Le Cinemed de Montpellier fait briller la Méditerranée

Mascarade, du réalisateur franco-algérien Lyes Salem. Photo dr

Du 20 au 28 octobre aura lieu le festival Cinemed grand rendez-vous du 7e art méditerranéen à Montpellier. Aure Atika sera la présidente du jury de cette 39e édition qui met l’Algérie à l’honneur.

Trente neuf années que Montpellier suit le cinéma méditerranéen en privilégiant tous ses acteurs et notamment les réalisateurs quelque soit leur origine. Le festival participe pleinement au rayonnement d’une expression cinématographique immensément riche trop souvent oublié par les circuits de production et de diffusion de l’industrie du cinéma. Quatre décennies ont permis de tisser des liens de confiance qui portent aujourd’hui le festival montpelliérain comme un carrefour reconnu dans tout le bassin de la grande bleue mais aussi dans des instances professionnelles comme le CNC. « Cela concourt au développement des échanges artistiques et économiques entre la France et les pays de la Méditerranée, afin que nous soyons les uns pour les autres des partenaires de premier choix », confirmee son président Frédérique Bredin.

Hier, lors de la présentation à la presse, l’ex ministre de la culture Aurélie Filippetti, qui préside le festival depuis 2016, a souligné la solidité de l’engagement financier singulier des partenaires publics « qui s’investissent en laissant une totale liberté aux programmateurs.» La part des fonds publics s’élève à 863 000 euros dont 83% en provenance de la Métropole et de la ville de Montpellier, l’Etat et la Région entrant chacun dans ce budget pour moins de 10%. Pour le maire et Président de la Métropole Philippe Saurel, le Cinemed apparaît comme un des fleurons d’une politique cinématographique et audiovisuelle forte dont l’engagement vise à structurer le secteur des industries culturelle et créative.

Ambiance de fête

Avec 211 films à l’affiche le festival séduit un large public sans céder au faste ni à la tendance people. On attend 80 000 spectateurs dont une grande majorité d’habitants de La Métropole. La volonté de simplicité alliée à l’exigence est un aspect qui joue pour beaucoup dans la réussite public de l’événement. C’est une composante de l’identité du festival qui participe à son ambiance, très ouverte, en correspondance avec la convivialité que partage les peuples de la Méditerranée si terrible soit l’histoire que traversent certains d’entre-eux.

Après la Tunisie en 2016, le Cinemed donnera cette année un coup de projecteur sur le cinéma algérien en privilégiant la jeune garde dont beaucoup ont choisi l’exil après les années 90.

L’énergie du cinéma algérien

Films documentaires, courts et longs métrages vont se succéder, pour dessiner la richesse du paysage cinématographique algérien. Plus d’une vingtaine de films récents sont programmés. On pourra notamment découvrir Kindil de Damien Ounouri, En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui sélectionnés à Cannes, Les bienheureux de Sofia Djama et retrouver la filmographie de l’invité d’honneur Merzak Allouache qui n’a eu de cesse de suivre l’évolution tourmentée de l’Algérie contemporaine.

Parmi les autres réjouissances attendues : une rétrospective du grand maître italien d’après-guerre Alberto Lattuada. Un focus sur l’oeuvre du réalisateur espagnol Fernando Trueba, au sommet de la comédie madrilène. Des hommages  : à Manuel Pradal, ainsi qu’au duo Olivier Nakache et Eric Toledano, l’intégrale de la réalisatrice d’origine algérienne Dominique Cabrera, Les Lumières de la ville de Charlie Chaplin en ciné-concert avec l’Orchestre national de Montpellier, de nombreuses avant-premières, et tous les films en compétition… La présidence du jury de l’Antigone d’Or est confiée à une fille du rock, Aure Atika.

JMDH

Source La Marseillaise

Voir aussi : Rubrique Cinéma, CinemedCinemed 2016 miroir d’un monde qui mute, Jo Sol : Idée d’un corps révolutionnaire et universelElite Zexer : Sur le sable bédouin, rubrique Festival, rubrique Montpellier,

Entretien Philippe Saurel « Il faut batîr Montpellier destination culture »

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Dans le milieu de la culture, il faut laisser de l’autonomie liée à l’identité du fonctionnement

Entretien
Montpellier terre de toutes les cultures, c’est le défi que lance le maire et président de la Métropole Philippe Saurel qui s’en explique ici.

Montpellier et sa Métropole bénéficient d’une croissance démographique soutenue, d’une densité universitaire et d’une mobilité internationale importante sur un territoire qui rencontre des difficultés socio-économiques. Sur quoi repose votre vision de la politique culturelle ?
Il faut bâtir  le hashtag #MontpellierDestination Culture. Pour y parvenir nous avons les ingrédients que vous avez cités, la croissance de la ville, sa jeunesse, le caractère universitaire « d’une ville monde ». C’est-à-dire une ville dans laquelle se reflètent tous les visages de la planète.

Parmi les faits nouveaux vous affirmez la volonté de développer les arts plastiques…
Nous mettons l’accent sur l’art contemporain. Un maillon de la chaîne qui était un peu défaillant et que nous allons traiter de manière originale. Nicolas Bourriaud  en assure la direction artistique à la tête d’un EPPC qui comprendra la Panacée, à laquelle viendra s’ajouter le MoKo un nouveau Centre d’Art. Ces deux lieux seront liés à l’école des Beaux Arts. Ce triptyque doit maintenant s’ adosser à une fondation pour faire venir les collections et éventuellement financer des projets. Nous sommes en cours de réflexion pour trouver la personne idoine qui présidera l’EPPC, comme Aurélie Filippetti préside le Cinemed et donne son éclat au festival du cinéma Méditerranéen. La notion d’enseignement avec  les Beaux Arts pourrait s’étendre à l’Ecole nationale d’architecture,  et la Faculté des lettres et sciences humaines. Nous travaillons actuellement à la rédaction d’un protocole d’accord sur la culture entre La Métropole et Montpellier 3.

Votre champ opérationnel s’est élargi avec le transfert de compétences du Département …
En effet, par le truchement du  transfert de compétences, nous avons reçu en legs le Domaine D’O,  le Printemps des Comédiens,  Folie d’O et Arabesques. Trois grands festivals qui viennent compléter le dispositif prestigieux dont nous disposions déjà.

Qu’en est-il pour le festival jeune public Saperlipopette ?
Je pense que Saperlipopette devrait rester sous l’égide départementale. Si ce n’était pas le cas on le conservera.  C’est un très bon festival.

Les 25 agents transférés doivent-ils s’attendre à un changement de culture ?
Le transfert s’est opéré à partir de la signature début janvier 2017. A ce jour, on ne voit toujours pas le logo de la Métropole sur le Théâtre Jean-Claude Carrière. Nous nous sommes donnés un an pour faire le transfert et discuter avec tous les acteurs. En 2017 c’est le Département qui reste maître d’ouvrage sur la programmation et le financement du Théâtre d’O.

Quelles perspectives à moyen terme?
D’après la délibération jointe à la signature du contrat, tant que nous gardons le festival, le Département s’engage à le financer. Il n’y a donc aucun problème sur la pérennité des festivals.

Quelle est votre vision de la construction de la coopération concernant les structures et les hommes ?
Parlons des hommes. Je leur laisse une totale liberté. Jean-Paul Montanari, Valérie Chevalier,  Nicolas Bourriaud, font ce qu’ils veulent.

Il peut apparaître des contradictions entre une vision internationale et une programmation culturelle qui répond aux attentes.  Cela s’est illustré avec Rodrigo Garcia.
Je n’ai eu aucun problème avec Rodrigo Garcia. Sa programmation artistique est magnifique. Elle ne concerne pas tous les publics mais je l’ai défendue. Nicolas Bourriaud peut répondre à la  contradiction que vous soulevez. Le projet qu’il conduit dispose des deux dimensions. Il a collé au ventre, la soif de montrer que Paris  est contournable et que l’on peut développer une programmation internationale à Montpellier. Il faut que l’art décape !

Prenez-vous en compte la singularité des domaines artistiques ? Le théâtre par exemple en tant qu’art politique…
Le théâtre est à la fois le plus incisif et le plus fragile des secteurs artistiques. Dans les sociétés totalitaires, les régimes politiques durs ont toujours combattu en priorité, le théâtre et le livre. En même temps le théâtre est un vase d’expansion des fresques carnavalesques en passant par le théâtre de rue de Molière. Pendant la guerre en Allemagne et ailleurs, les pièces qui ont commencé à être données sur le ton de la dérision ont rapidement été interdites. C’est un domaine artistique très subtil.

Dans la problématique financière liée aux deux orchestres nationaux métropolitains Montpellier licencie et Toulouse embauche ce qui semble annoncer la fin du lyrique à Montpellier ?
Non, aujourd’hui un expert a été nommé par l’Etat pour rendre un rapport dans les deux mois, sur la situation réelle des finances de l’OONM. En fonction de ce rapport, avec le Drac j’inviterai les actionnaires pour évoquer la situation.

Porter cette réflexion sur la seule dimension financière résume la situation…
C’est le problème principal parce que des dépense non prévues ont fait jour à la fin de l’année. La Métropole est le premier financeur avec 13 M d’euros. Il nous revient de  trouver une issue à cette situation.

Comment miser sur la culture au niveau international et abandonner l’Orchestre ?
Je ne vise pas à l’abandon de l’Orchestre tout au contraire. Mais pour garder l’Orchestre, il faut peut-être revoir un certain nombre de ses fonctionnements internes à l’aune du rapport qui sera rendu. Il faut d’abord sauver l’OONM et après le booster.

Au chapitre de la nouvelle donne de la décentralisation entre Marseille et Toulouse  comment envisagez vous les relations inter-métropolitaines coopération ou concurrence ?
J’entretiens d’excellentes relations avec Toulouse notre capitale régionale. Cela n’empêche pas que le maire de Toulouse joue pour sa ville et le maire de Montpellier également, mais on est capables de se parler et de travailler ensemble. Avec Jean-Claude Gaudin nous avons évoqué le fait de tisser des liens entre les opéras de Marseille et Montpellier. Nous pourrions aussi faire des échanges de musiciens avec l’Opéra de Palerme.

En matière de coopération décentralisée souhaitez-vous raffermir la notion d’identité méditerranéenne ?
De civilisation méditerranéenne, cette idée il est important de la faire ressurgir parce qu’elle génère une forme d’apaisement. Il suffit que l’on visite à Palerme le Palais des Normands pour constater que le plafond de cette chapelle palatine est décoré avec des sourates du Coran.

Privilégiez-vous la gestion particulière des différents lieux ou une gestion commune ?
Dans le milieu de la culture, il faut laisser de l’autonomie liée à l’identité du fonctionnement. En revanche, au niveau des services de la Métropole et de la Ville nous allons créer une direction mutualisée de la culture. Et les organigrammes feront état de fonctions mutualisées ou pas.

Envisagez-vous l’apport de financements privés ?
J’y suis favorable sous toutes ses formes à une seule condition. Que la gouvernance de  la logistique liée à l’exercice de la compétence reste à la Métropole

Quelle place prend la culture dans votre vie quotidienne ?
La culture est omniprésente. Je ne peut pas séparer la culture de la décision politique.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 23/02/2017

Voir aussi ;   Rubrique Politique culturelle, rubrique Théâtre, rubrique Festival, rubrique Cinéma, rubrique Artrubrique Photo, rubrique Danse, rubrique Exposition, rubrique Livres, Littératures, rubrique Musique, rubrique Rencontre, rubrique Education,

Dossier. Théâtre en péril, fin d’un modèle à Montpellier et dans l’Hérault ?

""Les choses paraissent fragiles mais, en fait, c'est toute la vie qui est fragile" Patrick Neu

«  »Les choses paraissent fragiles mais, en fait, c’est toute la vie qui est fragile » Patrick Neu

Déjà sous pression budgétaire, la vie théâtrale héraultaise et montpelliéraine subit les affres du redécoupage territorial et de la méconnaissance des politiques. Attention fragile !

Dossier Réalisé Par JMDH Source La Marseillaise 12/10/2016

 

 

 

 

Beziers : sortieOuest dissolution imminente de  l’association     

4602945_3_42fb_le-chapiteau-theatre-sur-le-domaine-de_8a80da1b9d2301c1d82328f8476cb8deLe lieu culturel populaire et parfaitement compatible avec les questionnements contemporains est menacé. Le Conseil départemental programme la fin de l’association, les spectateurs se mobilisent jeudi à 16h, jour du Conseil d’Administration.

 

Montpellier. Départ de Rodrigo Garcia

Le président de la Métropole Philippe Saurel botte en touche.

201504281637-full«  Il a porté à ma connaissance par courrier qu’il ne souhaitait pas renouveler son mandat. J’entretiens d’excellentes relations avec le directeur du CDN de Montpellier, Rodrigo Garcia. J’ai négocié avec beaucoup de doigté. Nous avons déjeuné ensemble. Il propose une programmation de qualité. C’est vrai que c’est un théâtre peut-être pas à la portée de tous les publics. Je l’ai soutenu. Dans les moments de crise, j’ai pris le parti de dire que le homard n’est pas un animal de compagnie. »

Nomination. Aurelie Filippetti s’adapte.
aurelie-filippetti-ministre-aux-ordres,M93849L’ancienne ministre de la culture qui avait nommé Rodrigo Garcia à la tête du CDN assure aujourd’hui la présidence du festival montpelliérain CINEMED. « Pour les artistes c’est toujours délicat. On a souvent le cas de personnes qui ne veulent jamais lâcher leur mandat , cette fois c’est le contraire. C’est lui qui annonce son départ

 

 

 

 

VIE ARTISTIQUE

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Déjà sous pression budgétaire,  la vie théâtrale héraultaise et montpelliéraine subit les affres du redécoupage territorial et de la méconnaissance des politiques. Attention fragile !

Depuis toujours, le théâtre se passionne pour le quotidien ordinaire des hommes et des femmes. Face à la crise planétaire que traverse l’humanité, il doit faire face aujourd’hui à la barbarie d’une radicalisation religieuse, politique, sociale et économique qui se présente sous les traits d’une violence aux multiples facettes. A Montpellier, dans la Région et au-delà, cette violence quotidienne questionne les artistes et les acteurs culturels de façon aiguë. Comment l’éducation à la consommation qui va de concert avec la paupérisation des connaissances et la montée de la violence pourrait-elle ne pas peser de tout son poids sur les politiques culturelles et plus particulièrement le théâtre ?

Le théâtre est un art politique, non par son contenu idéologique, mais à travers la progression régulière de l’action qui fonde l’intensité dramatique, politique aussi, à travers la contestation des valeurs données comme intangibles. Certains artistes, c’est le cas de Rodrigo Garcia, annonçant vendredi qu’il ne briguera pas un second contrat à la direction du CDN de Montpellier, ont fait du consumérisme le tremplin d’une mutation des formes dramatiques et scéniques. Ils proposent un travail artistique affirmé plein d’ambivalence. Et le désordre s’empare du plateau, parce que le quotidien qui se présente résiste à toute forme de sens. La scène devient le lieu où se renouvelle l’espace.

Le public jeune perçoit l’expression d’une rupture 

« Mes choix artistiques peuvent paraître radicaux si on les compare aux autres. Moi, je n’ai pas ce sentiment. La majorité de ce qui est programmé dans les CDN est radicalement conservateur, dans ce contexte, ma propre radicalité ouvre une fenêtre pour l’expression plurielle », formulait ily a peu, le directeur d’hTh.

Le public cultivé traditionnel ne voit pas dans «l’insignifiance» enchanteresse un moyen de relever le défi. Il peut éprouver dans cette transgression le sentiment d’un espace qu’on lui retire. A l’inverse, le public nouveau, plus jeune, perçoit  dans cette inquiétante étrangeté l’expression d’une rupture liée à la violence de l’histoire contemporaine. Une alternative aussi à la culture high-tech que lui propose la société de consommation.

Le CDN hTh occupé en avril 2016

Le CDN hTh occupé en avril 2016

Le projet hTh se caractérise par un esprit d’ouverture sans frou-frou. Le hall du théâtre est devenu lieu de création et d’échanges tous azimuts.  Rodrigo Garcia n’a jamais revendiqué le statut d’artiste engagé politiquement. Il a eu maille à partir avec le conflit des intermittents du spectacle. En 2014, il annule les représentations de Golgota Picnic au Printemps des Comédiens. S’il affirme à l’époque son soutien aux intermittents et précaires en lutte,  il se fend d’une lettre où il fait référence aux artistes étrangers victimes de la grève. «Les intermittents français défendent leurs droits avec un égoïsme prononcé et ne se préoccupent pas de ce qui se passe autour d’eux.»  En avril dernier, alors que le CDN est occupé il déclare «Je partage le point de vue des travailleurs. Perdre des droits correspond à un retour en arrière.» Cette fois, les spectacles se poursuivent et le combat trouvera une issue favorable.

Au-delà de la représentation esthétique, force est de constater que le communiqué de Rodrigo Garcia ne focalise pas sur le contenu de ses propositions mais sur l’étroitesse financière de son budget artistique, 350 000 euros, que l’on peut mettre en regard avec le budget d’une ZAT  (Zone artistique temporaire), 500 000 euros pour deux jours. Le directeur du CDN hTh pointe notamment le refus de la Métropole de mettre à disposition un bus pour accéder au Domaine de Grammont qui n’est pas desservi par les transports en commun.

Enfin le projet de transfert du CDN au Domaine d’O proposé par le maire de Montpellier et président de la Métropole, Philippe  Saurel, apparaît comme un élément majeur dans la décision de Rodrigo Garcia de ne pas prolonger son mandat. «Pour ce qui nous concerne, nous ne refuserons jamais de grandir. Toute initiative qui viserait à faire du CDN un projet plus important, j’y serai favorable »,  indiquait-il en avril dernier.

Il ne s’est rien passé depuis, qu’une stérile lutte de pouvoir sans l’ombre d’un projet artistique. Jean Varela directeur de sortieOuest et grand défenseur de l’action publique l’a dit d’un autre endroit : « La seule question est de savoir comment les politiques conçoivent un service public de qualité. »

Jean-Marie Dinh

 

PRODUCTION hTh 2016
Markus Ohrn  s’attaque à l’ancien testament

markus-1168x350Rodrigo Garcia l’a souligné, il remplira son contrat. Et qu’on se le dise, la saison hTh 2016/2017 mérite le détour. Elle se compose d’une succession de propositions internationales, mais pas seulement, parfaitement décoiffantes. Le coup d’envoi a été donné avec To Walk the Infernal Field, une création post bourgeoise, de l’artiste visuel suédois Markus Ohrn en collaboration avec le dramaturge Pär Thörn, qui s’inspire librement de l’Ancien Testament relu au gré d’un univers Hard metal.

Un retour à la genèse reposant sous la forme d’une série de 70 épisodes en 10 chapitres. L’aventure, pour le moins risquée, a débuté à Montpellier où les trois premières soirées ont été données du 5 au 7 octobre. L’inventivité débridée et le principe performatif adapté à celui de la série produisent pour beaucoup un effet addictif. Qu’ils se rassurent, le chapitre 2 se tiendra à hTh du 1er au 3 décembre. Pour les suivants, il faudra surveiller les programmations des théâtres et festivals des grandes villes européennes.

To walk the infernal fields donne une interprétation des Livres de Moïse en tant que doctrine d’économie politique, construction d’une identité nationale et des lois terrestres autant que religieuses. « Je trouve pertinent de procéder à un examen de la Bible dans une époque au cours de laquelle tout le monde est obsédé par l’interprétation du Coran », indique Markus Ohrn.

Autre parti pris radical exprimé par l’auteur face au public après l’une de ses représentations « Je ne veux pas créer une performance qui puisse être envisagée comme un produit à vendre ou à acheter. Je veux  que l’expérience soit réellement ressentie comme l’ici et maintenant. C’est pourquoi, il n’y aura pas d’autre opportunité de la voir ensuite, car elle disparaîtra

Dans le public, auquel on a fourni à l’entrée des boules-Quies afin qu’il préserve son audition, une dame interroge le metteur en scène « Moi j’ai 80 ans, et je me demande si vous pensez au public quand vous faites vos spectacles ?                                                   – Oui bien-sûr, répond l’artiste, je considère que c’est un don que je vous fais.»

Cette dame reviendra le jour suivant et répondra à l’invitation faite à l’ensemble de la salle d’investir le plateau…

PROGRAMMATION : CDN hTh

 

 

ECRITURES

La Baignoire : Elément indispensable au paysage artistique

Béla Czuppon capitaine de  La Baignoire , 7 rue Brueys à Montpellier

Béla Czuppon capitaine de La Baignoire , 7 rue Brueys à Montpellier


La Baignoire débute sa saison. Le petit laboratoire montpelliérain  consacré aux écritures contemporaines résiste modestement au tsunami qui ravage la création en Région.

Elle n’est pas insubmersible mais tient son cap, comme une petite bête d’eau qui se propulse sans raison apparente à la surface des eaux pas très claires, dans la bassine du mondillo culturel. Chaque saison, la Baignoire accueille des artistes, des auteurs et des compagnies.

« Chaque année la situation s’empire et les demandes s’accroissent, constate le capitaine Béla Czuppon qui sait de quoi il parle puisqu’il est aussi  comédien et metteur en scène.   Nous participons au glissement général. L’adaptabilité  qui encode les solutions aux problèmes nous fait devenir coproducteurs en proposant des résidences dotées de 2 000 ou 3 000 euros » évoque-t-il avec dépit.

Ce lieu, il le  tient, avec un budget de fortune, par passion, par goût, et aussi nécessité, celle d’offrir un lieu de travail et de découverte. A la Baignoire, les propositions et les formes sont diverses mais toujours qualitatives.

Lydie Parisse ouvre la saison avec L’Opposante (voir ci-dessous). La Comédienne et metteur en scène Marion Coutarel prendra le relais  avec Si ce n’est toi, une sortie de chantier du 17 au 19 nov avant une création programmée au Périscope à Nîmes. Une virée poétique d’Andréa d’Urso sera conduite par le collectif marseillais Muerto Coco accueilli le 24 nov en partenariat avec la Cave Poésie à Toulouse. A découvrir aussi l’installation sonore immersive La Claustra de Marc Cals qui fait causer les meubles, et les micro-concerts de l’Oreille Electrique qui rythmeront la saison, ainsi que les lectures-déjeuners proposées par Hélène de Bissy qui feront la part belle aux nouvelles.

La Baignoire reste un lieu essentiel à l’écosystème du travail artistique local, les artistes et le public le savent déjà, il y aurait-il d’autres personnes à convaincre ?
Rens 06 01 71 56 27

PROGRAMMATION : La Baignoire

 

SPECTACLE

Baignoire.  L’opposante mise en scène par Lydie Parisse et Yves Goumelon

Lydie_LightC’est à partir d’une histoire réelle que l’auteure a élaboré le récit de cette femme – morte à 97 ans – qui a enfoui dans le secret de son âme un amour interdit. Elle a aimé un Allemand durant la seconde guerre mondiale avant d’en être séparée, sans jamais l’avoir oublié. Depuis le jour de sa mort elle se met à parler pour un compte à rebours avant de s’enfoncer à jamais dans la brume. Lydie Parisse signe un texte saisissant de liberté, celle d’une femme morte un dimanche, jour où la France entre en guerre au Mali. Rapport de la petite histoire à la grande, rapport à une guerre du silence qui forge le destin de l’opposante. La pièce met en lumière une vie  sous forme de confidences emportées. La simplicité intense et sincère d’Yves Gourmelon porte l’interprétation à un niveau de sensibilité rare. Le texte est touchant, drôle et jubilatoire quand il bouscule les tabous et les simagrées commémoratives. Pour ceux qui restent, la mort est un grand théâtre. La mise en scène présentée à Avignon, accueille le public dans une quasi-obscurité permettant aux spectateurs d’entrer dans un espace d’entre deux mondes où l’acuité s’aiguise. « C’est comme ça et pas autrement. »

                                                                                                                                                                   L’opposante à La Baignoire les 14 et 15 oct

 

 LIEU MENACÉ

sortieOuest dans la tourmente

 

Le poumon culturel du Biterrois en proie aux intrigues  politiciennes  dr

Le poumon culturel du Biterrois en proie aux intrigues politiciennes dr

Créée il y a dix ans par le Conseil départemental et cultivée par son directeur Jean Varela et son équipe, sortieOuest  est devenue  un espace de diffusion pluridisciplinaire, un lieu privilégié d’élaboration de projets culturels pensés en collaboration avec les acteurs locaux. Une réussite totale remise aujourd’hui en question...
Après le quasi-avis de décès du festival la Terrasse et del Catet, c’est au tour des spectateurs-amis de sortieOuest, qui viennent de se monter en association, de manifester une vive inquiétude quant à l’avenir de leur théâtre « attaqué sur ses missions de service public de la culture par sa propre tutelle : le conseil départemental de l’Hérault

Victime des dégâts collatéraux  liés au bras de fer qui oppose  le Conseil départemental de l’Hérault  à la Métropole de Montpellier à propos de la compétence culturelle métropolitaine, le lieu a vu sa présentation de saison repoussée, puis annulée. Aucun programme n’a été édité, ce qui renforce l’inquiétude du public fidélisé autour d’une programmation accessible de grande qualité.

Le directeur artistique Jean Varela, par ailleurs directeur du Printemps des Comédiens garde le silence. Il avait évoqué lors de la présentation à la presse de la saison d’hiver du Domaine D’o « l’impatience du public biterrois» et les répercutions néfastes de la loi NOTRe sur les territoires ruraux : « cette loi pose la question des politiques en milieu rural. Le populisme est partout…»

Depuis la situation n’a pas évolué, des spectacles programmés ont été annulés et rien ne s’éclaircit si ce n’est que l’équipe qui compte dix salariés ne peut plus faire son travail. SortieOuest est en théorie à l’abri du conflit impliquant la Métropole Montpelliéraine mais se retrouve concernée dans un projet alambiqué notamment défendu par le président de la structure Philippe Vidal, qui consisterait à élargir l’Epic du Domaine d’O à d’autre structures dont sortieOuest.

Dans cette perspective, le Conseil départemental a annoncé la dissolution de l’association. Un Conseil d’administration de l’association se tiendra demain à Béziers, précédé d’un rassemblement du public qui s’est approprié la démarche artistique et la convivialité de ce lieu incontournable. Le flou n’est cette fois pas artistique mais bien politique.

PROGRAMMATION : sortieOuest

 

THÉATRE UNIVERSITÉ
Au coeur de la fac La Vignette consolide sa mission

GetAttachmentThumbnailLes problèmes du théâtre seraient-ils inhérents au marasme politique ? La question mérite d’être posée si l’on se réfère à la bonne santé du Théâtre universitaire montpelliérain La Vignette, qui évolue partiellement hors de cette arène.

L’université Paul Valéry a bien compris l’intérêt d’assumer pleinement sa mission culturelle figurant au cahier des charges de toutes les universités françaises. Elle dispose d’un Centre culturel très actif et d’un théâtre qui développe les échanges intra-universitaires et inter-universitaires tout en restant ouvert au public extérieur.

Douze ans après sa création La Vignette est devenue une scène conventionnée pour l’émergence et la diversité. «Cette année, Patrick Gilli, le nouveau président est venu approuver  la place du théâtre en tant que lieu d’échanges et de recherches, se félicite le Directeur Nicolas Dubourg, le théâtre s’est affirmé comme un outil de rayonnement sur le territoire, nous poursuivons maintenant  sur la voie de la professionnalisation en tissant des liens qui favorisent l’insertion des étudiants dans le monde actif.»

Le Théâtre s’inscrit  par ailleurs comme partenaire du nouveau Master Création Spectacle Vivant du département Cinéma&Théâtre en participant à la formation des étudiants en études théâtrales. En tant que représentant régional du Syndeac, Nicolas Dubourg n’est pas insensible à la crise actuelle.

«Les attaques contre la liberté de programmation par les maires  ou par le public via des débats participatifs tronqués se multiplient, il faut que la profession se mobilise. Ici nous ne sommes pas concernés car notre théâtre n’est pas un simple lieu de diffusion. Il y a une  différence entre programmer un spectacle et voir ce qui se passe avant et après, pour nous le spectacle n’est pas un événement mais un parcours où interviennent professionnels, chercheurs, étudiants et public.»

La programmation de cette saison réserve de très bonnes surprises ; elle se décline cette année autour de l’engagement et de l’intention de réaffirmer un théâtre de texte contemporain.

PROGRAMMATION : Théâtre La Vignette

 

 

SORTIR ENCORE

 Théâtre.  Sélection de trois spectacles qui ouvrent les esprits sur le monde

L’offre théâtrale montpelliéraine de cette saison demeure globalement qualitative à l’instar de ces trois spectacles à découvrir prochainement. Les spectateurs citoyens doivent se manifester s’ils ne veulent pas mesurer les répercutions du désastre qui s’annonce dans les années à venir.

 

142-illustration-hearing-amir-reza-koohestani_1-1450362282Hearing texte et mise en scène de l’artiste iranien Amir Reza Koohestani qui conçoit ses récits comme des jeux de miroirs pour évoquer le rapport aux autres et la distance entre les individus. Proposé par le Théâtre La Vignette les 15 et 16  novembre prochain.

portfolio_pleine_hd02marc-ginotPleine Texte et mise en scène de Marion Pellissier par la cie montpelliéraine La Raffinerie. Une femme qui n’accouche pas, une sage-femme et un médecin inquiétants, un foetus qui observe la vie de l’intérieur…Spectacle proposé par le Domaine d’O du 13 au 15 oct.

 

ATMEN-5159 Time’s Journey Through a Room scénario et mise en scène de la japonaise Toshiki Okada reconnue comme une figure majeure des arts de la scène.  Les 18 et 19 oct à hTh.

Voir aussi : Rubrique Théâtre, hTh 2017 Libre saison de bruit et de fureur, SortieOuest archivesBéziers, le débat déconstruit la mystification, Sortieouest. Des spectacles vraiment vivants ! , Un théâtre de toile et d’étoiles reconnu et défendu, rubrique Politique, Politique culturelleDernière saison d’hiver au Domaine d’O ?, Politique Locale, rubrique Danse,  rubrique Montpellier, rubrique Rencontre, Rodrigo Garcia : «Vivre joyeusement dans un monde détestable»,

Filippetti. « Le gouvernement n’est plus de gauche »

Filippetti. « Le gouvernement n'est plus de gauche »

Ministre de la Culture deux ans durant au cours du quinquennat de François Hollande, Aurélie Filippetti a rejoint les frondeurs socialistes.

La loi Travail doit-elle être retirée ou vous satisfaites-vous des gages donnés par le gouvernement ?

Ce projet de loi procède d’une philosophie que je conteste. S’il devait être adopté, cela mettrait les salariés en concurrence et, ce faisant, cela permettrait un chantage à l’emploi. Tel qu’il est, ce projet de loi revient, en fait, à donner un permis de délocaliser aux grandes entreprises multinationales. Je déplore que ce soit un gouvernement de gauche qui propose une loi sur le travail qui est, en fait, une loi contre les travailleurs.

Le phénomène « Nuit debout » est-il une manière de faire de la politique autrement ? N’est-ce pas dangereux pour les corps intermédiaires, et, d’abord, pour les élus ?

Je ne trouve pas cela dangereux. C’est, au contraire, un mouvement salutaire. Si ce mouvement surgit, c’est parce que la nature a horreur du vide, et que les partis sont discrédités. Il y a, aujourd’hui, de moins en moins de gens qui ont envie d’adhérer à des partis politiques. Il est donc bien que des mouvements se créent pour assurer ce relais citoyen.

Quel est aujourd’hui l’avenir de la gauche de la gauche, à commencer par celui des frondeurs socialistes ?

Je n’aime pas l’expression de la gauche de la gauche. Aujourd’hui, c’est le gouvernement qui n’est plus de gauche. Je ne me considère pas comme quelqu’un appartenant à la gauche de la gauche, mais simplement comme quelqu’un de gauche.

Cela veut-il dire que vous n’appartenez pas à la majorité ?

J’appartiens à la majorité des Français qui ont élu François Hollande en 2012, mais qui ne se reconnaissent plus dans la politique qui est menée. C’est le gouvernement qui s’est lui-même mis en minorité par rapport à ceux qui l’ont porté au pouvoir en 2012.

Souhaitez-vous une primaire à gauche ?

Je suis favorable à une primaire afin que nous réglions de manière démocratique la question de la désignation du candidat, ou de la candidate, à la prochaine élection présidentielle. On ne peut pas se satisfaire d’une reconduction automatique du président sortant quand il est contesté comme il l’est aujourd’hui.

Philippe Reinhard

Source Le Télégramme 07/04/2016

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Laurence Engel, première femme aux commandes de la Bibliothèque nationale

 Laurence Engel, ici en 2010. © WITT/SIPA


Laurence Engel, ici en 2010. © WITT/SIPA

Laurence Engel, actuellement médiatrice du livre, a été nommée à la tête de la Bibliothèque nationale de France pour succéder à Bruno Racine. Laurence Engel a été précédemment conseillère de Catherine Tasca, directrice des affaires culturelles de la Mairie de Paris et directrice du cabinet d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture. Laurence Engel, 49 ans, est la première femme nommée à la tête de la BnF, plus important établissement culturel de l’hexagone. Nommée pour un mandat de cinq ans, elle succède à Bruno Racine. Largement pressentie pour ce poste, Laurence Engel a parcouru toute sa carrière dans l’administration de la culture jusqu’à son dernier poste de « Médiatrice du livre ».

Elargissement des publics et enjeu numérique

La nomination d’un nouveau président de la BnF était particulièrement attendue alors que Bruno Racine a officiellement quitté ses fonctions le 1er avril. Il s’agit d’ailleurs de l’une des premières nominations depuis l’arrivée d’Audrey Azoulay à la Culture, en février. « Première femme nommée à ce poste, Laurence Engel aura pour mission première de proposer une politique des publics ambitieuse, à la fois attentive aux étudiants et chercheurs français et étrangers, mais aussi résolument tournée vers une population plus jeune et parfois éloignée de la culture », souligne le communiqué du ministère de la Culture annonçant son arrivée à la  tête de la BnF.

Autre défi que devra poursuivre Laurence Engel à la tête de la Bnf : le numérique. La présidente, poursuit le communiqué, devra définir « les grandes lignes d’une stratégie numérique audacieuse, poursuivant le déploiement de la Bibliothèque numérique Gallica, portée par Bruno Racine ces dernières années et qui lui vautaujourd’hui le statut de première bibliothèque numérique francophone dans le monde ».

Normalienne, diplômée de Sciences Po, énarque, conseillère maître à la Cour des comptes, Laurence Engel a déjà été directrice du cabinet de Jérôme Clément, président d’Arte et de La Cinquième quand elle entre au ministère de la Culture en 2000 comme conseillère de Catherine Tasca sur l’audiovisuel et le cinéma. Devenue conseillère pour la culture auprès de Bertrand Delanoë, elle prend la tête des Affaires Culturelles de la Ville de Paris à partir de 2008.

Ancienne directrice de cabinet d’Aurélie Filippetti

Avec l’arrivée de François Hollande aux affaires, Laurence Engel devient directrice du cabinet d’Aurélie Filippetti ministre de la Culture. Un poste qui lui est presque « naturellement » attribué compte tenu de son parcours, mais qu’on a vite fait d’associer, dans les médias, à l’arrivée à l’Elysée de son compagnon Aquilino Morelle, comme conseiller de François Hollande. Et son départ, en 2014, à celui du conseiller du président, alors que Laurence Engel affirme l’avoir elle-même décidé et programmé.

Depuis cette date, Laurence Engel était présidente du conseil d’administration de l’Institut national d’Histoire de l’Art, présidente de la commission financière de l’AFP et surtout « Médiatrice du livre », autorité administrative indépendante chargée de la conciliation des litiges portant sur l’application de la législation autour du livre et de l’édition, et notamment au prix du livre.

Source : Culture Box & AFP 06/04/2016