Kaouther Ben Hania : « Le parcours de Mariam démontre qu’il reste du chemin à faire

6d7ab3972e029b9d998425ddf9ca3f5d_L-1Invitée par le cinéma Diagonal en partenariat avec le festival Cinemed, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania était à Montpellier pour présenter son second long métrage « La belle et la Meute » en avant première.

Kaouther Ben Hania est née à Sidi Bouzid en Tunisie. Elle étudie le cinéma à l’Ecole des Arts et du Cinéma à Tunis avant de suivre une formation de scénario à la Fémis à Paris. Elle débute sa carrière en tournant plusieurs documentaires. Dans son premier long métrage, la réalisatrice menait une enquête caméra au point sur l’identité du Challat de Tunis, nom donné à un homme qui roulait à moto dans les rues de Tunis, armé d’un rasoir pour balafrer les fesses des femmes qui croisaient sa route.

La belle et la meute est aussi une libre adaptation tirée d’un fait divers tunisien. Après avoir été violée, Mariam, une étudiante tunisienne, doit lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité.

 

« C’est le déni de ses droits de citoyennes qui crée chez elle une conscience et une détermination...»

« C’est le déni de ses droits de citoyennes qui crée chez elle une conscience et une détermination…»

 La belle et la meute est votre second long métrage.                                            Quelle est l’origine du projet ?

Le choix d’une histoire pour moi c’est un peu comme celui d’une graine. Je fonctionne comme une jardinière, je les arrose. Il y a celles qui prennent et celles qui meurent en court de route, celle là a résisté. Elle s’inspire d’un fait divers, qui m’a donné la matière scénaristique. A partir de cette histoire authentique, le film raconte la réalité d’une société en explorant les codes du cinéma de genre.

On est en effet plus proche du thriller, voire du film d’horreur que du paisible travail de jardinière ?

J’aime le cinéma de genre et j’apprécie les films d’horreur que je trouve très inventifs, même si le film se rapproche plus d’un cauchemar que d’un film d’horreur. Ce n’est pas non plus un thriller ou un film noir avec les codes imposés d’une enquête dans laquelle on progresse en résolvant des énigmes. Dans le film, les preuves sont là mais personne ne veux les voir. On pourrait presque dire que c’est un anti-film noir.

Pourquoi avoir opté pour le plan séquence, cela vous vient-il de votre expérience dans le documentaire ?

Je voulais maintenir une tension, – on revient à mon goût pour les film d’horreur – et rester très réaliste. Avec le plan séquence on est en temps réel, ce qui accentue le malaise. C’est moins confortable pour les acteurs mais cela implique vraiment le spectateur. On suit Mariam pendant toute la longueur de la nuit et on partage son vécu durant 1h40.

J’avais en tête des films qui m’ont inspiré comme La corde d’Hitchcock. Mon expérience dans le documentaire ne m’a pas vraiment servi pour la forme, en revanche j’ai usé de cette expérience pour la recherche d’authenticité. Lors du travail préparatoire, je me suis rendu en amont dans un commissariat où j’ai pris le temps de comprendre le type de relations entre les gens, le fonctionnement général… Ce film n’est pas la reconstitution des faits qui se sont déroulés. C’est une histoire que je m’approprie.

Au début Mariam apparaît comme un personnage assez neutre puis elle évolue du point de vue de sa conscience politique…

En effet, à l’inverse de Youssef, elle n’a aucun passé militant. Au départ, elle demande justice et réparation. C’est le déni de ses droits élémentaires de citoyenne qui créé chez elle une conscience, et une détermination qui arrivent très rapidement, de manière très violente, un peu comme le viol.

On découvre l’état de la société à travers l’attitude jamais univoque et parfois ambivalente des personnages secondaires, pourquoi avoir choisit ce type de traitement ?

Il y a aussi les lieux comme la clinique privée et l’hôpital public ou le commissariat. C’est un film sur la transition. Avant 2011, cette affaire ne serait jamais sortie et en même temps le parcours de Mariam démontre qu’il reste du chemin à parcourir. Le pays est dans la tourmente à la recherche d’un équilibre. Après avoir usé de tous les moyens de pression pour que Mariam retire sa plainte, un des flics use en dernier argument de la nécessité de maintenir la réputation de la police sans laquelle le pays sombrerait dans le chaos.

Un chantage classique que l’on connaît ici avec l’Etat d’urgence. On vous dépouille de votre liberté et de vos droits au nom de la sécurité… Le militant Youssef, évoque le sentiment qu’il éprouve face au système, celui de vivre dans un monde peuplé de zombies.

J’ai travaillé le récit en ellipses, le film fait la part belle au refoulé avec des zones d’ombres enfouies dans la galerie des personnages. Mariam agit comme un révélateur parce qu’elle veut aller jusqu’au bout.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 17/10/2017

Voir : Bande-annonce LA BELLE ET LA MEUTE de Kaouther Ben Hania

Voir aussi : Rubrique Cinéma, Cinemed 2017, Cinemed, rubrique Festival, rubrique Montpellier, rubrique Méditerranée, Tunisie, rubrique Rencontre, On Line Cinemed Site Officiel,

Le Cinemed de Montpellier fait briller la Méditerranée

Mascarade, du réalisateur franco-algérien Lyes Salem. Photo dr

Du 20 au 28 octobre aura lieu le festival Cinemed grand rendez-vous du 7e art méditerranéen à Montpellier. Aure Atika sera la présidente du jury de cette 39e édition qui met l’Algérie à l’honneur.

Trente neuf années que Montpellier suit le cinéma méditerranéen en privilégiant tous ses acteurs et notamment les réalisateurs quelque soit leur origine. Le festival participe pleinement au rayonnement d’une expression cinématographique immensément riche trop souvent oublié par les circuits de production et de diffusion de l’industrie du cinéma. Quatre décennies ont permis de tisser des liens de confiance qui portent aujourd’hui le festival montpelliérain comme un carrefour reconnu dans tout le bassin de la grande bleue mais aussi dans des instances professionnelles comme le CNC. « Cela concourt au développement des échanges artistiques et économiques entre la France et les pays de la Méditerranée, afin que nous soyons les uns pour les autres des partenaires de premier choix », confirmee son président Frédérique Bredin.

Hier, lors de la présentation à la presse, l’ex ministre de la culture Aurélie Filippetti, qui préside le festival depuis 2016, a souligné la solidité de l’engagement financier singulier des partenaires publics « qui s’investissent en laissant une totale liberté aux programmateurs.» La part des fonds publics s’élève à 863 000 euros dont 83% en provenance de la Métropole et de la ville de Montpellier, l’Etat et la Région entrant chacun dans ce budget pour moins de 10%. Pour le maire et Président de la Métropole Philippe Saurel, le Cinemed apparaît comme un des fleurons d’une politique cinématographique et audiovisuelle forte dont l’engagement vise à structurer le secteur des industries culturelle et créative.

Ambiance de fête

Avec 211 films à l’affiche le festival séduit un large public sans céder au faste ni à la tendance people. On attend 80 000 spectateurs dont une grande majorité d’habitants de La Métropole. La volonté de simplicité alliée à l’exigence est un aspect qui joue pour beaucoup dans la réussite public de l’événement. C’est une composante de l’identité du festival qui participe à son ambiance, très ouverte, en correspondance avec la convivialité que partage les peuples de la Méditerranée si terrible soit l’histoire que traversent certains d’entre-eux.

Après la Tunisie en 2016, le Cinemed donnera cette année un coup de projecteur sur le cinéma algérien en privilégiant la jeune garde dont beaucoup ont choisi l’exil après les années 90.

L’énergie du cinéma algérien

Films documentaires, courts et longs métrages vont se succéder, pour dessiner la richesse du paysage cinématographique algérien. Plus d’une vingtaine de films récents sont programmés. On pourra notamment découvrir Kindil de Damien Ounouri, En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui sélectionnés à Cannes, Les bienheureux de Sofia Djama et retrouver la filmographie de l’invité d’honneur Merzak Allouache qui n’a eu de cesse de suivre l’évolution tourmentée de l’Algérie contemporaine.

Parmi les autres réjouissances attendues : une rétrospective du grand maître italien d’après-guerre Alberto Lattuada. Un focus sur l’oeuvre du réalisateur espagnol Fernando Trueba, au sommet de la comédie madrilène. Des hommages  : à Manuel Pradal, ainsi qu’au duo Olivier Nakache et Eric Toledano, l’intégrale de la réalisatrice d’origine algérienne Dominique Cabrera, Les Lumières de la ville de Charlie Chaplin en ciné-concert avec l’Orchestre national de Montpellier, de nombreuses avant-premières, et tous les films en compétition… La présidence du jury de l’Antigone d’Or est confiée à une fille du rock, Aure Atika.

JMDH

Source La Marseillaise

Voir aussi : Rubrique Cinéma, CinemedCinemed 2016 miroir d’un monde qui mute, Jo Sol : Idée d’un corps révolutionnaire et universelElite Zexer : Sur le sable bédouin, rubrique Festival, rubrique Montpellier,

Retour à la vie civile après la boucherie

Le jeu du masque  maquille la vérité comme il peut la dévoiler. Photo dr

Le jeu du masque maquille la vérité comme il peut la dévoiler. Photo dr

 

Cinéma


Au revoir la-haut, l’adaptation du roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 raconte l’histoire d’amitié entre deux poilus sortis traumatisés de la Grande Guerre. Avec Laurent Lafitte et Nahuel Perez Biscayart, réalisation signée Albert Dupontel. Donné en avant première en présence du réalisateur au Gaumont Multiplexe de Montpellier.

L’intrigue suit celle du livre,  Édouard Péricourt et d’Albert Maillard, deux poilus qui, quelques jours avant l’Armistice de 1918, échappent de peu à la mort à la suite de l’excès de zèle mortifère du lieutenant Pradelle qui déclenche un dernier assaut aussi meurtrier qu’inutile. L’un se retrouve défiguré, l’autre, paranoïaque. Sur les ruines du carnage de la Première Guerre mondiale, chacun va tâcher de survivre : Pradelle va construire sa fortune sur le dos des morts tandis qu’Albert et Édouard, condamnés à vivre, vont tenter de monter une arnaque monumentale.

Dans le roman de Pierre Lemaître, la mise en scène était remarquable. Dans sa valeur documentaire comme dans son engagement, le livre pose la question du devenir des vétérans qui rentrent chez eux amoindris physiquement et psychiquement, comme celle du profit matériel et politique offert par les conflits guerriers à la perversité des spéculateurs. Si elle paraissait tout indiquée l’adaptation cinématographique de cette oeuvre n’en était pas moins risquée.

Une belle histoire sur l’Histoire
On pénètre d’entrée dans un  contraste saisissant entre la détresse du front et les salons de l’aristocratie parisienne d’où est issue Edouard Péricourt (Nahuel Perez Biscayart). Dupontel opère des coupes qui réduisent la profondeur des personnages mais il parvient à restituer ce moment insaisissable de la mémoire et de la sensibilité commun aux combattants. La reconstitution historique est léchée, les décors et les costumes, un véritable plaisir pour les yeux.

Dans le rôle du très méchant lieutenant arriviste Pradelle (Laurent Lafitte) frise la caricature tandis que Nahuel Perez, tire partie de sa gueule cassée pour se déployer, morphine aidant, dans un univers féerique.  On pense à Jean Marais dans LaBelle et la bête de Cocteau. L’acteur argentin éclaire l’irréel en opposition au monde du pouvoir pragmatique de son père très bien campé par Niels Arestrup.

Au revoir la-haut, est une belle histoire sur l’histoire. Il fait planer l’ombre du passé et ses atrocités sous un angle qu’on aurait préféré plus critique – le film nivelle quelque peu l’esprit de roublardise des deux poilus avec le calcul froid de la classe possédante et de ses laquais politiques. Il demeure cependant de bonne augure, à l’heure où les va-t-en-guerre sans mémoire ressurgissent aux quatre coins du globe.

JMDH

Sortie en salle le 25 octobre.

Source ; La Marseillaise 28/09/2017

Bande annonce

Voir aussi : Rubrique Cinéma, rubrique Livre, Littérature,

Après «120 BPM», épargnez-nous vos louanges

Des militants d'Act Up à Paris, en 1995. Photo Christian Poveda. Agence VU

Des militants d’Act Up à Paris, en 1995. Photo Christian Poveda. Agence VU

Le cofondateur d’Act Up salue la récompense accordée à Cannes au film de Robin Campillo, mais rappelle que l’engagement a mis ces militants «au ban de la société».

 

TRIBUNE

1026338-portrait-litterature-hommosexualiteIl y a encore deux mois, ma mère me disait à table?: ­«Didier, tu as tout fait contre le sida, c’est bien, maintenant, il faut que tu tournes la page et que tu écrives sur autre chose.» Je lui ai répondu?: «Mais je sais maman?! Tous mes amis me le disent depuis des années, rassure-toi, je n’ai plus rien à raconter.» Et bingo, 120 Battements par ­minute reçoit le grand prix à Cannes. Et Robin Campillo remercie dans son speech les fondateurs et les présidents d’Act Up, et tout bascule instantanément sur Internet avec un déluge de messages. Le film préféré de Cannes sur Twitter entre dans l’histoire de l’épidémie du sida, et des milliers de personnes, séropositives ou non, sont clairement remerciées pour des années d’engagement qui les ont profondément marquées. On sent toute une génération qui s’approprie le grand prix pour ce qu’il est?: un remerciement de la société à une idée, comme le rappelait un récent documentaire sur Arte.

Au-delà du cinéma, c’est le début d’un phénomène populaire qui va s’amplifier à la sortie du film dans les salles, à la fin du mois d’août. La première fois que cela s’est produit pour Act Up il faut remonter à… 1994 avec l’engagement de Cleews Vellay lors du premier Sidaction. Son visage, sa manière de s’exprimer, sa sincérité avaient provoqué une fixation populaire amoureuse qui nous avait tous surpris, lui en premier. A force d’entendre les messages sur le répondeur d’Act Up qui disaient?: «Merci pour ­votre combat?!» c’était devenu une blague interne déclinée en multiples parodies qui survenaient pendant les moments les plus embarrassants de l’activisme (et il y en avait beaucoup).

Nous avons créé ce mouvement au milieu des insultes 

Déjà sur Facebook, les anciens ­redoutent une mania affective qui serait bien différente du mépris que nous avons dû subir de tous les côtés pendant nos années d’engagement. Nous avons créé ce mouvement au milieu des insultes. Alors please, ne recommençons pas la même blague, c’est gênant pour tout le monde. 120 Battements par minute ­raconte une histoire commune que la société a oubliée. Parmi les jeunes LGBT, une très grande majorité n’a aucune idée d’Act Up, la plupart ne connaissant même pas le nom de l’association. Et comme ce film a pour but (entre autres) de susciter un moment de partage et de réconciliation avec l’histoire, ma réponse est désormais la suivante. Si tout le monde parle de transmission de l’activisme, où en sommes-nous du projet d’archives LGBT que la Mairie de Paris promet depuis presque deux décennies et qui reste au point mort?? Mes propres archives du début d’Act Up, je les lègue à qui?? Faudrait-il manifester devant l’Hôtel de Ville pour obtenir enfin un centre de documentation comme d’autres villes européennes en disposent ??

La mémoire est un enjeu politique 

Ce film raconte à quel point le tissu associatif sida était puissant en France dans les années 80 et 90, ce qui a permis à notre pays d’obtenir en priorité les multithérapies qui ont sauvé tant de vies. Anne Hidalgo, allez-vous enfin vous réveiller?? Les anciens présidents d’Act Up sont désormais vieux. Dans le film, nous sommes tous jeunes, ce qui est d’ailleurs une adaptation de l’histoire du groupe puisque nous avons tous été fortement marqués par l’intervention de personnes plus âgées qui nous ont éduqués avec leur savoir et leur expérience.

Mais quand ­Robin Campillo parle de précarité pour rappeler que les séropositifs d’aujourd’hui sont confrontés à la dureté du vieillissement et la mise à l’écart de la société, il a raison. Qui soutient l’association Grey Pride qui est le seul groupe qui travaille sur la question du vieillissement des personnes LGBT?? Qui ose parler de notre appauvrissement social?? Je dois être la seule personne de presque 60 ans qui a monté les marches du tapis rouge de Cannes tout en étant au RSA (oui, les mots «Cannes» et «RSA» dans la même phrase). Je suis au chômage depuis dix ans, c’est marqué sur mon profil Twitter. Et les seules personnes qui écrivent ­encore sur le sida et le militantisme, comme Christophe Martet ou Gwen Fauchois, sont dans la même situation.

«Les autres baisaient, nous, on passait nos soirées en réunion»

Ne vous trompez pas, notre engagement associatif nous a mis au ban de la société. Nous sommes marginalisés précisément parce que nos années de travail n’ont pas été récompensées. L’Etat et les gays haut placés n’ont rien fait pour nous, absolument rien. Personne n’a reçu de médaille à Act Up. Si on nous avait demandé, il y a dix ans, de coordonner le Centre d’archives LGBT, il serait déjà ouvert. C’est précisément parce que nous avons prouvé que nous savions faire les choses que nous avons été mis au placard. La mémoire est un enjeu politique. Les archives de Têtu ne sont pas en ligne, et j’adresse directement mes reproches à Pierre Bergé. Nous avions la possibilité d’offrir le plus grand portail de news LGBT francophones depuis 1995 et nous l’avons laissé partir en fumée.

C’est injuste et cruel. Nous avons consacré les plus belles années de nos vies à ce combat. Les autres baisaient, nous, on passait nos soirées en réunion. Nous avons servi d’exemple. Excusez-moi de faire la drama queen, mais Act Up a précisément réussi grâce à elles. Alors, épargnez-moi les louanges, je ne sais pas y répondre de toute manière. On veut juste travailler et écrire sur ce qui nous passionne encore. On ne veut pas la charité (et dieu sait que je survis grâce à elle), on veut juste participer encore à la société. Nous méritons un travail comme tout le monde. Nous avons toujours traversé la France pour éduquer, discuter, apporter la bonne parole. Gratuitement. Et ça commence à bien faire. Nos vies servent à faire des livres et des films. Il est temps d’être Paid in Full, comme Eric B. & Rakim, classique de 1987, l’année du début d’Act Up aux Etats-Unis, il y a juste trente ans.

Didier Lestrade Journaliste, écrivain, cofondateur d’Act Up et de Têtu

Publié dans LIbération le 30/05/2017

Voir aussi : Actualité France : Rubrique Politique, société civile, rubrique Société, rubrique Santé, Citoyenneté , Vertus et vices de la comédie sécuritaire, Rubrique Mouvements sociaux, rubrique Histoire, rubrique Danse, Robyn Orlin . Requiem pour une Afrique renaissante, rubrique Société, rubrique Religion, Le pape contre le « fumier du diable »

Le festival de Radio France célèbre la révolution en musique

1-radiofrance-3Festival Radio France Montpellier Occitanie
La 33e édition du Festival de Radio France Montpellier Occitanie débute aujourd’hui. L’ensemble des radios publiques se penchent cette année sur le thème des Révolutions, en particulier celle de 1917.

Après le grand voyage d’Orient proposé en 2016, le Festival de Radio France Montpellier Occitanie affirme sa singularité en choisissant cette année de célébrer les Révolutions et notamment le centenaire de 1917. Non que le terme de révolutions ne soit pas d’actualité dans le monde en crise que nous connaissons, bien au contraire, mais il compte toujours dans la sphère politique, médiatique et en partie intellectuelle parmi les mots tabous. On préfère évoquer les termes de transformation sociale plutôt que  celui de révolution, de même qu’on choisira de parler de redressement ou de responsabilité plutôt que d’user du terme d’austérité.

Ténacité  artistique
La détermination du directeur du festival Jean-Pierre Rousseau, qui connaît les couloirs circulaires de la Maison ronde comme sa poche, est à souligner pour ce choix artistique pertinent. L’an dernier, l’homme avait analysé avec rigueur le mal dont notre société souffre en maintenant la programmation culturelle du festival après la sinistre soirée du 14 juillet niçois.

Depuis sa nomination en 2014, son travail a permis de dégager l’horizon incertain dans lequel se trouvait le Festival. Comme quoi, les grands navires – et le festival de Radio France en est un (il propose pas moins de 125 concerts en 18 jours) – doivent beaucoup à l’intégrité de leur capitaine.

Retour de Sonya Yoncheva à Montpellier dans Sibéria de Giordano le 22 juillet.

Retour de Sonya Yoncheva à Montpellier dans Sibéria de Giordano le 22 juillet.

Avec la complicité de Corinne Delafons en charge de la programmation et de la coordination artistique, Rousseau trace cette année un récit musical des révolutions. L’année 1917  est une date charnière de l’histoire du monde.

« Célébrer le centenaire de l’année 1917, c’est mettre l’accent sur l’incroyable foisonnement artistique et musical qui nait du chaos politique et social partout en Europe, indique Jean-Pierre Rousseau, de nouveaux langages s’inventent, la révolution s’empare des créateurs jusqu’à ce que tombent les rêves et les illusions ».

Richesse du programme
L’édition 2017 s’ouvre largement aux audaces du répertoire russe à travers les récitals de piano des deux virtuoses Lukas Geniusas et Boris Berezovsky qui interpréteront Rachmaninov, Prokofiev, Vsevolod Zaderatsky. On pourra également entendre le concerto pour violon de l’arménien Khachaturian sous la direction d’Emmanuel Krivine avec l’Orchestre National de France. L’orchestre National de Lille dirigé par Alexandre Bloch jouera l’œuvre de Nikolai Roslavets, Aux heures de la nouvelle lune.

Le 25 juillet, l’Orchestre Philarmonique de Radio France propose un programme dédié à la Révolution d’Octobre dirigé par Vladimir Fedosseyev. Le propos s’élargit à toute l’Europe de l’époque (Sibelius, Respighi, Ravel, Langgaardn Nielsen) et à la révolution des langages pianistiques de Scarlatti à Boulez.

Trois soirées lyriques sont attendues à l’Opéra Berlioz, dont la version en deux actes d’I Puritani de Bellini samedi 15 avec Karine Deshayes dans le rôle d’Elvira. Sibéria de Giordano le 22 juillet, marque le retour de Sonya Yoncheva et du chef Domingo Hindoyan,  le 24 Hervé Niquet viendra fêter les 30 ans du Concert Spirituel avec l’Opéra imaginaire.

L’édition 2017 du Festival permet une explosion de talents en poursuivant sur sa lignée. Il propose un nombre impressionnant de jeunes artistes, chefs d’orchestre, jeunes ensembles et solistes à découvrir. 90% des propositions sont gratuites, et tous les genres musicaux sont à nouveau au rendez-vous.

JMDH

Source La Marseillaise 07/10/2017

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Festival, rubrique Musique, rubrique Montpellier, rubrique Histoire, rubrique Russie,