L’Assemblée élargit les possibilités d’atteintes au secret des sources des journalistes

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Lors de la nouvelle lecture de la proposition de loi socialiste sur l’indépendance des médias, les députés ont élargi par rapport au texte initial les cas où la justice serait susceptible de porter atteinte au secret des sources des journalistes ce lundi 18 juillet. Cette proposition de loi avait été adoptée par la gauche mais a été rejetée par Les Républicains. Le texte doit maintenant repartir fin septembre au Sénat.

Le renforcement de la protection des sources des journalistes est un engagement de François Hollande, mais il a subi plusieurs aléas depuis le début du quinquennat avant de revenir par le biais de ce texte.

Elargissement de la protection à toute la rédaction

Par rapport à la loi Dati sur la protection des sources de 2010, le texte élargit cette protection à toute la rédaction, direction et collaborateurs compris. Autre avancée, les journalistes ne pourront plus être poursuivis pour recel « de documents provenant du délit de violation du secret professionnel ou du secret de l’enquête ou de l’instruction ou du délit d’atteinte à l’intimité de la vie privée » lorsque la diffusion de l’information « constitue un but légitime dans une démocratie ». Enfin, il ne pourra être porté atteinte au secret des sources que sur décision d’un juge.

Dans la version votée lundi soir, les atteintes possibles au secret des sources sont néanmoins un peu plus larges qu’initialement envisagé. Alors que le texte prévoyait cette possibilité pour les délits prévus par les titres I et II du Livre IV du code pénal (atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation et terrorisme) punis de dix ans de prison, ce seuil a été abaissé à sept ans à la demande du gouvernement.

Ce seuil permettra « de rechercher une source qui serait à l’origine du délit de divulgation de l’identité d’un agent des services de renseignement » ou « du délit d’atteinte au secret de la défense nationale », a expliqué la ministre de la culture Audrey Azoulay.

La droite critique le renforcement du CSA

La proposition de loi, qui vise à « renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme dans les médias », étend à l’ensemble des journalistes une notion jusqu’ici réservée par la loi à ceux de l’audiovisuel public, selon laquelle tout journaliste « ne peut être contraint à accepter un acte contraire à sa conviction professionnelle formée dans le respect de la charte déontologique de son entreprise ».

La droite critique surtout une autre proposition du texte, le renforcement des missions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour assurer « l’honnêteté, l’indépendance, le pluralisme de l’information et des programmes qui y concourent », en particulier « à l’égard des intérêts économiques des actionnaires des chaînes et de leurs annonceurs ».

Le CSA devra notamment veiller à ce que les conventions conclues avec les chaînes mettent en œuvre ces principes. Et le texte impose aux radios et télévisions la mise en place de comités d’éthique composés de personnalités indépendantes.

Source : Le Monde.fr avec AFP | 19.07.2016

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Après Nice, une classe politique « nulle » face à une France immature

Gilles Kepel dénonce une classe politique "nulle", à propos des réactions sur l'attentat de Nice Joël Saget/Afp

Gilles Kepel dénonce une classe politique « nulle », à propos des réactions sur l’attentat de Nice Joël Saget/Afp

Sur France Inter, au lendemain de la tragédie de Nice, Gilles Kepel a dénoncé une « classe politicienne nulle » face aux changements du monde. Question: l’opinion publique française a-t-elle les politiques qu’elle mérite?

« Notre classe politicienne est nulle ». Le jugement est terrible. Surtout quand il est prononcé, au lendemain d’un événement aussi épouvantable que l’attentat de Nice, par une autorité reconnue comme le spécialiste du djihadisme Gilles Kepel. C’était ce vendredi matin, sur France Inter, où le chercheur était appelé à donner son sentiment sur les réponses politiques apportées ou suggérées par les uns et les autres face à la tragédie terroriste: « débat minable, pas du tout à la hauteur du défi. Notre classe politicienne est nulle face à cela, elle donne le sentiment de courir derrière l’événement, d’être intéressée surtout par ses chamailleries ».

Le propos touche, qui vise l’ensemble d’un personnel politique qui donne le sentiment de se raccrocher à des réflexes de posture et de communication comme dépourvus de sens, comme s’il était dépassé par la dimension historique des événements auquel il est confronté.

La sentence sans appel de Gilles Kepel ne vise pas seulement la gauche de gouvernement, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. Il inclut également les gauches de la gauche, dont certains représentants, en dépit de tout bon sens, continuent de dénoncer l’Etat d’urgence, Les Républicains de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, qui oscillent entre obligation d’union nationale et tentation polémique, et le Front national de Marine Le Pen et Florian Philippot.

A en croire Kepel, les uns comme les autres ne comprennent pas le bouleversement de l’histoire auquel ils sont confrontés.

Un problème de logiciel

D’une part, en ce qu’ils ne comprennent pas l’ennemi et son fonctionnement, pourtant transparent: « le logiciel de ce terrorisme-là n’a toujours pas été compris par le pouvoir politique, quel qu’il soit (…) On est dans une autre dimension, il ne s’agit pas de dire qu’on va faire appel à la réserve, tout le monde sait que les forces de l’armée et de la police sont épuisées ».

D’autre part, en ce qu’ils n’en discernent l’objectif, présent en toutes lettres dans « les textes mis en ligne depuis 2005 par ce djihadisme de troisième génération: il faut épuiser les forces de l’ordre et il faut faire en sorte que la société, qui est totalement déboussolée, se prépare à une logique de guerre civile entre enclaves de confessions différentes ».

Face à ce danger, le gouvernement, chaque fois dans l’urgence, procède à des annonces qui ont pour objet de rassurer, autant que faire se peut, l’opinion. A chaque tragédie, le curseur du déploiement des forces policières et militaires monte d’un cran. Après Nice, c’est la Réserve qui est convoquée. Et l’état d’urgence maintenu pour trois mois encore. Le gouvernement pouvait-il faire autrement, dans les heures qui suivent un acte de la nature de celui commis à Nice? Non. Il fallait envoyer des signaux de rassurance l’opinion inquiète. Mais cette même opinion inquiète, en demande d’actes immédiats, sait aussi que ce qui a eu lieu à Nice relève de la menace auscultée par Gilles Kepel. Des sentinelles déployées ici et là ne suffisent pas à empêcher un individu déterminé à passer l’acte.

Partenaire du gouvernement, ses oppositions de droite, d’extrême droite et d’extrême gauche paraissent aussi éprouver de la peine à se hisser à la hauteur du rendez-vous de l’histoire. On ne sait pas encore tout du scénario de la tragédie de Nice que certains sont déjà affairés à dénoncer le pouvoir en place, à l’accuser les uns à dénoncer le manque de précautions et les failles sécuritaires, à l’image d’un sénateur LR, Philippe Dallier, qui s’est empressé de s’en prendre sur Twitter à François Hollande et Manuel Valls (avant de faire machine arrière toute), les autres à persévérer dans une dénonciation de l’état d’urgence devenue vide de sens. De ce point de vue, Kepel n’a pas tort de pointer ces « chamailleries » vaniteuses.

Gilles Kepel souligne, sans doute à juste titre, les failles des politiques. Mais il devrait aussi s’interroger sur l’état de cette même opinion, en fonction de laquelle les politiques réagissent, cette opinion qui leur demande encore et encore des mesures, des policiers, des troupes et des moyens, mais qui ne fait pas encore toujours la démonstration d’une maturité politique à la hauteur de l’enjeu.

Combien d’autruches béates?

On se souvient, par exemple, de la sortie d’un humoriste face à Manuel Valls, invité de l’émission On n’est pas couché, sur France 2, quelques semaines après les attentats du 13 novembre. Alors que le Premier ministre tentait de faire dans la pédagogie de guerre en période terroriste expliquée à un peuple qui en a perdu l’usage depuis la fin de la Guerre d’Algérie, Jérémie Ferrari s’était abandonné à l’une de ces sorties médiatiques qui caractérisent l’époque: « Vous avez dit qu’on était en guerre. Non, non, non! Vous, votre gouvernement est en guerre, nous on n’est pas en guerre. Nous, on se fait tirer dessus quand on va voir des concerts. Vous êtes en guerre, le gouvernement est en guerre, pas nous! »

On rappelle ici la saillie de l’humoriste prétendant au rôle de penseur parce qu’elle est emblématique du problème français. Déni de l’histoire. Refus de la réalité. Fuite. Dérobade. A l’époque, il s’était trouvé bien des gens pour saluer la sortie de Jérémie Ferrari, qui avait cloué le bec de Manuel Valls en se posant en pacifiste qui ne veut faire la guerre à personne. Cette anecdote disait pourtant toute la difficulté de faire de la politique, sous menace terroriste, face à une opinion qui ne veut pas comprendre que l’histoire redevient tragique. Combien de Jérémie Ferrari en France, à droite ou à gauche, à l’extrême droite et à l’extrême gauche? Combien d’autruches béates, la tête enfouie dans les caves de la Ligne Maginot des idéalités infantiles?

La classe politicienne est-elle « nulle » parce qu’elle est, aussi, confrontée à une opinion publique anesthésiée par un demi-siècle de paix, et qui serait devenue en grande partie toute aussi « nulle »? La question mérite d’être posée. Et vite.

Si, comme le dit Kepel, notre classe politique est nulle, tétanisée par une opinion fragmentée, clivée et divisée, le risque est alors grand de voir triompher la stratégie déployée par les ennemis de la France, à savoir « faire en sorte que la société, qui est totalement déboussolée, se prépare à une logique de guerre civile entre enclaves de confessions différentes ». Soit la possible réalisation de l’analyse développée par le directeur de la DGSI Patrick Calvar, qui, auditionné dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, a déclaré : « la confrontation entre l’ultra-droite et le monde musulman inéluctable ».

Cette perspective est-elle inéluctable? De Hollande à Sarkozy, en passant pas Juppé et Valls, les politiques vont devoir convaincre du contraire. Convaincre Jérémie Ferrari et ses semblables, voilà l’urgence. Et pour ce faire, relire Mendès France, l’apôtre du convaincre en démocratie : « Pour les dirigeants d’abord. Le premier devoir, c’est la franchise. Informer le pays, le renseigner, ne pas ruser, ne pas dissimuler ni la vérité ni les difficultés ; ne pas éluder ou ajourner les problèmes, car dans ce cas, ils s’aggravent ; les prendre de face et les exposer loyalement au pays, pour que le pays comprenne l’action du gouvernement ». Pour ne pas être « nul » aux yeux de Kepel, il faut sans doute renouer avec Mendès.

Source : Challenges 15/07/2016

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Jean-Pierre Rousseau : « Radio France est revenu en force, c’est un signe positif »

Jean-Pierre Rousseau à temps plein sur le festival qui ouvre lundi avec « Les mille et quelques nuits » Photo Marc Ginot L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - MARC GINOT

Jean-Pierre Rousseau à temps plein sur le festival qui ouvre lundi avec « Les mille et quelques nuits » Photo Marc Ginot

Jean-Pierre Rousseau a été nommé directeur de la Musique de Radio France par Mathieu Gallet. Il est aujourd’hui directeur du Festival de Radio France qui débute lundi à Montpellier.

Il a été directeur général de l’Orchestre philharmonique royal de Liège, institution qu’il a profondément restructurée et tournée vers l’international. Jean-Pierre Rousseau a également été producteur responsable de la musique symphonique, à la Radio Suisse Romande.

Depuis votre nomination à la direction en 2014, vous avez assuré une transition l’année dernière qui offre à nouveau des perspectives au festival de Radio France. Aujourd’hui, les feux semblent au vert. Dans quel état d’esprit abordez vous cette nouvelle édition ?

J’entendais, il est vrai l’année dernière de façon pesante que ce serait sans doute le dernier festival, pour un certain nombre de causes comme la position de Radio France à l’égard du festival, la grève qui avait marqué la Maison ronde, les incertitudes liées à la grande région… Pour toutes ces raisons, nous devions réussir l’édition 2015, pas seulement pour les 30 ans, mais parce que c’était le meilleur plaidoyer pour pérenniser le festival. J’ai expliqué à mon équipe que nous étions en campagne, qu’il fallait motiver nos partenaires afin qu’ils nous épaulent. Avec le soutien du PDG Mathieu Gallet, nous avons rappelé à toutes les chaînes de Radio France que leur festival se déroule ici. La présidente de Région Carole Delga vient de le réaffirmer, c’est un festival emblématique pour le maillage du territoire et le large accès à la culture qu’il propose à tous, avec plus de 90% de manifestations gratuites. Nous avons conquis 120 000 auditeurs l’an passé. Je suis donc dans un état d’esprit serein, puisque le dernier CA qui s’est tenu en février à Paris confirme la convention cadre avec nos deux principaux partenaires jusqu’en 2019 voir en 2020, et à la fois conscient du travail de développement qu’il reste à mener.

Pourquoi avoir quitté vos fonctions de directeur de la Musique de Radio France ?

Historiquement la fonction de directeur de la Musique n’est pas liée à celle de la direction du festival, même si elle a pu être cumulée à certaines périodes. Mathieu Gallet m’a nommé à la direction de la Musique en me demandant de prendre aussi celle du festival, je ne sais pas comment j’aurais fait en cumulant les deux fonctions. C’est humainement impossible. Pour Radio France , je gérais 200 concerts dans l’année avec un budget de 60 millions. Pour le festival, je gère 200 concerts en trois semaines avec 3,9ME de budget, ce qui demande une implication complète. Je suis très heureux d’avoir fait ce choix.

Outre le maillage du territoire régional votre mission consiste aussi à hisser le festival au niveau des grands rendez-vous musicaux européens. Avez-vous des pistes ?

Je dispose d’une équipe qui fonctionne bien. J’ai aidé à répondre à un certain nombre de questions. De par la présence de Radio France, nous ne sommes pas un festival comme un autre. Au-delà des 120 000 auditeurs , combien en concernons nous par les ondes et la diffusion numérique ? Le Fantasio créé l’an passé a été demandé par 34 radios publiques dans le monde. Je pense que nous devons optimiser notre communication et mettre en place des outils qui valorisent le festival au-delà du territoire en démultipliant les capteurs de ce potentiel fugitif. Le fait que Radio France soit revenu en force sur le festival est à cet égard très positif.

Quelle est votre position sur la proposition émise par Jean-Paul Montanari de fusionner les trois grands festivals montpelliérains, Le Printemps des Comédiens, Montpellier Danse et Radio-France au sein d’une même entité pour gagner en visibilité internationale ?

Je comprends les raisons du directeur de Montpellier Danse. Ce n’est du reste pas une idée nouvelle. Quels seraient les avantages, les inconvénients et les conséquences d’une fusion ? Je partage l’idée qu’il faut mieux exploiter l’enchaînement de ces trois festivals, mais je ne suis pas convaincu qu’en matière de culture un chapeau unique serait plus vendeur. Pourquoi faire un seul festival ? Dans ma position , je peux me permettre de jouer les naïfs. Cela représente un risque sérieux pour que les partenaires diminuent leur contribution et je ne vois pas de gain pour le public.

Au final la balance penche plutôt du côté des inconvénients mais je rejoins l’idée de Jean-Paul Montanari pour unir nos forces.

Voyage d’Orient, la thématique 2016 du festival semble inscrire la musique comme un vecteur d’altérité…

Le choix de cette thématique s’est opéré avec Corinne Delafons en charge de la programmation avec qui je collabore très bien, nous sommes très complémentaires. Ce choix nous fait quitter le terrain rationnel. Il a pour vocation de proposer une invitation et de tracer des perspectives qui éclairent aussi bien les artistes que le public. Au départ il y avait une intuition et le constat que l’Orient pâtit d’une image catastrophique depuis la fin de la seconde guerre mondiale, avec l’embourbement du conflit israélo-palestinien, les révolutions arabes, Daesh… L’image de ces cultures qui nous ont tant fascinés jusqu’au début du XXe est devenue plutôt négative. Le choix de ce thème, permet de rappeler que l’Orient est aussi une immense source d’inspiration notamment musicale.

Comment avez-vous déployé la programmation autour de l’Orient ?

Nous proposons une exploration, partielle et subjective à l’instar de la soirée d’ouverture Mille et quelques nuits réunissant Lambert Wilson, Karine Deshayes, Michael Schønwandt et l’Orchestre national de Montpellier autour des secrets de Shéhérazade. Une création et une relecture des oeuvres de Nielsen,Rimski-Korsakov, et Ravel. On peut citer la chinoiserie d’ Offenbach, Ba-Ta-Clan, Des programmations thématiques au parfum oriental comme La route du thé ou Aimez-vous Brahms ? qui était fasciné par la liberté tsigane, tourneront en Région au même titre que des orchestres symphoniques qui sont programmés à Mende et Perpignan.

Il semble que l’offre pourtant très suivie des concerts gratuits de 12h30 et 18h30 soit en recul ?

Ces propositions autour de des jeunes solistes talentueux et de la musique de chambre sont maintenues. Il peut y avoir un effet d’optique notamment sur la première semaine où se cumule l’arrivée du Tour de France le 13 et le 14 juillet. Nous sommes aussi dans une nouvelle répartition territoriale à budget constant. Il faut néanmoins rappeler que 90% des concerts sont gratuits. C’est le cas notamment pour la musique électro avec Tohu Bohu, ainsi que toute la programmation Jazz au Domaine D’o . Ce principe de gratuité est réaffirmé.

Poursuivez vous l’exploration des oeuvres méconnues ?

Oui cela participe à l’identité du festival. On pourra voir cette année à Montpellier Marco Polo et la princesse de Chine, Iris de Mascagni. Et l’opéra Zoroastre de Rameau qui est rarement donné.

 

Recueilli par JMDH

 Du 11/07 au 26/07. Informations : http://www.festivalradiofrancemontpellier.com

Source : La Marseillaise 11/07/2016

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Festival,  rubrique Musique, rubrique Politique, Politique Culturelle, rubrique Montpellier, rubrique Rencontre, rubrique Médias,

 

These moving photos of the refugee crisis just won a Pulitzer Prize

Gripping images of Europe’s refugee crisis won the 2016 Pulitzer Prize for breaking news photography on Monday.

The judging committee said that the joint first place prize was awarded to Mauricio Lima, Sergey Ponomarev, Tyler Hicks and Daniel Etter’s work for The New York Times and the photography staffers of news agency Thomson Reuters for photos that « captured the resolve of refugees, the perils of their journeys and the struggle of host countries to take them in. »

Covering hundreds of miles and telling dozens of individual stories, the images capture people at an uncertain moment in their lives, on unknown roads to uncertain destinations:

Refugees arrive by a Turkish boat near the village of Skala, on the Greek island of Lesbos (The New York Times/Sergey Ponomarev - November 16, 2015).

Refugees arrive by a Turkish boat near the village of Skala, on the Greek island of Lesbos (The New York Times/Sergey Ponomarev – November 16, 2015).

Desperate refugees board the train toward Zagreb at Tovarnik station on the border with Serbia (The New York Times/Sergey Ponomarev - September 18, 2015).

Desperate refugees board the train toward Zagreb at Tovarnik station on the border with Serbia (The New York Times/Sergey Ponomarev – September 18, 2015).

 

Ahmad Majid, in blue T-shirt at centre, sleeps on a bus floor with his children, his brother Farid Majid, in green sweater at right, and other members of their family and dozens of other refugees, after leaving Budapest on the way to Vienna. (The New York Times/Mauricio Lima - September 5, 2015).

Ahmad Majid, in blue T-shirt at centre, sleeps on a bus floor with his children, his brother Farid Majid, in green sweater at right, and other members of their family and dozens of other refugees, after leaving Budapest on the way to Vienna. (The New York Times/Mauricio Lima – September 5, 2015).

Migrants walking past a church, escorted by Slovenian riot police to a registration camp outside Dobova, Slovenia. The small Balkan nations along the path of the human migration through Europe have seen record numbers of refugees cross their borders, and have been overwhelmed in their ability to manage the human flow (Sergey Ponomarev, The New York Times - October 22, 2015).

Migrants walking past a church, escorted by Slovenian riot police to a registration camp outside Dobova, Slovenia. The small Balkan nations along the path of the human migration through Europe have seen record numbers of refugees cross their borders, and have been overwhelmed in their ability to manage the human flow (Sergey Ponomarev, The New York Times – October 22, 2015).

A man tries to shield his child from police beatings and tear gas at the border crossing in Horgos, Serbia (The New York Times/Sergey Ponomarev - September 16, 2015).

A man tries to shield his child from police beatings and tear gas at the border crossing in Horgos, Serbia (The New York Times/Sergey Ponomarev – September 16, 2015).

 

 

After battling rough seas and high winds from Turkey, refugees arrive by rubber raft on a jagged shoreline of Lesbos. Fearing capsize or puncture, some panicked and jumped into the cold water in desperation to reach land (The New York Times/Tyler Hicks - October 1, 2015). 1

After battling rough seas and high winds from Turkey, refugees arrive by rubber raft on a jagged shoreline of Lesbos. Fearing capsize or puncture, some panicked and jumped into the cold water in desperation to reach land (The New York Times/Tyler Hicks – October 1, 2015).
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Laith Majid, an Iraqi, broke down in tears, holding his son and daughter after they arrived safely in Kos, Greece, on a flimsy rubber boat (The New York Times/Daniel Etter - August 15, 2015).

Laith Majid, an Iraqi, broke down in tears, holding his son and daughter after they arrived safely in Kos, Greece, on a flimsy rubber boat (The New York Times/Daniel Etter – August 15, 2015).

 

An overcrowded inflatable boat with Syrian refugees drifts in the Aegean sea between Turkey and Greece after its motor broke down off the Greek island of Kos. (Thomson Reuters/Yannis Behrakis - August 11, 2015)

An overcrowded inflatable boat with Syrian refugees drifts in the Aegean sea between Turkey and Greece after its motor broke down off the Greek island of Kos. (Thomson Reuters/Yannis Behrakis – August 11, 2015)

 

A Syrian refugee holds onto his children as he struggles to walk off a dinghy after crossing a part of the Aegean Sea from Turkey to Lesbos (Thomson Reuters/Yannis Behrakis - September 24, 2015).

A Syrian refugee holds onto his children as he struggles to walk off a dinghy after crossing a part of the Aegean Sea from Turkey to Lesbos (Thomson Reuters/Yannis Behrakis – September 24, 2015).

Syrian migrants cross under a fence as they enter Hungary at the border with Serbia, near Roszke (Thomson Reuters/Bernadett Szabo - August 27, 2015).

Syrian migrants cross under a fence as they enter Hungary at the border with Serbia, near Roszke (Thomson Reuters/Bernadett Szabo – August 27, 2015).

 

A police officer tries to stop someone from boarding a train through a window at Gevgelija train station in Macedonia, close to the border with Greece (Thomson Reuters/Stoyan Nenov - August 15, 2015).

A police officer tries to stop someone from boarding a train through a window at Gevgelija train station in Macedonia, close to the border with Greece (Thomson Reuters/Stoyan Nenov – August 15, 2015).

A police officer tries to stop someone from boarding a train through a window at Gevgelija train station in Macedonia, close to the border with Greece (Thomson Reuters/Stoyan Nenov - August 15, 2015).

A police officer tries to stop someone from boarding a train through a window at Gevgelija train station in Macedonia, close to the border with Greece (Thomson Reuters/Stoyan Nenov – August 15, 2015).

A Syrian man kisses his daughter as he walks through a rainstorm towards Greece's border with Macedonia, near Idomeni (Thomson Reuters/Yannis Behrakis - September 10, 2015).

A Syrian man kisses his daughter as he walks through a rainstorm towards Greece’s border with Macedonia, near Idomeni (Thomson Reuters/Yannis Behrakis – September 10, 2015).

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La culture Shadoks débarque au Miam

Les Shadoks : deuxième sérieLe Musée international des arts modestes met à l’honneur une des œuvres les plus originales du paysage audiovisuel français. Créés par Jacques Rouxel les Shadoks travaillent énormément pour porter sur le petit écran son goût pour l’absurde et sa fascination pour la machine.

C’est sous le signe de l’aventure artistique que s’ouvre la première grande expo consacrée aux Shadoks, à découvrir au Miam jusqu’au 6 novembre. Après Le manège enchanté, et Groland, Shadoks ! est la troisième exposition  du Miam à faire incursion dans le monde de la télévision considéré à juste titre comme un digne support  des arts modestes. C’est sans doute aussi la plus pertinente, tant l’idée de confier une fenêtre au cœur de la télévision d’Etat à un créateur s’est révélée féconde.

L’œuvre inclassable de Rouxel

Créateur de ces entêtants personnages, anthropomorphes mi-hommes mi-oiseaux Jacques Rouxel (1931 – 2004) est resté un auteur modeste et discret. D’une adolescence passée à New-York, il rapporte les leçons des comics  américains ; tout en se revendiquant d’Alphonse Allais et d’Alfred Jarry, Rouxel affiche à la fois un goût pour l’absurde et une fascination pour les machines. Son entrée au Service recherche de l’ORTF dirigé alors par Pierre Schaeffer, père de la musique concrète et de la musique électroacoustique, va faire le reste.

Jacques Rouxel, Author Of "The Shadoks" Cartoons On December 16Th, 1999 In Paris, France.
Le 29 avril 1968 à 20h30, en prime time dirait-on aujourd’hui, les Shadoks atterrissent sur le petit écran. Le format est court, 2 mn qui propulse les téléspectateurs dans un autre monde. Débarrassée de  tout le cérémonial habituel et notamment celui de la grand messe du JT de 20h les images diffusées ne sont pas du goût de tout le monde…

« Beaucoup de téléspectateurs outrés envoient des courriers à la chaîne. Certains critiques l’esthétique trouvant les personnages moches, d’autres s’en prennent à  l’esprit débridé qui annonce Hara Kiri et Charlie Hebdo, indique le commissaire de l’exposition Norbert Duffort qui a travaillé six mois à la préparation de l’événement. Enfant de l’Oulipo, Jacques Rouxel, était un type assez secret. Un peu comme Brassens, il se méfiait des médias. A l’époque, l’émergence des Shadoks, qui représentent une contre autorité au sein du projet de la télévision d’Etat fait polémique.  Mais Rouxel sera soutenu  par Malraux  qui défend l’initiative et les expériences originales susceptibles de répondre à des besoins nouveaux et dépasser les cloisonnements des administrations à travers le champ culturel. Schaeffer, le patron  de l’ORTF pousse dans le même sens. »

Si la visite de l’exposition du Miam démontre que les Shadoks n’ont pas pris une ride, elle ouvre aussi sur une question : Un projet aussi critique et avant-gardiste – non dénué de bon sens et de connotations politiques comme dans le message :  « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possibles il faut toujours taper sur les mêmes » – trouverait-il une place aujourd’hui en prime-time dans les grilles de France-Télévision ? La réponse est non…

Les événements de mai 68 vont couper court à la diffusion des Shadoks qui s’interrompt avec la grève de l’ORTF qui dénonce la manipulation de l’opinion publique. Jacques Rouxel n’y participe pas parce qu’il n’est pas titulaire. En 1974 les Shadoks sont de retour et connaissent un succès croissant lors des trois premières saisons. En janvier 2000 Canal  + lance la série 4 qui  s’avérera peu concluante.

Un des intérêts de l’expo du Miam réside dans les documents originaux notamment les celluloïds qui révèlent l’influence exercée par le mouvement abstrait sur l’œuvre de Jacques Rouxel. La confrontation avec des œuvres d’artistes contemporains souligne quant à elle, que l’empreinte de sa  conscience malicieuse du monde peut être renouvelée.

JMDH

Source : La Marseillaise 01/07/2016

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