Opéra Berlioz. Élégance d’un songe ouvert sur le monde

Photo Marc Ginot

Photo Marc Ginot

Sous la baguette magique de Michael Schonwandt, l’Orchestre de Montpellier célèbre et renouvelle Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare avec le concours du captivant  récitant William Nadylam et de la talentueuse vidéaste Juliette Deschamps.

S’il est un dramaturge célébré en musique c’est bien Shakespeare. Au XVIe siècle déjà, ses pièces faisaient la part belle à la musique, qui était partie intégrante de la représentation. Verdi composa quatre opéras inspirés du dramaturge, dont Macbeth, Otello et Falstaff. L’histoire de Roméo et Juliette inspira plusieurs compositeurs romantiques, comme Gounod qui en tira un opéra, Tchaïkovski qui composa une ouverture, ou Prokofiev.  La pièce Le Songe d’une nuit d’été, où se mêlent des elfes et des fées, a donné lieu au semi-opéra de Purcell The Fairy Queen ainsi qu’ à une ouverture que compose Mendelssohn à l’âge de dix-sept ans. œuvre étonnamment mûre, dont l’équilibre, la fraîcheur, et l’imagination ne cessent d’étonner.

Dans le cadre du 400ème anniversaire de la disparition de William Shakespeare, la carte blanche offerte au directeur musical de l’Opéra national de Bordeaux, le chef britannique Paul Daniel, se combine sur scène avec la création d’une performance vidéo de la réalisatrice française Juliette Deschamps. Il était probable que cette démarche rencontre l’esprit d’ouverture qui anime la directrice de l’Opéra Orchestre national de Montpellier, Valérie Chevalier dont les choix artistiques budgétairement contraints, promeuvent le dépoussiérage du répertoire et l’innovation qui a du sens. C’est ainsi que les Montpelliérains et les Alésiens ont pu apprécier ce week-end l’adaptation de l’œuvre de Mendelssohn en images, en conte et en musique interprétée par l’OONM sous la direction de Michael Schonwandt avec le Chœur de l’Orchestre et celui  de l’Opéra junior.

 Le potentiel ravivé de l’œuvre

Dix-sept ans après son ouverture, en 1843, alors que Mendelssohn est un musicien très en vue en Europe, il reprend sa partition de jeunesse et l’augmente de douze numéros pour deux voix de femmes, choeur et orchestre à la  demande de Frédéric-Guillaume IV de Prusse. C’est cette version du Songe qu’il a été donné d’entendre avec les passages, chantés (interprétés par la soprano Capucine Daumas et la mezzo-soprano Alice Ferrière) qui se glissent dans le texte même de la féerie de Shakespeare.

Le processus d’écriture de l’œuvre offre de multiples possibilités combinatoires parfaitement adaptées et exploitées par l’acteur William Nadylam. Dans le rôle du narrateur, il donne une pleine mesure de ses qualités acquises auprès de Peter Brook. Il en va de même du travail de Juliette Deschamps qui mixe en direct les images vidéo qu’elle a tourné en Angola, renouant avec la dimension universelle de l’œuvre et son envoûtante mise en abîme. Ces trésors de poésie, de tendresse, et de goguenardise, nous sont restitués dans une version narrative totalement contemporaine.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 08/11/2016

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Concert Inaugural. Ravissement sur les ondes de Radio France

Le public conquis par le concert inaugural  Crédit Photo Marc Ginot

Le public du Corum conquis par le concert inaugural Crédit Photo Marc Ginot

Depuis lundi les auditeurs du Festival ne savent plus où donner de l’oreille. De l’electro avec Tohu Bohu  à la programmation jazz du domaine D’O en passant par les concerts symphoniques, les récitals et les  Rencontres Pétrarque de France-Culture Montpellier et la Région célèbrent la richesse et la diversité de la programmation .

Double ouverture du festival au Corum lundi avec une dimension découverte à travers le récital de Béatrice Rana et une création symphonique composée pour ciel étoilé intitulé Les mille et une nuits sous la baguette de Michael Schonwandt dirigeant l’Orchestre national de Montpellier accompagné par Karine Deshayes et Lambert Wilson dans le rôle de récitant.

Forte de ses 23 ans, la pianiste Beatrice Rana débute le festival avec les Variations Goldberg élaborées par Jean-Sébastien Bach en 1741.  Dès 18h, la grande salle Berlioz du Corum est quasiment pleine. Consacrée sur la scène internationale la jeune pianiste émergente s’attaque pour la première fois aux parcours redoutable des trente variations avec une tonicité régénérante. La technique parfaite de Béatrice Rana  vient à bout des vertigineux croisements de mains qu’exigent l’interprétation composée à l’origine pour un clavecin à deux claviers. La pianiste italienne fait preuve d’une impressionnante maîtrise  de l’oeuvre. Répondant aux nombreuses superpositions de formes, d’harmonies, et de rythmes. Mais la technique prend le dessus sur l’interprétation et la rigueur d’exécution s’exerce au détriment de la dimension spirituelle.  Béatrice Rana offre cependant la démonstration d’une précoce maturité annonçant l’aube d’une brillante carrière.

Sous le signe de l’Orient

Le concert de 21h, Les Mille et une nuits, suit le fil naturel de la thématique  de cette 32e édition,  Le Voyage d’Orient proposé par Jean-Pierre Rousseau. Il s’agit moins de piocher au rayon exotique, où s’entassent les centaines de compositeurs européens de Mozart à Berlioz en passant par Debussy, Schönberg et Szymanowski… ayant cédé à cet appel pour modifier leur rapport au monde, que de considérer la musique comme un vecteur d’altérité qui élude la question des différences, religieuses, sociales et culturelle.

L’adaptation musicale des Mille et une nuits proposée en guise de grand concert d’ouverture a répondu joliment à cette volonté en associant, sur le modèle de Maurice Ravel, poèmes, voix et orchestre. L’orchestre national de Montpellier dirigé par Michael Schonwandt et leurs deux invités, la mezzo soprano Karine Deshayes, et l’acteur et comédien Lambert Wilson, ont interprété des extraits de la Shéhérazade de Maurice Ravel de celle de Rimski-Korsakov et d’Aladin composé par Carl Nielsen pour la pièce d’Adam Oehlenscläger.

L’ensemble s’affirme avec cohérence et respiration en résonance avec l’esprit d’ouverture du festival. Il  éveille aussi la curiosité et capte l’attention comme  le mouvement de Nielsen La place du marché où l’Orchestre se sépare pour occuper différents espaces de la salle et rendre compte de l’ambiance populaire du marché.

L’idée des Mille et une nuits était heureuse, elle s’est révélée captivante. Shéhérazade a encore de beaux jours devant elle, si elle occupe nos soirées de la sorte.

JMDH

Source : La Marseillaise 14/07/2016

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Attendue, la 31e édition du Festival Radio-France se tourne vers l’Orient

Tugan Sokhiev et l'Orchestre National du Capitole de Toulouse

Le Festival de Radio-France qui se tiendra du 11 au 26 juillet prochain s’élargit progressivement à la grande Région. Son Directeur Jean-Pierre Rousseau en a reçu l’assurance.

 

Le Festival de Radio France qui fêtait l’an dernier sa 30e édition avec incertitudes envisage désormais l’avenir de manière plus sereine. Jean-Pierre Rousseau son nouveau directeur, travail depuis deux ans sur le socle du festival en conservant son identité. Il a dévoilé vendredi 4 mars l’alléchante programmation de la 31e édition sous le signe de l’Orient, en présence de la présidente de Région Carole Delga, de Philippe Saurel pour la Métropole, Renaud Calvat pour le département de l’Hérault et du PDG de Radio-France, Mathieu Gallet himself.

L’événement musical régional se voit ainsi confirmé dans sa double vocation. Celle de s’ancrer dans le paysage régional en faisant partager au plus grand nombre la richesse et la diversité musicale des radios de service public et celle de devenir un rendez vous incontournable des grands festivals d’Europe à travers la qualité et l’originalité de sa programmation.

 

Cohérence d’action

Le festival conserve les bases de sa fondation à Montpellier en s’appuyant sur les six colonnes robustes que sont l’Orchestre National Montpellier LR , l’Orchestre National de Toulouse, l’ONF, l’Orchestre philharmonique de Radio-France et le choeur et la Maîtrise de Radio France. La crainte d’un éparpillement lié à une décentralisation clientéliste semble écarté.

«La présence en Région n’est pas une obligation, a précisé Jean-Pierre Rousseau, mais elle demeure un objectif au coeur de notre préoccupation qui fait le succès populaire. A travers les concerts décentralisés dans la Métropole de Montpellier et la Région, le festival est à l’origine de rencontres miraculeuses avec des gens qui n’ont pas l’occasion d’assister à des concerts et s’y confrontent souvent pour la première fois.» 90% des 140 concerts donnés durant la manifestation sont gratuits.

«Le maillage de l’ensemble du territoire régional se fera progressivement», a indiqué Carole Delga. Accompagné de Michel Orier, le tout nouveau directeur de la musique et de la création culturelle, Mathieu Gallet voit dans cette 31 édition «un tournant». Il a assuré ses partenaires de son entier soutien : « Vous pourrez compter sur moi et la maison pour faire vivre et rayonner le festival.» Les 30e Rencontres de Pétrarque devraient revisiter les questions posées lors de la toute première édition a indiqué la directrice de France culture,  Sandrine Treiner : Existe-t-il une nouvelle religiosité ? La France quelle identité ?

Musique pour tous

Le domaine D’O accueillera le volet Jazz, ainsi qu’un Carmina Burana. Tohu Bohu campera sur le parvis de l’Hôtel de ville pour trois soirées electro. Et Fip amènera son savoir-faire pour la programmation Musiques du Monde. Côté classique et lyrique, le coup d’envoi sera donné le 11 juillet à 18h par la jeune et talentueuse pianiste Béatrice Rana qui interprétera les Variations Goldberg de Bach. Sous la direction de Michael Schonwandt, l’ONMLR assurera l’ouverture avec Mille et Une Nuits composé d’extraits de Aladin de Nielsen, Shéhérazade de Ravel et Rimski Korsakov avec Lambert Wilson, récitant, et la mezzo-soprano Karine Deshayes. L’Orient, inépuisable source d’inspiration des arts sera exploré avec des oeuvres comme l’Opéra d’Isabelle Aboulker Marco Polo et la princesse de Chine, Pagode de Debussy, le concerto Egyptien de Saint Saëns ou Ba-Ta-Clan d’Offenbach, à l’origine du nom de la salle parisienne.

Dans un contexte tendu cette édition propose une ouverture vers la paix et le plaisir des sens.

JMDH

Source La Marseillaise 06/03/2016

 

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Opéra Orchestre de Montpellier. Nouvelle saison, nouveau chef, nouvelles économies

Montpellier, France - The Opéra ComédieL’;Opéra Comédie de Montpellier .

2015/2016. La prochaine saison de l’Opéra Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon dévoilée par Valérie Chevalier se veut accessible à tous. La structure reste fragile et le budget contraint.

« La musique n’est-elle qu’une réjouissante « sucrerie » ou un besoin fondamental ?» Cette question posée par Philippe Saurel dans le programme de l’Opéra Orchestre semblait tendue en toile de fond de la présentation de la saison 2015/2016 qui s’est tenue cette semaine.

La réponse qui concerne l’avenir même de l’Orchestre national, n’est pas donnée dans le texte. Elle reste suspendue. Peut-être à l’analyse du président de l’association OONMLR, Didier Deschamps, qui fait dépendre les possibilités de navigation du grand vaisseau au « maintien de la participation financière des collectivités et au rôle des personnels et de leurs représentants. »

La crise de novembre dernier liée à un différend entre les partenaires institutionnels reste dans les mémoires. Elle avait conduit la structure au bord de la liquidation et noué son destin à un plan de restructuration actuellement en négociation. L’autre côté du miroir concerne le rôle de la Métropole en matière de compétence culturelle et les économies d’échelle réalisables dans le secteur avec la grande région LR/Midi-Pyrénées.

Ces considérations sont apparues au coeur des bouleversements qui ont traversé le monde culturel local. Comme si la qualité des hommes des programmes, des structures et la nature des clivages politiques perdaient raison d’être pour entrer dans une sphère d’incertitude. La problématique d’aménagement de la grande région pose certes un nouveau défi aux responsables des politiques publiques mais elle ne doit pas pour autant faire reculer le niveau d’exigence culturelle.

« La culture est un des piliers sur lesquels nous travaillons avec nos interlocuteurs en Midi-Pyrénées, a indiqué Philippe Saurel, Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l’Orchestre de Montpellier garde son statut national. » Sans les sacraliser, ce statut et les pratiques qui y contribuent, doivent en effet être défendus pour la simple raison qu’elles contribuent à l’intelligence collective nécessaire au développement social et économique.

Pour l’heure le budget 2015 se maintient à 21,7?M d’euros avec un budget artistique restreint contre 38 M d’euros pour l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Le nouveau chef Michael Schonwandt a reçu l’assurance que le périmètre de l’Orchestre permettrait de « faire la musique telle qu’elle a été écrite par les compositeurs » ce qui nécessite 90 musiciens pour les oeuvres programmées cette année…

Jean-Marie Dinh

Programme Lyrique symphonique 2015/2016

Les belles surprises de la nouvelle directrice Valérie Chevalier

La conférence de presse de mercredi matin a permis de voir les différences que souhaite imprimer Valérie Chevalier, la nouvelle directrice de l’Orchestre opéra national de Montpellier, a la programmation des deux maisons. Les différents types d’œuvres sont respectés, opéra, symphonique, musique de chambre, musique baroque, musique contemporaine, mais la volonté d’ouvrir la découverte à tous est manifeste.

La saison lyrique s’ouvre avec un opéra de Massenet rarement joué, Chérubin, suite du Mariage de Figaro, c’est un Chérubin qui coure après toutes les femmes sur une musique ravissante du compositeur. Puis une soirée double avec L’Hirondelle inattendue de Simon Laks (1901-1983) et L’enfant et les sortilèges de Ravel, une soirée pour les petits et les grands. Ensuite en février un des grands opéras de Puccini Turandot avec deux grandes voix dans les deux personnages principaux, Rudy Park et Katrin Kapplusch. Après la tragédie, c’est Offenbach qui prendra la suite du programme avec un opéra comique délirant Geneviève de Brabant mis en scène par Carlos Wagner qui avait mis en scène à Montpellier Salomé. Pour terminer la partie lyrique c’est une soirée double avec un court opéra de Kurt Weill Royal Palace, et un des opéras de poche du triptyque de Giacomo Puccini Il tabaro.

Les concerts symphoniques vont parcourir l’ensemble du répertoire, de Haendel aux compositeurs contemporains. On pourra entendre entre autres Les planètes de Gustav Holst en partenariat avec le planetarium. On trouvera également deux soirées consacrées à Rossini avec Patrizia Cioffi et Marie Nicole Lemieux.

L’orchestre sera dirigé par de grands chefs, que ce soit le nouveau chef principal Michael Schonwandt ou Laurence Equilbey avec son chœur Accentus, mais aussi de jeunes dont le nouveau chef assistant David Niemann. Cette année les divers concerts porteront des titres qu’ils soient symphoniques ou de musique de chambre.

Les concerts de musique de chambre débutent par un week-end consacré à la pianiste Vanesa Wagner, Ensuite les divers concerts seront principalement donnés le samedi à 17h. Pour les concerts baroques on retrouvera l’Ensemble les Ombres en résidence à Montpellier ou les Arie antiche répertoire redouté de tous les jeunes chanteurs donnés par la grande Nathalie Stutzmann et son ensemble Orfeo.

Alain Breton

Certains concerts raccourcis à 1 heure seront donnés le jeudi à 19h.

Source : La Marseillaise 06/06/2015

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