Les théâtres Sorano et Jean Vilar croisent leur regard

Culture Occitanie Métropoles

Par Jean-Marie Dinh

Janvier 2017

Toulouse vue de nuit.

Toulouse vue de nuit.

L’heure d’une renaissance

L’émergence de la Région Occitanie ouvre un nouveau champ des possibles en matière de propositions artistiques et culturelles.

Dans l’ex-région Languedoc-Roussillon, les regards se tournent vers Toulouse, la nouvelle capitale régionale. A Toulouse, le statut de ville centre demeure, ce qui change, c’est le périmètre et la recherche de cohérences territoriales. Cela peut ne pas le paraître, mais c’est un pas vers l’inconnu que font les voisins d’hier et qui partagent aujourd’hui une certaine communauté de destin.

A ce contexte nouveau, s’ajoute le contexte de rationalisation économique vécu par le secteur culturel comme une menace aux multiples effets. C’est pourquoi, les acteurs au sens large, ont bien compris qu’ils se devaient d’être force de propositions pour sortir de l’ornière comptable et/ou concurrentielle et revenir aux fondamentaux en étant porteurs de sens, et d’esprit d’ouverture.

Dans le complexe enchevêtrement de responsabilités à définir, la culture n’est pas la dernière roue du carrosse. Elle ne saurait simplement répondre aux injonctions émanant d’ici ou là, car elle a pleinement son rôle à jouer pour combattre le rétrécissement du champ des idées qui pointe.

Au sein de notre cahier culture interrégional, il nous a semblé enrichissant d’ouvrir un chantier thématique qui fasse résonance avec les mouvements liés à la réforme territoriale. Espace de curiosité, de découvertes et de questionnement qui s’opèrent chez les artistes, les acteurs culturels, les responsables politiques, les spectateurs et les citoyens qui y vivent. Ce chantier, il est important de le préciser, s’inscrit comme une proposition de travail  collaboratif ce qui signifie qu’il vous est possible de le nourrir en prenant contact avec nous.

A bientôt.

 

RENCONTRE
Eclairage de deux directeurs artistiques sur les opportunités à saisir de la grande Région en matière culturelle : Sébastien Bournac du théâtre Sorano à Toulouse et Frantz Delplanque du théâtre Jean-Vilar à Montpellier.

Occitanie
C’est à l’occasion de la création  Mélankholia, de la compagnie U-Structurenouvelle donnée au théâtre Jean Vilar à Montpellier et programmée prochainement au Périscope à Nîmes, que nous avons croisé pour la première fois Sébastien Bournac, directeur du théâtre Sorano en déplacement pour découvrir l’offre théâtrale des compagnies montpelliéraines. Le jeune metteur en scène en charge de la destiné du théâtre historique toulousain depuis un an, met en oeuvre un projet qui fait la part belle à la jeune création.

« Je mesure  le  privilège qui m’a été confié par le maire Jean-Luc Moudenc et son adjoint Francis Grass, (en charge de la culture), de diriger le Sorano dans la lignée de Maurice Sarrazin, confie, Sébastien  Bournac. Je connais la place que tient ce théâtre dans le coeur des spectateurs toulousains. Avec toute l’équipe, le projet que nous menons consiste à redonner une identité  à ce lieu et à trouver des complémentarités avec le TNT et le Théâtre Garonne. Il passe notamment par un soutien aux jeunes compagnies qui peinent à s’insérer dans le tissu professionnel. »

Sebastien Bournac ©P.Nin Ville de Toulouse

Sebastien Bournac : « La grande Région est une chance. Elle nous pousse à approfondir le dialogue et nous bouscule dans nos habitudes.» ©P.Nin Ville de Toulouse

Un  souffle nouveau
La saison du Sorano 2016/2017, figure comme le premier opus du nouveau directeur. Elle s’est ouverte par une opération coup de coeur baptisée Supernova. Durant quinze jours, le Théâtre Sorano a proposé  cinq spectacles  de la jeune création contemporaine, quatre maquettes de projets en cours et huit jeunes équipes artistiques aux esthétiques revigorantes.

La nomination de Sébastien Bournac clôt une période de flottement de plusieurs années. Didier Carette, l’ancien directeur du Sorano sert aujourd’hui de caution culture au FN. En désaccord avec le maire précédent Pierre Cohen, il avait démissionné de ses fonctions.  Durant la mandature du maire socialiste, le théâtre Sorano est repassé en régie municipale directe sans dégager de véritable projet artistique.

Situation différente dans le quartier de La Paillade à Montpellier, où Le Théâtre Jean Vilar est passé en régie municipale directe en 2011. Nommé directeur par le maire Philippe Saurel, Frantz Delplanque poursuit une ligne artistique toujours éclectique et ouverte aux compagnies régionales initiée par son prédécesseur Luc Braemer. En ce début 2017, le directeur entreprend sa troisième saison.  Avec une totale liberté. Il a défini les axes de son projet au cœur duquel il développe la citoyenneté en mettant particulièrement l’accent sur le lien avec les habitants du quartier et l’éducation artistique.

Frantz Delplanque Photo Inés Baucells

Frantz Delplanque : « Ce serait dommage d’attendre du politique pour faire notre travail naturel. » Photo Inés Baucells

Echanges régionaux
L’émergence de la Région Occitanie demeure étroitement liée à la redistribution de compétences en matière de politique culturelle et aux schémas que privilégieront le Conseil régional, l’Etat, et les Métropoles dans ce secteur. En parallèle, on assiste à une mise en relation volontaire des acteurs qui ouvrent l’espace d’un terrain d’épanouissement prenant en compte les spécificités territoriales et les affinités artistiques.

« Ce serait dommage d’attendre le politique pour faire notre travail naturel. En tant que directeur artistique, on ne va pas qu’à Paris et à Avignon, explique Frantz Delplanque, je suis allé voir ce qui se passe à Toulouse. Dès sa nomination, Sébastien Bournac est entré en contact avec moi. J’ai fait la connaissance d’une personne chaleureuse. Je sens chez lui une attention au territoire et aux hommes, et son projet culturel est ouvert. En deux mots, on est raccord. Cela va déboucher sur des projets communs.»

Il va de soit que la notion même de culture en région se caractérise par la vitalité de l’offre artistique territoriale. Les lignes artistiques des lieux de diffusion et la programmation des festivals permettent des échanges nationaux et internationaux.

« Nous devons tisser des liens mais la diffusion des Cies ne doit pas se faire qu’en Occitanie, l’interrégionale et l’international continuent. L’Occitanie se positionne d’ailleurs déjà de manière transfrontalière avec le TNT.  Les agences régionales peuvent entrer en jeu. On aurait besoin d’une médiation à l’échelle européenne.»

L’analyse de l’offre artistique suppose de considérer le champ des acteurs en constante mutation qui la nourrissent. « Concernant la création régionale, le renouvellement évident, c’est celui des générations, indique Sébatien Bournac, nous avons peu de jeunes équipes en Midi-Pyrénées. Une situation notamment liée à l’absence de cursus complet de formation théâtrale pendant des années. Aujourd’hui, fort heureusement, les choses ont changé. Mais auparavant après leur cursus de départ,  personne n’attendait les jeunes comédiens, alors ils partaient vers Paris ou ailleurs.»

Dans ce domaine, Montpellier dispose de structures significatives en matière de formation artistique avec l’ENSAD, l’Université Montpellier 3, les écoles de théâtre  et bientôt le Cours Florent. « Il faut considérer que sur un territoire aussi grand que l’Occitanie, on a des émergences en permanence » analyse Frantz Delplanque.

Réduction budgétaire
Les directeurs artistiques sont aux premières loges pour mesurer les effets de la crise budgétaire qui se traduit par de graves conséquences sociales dans le milieu artistique et une menace sur la qualité de l’offre culturelle.

Hier encore, chacun pouvait mener sa politique propre en matière de diffusion. Aujourd’hui la notion de réseau est devenu incontournable et la coordination s’organise.

« La grande Région est une chance. Elle nous pousse à établir et approfondir un dialogue que nous n’avions pas ou peu. Et cela débouche concrètement. Nous nous apprêtons à accueillir au Sorano début février, le spectacle « Les grandes bouches » du metteur en scène montpelliérain Luc Sabot.  Et puis cette ouverture modifie notre  manière de travailler et nos certitudes. Cela relativise notre façon de faire », estime Sébastien Bournac.

« Nous avons subi un recul du nombre de festivals. Des structures sont menacées. La réduction budgétaire, on peut la comprendre. Nous avons été assez responsables dans le milieu culturel, mais à un moment il faut que l’on veille sur nous. En matière de diffusion, chacun de nous fait ses propres choix en fonction des projets menés et chacun dispose de ses réseaux. La réflexion commune permet de démultiplier les possibilités, souligne Frantz Delplanque, Notre relation avec le Sorano va permettre de trouver des débouchés pour les compagnies que nous soutenons.»

Entre Les pérénigrations vers l’Ouest  célébrées dans le célèbre roman de Wu Cheng et Le voyage vers le soleil levant, les acteurs de la culture se retrouvent dans un nouvel espace pour produire de l’art et du sens.

La folle épopée du Théâtre Sorano de Toulouse

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Au cœur de Toulouse, la façade en briques avec son portique à colonnes en impose. Construit au XIXe par Urbain Vitry, l’imposant bâtiment, ancien auditorium du Musée d’histoire naturelle, est inscrit aux monuments historiques.

Sa vocation dramaturgique advient en 1964 où il devient le théâtre Sorano inauguré par le metteur en scène et comédien, Maurice Sarrazin, un des pionniers de la décentralisation culturelle au même titre que Charles Dullin, Jean Vilar, et Jean-Paul Sartre, il compte parmi les acteurs du mouvement de renouvellement français qui aboutira à un théâtre décentralisé populaire. La construction de ce théâtre, capable d’accueillir 560 spectateurs entre l’orchestre et le balcon est pour Maurice Sarrazin un vrai tournant dans la vie culturelle toulousaine.
Un petit retour en arrière permet de comprendre la place qu’occupent les hommes de théâtre toulousains de l’époque.

Décentralisation culturelle
En 1945, Maurice Sarrazin fonde avec quelques camarades comédiens la troupe du Grenier de Toulouse. Ne bénéficiant alors d’aucune subvention publique, ils sont à l’origine d’une des premières expériences de décentralisation dramatique en France après guerre.
En 1949, le Grenier de Toulouse devient Centre dramatique national du Sud-Ouest. La troupe obtient alors des financements qui lui permettent de monter plus de 150 représentations par an. De 1945 à 1964, le Grenier de Toulouse joue plus de 2550 fois dans la région mais seulement une centaine de fois à Toulouse car il n’y bénéficie d’aucun lieu d’accueil. C’est pour remédier à ce problème qu’en 1964, Maurice Sarrazin dirige la construction de son propre théâtre qui porte le nom d’un des acteurs fondateurs de la troupe, décédé en 1962, Daniel Sorano.

Jusqu’à son éviction en 1969, Sarrazin poursuit l’oeuvre théâtrale entreprise avec sa troupe. Il fait connaître à un large public les grands classiques du répertoire mais aussi des dramaturges contemporains plus difficiles d’accès (Beckett, Ionesco). Il ouvre également son théâtre à l’opéra et aux ballets. Cette action pionnière dans le domaine de la diffusion théâtrale se généralise par la suite avec la multiplication de ce type de Centre dramatiques Nationaux et de troupes permanentes en province.

Théâtre Sorano 35 Allée Jules Guesde, 31000 Toulouse. Tél : 05 32 09 32 35 www.theatre-sorano.fr

Jean Vilar petit histoire d’un théâtre municipal à La Paillade

theatre-jean-vilar-montpellier-93214-visuel-3Implanté au coeur du quartier populaire de la Mosson dans le Chai de l’ancien Mas de la Paillade le théâtre Jean Vilar de la ville de Montpellier compte 374 places. Le Mas de la Paillade fait partie de l’ensemble des « folies de la Mosson »  construites aux XVIIIe et XIXe siècles, comme le domaine Bonnier de la Mosson.

Ce domaine viticole est une ancienne propriété dont son dernier propriétaire est Jean de Baroncelli, écrivain et critique au journal Le Monde, marié en 1949 à l’actrice Sophie Desmarets. Après le gel des vignes du domaine, en 1956, la famille décide de vendre une partie des terrains agricoles à la ville, puis le domaine lui-même quelques années plus tard.

Aujourd’hui, les bâtiments sont répartis en plusieurs structures. Le château abrite les bureaux administratifs du Théâtre et une annexe de la Mairie.Le chai a été reconverti en 1994 en salle de spectacle. Une partie du bâtiment abrite l’Espace Bernard Glandier consacré à la danse et géré par le chorégraphe Didier Théron. Lors de la création du théâtre en 1994,  le maire Georges Frêche avait laissé pour toute consigne à Luc Braemer, qui allait en prendre la direction pour vingt ans, de remplir la salle et de faire venir le public du centre-ville à la Paillade y ajoutant une mission d’accueil et de soutien aux compagnies et artistes locaux. Le directeur et son équipe ont toujours attaché de l’importance au travail de sensibilisation des publics, comme en témoigne le service éducatif créé en 2002.

L’environnement est aujourd’hui toujours au coeur du projet de Frantz Delplanque. Le contexte social économique et culturel hexagonal et le positionnement du maire Philippe Saurel en faveur d’une citoyenneté renouvelée balise plus que jamais la destinée d’un projet qui doit faire sens auprès des habitants du quartier.

Théâtre Jean Vilar 155 rue de Bologne, 34080 Montpellier. Tel: 04.67.40.41.39

 

Agenda. Selection théâtre Région Occitanie

LES MOLIERE DE VITEZUne sélection de spectacles à  Toulouse. 1- « Les Molière de Vitez », mise en scène Gwenaël Morin, actuellement au Théâtre Sorano jusqu’au 21/01. Photo dr

 

« L’enlèvement au sérail »,  opéra de Mozart.  Dir Tito Ceccherin, mise en scène Tom Ryser  du 27 /01 au 5/02  Orchestre  National du Capitole  de Toulouse. Photo Alain Wicht

bouches 2 et 3 fev« Les Grandes Bouches ». Texte François Chaffin  mis en scène Luc Sabot  les 2 et 3 février 2017 au Théâtre Sorano. Photo dr
T Garone © Othello Vilgard« Une légère Blessure »  d’après le roman de Laurent Mauvigner mis en scène Othello Vilgard. Actuellement jusqu’au 28/01 au Théâtre Garonne. Photo Othello Vilgard

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Begin the Beguine
Texte de John Cassavetes mis en scène  par Jan Lauwers. Cette dernière pièce en trois actes de Cassavetes surgit directement des zones obscures er marginales de la société. Du 26 janv au 3 fev 2017 CDN hTh à Montpellier

300x340_acte_c_drActe
Texte Lars Norén mise en scène Nathalie Nauzes. Un huis-clos entre un homme et une femme, un médecin et une prisonnière, enfermée dans un quartier de haute sécurité. Du 23 au 28/02  au Théâtre Garonne de Toulouse

suruneile_vignette1Sur une île
Texte de C. de Toledo. Conception C. Bergon. 22 juillet 2011,. A. B. Breivik, terroriste norvégien d’extrême droite, est  à Utoya où se tient l’université d’été de la ligue des jeunes travaillistes.  Théâtre la Vignette 1 et 2/02  Montpellier

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Let me try
Pièce adaptée du Journal de Virginia Woolf, écrit entre 1915 et 1941. Mise en scène Isabelle Lafon  « Si vous voyez un panneau indiquant « Les intrus seront poursuivis », allez-y ! « Soyons tous des intrus » Ce samedi 15 au TNT Toulouse.

1-parallleParallèle
« Croire Obéir Combattre » : Bruno Geslin s’attaque au sport comme forme d’uniformisation de la pensée.
Touchant autant au politique qu’à l’esthétique, Parallèle aborde le pouvoir les 25 et 26 /01 au Théâtre de Nîmes.

Source : Cahier culture La Marseillaise 14/01/2017

Voir aussi : Rubrique ThéâtreDossier. Théâtre en péril, fin d’un modèle à Montpellier et dans l’Hérault, hTh 2017 Libre saison de bruit et de fureur, SortieOuest archivesBéziers, le débat déconstruit la mystification, Sortieouest. Des spectacles vraiment vivants ! , rubrique Politique, Politique culturelleDernière saison d’hiver au Domaine d’O ?, Politique Locale, rubrique Danse,  rubrique Montpellier, rubrique Rencontre, Rodrigo Garcia : «Vivre joyeusement dans un monde détestable»,

Histoire. Culture du mouvement noir américain et activisme social

Livre

9782707175502Avec  Black America, l’historienne des Etats-Unis Caroline  Rolland-Diamond propose une analyse globale des mouvements de revendications noirs américains depuis l’émancipation des esclaves jusqu’à nos jours, en redonnant toute leur place aux acteurs et actrices anonymes. Elle éclaire notamment les forces quoditiennes  sociale et féminine de la résistance sur un temps long.

L’histoire institutionnelle du mouvement noir américain peut se résumer en quelques dates. 1619, arrivée des vingt premiers esclaves africains dans la colonie britannique de Virginie. L’esclavage qui occupe une position centrale dans l’organisation sociale et économique du Sud, se prolonge après l’indépendance des Etats-Unis, en 1776, jusqu’à la guerre de Sécession 1861/1865.

Après l’émancipation des esclaves débute la période de  Reconstruction du Sud (1865- 1877) durant laquelle les affranchis peuvent jouir de leurs droits civiques sous protection militaire. Mais cela ne permet pas d’établir les bases de l’égalité. En 1954 la Cour suprême déclare la ségrégation  inconstitutionnelle et moralement indéfendable.

En 1964, le pays met un terme à la ségrégation légale. Un an plus tard  le droit de vote est institué  pour les Africains -Américains du Sud.  Cette histoire officielle a figé dans la mémoire collective les grandes figures que sont  : Rosa Parks, Martin Luther King et Malcom X qui résumeraient à eux seuls le long combat des Noirs américains pour l’égalité.

Le bon Martin et le vil Malcom

imagesSpécialiste des mouvements sociaux américains, Caroline Rolland-Diamond, inscrit son travail dans le prolongement de l’historiographie des année 1980 et 1990 qui a contesté le mythe de la période héroïque (1954-1965) permettant l’idéalisation d’une Amérique libérale indifférente à la couleur de la peau « dans les bonnes année 1960 » aux dépens de la décennie suivante 1965-1975 perçue comme radicale et incarnée par le Black Panther Party.

Cette nouvelle analyse a permis de montrer que le mouvement des droits civiques provenait des institutions noires qui rendirent possible la mobilisation de masse dès les années 50. Elle a aussi souligné le rôle déterminant des militants inconnus de la classe ouvrière. « Et par là même elle a pu réintroduire  les luttes sociales et économiques des Noirs occultées par la conception étroite des droits civiques », souligne Caroline Rolland-Diamond.

Le temps long de l’ histoire

Lynchage de trois Africains -Américains accusés du viol d’une femme blanche, à Duluth (Minnesota) le 15 juin 1920 Crédit Photo library of Congress

Lynchage de trois Africains -Américains accusés du viol d’une femme blanche, à Duluth (Minnesota) le 15 juin 1920 Crédit Photo library of Congress

En remontant à l’émancipation des esclaves en 1865, l’historienne à l’Université Paris-Ouest-Nanterre met en perspective deux grandes traditions de mobilisation individuelle et collective des Noirs : la tradition libérale  s’appuyant sur les institutions nationales pour revendiquer l’égalité, et la tradition radicale qui critique ces institutions et réclame une transformation profonde de l’économie et de la société américaines.

Ce faisant l’auteur s’attache aussi à redonner leur place aux femmes noires américaines. Tout au long de  cette histoire, organisée en sept chapitres chronologiques, une part importante de l’activisme consiste à obtenir un logement décent, un emploi suffisamment rémunérateur et à conquérir le pouvoir politique pour y parvenir. Un combat mené au quotidien visant à trouver des solutions concrètes pour survivre, qui fut largement mené par les femmes.

La mort d’Eric Garner, tué par étranglement par un policier blanc de New York  alors qu’il vendait des cigarettes à la sauvette, celle de Michael Brown à Ferguson en 2014, ont ouvert une plaie jamais ferméee cette histoire inachevée, nous rappelle l’auteur dans son épilogue.

 JMDH

Ed. La Découverte 24,50 euros

Source : La Marseillaise 20/12/2016

Voir aussi : Rubrique Histoire, rubrique Afrique, rubrique Livre, Comédie du Livre une fenêtre sur l’Afrique, Afrique 50 les colonies en héritage, rubrique Etats-Unis, “Strange Fruit”, et Billie Holiday suspendit l’Histoire, Les lumières noires de Harlem en mémoireSociété, Mouvements sociaux,

Point sur le processus de justice transitionnelle en Tunisie

bourguiba-benaliLes auditions de l’Instance Vérité et Dignité ont repris le samedi 17 décembre, six ans jour pour jour après l’immolation de Mohamed Bouazizi qui avait lancé le mouvement de protestation en Tunisie. Cette instance a pour objectif de faire lumière sur les différentes violations des droits de l’homme perpétré sous Bourguiba et Ben Ali (1955-2013). Cette commission couvre non seulement les affaires d’homicides, des viols, de torture… mais aussi les affaires de corruption et de crime économique. Les premières auditions des victimes avaient déjà commencé en novembre, et signalaient la relance du processus de justice transitionnel très controversé. En effet, si le but de la Commission est de promouvoir la réconciliation nationale, son travail est régulièrement mis à mal  par des dynamiques internes et externes qui viennent questionner l’étendue même de ses compétences.

La victoire en 2014 du parti Nida Tounes est venue apporter un premier choc au processus de justice transitionnelle. Ce parti comprend des vestiges des anciennes dictatures qui peuvent se sentir menacer par le travail effectué par l’IVD. Certains ont même déclaré que le processus de justice avait déjà été mis en œuvre en 2011 et en 2012, et que la Tunisie avait maintenant besoin d’allé de l’avant[1]. Cette idée avait d’ailleurs déjà été exprimée lors de la campagne d’Essebsi lorsqu’il a déclaré « Nous devons sourire, espérer et ne plus parler du passé »[2]. Forcé de former une coalition avec Nida Tounes et de peur d’être éjecté du pouvoir (comme ce fut le cas, pour les islamistes en Egypte), le parti An-Nahda également a peu à peu pris des distances par rapport au processus de réconciliation. Les partisans du processus de justice transitionnelle ont été effrayé que cette nouvelle configuration politique ne vienne entraver le travail la Commission en limitant son budget, rapporte Aljazeera. Si aucune coupe budgétaire n’a été dénoncée, la direction de l’IVD a déjà déclaré que certains fonctionnaires ont rendu difficile l’accès aux archives présidentielles[3].

La situation économique difficile de la Tunisie affecte également le travail de la Commission. L’État considère que les compétences de l’IVD en matière de corruption entravent le processus de la relance économique. Le gouvernement a alors voulu en 2015 limiter cette prérogative en promouvant la réconciliation économique[4]. Le but de celle-ci est de promouvoir un climat économique favorable en permettant aux Tunisiens qui ont de l’argent de réinvestir dans leur pays[5]. Cela permettrait aux individus coupables de ces crimes d’être amnistiés totalement pour leurs erreurs passées en échange d’une compensation économique versée à l’État. Les détracteurs de cette résolution considèrent que son adoption trahirait les attentes révolutionnaires, et en viendrait à dire que la démocratie protège les voleurs[6].

Des problèmes internes sont également venus ralentir et décrédibiliser le travail de l’instance de Vérité et Dignité. Le premier concerne la faible efficacité de la Commission. En effet, le journal Le Monde rapporte que « sur les 62 300 dossiers de plainte dont elle a été saisie, une vingtaine seulement ont fait l’objet d’un règlement »[7]. Cela est en partie dû aux multiples tensions internes à l’IVD. Sa présidente Sihem Bensedrine est en effet souvent critiquée pour son tempérament, et sur les 15 membres initiaux, six membres ont démissionné[8]. Elle est aussi accusée de favoriser les dossiers des victimes Islamistes. Cette dernière controverse a contribué à accentuer la polarisation entre le publique séculaire et islamiste[9]. Pourtant, la philosophe politique Kora Andrieu, spécialiste des questions concernant la justice transitionnelle, a récemment déclaré qu’il était normal qu’il y ait une sélection de certains cas emblématiques. De plus, elle ajoute :

Par ailleurs, il est tout simplement faux de dire qu’aux premières audiences de l’IVD il n’y a eu que des islamistes : on a vu et entendu des militants de gauche, côte-à-côte avec les islamistes, justement, ou encore des mères de blessés et de martyrs de la révolution et des syndicalistes. Arguer de la prédominance des islamistes, c’est raviver ici encore la propagande du passé, un discours qui a habité le processus de justice transitionnelle tunisien depuis ses débuts, et qui a été en partie nourri par les programmes de réparations qui ont engendrés les pires rumeurs[10].

Selon l’ICG, l’IVD travaille dans un contexte qui lui est défavorable. Le contexte économique difficile couplé aux enjeux sécuritaires et au retour de certains vestiges du régime de Ben Ali en politique est sérieusement venu affecter le soutien du public. Pourtant, les problèmes rencontrés ne sont pas inédits à la Tunisie, et rien ne dit que le processus échouera. De plus, si des compromis entre les représentants de l’État et de l’IVD sont nécessaires, le maintien du processus de justice transitionnelle demeure essentiel pour l’avenir de la démocratie en Tunisie. Le choc qui a suivi première audition témoigne de la nécessité du processus. Comme le déclarait Sihem Bensedrine « «Aujourd’hui, on entend beaucoup que sous l’Ancien régime tout était bien, qu’il n’y avait pas de terrorisme, pas de chômage (…) Nous sommes là pour rétablir la vérité. La majorité des Tunisiens ne savent pas ce qui se passait. »[11].  L’exposition des crimes perpétrés sous Bourguiba et Ben Ali est donc essentielle pour rétablir la vérité ; ainsi que pour éviter une propagation de la haine des victimes pouvant mener à la radicalisation[12] .

Chloé de Radzitzky

[1] International Crisis Group, 2016, Tunisie : Justice transitionnelle et lutte contre la corruption, Rapport Moyen-Orient et Afrique du Nord de Crisis Group N°168, p. 12

[2] Reidy, E., “Tunisia transitional justice faces obstacles”, Aljazeera, 1 janvier 2015, Consulté le 19/12/2016 sur http://www.aljazeera.com/news/middleeast/2014/12/tunisia-transitional-justice-face-obstacles-20141228112518476386.html

[3] Galtier M., « Tunisie la torture des années Ben ali au grand jour », Libération, 16 Novembre 2016, Consulté le 19/12/2016 sur http://www.liberation.fr/planete/2016/11/16/tunisie-la-torture-des-annees-ben-ali-au-grand-jour_1528882

[4]Jamaoui, A. «  https://nawaat.org/portail/2015/11/01/tunisia-the-dispute-over-the-economic-reconciliation-bill/

[5] Pour plus d’information, voir rapport p22 du  rapport : International Crisis Group, 2016, Tunisie : Justice transitionnelle et lutte contre la corruption, Rapport Moyen-Orient et Afrique du Nord de Crisis Group N°168

[6] Lynch, M., 2016, “Tunisia May Be Lost in Transition”, Carnegie, consulté le 19/12/2016 sur  http://carnegie-mec.org/diwan/64510

[7]Bobin, F.,  « La Tunisie confrontée à la mémoire de la dictature », Le Monde, 17 décembre 2016, consulté le 19/12/2016 sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/11/17/la-tunisie-confrontee-a-la-memoire-de-la-dictature_5032722_3212.html#8PRqmIwUQqlJGjAa.99 http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/11/17/la-tunisie-confrontee-a-la-memoire-de-la-dictature_5032722_3212.html#LM1qUjB1o7AtFCEQ.99

[8] Galtier M., « Tunisie la torture des années Ben ali au grand jour », Libération, 16 Novembre 2016, Consulté le 19/12/2016 sur http://www.liberation.fr/planete/2016/11/16/tunisie-la-torture-des-annees-ben-ali-au-grand-jour_1528882

[9] Interview Andrieu K., 2016, disponible sur  http://www.ivd.tn/fr/?p=923

[10] Interview Andrieu K., 2016, disponible sur  http://www.ivd.tn/fr/?p=923

[11] Galtier M., « Tunisie la torture des années Ben ali au grand jour », Libération, 16 Novembre 2016, Consulté le 19/12/2016 sur http://www.liberation.fr/planete/2016/11/16/tunisie-la-torture-des-annees-ben-ali-au-grand-jour_1528882

[12] International Crisis Group, 2016, Tunisie : Justice transitionnelle et lutte contre la corruption, Rapport Moyen-Orient et Afrique du Nord de Crisis Group N°168.

Sources : Medea 20/12/2016

Voir aussi : Rubrique Cinéma, rubrique Tunisie, La faiblesse du président Marzouki, Les éditocrates repartent en guerreLes espoirs du peuple tunisien toujours d’actualité, rubrique Politique, Société civile, Moyen Orient, Agiter le peuple avant de s’en servir, rubrique Rencontre, Nadia El Fani, Christophe Cotteret, rubrique Société, Justice, rubrique Histoire,

Centre d’Art Contemporain Montpellier : En attendant le Moco

Nicolas Bourriaud et Philippe Saurel déjà dans l’univers Lynchien de Mulholland Drive, . Photo JMDI

Dès janvier, la Panacée, centre de culture contemporaine, va prendre une nouvelle orientation pour assurer la transition et donner la tonalité du futur Centre d’Art Contemporain. Philippe Saurel et Nicolas Bourriaud, en charge de la conduite du projet, en ont tracé la vocation.

 

Le projet de Centre d’art contemporain de Montpellier qui ouvrira en juin 2019 enfin dévoilé. Il s’appellera Moco, combinaison des deux premières lettres de “Montpellier” et de “contemporain”. « On vise la planète. C’est un projet public d’envergure, innovant, qui s’inscrit dans un modèle de ville durable en recyclant deux bâtiments historiques. Nous avons pris en compte dans la réflexion à la fois la proximité et l’international » s’enthousiasme le maire de Montpellier aux côtés de Nicolas Bourriaud, cofondateur du Palais de Tokyo et ancien directeur de l’école des Beaux-Arts de Paris.

« La France n’a pas connu de projet public de cette ampleur depuis le début des années 2000 », assure l’historien de l’art et éminent critique qui assure la direction de la Panacée, depuis février. Et le maire d’ajouter : « L’espace public est notre partenaire pour l’art contemporain. Les artistes y ont encore leur place. »

Il n’y aurait pas d’espace collectif sans artistes et pas d’artistes sans art… Ces propos relevant de l’argumentaire essentiel à l’art contemporain, soulèvent d’emblée un certain scepticisme. N’avons-nous pas assez vécu et abusé de la « tradition du nouveau » en politique comme en marketing ? Mais l’idée de décloisonnement qui préside au projet et s’inscrit véritablement dans la transversalité en fonctionnant sur la mise en réseau et la synergie des acteurs locaux, apparaît dans sa nature et son intention novatrice.

Défi de l’esprit et de l’ouverture

Rien de commun avec la précédente programmation de la Panacée qui a offert quelques propositions intéressantes sous le concept très générique des écritures numériques. On ne compte plus aujourd’hui les artistes emprisonnés dans cette manie de l’innovation numérique à tout prix, ni les hordes sauvageonnes se revendiquant du street art en peine de reconnaissance institutionnelle.

« Je crois à la singularité du regard, indique Nicolas Bourriaud, une pensée novatrice peut s’exprimer avec un stylo. Il n’y a pas de lien entre l’outil dont on use et ce qu’on exprime. » Localement l’ambition consiste à rattraper le retard. Montpellier n’a jamais décollé en matière d’arts plastiques.

Le projet contourne une partie de la problématique financière. Il n’y aura pas de collection mais de multiples connexions avec le monde. Il contourne aussi le paradoxe inhérent à l’idée de politique en faveur de l’art contemporain. A l’instar des FRAC qui devaient être gouvernés par un principe d’éclectisme et qui ont finalement adopté la logique de collection régie par un principe de cohérence en opposition avec l’idée même d’éclectisme.

Ces instruments de la décentralisation de l’art sont devenus les partenaires, voire les acteurs du marché de l’art. Avec comme corollaire la politique de commande publique qui néglige la création au profit de l’art d’Etat.

Rien de tout cela dans le futur Moco, pôle d’un réseau dont l’objet sera de répondre à la masse d’informations et d’assumer ses choix en provenance de toute la planète. Mais aussi de revenir dans le passé pour désigner les tendances esthétiques importantes dans ce qui forge notre sensibilité.

En janvier la première expo constituera une rêverie inspirée de l’oeuvre de David Lynch. La démarche citoyenne et ouverte de ce centre d’art du XXIe siècle apparaît bien en cohérence avec le monde d’aujourd’hui.

JMDH

Compléter et consolider la place de Montpellier dans l’art

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Le Centre d’Art Contemporain tient  de longue date une bonne place dans la boîte à outils culturelle de Philippe Saurel dont le diplôme en histoire de l’art et l’expérience en urbanisme le rendent plus sensible aux arts plastiques qu’au spectacle vivant. Adjoint d’Hélène Mandroux en charge de la culture, le futur maire et Président de la Métropole de Montpellier évoquait déjà l’idée d’implanter un Centre d’Art dans les locaux de l’ancienne mairie.Trois jours après son élection, il transforme le Musée de l’histoire de France et de l’Algérie, lancé par son mentor Georges Frêche,  en Centre d’art contemporain. Dans l’ancienne résidence militaire de l’hôtel Montcalm, les travaux sont réorientés pour accueillir cette nouvelle institution qui aura pour nom Moco.  Le projet de Centre d’art contemporain tendra à consolider la place croissante qu’occupe Montpellier dans le secteur culturel, et plus particulièrement dans le domaine de l’art. Il complète les « outils » publics déjà existants, tels que le musée Fabre (Beaux-arts), le Pavillon populaire (photographie), le Carré Sainte-Anne (art contemporain), le Pavillon Bagouet (artistes régionaux), la galerie St Ravy (nouveaux talents). Le Moco constituera avec la Panacée et l’Ecole des Beaux-arts un trio dédié à l’art contemporain.

Source : La Marseillaise 07/12/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique ArtArt contemporain. Chambres à dessin à la PanacéeLe Centre d’art contemporain à l’heure du scénario, Le Crac livre le paysage aux artistes, Le Mrac pousse ses murs avec  Bruno Peinado, Le dessin dans le champ de l’art, rubrique Exposition, rubrique Montpellier Politique, Politique culturelle,

 

Kléber Mequida : « Nous maintenons l’orientation et le budget culturel en 2017 »

Kléber Mesquida : "«?Nous reconduirons l’actuel directeur de sortieOuest dans ses fonctions dans le cadre de l’Epic Hérault Culture?»

Kléber Mesquida : « « Nous reconduirons l’actuel directeur de sortieOuest dans ses fonctions dans le cadre de l’Epic Hérault Culture »

Le président du Conseil départemental de l’Hérault Kléber Mesquida (PS) revient sur le volet culture du transfert de compétences entre le Département et la Métropole de Montpellier ainsi que sur les incidences de l’accord qui devrait être scellé jeudi 8 décembre lors de la dernière rencontre à la Chambre régionale des comptes.

 

Les négociations difficiles que vous avez entreprises avec Philippe Saurel autour de la compétence culturelle sont à l’origine de profondes inquiétudes notamment autour de l’avenir de sortieOuest. Pouvez-vous éclaircir la situation ?

Je constate une certaine agitation dont le dessein m’apparaît assez politique. J’ai répondu par courrier au Collectif des spectateurs de sortieOuest pour leur préciser l’attachement que le Conseil départemental porte à la culture. Il n’est pas question d’abandonner sortieOuest. J’en veux pour preuve le budget constant pour 2017 que nous maintenons sur la base de 2016 ; soit 810 000 euros. Cela dans un contexte, c’est important de le préciser, où le Département de l’Hérault se doit de réduire son budget de 54 millions d’euros en 2017. Le budget culturel global est maintenu autour de 12 M.

L’association sortieOuest sera-t-elle dissoute ?

Oui, l’association laissera place à l’EPIC Hérault Culture dans lequel s’intégreront les activités culturelles du Domaine de Bayssan, et probablement d’autres structures ayant la même vocation comme la Cigalière à Sérignan…

Que va-t-il advenir du personnel de l’association ?

L’EPIC Hérault Culture, permet la gestion d’une activité de service public de nature industrielle et commerciale. Il intégrera tous les personnels qui dépendront de la comptabilité publique. Ce type d’établissement ne permet pas les déficits.

Cela pourrait avoir pour conséquence de faire perdre à sortieOuest son label de scène conventionnée attribué par l’Etat à un projet spécifique ?

Dans le cadre des négociations nous sommes également en contact avec l’Etat et la Région Occitanie qui pourraient renforcer leur participation notamment financière.

Cela ne présume pas nécessairement de la reconduite du projet mené actuellement ?

Il n’y a aucune raison de modifier ce projet qui répond bien à la politique culturelle conduite par le département et garantit un service public de la culture sur le territoire. Nous avons l’intention de reconduire les fonctions de l’actuel directeur dans le cadre de la nouvelle structure.

Concernant les programmations de saisons du Domaine d’O à Montpellier, que va-t-il se passer ?

A défaut d’accord, la Métropole de Montpellier devrait hériter de la compétence culturelle sur le haut du Domaine. C’est-à-dire du Théâtre Jean-Claude Carrière et de l’Amphithéâtre d’O.

Quid du Théâtre d’O ?

La salle du Théâtre D’O deviendra une salle de réunion et de réception ce qui constitue déjà une partie de sa vocation.

Quel avenir pour les festivals ?

Nous avons proposé à la Métropole de conserver trois mois de programmation pour assurer leur pérennité, la négociation n’est pas totalement terminée.

Là encore que devient le personnel ?

Dans le cadre du transfert de compétences le personnel sera affecté à des tâches équivalentes. Nous allons lancer un appel au volontariat et nous nous tiendrons à l’écoute en prenant en compte les critères d’ancienneté, la situation familiale… Nous mettrons en application le droit du travail.

Le travail de communication n’a-t-il pas fait défaut justement, pour accompagner les changements ?

C’est possible. Cela a sans doute favorisé les crispations.

Il semble que le transfert concernera 8 compétences. Les agents concernés dans le secteur social craignent un recul de la qualité du service rendu…

Dans un premier temps il peut y avoir un manque de visibilité pour savoir à quel guichet s’adresser mais l’usager bénéficiera des mêmes services et la gestion de l’APA (NDLR Allocation personnalisée d’autonomie) demeurera dans sa totalité départementale.

Recueilli par J-M Dinh

Source : La Marseillaise 06/12/2016

Voir aussi : Rubrique Politique, Politique culturelleDernière saison d’hiver au Domaine d’O ?, Politique Locale, rubrique ThéâtresortieOuest un théâtre de toile et d’étoiles reconnu et défendu, Dossier. Théâtre en péril, fin d’un modèle à Montpellier et dans l’Hérault, SortieOuest archives, Rubrique Rencontre, Béziers, le débat déconstruit la mystification,  rubrique Montpellier,