Primaire le dernier film d’Hélène Angel avec Sara Forestier, suit le parcours d’une professeur d’école dévouée à ses élèves qui se confronte au monde scolaire d’aujourd’hui. Rencontre avec la réalisatrice au Cinémas Diagonal à Montpellier.
Quel est le point de départ qui a déclenché chez vous l’envie de tourner ce film ?
C’est parti d’une émotion assez forte, celle d’une mère qui voit son fils quitter le CM2 pour entrer en 6ème. Je l’ai vécu personnellement comme un au-revoir à son enfance. Et j’ai réalisé l’importance de l’école dans ce que l’on ressent, à quel point les étapes scolaires sont initiatiques et s’inscrivent dans notre sensibilité. On grandi avec ça. Dans le film, Florence, la professeur d’école, est aussi concernée. Elle a du mal à trouver la juste distance. Elle critique ses collègues qui acceptent trop le réel par rapport à l’idée républicaine qu’elle se fait de l’institution, mais elle, ne l’accepte pas assez. C’est une idéaliste, très impliquée, mais moins douée dans sa vie privé.
Avec cette plongée dans l’environnement scolaire souhaitiez-vous évoquer l’école où camper ce terrain pour parler de la société ?
Le parti pris du huis clos fait suite aux deux ans que j’ai passé à me documenter en me rendant souvent sur le terrain. Lorsqu’on représente l’école, on représente la société. C’est un lieu d’apprentissage, pas seulement des savoirs fondamentaux. L’école dit quelque chose de notre époque et de notre société. Mais sur le fond, même si l’angle s’attache au cadre et au fonctionnement scolaire, c’est à chaque fois l’humanité en jeu dont il est véritablement question.
Concernant le métier de professeur des écoles, on distingue différents niveaux d’implication par rapport aux difficultés de Sacha délaissé par sa mère.
L’école de Jules Ferry ne transmet pas que des savoirs mais aussi des processus relationnels. La transmission de connaissances par l’enseignement ne constitue qu’une part des connaissances qu’acquiert un enfant. Dans mes recherches sur le sujet, j’ai été frappée du nombre de cas complexes où les parents lâchent l’affaire, et pas que dans les zones prioritaires. J’ai délibérément situé l’action dans une école sans difficulté particulière. Un des intérêts du film était de montrer différentes attitudes d’enseignants en situation.
Vous soulignez l’importance de la dimension affective…
C’est vrai, alors qu’à l’école l’affect reste un mot tabou. On ne parle jamais de l’amour des enseignants alors que sans amour ils ne peuvent pas faire ce métier là. En primaire, les élèves apprennent souvent parce qu’ils aiment leur maîtresse.
Florence est animée par des convictions citoyennes qui se heurtent parfois au cadre…
J’ai souhaité faire le portrait d’une femme qui réfléchit son métier. Elle se demande si elle participe au système. Tous les profs ne se considèrent pas comme des citoyens formant des citoyens. Cela découle pourtant des principes de l’école républicaine. L’air de rien, le film évoque cette question.
Recueilli par JMDH
Primaire sur les écrans le 4 janvier 2017.
Source : La Marseillaise 14/12/2016
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