Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a appelé lundi Emmanuel Macron à réduire la dépense publique en France quand l’ancien ministre de l’Economie sera au pouvoir, jugeant que son niveau actuel n’était pas tenable à terme.
« Nous sommes confrontés avec la France à un problème particulier, les Français dépensent trop d’argent et ils dépensent au mauvais endroit », a déclaré à la presse à Berlin M. Juncker au lendemain même de l’élection de M. Macron à la présidence de la République française.
« Les Français consacrent entre 53 % et 57 % de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette cela ne peut pas fonctionner dans la durée », a ajouté M. Juncker.
« Faire un geste en direction des autres »
Il a estimé que le futur chef de l’Etat français ne pourrait pas compter à sens unique sur la mansuétude de ses partenaires européens sur ces questions. « Il appartient aussi aux Français de faire un geste en direction des autres » en faisant les réformes nécessaires, a-t-il dit.
Ces propos surviennent alors que la Commission européenne doit publier jeudi ses prévisions économiques de printemps pour les pays de l’UE, suivies le 17 mai de recommandations.
Or la France est sous pression pour respecter enfin les règles européennes, selon lesquelles les déficits publics doivent être en dessous des 3 % du PIB.
?Privé de toute véritable réflexion sur les causes sociales de la montée de l’extrême-droite, cet antiracisme-là (celui de SOS Racisme comme des grandes manifestations unitaires des années 90) n’a jamais été qu’une passoire, qu’un crible ne faisant dans le fond barrage à rien — la preuve en est apportée aujourd’hui de la façon la plus critique et, au vrai, la plus dramatique qui soit.?
Opinion
1 Le fascisme est la catastrophe ; une catastrophe qui n’a cependant rien, absolument rien de naturel.
2 Nous sommes sur le fil du rasoir, «nous n’avons pas le choix» mais pouvons réfléchir aujourd’hui à cette absence d’alternative qui constitue désormais en Europe le mode de gouvernance néo-libéral et dénoncer le chantage par lequel il s’exerce — un chantage peut-être plus cruel et plus pervers encore dans la France de 2017 qu’il ne l’a été, en 2015, contre la Grèce.
3 Nous pouvons et devons réfléchir aux modalités (diverses selon les pays, les situations, les histoires) par lesquelles l’extrême-droite européenne a été systématiquement promue, mise en avant, instrumentalisée, à la façon dont ses thèses ont été méthodiquement validées et reprises par les tenants de l’élite néo-libérale, depuis des décennies. En Grèce, laboratoire de la nouvelle gouvernance et d’une nouvelle «doctrine du choc», Antonis Samaras a instrumentalisé l’armée supplétive d’Aube Dorée tout au long de son mandat dans le but de mieux imposer les programmes d’austérité de la troïka aux classes populaires et aux classes moyennes. Le fait que la gauche soit arrivée au pouvoir immédiatement après qu’un coup d’arrêt (judiciaire) ait été porté à la progression de ce parti mafieux et néo-nazi n’est pas dû au hasard (même s’il n’explique évidemment pas tout). Au mois de janvier 2015, l’UE s’est en tout état de cause retrouvée confrontée à un peuple qui n’était plus muselé, tenu ou menacé par l’organisation et la diversion de la haine, un peuple qui n’était plus diverti par le délire fasciste mais parlait un langage de justice, le langage de ses intérêts: on se souvient (ou l’on devrait se ressouvenir d’urgence) du putsch qui s’en est suivi (abrogation dans les faits des procédures et de tous les usages démocratiques, parlementaires, etc.), putsch auquel François Hollande, Manuel Valls, Emmanuel Macron (sans parler de «Libération» ou du «Monde») se sont empressés de prêter main forte. L’instrumentalisation de l’extrême-droite ne fonctionnant plus, on est donc passé sans ciller à la case «coup d’État», en mobilisant notamment les capacités d’étranglement de l’économie grecque dont disposait la Banque centrale européenne. Je me souviens pour ma part très bien de la disparition, de l’effacement du discours fasciste et raciste dans nos quartiers d’Athènes, qui sont parmi les plus populaires et les plus durement frappés par la crise, durant les six mois du premier gouvernement Syriza — ces mois au long desquels nous pensions que le gouvernement que nous avions élu était décidé à porter une politique et un langage de justice. Après avoir été omniprésent (et constamment menaçant) dans ces mêmes quartiers depuis 2012 au moins, le discours d’Aube Dorée n’existait tout simplement plus.
4 Si les cas de figure, les situations, les schémas ou les configurations varient, l’extrême-droite a toujours pour effet, pour fonction, de faire barrage : de faire barrage à une critique sociale, à un langage de justice, à ce que les classes populaires parlent la langue de leurs intérêts. (Les militants d’Aube Doré étaient à l’origine des briseurs de grève au service de quelques armateurs.) Le fascisme ne vient jamais seul.
5 Durant la semaine précédant le premier tour des élections françaises, l’establishment (médias, intellectuels organiques, décideurs, représentants du monde de l’entreprise et du grand patronat, «marchés»), a massivement fait campagne contre la gauche, non contre le FN. C’est ce qu’Emmanuel Macron continue aujourd’hui de faire (avec sa maladresse inimitable, cette bêtise presque gênante, cette diction curieusement hésitante lorsque, en particulier, il s’essaye à parler du «peuple», des «paysans», cette inculture crasse, cette absence totale d’empathie touchant à tout ce qui relève de l’humanité: « J’ai envahi le monde que je ne connais pas », dit la chanson). La singularité de Macron est de ne pas apercevoir que la stratégie qui valait pour le premier tour ne peut que le conduire, dans la perspective du second, à scier la branche sur laquelle il est assis (je parlais de bêtise).
6 Nous sommes en ce moment les témoins et les acteurs d’une recomposition accélérée de la gauche. Il y aura des fractures, des ruptures, des divisions, mais pas uniquement ; peut-être un véritable débat se poursuit-il aujourd’hui dans et à travers ces divisions. Mais il y aura des ruptures, oui. Les intérêts de classe sont une base de rassemblement solide mais ne peuvent être tenus et défendus que par la dissension, la confrontation, la lutte sociale et le combat politique, le courage de la rupture et de l’affrontement — ce courage que le gouvernement grec n’a finalement pas eu.
Un simple trait à peine perceptible, comme un fil tendu sur lequel la vie des hommes se joue. Kuwajima Ikuru
Les Boutographies débutent leur seizième édition samedi 6 mai au Pavillon Populaire. Ouverte sur le monde, cette manifestation propose un large éventail des pratiques photographiques. La célébration du talent et des formes nouvelles pour percevoir le monde. A découvrir partout en ville jusqu’au 28 mai.
De retour au Pavillon Populaire lieu dédié à la photo après deux années à la Panacée, plus accès sur les arts plastiques, les 16e Boutographies vont sans doute élargir leur angle d’ouverture au public. Ce que permet parfaitement le champs artistique de cette manifestation consacrée aux trois grands genres que sont l’art photographique, le documentaire et l’expérimental. Côté profondeur de champ, ce festival pluridisciplinaire reste intransigeant sur la qualité – la sélection s’opère cette année sur 650 dossiers – et généreux sur la quantité, avec 11 accrochages en provenance d’une vingtaine de pays et 18 expositions en projection. L’équipe reste soucieuse de n’oublier personne en étant consciente que l’accès que peut ouvrir la photographie au monde est une richesse autant qu’une nécessité.
« Nous souhaitons montrer ce que la création photographique la plus contemporaine nous propose. Cela se traduit par une attention particulière à la façon de mettre en images, de représenter, de donner forme à ce qui accompagne et peuple nos vie, plutôt qu’aux événements eux-mêmes, insaisissables par essence. »
Sur trois bonnes semaines, les Boutographies déploient leurs miroirs en divers lieux culturels du centre-ville dans le cadre de Hors les murs qui invite les amateurs à découvrir des photographes émergeants dans des lieux et galerie partenaires tels que, le Centre Art la Fenêtre, les galeries A la Barak, Dynamo, N° 5, St Ravy, Le Bar à Photo… A noter aussi la participation de l’Université Paul-Valéry avec Novo, festival inter-universitaire de la jeune création étudiante.
ALBAN LÉCUYER The Grand Opening of Phnom Penh
Focus sur un là-bas
La programmation n’est pas thématique bien que l’on puisse y distinguer certaines tendances. Si les Boutographies se sont forgées une dimension internationale celles-ci émergent particulièrement cette année en provenance des contrées méridionale, orientale et extrême orientale. L’artiste français Alban Lécuyer présente The Grand Opening of Pnom Penh avec une série documentaire qui met en lumière l’utopie urbaine à partir de la capitale du Cambodge, cette ville tragiquement vidée de ses habitants par les Kmers rouges en 1975, aujourd’hui livrée en pâture aux promoteurs immobiliers.
Le photographe japonais Kuwajima Ikuru nous entraîne dans les montagnes du Pamir. Il a photographié le chemin millénaire qui longe la rivière Panj marquant la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan. Un simple trait à peine perceptible, comme un fil tendu sur lequel la vie des hommes se joue, en équilibre précaire et en danger perpétuel de disparition, d’engloutissement par les éléments naturels.
Olga Stefatou
La Grecque Olga Stefatou retourne dans son île de Cefalonia pour constater l’insupportable et l’inaliénable, le proche et l’incompréhensible. Elle y retrouve des fantômes doux ou sévères élevés en commun que d’aucun ont dû quitter. La Coréenne Eun Chun s’aventure au-delà du visible, dans la vaste sphère de l’image mentale. Dans cet univers qui questionne l’acte de voir, des gants de ménage imbibés de flocons de pomme de terre sont le pas dans la neige, et le mouvement d’un grand parapluie est le vol d’un aigle. Inépuisable inventivité, en accès libre.
Un gros bol d’air entre l’enfumage extrémiste et la macronade , Fruits of labor, la dernière création de Miet Warlop, nous rappelle aux folies païennes bien vivantes du printemps. Le public se délecte sourire aux lèvres. à ne pas manquer au CDN hTh jusqu’au vendredi 28 avril à 20h.
A quoi carburent l’artiste flamande Miet Warlop et ses acolytes ? C’est une question que doivent se poser aussi les techniciens de surface chargés de remettre le plateau en état après chaque représentation de Fruits of labor. Au Yoga Yaourt, affirment les jeunes protagonistes, trois interprètes et deux musiciens, qui disent s’ancrer solidement dans le fouillis spirituel, afin de mieux le nourrir sûrement.
Il parviennent, quoi qu’on en dise, à partager leur foi sur scène. Le mystère de la trinité se voit remplacé ici, par un savant dispositif, dont Miet Warlop a fait sa marque de fabrique dans son travail à la croisée du théâtre et des arts plastiques. De la danse aussi, car ce n’est pas un hasard si les créations de l’artiste attisent l’intérêt des scènes chorégraphiques.
Dans Fruits of labor tout parait désordonné mais le tableau mouvant de la scène relève d’une grande précision. L’étincelle est avant tout musicale et surtout rythmique, mais c’est avec la mécanique du mouvement dansé qu’opère la magie. Une mécanique qui s’infiltre entre les interprètes et les objets présents sur scène. La lumineuse entrée en matière donne le ton en jouant avec humour sur l’ambivalence corps objet. L’usage des rideaux et tissus signale à différents endroits la dilution du sens. L’omniprésence présence du bloc centrale en mouvement qui se métamorphose au gré des scènes en restant animé de la folle ambition d’engouffrer chaque corps ou objet sur scène, pose un cadre politique.
Entre les conduites d’eau qui se mettent à fuir et les générateurs de secours qui ne marchent pas, émerge sous nos yeux un monde neuf, drôle et enthousiasmant. Miet Warlop s’en explique dans la présentation de Fruits of labor apparu comme une révélation au cours d’un spectacle précédent. L’énergie vitale de cette nouvelle création émerge « d’une pierre qui renferme le tout premier éclat de rire sur terre. Un rire immatériel, un rire d’union qui transcende les générations et les religions. » La scène finale où les interprètes parviennent à se libérer ensemble ouvre un bel horizon d’espoir.
Wolfgang Schauble, ministre des finances allemand, le 12 avril, à Berlin. STEFFI LOOS / AFP
Le soutien du ministre des finances d’Angela Merkel, réputé en Europe pour son austérité, ne présente pas que des avantages pour le candidat d’En marche !.
Après Sigmar Gabriel, Wolfgang Schäuble. En Allemagne, Emmanuel Macron pouvait déjà compter sur le soutien du ministre social-démocrate des affaires étrangères. Le voici désormais adoubé par son collègue conservateur chargé des finances. « Si j’étais français et habilité à voter, (…) je voterais probablement pour Macron », a déclaré ce dernier, mardi 11 avril, à Hambourg, à l’hebdomadaire Der Spiegel.
Invité, le lendemain, à participer à une émission consacrée à l’élection présidentielle française sur la radio publique Deutschlandfunk, M. Schäuble s’est montré plus prudent. « Mon parti, la CDU, est, comme celui de François Fillon, lié au Parti populaire européen, et nous avons naturellement des points communs. D’un autre côté, j’ai bien connu Emmanuel Macron quand il était ministre de l’économie, nous avons de très bonnes relations et partageons beaucoup d’idées », a t-il déclaré. Si les mots étaient plus mesurés que la veille, la mise en scène parlait d’elle-même. Dans le foyer plein à craquer du Deutsches Theater de Berlin, M. Schäuble partageait l’affiche avec l’eurodéputée Sylvie Goulard, membre de l’équipe de campagne de M. Macron, avec laquelle il s’est montré d’une totale complicité…
Le coût pour Fillon est indiscutable
Après l’émission, celle-ci se réjouissait d’ailleurs de ce soutien. « Un tel geste de la part du ministre des finances le plus expérimenté de la zone euro est, pour Emmanuel Macron, la reconnaissance d’une crédibilité. C’est un signe important », explique au Monde Mme Goulard.
En France, il n’est pas certain qu’un tel appui ne présente que des avantages pour M. Macron, compte tenu de la réputation qu’y a M. Schäuble, associé aux politiques d’austérité fort peu populaires auprès de toute une partie de l’électorat que compte séduire le candidat d’En marche !
Mais si le gain politique pour M. Macron est discutable, le coût pour M. Fillon est, lui, indiscutable. Au Spiegel, M. Schäuble, pour qui « le pire scénario possible » serait un second tour entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, a en effet expliqué qu’il avait fort peu apprécié les « attaques contre la justice » proférées par l’ancien premier ministre. Un sentiment largement partagé outre-Rhin, où l’image du candidat de la droite s’est considérablement dégradée depuis les révélations du Canard enchaîné, publiées vingt-quatre heures après sa venue à Berlin, le 23 janvier, lors de laquelle il avait été reçu par la chancelière, Angela Merkel, ainsi que par M. Schäuble.