Les maires de Madrid, Barcelone et plusieurs grandes villes italiennes se sont réunis samedi à Rome pour lancer un appel “à sauver l’Europe d’elle-même” sur la question de l’accueil des migrants…
L’année dernière, plus de 2.260 migrants ont trouvé la mort en tentant de traverser la mer, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Du côté des arrivées, 113.482 personnes ont traversé la mer pour gagner les côtes des pays méditerranéens, soit une baisse par rapport à 2017 (172.301). En proportion, la mortalité a augmenté en 2018 par rapport à l’année précédente.
L’année 2018 a été marquée par une crise diplomatique entre pays européens autour de l’accueil des réfugiés, notamment après que le gouvernement italien, au fort discours anti-migrant a fermé ses ports aux bateaux humanitaires. Alors que la voie principale de migration passait jusque-là par la Libye et l’Italie, l’Espagne est ainsi redevenue en 2018 la première porte d’entrée en Europe, avec 55.756 arrivées par la mer (contre 22.103 en 2017).
Dans ce domaine chaque pays membre de l’Union européenne conserve sa souveraineté mais il existe en Europe suffisamment d’analogie culturelles et historiques pour retrouver la raison. Si elles n’entrent pas dans les calendriers politiques, orientés sur les opportunités individuelles à court terme, les solutions sont connues. Il revient à l’UE et aux Etats membres d’élaborer une politique migratoire qui évite les catastrophes humaines en luttant contre les causes profondes des déplacements et les facteurs qui forcent les gens à entreprendre des voyages de plus en plus périlleux. A plus court terme, la communauté européenne devrait mettre en place un mécanisme régional de débarquement qui respecte les droits humains élémentaires.
Comment peut-on lire l’absence des maires français qui de Nice à Montpellier revendiquent les richesses de la culture méditerranéenne ?
En pleine crise démocratique, et quelque soit leur appartenance politique, ils semblent que les maires des grandes villes préfèrent agir en tant qu’agent de l’Etat plutôt que comme les aiguilleurs d’un nouveau rapport démocratique. Bien que septiques, ils participent assez docilement au grand débat national lancé par un gouvernement au aboie, alors même que la baisse de la dotation globale de fonctionnement menace l’exercice de leur attributions.
L’action menée samedi par les maires de plusieurs grandes villes italiennes et espagnoles n’est pas seulement liée à la situation géographique de leur ville. Elle révèle que les maires sont aussi en première ligne pour porter l’indignation légitime des citoyens. A travers leur voix commune peut se constituer un rapport plus direct et intime avec la société, une mise au point susceptible de renouer avec les valeurs de la pensée européenne ou tout au moins de sortir l’UE de sa myopie.
“ La mer Méditerranée a été la maison commune de civilisations millénaires dans lesquelles les échanges culturels ont permis le progrès et la prospérité. Aujourd’hui, elle est devenue la fosse commune de milliers de jeunes ”
ont-ils dénoncé, y voyant “un naufrage” de l’Europe.
“Nous devons sauver l’Europe d’elle-même. Nous refusons de croire que la réponse européenne face à cette horreur soit la négation des droits humains et l’inertie face au droit à la vie. Sauver des vies n’est pas un acte négociable et empêcher le départ des bateaux (de secours) ou leur refuser l’entée au port est un crime”, ont-ils ajouté.
Les maires signataires ont loué l’engagement des ONG de secours en mer — dont la quasi-totalité des navires sont actuellement bloqués –, des garde-côtes italiens et espagnols et des organisations humanitaires présentes le long des frontières européennes où les migrants sont refoulés. Ils ont annoncé la formation d’une “alliance” pour appuyer les ONG de secours en mer et pour “remettre à flot” le projet européen et ses principes fondateurs.
JMDH avec AFP
Source : LMEC 10/02/2019