Arabesques « Le combat est culturel. Nous devons être au front »

Arabesques : pour se construire il faut savoir d’où l’on vient

Nesma  dépeint l’itinéraire de la poésie  arabo-andalouse.  Photo dr

Nesma dépeint l’itinéraire de la poésie arabo-andalouse. Photo dr

Le festival Arabesques qui met en lumière la richesse des cultures arabes est aussi un vecteur d’intégration.

A travers cette 11e édition, le festival Arabesques poursuit l’exploration des multiples richesses de la culture du Monde Arabe. Un voyage qui nous conduit à travers l’histoire sur des terres d’échanges et de tolérance en se gardant bien de la tentation exotique ou folklorique au sens touristique du terme. Il s’attache aux racines comme à la réalité multiculturelle, y compris dans l’hexagone. L’action menée auprès des scolaires durant toute l’année par l’association Uni’Son, mis à l’honneur au début du festival, est une pierre angulaire d’une manifestation dont la programmation reste avant tout festive.

Hier au cinéma Diagonal, la projection du documentaire de Wahid Chaïb et Laurent Benitah s’inscrit pleinement dans cet esprit. Le film Chaâba du bled au bidonville évoque le Chaâba, lieu d’habitation surnommé par ses habitants qui signifie « trou», « patelin lointain » en arabe dialectal. Il propose un coup de projecteur sur un lieu de vie de 1949 à 1967 d’une trentaine de familles algériennes venues en France au sortir de la seconde guerre avec l’espoir d’améliorer le quotidien de leurs familles restée en Algérie.

Ce témoignage soulève la difficulté d’une génération de migrants et de leurs descendants à évoquer le passé. Il participe pleinement à la démarche positive d’Arabesques quant aux origines déjà évoquées lors des éditions précédentes avec le témoignage des Chibanis.

Le passage de repères identitaires bouleversés  à celui de cultures partagées suppose un travail de (re) connaissance auquel s’emploie le festival à travers de multiples propositions.
A l’heure de la montée de l’influence salafiste auprès d’une partie de la jeunesse, les déclarations du chef du gouvernement actant que le courant fondamentaliste « était en train de gagner la bataille idéologique et culturelle » ne peuvent que renforcer l’échec de l’intégration. Parce qu’elles tendent à désigner l’islam en général comme une menace dirigée contre la France.

La partie de la compréhension et de l’humanisme défendue par Arabesques qui concerne la grande majorité des musulmans français sans se limiter à une communauté religieuse ou une carte d’identité, porte en revanche ses fruits. On le voit dans la diversité du public.

A l’heure où les bidonvilles ressurgissent dans les grandes villes françaises, poussés par les inégalités croissantes, et l’arrivée de nouvelles populations migrantes il parait urgent de s’intéresser, aux origines des problèmes posés, à la richesse des identités culturelles concernées pour ne pas reproduire un schéma discriminant voué à l’échec.

JMDH

Source : La Marseillaise 19/05/2016

Du bonheur en perspective

Orchestre arabo-andalou de Fès

Orchestre arabo-andalou de Fès

Le début de semaine fut illuminé par la présence exceptionnelle et  hypnotisante de l’Orchestre arabo-andalou de Fès à l’Opéra Comédie.  Sous le serein patronage de Mohamed Briouel qui se produit aussi en compagnie d’artistes de traditions juives, les huit musiciens chanteurs de l’orchestre national ont interprété un répertoire traditionnel du XV² siècle. La restitution de la musique ancienne andalouse marocaine dans la pure tradition, porte en elle une dimension populaire attisée par la présence des artistes qui a conquis le public Montpelliérain.

La fin de semaine s’annonce également riche en propositions.

Hindi Zahra

Hindi Zahra

Vendredi  à 19h30 au Théâtre Jean-Claude Carrière, un concert de  Bab Assalan quartet issue d’une rencontre entre le luthiste syrien Khaled et son frère percussionniste, Mohanad  Aljaramani et le clarinettiste français  Raphaël Vuillard. A 21h30 suivra dans l’Amphi D’O un double plateau plein d’énergie. Karimouche la chanteuse danseuse rappeuse et comédienne  débarque sur scène avec son style et son franc-parler pour embarquer le public dans un show musical où se côtoient ragga, reggae électro et pop music. Dans un style tout autre, plus dépouillé, la chanteuse d’origine berbère Hindi Zahra pose le charme de sa voix sur des mélodies jazz, soul et folk.

Waed Bouhassoun

Waed Bouhassoun

Samedi, le rêve commence à 15h avec la conteuse Halima Hamdane (pour enfant). A 16h le journaliste Rabah Mezouane fait le point sur la musique du Maghreb dans le paysage français. A 18h, il ne faut pas manquer le récital de la syrienne Waed Bouhassoun, une outiste talentueuse qui chante des poèmes d’Adonis, Mansur al-Hajjal, d’al -?Mulawwah, ou d’Ibn Arabi sur ses propres compositions.

Voir programme jusqu’à dimanche Festival Arabesques 2016.

 

 

 

« Faire émerger l’idée d’une communauté au sein de laquelle ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. »

Habib Dechraoui

Habib Dechraoui

Entretien avec Habib Dechraoui, le directeur du festival Arabesques qui a débuté par deux journées dédiées au public scolaire.

Fort de son expérience, le festival Arabesques se positionne aujourd’hui comme un carrefour permettant le croisement des richesses artistiques du monde arabe et comme un merveilleux outil de coopération avec les villes et acteurs culturels des pays de l’autre rive de la Méditerranée. L’édition 2016 qui se tient à Montpellier jusqu’au 22 mai rend compte de ce mouvement, de ces croisements, de ces apports culturels.

Après la dixième édition célébrée l’année dernière, quel type de motivation vous guide dans le contexte difficile que traversent les pays arabes ?


L’édition 2015, a été très appréciée pour sa qualité artistique et très suivie avec près de 200 000 personnes concernées par le festival et tout le travail réalisé en amont par l’association Uni’Sons qui oeuvre notamment auprès des scolaires. Avec Jeunesse en Arabesques, nos activités de sensibilisation artistique qui contribuent au rapprochement entre les peuples, connaissent une demande exponentielle. Pour une autre partie du public,  l’opéra du Caire perpétuant le répertoire Oum Kalsoum à l’opéra Comédie reste un souvenir inoubliable.

C’est aussi un vecteur qui fait sens  car il s’agit  de musique classique. Un double rapprochement s’est opéré du public habituel de l’opéra vers un répertoire différent et d’un public qui apprécie ce répertoire mais n’avait jamais franchi les portes de l’opéra. Avec la directrice de l’opéra, Valérie Chevalier, très enthousiasmée par cette expérience, nous poursuivons notre collaboration. Cette année nous recevons l’orchestre arabo-andalou de Fès, le groupe le plus important  du genre andalou marocain. Ils seront à Montpellier lundi 16 mai pour une date unique en France. Et d’autres projets sont en cours.

Sous quelles étoiles s’inscrit le thème de l’Orient merveilleux ?


Sous le ciel  aux mille et une étoiles de l’héritage arabo-andalou. Nous avions choisi la thématique avant les attentats de novembre dernier. Ces sinistres événements nous renforcent dans notre conviction que la culture est le vecteur essentiel du savoir vivre ensemble. Il s’agit de souligner et de faire émerger l’idée d’une communauté au sein de laquelle  ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Cet héritage commun n’appartient pas à une religion ou une autre.

Vous employez  le terme communauté, comment faut-il l’entendre ?


Lorsque je parle d’Arabesques, je fais tout pour ne pas évoquer la religion qui relève du domaine privé. La communauté à laquelle je fais référence se compose d’une pluralité d’identités à la fois sociales, géographiques, ethniques, populaire, rurales et urbaines… La communauté est la somme de ces identités qui composent le public d’Arabesques.

Auquel s’ajoute les artistes qui viennent d’autres rives de la Méditerranée. J’admire par exemple le courage de la société civile tunisienne qui est très active. J’ai envie d’y contribuer à un petit niveau en faisant venir des artistes. La scène émergente du monde arabe est pleine de vivacité à l’instar du  festival musical de Beyrouth Beirut & Beyond dont la dernière édition à pour la première fois été annulée en raison des troubles que connaît la capitale libanaise. Tous ces artistes composent une partie de notre communauté. Il nous font du bien. C’est une des raisons d’être du festival Arabesques de donner à comprendre,  de préserver l’art traditionnel arabe et de rendre visibles les créateurs émergents. Pour des raisons budgétaires, j’ai malheureusement dû annuler deux projets auxquels je tenais beaucoup : une création audiovisuelle égyptienne, et un groupe palestinien.

Le festival ne se réduit pas  à établir une programmation, où en êtes-vous dans la mise en perspective ?

Nous avons passé le cap des dix ans l’an dernier. Après chaque édition l’équipe du festival se retrouve dans les Cévennes pour faire le bilan. Je sais généralement où je veux aller mais il est important pour moi de rester à l’écoute des acteurs qui m’accompagnent depuis le début. Si la musique reste  au centre de notre programmation parce qu’elle est populaire et fédératrice le festival a la volonté d’amener le public ailleurs . Aussi bien vers des  formes classiques que vers la découverte de groupes rock et électro qui font une percée significative dans les pays arabes. Nous avons aussi la volonté d’ouvrir le festival à d’autres formes d’expressions artistiques comme les arts plastiques,  le théâtre, le cirque… pour suivre le mouvement de la nouvelle scène arabe qui diversifie ses moyens d’expression.

La délocalisation du festival pourrait-elle être en jeu dans les années à venir ?

Depuis trois ans les sollicitations se succèdent à l’échelle européenne et au-delà. Mais je suis attaché à mon territoire d’action qui est un des plus sinistrés. Notre QG se situe toujours dans le quartier haut de La Paillade. Je pense que le combat doit se mener au front. C’est important de ne pas déserter parce que le monde à horreur du vide.

Aujourd’hui dans les quartiers, on voit les acteurs économiques, sociaux et culturels agoniser. Une fois qu’ils ne seront plus là, ce sera la fin. Après les attentats de Bruxelles, le  Bourgmestre à fait un constat très lucide en affirmant que le combat contre le terrorisme et le repli identitaire passaient d’abord par la culture et l’éducation.
Pour moi le succès  du festival n’est pas une surprise. Il est lié au soutien du Conseil départemental, mais je connaissais dès le début le potentiel de ce projet. Après 10 ans nous devons projeter de nouveaux axes de développement. Je persiste à penser que nous devons lancer des passerelles à partir d’ici, des racines. Mes parents sont arrivés là dans les années 50. Tout cela je le valorise aujourd’hui et cela me donne de la force. On ne devrait pas accorder tant d’attention aux gens qui présentent leur projet avant de leur demander leur bilan. Ce qu’il ont fait concrètement.

Vos coup de coeur à l’affiche de cette 11e édition…

Le cabaret Tam Tam qui nous fait replonger dans les nuits parisiennes festives de la diaspora orientale parisienne dans les années 40. Et le récital  de Waed Bouhassoun réfugiée syrienne qui interprète ses compositions au Luth sur des poèmes d’Adonis, Sorhawardi ou Ibn Arabi. Elle me touche beaucoup.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 14/05/2016

Voir aussi : Rubrique  Festival, Il était une fois les Chibanis, rubrique Méditerranée, rubrique Montpellier, rubrique Politique, Politique Immigration, Politique Culturelle, Politique de l’Education,

Fiest’A Sète canaliseur de musique vivante du 23 juillet au 7 août

fiesta-sete-2016Pour sa 20e édition, le festival des musiques du monde cultive les terres fertiles des grands ancêtres et invite les pousses les plus vivantes

L’affiche est belle. Elle est signée Le Bail. Ce portrait un peu barré nous rappelle un grand monsieur, maintenant que tout lui est permis, il semble naviguer sur ses quatre jambes. Il n’en faudra pas moins pour suivre l’édition 2016 avec toute la vigueur convoquée par l’équipe de Fiest’A Sète sur la scène du Théâtre de la mer et  celles du Bassin de Thau du 23 juillet au 8 août prochain. L’inébranlable directeur José Bel a présenté cette semaine dans le détail, les artistes qui se succéderont dans la chaleur climatique et corporelle de l’été.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, on peut dire que la composition des soirées de Fiest’A Sète relève en elle-même du grand art. Les soirées thématiques guidées par « une certaine idée de la modernité, du métissage et du mouvement,» répondent à une volonté de croisement des esthétiques musicales et de rencontres.

Depuis vingt ans cet axe a produit un paquet de moments hors du temps. La fibre d’esprit qui pousse l’équipe vers l’avant et l’avenir, garde ces orfèvres programmateurs de tomber dans la nostalgie. Là où certains en auraient fait des caisses autour du vingtième anniversaire, José Bel évoque les racines musicales des monstres présents cette année, et du devenir des jeunes talents qui l’ont émus. Après trente ans derrière  le comptoir de sa boutique de disque et vingt ans de festival, il sait un peu de quoi il parle, mais sa nature modeste le pousse à nous transmettre l’essentiel :  partager ce qu’il aime.

Un flingue à sept coups

L’édition 2016 dure 14 jours durant lesquels elle accueillera 25 groupes lors de 14 concerts.  La première semaine donne lieu à 8 concerts gratuits autours du bassin de Thau. En seconde semaine tout se recentre au Théâtre de la Mer avec 7 concerts payants. Fait singulier, Fiest’A Sète assure 75% de son budget en autofinancement. Comme les tarifs sont accessibles et que l’on pratique le hors piste sans lésiner sur le risque, l’avenir du festival est chaque année remis sur le tapis. Raison de plus pour se jeter dans l’effervescence des soirées qui rythment cette 20e édition.

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Omara Portuondo

Ca commence avec Siempre Cuba y España le 2 août en présence  de la grande Omara Portuondo exhumée de l’oublie sur le vieux continent par Wim Wenders. Pour ce set, elle sera accompagnée par  le célèbre chanteur de flamenco Diego el Cigala. Un des premiers à débusquer le cousinage de sa tradition flamenca avec les expressions créoles qu’elle a su jadis inspirer.  Pour parfaire l’émotion de ce croisement des cultures, la violoniste et chanteuse cubaine Ylian Canizares nourrira l’atmosphère de sa vitalité créative.

John Mclaughlin

John Mclaughlin

Soirée jazz du monde le lendemain avec Ilhan Ersahin’s de mère suédoise et de père turc, il a grandi à Stockholm ce qui ne l’a pas empêché de plonger dans le bain du jamaïcain. Il partage aussi le parcours de Truffaz, bref un souffle voyageur bienvenu pour une escale sétoise. Le second concert est une légende de la guitare précurseur de la world music, il a joué avec les plus grands en voyageant sur les grands fleuves musicaux de la planète : John Mclaughlin.

Bachar Mar-Khalife

Bachar Mar-Khalife

La nuit orientale du 4 août se conjuguera les notes du pianistes  franco-libanais Bachar Mar-Khalife avec les étoiles. Il a participé à plusieurs projets qui mélangent jazz, world music, électro et hip-hop et joué sous la direction de Lorin Maazel. Natacha Atlas viendra faire planer le voile du mystère de ses origines et de sa trajectoire musicale dont la récente rencontre avec Ibrahim Maalouf donne à la diva l’occasion d’exercer tout son talent.

 Fred Wesley

Fred Wesley

Deux dinosaures de la black music se retrouvent le 5 août. Fred Wesley, pièce maîtresse dans l’élaboration du son de la soul music. Il fut le directeur musical de James Brown. Lucky Peterson occupe lui une place prépondérante  dans l’histoire du blues.

320x240_fiestasete-06-08-2016-2554316Pascale Comelade bénéficie d’une carte blanche dont il profitera pour inviter sa bande de potes catalans le 6 août. La nuit est annoncée sous le thème de nuit singulière  Elle convient aussi au grand violoncelliste Vincent Segal qui se produira accompagné du virtuose de la Kora le Bamakois Ballaké Sissoko.

Le 7 août honneur à l’Afrique lusophone avec la volcanique Capverdienne Lura et l’Angolais Bonga. L’édition se clôture avec la soirée cubaine du 8 août en compagnie de Omar Sosa& Gustavo Ovalles et le NY salsa all Stars.

Lura

Lura

Prêts pour le grand bain ?

JMDH

Source : La Marseillaise  16/04/2016

Voir aussi : Rubrique Actualité Locale, Rubrique Musique, rubrique Festival, Fiest’A Sète archives, On Line Site Officiel.

Printival la part belle à la chanson francophone et aux découvertes

Sages comme des sauvages

Pour sa 17e édition, Printival met à l’honneur la chanson francophone dans toute sa diversité jusqu’au 23 avril à Pézenas

Une passion comme héritage, celle de la chanson francophone, est à l’origine du Printival qui a vu le jour en l’an 2000 à Pézenas sous la houlette du fils de Boby Lapointe. L’idée d’un festival mêlant humour et chanson trouve tout de suite des adeptes.

Elle a fait son chemin depuis en concernant un public fidèle et varié. Durant les années 2007/2008 le festival passe sous chapiteau en tentant de faire croître la fréquentation mais les résultats ne sont pas à la hauteur de l’ambition et l’expérience se solde par une période de disette.

En 2010, Dany Lapointe, la petite fille de Boby, reprend le flambeau. Elle dispose d’une connaissance intime de la structure (gérée par l’association La maman des poissons). Au-delà de l’histoire familiale, elle y a déjà exercé tous les postes en tant que bénévole. Devant ses nouvelles responsabilités, Dany arrive avec des idées nouvelles et un objectif prioritaire : « Ancrer le festival dans le territoire. »

Le bureau de l’association niché dans le coeur historique de cette charmante cité de 8 000 habitants est un appartement réaménagé où se croisent les bénévoles.

Dany Lapointe Directrice du Printival. Photos JMDI

Dany Lapointe Directrice du Printival. Photos JMDI

L’Ancrage local

« Nous travaillons en direction des lycées. C’est une façon de faire connaître la richesse de la chanson aux jeunes qui y sont peu sensibilisés et de construire le public de demain explique Dany entre deux coups de fil et une table ronde. Au lycée Jean-Moulin, avec le concours de l’Académie Charles Cros, nous avons lancé un atelier où les lycéens écrivent des chansons. Nous avons des projets en cours avec l’école de musique de Pézenas et le Conservatoire de Béziers.» Cette dimension liée à l’action culturelle consolide la vocation d’opérateur local. A partir du festival dont la majorité du public est local l’association a développé des actions tout au long de l’année.

«Durant le festival nous mettons l’accent sur les rencontres professionnelles qui permettent de favoriser les relations entre les artistes et les programmateurs ou les producteurs. Après le festival nous organisons des spectacles dans les domaines viticoles avoisinants et des concerts en appartement qui réunissent entre 40 et 50 personnes.Tout le monde amène à manger et à boire et on partage le repas sur place avec les artistes à l’issue de leur spectacle. Cela génère des rapprochements. C’est aussi une autre manière d’aborder le spectacle », indique la directrice.

La maman des poissons s’implique également dans l’activité de production de concerts comme ceux de Bancal Chéri réunissant Nicolas Jules, Imbert Imbert, Dimoné, Roland Bourbon. Des production d’album sont également à l’actif de l’association. Le prochain sera celui de la circassienne et chanteuse Barbara Weldens.

50% d’artistes de la région

Cette 17e édition reste sur l’axe de la découverte de nouveaux talents notamment locaux. Près de 50% des artistes programmés sont issus de la grande région. Ce qui n’empêche nullement le festival de tisser des réseaux internationaux avec des festivals belges, suisses ou québécois. « Nous appréhendons la chanson francophone au sens large. Cela touche le monde du rock, du rap jusqu’aux musiques du monde. Il faut souligner la vitalité de la création dans un environnement morose lié aux baisses de budgets, indique Dany Lapointe. Si la chanson francophone reste peu médiatisée on trouve dans ce secteur beaucoup d’artistes de qualité. Je dois dire que nous avons l’embarras du choix pour établir notre programmation. Et une fois que c’est bouclé, nous allons chercher le public.»

JMDH

Source La Marseillaise, 22/04/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Festival, rubrique Musique,

Une offre artistique globale

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Par Jean-Marie Dinh

Sept  festivals incontournables se succéderont au Domaine départemental d’O du 7 mai  au 27 août 2016.

Les rapports à la culture se déplacent mais l’espace départemental dédié à la culture du Domaine d’O conserve son attractivité. Le président du Conseil départemental Kléber Mesquida entouré du président de l’Epic du Domaine, Michael Delafosse, et des directeurs artistiques des festivals d’été Elysé Lopez, président des Folies d’O, Habib Dechraoui pour Arabesques, Sabine Maillard pour les Nuits d’O, Jean Varela pour le Printemps des comédiens et Isabelle Grison pour Saperlipopette, Mélanie Villenet-Hamel pour la direction du pôle artistique ainsi que Jean Pierre Rousseau pour la longue escale du Festival de Radio France ont présenté succinctement l’offre culturelle du Domaine d’O jusqu’à la fin de l’été.

Qualité diversité accessibilité


L’offre est pléthorique et la qualité se dispute avec la diversité dans un souci d’accessibilité qui a toujours guidé la politique culturelle du département de l’Hérault. « Parce qu’elle émancipe et rassemble, la culture doit être ouverte à tous plus que jamais, le Département s’engage pour le savoir, les artistes et le spectacle vivant », résume le vice-président à l’Education et à la Culture Renaud Calvat.

La fête commencera les 7 et 8 mai avec Saperlipopette, festival dédié aux plaisirs des enfants et des parents qui répond cette année à la thématique « Il était une fois… Aujourd’hui ». Occasion d’aborder la dimension contemporaine des textes et des spectacles destinés au jeune public, souligne Isabelle Grison. Après le week-end d’ouverture à Montpellier le festival rayonnera dans pas moins de 18 communes du département jusqu’au 29 mai.

Du 11 au 22 mai le festival Arabesques, grand rendez-vous des arts du monde arabe, prendra le relais. Pour sa 11e édition, sans se départir de ses épices festives et éclectiques, l’expression artistique donnera de l’air à la confusion politique, aux idéologies pernicieuses et aux libertés confisquées sur le thème de L’Orient Merveilleux de Damas à Grenade. Les recettes de ce festival qui concerne un public  peu présent dans la sphère culturelle habituelle, s’avéreront savoureuses en termes de partage.

30e Printemps des Comédiens

En trente ans, combien de représentations ? combien d’artistes ? combien d’éclats de rire ? combien d’orages ? d’éblouissements ? de bonheurs de théâtre ? Le second festival de théâtre français après Avignon se tiendra du 3 juin au 10 juillet au Domaine d’O avec une nouvelle programmation, signée Jean Varela, d’un équilibre exceptionnel. Le public fidèle s’y rend désormais les yeux fermés. Un signe de confiance, dans un monde qui en manque, mais Jean-Claude Carrière, qui préside le festival et garde toujours les yeux ouverts, nous invite par ce geste à affirmer que nous sommes vivants. « Cette année nous avons une raison de plus d’aller au théâtre. Car il y a quelques mois, à Paris, un théâtre a été mitraillé, acteurs et spectateurs. »

Pour sa 10e édition, Folies d’O qui propose une programmation d’opérettes et comédies musicales en plein air présentera  Orphée au Enfers les 2, 3 et 5 juillet dans l’amphithéâtre d’O. Oeuvre parodique de libération pour Offenbach mis en scène par Ted Huffman sous la direction musicale de Jérôme Pillement. Le Festival de Radio France poursuivra la fête du 11 au 26 juillet avec son volet Jazz concocté par  Pascal Rozat et un Carmina Burana dans la version pour deux pianos. Les Nuits d’O musique et cinéma  clôtureront l’été du 18 au 26 août avec six fiévreuses soirées à déguster sous les étoiles.

Transfert de compétence

La bataille politique engagée pour la gouvernance du Domaine d’O servira-t-elle la culture ?

La présentation de l’offre culturelle départementale s’inscrit dans un âpre débat sur le transfert de compétence entre le département de  l’Hérault et la Métropole de Montpellier présidée par Philippe Saurel. Celui-ci dispute la compétence culturelle au département qui tente de conserver la vitrine d’une politique culturelle ambitieuse.

Alors que la carte  des nouvelles compétences des 13 Métropoles est presque achevée, ce combat fait de la Métropole montpelliéraine un cas d’école. A l’exception de la Métropole Rouen-Normandie qui a acquis par convention la gestion de trois musées, aucune des conventions de transferts signées à ce jour ne concerne la culture. L’enjeu semble avant tout politique pour Philippe Saurel, dont l’exclusion assumée du PS et le faible score aux Régionales, le pousse à asseoir son assise sur le territoire métropolitain.

La question de ce transfert se pose aussi en termes économiques. Le budget culturel global du Conseil départemental de l’Hérault avoisine les 12M d’euros dont 3M à 4M d’euros devraient être compensés par la Métropole en cas de transfert, si celle-ci conserve la qualité de l’offre actuelle.

Une troisième réunion sur le sujet est prévue prochainement entre les représentants des deux institutions. Dans le cas où les deux parties ne parviendraient pas à un accord, un ensemble beaucoup plus vaste de compétences serait transféré de plein droit à la métropole pour un budget estimé à 31M d’euros.

Pour l’heure, ce dossier n’a pas été débattu au Conseil de la Métropole. Dans l’hypothèse d’un transfert du Domaine d’O, Philippe Saurel s’est déjà prononcé pour y installer le CDN. Ce projet qui nécessite l’avis de l’Etat, avait naguère été évoqué par le Conseil général mais aujourd’hui, d’un côté comme de l’autre, personne ne se soucie de projet artistique et les directeurs qui jouissent d’une liberté de programmation n’ont pas voix au chapitre…

 

L’évolution des festivals

Faute de pouvoir présenter la programmation artistique de chaque festival et d’en mesurer la pertinence dans les équilibres, la présentation mutualisée  a été nourrie par le regard d’ Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS en Science politique dont les travaux confrontent les politiques culturelles à l’épreuve des pratiques.

Auteur de plusieurs études sur les festivals, l’expert a évoqué le phénomène de la  festivalisation en soulignant plusieurs grandes tendances.  Ainsi à quelques exceptions près concernant une poignée de grands festivals en Europe, l’inflation des festivals consolide leur ancrage territorial. Les festivals deviennent des opérateurs culturels  et développent des actions tout au long de l’année.  50% des manifestations étudiées «?génèrent?» ainsi une activité à l’année.  70% du public des festivals est local. Sociologiquement ont assiste à une féminisation du public ainsi qu’à son vieillissement, accompagné d’une fragmentation des goûts artistiques.

Si on  compare les coûts de fonctionnement d’un théâtre ou d’une salle de concert, les festivals permettent de faire des économies  notamment grâce au recours au bénévolat. Mais ils bénéficient moins des politiques publiques en matière de pédagogie et de démocratisation artistiques.

 

Voir aussi : Actualité Locale  Rubrique Politique culturelle, Vers un Domaine d’O multipolaire, Crise : l’effet domino, rubrique Festival, Théâtre, rubrique Musique,,

Eva Kleinitz succèdera à Marc Clémeur à l’Opéra national du Rhin

 L'Allemande Eva Kleinitz a été nommée directrice générale de l'Opéra national du Rhin (OnR). Karl Forster

L’Allemande Eva Kleinitz a été nommée directrice générale de l’Opéra national du Rhin (OnR).
Karl Forster

Les candidats étaient nombreux à briguer le poste occupé depuis 2009 par Marc Clémeur, directeur général de l’Opéra national du Rhin, à Strasbourg, Mulhouse et Colmar. Fort de son bilan artistique reconnu et du plébiscite public (90 % de fréquentation à Strasbourg, 86 % tous théâtres confondus), le Belge avait créé la surprise, le 11 février 2015, en annonçant son départ anticipé en septembre 2016 alors que son mandat courait jusqu’en 2018.

Marc Clémeur avait cependant accepté de reporter son départ d’un an à la demande des responsables politiques et autorités de tutelle de l’OnR, soucieux de prendre « plus de temps pour lui trouver un successeur de qualité ». C’est désormais, semble-t-il, chose faite avec la nomination d’Eva Kleinitz, qui prendra les rênes de la maison lyrique alsacienne à compter du 1er septembre 2017.

Première femme à présider depuis octobre 2013 le réseau Opera Europa qui fédère les grandes maisons d’opéras européennes, Eva Kleinitz, 44 ans, est actuellement directrice adjointe de l’Opéra de Stuttgart, en Allemagne. Parfaitement francophone et anglophone, l’Allemande, qui a fait des études de musicologie, psychologie développementale et littérature italienne, est diplômée de l’université de la Sarre.

Une « bonne connaissance des réseaux »

Son parcours professionnel passe par le Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles (Belgique), où elle a été directrice de production de 2006 à 2010, après avoir débuté au Festival de Bregenz (de 2003 à 2006). « Son projet repose sur une vision de l’opéra comme force créative et lieu d’émotion des grandes histoires de notre société, indique le communiqué de presse du Ministère de la culture et de la communication, qui précise encore qu’il vise « à faire de l’Opéra national du Rhin une maison de référence et innovante, ancrée dans son territoire et dans le réseau lyrique international, capable d’incarner une forme artistique vivante à laquelle le public doit être convié. »

Eva Kleinitz a été choisie « pour sa jeunesse et sa bonne connaissance des réseaux », confie Alain Fontanel, vice-président de l’Opéra national du Rhin, qui justifie cette préférence face aux poids lourds en lice, comme Jean-Marie Blanchard, l’ancien directeur de l’Opéra de Genève : « Nous avons finalement privilégié une femme qui incarne un renouveau, une professionnelle d’une stature européenne qui nous apparaît capable de tracer de nouvelles voies ». Après Valérie Chevalier-Delacour nommée fin 2013 à Montpellier, Eva Kleinitz, première femme à diriger l’Opéra national du Rhin depuis sa création en 1972, est aussi la seconde à prendre la tête d’un opéra national en France.

Marie-Aude Roux

Source : Le Monde 01/04/2016

Voir aussi :  Actualité France, Rubrique Musique, rubrique Politique culturelle,