Primaire de la gauche : comment les chiffres du scrutin ont été manipulés

CHIFFRE MAGIQUE DU PS !

CHIFFRE MAGIQUE DU PS !

Le Parti socialiste se perd en explications sur le taux de participation. Quelques calculs simples prouvent bien qu’il y a eu une manipulation de ce chiffre.

28% C’est le chiffre magique qui montre bien comment la haute autorité de la primaire a manipulé le nombre de participants du premier tour, dimanche 22 janvier. Il est assez facile à établir :

Voici une capture d’écran des résultats tels qu’ils apparaissaient sur le site de la primaire lundi à 0 h 45 :

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Et voici ceux que donne le même site lundi dans la matinée :

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On le voit, les pourcentages restent quasi identiques (à 0,1 point près pour Sylvia Pinel), mais le nombre de voix n’est plus le même : précisément, il y en 352 013 de plus.

Un ajout de 28 % pour chaque candidat

Comment est-il possible d’augmenter le nombre de voix sans modifier la répartition de celles-ci ? C’est toute la question. Nous avons calculé rapidement combien chaque candidat a gagné de voix :

En clair, les 352 013 voix ont été réparties à quasi-égalité (à quelques décimales près) entre tous les candidats, ne modifiant donc qu’à l’extrême marge les résultats constatés à 21 heures. Ce qui serait sinon impossible, du moins très fortement improbable, naturellement.

Alors d’où vient le problème ? Christophe Borgel, président du comité d’organisation de la primaire, interrogé par Libération, parle d’un « bug » :

« Il y a eu un bug, rien de plus. Et c’est un peu de ma faute. Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation. J’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et, effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille. »

Selon l’explication de M. Borgel, les organisateurs se sont donc contentés de prendre le nouveau score de votants avec les 352 013 voix supplémentaires, de calculer que cela représentait une progression de 28 %, et donc de donner à chaque candidat 28% de voix en plus. Ce qui revient à reconnaître que ces chiffres ont bien été manipulés.

Gonflage de chiffres, hasard statistique, ou incompétence ?

Mais cette explication peut-elle suffire ? En réalité, il y a trois possibilités :

  • Première hypothèse : les voix ont été décomptées, et par un miracle statistique de l’ordre d’une chance sur mille, elles se sont réparties presque exactement comme les précédentes en ne modifiant en rien les scores de chacun. Peu probable.
  • Deuxième hypothèse, fermement démentie par M. Borgel : ces voix n’existent pas, c’est un ajout artificiel pour gonfler la participation. Mais pourquoi l’avoir fait entre minuit et 10 heures du matin, alors que l’attention médiatique n’était plus dans les chiffres de participation mais sur le résultat ?
  • Troisième hypothèse : le Parti socialiste (PS) a donc ajouté 352 013 voix entre minuit et 10 heures du matin, c’est établi. Mais ces voix existent-elles réellement ? Si oui, cela signifie qu’à minuit le PS n’avait à sa disposition qu’un total de voix, sans leur répartition, et qu’il restait donc 352 013 bulletins non dépouillés. Ce qui n’aurait toujours pas été fait, puisque les chiffres n’ont pas varié depuis ce matin.

C’est l’hypothèse qu’invoque M. Borgel auprès du Monde. Il assure que, lundi matin, il a demandé une actualisation du seul chiffre de participation, mais qu’en ajoutant celui-ci, le tableau a automatiquement donné nos fameux 28 % supplémentaires à chaque candidat.

Si on croit la parole de M. Borgel, qui plaide sa « totale transparence », la haute autorité aurait donc communiqué à minuit une répartition provisoire des voix par candidat, puis aurait commis une erreur en « actualisant » le seul chiffre de participation, ce qui aurait automatiquement ajouté des voix (en même proportion) aux candidats. Ce nombre de voix erroné serait ensuite resté en ligne toute la journée sur le site de résultats de la primaire, sans que rien ne soit fait pour – par exemple – mettre la page hors ligne, ou y ajouter un message prévenant que ces chiffres sont faux.

Une réponse insuffisante

Ce qui pose d’autres questions : d’une part, cela signifie que la tableur utilisé par le PS avait une formule pour répartir automatiquement un nombre total de votants par candidat en fonction du score (en pourcentage) de ceux-ci. Mais la logique voudrait l’inverse : que ce score en pourcentage soit le résultat du calcul. Or dans ce qu’explique M. Borgel, les résultats en voix sont fonction des résultats en pourcentages.

Ensuite, dans ce cas, pourquoi ne pas avoir corrigé ces chiffres, en ligne depuis plusieurs heures ? M. Borgel assure qu’il attend désormais « d’avoir le maximum de bureaux validés pour ne pas repartir dans une nouvelle polémique », et refuse de communiquer les chiffres en nombre de voix avant que ceux-ci soient validés – alors que le site des résultats affiche bien des nombres de voix non validés depuis hier soir.

Surtout, comme l’explique Libération, des corrections ont eu lieu à la marge pour modifier à plusieurs reprises le score de Sylvia Pinel, et ce durant la journée. Il aurait été possible de modifier les scores de cette dernière, mais pas la page ?

Reste que près de vingt-quatre heures après le vote, impossible de connaître le score de chacun des candidats en nombre de voix, ni même, de fait, leur score définitif. Ce qui ouvre la voie à tous les soupçons.

Samuel Laurent

Source Le Monde Les Décodeurs 23/01/2017

 

COMMENTAIRE

Affligeant et stupide

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Ce n’est pas une première au PS. Côté cuisine, on sait de longue date que la saveur de la tambouille socialiste a souvent tenu aux épices ajoutées et on se doit de préciser que ces pratiques sont assez largement partagées par les partis politiques français. Etrangement cette question n’a jamais vraiment soulevé l’intérêt des médias qui préfèrent généralement protéger le système que de défendre la démocratie. Mais dans le cadre d’une primaire ouverte et dans le contexte politique particulièrement difficile où se trouve le parti socialiste français, Ce « nombre de voix erroné » est une nouvelle erreur politique majeure, et un signe de mépris consommé pour tous les citoyens, ceux de gauche en particulier.

Il serait certes injuste de considérer d’emblée  tous les candidats individuellement responsables de cette malversation démocratique mais il est édifiant d’analyser leur réaction. Benoît Hamon a commenté le retard de publication des chiffres sur France 2 : « Pour un grand parti, être en situation de ne pas pouvoir confirmer 24 heures après l’élection, les chiffres de la participation pose problème« . Face aux soupçons de manipulation, Manuel Valls a appelé « les électeurs, les socialistes –ils sont pas venus suffisamment nombreux–, à venir, à être fiers, à revendiquer une gauche qui assume les responsabilités, qui veut gouverner, (…) une gauche qui assume avec fierté ce qu’elle fait. Moi j’attends surtout de la clarification, que le résultat de dimanche prochain –c’est le plus important– ne souffre d’aucune contestation« , sic.

Pour les hommes d’appareil tout va semble t-il rentrer dans l’ordre mais l’hémorragie qui touche la démocratie se poursuit…

JMDH

Voir aussi : Actualité France Rubrique Politique, AffairesSociété ,CitoyennetéJustice,

Primaire Les Républicains 2016 : le résultat des sondages, la liste des candidats

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Un programme interactif ?

CANDIDATS PRIMAIRE – La primaire UMP, devenue celle du parti Les Républicains (LR), aura lieu en novembre 2016. Les résultats des sondages commencent déjà à établir les rapports de force, à droite, entre les candidats.

[Mis à jour le 8 juillet à 12h42] L’élection présidentielle n’aura lieu que fin avril 2017 mais nombre de personnalités politiques du parti Les Républicains (LR) comptent déjà la course à l’Elysée parmi leurs ambitions. Nicolas Sarkozy, qui avec son retour aux manettes entendait s’imposer comme le candidat naturel de la droite pour cette élection, a finalement été contraint d’accepter la tenue de primaires, une expérimentation déjà tentée par le PS en 2011. Ce sera donc la première fois en 2016 que la droite choisira son candidat à l’élection présidentielle par le biais d’un scrutin ouvert dont le résultat reste encore incertain.

La date de la primaire des Républicains, autrefois primaire UMP, est fixée : elle se tiendra le dimanche 20 novembre 2016, puis le 27 novembre en cas de second tour. Un site internet a été mis en ligne pour informer le public. Les résultats désigneront le candidat pour la présidentielle 2017 entre ceux déjà déclarés ou pressentis comme Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, NKM, Bruno Le Maire ou François Fillon. Mais s’agira-t-il réellement d’une primaire de la droite et du centre, ouverte à ceux souhaitant participer à « l’alternance » ? Les militants de l’UDI se sont prononcés contre une participation de leur parti à cette primaire.

Date de la primaire des Républicains 2016

La primaire des Républicains se tiendra le dimanche 20 novembre 2016. Si aucun candidat ne parvient à recueillir 50% des voix, un second tour sera organisé le 27 novembre. Plusieurs responsables des Républicains voulaient toutefois que la date soit avancée en juin 2016. Ils espéraient déterminer au plus tôt le candidat, pour ainsi éviter les longs mois d’affrontement, et se donner le temps de renforcer l’union derrière la personne désignée alors que l’absence de la droite au second tour de la présidentielle au profit de Marine Le Pen est envisagée. Les partisans d’une primaire avancée étaient aussi des soutiens de Nicolas Sarkozy qui espèraient donner plus de chances au président des Républicains d’être élu candidat. Parmi eux, on comptait notamment Eric Ciotti, Luc Chatel, Gérard Longuet et Christian Jacob. Alain Juppé et François Fillon, qui seront les principaux opposants de l’ancien chef de l’Etat durant cette primaire, préféraient eux garder la date initialement choisie, arguant des difficultés d’organisation en cas de délais réduits. Finalement, le débat a été tranché par Christian Jacob mi-décembre, le calendrier est maintenu. « Il n’y a visiblement pas de consensus », a-t-il expliqué.

Modalités de la primaire des Républicains 2016

Le scrutin est ouvert à l’ensemble des personnes inscrites sur les listes électorales au 31 décembre 2015. Ceux souhaitant exprimer leur voix devront simplement payer deux euros et signer une « charte de l’alternance » assurant qu’ils partagent « les valeurs de la droite républicaine et du centre » et qu’ils s’engagent « pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France ». Pour cette primaire, le vote électronique tout comme la remise d’une procuration ne seront pas possibles, les électeurs devront donc se déplacer dans l’un des 10 000 bureaux de vote prévus sur l’ensemble du territoire.

Du côté des candidats, il sera nécessaire de recueillir un certain nombre de parrainages pour voir son nom figurer sur un bulletin de vote : au moins 20 venant de parlementaires, au moins 250 d’élus répartis sur minimum 30 départements et au moins 2 500 d’adhérents répartis sur minimum 15 départements. Ces élus devront également signer une charte d’adhésion aux valeurs de la droite afin de donner leur parrainage. D’après NKM, cette précision a été ajoutée après coup pour lui faire barrage : elle comptait en effet sur le soutien d’élus de gauche ou tout du moins de « non-inscrits ». Jean-François Copé comme Bruno Le Maire ont déjà annoncé avoir déposé les parrainages nécessaires, bien avant la clôture de la liste de candidats.

Quant aux partis autres que Les Républicains, il leur appartiendra de fixer les modalités et notamment le nombre de parrainages. Un geste pour permettre de réaliser la primaire la plus ouverte possible. Toutefois, les adhérents de l’UDI se sont prononcés contre une participation de leur parti à la primaire.

La date limite pour le dépôt des candidatures est fixée au 9 septembre 2016 pour une diffusion de la liste définitive des candidats 12 jours plus tard, le 21 septembre, date à laquelle la campagne sera officiellement lancée. Avant de s’engager dans cette primaire, les candidats doivent savoir qu’ils ne pourront pas se présenter à la présidentielle sous une autre étiquette en cas de défaite. En effet, chaque candidat doit s’engager à « soutenir publiquement le candidat à la présidence de la République désigné à l’issue de la primaire et à prendre part à sa campagne ».

Concernant les dépenses de campagne de la primaire LR, elles figureront dans le compte de campagne du candidat à la présidentielle. En tout cas celles engagées à partir du 1er avril 2016. « Pour cela, nous allons décider d’un plafond des dépenses entre le 21 septembre, date du début de la campagne officielle, et le scrutin », a affirmé Thierry Solère. C’est qu’au vu des budgets prévus, l’argent dépensé pour cette primaire risque fort de peser sur le budget total du candidat sélectionné. Ainsi, Alain Juppé aurait déjà prévu 3 millions d’euros de dépenses, Bruno Le Maire et François Fillon 2 millions d’euros, NKM, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson 500 000 euros, Hervé Mariton 300 000 euros, Nadine Morano et Frédéric Lefebvre, moins de 100 000 euros. Des sommes à comparer aux 250 000 euros dépensés par François Hollande pour la primaire de 2011 (il n’était alors le plus dépensier). Le montant du plafond devrait être fixé fin avril, début mai lors d’un bureau politique des Républicains.

La primaire elle-même sera financée par le parti LR qui compte avancer 5 millions d’euros afin de couvrir les frais d’organisation. Cette somme devrait en partie être remboursée grâce aux deux euros de participation demandés aux votants. Pour que le parti puisse rentrer dans ses frais, 2,5 millions de personnes doivent se prononcer lors de cette primaire.

Mélenchon et l’imbroglio

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Par · 3 décembre 2015

Jean-Luc Mélenchon vient de publier une note courageuse sur son blog[1]. Il y décrit ce qu’il appelle l’état d’imbroglio permanent qui règne au sein du « Front de Gauche ». Il y déplore le manque de lisibilité des listes de la gauche « réelle », listes qui sont éparpillées entre des alliances avec EELV, avec le PC et qui parfois se font contre et EELV et le PCF. Il dénonce là une situation où, pour reprendre ses mots : « l’imbroglio est partout. Et surtout au pire endroit, c’est-à-dire face au suffrage universel. Les élections régionales nous voient arriver dans une cohue illisible nationalement. »

De l’autoroute à l’impasse

 

Il y constate donc, mais est-ce une surprise, l’attitude sectaire et purement électoraliste du PCF au sein du « Front de Gauche ». On se souvient de l’attitude de Pierre Laurent, le secrétaire du PCF qui, lors de la crise grecque de l’été dernier, avait apporté sa caution à l’accord honteux que signa Tsipras alors même que Mélenchon, et l’ensemble des dirigeants du Parti de Gauche dénonçaient ce dit accord, dont on mesure aujourd’hui toute la nocivité [2] .

Cet accord a sacrifié non seulement la démocratie mais aussi l’économie grecque sans aucune contrepartie[3]. Il ajoute alors : « Au final, le tableau est affligeant. Impossible d’aller dans une émission de télé ou de radio en étant capable de dire comment s’appellent nos listes puisqu’autant de « territoires », autant de noms plus poétiques les uns que les autres, choisis sans concertation entre régions. Localement, l’annexion des listes par la couleur de la tête de liste est faite sans vergogne par la presse locale… ».

Sur ce constat, il y a peu à ajouter. Alors qu’une autoroute s’ouvrait devant la gauche radicale du fait des reniements successifs du P « S », de la politique à la fois austéritaire et autoritaire du gouvernement, de son mépris affiché pour les classes populaires que ne masque même plus une certaine condescendance, cette même gauche radicale s’embourbe dans les impasses du calcul à courte vue des avantages électoraux immédiats. Comme il l’ajoute peu après, la constitution des listes :

 « … fut une foire d’empoigne locale, un chantage permanent à la division de la part de partenaires obnubilés par la tête de liste, sans la moindre coordination nationale pour essayer d’équilibrer la représentation de chacun. Pour affronter une élection forcément nationale, puisque les nouvelles régions n’ont aucune homogénéité locale, rien de plus ridicule que cette façon de laisser la ligne nationale résulter des arrangements, amitiés et détestations, locaux ». Tout est dit, et bien dit. Ce constat est sans appel. Les grands principes ont été mis à la poubelle au nom du banquet des ambitions personnelles.

Lucidité et courage

 

Il faut de la lucidité accompagnée d’un certain courage, et même un courage certain, à un dirigeant politique pour dresser ce constat avant même le premier tour d’une élection. Et on sait que de lucidité et de courage, Jean-Luc Mélenchon n’en manque pas. Ce texte est tout à son honneur. Mais, il devrait réfléchir à la cause première de ce désastre qui ajoute l’incohérence aux tares de l’illisibilité de la position politique.

Le « Front de Gauche » n’a pas de cohérence idéologique, écartelé qu’il est entre un Parti Communiste qui ne rêve plus de succès mais uniquement de préservation de ses positions acquises, un Parti de Gauche (PG) au discours certes radical mais à la ligne des plus floue, et divers groupuscules.

Surtout, en tant que dirigeant du PG, il porte une responsabilité évidente dans le retard pris par l’élaboration interne de ce parti sur des sujets décisifs comme la souveraineté, l’Euro et la question des frontières. Je le dis sans amertume mais avec un immense regret. Jean-Luc Mélenchon est un homme courageux, mais il est à chaque fois en retard d’un combat, d’une guerre. Il publie un (bon) livre sur l’Allemagne[4], mais un livre qui aurait dû être écrit au plus tard en 2013 et qui ne sort qu’en 2015. Il affirme à l’été 2015, devant l’évidence de l’action de l’Eurogroupe et de la BCE contre la Grèce, qu’entre l’Euro et la souveraineté, il choisirait la souveraineté. Que ne l’a-t-il dit avec force, quitte à prendre le risque d’une rupture sur le fond avec le PCF, en 2012 ou 2013. Car, ce constat est fait dans l’urgence. Il est probable que sa décision personnelle était déjà prise. Mais, une décision personnelle ne vaut que quand elle se traduit en des gestes politiques forts. Or, ces gestes ont manqué dans la période cruciale qui s’est écoulée de l’élection présidentielle de 2012 au printemps 2015.

Ici encore, on peut trouver quelques excuses et « bonnes » raisons. Jean-Luc Mélenchon n’est pas un autocrate, et il a dû composer avec un parti lui-même divisé. Pourtant, force est de constater que du temps, du temps précieux, a été perdu de l’été 2013, alors que le cours que prenait la politique de François Hollande était clair, jusqu’au printemps de cette année. J’ai attiré, sur ce carnet, à plusieurs occasions l’attention de mes lecteurs sur l’illisibilité des positions du Front de Gauche et du Parti de Gauche. Que l’on se souvienne de la lettre ouverte que j’adressais en juillet 2014 à Jean-Luc Mélenchon, et où je pointais les maux qu’il dénonce aujourd’hui[5].

Alors, assurément, il y a de la lucidité et du courage dans le dernier texte de Mélenchon, mais cette lucidité et ce courage de donnent lieu à aucun sursaut.`

Le temps perdu ne se rattrape guère…

 

Un retard important a donc été pris. Ce retard fait qu’un autre parti, le Front National pour le nommer, a pu et a su profiter de l’espace politique que le Front de Gauche et le Parti de Gauche lui ont abandonné. On ne voit pas ce qui, aujourd’hui, marquerait un changement radical par rapport à ce funeste abandon du terrain de la souveraineté et le Parti de Gauche n’a toujours pas le courage de dire qu’il s’est trompé et que le trop fameux « plan B » devrait être en réalité le plan « A ».

Aujourd’hui, le Front National a progressé par rapport à ce qu’il était lors de l’élection présidentielle de 2012. Rappelons qu’à l’époque la candidature de Jean-Luc Mélenchon avait un moment donnée l’illusion de pouvoir faire de lui le « troisième homme » de la politique française. Il serait cruel d’épiloguer sur l’écart qui séparera la gauche radicale du Front National lors des élections régionales. Et cela, Jean-Luc Mélenchon le sait. En politique aussi, la nature a horreur du vide.

[1] http://melenchon.fr/2015/12/02/front-de-gauche-letat-dimbroglio-permanent/

[2] Voir l’entretien accordé par Zoé Konstantopoulou, « Le gouvernement grec a

sacrifié la démocratie » in Ballast, le 11 novembre 2015, http://www.revue-ballast.fr/zoe-konstantopoulou/

[3] Godin R., « Grèce : l’économie s’est effondrée au troisième trimestre » in La Tribune, 27 novembre 2015, http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-l-economie-s-est-effondree-au-troisieme-trimestre-530994.html

[4] http://russeurope.hypotheses.org/3803

[5] « Lettre Ouverte à Jean-Luc Mélenchon », note publiée sur Russeurope, le 31 juillet 2014, http://russeurope.hypotheses.org/2606

Source : Blog RussEurope 03/12/2015

Voir aussi : Rubrique : Politique, Opinion,

Elections régionales : la gauche de la gauche se range derrière le Parti socialiste

4827324_6_2239_emmanuelle-cosse-eelv-et-pierre-laurent-pcf_07e204a11f7335c8735021d0f7941eecMalgré les profondes divisions et des résultats très décevants au premier tour des élections régionales, la gauche de la gauche – Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), le Parti communiste, le Parti de gauche – constitue un réservoir de voix crucial pour le Parti socialiste (PS) au second tour, dimanche 13 décembre. Les responsables socialistes et du gouvernement n’ont d’ailleurs pas manqué d’appeler à additionner les voix de gauche en vue du second tour. Cette addition peut aller jusqu’à la fusion des listes dès lors que cela était possible, c’est-à-dire pour les listes ayant obtenu au moins 5 % des voix. Un choix que les partis de la gauche alternative ont fait avec plus ou moins de facilité.

 

Dès dimanche soir, la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, a appelé à « travailler à la fusion des listes de gauche et des écologistes au second tour ».

Selon elle, il faut « prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer le Front national, y compris, s’il le faut, en se désistant pour le second tour ».

Chez les écologistes, la députée de Paris et ancienne ministre Cécile Duflot a également appelé à l’union dès les résultats connus : « Ce n’est plus un avertissement, c’est une punition. Il faut un rassemblement de la gauche et des écologistes. »

Fusion dans sept régions

 

En Ile-de-France, le rassemblement a eu lieu très vite. Dès lundi 7 décembre la tête des listes socialiste, Claude Bartolone, écologiste, Emmanuelle Cosse, et du Front de gauche, Pierre Laurent, sont parvenus à un accord pour contrer Valérie Pécresse (Les Républicains), arrivée en tête.

Des fusions de listes ont également été réalisées dans sept autres régions : Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, en Pays de la Loire, en Rhône-Alpes Auvergne, en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, en Normandie, en Centre-Val de Loire et en Corse.

Arrivé largement en tête en Bretagne, le candidat du PS, Jean-Yves Le Drian, a refusé toute fusion. Et en Bourgogne-Franche-Comté, la candidate du PS, Marie-Guite Dufay n’a pas pu bénéficier de fusion avec les autres listes de gauche, Front de gauche et EELV ayant obtenu moins de 5 %. Ces dernières appellent cependant à voter pour la liste PS.

« Regroupements techniques »

Au Front de gauche, la méfiance est davantage de mise avant le second tour des régionales. Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a tenu à prévenir les socialistes pour la suite : « Dans ces listes, personne ne se rallie à personne. L’addition de ces listes est la seule manière d’empêcher la victoire totale de la droite et de l’extrême droite. »

La méfiance à l’égard des listes menées par la majorité socialiste est encore plus claire au Parti de gauche, où l’on se projette déjà au-delà du second tour, en 2017, pour la présidentielle. C’est ce que fait savoir notamment Eric Coquerel, interrogé par le Scan.

« Nous avons beaucoup hésité, beaucoup discuté, car le gouvernement et le PS assument des politiques de droite. Cette décision a été très dure à prendre, mais nous n’avons pas voulu laisser nos électeurs dans le flou »

« Nous demandons donc des fusions techniques, même si je préfère le terme de regroupement technique », poursuit-il.

De son côté, le chef de file du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s’est montré particulièrement discret depuis l’annonce des résultats. « Excédé » et déplorant une campagne « calvaire » avant même le premier tour, le député européen s’est contenté d’un post de blog avant de s’exprimer, mercredi 9 décembre, sur France Info, où il donnera son avis sur le second tour.

« D’ici là, c’est aux responsables des partis qui ont formé les diverses listes et mené cette campagne que revient la parole. Mardi soir seront déposées les listes du deuxième tour. On saura donc quelles consignes nous sont données. Dans ce moment, le mieux serait d’éviter les disputes publiques qui aggraveraient la débandade en cours. »

L’ancien candidat à la présidentielle 2012 tente pourtant de garder espoir : « N’oubliez jamais que le printemps revient toujours. Une affaire de patience. »

Source : Le Monde.fr avec AFP  08.12.2015

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«Vive la gauche» cherche une issue à la fronde

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REPORTAGE

Devant plusieurs centaines de militants PS, le collectif issu des députés «frondeurs» a accueilli samedi à Paris deux nouveaux animateurs: les ex-ministres Hamon et Filippetti.

Une étape. En réunissant ce samedi plusieurs centaines de militants socialistes dans un gymnase du XIVe arrondissement de Paris, le collectif «Vive la gauche» a rappelé qu’au sein du PS, le feu couve toujours contre la politique de François Hollande et Manuel Valls. Certes, les projets de lois de finances sont passés sans trop de frayeurs pour le gouvernement. Certes, les parlementaires dits «frondeurs» n’ont pas «réorienté» la politique du président de la République. Personne n’a voulu aller jusqu’à faire tomber Manuel Valls par peur de la dissolution. Mais toute cette frange du PS allant des plus à gauche à quelques proches de Martine Aubry et ex-strausskahniens «chemine», «avance», «se renifle»

Pour aller où? «That’s the point!» sourit Jérôme Guedj, président du conseil général de l’Essonne. La logique voudrait que tout ce petit monde – qui ne se connaît que trop bien – se retrouve au prochain congrès du PS, début juillet. Beaucoup imaginent déjà une grande motion obligeant François Hollande à une réorientation de sa politique. Mais compte tenu du rythme d’enfer de ce quinquennat, personne n’est capable de savoir à quoi ressemblera la majorité dans sept mois. D’autant plus qu’entre-temps, la débâcle annoncée des départementales et le score du Front national auront peut-être changé la donne à Matignon… Du coup, «on accumule des forces, insiste le député de Paris, Pascal Cherki, chez qui se déroulait ce rassemblement. On a réussi à créer un émetteur au Parlement, maintenant, il faut travailler dans le PS et dans la société».

Hamon et Filippetti attendus

En août, dans un amphithéâtre surchauffé de la fac de lettres de La Rochelle, ces militants PS déçus de l’action du gouvernement avaient acclamé la ministre de la Justice Christiane Taubira, venue pour une visite surprise. Les trois virés du gouvernement une semaine plus tôt, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, avaient préféré rester à l’écart. Ce samedi, Montebourg se tient toujours à distance. Pas les deux autres. Très dure à l’égard du gouvernement ces derniers jours, l’ex-ministre de la Culture a rappelé qu’elle était «dans la majorité de François Hollande» à condition de rester «sur une base de gauche» et assuré qu’il n’y avait ni «fatalité» ni «malédiction» à ce que la gauche «trahisse» ou «renie» ses engagements.

Avant elle, Benoît Hamon avait imposé le silence dans l’assistance. «Nous avons l’impression d’un grand dérèglement politique, a-t-il d’abord lancé. Et ce grand dérèglement appelle de la clarté.» L’éphémère ministre de l’Education nationale rappelle «l’aspiration à l’égalité» et au «progrès social» qui doit guider la gauche avant de demander à François Hollande de «prendre des risques». Hamon plaide ainsi pour un «référendum sur les questions institutionnelles» mais aussi «qu’on puisse associer ce quinquennat de la gauche à une conquête sociale». Il assure que lui et ses amis «feron(t) des propositions» bientôt. Puis l’ancien porte-parole du parti se mue en aspirant Premier secrétaire: «Le congrès du PS ne peut être que le point de départ d’un nouveau cycle politique à gauche.» 2017 ne serait qu’«une étape» dans le «dépassement de toutes les formations politiques».

Guerre des égos ?

Le courant dont fait partie Hamon – et nombre de parlementaires «frondeurs» – avait déjà hébergé une réunion de Vive la gauche lors de leur université de rentrée, fin septembre dans les Landes. Les amis de l’ex-ministre verraient bien ce collectif servir de socle à une grande motion au congrès.

Mais à la gauche de Hamon aussi on se méfie du camarade «Benoît». Au précédent congrès, il avait fait le choix de rallier la grande motion majoritaire. On n’oublie pas non plus, qu’avec Montebourg, c’est lui qui a poussé Valls à Matignon. Avec ses 30% récoltés à l’élection du premier secrétaire la fois précédente, Emmanuel Maurel a rappelé à ses camarades qu’il faudra plus que de simples effets de tribunes : «Le rassemblement de la gauche est nécessaire… mais sur un contenu.» Maurel rappelle indirectement à ses camarades députés qu’ils peuvent toujours porter «l’interdiction des licenciements boursiers» ou qu’ils n’ont pas rétabli la retraite à 60 ans. «On sait où on habite», souligne-t-il comme pour rappeler qu’ils n’ont jamais tenu d’autre discours depuis le début du quinquennat… Contrairement à d’autres.

Une nouvelle guerre des égos à venir? «Je ne pense pas, répond le conseiller de Paris Frédéric Hocquard. Tout dépend de notre dynamique et de l’état dans lequel le parti va sortir des départementales.» Ces socialistes vont courir cette étape sur un faux rythme jusqu’aux prochaines élections. Et attendre de constater l’ampleur de la défaite pour attaquer la prochaine: celle de la prise du parti. Du moins sa tentative.

Lilian ALEMAGNA

Source Libération 30/11/2014
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