Donald Trump prend le risque d’une nouvelle crise financière mondiale

 Manifestation contre la présence d'anciens hauts cadres de Goldman Sachs dans le gouvernement Trump. © AFP/ Drew Angerer


Manifestation contre la présence d’anciens hauts cadres de Goldman Sachs dans le gouvernement Trump. © AFP/ Drew Angerer

Alors que le monde se remet à peine de la crise financière de 2008, Donald Trump a décidé de démanteler les règles misent en place par Barack Obama pour réguler la finance. En détricotant la loi Dodd-Frank et les mesures imposées après la crise des subprimes, Donald Trump oublie les responsabilités écrasantes des banques américaines dans la faillite de 2008 et prend le risque d’un nouveau krach.

Le président Donald Trump a signé le 3 février 2017 deux décrets visant à revenir sur la loi Dodd-Frank adoptée en 2010 par le Congrès américain. Cette loi de 900 pages se voulait une réponse à la crise des subprimes, ces prêts immobiliers distribués à tout-va dans les années 2000 par les banques américaines. Une fois revendus dans le monde entier, ils furent à l’origine de la crise de 2008 qui a fait chanceler l’économie mondiale.

En 2009, Barack Obama arrive à la Maison Blanche alors que la plus grave crise financière depuis 1929 vient de frapper les Etats-Unis et s’étend au monde entier. Dans l’urgence, l’administration américaine élabore un ensemble de lois visant réformer le secteur financier, après la folle dérégulation des années Reagan.

Ces lois connues sous le nom de Dodd-Frank Act (2010) avaient pour objectif de sécuriser les banques, limiter les excès spéculatifs de Wall Street et mieux protéger les petits épargnants et les consommateurs américains contre les ventes abusives de crédits et de cartes bancaires.

Eviter une nouvelle crise financière
Cette loi Dodd Frank avait pour but d’éviter une nouvelle faillite bancaire à la Lehman Brothers, finalement payée par les contribuables américains et européens.
L’idée principale était de rendre les banques plus solides en leur imposant des niveaux de capitalisation plus élevés et en leur faisant passer régulièrement des tests de résistance.

Elle visait aussi à limiter les activités spéculatives des banques et éviter les situations de conflits d’intérêts comme en 2007, où certains établissements conseillaient à leurs clients d’acheter des produits financiers (les fameux subprimes) alors que dans le même temps ils spéculaient à la baisse sur ces mêmes produits.

Cette loi oblige également les compagnies cotées à la bourse américaine à publier toutes les sommes qu’elles versent aux gouvernements des pays producteurs de pétrole ou de gaz: taxes, royalties, droits de production, primes, etc. Cette disposition anti-corruption, qui imposait une meilleure transparence dans la délivrance et dans la gestion des concessions minières, vient d’être abrogée par le nouveau pouvoir américain.

Une décision ainsi justifiée par Gary Cohn, directeur du Conseil économique national à la Maison Blanche, ancien N°2 de Goldman Sachs: «Nous pouvons avoir, et aurons, une position dominante sur le marché mondial tant que nous ne nous mettrons pas nous-mêmes à l’écart, en raison de la réglementation.» En clair, selon M.Cohn, l’Amérique a des concurrents qui ne s’embarrassent pas de ces règles anti-corruption, alors pour rester compétitive, elle doit pouvoir faire de même.

Trump Adviser: Rollback of Dodd-Frank Will Free Up Capital for Small Businesses https://t.co/B7xuWvWg4M pic.twitter.com/MEmm3Nm1g1

— Stock Charting (@ChartistHil) 5 février 2017

Si la loi Dodd Franck a rendu le système bancaire américain plus solide en le contraignant à prendre moins de risques, les républicains lui reprochent sa trop forte réglementation. Dans un entretien au Wall Street Journal, Gary Cohn confirme que la nouvelle administration veut «déverrouiller ce système qui n’avait consisté qu’à entasser du capital».

Plus de risques
Donald Trump entend permettre un crédit plus facile aux entreprises américaines, avec des clients incités à prendre plus de risques. Au total, plus de crédit, plus de risques, moins de surveillance et moins de fonds propres bancaires.

Dans le même temps, le président américain remet en cause l’indépendance de la Réserve Fédérale et vise à la mettre au pas. Il va bientôt nommer trois gouverneurs (3 sièges vacants) qui répondront plus à ses vues et soutiendront le Congrès qui veut mettre la FED sous surveillance.

La Fed a deux objectifs principaux: maintenir l’inflation autour des 2% et surtout la stabilité et la solidité du système bancaire et financier. La crise de 2008 a mis à égalité ces deux objectifs. En fait, vouloir revoir la loi Dodd-Frank est le début d’une attaque contre présidente de la Fed Janet Yellen qui entend maintenir une politique de dollar fort (hausse des taux), alors que Trump veut lui faire baisser le dollar afin d’améliorer les marges des exportateurs américains de la vieille industrie.

La remise en cause de la FED et l’allégement de la réglementaition des banques ne sont pas sans danger. La crise financière de 2008 pourrait donc un jour se réécrire.

Michel Lachkar

Source : Géopolis 16/02/2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Finance, La plus grosse bulle financière de l’Histoire va bientôt exploser rubrique Politique, Politique économique, rubrique Etats-Unis,

CETA : ces mesures qui vont s’appliquer après le feu vert du Parlement européen

 Manifestation contre le CETA devant le parlement européen de Strasbourg mercredi 15 février. Manifestation contre le CETA devant le parlement européen de Strasbourg mercredi 15 février. FREDERICK FLORIN / AFP

Manifestation contre le CETA devant le parlement européen de Strasbourg mercredi 15 février. FREDERICK FLORIN / AFP

Les députés européens ont approuvé mercredi l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada. Au tour des Etats membres de se prononcer, mais des dispositions entreront en vigueur en avril.

Après avoir franchi l’obstacle wallon à l’automne 2016, l’accord commercial CETA a passé un test décisif, mercredi 15 février au Parlement européen. La majorité des eurodéputés a ratifié ce traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Il ne fait guère de doute que le vote définitif du Parlement canadien, prévu dans les prochaines semaines, sera positif.

Le CETA en vigueur dès avril

Pour être pleinement validé, le CETA devra encore recevoir le feu vert des trente-huit parlements nationaux et régionaux de l’Union européenne (dont l’Assemblée et le Sénat en France), car certaines dispositions de l’accord empiètent sur les compétences des Etats européens.

Mais comme le processus risque d’être très long, l’Union européenne a la possibilité de commencer à appliquer, en attendant, toutes les dispositions de l’accord qui relèvent uniquement de sa compétence – c’est-à-dire 95 % du CETA.

En vertu de l’article 30.7, cette entrée en vigueur provisoire peut intervenir dès le mois suivant la ratification par le Parlement européen et le Parlement canadien – c’est-à-dire au mois d’avril.

Ce s’appliquera dès avril

Voici quelques exemples des dispositions applicables immédiatement :

Ce qui ne peut pas s’appliquer tout de suite

Un certain nombre de chapitres du CETA ne pourront s’appliquer qu’au terme de sa ratification définitive par les trente-huit Parlements européens :

  • le très décrié mécanisme d’arbitrage ICS, issu d’une réforme des tribunaux privés ISDS, dont les détracteurs pensent qu’il pourrait permettre aux multinationales d’attaquer les législations sanitaires et environnementales des Etats,
  • Certaines dispositions liées aux services financiers et à la fiscalité,
  • Une disposition sur les sanctions pénales contre les personnes qui enregistrent des films au cinéma (déjà en place dans la plupart des pays européens),
  • Une disposition sur la transparence des procédures administratives.

Et la suite ?

A tout moment du processus de ratification, le vote négatif d’un seul Parlement national ou régional pourra :

  1. mettre un terme immédiat à l’application provisoire (et à toutes les dispositions déjà entrées en vigueur),
  2. saborder l’ensemble de la procédure et empêcher l’entrée en vigueur définitive du CETA.

Or, il est fort probable que les électeurs néerlandais exigent un référendum sur la question (il leur suffit de réunir 300 000 signatures sur une pétition), de même que les Autrichiens (qui ont déjà réuni près de 600 000 signatures).

La Cour de justice de l’Union européenne doit également se prononcer d’ici quelques mois (au plus tôt fin 2017) sur la compatibilité du mécanisme ICS avec les traités européens. Une décision négative pourrait empêcher l’application de ce chapitre crucial du CETA, voire, dans le cas le plus extrême, conduire à la réouverture des négociations du traité.

 

Voir aussi : Actualité Internationale Rubrique UE, Belgique, Rubrique Economie, Politique, Politique économique, Rubrique Société Réglementation du travail. Une attaque généralisée en Europe, On line, Tout comprendre au CETA, le « petit-cousin » du traité transatlantique , Accord CETA : « On ne peut pas nous dire “ce traité est parfait, vous avez le choix entre oui et oui” »

Israël: l’Iran et les colonies au menu de la première rencontre Trump-Netanyahu

Photo AFP

Photo AFP

C’est un Benjamin Netanyahu, otage de ses ultras et sous la menace de poursuites pour des faits présumés de corruption, qui va rencontrer pour la première fois, le 15 février 2017, le nouveau chef de la Maison Blanche, Donald Trump. Au menu de leur rencontre, les deux sujets de discorde avec Barack Obama: l’extension des colonies notamment à Jérusalem et la stratégie à suivre face au péril iranien

Sûr de lui, sans l’être totalement de Donald Trump qu’il rencontre pour la première fois à la Maison Blanche, Benjamin Netanyahu s’est contenté de résumer dans ses grandes lignes l’objectif de cet important déplacement.

«Assurer avant tout la sécurité politique d’Israël constituera l’élément essentiel» de cette rencontre avec le nouveau président américain, a-t-il déclaré à la veille de son départ pour Washington.

Certes, la sécurité de l’Etat hébreu n’a jamais été mise en cause par les présidents successifs des Etats-Unis, mais après les huit années de brouille et de bouderies avec le président Obama, l’accession au pouvoir de Donald Trump a donné des ailes au Premier ministre israélien.

Netanyahu accélère la colonisation et freine la solution à deux Etats
Enhardi par la multiplication des déclarations de Trump lors de sa campagne affirmant qu’il souhaitait transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem et déchirer l’accord conclu avec Téhéran sur le nucléaire, Benjamin Netanyahu a déjà pris les devants dans la poursuite des faits accomplis.

Depuis le 20 janvier 2017, il a annoncé la construction de plus de 5.000 logements de colonisation en Cisjordanie et l’impulsion par le gouvernement d’une nouvelle colonie, la première depuis plus de 20 ans.

Sur le plan régional, Netanyahu entend surtout, lors de sa visite, réaffirmer que l’Iran demeurait l’ennemi numéro un d’Israël et obtenir que les Etats-Unis agissent de manière à empêcher que la République islamique ait une présence militaire permanente à la frontière israélienne via l’Irak, la Syrie et le Liban.

Quant à la solution à deux Etats adoptée jusque là par la communauté internationale, elle semble plus floue que jamais. Le ministre de l’Education Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif et partisan d’une politique de colonisation et d’annexion de territoires palestiniens, s’est exprimé de manière décomplexée. Il a pressé le Premier ministre de profiter d’une «occasion historique» pour informer Donald Trump qu’il ne soutenait pas la création d’un Etat palestinien.

Benjamin Netanyahu lui a répondu en conseil des ministres qu’il comptait dire au président américain son soutien à la solution à deux Etats tout en dénonçant la mauvaise volonté des Palestiniens.

Trump appelle Palestiniens et Israéliens à se montrer «raisonnables»
Une stratégie israélienne pure et dure qui risque malgré tout de rencontrer des surprises. Depuis son entrée en fonction, Donald Trump a quelque peu adouci son discours. Dans un entretien avec un journal israélien, il a dit ne pas croire que l’expansion des colonies «soit une bonne chose pour la paix».

Dans le même entretien, il a également affirmé vouloir un accord «bon pour toutes les parties», ajoutant qu’Israéliens et Palestiniens devaient se montrer «raisonnables». Une manière, selon les experts, de dire aux jusqu’au-boutistes israéliens qu’ils n’ont pas carte blanche et qu’il entend réserver ses options pour présider à un accord.

Concernant enfin le transfert de la représentation diplomatique américaine à Jérusalem, le politologue Mark Heller cité par l’AFP, ainsi que la plupart des commentateurs, estiment que ce sujet  sera «marginal, dans la mesure où une telle promesse a peu de chance d’être tenue.»

Un rapport confidentiel de diplomates européens sur Jérusalem
Même si un coup de théâtre n’est pas à exclure de la part de Trump, la nouvelle administration américaine pourrait tenir compte des diverses mises en garde contre une telle décision, notamment celle des Palestiniens qui menacent de revenir sur leur reconnaissance de l’Etat d’Israël.

Autre appel à la retenue, celui des diplomates européens qui viennent de remettre un rapport à Bruxelles sur la situation à Jérusalem qui n’a jamais été aussi explosive depuis 1967. Un rapport, confidentiel, dont l’URL a été révélé par le site français Mediapart le jour du départ de Benjamin Netanyahu pour Washington.

«L’expansion des colonies et l’exclusion politique, économique, sociale des Palestiniens, qui ne cesse de s’aggraver, ont un impact négatif sur la situation à Jérusalem. La polarisation et la violence croissante dans la ville menacent de plus en plus la viabilité de la solution à deux Etats, avec Jérusalem comme capitale commune. Et le niveau des tensions risque de s’élever encore en 2017, avec le cinquantième anniversaire de l’annexion de la ville, compte tenu de ce que prévoient, à cette occasion, les autorités israéliennes», explique en substance le rapport.

l’Iran en tête des sujets à traiter 
Sur l’Iran enfin, qui figurerait en tête des sujets à traiter, les deux hommes ont déjà accordé leurs violons par une série de prises de langue discrètes du Mossad avec les conseillers de Donald Trump et les responsables pressentis des services de renseignement américains.

Reste à voir quelle partition ils comptent jouer avec la République islamique d’Iran. En attendant, le ton continue de monter très fort entre les deux présidents américain et iranien.

«Il faut parler au peuple iranien avec respect. Quiconque utilise le langage de la menace, le peuple iranien le lui fera regretter» avait déclaré Hassan Rohani à l’adresse des Etats-Unis, le 10 février 2017, à l’occasion du 38e anniversaire de la révolution islamique. «Il ferait mieux de faire attention», avait aussitôt répondu Donald Trump, à la plus grande satisfaction de Benjamin Netanyahu.

Alain Chémali

Source Géopolis et AFP 14/02/2017

Voir aussi : Actualité Internationale, rubrique Politique  Politique Internationale, rubrique Moyen-Orient, L’Onu adopte une résolution contre la colonisation des territoires palestiniens, Palestine, Israël, Dans les Territoires, la spoliation s’accélère, Le coup de poker réussi de Nétanyahou, rubrique Etats-Unis,

Le « New York Times » gagne 300 000 abonnés en trois mois

 L’application du « New York Times » consultée à Pékin le 5 janvier. L’application du « New York Times » consultée à Pékin le 5 janvier. FRED DUFOUR / AFP

L’application du « New York Times » consultée à Pékin le 5 janvier.
L’application du « New York Times » consultée à Pékin le 5 janvier. FRED DUFOUR / AFP

Le quotidien américain a vu le nombre de ses abonnements en ligne faire un bond de 19 % depuis fin septembre 2016. Sur un an, la hausse s’élève à 45,9 %.

Le New York Times a gagné quelque 296 000 abonnés en ligne sur les trois derniers mois de 2016, a-t-il annoncé jeudi 2 février, un bond considérable de 19 % depuis la fin septembre, période correspondant aux derniers mois de l’élection présidentielle américaine. A la fin de l’année 2016, le groupe de presse comptait 1,853 million d’abonnés au seul service en ligne, en hausse de 45,9 % par rapport à 2015.

Résolument tourné vers le numérique et ses supports dématérialisés, le New York Times ne communique plus séparément les chiffres d’abonnements aux seules éditions papier ou mixte (papier + Internet).

Lors d’une conférence téléphonique, le PDG, Mark Thompson, a précisé que le nombre total d’abonnés, tous supports confondus, atteignait 2,9 millions depuis la fin 2016. Il a ajouté qu’à cette date, le portefeuille d’abonnés était supérieur à 3 millions. Par comparaison, il a rappelé qu’en 1993, au plus haut de l’ère tout papier, le nombre d’abonnés n’était que de 1,8 million.

« Nous ne faisons que commencer », a assuré M. Thompson. « Je pense qu’il y a un immense potentiel de croissance en matière d’abonnements et de chiffre d’affaires. »

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Le numérique pour compenser le papier

Le groupe est, comme beaucoup d’autres, lancé dans une course contre la montre pour compenser la chute des ventes des éditions papier et de la publicité imprimée. Sur le seul quatrième trimestre, cette dernière a baissé de 20 %. Le repli s’accélère, car il n’est que de 15,8 % sur l’ensemble de l’année. Quant au recul des ventes des éditions imprimées, le New York Times en fait état mais ne donne aucun chiffre.

La publicité sur les supports numériques a progressé, elle, de 10,9 % au quatrième trimestre, un rythme plus soutenu que celui enregistré sur l’année (+ 5,9 %). La publicité dématérialisée représente désormais 41,9 % des revenus publicitaires du groupe (au quatrième trimestre), contre 34,1 % seulement un an plus tôt.

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L’entreprise dit s’attendre à une baisse des recettes publicitaires entre 5 % et 10 % au premier trimestre 2017 par rapport à la même période de 2016. Au total, sur l’année, le chiffre d’affaires du New York Times accuse un léger repli de 1,5 % à 1,55 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros). Quant au bénéfice net, en partie affecté par des charges de restructuration, il est en baisse de 62 % sur l’année à 23 millions de dollars.

A la Bourse de New York, le titre a terminé la séance de jeudi à l’équilibre à 13,55 dollars, dans un marché quasiment inchangé également (– 0,03 %).

Diversification

Déjà très actif dans la vidéo, le New York Times a poursuivi sa diversification en lançant, mercredi, une émission d’information quotidienne en podcast, « The Daily ».

Ce programme de quinze à vingt minutes, téléchargeable tous les matins à partir de 6 heures, entre en concurrence non seulement avec les autres podcasts, notamment ceux d’autres quotidiens comme le Washington Post et le Wall Street Journal, mais aussi avec des matinales radiophoniques.

Lors de la conférence téléphonique, Mark Thompson a révélé que « The Daily » s’était hissé, jeudi, en tête des podcasts les plus téléchargés aux Etats-Unis.

Source AFP 03.02/2017

 

Le « New York Times » segmente ses abonnements Web

 NYT Opinion, nouvelle offre d'abonnement en ligne du "New York Times".

NYT Opinion, nouvelle offre d’abonnement en ligne du « New York Times ».

L’application NYT Opinion illustre la nouvelle stratégie du quotidien américain, visant à recruter de nouveaux abonnés numériques avec des offres ciblées à coûts réduits.

l n’y a plus une, ni deux, mais trois, et bientôt quatre applications mobiles du New York Times. En faisant son apparition sur les plateformes IOS  le 4 juin, NYT Opinion donne accès aux tribunes et textes des éditorialistes du journal pour 6 dollars par mois (4,40 euros). L’application doit « attirer plus efficacement les lecteurs fidèles à notre contenu, tout en les rapprochant des chroniqueurs », a indiqué Andy Rosenthal, éditeur des pages Opinions, dans un communiqué.

  • Quatre nouvelles offres d’abonnements

NYT Opinion est introduite près de deux mois après les débuts d’une autre application, NYT Now.

– NYT Now : symbole d’une « nouvelle stratégie de segmentation de l’offre » numérique selon l’analyste des médias Ken Doctor, cette application mobile, lancée en avril, propose une sélection du meilleur des articles du titre. Seule, elle vaut 8 dollars par mois (5,90 euros) mais est accessible aux abonnés numériques.

– Times Premier : ce service premium a été présenté une semaine avant NYT Now. C’est une option haut de gamme (10 dollars) qu’on peut ajouter à toute formule d’abonnement pour avoir accès à des contenus « bonus », comme des articles sur les coulisses d’une enquête, photos non publiées, sélection de livres numériques ou de vidéos

– NYT Cooking : dans la lignée de ces déclinaisons, une application mobile de niche dédiée à la cuisine devrait être lancée prochainement.

  • Proposer des offres moins chères

Avec ces nouvelles applications, le New York Times viserait « un public plus jeune, qui cherche à s’informer à des prix plus raisonnables », explique au Monde le directeur du laboratoire d’analyse des médias d’Harvard, Joshua Benton.

Elle permettent en tout cas à la marque New York Times d’offrir des prix d’entrée plus bas : 6 ou 8 dollars par mois.

A titre de comparaison, il faut débourser 15 dollars pour s’abonner via le site et son smartphone, 20 dollars pour le site et sa tablette et 35 dollars pour tous les supports.

La version la plus chère (l’accès numérique complet Times Premier) vaut 45 dollars/mois.

  • La « deuxième phase » de la stratégie numérique-maison

Pour M. Benton, le New York Times cherche surtout à franchir une nouvelle étape, après avoir réussi à fidéliser une solide base d’abonnés aux offres standard : sur le numérique, avec presque 800 000 abonnés (en augmentation de près de 78 % en deux ans), les offres payantes génèrent des revenus supérieurs à ceux de la publicité en 2013.

Denise Warren, vice-présidente du pôle produits numériques et services du groupe, voit dans cette diversification la « deuxième phase » de la stratégie numérique du New York Times, trois ans et demi après avoir crée un « mur payant », depuis adopté par d’autres sites d’information (X articles par mois sont gratuits, puis il faut s’abonner). Après avoir « converti les lecteurs les plus fidèles à l’abonnement numérique, nous voulons désormais satisfaire une demande plus large et des lecteurs à la recherche d’un accès privilégié à des contenus précis », a indiqué au Monde Mme Warren.

  • Sur le Web, les abonnements rapportent plus que la publicité

Que pourraient rapporter ces nouveaux produits au titre ? Au New York Times, on refuse de communiquer des objectifs et les nombres d’abonnés de ces applications de niche. Ken Doctor prédit lui 200 000 abonnés à NYT Now d’ici à deux ans. « Si le New York Times peut générer 20 millions de dollars avec chacun de ces quatre produits, le titre doublerait les revenus issus de ses offres payantes sur le numérique », qui ont plafonné à 150 millions de dollars (110 millions d’euros) en 2013.

L’image d’un titre vieillissant, en crise et luttant pour s’adapter à la transition numérique décrite dans le documentaire A la une du New York Times (2011), semble donc avoir changé. M. Doctor estime à 500 le nombre de sites d’information américains qui ont repris le système de « mur payant » à la suite du New York Times avéré. Le site a aussi innové sur Internet avec des articles multimédias qui ont suscité de l’admiration dans la profession.

  • Rapport interne alarmiste

Pourtant, le titre ne montre pas que des signes d’optimisme. En mai 2014, quelques jours après la démission controversée de la directrice de la rédaction Jill Abramson, un rapport interne confidentiel dressait un tableau alarmiste du numérique au New York Times.

Si ces nouvelles applications sont des succès, d’autres pourraient suivre, ce que n’écarte pas Mme Warren dans une interview au site Capital New York : « Quand on pense à la profondeur et à la largeur du New York Times, on peut laisser aller notre imagination » pour créer d’autres applications. Ken Doctor voit dans les rubriques Voyages, Technologie ou Cinéma de potentielles applications à succès, imaginant surtout ce « mur payant 2.0 » comme un « futur modèle pour les sites d’information ».

Elian Peltier

Le Monde 06/06/2014

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Médias, rubrique Internet, rubrique Economie, rubrique Lecture,

Projets d’oléoducs : Trump repart en guerre contre les Sioux

C3GoIzQWIAAGBQBDonald Trump a signé le 24 janvier, quatre jours après son investiture, des décrets présidentiels visant à relancer deux projets d’oléoducs. Très controversés, les deux oléoducs Keystone XL et le Dakota Access ont fait l’objet d’une intense bataille politique entre les défenseurs du climat et les industriels des énergies fossiles. Tous deux avaient été suspendus par l’administration Obama.

C’est le 6 novembre 2015, après des mois d’actions non violentes et de batailles juridiques et administratives, que Barack Obama annonce l’abandon de la construction de l’oléoduc Keystone XL au nom, notamment, de la lutte contre les changements climatiques. « Transporter du pétrole brut plus sale jusque dans notre pays ne renforce pas la sécurité énergétique des États-Unis », fait alors valoir le président sortant. Porté par le consortium TransCanada, cet oléoduc doit transporter sur 1900 kilomètres le pétrole issu des champs de sables bitumineux de l’Alberta jusque dans le Golfe du Mexique.

« Nous allons renégocier certaines conditions et, s’ils les acceptent, nous verrons si nous pouvons le faire construire », a précisé Donald Trump à propos du projet Keystone XL. « Ce sont beaucoup d’emplois, 28 000 emplois, de super emplois dans la construction. » Ce décret « invite TransCanada à soumettre à nouveau sa proposition et ordonne aux agences [fédérales] de l’approuver sans délai ». L’objectif est « d’assurer une approbation rapide » du projet.

Une décision « irresponsable »

Le même processus est à l’œuvre dans le cadre du projet Dakota Access Pipeline. D’une longueur de 1800 kilomètres, ce pipeline, dont la construction est évaluée à 3,8 milliards de dollars abondés en partie par des banques françaises, menace des sites culturels ancestraux des Sioux et leurs sources d’eau. Depuis le 1er avril 2016, des tribus amérindiennes et des militants écologistes occupent un terrain privé, acheté 18 millions de dollars par la société exploitante. Au terme de neuf mois de résistance, ils ont obtenu le 4 décembre dernier le rejet du tracé initial, le gouvernement s’engageant à « entreprendre une étude d’impact environnementale complète » et à « étudier des tracés alternatifs » (voir ici). La construction du pipeline a donc été stoppée. Là encore, le décret signé par Donald Trump « ordonne aux agences d’accélérer leurs analyses et leur approbation de la portion restante de l’oléoduc, que la précédente administration a bloquée pour des raisons politiques ».

Le président de la communauté sioux de Standing Rock, Dave Archambault, avant son discours contre Dakota Access devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, en Suisse, en septembre 2016. Photo : Reuters/Denis Balibouse

Le président de la communauté sioux de Standing Rock, Dave Archambault, avant son discours contre Dakota Access devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, en Suisse, en septembre 2016. Photo : Reuters/Denis Balibouse

Les Sioux de Standing Rock ont immédiatement dénoncé les nouveaux décrets signés par le président Trump. Dans un communiqué, ils réitèrent que leurs sources d’eau potable risquent d’être contaminées par le projet. Leur avocat a également déploré une décision « irresponsable », prise avec « trop d’empressement ». « Nous ne sommes pas opposés à l’indépendance énergétique. Nous sommes opposés à des projets de développement imprudents et motivés par des raisons politiques, qui ignorent nos droits issus de traités et menacent notre eau. Créer un deuxième Flint ne rendra pas l’Amérique plus grande. » Une référence au slogan de campagne de Trump – Make America Great Again – et à Flint, une ville de l’État du Michigan de 100 000 habitants, où l’eau potable a été contaminée au plomb après des coupes budgétaires.

Mardi soir, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés en signe de protestation, à New York et devant les grilles de la Maison Blanche. « Donald Trump n’est en fonction que depuis quatre jours et il se révèle déjà être une dangereuse menace pour le climat, comme nous le redoutions », réagit le directeur exécutif de l’ONG Sierra Club. « C’est un jour sombre pour la raison mais nous allons continuer le combat », souligne 350.org, fer de lance du mouvement contre les énergies fossiles. L’American Civil Liberties Union (ACLU), la puissante association de défense des droits civils, estime que la décision concernant le pipeline Dakota Access s’apparente à une « gifle » donnée par le président. Les Sioux de Standing Rock annoncent d’ores et déjà qu’ils engageront une bataille juridique contre ces décrets.

Sophie Chapelle

Source Basta 26/01/2017 lire également : Aux États-Unis, les Républicains légifèrent déjà pour réprimer durement les manifestations pacifiques

Voir aussi : Actualité Internationale, rubrique EcologiePolitique, Politique économique, rubrique International, société civile, rubrique Amérique du Nord Etats-Unis, Bilan quotidien des premières décisions Trump, La réponse de San Francisco, Fucking Tuesday,