Christophe Leparc, Philippe Saurel, Henri Talvat, Aurélie Filippetti. Photo Montpellier Métropole
La nouvelle gouvernance du festival de cinéma méditerranéen a été dévoilée hier. Elle répond à un équilibre et une volonté de développement.
L’attente s’éternisait et le secret était bien gardé, en cinéma on appelle ça le suspense. Philippe Saurel y a mis fin hier après-midi lors d’un point presse. La direction du Festival Cinemed revient à Christophe Leparc qui assurait l’intérim depuis le départ de Jean-François Bourgeot. Une satisfaction pour l’équipe soudée du festival qui soutenait sa candidature. La présidence revient à l’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti. Le cinéphile Henri Talvat, membre fondateur du festival conserve la présidence d’honneur.
Cet annonce, qui doit encore être entérinée par le conseil d’administration du Cinemed, devrait satisfaire tous les amoureux de ce festival atypique dédié au cinéma méditerranéen. Le président de la Métropole montpelliéraine Philippe Saurel a finalement choisi de maintenir l’identité forte de la manifestation qui rayonne aujourd’hui sur toutes les rives de la grande bleue. Equilibre interne et professionnalisme avec Christophe Leparc qui assure la fonction de Secrétaire général de la Quinzaine des réalisateurs cannoise depuis 2008 et fut une cheville ouvrière du Cinemed depuis 20 ans, en tant que délégué artistique notamment. Histoire et passion pour le cinéma avec Henri Talvat, qui fut conseiller municipal en charge de la culture sous Georges Frêche et fondateur du festival avec Pierre Pitiot.
La nomination d’Aurélie Filippetti revêt un caractère quasi providentiel par sa dimension à la fois politique, culturelle et médiatique. « C’est un grand plaisir et une jolie surprise d’avoir été sollicitée par Philippe Saurel, indique l’ancienne ministre, désormais députée de la Moselle, « En tant que ministre, j’ai constaté la vitalité et l’innovation de Montpellier en matière de politique culturelle. Ce qui suppose d’être toujours en mouvement. Cinemed en représente un des aspects. Je pense que la culture est une solution et une réponse face à cette crise qui touche certains pays de la Méditerranée. » Philippe Saurel voit dans la réforme territoriale « une occasion de renforcer notre identité méditerranéenne », ce qu’il s’apprête à faire lors de son voyage à Palerme où il entend parler cinéma avec le maire dans la perspective d’un jumelage qui sera signé lors de la Comédie du livre.
Au-delà de la culture, la dimension politique n’est jamais absente chez le maire de Montpellier. « Qui se rassemble s’assemble, commente la frondeuse Aurélie qui semble proche du rebelle Philippe dans la défiance des instances au pouvoir. Le temps est à l’innovation…
En 1966, alors qu’il défendait le budget des maisons de la culture, André Malraux avait lancé cette phrase aux députés : « Mesdames et messieurs, ce que je vous demande, c’est exactement vingt-cinq kilomètresd’autoroute. » La décentralisation culturelle vivait ses premières années, et le ministre des affaires culturelles souhaitait minimiser les sommes en jeu.
Cette citation de Malraux a été exhumée, il y a quelques jours, par le rapporteur spécial de la commission des finances, le socialiste Pierre-Alain Muet, à l’occasion du vote en première lecture du budget de la culture pour 2014, mercredi 13 novembre.
Il s’agissait de montrer, près de cinquante ans plus tard, que les sommes en jeu sont toujours dérisoires. M. Muet ne cache pas son désaccord avec la décision du gouvernement de diminuer de nouveau l’enveloppe de la Rue de Valois (– 2 %), comme en 2012. Les économies escomptées sont « une goutte dans l’océan des déficits », mais les conséquences peuvent être très dommageables sur le terrain, dit-il.
La droite n’a jamais osé le faire, entre 2007 et 2012, mais la gauche l’assume : c’est la crise et la culture doit, elle aussi, contribuer au redressement des comptes publics – même si quelques secteurs, comme l’éducation ou la justice, sont heureusement épargnés. François Hollande n’a pas tenu sa promesse de campagne, quand il parlait de « sanctuariser » la culture. Certes, il n’avait pas annoncé le grand soir, ni prôné le doublement du budget, comme l’avait fait Martine Aubry durant la primaire socialiste.
De fait, la mission « culture » pèse moins de 1 % du budget de l’Etat : elle comprend la création – spectacle vivant, arts plastiques… –, la transmission des savoirs et la démocratisation culturelle, ainsi que le patrimoine, pour une enveloppe totale de 2,7 milliards d’euros. Soit 435 kilomètres d’autoroute, si l’on actualise la métaphore de Malraux – le coût moyen d’un kilomètre étant estimé actuellement à 6,2 millions d’euros. Certains diront que l’on a fait du chemin depuis les années 1960 ; d’autres répondront que l’on n’ira pas bien loin en 2014.
Si l’on ajoute les crédits consacrés aux médias, à la lecture, et aux industries culturelles, le budget global du ministère de la culture s’établit à 7,26 milliards d’euros. En bon soldat, la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, répète qu’« une politique culturelle ne se résume pas à une accumulation de dépenses ».
Certes, mais personne n’est dupe. Et la parole se libère au sein du PS. Le rapporteur spécial de la commission des finances estime que la baisse du budget culture pour 2014 est « unnon-sens économique », et rappelle, par exemple, que les gains de productivité du travail sont inexistants dans le spectacle vivant : une représentation du Médecin malgré lui, ou une interprétation de La Flûte enchantée, nécessite à peu près la même quantité de travail qu’à l’époque de Molière ou de Mozart.
DES COÛTS CROISSANTS
Le secteur est ainsi confronté par essence à des coûts croissants, et l’on ne pourra le préserver qu’à la condition de le soutenir par un financement public important, et qui doit augmenter. M. Muet n’accable pas pour autant la ministre, et salue ses choix clairs : arrêter quelques grands chantiers dispendieux, faire peser l’effort principalement sur les gros vaisseaux (Opéra de Paris, etc.), ou conforter les crédits de l’éducation artistique et culturelle – 39 millions d’euros, soit 6 kilomètres d’autoroute.
Reste à changer les mentalités. En 2013, la culture doit toujours justifier son existence. Comme si la beauté d’une oeuvre, qui elle peut changer la vie, ne suffisait pas. Que dit-on, à droite comme à gauche ? Que la culture est source de développement économique, qu’elle attire des touristes, génère des nuits d’hôtel, crée des emplois, etc. Une fois que l’on a dit ça, la culture ne fait (presque) plus débat.
Une récente étude, intitulée « Panorama économique des industries culturelles et créatives en France », montre qu’avec un chiffre d’affaires de 75,6 milliards d’euros, la culture se place désormais devant l’industrie automobile. On a décidément du mal à décoller du bitume, même si l’intention est louable : munies de ces chiffres-clés, les sociétés de droit d’auteur (Sacem, SACD…), constituées en lobbies, veulent peser davantage dans les arbitrages de la Commission européenne, et sauvegarder l’exception culturelle.
Un autre rapport du même, émanant cette fois-ci des services ministériels, sera bientôt dévoilé : des inspecteurs généraux des finances, et leurs homologues aux affaires culturelles, ont été chargés d’évaluer les retombées économiques et sociales du secteur culturel.
Avec cette étude maison, validée par le tampon de Bercy, Mme Filippetti entend montrer que la culture ne génère pas que des dépenses, dans le but tout aussi légitime de clouer le bec au populisme ambiant – les artistes sont des privilégiés, ils nous coûtent cher, etc. « Pas de redressement productif sans redressement créatif », répète la ministre.
Nul ne sait si les auteurs de ce rapport, attendu fin novembre, vont évaluer l’impact de la baisse du budget de la culture : combien d’emplois perdus, et de recettes en moins pour les musées et les salles de spectacle ?
« Une vision dogmatique, sans réflexion, ni dialogue » : un an après la passation de pouvoir Rue de Valois, Frédéric Mitterrand s’est répandu dans la presse pour critiquer sa successeur, Aurélie Filippetti (ici à l’Assemblée nationale, le 14 mai 2013). | AFP/ERIC FEFERBERG
« Une vision dogmatique, sans réflexion ni dialogue », un « manque d’impartialité » : un an après la passation de pouvoir Rue de Valois, Frédéric Mitterrand est sorti de sa réserve et s’est répandu ces derniers jours dans la presse pour critiquer sévèrement les évictions de sa successeure au ministère de la culture, Aurélie Filipppetti : Jean-François Colosimo, du Centre national du livre (CNL), Eric Garandeau, du Centre national du cinéma (CNC), Olivier de Bernon, du Musée Guimet, Jean-Marie Besset, du Centre d’art dramatique de Montpellier. Tous ces départs ont « choqué » M. Mitterrand. Dans un entretien au Monde.fr, MmeFilippetti répond à ces attaques.
Ces derniers jours, votre prédécesseur, Frédéric Mitterrand, a fortement critiqué votre action à la tête du ministère de la culture. Qu’avez-vous à lui répondre ?
C’est une attaque politicienne et de bas étage pour défendre quelques intérêts privés. Jamais depuis un an nous n’avons entendu Frédéric Mitterrand parler des grands sujets de politique culturelle. Il n’a pas été présent, contrairement à Jacques Toubon, Jean-Jacques Aillagon, ou Renaud Donnedieu de Vabres (tous anciens ministres de droite de la culture), par exemple, sur le débat pour le maintien de l’exception culturelle. Je suis consternée par son inélégance et son incohérence.
Frédéric Mitterrand n’a pas laissé la trace d’un ministre qui avait un quelconque pouvoir pour imprimer sa marque sur une politique culturelle, ni en matière de nominations, ni en matière de réformes structurelles. Il a laissé un certain nombre de dossiers importants sous le tapis : le numérique, l’audiovisuel, les intermittents du spectacle. Venant de quelqu’un qui n’a pas un bilan flamboyant, ses critiques sont nulles et non avenues. Il dit dans un entretien au Point qu’il regardait les trains passer lorsqu’il était au ministère ; moi, je les aiguille.
Frédéric Mitterrand estime que vous avez une vision « dogmatique »…
C’est insupportable. Insupportable de la part de quelqu’un qui était membre d’un gouvernement qui a rétabli la nomination par le président de la République des patrons de l’audiovisuel public. Le 24 juillet je présenterai à l’Assemblée nationale une loi qui va redonner ce pouvoir de nomination au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), mais surtout qui va renforcer considérablement l’indépendance du CSA en associant, pour la première fois dans l’histoire, l’opposition parlementaire à la désignation des membres du CSA. C’est un grand pas démocratique ; c’est tout le contraire du dogmatisme et surtout tout le contraire d’un pouvoir de nomination arbitraire tel qu’il s’exerçait à l’ère Sarkozy et que jamais Frédéric Mitterrand n’a critiqué.
Quant aux autres nominations dans les établissements, j’ai renouvelé un grand nombre de personnes. Mais j’ai surtout mis en place des commissions et des procédures transparentes qui vont garantir enfin un certain renouvellement à la tête des institutions culturelles et une féminisation. Je souhaite faire bouger les lignes. Beaucoup trop de gens ont pris l’habitude de voir le monde culturel fonctionner avec des coteries, un petit monde qui vit dans l’entre-soi : ça c’est terminé. La culture, c’est le mouvement, ce n’est pas l’immobilisme. Personne n’est propriétaire à vie de son mandat.
Le projet de loi de finances pour 2014 réduit le budget de la mission culture de 2,8 %. Où vont se faire les économies ?
Je présenterai mon budget début octobre, comme l’année dernière. Mais, pour l’heure, le budget culture n’a pas été mis davantage à contribution que ce qui avait été décidé l’année dernière dans le budget triennal. Certains ministères ont eu des économies supplémentaires à faire dans le triennal, mais, pour la culture, le président de la République et le premier ministre ont jugé que l’effort fait était suffisant. Les lignes budgétaires de la création – qu’il s’agisse du spectacle vivant ou des arts plastiques – sont sanctuarisées. Tous les crédits d’intervention dans les régions sur ces domaines seront préservés ainsi que tout ce qui concerne l’enseignement supérieur (écoles d’architectes, d’art, de photo).
En novembre 2012, vous disiez, à propos des réductions budgétaires : « Nous avons montré notre sens des responsabilités, mais on ne me refera pas ça deux fois. »…
Les chiffres annoncés correspondent au triennal fixé en 2012. Notre budget n’a pas été aggravé par rapport à ce qui avait été prévu.
Vous estimez donc que votre budget n’est pas mauvais…
On participe, et c’est normal, à l’effort commun pour redresser les finances publiques. C’est un effort difficile, mais c’est en même temps notre mission de montrer que la politique culturelle est responsable et exigeante.
Que pensez-vous de l’éviction de Delphine Batho du gouvernement ?
Delphine est une amie. Je suis triste de voir partir une amie. Voilà, c’est tout.
Où en est la négociation sur la convention collective du cinéma, qui a été étendue le 1er juillet mais qui sera mise en œuvre le 1er octobre ?
Avec le ministre du travail, Michel Sapin, nous avons le souci d’avoir une convention collective pour le seul secteur culturel – le cinéma – qui n’était pas couvert. J’avais demandé une prise en compte plus importante de la diversité des films et de la préservation des films économiquement fragiles. Nous constatons qu’il y a des points de convergence, des efforts ont été faits des deux côtés – partenaires sociaux et producteurs. Ils n’ont pas encore réussi à trouver un terrain d’entente, mais je pense que la réconciliation est possible. Nous ne sommes pas loin d’un accord. La convention sera appliquée au 1er octobre. Quant aux films tournés cet été, ils se feront dans les conditions dans lesquelles ils ont été programmés, prévus et financés.
Craignez-vous que le climat social pèse sur l’édition 2013 du Festival d’Avignon ?
Non. Les choses sont claires en ce qui concerne les intermittents du spectacle. Michel Sapin et moi-même sommes déterminés à préserver une indemnisation spécifique de ces emplois qui sont des métiers plus précaires que les autres par nature. Maintenant c’est aux partenaires sociaux d’ouvrir la discussion à l’automne.
Depuis l’annonce de sa non-reconduction au CDN, le directeur du théâtre des Treize vents mène un combat d’homme libre » contre une décision politique.
Nommé il y a trois ans sans appel d’offres à la tête du CDN avec la bénédiction active du ministre de la Culture, Freédéric Mitterrand et le soutien de Georges Frêche, Jean-Marie Besset devrait être éconduit par les services d’Aurélie Filippetti à l’issue de son premier mandat. Depuis l’annonce de cette nouvelle, courroucé par cette « inique » décision, le directeur des 13 Vents oublie ses bonnes manières pour se dévoiler sous la facette de l’insoumission. Il menace d’attaquer la ministre en justice et prend à partie les tutelles locales. Le 11 avril dernier lors du comité de suivi réunissant les différentes tutelles du CDN, figurait à l’ordre du jour un appel à candidature pour un nouveau directeur. « Cela m’a contraint à réagir, affirme Jean-Marie Besset actuellement sur le tournage du dernier film d’Alain Resnais dont il a signé l’adaptation. Dans le Figaro du 2 avril la ministre de la Culture se disait prête à me rencontrer…»
La position des tutelles
J-M Besset décide de passer à l’offensive. Il assigne Aurélie Filippetti devant le Conseil d’Etat « pour sanctions disciplinaires déguisées et non fondées », et entame une campagne médiatique pour dénoncer une chasse aux sorcières en prenant les tutelles locales à partie. « Je n’ai pas démérité. Habituellement, la reconduction est tacite. Ce débarrasser ainsi d’un directeur sans faute grave, on n’avait jamais vu ça.» Le président de Région, Christian Bourquin reconnait le travail mené par Jean-Marie Besset en direction du public mais déclare qu’il a suivi la position de l’Etat et de l’Agglo, compte tenu de la hauteur de l’implication financière régionale*. « L’Etat pèse de façon conséquente et peut jouer les gendarmes, concède la responsable culturelles de l’Agglo, Nicole Bigas. Mais sur le fond je pense que la raison l’emporte et que M. Besset va trop loin. Il ne peut prendre en otage les spectateurs. »
Le directeur régional des affaires culturelles, Alain Daguerre de Hureaux évoque « une position partagée par l’ensemble des tutelles, et confirme, qu’elles travaillent à la définition du profil pour l’appel à candidature qui est fermement établi.» Concernant la procédure, le Directeur des affaires culturelles qui a fait une courte carrière dans les tribunaux administratifs précise : « on ne peut assigner ainsi un ministre devant le Conseil d’Etat qui juge des actes et pas des personnes. La juridiction compétente c’est le tribunal administratif. Pour l’heure l’acte est exécutoire. » Jean-Marie Besset a finalement dépose? un référé au TA de Montpellier qui devrait statuer d’ici la fin du mois de mai. S’il obtient l’annulation de la décision, l’appel d’offres serait suspendu pour un an.
Dans son combat digne du grand héros de Cervantès, Jean-Marie Besset s’appuie sur quelques maladresses. « Dans le rapport, on me reproche d’être incapable de corriger ma façon de penser. Je n’aime pas les conflits mais l’injustice ne passe pas. Les fonctionnaires doivent être nommés aux service des artistes et pas l’inverse. Je suis un homme de théâtre au service de la liberté. Je suis libéral en matière d’économie et en matière de moeurs. Je ne fais pas de politique. Je défends la liberté de l’individu. »
L’évaluation du travail artistique demeure, on le sait, subjective. On doit reconnaître à Jean-Marie Besset d’avoir ouvert certains pans de sa programmation à un théâtre innovant et peu joué dans le réseau des CDN. Il a aussi opéré des choix confortant le public bobo et bourgeois. Mais s’il a raison de dénoncer certaines orientations tortueuses de l’institution , ce diplômé de sciences-po n’est pas un homme ingénu. En ce sens, les conditions de sa nomination peuvent paraître aussi exceptionnelles que celles de sa non reconduction.
Jean-Marie Dinh
* L’Etat concourt au financement du CDN à hauteur de 1,5 M, l’Agglo de 750 000 euros et la Région de 300 000 euros.
Lundi 8 mars, la direction du Parti socialiste fera d’une pierre deux coups. Elle célèbrera la Journée de la femme et en fera une journée anti-Frêche. Martine Aubry a finalement choisi cette date pour se rendre à Montpellier afin de soutenir Hélène Mandroux. La première secrétaire ne sera pas seule. L’accompagnera un aréopage de grandes figures féminines du PS : Elisabeth Guigou, Marylise Lebranchu, Adeline Hazan et Aurélie Filippetti, notamment, sont annoncées. En tout, la délégation devrait compter une quinzaine de « pétroleuses » comme dit en souriant l’une des participantes. Point de meeting à l’horizon mais une conférence de presse suivie d’une réunion sen compagnie de femmes de la région ayant décidé de soutenir la maire de Montpellier ». En début d’après-midi chacune repartira vers ses terres, Martine Aubry ayant aussi tenu à participer aux réjouissances liées à la journée de la femme organisées à Lille.
Choisir le féminisme comme angle de tir contre Georges Frêche ; a priori, le positionnement ne manque pas d’habileté. Les « pétroleuses » socialistes venues défier le beauf’ divers-gauche ; l’effet de contraste est tentant. Les mauvaises langues diront que l’argument portera davantage hors Languedoc-Roussillon qu’au sein de la sphère d’influence de Georges Frêche. Et ajouteront, que c’est bien l’effet escompté. En tout cas, les organisateurs-organisatrices de ce happening anti-Frêche découvriront avec intérêt le dernier entretien accordé par le président du conseil régional de Languedoc-Roussillon, paru dans la livraison de Voici datée du 27 février. Toujours aussi « bon client » pour les médias, Frêche joue sa partition habituelle. Morceaux choisis : « je suis fils unique, c’est pourquoi j’ai besoin d’amour. J’ai été élevé par des femmes (…) : j’aurais du devenir soit homosexuel, soit macho. Je suis devenu macho ». « En m’attaquant, Martine Aubry m’a transformée en icône (…). Elle m’a donnée une aura nationale dont je n’aurais jamais osé rêver (…).Même si elle va tenter encore un coup fourré, je vais me charger de sa réputation après les régionales ». Conclusion de cet entretien : « en fait, le seul regret de ma vie est de chanter faux. Sinon, j’aurais fait carrière dans le lyrique ou dans l’opérette ».
Hélène Mandroux
Sur le terrain, les choses sont moins folkloriques et plus tendues. Les anti-Frêche se plaignent de recevoir des mails nominatifs injurieux et dénoncent le chantage aux subventions exercé à l’encontre de responsables associatifs, contraints de signer des appels publics en faveur du président sortant. Maigre consolation ; un sondage paru la semaine passée accorde 9% à Hélène Mandroux contre 6% la semaine précédente. Dans les rangs Frêchistes, on se compare aux hérétiques Albigeois et l’on dénonce « l’épuration » menée par la rue de Solferino. Chacun des 59 candidats présents sur les listes pro-Frêche a reçu un courte missive lui rappelant l’article 11.19 des statuts du PS concernant « les membres du parti candidats à un poste électif pour lequel les instances du parti ont investi un autre candidat ». « Tu as pris la responsabilité de t’exclure toi-même du Parti socialiste. Tu ne peux donc plus t’en prévaloir, ni utiliser ses logos ou emblèmes » conclut la lettre qui prie le camarade de croire « en l’expression des sentiments distingués » des trois signataires. Qui sont Christophe Borgel, secrétaire national aux élections, Pascale Boistard, secrétaire nationale à l’organisation et Alain Fontanel, secrétaire national à l’animation et au développement des fédérations.