Le drame de la pauvreté des enfants

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La solidarité n’est pas un vain mot pour la grande majorité des Français : chaque année la collecte des banques alimentaires est favorablement accueillie, et les Restos du cœur font partie des causes favorites de nos concitoyens. Mais, en même temps, la proportion de ceux d’entre eux qui émettent des réserves à l’égard du revenu de solidarité active (RSA) tend à augmenter. Parce qu’ils estiment que l’aide sociale incite les personnes en situation de pauvreté à tendre la main plutôt qu’à la mettre à la pâte. Derrière la dénonciation de « l’assistanat », il y a l’idée que, si les pauvres sont pauvres, c’est un peu – voire beaucoup – de leur faute.

Les enfants pauvres, des victimes désignées

Supposons un instant que ce soit le cas. Cette accusation ne peut viser que les parents, pas les enfants. Ceux-ci n’ont pas choisi leurs parents, et quand ils viennent au monde, puis grandissent, ils ne portent aucune responsabilité dans la pauvreté qui est celle de leur foyer. La plupart du temps, naître dans une famille pauvre implique par la suite de grandir dans une famille pauvre, car sortir de la pauvreté est relativement assez peu fréquent (en 2015, selon Eurostat, plus des deux tiers des personnes en situation de pauvreté de France l’ont été au moins trois ans durant les quatre années précédentes).

Un peu comme pour l’alcoolisme, lorsque les parents sont pauvres, les enfants trinquent

Les 2,8 millions de jeunes mineurs ou d’enfants vivant dans des familles pauvres se trouvent majoritairement (51 %) dans des familles où au moins un adulte travaille. Mais le plus souvent pas assez (temps partiel), temporairement (intérim, CDD, contrat aidé) ou avec un revenu d’activité trop faible pour assurer aux membres de la famille un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté. Le problème est que la pauvreté, dès lors, risque fort de se transmettre en quelque sorte par héritage culturel. Un peu comme pour l’alcoolisme, lorsque les parents sont pauvres, les enfants trinquent. Car grandir dans une famille pauvre multiplie sensiblement la probabilité d’échec scolaire : dans un quart des cas, les jeunes issus d’une famille dont les parents sont sans diplôme sortent eux-mêmes de l’école en situation d’échec1. Les raisons en sont multiples : logement, faiblesse des revenus, faiblesse du niveau scolaire de la famille, absence d’information sur l’orientation, etc.

L’échec scolaire, facteur de chômage et d’exclusion

Cette absence de diplôme est de plus en plus un obstacle pour trouver un emploi durable, parce que les emplois accessibles sans diplôme soit se raréfient (un million d’entre eux a disparu entre 2008 et 2015 alors que les emplois accessibles aux seuls diplômés – cadres, professions intellectuelles ou professions intermédiaires – progressaient dans le même temps de 800 000), soit sont de mauvaise qualité (emplois temporaires ou à temps partiel contraint).

Comme une destinée, la pauvreté se transmet largement des parents aux enfants devenus adultes, par le lien de l’échec scolaire puis du marché du travail

Selon le bilan emploi-formation de l’Insee, en 2015, pour les jeunes sortis de l’école sans diplôme depuis 5 à 10 ans – un laps de temps qui permet de s’intéresser aux évolutions longues, et non pas aux situations conjoncturelles –, 47 % sont en emploi (dont 16 % à temps partiel subi), 23 % au chômage2, et 30 % inactifs, alors que, dans l’ensemble de la population des 25-49 ans qui disposent d’un diplôme, ces proportions sont respectivement de 84 % (emploi), 8 % (chômage) et 8 % (inactivité). Les jeunes non-diplômés qui ne trouvent pas d’emploi glissent peu à peu dans l’inactivité en prenant de l’âge, vivant alors de l’aide sociale ou de la « débrouille ». Bref, comme une destinée, la pauvreté se transmet largement des parents aux enfants devenus adultes, par le lien de l’échec scolaire puis du marché du travail.

L’égalité des chances mise à mal

En d’autres termes, pour les enfants ou jeunes mineurs vivant dans une famille pauvre, la pauvreté risque fort de devenir un héritage. La Déclaration des droits de l’homme proclame que nous naissons libres et égaux. Mais elle n’ajoute pas que, très vite, les nuages s’amoncellent sur ceux des enfants qui naissent dans une famille pauvre et qui deviennent de ce fait de moins en moins égaux aux autres.

En France, 16 % des jeunes de 15 à 34 ans ne sont ni à l’école, ni en emploi, ni en formation, contre 8 % en Suède

Puisque l’égalité des chances est mise à mal, le devoir de la société est de tout faire pour réduire cette inégalité qui risque d’aller en s’accroissant : logement décent, crèche accessible, soutien scolaire, participation des parents, orientation… La France est le pays qui dépense le plus dans le monde pour sa protection sociale (33 % du produit intérieur brut, qui mesure la richesse produite par les travailleurs). Elle devrait donc être celui dans lequel la lutte contre la pauvreté est la plus efficace. Ce n’est pas le cas : 16 % des jeunes de 15 à 34 ans ne sont ni à l’école, ni en emploi, ni en formation3, contre 8 % en Suède. Sur ce terrain, nous occupons la seizième place sur 28 au sein de l’Union européenne. Au Danemark, où la fréquence des familles monoparentales est à peu près de même importance qu’en France, le taux de pauvreté de ces familles est de 19 % contre 35 % en France. En Finlande, pays dont les habitants ont un niveau de vie moyen inférieur au nôtre, l’école permet quasiment à tous de réussir, alors qu’en France 15 % des jeunes en sortent sans rien.

Petite éclaircie en vue

Le nouveau gouvernement a fortement réduit le nombre d’enfants par classe dans les écoles primaires des zones d’éducation prioritaire et mit l’accent sur le soutien scolaire aux élèves en difficulté. C’est un pas en avant bienvenu. En outre, un nouveau délégué interministériel, Olivier Noblecourt, vient d’être nommé, avec comme objectif de veiller à la stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes. Un deuxième pas en avant important, car ce nouveau délégué a fait ses preuves dans ce domaine à Grenoble. Mais, sur le plan budgétaire, l’effort principal du gouvernement consiste à gâter les riches à la fois pour qu’ils investissent et pour que leur réussite incite d’autres à se lancer dans l’innovation et la croissance. Ce faisant, il met les pauvres et leurs enfants à l’arrière-plan, alors qu’ils sont pourtant, eux aussi, sources de richesse potentielle… à la condition qu’ils disposent des atouts nécessaires.

Ne pas mettre en œuvre tout ce qui est possible pour que les enfants pauvres sortent par le haut de la nasse dans laquelle ils se trouvent, ne serait ni juste, ni intelligent. Emile Durkheim, le fondateur de la sociologie moderne, nous donne la clé de ces choix implicites. En 1893, il écrivait : « (…) Pour que les hommes se reconnaissent et se garantissent mutuellement des droits, il faut d’abord (…) que, pour une raison quelconque, ils tiennent les uns aux autres et à une même société dont ils fassent partie4. » Au fond, l’explication de ce peu d’intérêt porté jusqu’ici aux enfants pauvres s’explique sans doute parce qu’une partie de notre société ne tient pas aux pauvres, perçus comme des profiteurs et des fainéants. Olivier Noblecourt pourra-t-il changer cette donne ? On le souhaite de tout cœur, mais il aura vraiment fort à faire…

  • 1. Voir la récente publication de l’Insee, France, Portrait social, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3197289. Le lien entre niveau de formation et pauvreté est fort : moitié des plus de 15 ans en situation de pauvreté sont dépourvus de tout diplôme (excepté le brevet des Collèges).
  • 2. Ce qui représente donc un taux de chômage de 33 % puisque ce dernier se calcule en rapportant les chômeurs aux seuls actifs (chômeurs + en emploi), soit ici : 0,23/(0,47+0,23).
  • 3. Ce qu’on appelle les « NEET » d’après les termes anglais (not in education,, employment and trading).
  • 4. Dans De la division du travail social, PUF, 1991, page 90.

Denis Clerc Fondateur d’Alternatives Economiques

Source Alter Eco 01/12/2017

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Politique, Politique de l’Education, rubrique Société,Citoyenneté, Pauvreté, rubrique EducationComment élever son fils pour qu’il ne devienne pas sexiste, Justice, rubrique Politique, Politique économique, rubrique International; Inde. Les enfants sont voués à mourir,

 » What Were You Wearing ?  » : l’expo qui brise les préjugés sur le viol

Stop aux préjugés ! © GettyImages

Stop aux préjugés ! © GettyImages

L’université du Kansas aux Etats-Unis a organisé une exposition pour prouver que la tenue vestimentaire qu’on porte n’a rien à voir avec les agressions sexuelles…

Tu étais habillée comment ? ». Voilà une question bien trop souvent posée aux victimes d’agressions sexuelles. Et pour mettre fin aux préjugés sur le viol, l’université du Kansas a créé l’exposition What Were You Wearing ? (en Français, « Que portais-tu ? »). L’expo présente 18 histoires de violences sexuelles, accompagnées des vêtements que portait chaque victime au moment de l’agression. Parmi les tenues, on retrouve un t-shirt XXL, une robe rouge, un t-shirt avec un jean ou encore un polo d’homme.

Sous chaque vêtement on peut lire les commentaires poignants des personnes agressées.Jen Brockman, directrice du centre de prévention et de sensibilisation aux violences sexuelles de l’université américaine, est à l’origine de ce projet. « Les visiteurs peuvent se mettre à la place de l’autre, aussi bien devant les tenues que devant les récits.

Le but est d’arriver à ce qu’ils se disent : « Eh ! J’ai la même tenue dans mon placard » ou « J’étais habillée comme ça cette semaine ». Nous tentons ainsi de supprimer la croyance selon laquelle il suffit d’éviter de porter certaines tenues pour être sûre de n’avoir aucun problème, ou que l’on peut faire disparaître les violences sexuelles en changeant la manière de s’habiller », a-t-elle expliqué au Huffpost.

L’exposition a déjà été présentée dans d’autres universités, comme celle de l’Arkansas et de l’Iowa.

Source Glamour 20/09/2017

« Dossier Tabou » M6 :

En France, pour beaucoup, le lien entre tenue vestimentaire et viol est bien réel

_dossier_tabou____pour_beaucoup__le_lien_entre_tenue_vestimentaire_et_viol_est_bien_r__el_8175_north_647x_whiteVoir un extrait

Dimanche 1er octobre, M6 a diffusé « Dossier Tabou », un documentaire qui s’intéresse à la culture du viol et aux agressions sexuelles faites aux femmes. Et certains témoignages sont édifiants.

 

Très souvent, l’une des premières questions qui viennent à l’esprit lorsqu’une femme se fait agresser est de savoir comme cette dernière était habillée. Dans Dossier Tabou, un reportage diffusé ce soir sur M6 à 21 heures, quatre jeunes femmes ont réalisé une expérience prouvant à quel point ce soi-disant lien existe pour de (trop) nombreuse personnes. Pour ce faire, chacune des quatre fille s’est habillée d’une manière particulière et tient une pancarte sur laquelle on peut lire « Ma tenue justifie-t-elle que je me fasse agresser ?« 

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les réactions de certains passant sont sidérantes : « Y’a que des femmes comme vous qui se font violer« , « Je l’agresserais bien« , « C’est à cause de femmes comme ça qu’il y a des viols, regardez comment elle est habillée« … Certains hommes témoins de la scène pensent, en effet, que l’une d’entre elles, qui porte un crop top, cherche les problèmes en s’habillant ainsi. Choquées par ces propos, certaines femmes présentes également, insistent sur le fait que ce sont les hommes qui doivent se contrôler, tandis que d’autres pensent qu’ils n’ont pas tout à fait tord.

Un documentaire alarmant qui fait écho à l’exposition « Tu étais habillée comment ? » lancée par l’université du Kansas et visant à mettre fin aux préjugés sur le viol. Au travers de 18 témoignages poignants, l’école à tenté de démonter cette idée selon laquelle il existe un lien entre tenue vestimentaire et agression sexuelle.

GV

Source Glamour 01/10/2017

DLE7aLSWAAAI6h5Voir aussi : Actualité France, Actualité Internationale, Rubrique SociétéDroit des femmesViolences obstétricales et gynécologiques, Citoyenneté, Religion, Politique, Société civile, Politique de l’éducation, rubrique  Education,

Inde. Les enfants sont voués à mourir

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La mort atroce de 85 enfants à l’hôpital universitaire Baba Raghav Das, à Gorakhpur dans le nord-ouest du pays], reflète avec justesse ce que nous sommes devenus : une nation dépourvue de tout pragmatisme, de toute décence et de toute compassion. Car il faut cumuler plusieurs manquements politiques et administratifs pour que des enfants meurent privés d’oxygène. Il faudra trouver les personnes responsables. Mais ce drame est aussi le procès de notre indépendance, de ce que nous en avons fait, du genre de population que nous sommes devenus et de l’échelle des valeurs sur laquelle nous nous plaçons.

Cet épisode nous plonge dans l’abattement, car il nous rappelle que les enfants pauvres de notre république sont en partie voués à mourir à cause de nos choix. Les enfants sont voués à mourir, car dans cette république nos priorités ne sont pas les bonnes.

La crise du système de santé indien n’est un secret pour personne. Et malgré tout, elle ne suscite aucune colère dans l’opinion publique, ne mobilise pas notre intelligence collective et n’émeut pas nos consciences. Les enfants sont voués à mourir, car, même face au tragique, nous trouvons toujours une excuse pour ressasser de fausses querelles. Le deuil n’a pas sa place en Inde, où la récrimination est reine. Personne ne s’attarde sur ce qui a été perdu. Personne ne consacre un seul instant au vide béant que laissent ces disparitions.

Au contraire, ce vide sera immédiatement comblé par le cocktail habituel – revendications, clivages, distractions – qui a précisément mené à la tragédie.Les enfants sont voués à mourir en Inde, car régler des comptes ancestraux et entretenir les rancœurs épuise nos ressources sociales, politiques et affectives.

La véritable individualité de nos citoyens, les enfants qui ont un avenir, les parents pleins d’espoir, tout cela est éclipsé par des batailles plus abstraites et meurtrières qui opposent divers groupes et clans. Le poids mort d’une vie politique prise au piège du passé voile les souffrances du présent.

Les enfants sont voués à mourir, car les structures incarnant la réalité sont anéanties. Au lieu de nous permettre de comprendre pleinement notre contexte, elles dissimulent tématiquement la réalité. Elles assouvissent notre appétit pour les faux combats qui mêlent le bruit et la fureur, mais dont l’unique effet est d’isoler les citoyens les uns des autres.

Les enfants sont voués à mourir, car, en Inde, le mal reste structurel. Ce mal sournois est profondément ancré dans la structure des privilèges, il marginalise les pauvres et les rend invisibles, au point que nous pouvons pour suivre notre vie confortablement, en toute innocence. La réalité brutale de la violence économique tourne en dérision nos platitudes constitutionnelles sur la liberté et l’égalité.

Les enfants sont voués à mourir, car l’Inde excelle dès qu’il s’agit de manifester et d’intervenir épisodiquement. Pour une mission ponctuelle, si c’est une exception, rien n’est trop ambitieux pour ce pays. Mais l’Inde est incapable d’institutionnaliser des mécanismes quotidiens au sein de l’État. Elle est incapable de mettre en œuvre de petits actes de coopération. Il y a aussi en Inde une banalité du mal. Le mal est tenace, car il est le résultat de petits dysfonctionnements accumulés.

Les enfants sont voués à mourir, car la force du symbolisme et du prestige prend encore le pas sur le factuel et le scientifique. Pour éradiquer tous les cas d’encéphalite [qui est la maladie la plus répandue dans la région] à Gorakhpur, un énième institut de recherche dysfonctionnel sera créé, au lieu de mobiliser les connaissances existantes.

Les enfants sont voués à mourir, car la population n’est pas soudée, il n’y a qu’un long défilé de prestataires, de bureaucrates et de techniciens qui tentent d’intervenir dans des contextes où il n’existe pas de communauté locale : Gorakhpur n’est pas un espace partagé et ne désigne pas un groupe maîtrisant plus ou moins son destin. En un sens, l’indépendance nous a condamnés non à la liberté, mais à une fatalité d’autant plus accablante, d’autant plus insidieuse qu’elle porte le vernis de la légitimité démocratique.

Sur notre échelle des valeurs, le savoir s’incline devant le déni, la connaissance de soi capitule devant la piété et l’arrogance négligentes, le détachement laisse place au péché véniel, la liberté d’esprit est remplacée par la conformité et, surtout, la compassion plie face au mépris. Si nous nous regardons dans le miroir de Gorakhpur pour déterminer qui nous sommes devenus, le reflet n’est pas beau à voir. Mais même si nous laissons le passé dans le passé et que nous nous tournons vers l’avenir, la réponse n’est pas plus réconfortante. Il est très probable qu’au cours des prochains mois, les préparatifs politiques et judiciaires liés à la construction d’un temple en l’honneur du dieu Rama s’intensifieront.

Il est improbable que ce soit un monument dédié à la karuna – la compassion. Ce sera plutôt un monument consacré à notre narcissisme collectif, à notre envie de batailler et de diviser. C’est un fol espoir, mais il serait réellement extraordinaire, après la tragédie de Gorakhpur, qu’un hôpital et non un temple soit construit à Ayodhya (une revendication des nationalistes hindous proches du Premier ministre, Narendra Modi). C’est un fol espoir que ce site parvienne à symboliser notre capacité à surmonter tout ce qui nous freine : la distraction, les divisions et la dissimulation qui entravent la dignité.

L’Inde a 70 ans. C’est une jeune nation. Mais chaque minute compte, car elle vieillit rapide ment. Peut-être sera-t-il bientôt “trop tard”. Martin Luther King a écrit : “Nous devons admettre que demain est aujourd’hui. Nous sommes confrontés à l’urgence implacable du présent. Face à l’énigme perpétuelle que sont la vie et l’histoire, on peut arriver ‘trop tard’ sur les os blanchis et les vestiges amoncelés de nombreuses civilisations, on trouve souvent ces mots pathétiques : ‘trop tard’. ” Après le drame de Gorakhpur, une question se pose : à 70 ans, est-il trop tard pour que l’Inde retrouve non pas une gloire artificielle, mais simplement son humanité ?

Pratap Bhanu Mehta

Source The Indian Express Bombay  15/08/2017<
traduction Courrier International 24 août 2017.

>Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Asie, Inde, rubrique Société, Santé, Justice, rubrique Politique, Politique économique, On Line 34 enfants meurent en deux jours dans un hôpital,

 

Tunisie: le mariage des femmes avec des non-musulmans n’est plus interdit

 Un mariage collectif célébré à Tunis en septembre 2012. © Zoubeir Suissi / Reuters


Un mariage collectif célébré à Tunis en septembre 2012. © Zoubeir Suissi / Reuters

Les Tunisiennes de confession musulmane pourront désormais se marier dans leur pays avec des non-musulmans. Une circulaire ministérielle datant de 1973 empêchait cette union. Elle vient d’être abolie.

Le président Béji Caïd Essebsi l’avait demandé. Le gouvernement l’a fait. La circulaire de 1973 interdisant le mariage des Tunisiennes musulmanes avec des non-musulmans a été abolie.

Une campagne sur la question avait été menée depuis plusieurs mois par des organisations de la société civile, et une plainte a été déposée auprès du Tribunal administratif pour faire annuler le texte.
De nombreuses associations œuvrent depuis plusieurs années pour en finir avec les textes discriminatoires jugés «contraires à la Constitution» qui stipule l’égalité entre hommes et femmes.

Union sans conversion
Les Tunisiennes peuvent désormais choisir en toute liberté leur conjoint sans avoir à se livrer à une bataille juridique pour faire reconnaître leur mariage ou le contraindre à changer de religiion.
Les femmes épousant des non-musulmans devaient jusqu’ici fournir le certificat de conversion à l’islam de leur futur mari.

Et l’héritage ?
Dans un discours prononcé le jour de la «Fête de la femme» le 13 août, le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi avait lancé le débat sur le sujet délicat de l’égalité entre femmes et hommes en matière d’héritage, jugeant que la Tunisie se dirigeait inexorablement vers l’égalité «dans tous les domaines».

La Tunisie, considérée comme pionnière dans le monde arabe en matière de droits des femmes, applique la loi islamique concernant l’héritage. La femme hérite de la moitié de ce qui revient aux hommes.

Eléonore Abou Ez (avec AFP)

Source Géopolis 14/09/2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Méditerranée, Tunisie, Pas de lutte contre le terrorisme aux dépens des libertés, rubrique Politique, Société civile, rubrique Société, Citoyenneté, Droit des femmes,

Fela, une révolution fondée sur l’authenticité

" Music is the weapon of the future "

 » Music is the weapon of the future « 

Festival Sète
Si vous êtes passés à côté des grands festivals du début de l’été, calez vous sur le Théâtre de la Mer et Fiest’A Sète pour une traversée de la dernière chance. Du 2 au 7 août la musique vivante vient à vous.

Après une première semaine de concerts réjouissants et gratuits dans le Bassin de Thau, Fiest’A Sète pénètre dans les murs exceptionnels du Théâtre de la mer pour une série de cinq concerts excellents pour la circulation sanguine. Un tourbillon qui nous entraînera aux quatre coins de la planète.


Demain ambiance Cubassimo assurée par Eliades Ochoa comparse du célèbre Buena Vista Social Club et le talentueux pianiste Roberto Fonseca. Jeudi la soirée African Divas avec Fatoumata Diawara, Hindi Zahra et Oumou Sangare est sold out. Vendredi 4 août cap sur les Balkans avec le groupe stanbouliote à découvrir Baba Zula et la fanfare roumaine Ciocarlia. Le 5 août, on file vers l’Orient avec le chanteur et joueur de Oud inspiré du jazz Dahfer Youssef (Tunisie), et le retour de la grande interprète égyptienne Natacha Atlas. Prodigieuse conclusion aux sources du blues rural américain dimanche, accompagnée par la violoncelliste new-yorkaise Leyla McCalla et Eric Bibb, héritier du folk rural du sud américain qui rendra hommage à Lead Belly avec l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau.

Ce soir Tribute to Fela


On peut voir dans cette célébration des 20 ans de la mort de Fela une des lignes de force de Fiest’A Sète pas toujours très apparente pour le grand public fréquentant le festival. La force et l’émotion de la plus part des artistes invités, notamment africains, se puise dans un vécu social ou politique. Ce qui est manifeste dans le cas de Fela Kuti (1938-1997), musicien et homme politique engagé à travers sa musique et sa vie.

L’artiste nigérian,  qui compte parmi les pionniers de l’afrobeat, fut aussi un symbole de la rébellion. Il a dénoncé avec acharnement la trahison des idéaux indépendantistes, les systèmes politiques néo-patrimoniaux et l’autoritarisme des régimes africains.  Se présentant comme Africain avant de se dire Nigérian, Fela Kuti rejette les influences culturelles chrétiennes et musulmanes puis la colonisation qu’il perçoit comme des instruments de domination. 

Fela s’inscrit dans un courant radical du pan-africanisme. Il adopte un langage révolutionnaire inspiré des idéaux de Kwame Nkrumah, homme politique ghanéen qui contribua à l’obtention de l’indépendance du pays en 1957, une des premières en Afrique. Fela a incarné la contestation en dénonçant haut et fort toutes les failles du système politique nigèrian où les gouvernements successifs ont perpétué le système colonial d’appropriation des richesses par une élite.


Fela pense l’afrobeat comme une façon d’engager sa pratique artistique dans un courant émancipateur vis-à-vis de la domination occidentales. Lors d’un séjour aux Etats-Unis en 1969, le jeune musicien est confronté aux humiliations raciales que subit la populations noires. Il rencontre Sandra Smith, une membre des Black Panthers qui lui fait découvrir les écrits du militantisme noir radical dont ceux de Malcolm X.


Lors de cette soirée Tribute to Fela kuti sont invités l’afro américain Roy Ayers grand monsieur du jazz funky qui a gravé avec Fela Music of Many Colors et le fils  de Fela, Seun Kuti  qui jouait tout jeune au sein de l’orchestre paternel.  Ce qui augure d’une conjonction singulière qui synthétise éléments musicaux et revendications.

Fiest’A Sète demeure un festival à prescrire pour le retour aux sens des choses et le bien être moral dont tout le monde à grand besoin par les temps qui courent !

Jm & Alizé DINH

Réservation : 04 67 74 48 44

Source : La Marseillaise 1/08/2017

Voir aussi : Rubrique Afrique, Nigéria, rubrique Musique, Ethiopie Mahmoud Ahmed rubrique, RencontreSeun Kuti : Libre petit prince de l’AfrobeatMory Kanté, rubrique Festival,