Derrière la vitre

Aux neurones citoyens qu’il nous reste…

jm-red-reduiteDe l’info toujours, séduisante, factuelle, attendue même quand elle est surprenante.   De l’actu sans imagination, sans débat, sans mémoire. Plus de temps pour évaluer, plus de place pour expliquer, rien ne sert de  comprendre. Il suffit d’informer, et de suivre le fil.

L’actualité prime. Le flux permanent  impose aux journalistes une réactivité immédiate. Le temps de la presse est de moins en moins en phase avec ce qui se passe. C’est un temps aveugle qui éblouit.

Ecart paradoxal

Ne pas devenir stupide, ne pas inciter autrui à la stupidité est un double commandement qui devrait être au centre des écoles de journalisme, signale Jean-Claude Milner. Mais pour le journaliste comme pour le fonctionnaire, le plus simple est de se fondre. Dès la sortie de l’école on plonge.  On entre dans la course parce que c’est la meilleure façon de « réussir ». A ce prix, on  reconnaîtra votre savoir-faire. Un peu plus tard au sein de la concurrence on vous distinguera  grâce  à votre docile compréhension des problèmes, puis à votre capacité de conciliation avec les pouvoirs.

Menant à tout, les voies du journalisme sont encombrées de carriéristes assez peu préoccupés du rôle de la presse dans la démocratie. A cet égard, la célèbre sortie du PDG de TF1 sur la vocation de sa chaîne était moins scandaleuse que criante de vérité. Il s’agit de plus en plus de rendre  des cerveaux disponibles aux messages publicitaires, mais aussi aux messages politiques nationaux, le déficit de la sécu,  l’insécurité, le match, l’arrivée du Tour ou de la grippe…

Le courant de l’actualité est très fort. Les professionnels de l’information et de la com le savent. Dans la PQR, le fleuve funèbre des faits divers et la place du foot n’en finissent plus de grossir. Parallèlement, la presse continue à se nourrir  d’elle-même, tout en allant de plus en plus chercher ses sources auprès de l’autorité.

Ainsi personne n’ignore aujourd’hui que l’homme est  fondamentalement un footballeur, que le  risque de se faire égorger au coin de sa rue par une horde de mineurs  ne peut plus être négligé. Que les jeunes comme les vieux doivent travailler jusqu’à l’épuisement parce que les caisses de la sécu sont vides et que le taux de chomâge des jeunes vient encore d’augmenter.

Cette actu de plomb constitue les chemins de la méconnaissance. La tornade cosmique de l’actualité nie en permanence la réalité des individus pour façonner celle des masses.

A la vérité, le  journaliste n’a qu’une très vague idée de son lecteur, auditeur ou spectateur. Sa hiérarchie n’évoque généralement son public qu’en terme de chiffres ou de profils marketing. Le journaliste  qui va  quotidiennement au contact puise dans une « spontanéité » irruptive qui répond aux codes du régulateur. Généralement, cela développe chez lui une forme de trouble et une  assez mauvaise perception des personnes auxquelles il s’adresse.

Raisons et pistes de départ

Un blog pour faire quelque chose… Il s’agit au moins de sortir du septicisme , de répondre modestement à quelques convocations. D’orienter la technique avec un souci de mémoire. Une volonté d’être en mouvement et non de le suivre.

En espérant que cette interface (toujours en constitution) pourra rendre possible l’émergence de singularités subjectives individuelles et collectives.

Provoquer des circulations autres à travers la  forme. Pour l’heure, on peut suivre un fil d’actu non tendu. Croiser une sélection de dépêches nationales et internationales avec des articles d’information locale.

C’est un espace évolutif dans lequel la participation des internautes est invitée à surgir. Les lignes de structuration de cet agencement peuvent se déplacer.

Recherches

La réédition d’articles de rencontres ou de reportages se fait avec l’accord des auteurs qui soumettent leurs productions, textes, photos, vidéos, aux commentaires des visiteurs en ouvrant un nouvel espace de liens et de relations.

Le vent se lève réserve une large place aux auteurs et à l’activité éditoriale qui demeure un réservoir d’idée assez peu contrôlées. Critiques de livre, rencontres avec les auteurs, et les acteurs du livre. Dans ce champ également, le public peut devenir contributeur.

Mener un travail de ce type est pour un journaliste une occasion de dépasser le cadre d’une ligne éditoriale, mais aussi le jeu de connivences politiques, économiques et institutionnelles propre aux médias de masse. Cela sans pour autant se départir des réflexes de vérification, de recherche, d’adaptation, et d’analyse qui font les qualités de son métier.

Bonne promenade et à bientôt

Jean-Marie Dinh

Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement d’un média citoyen interrégional.

Contact : jeanmarie.dinh@orange.fr