiles.

Frédéric De Monicault

Source Le Figaro 3/01/2017

Voir aussi : Actualité France Rubrique Société, Pauvreté, Emploi, Logement, Santé, Justice,

Juncker aurait bloqué des réformes contre l’évasion fiscale, selon le «Guardian»

3152Selon des documents confidentiels révélés par le « Guardian », l’actuel président de la Commission européenne aurait bloqué des réformes lorsqu’il était Premier ministre luxembourgeois.

Le « Guardian » révèle que l’actuel président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker aurait bloqué des réformes destinées à lutter contre l’évasion fiscale des sociétés multinationales, lorsqu’il était Premier ministre luxembourgeois.

Se basant sur des documents diplomatiques allemands confidentiels, le « Guardian » explique le fonctionnement d’un comité qui se réunit depuis 1998 pour veiller sur l’engagement pris par les Etats membres de l’UE de ne pas se livrer à une concurrence déloyale entre eux en matière de politique fiscale. Selon le journal, une petite poignée de pays, souvent dirigés par le Luxembourg (avec à l’époque Jean-Claude Juncker a sa tête), ont utilisé leur présence dans ce comité pour freiner ou diluer l’action de l’UE et protéger leurs propres régimes fiscaux.

Contacté par le « Guardian », un porte-parole du ministère des Finances s’est refusé à commenter ces documents « dont ils n’avaient pas connaissance ».

Voir aussi : Actualité Internationale Rubrique UEJuncker au centre d’un scandale fiscal impliquant 340 multinationalesBarroso à Goldman Sachs : l’éthique en toc de la Commission européenne, Pluie de critiques après l’embauche de Barroso, L’Union européenne malade de l’atlantisme, Luxembourg, Commission la finance aux manettes, rubrique Politique, AffairesL’ancienne commissaire européenne Neelie Kroes rattrapée par sa société offshore  , Histoire, Jean-Claude Juncker (archives), Rapport SREL, On Line  L’Europe des profiteurs ,

Histoire. Culture du mouvement noir américain et activisme social

Livre

9782707175502Avec  Black America, l’historienne des Etats-Unis Caroline  Rolland-Diamond propose une analyse globale des mouvements de revendications noirs américains depuis l’émancipation des esclaves jusqu’à nos jours, en redonnant toute leur place aux acteurs et actrices anonymes. Elle éclaire notamment les forces quoditiennes  sociale et féminine de la résistance sur un temps long.

L’histoire institutionnelle du mouvement noir américain peut se résumer en quelques dates. 1619, arrivée des vingt premiers esclaves africains dans la colonie britannique de Virginie. L’esclavage qui occupe une position centrale dans l’organisation sociale et économique du Sud, se prolonge après l’indépendance des Etats-Unis, en 1776, jusqu’à la guerre de Sécession 1861/1865.

Après l’émancipation des esclaves débute la période de  Reconstruction du Sud (1865- 1877) durant laquelle les affranchis peuvent jouir de leurs droits civiques sous protection militaire. Mais cela ne permet pas d’établir les bases de l’égalité. En 1954 la Cour suprême déclare la ségrégation  inconstitutionnelle et moralement indéfendable.

En 1964, le pays met un terme à la ségrégation légale. Un an plus tard  le droit de vote est institué  pour les Africains -Américains du Sud.  Cette histoire officielle a figé dans la mémoire collective les grandes figures que sont  : Rosa Parks, Martin Luther King et Malcom X qui résumeraient à eux seuls le long combat des Noirs américains pour l’égalité.

Le bon Martin et le vil Malcom

imagesSpécialiste des mouvements sociaux américains, Caroline Rolland-Diamond, inscrit son travail dans le prolongement de l’historiographie des année 1980 et 1990 qui a contesté le mythe de la période héroïque (1954-1965) permettant l’idéalisation d’une Amérique libérale indifférente à la couleur de la peau « dans les bonnes année 1960 » aux dépens de la décennie suivante 1965-1975 perçue comme radicale et incarnée par le Black Panther Party.

Cette nouvelle analyse a permis de montrer que le mouvement des droits civiques provenait des institutions noires qui rendirent possible la mobilisation de masse dès les années 50. Elle a aussi souligné le rôle déterminant des militants inconnus de la classe ouvrière. « Et par là même elle a pu réintroduire  les luttes sociales et économiques des Noirs occultées par la conception étroite des droits civiques », souligne Caroline Rolland-Diamond.

Le temps long de l’ histoire

Lynchage de trois Africains -Américains accusés du viol d’une femme blanche, à Duluth (Minnesota) le 15 juin 1920 Crédit Photo library of Congress

Lynchage de trois Africains -Américains accusés du viol d’une femme blanche, à Duluth (Minnesota) le 15 juin 1920 Crédit Photo library of Congress

En remontant à l’émancipation des esclaves en 1865, l’historienne à l’Université Paris-Ouest-Nanterre met en perspective deux grandes traditions de mobilisation individuelle et collective des Noirs : la tradition libérale  s’appuyant sur les institutions nationales pour revendiquer l’égalité, et la tradition radicale qui critique ces institutions et réclame une transformation profonde de l’économie et de la société américaines.

Ce faisant l’auteur s’attache aussi à redonner leur place aux femmes noires américaines. Tout au long de  cette histoire, organisée en sept chapitres chronologiques, une part importante de l’activisme consiste à obtenir un logement décent, un emploi suffisamment rémunérateur et à conquérir le pouvoir politique pour y parvenir. Un combat mené au quotidien visant à trouver des solutions concrètes pour survivre, qui fut largement mené par les femmes.

La mort d’Eric Garner, tué par étranglement par un policier blanc de New York  alors qu’il vendait des cigarettes à la sauvette, celle de Michael Brown à Ferguson en 2014, ont ouvert une plaie jamais ferméee cette histoire inachevée, nous rappelle l’auteur dans son épilogue.

 JMDH

Ed. La Découverte 24,50 euros

Source : La Marseillaise 20/12/2016

Voir aussi : Rubrique Histoire, rubrique Afrique, rubrique Livre, Comédie du Livre une fenêtre sur l’Afrique, Afrique 50 les colonies en héritage, rubrique Etats-Unis, “Strange Fruit”, et Billie Holiday suspendit l’Histoire, Les lumières noires de Harlem en mémoireSociété, Mouvements sociaux,