PCF: derrière une péripétie historique, un inexorable déclin

Le désaveu de Pierre Laurent restera un événement historique dans la trajectoire du PCF. Il est en revanche douteux que son successeur soit porteur d’une alternative doctrinale ou stratégique. La marginalisation du parti semble inévitable.

220x220-ctLe 38e congrès du Parti communiste français (PCF), qui se tient à Ivry-sur-Seine jusqu’au dimanche 25 novembre, restera dans les annales. Pour la première fois dans l’histoire de cette organisation de gauche radicale, née en 1920 comme « Section française de l’Internationale communiste », un vote de la base a conduit à évincer le secrétaire national d’un poste qu’il souhaitait conserver.

« C’est sans précédent, nous confirme l’historien Roger Martelli, ancien membre du PCF et directeur de la publication de Regards. Généralement, le secrétaire national désignait son successeur, ou le bureau politique se mettait d’accord sur un nom faisant consensus. » Formellement, c’est la commission des candidatures qui aura empêché Pierre Laurent de mener une liste commune lui permettant de rester à la tête du parti. Cette décision n’a cependant fait que traduire un désaveu émis par les militants eux-mêmes au mois d’octobre, lorsqu’ils se sont prononcés pour les textes d’orientation du congrès et ont mis en minorité celui de la direction sortante.

Si une voie de sortie honorable a été ménagée à Pierre Laurent ­– il devrait présider le conseil national (le parlement du parti) –, les ressources en légitimité et capacité décisionnaire seront bien détenues par Fabien Roussel, le nouveau patron en titre. « Je ne crois pas à un scénario de duopôle, abonde Martelli, parce que ce n’est pas dans la tradition partisane. La seule fois où le PCF a tenté une dyarchie, c’était en 2001, lorsque Robert Hue était président et Marie-Georges Buffet secrétaire. Cela ne fonctionnait pas et n’était pas considéré comme pérenne par les dirigeants du parti. »

Faut-il voir dans cet événement la vraie fin du « centralisme démocratique » ? Ce principe d’organisation, typique des partis communistes bolchévisés par l’URSS, voulait que tous les membres soient tenus par les décisions venues de l’échelon supérieur. En contrepartie de cette discipline, l’élection des responsables des échelons était censée répercuter, dans toute la structure pyramidale du PCF, la volonté des militants de base rassemblés en « cellules ».

En réalité, cette dimension démocratique était complètement tronquée par le fonctionnement réel du parti. Plusieurs mécanismes garantissaient l’absence de contestation des choix de la direction : la sélection et la cooptation des candidats, la formation des futurs dirigeants dans des écoles du parti, l’occupation de certains postes par des permanents… Ou encore l’impossibilité pour des organes de même niveau d’établir des liens horizontaux, afin qu’ils ne nouent pas d’alliances contre les décisions verticales – une pratique dont on retrouve ironiquement certains échos dans des partis contemporains, qui préfèrent se définir comme des « mouvements ».

Au bout du compte, résumait Pierre Lévêque dans sa synthèse sur les forces politiques françaises, « le système n’autorisait à tous les échelons que des débats sur l’application d’une ligne politique qui n’était effectivement discutée et mise au point qu’au sommet (bureau politique et secrétariat) ». C’est donc un centralisme « autoritaire » qui prévalait plutôt et s’adossait à une culture de valorisation extrême de l’unité, dont on peut encore retrouver la trace dans la volonté actuelle d’empêcher toute compétition publique pour la répartition des postes du parti.

Dans les statuts, cela fait bien longtemps que le centralisme dit démocratique a été abandonné. De plus en plus contesté à partir des années 1970, avec un certain nombre de purges et dissidences à la clé, il a été officiellement mis au rebut en 1994. Contactée par Mediapart, la politiste Fabienne Greffet rappelle que cette évolution s’inscrivait dans une série de réformes organisationnelles devant assurer la « mutation » d’un parti déstabilisé par l’effondrement du monde soviétique.

De fait, la structure autoritaire de l’organisation communiste s’est peu à peu relâchée. La diversité idéologique a enfin été reconnue, tout comme le droit d’exprimer un désaccord publiquement, ainsi qu’une certaine d’autonomie d’action pour chaque niveau organisationnel. Des principes tels que la parité femmes/hommes, la rotation des fonctions et le non-cumul des mandats ont été introduits. Avec parcimonie, quelques consultations directes des adhérents ont même été organisées.

Au fil des années, ce sont bien ces règles et ce climat nouveaux qui ont rendu possible la remise en cause de la direction sortante, et surtout de son chef. Dès 2016, des épisodes alarmants pour Pierre Laurent s’étaient d’ailleurs produits. Cette année-là, le texte d’orientation du conseil national sortant était resté majoritaire, mais avec un score nettement plus modeste que d’habitude (51,2 %). Quelques mois plus tard, la conférence nationale convoquée par la direction avait soutenu une stratégie consistant à présenter un candidat communiste à l’élection présidentielle, même contre Jean-Luc Mélenchon. Pierre Laurent avait regretté ce choix et demandé aux adhérents de désavouer cette conférence, ce qu’ils n’avaient fait qu’à une faible majorité (53,6 %).

Un processus de perte de confiance et de divisions inédites de la base militante était donc à l’œuvre, qui est apparu avec encore plus de force lors du congrès actuel. Au passage, on pouvait aussi repérer dès cette consultation de 2016 la méfiance prononcée des adhérents communistes envers le leader de La France insoumise. Elle augurait du faible score du texte signé par la députée Elsa Faucillon, qui défendait pour ce congrès un « Front commun » avec la FI, sur la base d’un « écocommunisme […] sans hiérarchie des luttes émancipatrices ». Difficile de voir, en revanche, des différences de fond très nettes entre l’alliance des forces qui ont triomphé de Pierre Laurent et la ligne affichée par ce dernier.

Historique, le départ contraint du secrétaire national ne débouche sur aucun virage doctrinal et stratégique qui soit clair, neuf ou ambitieux. La différence entre les deux sensibilités incarnées par Pierre Laurent et Fabien Roussel ne saute en effet pas aux yeux, et les compromis finaux du congrès l’ont encore estompée.

L’orientation défendue par Roussel était certes davantage soutenue par ceux qu’il est convenu d’appeler les « identitaires ». Un des vieux antagonismes du PCF, rappelle le politiste Dominique Andolfatto, réside dans l’opposition entre « les plus nostalgiques du parti de masse et dominateur d’autrefois, et les modernistes ou réalistes, qui ont une vision plus séculière ou opérationnelle du parti (un outil parmi d’autres pour reconstruire la gauche) ». Mais si le texte signé par Roussel évoquait bien « le rôle irremplaçable » du PCF, il n’écartait pas la perspective de rassemblements plus larges. Quant au texte signé par Laurent, il appelait à un « nouveau front social et politique », tout en affirmant la « vocation [des communistes] à être présents à toutes les élections ». La nuance est pour le moins subtile…

De plus, contrairement à une idée reçue, ce n’est pas parce que Roussel vient de la fédération du Nord qu’il campera nécessairement sur une ligne plus sectaire en termes de rapports avec les autres forces de gauche. « On met souvent cette fédération dans le même sac que celle du Pas-de-Calais, connue pour son âpreté dans la lutte des classes, mais elles ne sont pas identiques, met en garde Roger Martelli. On trouve dans le Nord un mélange entre une affirmation ouvrière très forte et des pratiques d’alliances très larges. Il n’y a là rien d’incohérent pour certains communistes, qui voient le PCF comme le parti de la classe ouvrière, mais une classe ouvrière qui ne saurait diriger toute seule le pays. »

Réaffirmer l’identité communiste tout en pratiquant une stratégie électorale à la carte ? Si un tel cap devait être choisi, on voit mal comment il pourrait répondre au déclin continu subi par le PCF. Plus que jamais, ce parti est l’ombre de ce qu’il fut, sans que des capacités de rebond soient vraiment repérables. Quoi que l’organisation communiste fasse, l’heure d’une reconversion réussie semble être définitivement passée. Comme si son obsolescence, pas forcément programmée, n’en était pas moins acquise.

L’examen des données électorales est implacable (voir le graphique ci-dessous). Alors que le PCF pesait un cinquième des suffrages exprimés aux législatives de 1978, il en a recueilli moins de 3 % à celles de 2017. Son score a ainsi été divisé par sept en 40 ans, avec des plongeons brutaux qui ont suivi autant des raidissements identitaires que des participations à des gouvernements socialistes. Le sursaut le plus récent, en 2012, s’inscrivait dans la dynamique du défunt Front de gauche. Laissé à ses seules forces, le PCF n’a plus qu’une capacité d’attraction marginale. Au niveau local aussi, l’implantation du parti a fondu inexorablement, si bien qu’il est aujourd’hui absent de pans entiers du territoire.

Les résistances au changement étaient sans doute trop fortes pour échapper à temps au déclin qui a concerné toute la famille des partis communistes occidentaux. Des dirigeants avaient bien réussi à promouvoir des idées eurocommunistes au cours des années 1970, parmi lesquelles la critique systémique de l’URSS, l’appel à la démocratisation interne et l’ouverture à des luttes nouvelles. Ces germes de reconversion en une gauche alternative, plus adaptée aux transformations sociodémographiques des pays occidentaux, ont cependant été tués à la naissance par Georges Marchais. Lorsque de nouvelles tentatives ont eu lieu après la chute de l’URSS, il était trop tard. Le parti avait perdu depuis quinze ans son statut de premier parti de gauche, et n’était devenu qu’un partenaire parmi d’autres du parti socialiste.

Du reste, la mutation engagée sous Robert Hue s’est traduite par une participation gouvernementale à la « gauche plurielle » (1997-2002), qui s’est révélée désastreuse en termes de crédibilité et de performance électorale. Et en dépit d’évolutions doctrinales sur les questions de société et l’écologie, le PCF est resté mal à l’aise avec de nombreux enjeux, comme le nucléaire ou les grands projets inutiles, en raison de la persistance d’un ethos productiviste. En plus de l’accumulation de virages tactiques, qui ont rendu peu lisible leur identité, les communistes ont par ailleurs évité toute personnalisation de la vie politique, ce qui les a rendus vulnérables à l’apparition de figures plus inspirantes dans la gauche radicale, qu’il s’agisse – dans des styles certes différents – d’Olivier Besancenot en 2002 et 2007 ou de Jean-Luc Mélenchon à partir de 2009.

Non content de perdre du terrain et de brouiller son image, le PCF s’est aussi banalisé dans la société. Sa surreprésentation dans les milieux ouvriers et même populaires a décliné. Surtout, son électorat a vieilli. La même tendance peut être observée du côté des militants. Elle explique l’érosion irrémédiable de leurs effectifs tout au long des dix dernières années, durant lesquelles on dispose d’une estimation fiable de celles et ceux qui sont à jour de cotisation (voir le graphique ci-dessous). De presque 80 000, le nombre d’adhérents a ainsi diminué jusqu’à moins de 50 000.

Fabien Roussel prend donc les rênes d’un parti qui ne peut plus assurer seul sa survie et dont les péripéties ressemblent depuis quelques années à l’épilogue sans fin d’une histoire bientôt séculaire. Le drame, pour l’instant, c’est que le PCF ne dispose pas non plus d’un partenaire susceptible de lui garantir cette survie : les relations avec la FI (elle-même en construction) sont exécrables ; le PS s’est effondré ; et les autres appareils luttent tout autant pour leur existence dans le champ éclaté de la gauche.

Source : Médiapart 25/11/2018

Législatives : France insoumise et PC échouent à s’allier

Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon en 2014.  (LP/OLIVIER LEJEUNE.)

Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon en 2014. (LP/OLIVIER LEJEUNE.)

La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon  dit en avoir assez des revirements de Pierre Laurent. Le secrétaire national du PCF, lui, accuse les mélenchonistes d’avoir préféré des discussions «rabougries».

Immanquablement, chacun se renverra la responsabilité. Le parti de Jean-Luc Mélenchon, la France insoumise, a annoncé mardi qu’il n’y aurait pas d’accord pour les élections législatives de juin avec le Parti communiste (PCF).

Dans un communiqué, Manuel Bompard, directeur des campagnes du mouvement mélenchoniste, se dit « excédé par des combinaisons sans principe » proposées par les communistes. Selon lui, « Pierre Laurent a décidé de rompre les discussions », ce qu’il « déplore ».

Un peu plus tôt, mardi, le n°1 du PCF avait renouvelé avec « un peu de colère » son appel à un accord avec La France insoumise, alertant qu’il ne restait que « quelques heures », pour tenter de peser. Mais la France insoumise s’est montrée intraitable. prévenant qu’il ne restait que « quelques heures » pour une telle entente.

Plusieurs points de mésentente

Les discussions achoppaient sur plusieurs points. Du point de vue des communistes, les discussions ne portaient que sur des retraits réciproques de candidatures dans une quinzaine de circonscriptions (sur 577). « Très étriqué », selon Pierre Laurent, qui espérait sans doute mieux après avoir convaincu ses militants de soutenir Mélenchon à la présidentielle. Il ne pouvait qu’être chagriné d’entendre Mélenchon se lancer seul dans la bataille dès dimanche soir, en appelant ses électeurs du premier tour à se « fédérer » contre Emmanuel Macron, « nouveau monarque présidentiel ».

Du point de vue des Insoumis, la direction du PCF se montrait trop gourmande et versatile. « Tour à tour, la direction du PCF a rejeté tout accord national, puis a demandé 50% des circonscriptions (ainsi que le renouvellement de ses députés sortants), puis un échange de 20 circonscriptions, puis de 13, puis a rompu. Dans le même temps, elle a conclu des accords départementaux avec le PS et EELV comme dans la Somme et le Jura », accuse Manuel Bompard, qui se dit « excédé par des combinaisons sans principe, illisibles pour nous qui voulons faire naître une nouvelle majorité ».

Le PCF tentera des accords localement

Le parti mélenchoniste n’a pas non plus apprécié que des candidats communistes utilisent l’image du député européen arrivé quatrième du premier tour de la présidentielle, avec le score fort de 19,58%. Les Insoumis ont menacé de poursuites judiciaires, ce que les communistes n’ont pas du tout apprécié. « Dans les circonscriptions où Jean-Luc Mélenchon ne souhaite pas l’utilisation de son image, nous respecterons ce droit », a toutefois assuré Pierre Laurent mardi.

« Cette rupture, ni moi, ni la direction du PCF, ne l’avons ni décidée, ni souhaitée, rétorque-t-il encore ce mercredi matin, dans un communiqué. Ceux qui affirment le contraire mentent et cherchent à se dédouaner de leurs responsabilités ». Selon lui, Jean-Luc Mélenchon avait repoussé l’idée d’un accord national. Dès lors, « nous en étions réduits à des discussions rabougries comme peau de chagrin, concernant une poignée de circonscriptions, 26 exactement sur 577 lors de la dernière discussion de lundi. Nous les poursuivions tout de même, avec la volonté d’aboutir à un accord pourtant insuffisant ».

« Il ment », a tonné dans la foulée, sur RMC et BFM TV, Jean-Luc Mélenchon. Selon lui Pierre Laurent « a préparé ses candidatures depuis le mois de septembre sous le sigle Front de Gauche – PCF ».

J.CI

Source Le Parisien.fr

Voir aussi : Actualité France, rubrique PolitiqueAccord France insoumise-Parti communiste : ce qui bloque, La gueule de bois de la la fachosphère,

Accord France insoumise-Parti communiste : ce qui bloque

la-france-insoumise-annonce-qu-il-n-y-aura-pas-d-accord-avec-le-pcfCe jeudi, la France insoumise et le PCF devraient reprendre les négociations en vue des élections législatives. Après le succès de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, la nécessité de s’entendre fait consensus, mais les désaccords persistent.

Attachés à « construire une majorité parlementaire », Parti communiste et France insoumise (FI) ne se sont toujours pas entendus sur un accord pour les élections législatives de juin, après deux premières réunions vendredi 28 avril et mardi 2 mai. En cause, deux logiques politiques divergentes.

La FI entend rassembler « le peuple »

La France insoumise souhaite poursuivre « la dynamique qui a conduit sept millions de personnes à voter pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon », selon Francis Parny, orateur national du mouvement, et ancien dirigeant communiste. « Une dynamique de quinze mois qui s’est conclue par une adhésion à la France insoumise et à son programme. Nous tenons à ce cadre parce qu’il faut que les citoyens s’y retrouvent. » S’affichant en mouvement et non en parti, la FI entend construire « un rassemblement large » en son sein. « On s’adresse au peuple, comme nous l’avons fait pendant quinze mois de façon détaillée ».

Conséquence logique, un accord national avec le PCF ne pourrait se construire que dans le cadre – programmatique, organique, visuel… – de la France insoumise. Concrètement, cela reviendrait, pour tous les candidats dont ceux issus des rangs communistes, à se présenter sous l’étiquette FI et à signer la charte des candidat.e.s de la France insoumise qui, en plus d’exigences éthiques, impose les conditions de financement politique et aux députés de « respecter la discipline de vote du groupe ».

Ces deux dernières contraintes posent problème au PCF. Marie-Pierre Vieu, membre de la direction du PCF, regrette notamment que « le mandat impératif » s’oppose à « l’indépendance des élus que le PCF pratique depuis cinquante ans. S’il y avait eu un mandat impératif, cela ferait bien longtemps que l’on ne formerait plus un groupe de quinze députés Front de gauche. Il est possible de ne pas affaiblir une identité en acceptant qu’elle ne soit pas unanimiste ».

« Nous avons clairement répondu, notamment en précisant que le candidat reste libre de son attachement financier », réplique Francis Parny. Quant au mandat impératif, il le relativise – « on ne tient pas non plus la main des députés » – mais insiste sur son importance. « Ne pas l’imposer, cela veut dire que ce qu’a fait le député PCF Patrice Carvalho, en votant contre le mariage pour tous, peut se reproduire à l’infini. Ce n’est pas notre conception des choses. »

Le PCF veut une « bannière commune »

Le PCF est pour sa part porteur d’une autre logique, celle d’un rassemblement de la gauche de gauche : a minima des composantes du Front de gauche, peut-être au-delà. Il estime que ces organisations et leurs militants ont joué un rôle important dans le score de Jean-Luc Mélenchon, et qu’ils doivent être représentés en conséquence à l’Assemblée. Il a rendu publique mardi sa proposition d’accord national.

Pierre Laurent souhaite que « les forces qui ont permis le résultat du 23 avril, la France insoumise, le Parti communiste, Ensemble !, les militants du Front de gauche, et toutes celles qui voudront se joindre à elles pour cet objectif, unissent leurs énergies ». Les modalités seraient celles d’une « bannière commune, qui respecte tout à la fois la place singulière tenue par notre candidat à la présidentielle et chacune de nos forces ». Un « sillon commun » comme l’illustre Marie-Pierre Vieu, par lequel « l’autonomie de la FI, mais aussi de chaque organisation alliée, pourrait être respectée ».

Un socle commun trop flou au goût de Francis Parny. « Certains candidats, en faveur desquels la FI se désisterait, imposeraient alors leur programme en s’opposant par exemple à la sortie immédiate du nucléaire, ou en appuyant le projet d’aéroport de NDDL. Comment les citoyens s’y retrouveraient ? » La France insoumise rejette de plus tout accord avec des composantes de gauche n’ayant pas appuyé la candidature présidentielle de Jean-Muc Mélenchon, car « les frondeurs du PS et les membres d’EELV qui protestent contre la politique gouvernementale, représentés par Benoît Hamon, ont été désavoués par les électeurs, même si l’étiquette PS a pesé ».

De toute façon, ces partenaires potentiels ne semblent que peu intégrés à la réflexion collective. Un responsable d’Ensemble ! souligne que son organisation a été « écartée des négociations. Pierre Laurent nous cite dans son appel de mardi, mais ne semble se préoccuper que des intérêts du PCF. Quant à la France insoumise, qui présente une trentaine de candidats d’Ensemble ! membres de FI, elle considère que nous sommes servis », alors que ces candidats ne représentent pas toute la diversité de courants d’Ensemble !. Côté FI, on affirme que sous couvert d’accord national, le PCF cherche à imposer un large accord de circonscriptions, exclusivement partagées entre communistes et « insoumis ». Laissant donc les autres composantes de côté.

Une « responsabilité historique »

À défaut d’accord national, le Parti communiste a proposé vendredi 28 avril un accord de désistement mutuel sur une trentaine de circonscriptions seulement. Francis Parny juge que « l’échange sur un nombre limité de circonscription permettrait au PCF de s’y retrouver ». Une hypothèse acceptée et donc travaillée par la délégation de la France insoumise.

Mais, là encore, des blocages apparaissent. Le PCF considère ses députés sortants comme un « bien commun » à la FI et ses partenaires, et souhaite donc ne pas les inclure dans les quotas de désistements. Françis Parny demande « simplement de la réciprocité »… qui pourrait être l’intégration dans le contingent PCF des candidats qui ne souhaitent pas signer la charte FI, comme le journaliste François Ruffin dans la Somme. Rien n’est simple !

Les négociations vont se poursuivre. Julien Zoughebi, membre de la délégation du PCF, précise qu’« après une réunion nationale de nos secrétaires fédéraux, nous avons proposé à la France insoumise de nous revoir ce jeudi. Nous continuerons, dans un premier temps, à pousser pour un rassemblement le plus large possible ». « Nous cherchons à rassembler sur les nombreux points de convergence », confirme Marie-Pierre Vieu.

L’occasion offerte par les 20% de votes en faveur de Jean-Luc Mélenchon et l’urgence d’agir pour construire une majorité parlementaire, reste l’horizon commun. Julien Zoughebi affirme qu’« au vu de la constitution d’un pôle à l’extrême droite autour de Le Pen et Dupont-Aignan, d’un autre pôle libéral-démocrate autour de Macron, il y a urgence à rassembler la gauche ». « Le résultat à la présidentielle fait peser une responsabilité historique de faire exister le camp progressiste », insiste Marie-Pierre Vieu. Des déclarations d’intention qui s’avèreraient vaines si les divisions persistaient. Date limite de dépôt des candidatures : vendredi 19 mai.

@manu_borras

Source Regard.fr 04/05/2017

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Mélenchon : « Nous sommes le dos au mur « 

melenchonLe soir du second tour des élections régionales, au siège du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon nous a fait part de son analyse du vote FN, de son désarroi face à l’éclatement du Front de gauche, et de sa vision de l’avenir de l’autre gauche. Entretien.

Les élections régionales ont été marquées par la montée du Front national, qui a monopolisé les débats et a conduit à la disparition de la gauche au deuxième tour dans deux grandes régions. Comment éviter que le score du FN augmente encore la présidentielle de 2017 ? 

Jean-Luc Mélenchon – Il faut réussir à re-latéraliser le champ politique. La tactique de Manuel Valls consiste à détruire la gauche au profit d’un nouvel agglomérat du type “Parti démocrate” en Italie, qui fédère tous les centristes. En l’occurrence, ça a été efficace aux régionales puisque dans l’entre-deux tours l’UDI a pris ses distances avec les Républicains. Et ce soir Valls a de nouveau mis en avant le thème de la lutte commune contre l’extrême droite et le jihadisme. Face à cela, Mme Le Pen a donné une latéralisation : les mondialistes contre les patriotes. Moi j’ai dit : le peuple contre l’oligarchie. Ce sont nos marqueurs, et c’est ainsi que nous allons aborder les prochaines batailles démocratiques.

Il se peut que la présidentielle souffre de ce qui vient de se passer, et qu’elle se déroule, elle aussi, dans une ambiance de peur et de méfiance. C’est ce que veut François Hollande : il rêve d’un deuxième tour où il suffit qu’il soit là, c’est-à-dire d’un deuxième tour où elle est là. La présidentielle pourrait donc commencer directement sous le signe du chantage. Mais il est aussi possible que les gens ne soient pas dupes, puisqu’on leur a déjà fait le coup deux fois. Ils pourraient tout aussi bien se dire, à l’inverse : “Je n’abandonne pas mes convictions au premier tour à la porte du bureau de vote, car je ne les retrouve pas en sortant”. Glorieuse incertitude des élections.

La gauche sort considérablement affaiblie de ces élections, en dépit du fait que le FN n’a remporté aucune région…

Nous sommes effectivement dos au mur. Je ne parle pas seulement de l’autre gauche, qui est dans un état de catastrophe avancé – je ne sais même pas si elle est guérissable, du fait de cette épouvantable manie des appareillons –, je parle du camp progressiste et humaniste en général, car pour l’instant une vague brune déferle sur l’Europe. Le dernier vote qui a eu lieu dans un pays européen, en Pologne, a vu l’élimination de la gauche, qui n’a plus un seul élu au Parlement. J’espère que ce cycle va s’inverser avec les élections espagnoles.

Certains à gauche vous reprochent de ne pas aller assez loin dans la critique de la mondialisation et de l’Europe, ce qui expliquerait l’échec du Front de gauche à capter le mécontentement populaire face au Front national. Pensez-vous qu’il faut aller plus loin ? 

On a passé notre temps à critiquer l’Europe. Nous sommes les seuls à construire un Comité du plan B pour l’Europe ; en 2009 il n’y a que moi qui ai mis dans ma profession de foi la lutte contre le grand marché transatlantique ; à l’élection présidentielle j’ai été le seul à parler du mécanisme européen de stabilité financière voté en février ; c’est aussi nous qui avons convoqué la manifestation contre la signature du Traité européen. Il est injuste de dire que nous ne faisons rien sur ce terrain.

De même, concernant le FN, c’est moi qui ai proposé d’opter pour une ligne d’attaque “Front contre Front”. J’ai gagné mille voix en trois semaines à Hénin-Beaumont [lors des élections législatives de 2012, ndlr]. Qu’en a-t-on retenu ? Que j’étais en échec et que la ligne n’était pas la bonne. Pourtant tout le reste jusqu’à présent n’a produit que des bavardages. Il est normal qu’il y ait débat, mais tout le monde doit balayer devant sa porte. Et si je dois le faire, je ne balaye pas les détritus des autres.

La stratégie “Front contre Front” est-elle encore pertinente aujourd’hui ? 

La dimension du combat contre le Front national a complètement changé. On s’adapte au fur et à mesure. Il y a quinze ans, j’étais pour l’interdiction du Front national et je faisais campagne avec Charlie Hebdo. Nous n’étions pas nombreux, et on nous expliquait déjà qu’il ne fallait pas s’y prendre comme cela, qu’il fallait critiquer, etc. Qu’est-ce que ça a donné ? Ils sont à 30 %, ils sont à la porte du pouvoir ! J’aimerais que tous ceux qui ont fait des critiques à ce moment-là balayent devant leur porte.

Quand vous voyez la Une de Marianne qui dit “Plus que 18 mois pour éviter ça!”, avec Mme Le Pen en présidente de la République, les journalistes sont persuadés entre eux que les gens vont pleurer des grosses larmes et prendre conscience du danger. Or c’est l’effet inverse qui se produit sur des millions de gens qui se disent : “Ah bon ? On est près de gagner ? Alors allons-y !” Si vous me mettez en Une en disant “Plus que 18 mois pour éviter ça!”, les anciens ressortiront de leur tombe pour voter pour moi. Les journalistes en général ne comprennent rien à la psychologie de masse.

Comment interprétez-vous le vote FN ?

Certains prétendent que c’est la petite France aigre qui vote FN. Non ! Les gens ont voté FN pour tout faire sauter. Ils n’ont pas fait ça par erreur, ils ne se sont pas trompés, et parfois même ils n’ont rien contre les Arabes et les musulmans. Ils votent FN juste pour tout faire sauter, parce que la bonne société leur a dit : “Ce dont nous avons plus peur que tout, c’est de Mme Le Pen”.

Si le pays essuie encore un choc comme celui reçu le 13 novembre, nous allons avoir encore plus de mal à nous faire entendre. Avant le 13 novembre, l’unique objet des discussions était le niveau auquel serait Mme Le Pen. A partir du 13 novembre, le sujet a été d’un côté à quel point l’immigration et les musulmans sont dangereux, et de l’autre à quel point Mme Le Pen est dangereuse.

Le cynisme du pourvoir c’est qu’il joue avec ça. Il se vante d’avoir obtenu le retrait de ses candidats dans deux régions et d’avoir fait pression en vain dans une troisième. Eux-mêmes reconstruisent un paysage qui est entièrement centré autour de Mme Le Pen.

Quel bilan tirez-vous de la campagne pour le Front de gauche ? 

Tous les pires pronostics se sont réalisés pour nous au premier tour : une bataille de chiens entre communistes et verts pour avoir les têtes de liste de l’opposition de gauche – résultat, il n’y a plus d’opposition de gauche du tout –, et des campagnes concurrentes illisibles. C’est une catastrophe. J’étais personnellement pour une campagne nationale, avec un état-major national, une répartition des têtes de liste, des mots d’ordre communs, etc. Mais on m’a fait prévaloir je ne sais quelle réalité des territoires, qui est une vue fumeuse et complètement idéologique. Il n’y a aucun territoire qui existe entre Guéret et Biarritz : le seul territoire qui les sépare, c’est la France. Qu’on ne vienne pas me faire croire que les gens ont pris conscience d’une réalité régionale qui n’existe pas. On a mené une campagne qui n’était même pas au niveau d’une campagne cantonale. Il faut que cela cesse.

Le Front de gauche (FDG) ne survivra donc pas dans sa forme actuelle aux élections régionales ? 

Non, ça c’est clair. Les gens sont braves, ils veulent bien voter FDG, mais quand ils vont dans le bureau de vote il y a deux bulletins sur lesquels il y a le logo FDG : que voulez-vous qu’ils y comprennent ? Nous avons eu un mal de chien à construire le FDG, et maintenant qu’il est identifié par tout le monde, on le vide de son contenu. Pourquoi ? Pour une série d’élections locales dans lesquelles les appareillons misent 100 % de leur existence, car les cadres de ces organisations sont pour la plupart des élus régionaux.

C’est totalement démoralisant quand on fait le tour. Les Verts ont bien manœuvré : ils ont fait un chantage partout où ils voulaient la tête de liste, et partout où on ne la donnait pas ils partaient séparément. Ensuite ils ont ramassé tous les votes, puisque les régions où nous sommes unis avec eux ont été comptées pour eux. On nous attribue ainsi 4,5 % des voix, en nous enlevant trois ou quatre régions.

J’ai cru à la bonne foi des Verts, qui me disaient qu’ils étaient d’accord pour faire un label national d’opposition de gauche. Ils n’en ont rien fait. Je voulais déposer ce label au ministère de l’Intérieur pour qu’on soit comptabilisés ensemble dans la catégorie “opposition de gauche”, mais le ministère de l’Intérieur a remis les gens dans des cases. Cela fait beaucoup de déceptions les unes derrière les autres. Il faut reformuler une proposition politique qui tienne compte de tout cela.

Je commence à penser que, bien sûr, le rassemblement des sigles est indispensable, mais que bâtir sa réflexion politique à partir de ça serait une erreur totale : ce qui a un sens politique c’est la combinaison d’une masse de gens qui ne vont pas voter, et d’une masse de gens qui votent de manière insurrectionnelle contre le système et utilisent n’importe quel bulletin de vote qui leur passe à portée de main. Croire qu’il suffirait d’afficher je ne sais quelle union des groupuscules pour satisfaire aux besoins d’union du peuple français contre l’oligarchie est une vue de l’esprit.

Par Matthieu Dejean

Source Les Inrocks 14/12/2015

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Mélenchon et l’imbroglio

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Par · 3 décembre 2015

Jean-Luc Mélenchon vient de publier une note courageuse sur son blog[1]. Il y décrit ce qu’il appelle l’état d’imbroglio permanent qui règne au sein du « Front de Gauche ». Il y déplore le manque de lisibilité des listes de la gauche « réelle », listes qui sont éparpillées entre des alliances avec EELV, avec le PC et qui parfois se font contre et EELV et le PCF. Il dénonce là une situation où, pour reprendre ses mots : « l’imbroglio est partout. Et surtout au pire endroit, c’est-à-dire face au suffrage universel. Les élections régionales nous voient arriver dans une cohue illisible nationalement. »

De l’autoroute à l’impasse

 

Il y constate donc, mais est-ce une surprise, l’attitude sectaire et purement électoraliste du PCF au sein du « Front de Gauche ». On se souvient de l’attitude de Pierre Laurent, le secrétaire du PCF qui, lors de la crise grecque de l’été dernier, avait apporté sa caution à l’accord honteux que signa Tsipras alors même que Mélenchon, et l’ensemble des dirigeants du Parti de Gauche dénonçaient ce dit accord, dont on mesure aujourd’hui toute la nocivité [2] .

Cet accord a sacrifié non seulement la démocratie mais aussi l’économie grecque sans aucune contrepartie[3]. Il ajoute alors : « Au final, le tableau est affligeant. Impossible d’aller dans une émission de télé ou de radio en étant capable de dire comment s’appellent nos listes puisqu’autant de « territoires », autant de noms plus poétiques les uns que les autres, choisis sans concertation entre régions. Localement, l’annexion des listes par la couleur de la tête de liste est faite sans vergogne par la presse locale… ».

Sur ce constat, il y a peu à ajouter. Alors qu’une autoroute s’ouvrait devant la gauche radicale du fait des reniements successifs du P « S », de la politique à la fois austéritaire et autoritaire du gouvernement, de son mépris affiché pour les classes populaires que ne masque même plus une certaine condescendance, cette même gauche radicale s’embourbe dans les impasses du calcul à courte vue des avantages électoraux immédiats. Comme il l’ajoute peu après, la constitution des listes :

 « … fut une foire d’empoigne locale, un chantage permanent à la division de la part de partenaires obnubilés par la tête de liste, sans la moindre coordination nationale pour essayer d’équilibrer la représentation de chacun. Pour affronter une élection forcément nationale, puisque les nouvelles régions n’ont aucune homogénéité locale, rien de plus ridicule que cette façon de laisser la ligne nationale résulter des arrangements, amitiés et détestations, locaux ». Tout est dit, et bien dit. Ce constat est sans appel. Les grands principes ont été mis à la poubelle au nom du banquet des ambitions personnelles.

Lucidité et courage

 

Il faut de la lucidité accompagnée d’un certain courage, et même un courage certain, à un dirigeant politique pour dresser ce constat avant même le premier tour d’une élection. Et on sait que de lucidité et de courage, Jean-Luc Mélenchon n’en manque pas. Ce texte est tout à son honneur. Mais, il devrait réfléchir à la cause première de ce désastre qui ajoute l’incohérence aux tares de l’illisibilité de la position politique.

Le « Front de Gauche » n’a pas de cohérence idéologique, écartelé qu’il est entre un Parti Communiste qui ne rêve plus de succès mais uniquement de préservation de ses positions acquises, un Parti de Gauche (PG) au discours certes radical mais à la ligne des plus floue, et divers groupuscules.

Surtout, en tant que dirigeant du PG, il porte une responsabilité évidente dans le retard pris par l’élaboration interne de ce parti sur des sujets décisifs comme la souveraineté, l’Euro et la question des frontières. Je le dis sans amertume mais avec un immense regret. Jean-Luc Mélenchon est un homme courageux, mais il est à chaque fois en retard d’un combat, d’une guerre. Il publie un (bon) livre sur l’Allemagne[4], mais un livre qui aurait dû être écrit au plus tard en 2013 et qui ne sort qu’en 2015. Il affirme à l’été 2015, devant l’évidence de l’action de l’Eurogroupe et de la BCE contre la Grèce, qu’entre l’Euro et la souveraineté, il choisirait la souveraineté. Que ne l’a-t-il dit avec force, quitte à prendre le risque d’une rupture sur le fond avec le PCF, en 2012 ou 2013. Car, ce constat est fait dans l’urgence. Il est probable que sa décision personnelle était déjà prise. Mais, une décision personnelle ne vaut que quand elle se traduit en des gestes politiques forts. Or, ces gestes ont manqué dans la période cruciale qui s’est écoulée de l’élection présidentielle de 2012 au printemps 2015.

Ici encore, on peut trouver quelques excuses et « bonnes » raisons. Jean-Luc Mélenchon n’est pas un autocrate, et il a dû composer avec un parti lui-même divisé. Pourtant, force est de constater que du temps, du temps précieux, a été perdu de l’été 2013, alors que le cours que prenait la politique de François Hollande était clair, jusqu’au printemps de cette année. J’ai attiré, sur ce carnet, à plusieurs occasions l’attention de mes lecteurs sur l’illisibilité des positions du Front de Gauche et du Parti de Gauche. Que l’on se souvienne de la lettre ouverte que j’adressais en juillet 2014 à Jean-Luc Mélenchon, et où je pointais les maux qu’il dénonce aujourd’hui[5].

Alors, assurément, il y a de la lucidité et du courage dans le dernier texte de Mélenchon, mais cette lucidité et ce courage de donnent lieu à aucun sursaut.`

Le temps perdu ne se rattrape guère…

 

Un retard important a donc été pris. Ce retard fait qu’un autre parti, le Front National pour le nommer, a pu et a su profiter de l’espace politique que le Front de Gauche et le Parti de Gauche lui ont abandonné. On ne voit pas ce qui, aujourd’hui, marquerait un changement radical par rapport à ce funeste abandon du terrain de la souveraineté et le Parti de Gauche n’a toujours pas le courage de dire qu’il s’est trompé et que le trop fameux « plan B » devrait être en réalité le plan « A ».

Aujourd’hui, le Front National a progressé par rapport à ce qu’il était lors de l’élection présidentielle de 2012. Rappelons qu’à l’époque la candidature de Jean-Luc Mélenchon avait un moment donnée l’illusion de pouvoir faire de lui le « troisième homme » de la politique française. Il serait cruel d’épiloguer sur l’écart qui séparera la gauche radicale du Front National lors des élections régionales. Et cela, Jean-Luc Mélenchon le sait. En politique aussi, la nature a horreur du vide.

[1] http://melenchon.fr/2015/12/02/front-de-gauche-letat-dimbroglio-permanent/

[2] Voir l’entretien accordé par Zoé Konstantopoulou, « Le gouvernement grec a

sacrifié la démocratie » in Ballast, le 11 novembre 2015, http://www.revue-ballast.fr/zoe-konstantopoulou/

[3] Godin R., « Grèce : l’économie s’est effondrée au troisième trimestre » in La Tribune, 27 novembre 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-l-economie-s-est-effondree-au-troisieme-trimestre-530994.html

[4] http://russeurope.hypotheses.org/3803

[5] « Lettre Ouverte à Jean-Luc Mélenchon », note publiée sur Russeurope, le 31 juillet 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2606

Source : Blog RussEurope 03/12/2015

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