Bodo Ramelow, 58 ans, vient d’être élu à la tête du Land de Thuringe, porté par une coalition rouge-rose-verte. Une alliance dont le SPD ne veut toujours pas au niveau fédéral.
Un responsable de Die Linke a été élu ce matin à la tête de la Thuringe (est), suscitant un débat dans un pays encore marqué par la dictature communiste. Allié aux sociaux-démocrates (SPD) et aux Verts, Bodo Ramelow, 58 ans, ancien syndicaliste d’Allemagne de l’Ouest, un protestant réputé pragmatique, a réussi à passer outre les inquiétudes autour d’un « retour des communistes » dans cette ancienne région de RDA, rassemblant 46 voix sur 91 (28 Die Linke, 12 SPD et 6 Verts). La formation de gauche radicale était arrivée en seconde position des législatives régionales de septembre avec 28,2 % des voix, derrière la CDU (33,5 %).
Bodo Ramelow met fin à 24 ans de règne du parti d’Angela Merkel, qui dirigeait cette région agricole et forestière d’un peu plus de deux millions d’habitants depuis les premières élections libres de 1990. C’est la première fois qu’un responsable de Die Linke, formation née en 2007 d’une alliance entre des héritiers de l’ancien parti communiste est-allemand SED et des déçus du SPD, accède à de telles responsabilités dans un pays fédéral où les Länder disposent d’importants pouvoirs. Même si Die Linke (La gauche) a déjà participé à des gouvernements régionaux, comme actuellement dans le Brandebourg voisin.
Le président de la République, Joachim Gauck, ancien pasteur et militant des droits de l’homme en RDA, est passé outre la neutralité de sa fonction pour faire part de son inquiétude après la victoire de Bodo Ramelow. « Les gens qui ont connu la RDA et appartiennent à ma génération doivent faire un gros effort pour accepter cela », a-t-il déclaré récemment. À plusieurs reprises, des manifestations ont réuni plusieurs milliers de personnes dans les rues d’Erfurt, la capitale régionale. Ils étaient encore près de 2 000 jeudi soir.
Die Linke, né d’une fusion en 2007 du PDS, héritier du SED, avec les déçus du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, est régulièrement accusé de ne pas condamner avec assez de fermeté la RDA.
Aussi Bodo Ramelow a-t-il salué aujourd’hui son « ami » Andreas Möller, un opposant de Thuringe qui fut emprisonné par le régime, lui demandant « pardon » au nom des anciens communistes. Dans un communiqué, l’Union des associations de victimes de la tyrannie communiste (UOKG) a cependant vivement condamné son élection : « Les vieux camarades du SED et les mouchards de la Stasi (la police politique du régime) sont aux commandes de l’État régional. »
Un programme « pragmatique »
Après avoir prêté serment, le nouveau chef du gouvernement de Thuringe a adopté, dans son discours d’investiture, la devise d’un ancien président de la République fédérale, Johannes Rau (1999-2004) : « Réconcilier plutôt que diviser ».« C’est à cette aune que l’on devra […] me juger », a-t-il affirmé. M. Ramelow a toujours souligné qu’il avait grandi à l’Ouest et n’avait donc rien à voir avec le régime politique de RDA, qu’il n’hésite pas à dénoncer. Il a commencé une carrière de vendeur à Marburg (Hesse) avant de se lancer dans le syndicalisme dans les années 1980. Cette dernière activité l’a conduit à s’installer en Thuringe en 1990, un an après la chute du Mur, pour doter la région de véritables structures de représentation des salariés. Il est entré au Parlement local en 1999 sous l’étiquette PDS.
Politiquement, M. Ramelow entend se montrer « pragmatique », d’autant que sa majorité tient à une voix et que son programme de gouvernement est le fruit d’une négociation avec ses alliés. Parmi les mesures emblématiques du contrat de coalition, se trouvent l’embauche annuelle de 500 professeurs, la gratuité de la première année en crèche ou encore l’objectif d’autosuffisance énergétique, sur la base des renouvelables, à l’horizon 2040.
La Thuringe peut-elle faire école ? À gauche, certains aimeraient que la réussite de M. Ramelow puisse aider à détrôner Angela Merkel lors des législatives de 2017 à l’aide d’une coalition similaire dite « rouge-rouge-verte » au niveau national. Depuis les dernières législatives, le SPD, les Verts et Die Linke totalisent 320 sièges au Parlement, soit une majorité de neuf députés sur le parti de Merkel. Un gouvernement d’union de la gauche était théoriquement possible. Mais le SPD l’avait exclu d’emblée, préférant gouverner avec Mme Merkel au sein d’une « grande coalition ».
Aujourd’hui, les sociaux-démocrates ne sont toujours pas prêts à franchir le pas. Leur secrétaire générale, Yasmin Fahimi, vient de le rappeler en soulignant que la Thuringe « n’avait rien à voir » avec l’échelon fédéral.
Emmanuel Macron prétend que l’aéroport de Toulouse restera contrôlé à 50,1 % par des actionnaires publics. Mediapart publie des fac-similés du pacte d’actionnaires secret qui attestent du contraire : les trois membres du directoire seront désignés par les investisseurs chinois. Et l’État a signé une clause stupéfiante, s’engageant à soutenir par avance toutes leurs décisions.
Dans le dossier de la privatisation de l’aéroport de Toulouse, Emmanuel Macron a décidément pris une incompréhensible posture. Prétendant que la cession aux investisseurs chinois ne portera que sur une part minoritaire du capital, et suggérant du même coup que l’État et les collectivités locales resteront aux commandes de l’entreprise, il s’en est pris, samedi, très vivement aux détracteurs du projet.
Dans le prolongement de notre précédente enquête, dans laquelle nous pointions plusieurs contrevérités énoncées par le ministre de l’économie (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti), Mediapart est pourtant en mesure de révéler la teneur précise du pacte d’actionnaires qui lie désormais l’État aux investisseurs chinois ayant remporté l’appel d’offres lancé pour la privatisation. Ce document a pour l’instant été tenu soigneusement secret par Emmanuel Macon. Les reproductions que nous sommes en mesure de révéler établissent clairement que le ministre de l’économie a menti.
Laurent Mauduit
Avant d’examiner le détail de ce pacte d’actionnaires secrets, reprenons le fil des événements récents pour comprendre l’importance de ce document. Annonçant au journal La Dépêche que l’aéroport de Toulouse-Blagnac allait être vendu au groupe chinois Symbiose, composé du Shandong Hi Speed Group et Friedmann Pacific Investment Group (FPIG), allié à un groupe canadien dénommé SNC Lavalin, Emmanuel Macron avait fait ces commentaires : « Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital. On ne vend pas l’aéroport, on ne vend pas les pistes ni les bâtiments qui restent propriété de l’État. […] Nous avons cédé cette participation pour un montant de 308 millions d’euros », avait dit le ministre de l’économie. Au cours de cet entretien, le ministre appelait aussi « ceux qui, à Toulouse, sont attachés à l’emploi et au succès d’Airbus, [à] réfléchir à deux fois aux propos qu’ils tiennent. Notre pays doit rester attractif car c’est bon pour la croissance et donc l’emploi », avait-il dit.
Dans la foulée, le président socialiste de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, avait aussi laissé miroiter l’idée, dans un communiqué publié dans la soirée de jeudi, que cette privatisation n’en serait pas véritablement une et que l’État pourrait rester majoritaire. « J’ai dit au premier ministre et au ministre de l’économie et des finances, depuis plusieurs semaines, que si l’État cédait 49,9 % des parts qu’il détient – et quel que soit le concessionnaire retenu –, je souhaitais que la puissance publique demeure majoritaire dans le capital de Toulouse-Blagnac. C’est possible. Soit que l’État garde les parts qu’il possédera encore – 10,1 % – soit que le candidat désigné cède une partie de celles qu’il va acquérir. Emmanuel Macron confirme que le consortium sino-canadien n’y serait pas opposé. Je suis prêt à étudier cette hypothèse avec les autres collectivités locales, la Chambre de commerce et d’industrie et le réseau bancaire régional, voire d’autres investisseurs. Nous pourrions nous réunir au tout début de la semaine prochaine pour faire avancer une réflexion déjà engagée sur la base d’un consortium ou d’un pacte d’actionnaires en y associant l’État », avait-il déclaré.
Invité dimanche soir du journal de France 2, Manuel Valls a, lui aussi, fait entendre la même petite musique lénifiante. L’aéroport de Toulouse, a-t-il fait valoir, « va rester majoritairement dans les mains des collectivités territoriales et de l’Etat (…) il faut assumer que nous vivons dans une économie ouverte », a-t-il déclaré. «Nous, nous avons le droit de vendre des Airbus, d’investir en Chine et les Chinois ne pourraient pas investir chez nous ? Mais dans quel monde sommes-nous ?», s’est-il insurgé, avant d’ajouter : «Il faut assumer que nous vivons dans une économie ouverte et, en même temps, nous préservons bien sûr nos intérêts fondamentaux. Ce que nous faisons pour un aéroport, nous ne le ferons évidemment pas dans d’autres filières, je pense par exemple au nucléaire ».
En somme, le ministre de l’économie, le président socialiste de la région et le premier ministre ont, tous les trois, fait comprendre que l’aéroport de Toulouse resterait entre les mains de l’État et des collectivités locales, l’investisseur chinois ne mettant la main que sur 49,9 % du capital, l’État gardant 10,1 %, la Région, le département et la ville de Toulouse détenant le solde, soit 40 %.
En apparence dans son bon droit, Emmanuel Macron a donc monté encore d’un cran, en prenant très vivement à partie, samedi, tous ceux – et ils sont nombreux, au plan national comme au plan régional – qui s’inquiètent de ce projet de privatisation soi-disant partielle. « Celles et ceux que j’ai pu entendre, qui s’indignent de cette cession minoritaire de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse, ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français », a-t-il déclaré, en marge du congrès de l’Union nationale des professions libérales.
La formule volontairement féroce contre ceux qui « ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français » risque fort, toutefois, de se retourner contre son auteur car la combinaison du mensonge et du dénigrement des opposants est une curieuse vision de l’exercice du pouvoir en démocratie.
Oui, du mensonge ! Le terme n’est pas exagéré. Déjà dans notre précédente enquête, nous avions usé de cette formulation et, pour l’étayer, nous avions révélé quelques courts extraits du pacte d’actionnaires qui va désormais lier l’État français aux acquéreurs – pacte d’actionnaires dont ont eu connaissance certaines des collectivités publiques concernées par le projet et auprès desquelles nous avions obtenu ces informations. Mais comme le ministre de l’économie persiste à dire qu’il s’agit d’une privatisation partielle et suggère que les actionnaires publics gardent la main, nous sommes en mesure de rendre publics les fac-similés des passages les plus importants de ce pacte d’actionnaires secret, qui établissent le mensonge du ministre et que ces mêmes collectivités nous ont transmis.
Dès le premier coup d’œil, on trouve donc la confirmation que le pacte d’actionnaires lie bel et bien l’État, qui conserve pour l’instant 10,1 % du capital, non pas à la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse (25 % du capital), le Conseil général du département (5 %), le Conseil régional (5 %) et la Ville de Toulouse (5 %). Non ! Alors que sur le papier les actionnaires publics restent majoritaires, l’État trahit ses alliés naturels et conclut un pacte d’actionnaires avec l’acquéreur chinois. En clair, les investisseurs chinois sont des actionnaires minoritaires, mais l’État leur offre les clefs de l’entreprise pour qu’ils en prennent les commandes.
Les dispositions prévues par ce pacte d’actionnaires secret pour les règles de gouvernance de la société viennent confirmer que les investisseurs chinois, pour minoritaires qu’ils soient, seront les seuls patrons de la société. Voici les règles de gouvernance prévues.
D’abord, la société sera supervisée par un conseil de surveillance de 15 membres, dont 2 désignés par l’État et 6 désignés par l’investisseur chinois, selon la disposition « 2.1.2 » du pacte. Autrement dit, ces huit membres du conseil de surveillance, liés par le pacte, garantiront aux investisseurs chinois minoritaires de faire strictement ce qu’ils veulent et d’être majoritaires au conseil de surveillance.
Le point « 2.1.3 » du pacte consolide cette garantie offerte aux investisseurs chinois puisqu’il y est précisé que « l’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membres du conseil de surveillance présentés par l’Acquéreur, de telle sorte que l’Acquéreur dispose de six (6) représentants au Conseil de surveillance ».
Mais il y a encore plus grave que cela. Au point « 2.2.2 », l’État donne la garantie quasi formelle à l’investisseur chinois, aussi minoritaire qu’il soit, qu’il pourra décider strictement ce qu’il veut et que la puissance publique française ne se mettra jamais en travers de ses visées ou de ses projets. C’est consigné noir sur blanc – et c’est la clause la plus stupéfiante : « L’État s’engage d’ores et déjà à ne pas faire obstacle à l’adoption des décisions prises en conformité avec le projet industriel tel que développé par l’Acquéreur dans son Offre et notamment les investissements et budgets conformes avec les lignes directrices de cette Offre.»
Qu’adviendrait-il ainsi si l’investisseur chinois décidait d’augmenter le trafic de l’aéroport dans des proportions telles que cela génère de graves nuisances pour le voisinage ? Par un pacte secret, l’État a déjà pris l’engagement qu’il ne voterait pas aux côtés des collectivités locales pour bloquer ce projet, mais qu’il apporterait ses voix aux investisseurs chinois.
Si on prolonge la lecture de ce pacte d’actionnaires pour s’arrêter aux « décisions importantes » pour lesquelles l’État sera contraint d’apporter ses suffrages aux investisseurs chinois, on a tôt fait de vérifier que cela concerne tous les volets de la vie de l’entreprise. Voici en effet, au point « 4 » les « décisions importantes » qui sont en cause :
En clair, les « décisions importantes » concernent tout à la fois « l’adoption du plan stratégique pluriannuel », « l’adoption du plan d’investissement pluriannuel », « l’adoption du budget », etc.
Bref, les investisseurs chinois ont carte blanche pour faire ce qu’ils veulent. Au point « 3 », on en trouve d’ailleurs la confirmation, avec cette autre clause stupéfiante : « Le Directoire sera composé de (3) trois membres. L’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membre du directoire et de Président du directoire présentés par l’acquéreur, étant précisé que ces candidats feront l’objet d’une concertation entre l’État et l’Acquéreur préalablement à la séance du Conseil de surveillance concerné, afin de s’assurer que l’État n’a pas de motif légitime pour s’opposer à la désignation de l’un quelconque des candidats proposés par l’Acquéreur. » En clair, là encore, l’État trahit ses alliés naturels que sont les collectivités locales, pour offrir les pleins pouvoirs aux investisseurs chinois, même s’ils sont minoritaires.
Au passage, l’État donne aussi les pleins pouvoirs aux investisseurs chinois, sans le moindre garde-fou, pour qu’ils pratiquent la politique de rémunération qu’ils souhaitent au profit de ceux qui dirigeront la société. « Les mêmes dispositions s’appliqueront, mutatis mutandis, s’agissant de la détermination de la rémunération de ces mêmes candidats », lit-on à ce même point « 3 ».
Et toute la suite du pacte est à l’avenant. Voici la fin du point « 4 » et les points « 5 » et « 6 » :
Et il est prévu au point « 10 » que ce pacte liera les parties pour une très longue durée. Voici ce point « 10 » :
Le pacte est donc prévu pour une durée de douze ans, reconductible ensuite pour les dix années suivantes.
Alors, avec le recul, les belles assurances ou les anathèmes du ministre de l’économie prennent une bien étrange résonance. Comment comprendre que le ministre de l’économie ait pu jurer, croix de bois, croix de fer, « qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital » ? Comment comprendre cette sortie tonitruante contre ceux qui « ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français » ? Un mélange de mensonge et de cynisme…
Politique culturelle. Suite à une réduction inattendue de la subvention municipale, le Théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone voit son avenir menacé. L’Etat et la Région assurent un soutien à l’équipe.
La passe d’armes qui a eu lieu lors du dernier conseil municipal de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) fait des vagues. Jeudi dernier, le groupe d’opposition présidé par Serge Desseigne (PCF) est monté au créneau pour défendre la politique culturelle de la ville.
Au coeur du débat le vote du solde de la subvention au Théâtre de Villeneuve. Le montant attendu par la Scène conventionnée enfance et jeunesse pour boucler la fin de l’exercice se voit raboté de 33 000 euros. Le maire (divers gauche) Noël Segura avalise les propos de son adjoint aux Finances sur les difficultés de la commune conduisant à cette coupe budgétaire. Il n’a malheureusement pas trouvé la disponibilité pour s’exprimer sur ce dossier.
« Pour justifier le vote de la majorité, notre adjoint aux Finances a fait état de la mise à disposition du personnel municipal pour le théâtre et d’une certaine insatisfaction quant à ses missions », précise Serge Desseigne. « Mais dans le même temps il est question d’un budget d’investissement de 470 000 euros dans un dispositif de vidéo surveillance », s’indigne le conseiller qui voit dans ce choix politique l’influence de l’élu FN jouant la carte d’une démolition de la politique culturelle.
Surprise chez les partenaires
Outre l’irrigation directe du spectacle vivant sur la population et son articulation avec les écoles et le collège, le rayonnement culturel lié au théâtre dont bénéficie la commune de moins de 10 000 habitants apparaît comme un atout majeur de son développement. Ce que les deux autres partenaires de la convention tripartite confirment.
« La position de la ville va enclencher très prochainement une réunion de l’ensemble des partenaires, assure François Duval en charge du dossier à la DRAC. Nous sommes très attachés à la scène nationale de Villeneuve-lès-Maguelone et au projet de sa directrice Martine Combréas qui remplit parfaitement sa mission. »
Même son de cloche du côté de la Région par la voix de Josianne Collerais :
« La direction du Théâtre de Villeneuve remplit sa mission. C’est une équipe qui joue dans la cour des grands. Le théâtre a accueilli en 2010 la Soirée des Molière jeune public. Je ne comprends pas la décision de la Ville. Cela met le théâtre en difficulté et c’est d’autant plus stupéfiant qu’il n’y a eu aucun échange au préalable pour trouver des solutions. »
A court terme, la réunion des partenaires devrait déboucher sur des solutions. Mais la convention triennale de la scène conventionnée enfance et jeunesse de Villeneuve arrive à son terme à la fin de l’année. L’Etat et la Région se déclarent d’ores et déjà prêts à reconduire leurs engagements, respectivement 100 000 et 90 000 euros annuel, sans baisser leur budget.
La balle est maintenant dans le camp du maire Noël Segura qui est également vice-président de l’Agglo de Montpellier. Une participation de celle-ci paraîtrait logique s’il se montre convainquant.
Devant plusieurs centaines de militants PS, le collectif issu des députés «frondeurs» a accueilli samedi à Paris deux nouveaux animateurs: les ex-ministres Hamon et Filippetti.
Une étape. En réunissant ce samedi plusieurs centaines de militants socialistes dans un gymnase du XIVe arrondissement de Paris, le collectif «Vive la gauche» a rappelé qu’au sein du PS, le feu couve toujours contre la politique de François Hollande et Manuel Valls. Certes, les projets de lois de finances sont passés sans trop de frayeurs pour le gouvernement. Certes, les parlementaires dits «frondeurs» n’ont pas «réorienté» la politique du président de la République. Personne n’a voulu aller jusqu’à faire tomber Manuel Valls par peur de la dissolution. Mais toute cette frange du PS allant des plus à gauche à quelques proches de Martine Aubry et ex-strausskahniens «chemine», «avance», «se renifle»…
Pour aller où? «That’s the point!» sourit Jérôme Guedj, président du conseil général de l’Essonne. La logique voudrait que tout ce petit monde – qui ne se connaît que trop bien – se retrouve au prochain congrès du PS, début juillet. Beaucoup imaginent déjà une grande motion obligeant François Hollande à une réorientation de sa politique. Mais compte tenu du rythme d’enfer de ce quinquennat, personne n’est capable de savoir à quoi ressemblera la majorité dans sept mois. D’autant plus qu’entre-temps, la débâcle annoncée des départementales et le score du Front national auront peut-être changé la donne à Matignon… Du coup, «on accumule des forces, insiste le député de Paris, Pascal Cherki, chez qui se déroulait ce rassemblement. On a réussi à créer un émetteur au Parlement, maintenant, il faut travailler dans le PS et dans la société».
Hamon et Filippetti attendus
En août, dans un amphithéâtre surchauffé de la fac de lettres de La Rochelle, ces militants PS déçus de l’action du gouvernement avaient acclamé la ministre de la Justice Christiane Taubira, venue pour une visite surprise. Les trois virés du gouvernement une semaine plus tôt, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, avaient préféré rester à l’écart. Ce samedi, Montebourg se tient toujours à distance. Pas les deux autres. Très dure à l’égard du gouvernement ces derniers jours, l’ex-ministre de la Culture a rappelé qu’elle était «dans la majorité de François Hollande» à condition de rester «sur une base de gauche» et assuré qu’il n’y avait ni «fatalité» ni «malédiction» à ce que la gauche «trahisse» ou «renie» ses engagements.
Avant elle, Benoît Hamon avait imposé le silence dans l’assistance. «Nous avons l’impression d’un grand dérèglement politique, a-t-il d’abord lancé. Et ce grand dérèglement appelle de la clarté.» L’éphémère ministre de l’Education nationale rappelle «l’aspiration à l’égalité» et au «progrès social» qui doit guider la gauche avant de demander à François Hollande de «prendre des risques». Hamon plaide ainsi pour un «référendum sur les questions institutionnelles» mais aussi «qu’on puisse associer ce quinquennat de la gauche à une conquête sociale». Il assure que lui et ses amis «feron(t) des propositions» bientôt. Puis l’ancien porte-parole du parti se mue en aspirant Premier secrétaire: «Le congrès du PS ne peut être que le point de départ d’un nouveau cycle politique à gauche.» 2017 ne serait qu’«une étape» dans le «dépassement de toutes les formations politiques».
Guerre des égos ?
Le courant dont fait partie Hamon – et nombre de parlementaires «frondeurs» – avait déjà hébergé une réunion de Vive la gauche lors de leur université de rentrée, fin septembre dans les Landes. Les amis de l’ex-ministre verraient bien ce collectif servir de socle à une grande motion au congrès.
Mais à la gauche de Hamon aussi on se méfie du camarade «Benoît». Au précédent congrès, il avait fait le choix de rallier la grande motion majoritaire. On n’oublie pas non plus, qu’avec Montebourg, c’est lui qui a poussé Valls à Matignon. Avec ses 30% récoltés à l’élection du premier secrétaire la fois précédente, Emmanuel Maurel a rappelé à ses camarades qu’il faudra plus que de simples effets de tribunes : «Le rassemblement de la gauche est nécessaire… mais sur un contenu.» Maurel rappelle indirectement à ses camarades députés qu’ils peuvent toujours porter «l’interdiction des licenciements boursiers» ou qu’ils n’ont pas rétabli la retraite à 60 ans. «On sait où on habite», souligne-t-il comme pour rappeler qu’ils n’ont jamais tenu d’autre discours depuis le début du quinquennat… Contrairement à d’autres.
Une nouvelle guerre des égos à venir? «Je ne pense pas, répond le conseiller de Paris Frédéric Hocquard. Tout dépend de notre dynamique et de l’état dans lequel le parti va sortir des départementales.» Ces socialistes vont courir cette étape sur un faux rythme jusqu’aux prochaines élections. Et attendre de constater l’ampleur de la défaite pour attaquer la prochaine: celle de la prise du parti. Du moins sa tentative.
Les entreprises s’attaquent volontiers à la masse salariale, à la R&D et aux achats. Des économies parfois factices qui finissent par coûter au lieu d’optimiser.
Dès l’annonce de l’acquisition de SFR au printemps, Patrick Drahi a envisagé des économies draconiennes au sein de la DSI. En rationalisant les systèmes d’information et en simplifiant les offres commerciales de l’opérateur, il tablait sur un gain de 100 millions d’euros de gestion informatique. Des mesures qui tiennent du quitte ou double, avec le risque de perdre en souplesse technique et en force de frappe commerciale. « Les plus belles économies sont celles qu’on n’engage pas, au moins nulle qualité n’est dégradée », lance sous forme de boutade Romain Daumont, directeur général France de Lowendalmasaï. « Attention aux coûts cachés des décisions hâtives ! »
La fausse optimisation de la masse salariale
Premier poste de dépenses de l’entreprise, les charges de personnel. C’est la première ligne examinée par les « cost-killers » qui n’évaluent pas toujours les conséquences des départs en termes de chiffre d’affaires. « Geler les recrutements est une vision court-termiste. L’entreprise doit avoir les talents nécessaires le jour où l’activité redémarre », affirme Jacques Adoue, DRH de Capgemini. Arrêter les embauches signifie aussi créer un creux dans la pyramide des âges. « Chez Air France, qui a totalement fermé ses vannes pour cause de sureffectif – et pas seulement chez les pilotes -, il n’y a plus de sang neuf. L’entreprise vieillit et, dans quelques années, elle calera forcément sur certains sujets, comme la relation client dont les techniques bougent vite », cite une source interne.
La solution de repli, c’est le recours à l’intérim, en nette croissance. « Utilisées à l’année pour faire face à l’activité courante, les prestations reviennent plus chères qu’un CDI », insiste François Perrin, associé expert d’Euklead.
Le lean management dénature
Le management « maigre » est appliqué à tous, y compris aux ingénieurs. Ceux d’Atos se sont vu demander, il y a quelques mois, de renseigner leurs missions minute par minute afin de définir un temps moyen pour chaque tâche… Ce détournement des audits de productivité fait oublier que ces évaluations permettent, lorsqu’elles sont bien faites, de générer de vrais gains. « Un audit récent dans les équipes de back-office d’une grande banque française a permis de distinguer les tâches à forte et à faible valeur ajoutée de manière à rééquilibrer les contenus de fonction et gagner en productivité tout en préservant l’emploi », plaide Romain Daumont.
La hiérarchie n’est pas épargnée. Exemple avec Auchan, qui va rayer de ses organigrammes 800 postes d’encadrants afin de raccourcir les lignes. « Supprimer des courroies de transmission qui ont la mémoire de l’entreprise et qui amortissent les à-coups revient à accentuer la pression à l’heure où les entreprises se transforment », regrette ce consultant qui rappelle que la technique du lean est d’abord un système collectif d’amélioration continue.
Le mythe des frais
Obnubilées par les gaspillages, les entreprises serrent au maximum les fournitures (papeterie, mobilier, bureautique). « Rechercher l’économie maximale avec un faible rendement comptable s’avère coûteux socialement, cela mine le moral des troupes », estime François Perrin, associé expert d’Euklead, qui évalue à l’identique la restriction exagérée des frais de déplacement et des flottes de véhicules : « Ce sont certes des coûts mais qui constituent un élément de socialisation pour les collaborateurs. » Pis, ralentir le rythme des déplacements expose l’entreprise à perdre des marchés et des clients. C’est un peu comme s’attaquer aux dépenses de R&D : « Sans innovation, une entreprise meurt à brève échéance », insiste une chasseuse de coût. « L’erreur courante des services achats est de ne pas raisonner en coût total, y compris chez les grands comptes », constate François Perrin.
La vente des murs
Second poste de dépenses, l’immobilier est également un sujet constamment ouvert au débat dans les entreprises qui révisent chaque année les options : louer, vendre, voire déménager en banlieue, à l’image de Samsung, SNCF, SFR qui ont opté pour la Plaine Saint-Denis, au grand dam des salariés. « Une pratique courante consiste à vendre les murs à une foncière pour les relouer ensuite, ce qui génère du cash pour investir ou gagner en immobilisation sur un bilan. C’est aussi une manière d’optimiser la présentation de son bilan », détaille François Perrin. Mais, à long terme, cette option prive l’entreprise d’une partie de sa valeur car les murs constituent un actif important alors que d’autres gisements d’économies demeurent insoupçonnés comme la révision des charges : « En matière de baux commerciaux, celles-ci sont rarement d’équerre », glisse Romain Daumont.
Source : Les Echos 24/11/2014
Voir aussi : Rubrique Economie, rubrique Société, Emploi,