Dans Tempête de sable, en compétition au Cinemed, La réalisatrice israélienne Elite Zexer propose une plongée dans la culture bédouine. Le film en lice pour l’Antigone d’Or évo-que la condition féminine dans un petit village. Une immersion sensible dans la tradition ancestrale des bédouins bousculée par le désir d’aimer librement.
Elle s’est immergée dans la culture des Bédouins en Israël à travers de nombreux séjours pour écrire un scénario habité d’un grand souci de proximité avec son sujet.
« Mon premier contact avec cette communauté, je le dois à une proposition de ma mère qui avait entrepris de photographier des femmes bédouines dans le désert israélien du Néguev. Un jour que je l’accompagnais, nous avons suivi une jeune femme lors de son mariage avec un inconnu qu’elle n’avait pas choisi. Quelques instants avant le mariage, elle s’est tournée vers moi et m’a confié ; cela n’arrivera jamais à ma fille. J’ai su à ce moment que je ferai ce film. L’écriture m’a pris quatre ans. Je voulais transcrire de manière authentique leur vision du monde.»
Le film situe l’action dans un village bédouin à la frontière de la Jordanie. Suleiman, épouse sa deuxième femme. Tandis que sa première femme, Jalila, tente de ravaler son humiliation, elle découvre que sa fille qui étudie en ville entretient une relation avec un jeune homme de l’université. Jalila refuse cet amour interdit qui peut nuire à toute la famille mais sa fille Leyla bouscule les règles et met à l’épreuve les convictions de chacun.
Le film d’Elite Zexer questionne le statut de la femme autant qu’il met en lumière la vie et les coutumes d’une communauté oubliée. La problématique ne se résume pas à une simple question d’émancipation individuelle. Elle concerne l’ensemble de la communauté.
« Les femmes de mon film vivent dans un monde étriqué, régi par des règles très strictes. Elles tentent de repousser les limites le plus loin possible sans faire imploser le système. Leyla se trouve devant un choix douloureux, elle décide de rester pour changer les choses de l’intérieur, explique Elite Zexer, dans mon éducation, j’ai eu la chance que l’on m’enseigne le libre arbitre. Je ne me suis pas définie comme féministe parce que je sais que je peux faire ce que je veux. »
Un sujet sensiblement évoqué
Avant la création de l’Etat d’Israël, les Bédouins du Néguev formaient la grande majorité de la population locale et vivaient en pasteurs nomades dans le désert. La volonté d’authenticité de la réalisatrice permet de mesurer l’état de précarité sociale dans lequel se trouve cette communauté aujourd’hui. Est aussi évoquée la destruction des maisons des bédouins.
La réalisatrice dont le film a remporté le grand prix du Festival Sundance et représentera Israël aux Oscars, privilégie « l’engagement émotionnel. » Lorsqu’on questionne Elite Zexer sur le regard qu’elle porte sur la condition des femmes israéliennes, elle admet que le problème se pose aussi dans le contexte moderne de Tel Aviv.
Quand au choix du titre : Tempête du désert elle l’évoque sous forme de métaphore.
« Il y a beaucoup de tempêtes dans le désert. L’air est plein de sable. A certains moments, lorsqu’on tend la main on ne voit pas sa paume. C’est comme si l’on se trouvait dans une bulle. Puis tout revient normal. Comme si rien ne s’était passé. Le sable est tombé et on marche dessus mais il peut remonter.»
JMDH
l Prochaine projection vend 28 à 12h salle Pasteur. Sortie nationale le 25 janvier 2017.
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