« Il faut s’attendre à un affaiblissement global du syndicalisme » si les seuils sociaux sont assouplis (CGT)

thierry-lepaon-prone-d-emblee-une-journee-d-action-pour-la-cgtPour le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon, la demande du président de la République François Hollande aux syndicats d’accepter des assouplissements en matière de seuils sociaux ne sera acceptée par « aucun militant ».

Si nous laissons faire [la remise en cause des seuils sociaux], c’est un affaiblissement global du syndicalisme auquel il faut s’attendre. » Dans une interview à l’Humanité parue ce jeudi, le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, a réagi aux propos tenus la veille par le président de la République François Hollande, qui a pressé les syndicats à lever les « verrous » des seuils sociaux lors d’un entretien au Monde (espace abonné mais disponible également sur le site de l’Élysée).

Ces seuils fixent actuellement des obligations légales aux employeurs à la fois en terme fiscal et en matière de représentation des salariés (par exemple un comité d’entreprise est obligatoire à partir de 50 salariés, un délégué de personnel à partir de 11).

Le Parlement sera saisi faute d’accord

Faute d’accord entre patronat et syndicats, le gouvernement saisira le Parlement, a averti le chef d’État.

« Pour quelqu’un qui nous parle tout le temps de démocratie sociale, de dialogue social, considérer que les droits des salariés à être représentés est un verrou pour la croissance, c’est étonnant », a taclé Thierry Lepaon. Il estime « qu’aucun militant n’est prêt à accepter » des accords qui vont faire « perdre des droits d’intervention et d’action ».

Le numéro un de la CGT ajoute qu’il a commencé à prendre « contact » avec ses homologues « pour faire entendre la voix des salariés », notamment sur ce sujet, sans donner plus de détails.

Source : La Tribune 21/08/14

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Intermittents mais pas seulement

imagesMobilisation. Assurance chômage : dernier round de négociations, les intermittents manifestent et sont rejoints.

Les intermittents une nouvelle fois mobilisés dans plusieurs villes hier, pour occuper certains sièges locaux du Medef. A Montpellier le rendez-vous qui a rassemblé 400 personnes s’est tenu devant la Dirrecte pour un sitting. A l’heure de la dernière séance de renégociation de la convention d’assurance-chômage, qui réunissait au siège du Medef patronat et syndicats. Les travailleurs de la culture apparaissent au devant de la scène mais ne doivent pas masquer ce qui se joue pour l’ensemble des salariés, indique en substance la CGT très représentée dans le secteur culturel.

A la foule se sont joints les précaires, et l’union syndicale de l’Intérim. Le statut d’interimaire se trouve directement dans le collimateur du Medef qui veut supprimer leurs conditions d’indemnisation spécifique, Bien conscient que le dumping social se répercute directement sur tous les travailleurs et les demandeurs  d’emploi les associations de chômeurs sont aussi de la partie.

En milieu d’après-midi une délégation a été reçue par le directeur régional de l’emploi. « Nous souhaitons lui rappeler que le gouvernement doit rester garant d’un mieux-disant social dans les négociations en cours, indique Eva Loyer pour la CGT Spectacle. C’est  un jeu de dupe qui se joue actuellement entre le Medef et le pouvoir en place et ce sont les salariés qui vont trinquer. Il faut que les gens prennent conscience de l’impact des prérogatives du Medef en matière d’assurance chômage. Tout le monde est concerné. » Après interruptions et reprises des négociations à Paris un accord semblait s’éloigner.

JMDH

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Accord entre le patronat et trois syndicats sur le pacte de responsabilité

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A l’issue d’une ultime séance de négociations, un terrain d’entente, a été trouvé sur les contreparties à apporter au pacte, ce jeudi. Il ne comporte pas d’engagements chiffrés.

Le premier secrétaire du PS Harlem Désir (photo AFP) a salué mercredi l’accord sur les contreparties du pacte de responsabilité comme «l’enclenchement d’une dynamique». «Grâce à l’engagement des partenaires sociaux, la dynamique du pacte de responsabilité est désormais enclenchée», se félicite Harlem Désir dans un communiqué.

«Le dialogue social qui va maintenant s’engager dans tout le pays doit porter en particulier sur les créations d’emplois, l’embauche des jeunes et le maintien des seniors dans l’emploi, la formation, la qualification, les investissements en France, la transition énergétique et une plus grande solidarité, au sein des filières, entre les grandes entreprises et les PME sous-traitantes», ajoute le premier secrétaire.

Le patronat (Medef, UPA, CGPME) et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont abouti mercredi à un accord sur les contreparties du pacte de responsabilité, a annoncé le Medef à l’issue d’une nouvelle séance de négociation. Le texte doit être soumis aux instances dirigeantes de ces organisations. La CGT et Force ouvrière ont émis, elles, un avis négatif sur le projet présenté par le patronat.

«Il n’y a pas d’engagements chiffrés» sur les créations d’emplois attendues des entreprises en échange de 30 milliards de baisses de cotisations promises par le gouvernement, a expliqué le chef de la délégation du Medef Jean-François Pilliard. Mais «le texte détaille de façon rigoureuse les dispositifs qui seront en place au niveau des branches (professionnelles) pour aller vers des objectifs» en matière d’emplois, a-t-il indiqué.

La négociatrice de la CFDT Véronique Descacq s’est dite satisfaite des «engagements» obtenus. «La CFDT est restée intransigeante sur ses demandes d’engagements chiffrés en matière d’emplois, de classification et d’investissements», a-t-elle assuré.

Le gouvernement, qui considère le pacte comme son arme ultime contre le chômage, avait demandé aux partenaires sociaux de parvenir à un accord d’ici à la fin mars sur les contreparties. «La bataille du pacte, c’est la bataille de la croissance. Redonner des marges de manoeuvre aux entreprises, ce n’est pas faire des cadeaux aux entreprises», a récemment assuré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

AFP 05/03/2014

La part de vérité des acteurs du PSU et leurs implications

Michel Perraud a présidé l’UNEF de janvier 67 à mars 68. Photo Rédouane Anfoussi

L’histoire du PSU par ceux qui l’ont vécue. Un travail passionné né d’une rencontre d’anciens militants à propos de la commémoration de mai 1968 réunit un collectif de vingt-trois auteurs dans une publication qui rouvre le débat. « Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? » (éditions Publisud). Sous ce titre explicite, on découvre une mine d’informations et de témoignages  sur les rapports des ESU (Étudiants socialistes unitaires), de l’UNEF et du PSU (Parti socialiste unitaire).

Le PSU 1960-1989

Si diversifiée soit-elle, la représentation collective de l’histoire des années 60 retracée par les  auteurs* se rapproche de la pensée de Gramsci qui refusait dès les années 20 la tyrannie de la reproduction sociale et politique, conséquence d’un déterminisme marxisme réducteur. Le PSU créé en 1960 fonde principalement son action sur le combat pour la paix en Algérie et en est l’un des acteurs essentiels. Il incarne durant trois décennies la deuxième gauche qui se situait entre la SFIO social-démocrate et le PCF.

L’ouvrage parcourt les années soixante pour finir en 1971, année où les ESU quittent l’Unef et où Michel Rocard qui assumait la direction du Parti se trouve face à une forte opposition interne. En 1974 après le bon score de Mitterrand à la Présidentielle, les assises sont présentées comme la dernière étape du processus de reconstruction de la gauche non communiste autour d’une stratégie d’union de la gauche. Rocard choisit de rallier le PS pour se faire un profil d’homme d’Etat. En 1981, Huguette Bouchardeau qui dirige le Parti, est nommée ministre. Le PSU s’auto-dissout en 1989.

Les étudiants socialistes unitaires

Le PSU s’est appuyé sur la transformation (et la laïcisation) de la CFTC en CFDT. Il a défendu l’expérience autogestionnaire, en soutenant notamment les travailleurs de l’usine de Lip. Le livre donne un éclairage particulier sur les liens du Parti avec l’Unef.  Dans les années 60, ce sont en effet les étudiants du PSU, regroupés sous la bannière des ESU, qui se trouvent au cœur des luttes politiques contre l’impérialisme. Le Montpelliérain Michel Perraud qui présidait l’Unef de janvier 67 à mars 68 se souvient. « En 67 nous héritions d’une situation très difficile sur le plan politique et financier. Le ministère de l’EN nous avait supprimé les subventions, et les AGE (dirigées par la droite corporatiste) ne payaient plus leurs cotisations pour s’opposer à notre position internationale qui prônait la décolonisation. On mesurait la contradiction entre la fonction de gestionnaire (cités et restos U) et nos actions revendicatives. » Michel Perraud, co-auteur de l’ouvrage, souligne le rôle prédominant de l’Unef en mai 68. « L’engagement politique de l’Unef à l’époque nous a permis de mobiliser au-delà du périmètre d’influence des organisations politiques étudiantes, et d’engager une coordination avec la CGT, la CFDT et la FEN. »

Après la célébration du cinquantenaire de sa création en 2010, il importait de remettre en valeur le rôle du PSU où beaucoup d’hommes politiques français ont fait leurs classes. Cet ouvrage permet aussi de revenir sur l’histoire de l’Unef des années 60, quelque peu revisitée après la scission entre l’Unef et l’Unef ID. Enfin la situation que nous traversons actuellement avec des structures politiques qui apparaissent inadaptées aux urgences démocratiques, sociales et environnementales n’est pas si éloignée des problématiques politiques rencontrées naguère pour rompre avec l’impérialisme capitaliste. Le dialogue avec des acteurs d’hier, qui sont aussi témoins et acteurs de la réalité d’aujourd’hui, s’engage ce soir à la salle Pétrarque.

JeanMarie Dinh

Au Cœur des luttes des années soixante, les étudiants du PSU . Une utopie porteuse d’avenir ? éditions Publisud, 413 p, 32 euros

Ce soir à 18h Salle Pétrarque, Présentation et signature du livre. Avec Jacques Sauvageot, Luc Barret et Michel Perraud, tous trois anciens militants du PSU et dirigeants du syndicalisme étudiant.

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L’insurrection des consciences

" Déconstruire nos dispositifs de servitude volontaire "

Initiateur de l’Appel des appels, Roland Gori est psychanalyste et professeur de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille 1. Son essai sur la médicalisation de l’existence, La Santé totalitaire, vient d’être réédité chez Flammarion. Entretien.

Quels sont les éléments fondateurs de l’Appel des appels ?

Ils s’inscrivent dans la suite logique de mes travaux de recherche sur les mutations actuelles des valeurs de notre civilisation. A partir du champ de la santé mentale qui est le mien, ils mettent en évidence les conséquences désastreuses de l’idéologie de l’homme économique fabriquée par la nouvelle culture du capitalisme financier. Que ce soit la mobilité, la rentabilité à court terme, la culture de l’instant, la performance instrumentalisée, les valeurs de compétition précoce et féroce de tous contre tous… Toutes ces valeurs participent à la recomposition des savoirs et des pratiques professionnelles.

Comment ce constat s’est-il étendu à d’autres secteurs professionnels ?

Mes travaux sur la médicalisation de l’existence démontrent la manière dont la médecine et la psychiatrie ont pu se mettre au service d’une morale économique. Ils m’ont aussi permis d’entrer en contact avec des publics extrêmement variés : le secteur médical, le monde universitaire, mais aussi celui de la presse, le monde de la justice, de l’éducation… Au contact de tous ces publics, il m’est apparu qu’ils se plaignaient de la même casse sociale de leur métier. Des actions étaient engagées à travers des pétitions comme Zéro de conduite, Sauvons l’université, Sauvons la recherche… J’ai eu l’impression que le temps de ces pétitions qui s’inscrivent dans la Google civilisation était terminé. Ce mode d’action comporte des qualités extraordinaires, mais il a des limites pour fonder les liens sociaux et pour mobiliser les gens à participer à un espace public dans la cité.

C’est pourquoi nous avons élaboré un texte fédérateur qui critique les réformes gouvernementales actuelles qui sont le symptôme de cette pathologie des civilisations qui recomposent nos métiers sur des valeurs de l’homme économique. Au moment où le capitalisme financier va dans le mur, est-il légitime de demander aux professionnels d’incorporer ces valeurs dans l’exercice même de leur profession ?

Les mouvements sociaux suscitent plus souvent des réactions que de l’analyse. Comment expliquez-vous le succès de cet appel ?

Nous comptons aujourd’hui 75 500 signataires, ce qui n’est pas ordinaire pour un laboratoire travaillant sur la nouvelle pensée sociale critique. Les médias qui ont senti que cette initiative répondait à un besoin ont joué un rôle important. L’autre facteur de succès provient de l’originalité de ce mouvement qui est de partir du cœur des métiers dans un rapport de transversalité et non dans un rapport corporatif.

En quoi l’environnent social est-il favorable à cette production d’intelligibilité qui change le rapport au politique ?

Il y a des raisons structurelles, comme le fait que les mouvements sociaux se sont peut-être fabriqués à l’image même de ce qu’ils critiquaient et dénonçaient. C’est un peu le reproche que l’on peut faire aux syndicats et aux partis politiques qui n’ont pas su prendre en compte les souffrances psychiques, sociales et culturelles des individus et des populations. A cet égard, je crois que nous sommes dans une dimension du politique et non pas de la politique. C’est-à-dire que nous venons témoigner au sein de la cité qu’il y a du politique dans l’exercice d’un métier selon la manière dont on le conçoit.

C’est le cas de la plainte des médecins qui s’expriment face au projet technico-administratif de la loi Bachelot. Pour des raisons idéologiques liées à une conception manadgériale du soin, à une conception de rentabilité des hôpitaux par exemple, on est train de casser l’exercice de leur métier. Et au-delà de leur sensibilité politique, les médecins sont tout à fait conscients qu’on les dépossède de l’acte de soin et de sa finalité pour recomposer l’acte de soin selon les canons de compétitivité de l’entreprise. Et cela ils ne l’acceptent pas. Les professions qui réagissent sont essentiellement les métiers tournés vers l’espace public.

Il y a peut-être aussi des raisons conjoncturelles liées à la crise…

La crise montre que toutes les valeurs vendues comme une réalité incontournable ne tiennent pas debout. On nous explique depuis des années que la souffrance permet la performance. Et aujourd’hui les gens s’aperçoivent que c’est une escroquerie.

L’espoir et l’émotion qui sont des facteurs de mobilisation prendraient-il le pas sur les intérêts immédiats ?

Je crois effectivement qu’il y a dans l’Appel des appels un au-delà des préoccupations immédiates et des intérêts catégoriels. Il y a le souci d’une réflexion et une insurrection des consciences ; une urgence à dire, un besoin de se parler qui exprime une révolte morale. Je pense à Camus qui dit :  » Je me révolte donc nous sommes.  » Ce besoin se traduit sur le plan philosophique mais aussi sur des choses très concrètes. Les gens disent, moi je ne veux pas entrer des données sur mes patients dans le logiciel Cortex parce que je ne suis pas sûr que je respecte le secret médical, donc je suis en opposition avec l’administration qui m’y oblige.

Le mouvement fait écho aux discours des groupes mobilisés mais souhaite aussi passer à l’acte. La question de la désobéissance administrative a été posée…

C’est un point en débat au sein des différents groupes qui se sont constitués, notamment des comités locaux. Certains souhaitent rejoindre l’action immédiate et s’associer à la désobéissance administrative des professeurs d’école ou encore rejoindre le mouvement syndical du 1er mai. Pour d’autres dont je fais partie, quel que soit l’intérêt de s’associer à des actions lorsqu’elles sont moralement et politiquement légitimes, L’appel des appels n’a pas vocation à être une instance syndicale, sociale ou politique de plus. C’est un lieu de réflexion dans la durée qui vise à déconstruire nos dispositifs de servitude volontaire. Je pense qu’aujourd’hui le maître est anonyme. Donc, de mon point de vue, le terme désobéissance correspond quasiment à restituer une autorité qui n’existe plus, tellement elle s’est disséminée dans des dispositifs de servitude et de normalisation sociale.

Quels sont vos prochains rendez-vous ?

Le 9 mai à Montpellier*, le 15 mai pour une soirée débat à la Maison des Métallos à Paris avec les représentants des grandes centrales syndicales. Et le 16 mai où les premiers 200 signataires se retrouveront à Paris pour définir et préciser les choix politiques et la suite à donner au mouvement.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

L’Appel des appels sera relayé à Montpellier le samedi 9 mai à 14h à l’université Paul Valéry, en présence de Roland Gori.

Photo Nathalie Tufenkjian

Voir aussi : Rubrique débat Psychanalyse un douteux discrédit, rubrique rencontre, Daniel Friedmann , rubrique livre L’Appel des appels