Printemps des Comédiens 2015

Download

Julien Gosselin a réussi

lpe_1_gosselinhTh CDN. Les particules élémentaires du roman au théâtre en passant par le cinéma, la recette est bonne !

Revenir à Houellebecq avec Les particules élémentaires c’est un peu oublier le discours à forte connotation politique et idéologique de l’auteur autour de son dernier livre Soumission.

La pièce tirée du roman fleuve paru en 1998 est habilement mise en scène par Julien Gosselin qui joue sur le registre opéra rock. Le spectacle est prétexte à un délire musical bien rock and roll, sexuellement débridé et plein d’humour. On connaît le talent de Houellebecq pour occuper le centre de la scène littéraire française, s’attirant tous les projecteurs et pas mal de pognon…

Voilà donc une bonne occasion de s’instruire sur les recettes retenues par l’auteur à la sulfureuse réputation. Dans ce texte, plein de facilités, il s’attaque aux forces de l’univers. Et pour tout dire mieux vaut le voir au théâtre que de se taper son bouquin.

Un coup d’éclat donc pour le jeune metteur en scène dont la pièce n’a cessé de tourner depuis Avignon il y a deux ans. Les quatre heures de divertissement trompent l’ennui et ce spectacle « dédié à l’homme », qui fait songer à une forme de « littérature réalité » devrait constituer une référence,voire un nouveau modèle économique. Il suffit de changer les scénarios, les lieux, les personnages et travailler le bouche à oreille…

JMDH

Source La Marseillaise 23/06/2015

 

Go down Moses.  Choc esthétique et décollage onirique

GO-DOWN-MOSES_C_LUCA_DEL_PIA-672x359Go down Moses. Castellucci au Printemps des comédiens, un théâtre bien au-delà du réel qui nous perd et nous retrouve.

L’italien Roméo Castellucci compte avec le compositeur Dominique Pauwels, mis en scène par Denis Marleau, parmi les invités attendus et prestigieux de cette édition 2015. Ces artistes n’ont rien de commun hormis leur formidable capacité à nous vasculariser hors des grandes artères pour nous plonger dans le monde puissant de leur univers qui relève du monde du rêve.

Dans Go down Moses Roméo Castellucci fait, à sa façon, référence à Moïse. Le seul homme qui ait rencontré Dieu. On est aux antipodes de la démarche quasi patrimoniale du travail de Benjamin Lazar qui gère les ressources culturelles dans Le Dibbouk. Go down Moses parle d’une très vieille histoire débarrassée, des fausses vérités religieuses, des idées reçues et quelque part, de sa fonction nécessaire permettant l’établissement du lien social. Comme si Castellucci souhaitait nous perdre pour nous retrouver. Comme s’il souhaitait renouveler la façon dont on conçoit le rapport du langage à la réalité et au mythe.

Il résulte que le signifié sur le plateau n’est pas la réalité elle-même, mais une construction signifiante de la réalité. Il en va ainsi de la première scène où les humains se mesurent sans s’aimer, ou de la scène de la poubelle où l’enfant n’est déjà plus dans le sac en plastique. De cette machine qui turbine pour « nous exiler de notre être », du scanner, fierté de l’imagerie médicale, qui propulse bien plus loin que les pales performances scientifiques. C’est de cette construction de sens qu’on appellera le réel signifiant du monde dont l’artiste tire sa matière et sa spiritualité.

La fascination de Roméo Castellucci pour Moïse, libérateur de l’humanité, porte en germe l’ambition que cette libération pourrait aussi bien provenir de l’art.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 23/06/2015

Jean Varela : « qu’entend-on nous par culture ? »

a626365c8dda3270e6cadd81e5c975b2_L

Après l’annulation de l’édition 2014 liée au combat des intermittents et précaires, le directeur du Printemps des Comédiens de Montpellier défend une politique culturelle émancipatrice ouverte et généreuse. A l’occasion du Festival Le Printemps des Comédiens qui se tient jusqu’au 28 juin au Domaine d’O à Montpellier son directeur artistique Jean Varela évoque les orientations théâtrales et politiques de sa mission.

Vous proposez cette année votre cinquième programmation. Vos choix artistiques et votre engagement en faveur du service public de la culture sont reconnus. Etes-vous serein ?

Cinq ans, on appelle cela un lustre. Serein n’est pas le mot. Je dirais que j’espère. Et en même temps je doute davantage. J’ai été nommé de façon provisoire, les enjeux n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Depuis, nous avons essayé de construire une politique culturelle qui soit exigeante et pas élitiste tout en gardant le cap, malgré les difficultés. Le Conseil départemental protège la culture par son engagement. C’est une longue histoire commune.

Le festival et son équipe sortent-ils renforcés ou affaiblis de la mobilisation ayant conduit à l’annulation en 2014 ?

Le noyaux de l’équipe se compose de cinq personnes, pour beaucoup présentes depuis l’origine. Il y a eu des questionnements durant la traversée de l’été 2014. Notamment sur la ligne que j’ai choisi d’adopter en me portant, non solidaire du combat mais dans le combat, en tentant d’expliquer qu’il fallait que les représentations se tiennent, puisque c’était mon rôle. Nous étions tous dans l’incertitude du lendemain. Il a fallu faire œuvre de pédagogie. Reconnaître les choses, comme savoir d’où on vient et pourquoi on se trouve là ? A la fin la grève m’a inquiété et en même temps, la non tenue d’un mouvement m’aurait aussi inquiété. Je suis reconnaissant envers André Vezinhet et sa majorité, envers le public, les artistes et les techniciens… Ce qui ne tue pas renforce. J’ai vu chez les gens une prise de conscience plus forte de l’endroit où s’inscrivent nos métiers, et ce ne sont pas que des mots…

Comment gérez-vous les contraintes d’ordre budgétaire cette année ?

Pour résoudre l’équation budgétaire qui représente -6% sur le budget 2014 et -10% cette année nous avons été contraints de réduire la voilure qui se traduit par une réduction de la durée du festival et du nombre de lieux de représentation. Il n’y a pas de lieux éphémère cette année.

Quels choix avez-vous opérés pour cette programmation ?

J’ai d’abord fait le choix, de ne rien programmer de l’édition de 2014. Ce n’est pas intéressant de refaire la même chose, nous sommes passés à un autre moment, et puis j’aurais trouvé injuste de ne programmer que certains artistes. Même si des ponts surgissent parfois entre les spectacles d’une même édition, le festival ne s’articule pas autour d’une thématique. L’accompagnement des artistes en coproduction, le soutien à la création apparaissent en revanche comme un axe de travail. Dans cette programmation nous coproduisons Nobody de Cyril Teste, Le Dibbouk de Benjamin Lazar, Go down Moses, de Roméo Castellucci, ou encore En avant, marche ! d’Alain Platel. Il est important de partager avec le public la notion essentielle du risque qui permet aussi de montrer ce qu’est le théâtre.

Qu’en est-il de l’enjeu politique : le gel du soutien de la Métropole, la place de la culture sous la présidence du nouveau président Kléber Mesquida ?

Le président de la Métropole a annoncé avant les élections qu’il voterait la participation de la Métropole, pour l’instant le versement est suspendu. J’espère et reste confiant sur les possibilités de trouver une solution. Je connais la conviction dans l’intérêt général du président Kleber Mesquida qui est le député de mon lieu de résidence. Il considère le service public de la culture comme un enjeu fort des politiques publiques. Il a souhaité souligner l’importance du Domaine de Bayssan à l’ouest du département, violemment attaqué par le FN durant la campagne.

Quelle place attribuez-vous au théâtre dans cette période de crise politique, identitaire, démocratique..?

Depuis mon enfance je vis dans la crise. Et je constate chez les jeunes générations d’artistes, qu’ils n’espèrent même plus que la crise se termine. C’est comme un état de crise permanent et non permanent car ce n’est pas la crise pour tout le monde. La place du théâtre d’art est essentielle. Le clivage qui existait jusque dans les années 80 entre la droite et la gauche s’est quasiment estompé. La culture, dit on, est une priorité, mais qu’entend-on nous par culture ? Une culture qui éveille, permet l’émancipation, le rêve partagé ou une culture du plus grand nombre ? Les forces de progrès devraient se questionner fortement sur cette problématique et affirmer leur vocation, ce que fait le Conseil départemental en soutenant le Printemps des Comédiens.

Les choix artistiques de cette nouvelle programmation oscillent sans parti pris entre l’hybridation des formes portées au plateau et l’attachement au texte…

Oui, cette année nous pouvons entendre ce que dit Falk Richter dans Nobody et ce que disait Beaumarchais. avec Le mariage de Figaro. Cyril Teste travaille sur un texte en usant des technologies actuelles de l’image. A côté de cela, on trouve le travail très digne de Benjamin Lazard qui fait revivre la langue et la musique d’un peuple dans Le Dibbouk, ou l’hommage que rend Laurent Pelly au théâtre avec L’oiseau Vert. Nous tentons d’accompagner le public en restant proche de son désir de curiosité, de verbe et de sens. On peut avoir l’image d’un théâtre figé, mais souvenons nous que le théâtre s’est toujours adapté très vite aux nouvelles technologies les Grecs ont introduit la machinerie, les Italiens les techniques de navigation. Le gaz et l’électricité sont entrés très tôt dans les théâtres qui ont toujours été et devraient demeurer des endroits très ouverts.

 Propos recueillis par Jean-Marie Dinh

 

Source La Marseillaise lundi 15 juin 2015

 

Cirque Balthazar 25 piges éternelles
73ab4a8542a2d1cdf212b7e329eab1ad_XL

 Printemps des comédiens. BiZARaZar cabaret bal Loufoque jusqu’au 13 juin.

Le centre des arts du cirque de Montpellier tient sa place au Printemps qui ouvre chaque année la possibilité aux jeunes circaciens en 1ère et seconde année de classe pro de se confronter au public. Un moment attendu de la programmation où se conjugue la culture sensiblement décalée du cirque Balthazar, et les traits de personnalité saillants des jeunes artistes.

Comme toujours, chez Balthazar c’est l’énergie du groupe qui permet la mise en valeur des individus. Les origines se mêlent et s’enrichissent sur une bande son de choix qui fait le tour du monde et des époques en explorant tous les styles de musique : salsa, jazz, techno, transe, rock, valse, reggae, chanson…

La mise en piste de Bi- ZARaZar, débute dans l’anonymat stressé des transports urbains.
Mais très vite les voyageurs du quotidien rejoignent un intérieur de type bar cabaret où vont se nouer une série d’interactions qui révéleront les caractères, talents, et, coups de nerf des personnages.

On touche du doigt la dimension poétique des sensations quand les stagiaires de la formation professionnelle exercent leur art et leur recherche en jouant à contre-sens
de l’attendu, comme si leurs performances se mettaient en oeuvre malgré eux. On savoure le côté bastringue et provocateur des artistes. On se laisse emporter dans
la magie révélatrice de l’art du cirque qui brise bien des codes et représentations.

JMDH

Source La Marseillaise 12/06/2015

 

Montpellier : quand le théâtre vole au secours de l’imaginaire

6477a6186d9d11889b61d3d81dc15b1b_L

Le rideau de tissu et de pins se lèvent aujourd’hui sur la 28e édition du Printemps des Comédiens. Un moment fort et novateur pour un public avide de rencontres et découvertes théâtrales.

Sous les feux de l’actualité l’année dernière, le Printemps des Comédiens s’est illustré à travers la parole révoltée des artistes et des techniciens du spectacle. Il a été le cœur national de la mobilisation des intermittents et précaires ne craignant pas d’engager son avenir, dans ce conflit éprouvant.

Faute de budget, la manifestation sera un peu écourtée cette année mais cette lutte brille pour souligner que la création ne se met pas toujours au service du pouvoir et rappelle que le théâtre est sans doute la forme d’expression artistique qui présente le plus souvent des sujets politiques et sociaux. Enfin le combat de 2014 n’est pas étranger à la délibération de l’Assemblée nationale, qui vient de graver dans le projet de loi sur le dialogue social et l’emploi le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle.

«Le Printemps a eu à vivre une édition 2014 singulière dans un moment complexe. J’ai soutenu sa démarche, indique Michaël Delafosse qui vient de prendre les rênes de L’Epic du Domaine D’O. Je me réjouis que l’Epic ait été un lieu de débats sur le rôle de la culture. Les artistes ont des choses à exprimer. Ce qui s’est passé a généré de la souffrance et en même temps, les gens se sont solidarisés, il y a eu un vrai dialogue avec le public. La culture ne se résume pas à des actes de gestion.»

Le choix de la qualité

C’est donc avec joie que ce beau festival reprend sa vocation aujourd’hui jusqu’au 28 juin. Le théâtre est entendu au Printemps des comédiens comme un médium qui développe l’imaginaire. Il est question de mettre en relation notre quotidien avec le fantastique, comme le spectacle Nobody qui débute ce soir. Cyril Teste met en scène de manière novatrice la vie compliquée d’une entreprise de bureaux d’après un texte de Falk Richter.

Avec une quinzaine de spectacles sur 18 jours le Printemps joue la carte de la qualité. Le directeur artistique Jean Varéla a concocté une affiche qui compte des grands noms de la scène contemporaine tels que l’Italien Romeo Castelluci qui poursuit sa quête spirituelle. Après le Christ il évoque la vie de Moïse dans Go down, Moses, pour la projeter dans notre époque. Benjamin Lazar usera des cordes baroques pour un Roméo et Juliette yiddish avec Dibbouk de Lazar.

Le jeune metteur en scène Julien Gosselin s’attaque aux Particules élémentaires de Michel Houellebecq en partenariat avec le h.T.h CDN de Montpellier. Décollage lyrique et poétique assuré, proche des rivages de Verlaine et Rimbaud avec L’autre hiver mis en scène par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin sur un opéra innovant de Dominique Pauwels. Autre sortilège à suivre la fable philosophique de Carlo Gozzi, L’oiseau Vert dans une très belle mise en scène de Laurent Pelly.

Le festival croise depuis 28 ans les expériences artistiques de tous les continents avec une connaissances singulière des univers du théâtre, du cirque et du spectacle de rue. Dans ce registre on retrouvera le Nouveau cirque du Vietnam pour A Ô Làng Phô. Les artistes nous entraînent dans leurs pulsations poétiques à travers des tableaux vivants. Avec le spectacle En avant marche, le Flamand Alain Platel s’intéresse aux artistes de fanfare, réjouissances populaires et notes en folies. Le festival est passé maître dans le mélange des techniques scéniques pour les mettre au service des personnages et de la mise en scène. Une idée du théâtre pour tous avec le souci du détail et une haute exigence artistique.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 10/06/2015

Voir aussi ;  Rubrique Théâtre, rubrique FestivalMontpellier,

Opéra Orchestre de Montpellier. Nouvelle saison, nouveau chef, nouvelles économies

Montpellier, France - The Opéra ComédieL’;Opéra Comédie de Montpellier .

2015/2016. La prochaine saison de l’Opéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon dévoilée par Valérie Chevalier se veut accessible à tous. La structure reste fragile et le budget contraint.

« La musique n’est-elle qu’une réjouissante « sucrerie » ou un besoin fondamental ?» Cette question posée par Philippe Saurel dans le programme de l’Opéra Orchestre semblait tendue en toile de fond de la présentation de la saison 2015/2016 qui s’est tenue cette semaine.

La réponse qui concerne l’avenir même de l’Orchestre national, n’est pas donnée dans le texte. Elle reste suspendue. Peut-être à l’analyse du président de l’association OONMLR, Didier Deschamps, qui fait dépendre les possibilités de navigation du grand vaisseau au « maintien de la participation financière des collectivités et au rôle des personnels et de leurs représentants. »

La crise de novembre dernier liée à un différend entre les partenaires institutionnels reste dans les mémoires. Elle avait conduit la structure au bord de la liquidation et noué son destin à un plan de restructuration actuellement en négociation. L’autre côté du miroir concerne le rôle de la Métropole en matière de compétence culturelle et les économies d’échelle réalisables dans le secteur avec la grande région LR/Midi-Pyrénées.

Ces considérations sont apparues au coeur des bouleversements qui ont traversé le monde culturel local. Comme si la qualité des hommes des programmes, des structures et la nature des clivages politiques perdaient raison d’être pour entrer dans une sphère d’incertitude. La problématique d’aménagement de la grande région pose certes un nouveau défi aux responsables des politiques publiques mais elle ne doit pas pour autant faire reculer le niveau d’exigence culturelle.

« La culture est un des piliers sur lesquels nous travaillons avec nos interlocuteurs en Midi-Pyrénées, a indiqué Philippe Saurel, Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l’Orchestre de Montpellier garde son statut national. » Sans les sacraliser, ce statut et les pratiques qui y contribuent, doivent en effet être défendus pour la simple raison qu’elles contribuent à l’intelligence collective nécessaire au développement social et économique.

Pour l’heure le budget 2015 se maintient à 21,7?M d’euros avec un budget artistique restreint contre 38 M d’euros pour l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Le nouveau chef Michael Schonwandt a reçu l’assurance que le périmètre de l’Orchestre permettrait de « faire la musique telle qu’elle a été écrite par les compositeurs » ce qui nécessite 90 musiciens pour les oeuvres programmées cette année…

Jean-Marie Dinh

Programme Lyrique symphonique 2015/2016

Les belles surprises de la nouvelle directrice Valérie Chevalier

La conférence de presse de mercredi matin a permis de voir les différences que souhaite imprimer Valérie Chevalier, la nouvelle directrice de l’Orchestre opéra national de Montpellier, a la programmation des deux maisons. Les différents types d’œuvres sont respectés, opéra, symphonique, musique de chambre, musique baroque, musique contemporaine, mais la volonté d’ouvrir la découverte à tous est manifeste.

La saison lyrique s’ouvre avec un opéra de Massenet rarement joué, Chérubin, suite du Mariage de Figaro, c’est un Chérubin qui coure après toutes les femmes sur une musique ravissante du compositeur. Puis une soirée double avec L’Hirondelle inattendue de Simon Laks (1901-1983) et L’enfant et les sortilèges de Ravel, une soirée pour les petits et les grands. Ensuite en février un des grands opéras de Puccini Turandot avec deux grandes voix dans les deux personnages principaux, Rudy Park et Katrin Kapplusch. Après la tragédie, c’est Offenbach qui prendra la suite du programme avec un opéra comique délirant Geneviève de Brabant mis en scène par Carlos Wagner qui avait mis en scène à Montpellier Salomé. Pour terminer la partie lyrique c’est une soirée double avec un court opéra de Kurt Weill Royal Palace, et un des opéras de poche du triptyque de Giacomo Puccini Il tabaro.

Les concerts symphoniques vont parcourir l’ensemble du répertoire, de Haendel aux compositeurs contemporains. On pourra entendre entre autres Les planètes de Gustav Holst en partenariat avec le planetarium. On trouvera également deux soirées consacrées à Rossini avec Patrizia Cioffi et Marie Nicole Lemieux.

L’orchestre sera dirigé par de grands chefs, que ce soit le nouveau chef principal Michael Schonwandt ou Laurence Equilbey avec son chœur Accentus, mais aussi de jeunes dont le nouveau chef assistant David Niemann. Cette année les divers concerts porteront des titres qu’ils soient symphoniques ou de musique de chambre.

Les concerts de musique de chambre débutent par un week-end consacré à la pianiste Vanesa Wagner, Ensuite les divers concerts seront principalement donnés le samedi à 17h. Pour les concerts baroques on retrouvera l’Ensemble les Ombres en résidence à Montpellier ou les Arie antiche répertoire redouté de tous les jeunes chanteurs donnés par la grande Nathalie Stutzmann et son ensemble Orfeo.

Alain Breton

Certains concerts raccourcis à 1 heure seront donnés le jeudi à 19h.

Source : La Marseillaise 06/06/2015

Voir aussi : Rubrique Politique Culturelle, rubrique Musique, OONM:le vaisseau fantôme sort de la tempête, rubrique Montpellier,

Vers un projet de loi constitutionnelle pour ratifier la Charte des langues régionales

Dans une lettre à plusieurs députés rendue publique jeudi 4 juin, François Hollande a annoncé le prochain dépôt d’un projet de loi constitutionnelle permettant la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.

La Charte, signée en 1992 par les Etats membres du Conseil de l’Europe, fait obligation aux Etats signataires de reconnaître les langues régionales et minoritaires en tant qu’expressions de la richesse culturelle.

Sa ratification, sans cesse repoussée depuis vingt-trois ans et promise par François Hollande durant la campagne présidentielle, doit être expressément autorisée par la Constitution, car celle-ci proclame notamment que « la langue de la République est le français ». Pour cette révision de la Constitution, « la voie du Congrès me paraît la plus appropriée », écrit le chef de l’Etat dans ce courrier envoyé notamment au président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Jean-Jacques Urvoas (Parti socialiste), et révélé par le quotidien Le Télégramme.

Pas de référendum

Dans cette lettre datée du 1er juin, François Hollande écarte ainsi le recours au référendum, qui aurait été obligatoire pour faire aboutir une proposition de loi constitutionnelle de Jean-Jacques Urvoas autorisant la ratification de la Charte, votée le 28 janvier 2014 par les députés à une large majorité (361 voix pour, 149 contre, 19 abstentions).

En effet, si une révision constitutionnelle est proposée par des parlementaires, elle doit obligatoirement être approuvée par référendum après avoir été adoptée par les deux assemblées. En revanche, si elle est proposée par le gouvernement, le président de la République peut décider que l’adoption finale sera votée, à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, par l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès à Versailles.

François Hollande explique avoir demandé à la ministre de la justice, Christiane Taubira, de préparer le texte, dont il souhaite « qu’il soit inscrit à l’ordre du jour du Parlement dans les meilleurs délais ».

« Une fenêtre de tir pour la fin de l’année 2015 »

Le président de la commission des lois de l’Assemblée nationale et député du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, est un fervent défenseur de ce qu’il appelle « l’épanouissement de la langue régionale ». « Je pousse, je pousse, j’essaie, j’écris, j’alerte », a-t-il déclaré jeudi matin sur France Bleu.

Selon lui, il y a « une fenêtre de tir pour la fin de l’année 2015, puisqu’il y a plusieurs projets de constitutionnels qui cheminent ». Il évoque notamment « la modification du Conseil supérieur de la magistrature » ou « la réduction du nombre de parlementaires », deux dossiers qui pourraient, selon lui, justifier la convocation du Congrès. Par ailleurs, M. Urvoas balaie toute visée électoraliste dans cette décision du président de la République à quelques mois des régionales.

Le député écologiste Paul Molac (apparenté Union démocratique bretonne), qui copréside avec Armand Jung (PS) le groupe d’études sur les langues régionales de l’Assemblée nationale, s’est félicité après ce « pas supplémentaire », qui était « nécessaire » et va, selon lui, permettre aux candidats aux élections régionales de décembre 2015 de se positionner.

« Je ne peux que me réjouir de ces informations qui émanent directement du président de la République », a renchéri M. Jung, député du Bas-Rhin, sur son site Internet.

De son côté, Victorin Lurel, député PS de Guadeloupe, qui avait déposé en 2008 une proposition de loi en ce sens, estime que « chaque citoyen doit pouvoir pratiquer la langue ou les langues de sa culture, de ses aïeux, de son terroir (…) Cette reconnaissance de notre diversité culturelle (…) est aujourd’hui le plus sûr moyen de favoriser l’égalité, de préserver l’identité républicaine et de garantir notre unité nationale ».

Jean-Luc Mélenchon, le leader du Parti de gauche, a en revanche déclaré qu’il « s’oppos[ait] absolument à la ratification de cette Charte », qui « menace l’égalité entre les citoyens et l’unité et l’indivisibilité de la République ». M. Mélenchon a également exigé « la tenue d’un référendum », malgré la voie choisie par François Hollande qui exclut ce recours.

Source : Le Monde.fr avec AFP 04/06/2015

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Culture d’Oc, Politique culturelle,

Culture. Intermittents du spectacle : l’Assemblée nationale grave dans la loi le régime d’assurance chômage

L’Assemblée nationale a gravé dans le projet de loi sur le dialogue social et l’emploi le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle pour le conforter, dans la lignée des résultats de la concertation ayant suivi la crise des festivals de l’été 2014.

L’article 20 du projet de loi examiné en première lecture par les députés prévoit l’inscription dans le Code du travail du principe de l’existence de règles spécifiques d’indemnisation du chômage des salariés intermittents du spectacle.

C’est la « sanctuarisation dans la loi des annexes 8 et 10, qui a permis d’apaiser le conflit du printemps dernier« , a souligné le socialiste Jean-Patrick Gille, ancien médiateur nommé par le gouvernement.

Sont définis les grands principes de leur indemnisation, ainsi que le cadre de la négociation qui permettra d’en définir le contenu.

Le niveau interprofessionnel, garant de la solidarité, fixera le cadre de la négociation, notamment sur le plan financier. Le niveau professionnel pourra, grâce à sa meilleure connaissance des spécificités de ces professions, définir des règles mieux adaptées et mieux acceptées par les professionnels.

Un comité d’expertise, dont la composition sera calquée sur celui mis en place avec succès par la mission de concertation, sera garant de l’évaluation des paramètres financiers. L’Assemblée a apporté, par des amendements de M. Gille, des retouches sur la composition de ce comité et son rôle.

Par ailleurs, l’Assemblée a voté un amendement de Jacqueline Fraysse (Front de Gauche) prévoyant l’ouverture d’une négociation, avant fin juin 2016, entre organisations représentatives au niveau professionnel de salariés et d’employeurs sur les conditions de recours au contrat à durée déterminée d’usage (CDDU), avant le réexamen des listes d’emplois pouvant être pourvus par ce type de contrat.

Évoquant « un moment important pour notre culture, pour les artistes et techniciens qui la font vivre, partout sur nos territoires », la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin a salué dans ce vote l’approbation des « décisions annoncées par le Premier ministre, le 7 janvier, suite au formidable travail de consensus et de conviction effectué pendant plusieurs mois par Hortense Archambault, Jean-Denis Combrexelle et le député socialiste Jean-Patrick Gille ».

« Il fallait en finir avec la menace récurrente qui pesait sur le régime des artistes et techniciens du spectacle et qui déstabilisait les professionnels, entendre ensuite le malaise qu’ils expriment et sortir des crises à répétition (1992, 2003 et 2014), refonder enfin ce régime et assurer sa pérennité », a-t-elle fait valoir dans un communiqué.

Dans l’hémicycle, les députés UMP ont défendu en vain des amendements de suppression, critiquant entre autres la possibilité pour « un secteur d’élaborer ses propres règles ».

Ils ont aussi ironisé, comme Isabelle Le Callenec, sur « le Premier ministre qui ne rate plus une occasion d’affirmer qu’il aime la culture ».

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Politique, politique culturelle,

Montpellier Comédie du Livre « Nous ne voulions pas d’un programme convenu »

93023e0669508d0434f7a9812c4792c2_XLEn charge de la préparation de la Comédie du livre, Régis Penalva, passionné de littérature évoque les choix ayant présidé à cette 30e édition consacrée aux œuvres de la péninsule ibérique.

Chargé de mission responsable de la Comédie du livre à la Ville de Montpellier, l’ex-libraire Régis Pénalva tient le pari de l’intelligence. Vendredi 29  mai débute la trentième édition de cette grande fête du livre et de la lecture qui se poursuivra tout le week-end. Le maître d’oeuvre discret de cet événement évoque l’alchimie concourant à la réalisation de cette grande cuisine littéraire qui rassemble près de 100?000 visiteurs.

Quels sont les grands axes et les nouveautés de cette trentième édition ?

Il y a d’abord les littératures invitées. Cette année, en s’intéressant à la péninsule ibérique nous proposons d’aller à la rencontre de deux grandes littératures mondiales. Les littératures espagnole et portugaise seront abordées à travers une approche qui concerne cinq langues le castillan, le portugais, le galicien, le basque et le catalan.

Côté éditeur, après les 35 ans des éditions Métailié l’an passé nous fêterons cette année les 25 ans des éditions Viviane Hamy. L’ouverture au très jeune public compte parmi les nouveautés avec la création d’un espace dédié à la petite enfance encadré par des professionnels qui proposent différents ateliers pour les moins de 4 ans avec leurs parents. L’autre nouveauté, c’est la métropolisation de la manifestation rendue effective en amont et pendant la manifestation avec une sensibilisation des publics aux littératures invitées et des rencontres avec des auteurs dans le réseau très actif des médiathèques. La carte blanche offerte à Lydie Salvayre constitue également un temps fort de la manifestation.

Avec une sélection d’auteurs plutôt alléchante…

Lydie invite effectivement des écrivains appartenant à la grande tradition littéraire dont la venue tient sur le facteur confiance comme Jêrôme Ferrari, le rejeton des éditions de Minuit Eric Chevillard ou encore Antoine Volodine et ses hétéronymes qui ne se déplacent nulle part.

La qualité de la proposition littéraire est un facteur de succès important, comment travaillez-vous pour équilibrer les enjeux politique, économique tout en maintenant l’attractivité ?

Tout commence par le choix du pays. A partir de là nous avons entre 30 et 40 écrivains à inviter avec l’appui des éditeurs qui nous font connaître les auteurs de qualité et l’expertise des libraires qui s’opère sur deux critères, à la fois le choix littéraire et les ventes. Nous prenons également en compte la dimension collective, celle de porter au mieux le livre et ses acteurs dans l’espace public.

On aboutit ainsi à une liste diversifiée où se retrouvent des écrivains qui concernent un large lectorat des auteurs reconnus, et des auteurs au potentiel prometteur à découvrir. La Comédie du livre a aussi une vocation de défrichage. Le goût du public s’affirme en rapport avec les propositions qui sont faites.

L’année dernière sur la thématique des littératures nordiques, Katja Kettu, quasiment inconnue, a réalisé de très belles ventes. Pour aller dans ce sens, les participants aux rencontres pourront aussi acheter les ouvrages sur les lieux même des débats et dans les médiathèques.

L’Espagne et le Portugal partagent une histoire marquée par des régimes totalitaires. Ces deux pays doivent aujourd’hui faire face à une crise économique et sociale aiguë. Cela transparait-il dans la littérature ?

Nous ne voulions pas d’un programme convenu pour éviter de retrouver les écrivains que l’on voit partout et ne pas répéter l’édition hispanique de 2009. Les 35 auteurs invités permettront cette année de découvrir les nouvelles générations. Leurs aînés étaient en contact direct avec les événements tragiques tout au long du XXème siècle. Ils avaient pour habitude d’affronter le sujet frontalement comme l’a fait à sa manière Manuel Rivas. Avec les générations suivantes et particulièrement les plus jeunes, si l’on retrouve bien des traces vivaces des dictatures et de la répression politique, les stratégie littéraires et narratives ne sont plus les mêmes.

Dans Plus jamais ça Andrés Trapiello fait appel à la résurgence de la mémoire. Il est question de la souffrance des descendants. Avec Encore un fichu roman sur la guerre d’Espagne Issac Rosa, interroge la façon dont un écrivain se saisit de l’Histoire… Dans Quatre par quatre Sara Mesa questionne à la fois le passé le présent et l’avenir de son pays et de l’Europe en utilisant la stratégie de la fable. Des thèmes transversaux se dégagent, l’enferment comme dans le conte d’Ivan Repila Le puits, mais aussi le voyage comme dans La mort du père, de José Luis Peixoto qui signe un grand roman de l’immigration portugaise en France. Voyage encore, avec l’ouverture sur des fictions exotiques comme celles de Pedro Rosa dans Pension des mondes perdus.

Comment se porte le marché du livre espagnol et portugais. En quoi se distingue-t-il du marché français ?

Le marché du livre portugais est aux mains de l’Espagne qui dispose de très grands groupes d’édition bien implantés en France. Planeta a d’ailleurs pris le contrôle du groupe français Editis (Plon, Presses de la Cité, la découverte, Robert Lafont, Bordas…). C’est le second groupe d’édition en France derrière Hachette et le 7e au niveau mondial. Si la diversité des publications reste assez grande, elle est différente du paysage français qui se distingue par le nombre de ses éditeurs et son réseau de librairies indépendantes. La puissance des gros éditeurs espagnols également bien implantés en Amérique Latine a pour incidence de privilégier l’exportation des livres espagnols en France où l’on trouve assez peu de traduction d’auteurs portugais qui passent souvent par le filtre de la langue castillane.

Quel avenir pour la Comédie du livre après 30 ans ?

La Comédie du livre n’est pas rentable mais reste absolument indispensable. Elle permet de rendre visible dans l’espace public, les livres, les librairies, les auteurs, les maisons d’édition. La crise que traverse le secteur est liée à la conjugaison de la baisse du pouvoir d’achat à celle des pratiques de lecture, à la baisse des achats de livre et à l’émergence de groupes comme Amazon. La Comédie du livre se maintient au plus près des acteurs de la chaîne du livre. Elle doit porter ses efforts sur l’accès à la lecture et l’éveil à la lecture dès le plus jeune âge.

Propos recueillis par Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 28/05/2015

Voir aussi : rubrique Edition, rubrique Lecture, rubrique Littérature, Les grands auteurs classiques ibériques, Littérature Espagnol,  rubrique Livres, rubrique Montpellier, rubrique Portugal, Pessoa et les mystères de la création, rubrique Politique culturelle, La comédie du livre vers un avenir métropolitain,