La décision, mercredi 6 décembre, du président américain, Donald Trump, de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël a déclenché une vague de critiques de la communauté internationale et fait craindre une nouvelle Intifada au Proche-Orient. Cette vague de réprobation et ces inquiétudes occupaient de nombreuses « unes » de la presse internationale, jeudi.
New York Times, Washington Post, Boston Globe, Financial Times… A des degrés divers, les principaux titres de la presse américaine faisaient état de leurs préoccupations ou de leur scepticisme quant à une décision risquant « d’interrompre les efforts de paix ».
Le New York Times déplore l’isolement accru de la diplomatie américaine que traduit cette décision et souligne le risque d’un embrasement supplémentaire de la région auquel elle peut conduire : « Trump affirme que son plan pour Jérusalem est un pas en avant en direction de la paix, mais en pratique, il place le Moyen-Orient au bord de l’explosion, écrit le quotidien. La décision de Trump isole les Etats-Unis sur l’un des sujets diplomatiques les plus sensibles. »
Mais le New York Times insiste aussi, dans un autre article,sur ce que cette décision traduirait des liens du président américain avec certains de ses soutiens :
« M. Trump admet que sa décision est provocatrice. Mais comme il l’a fait en se retirant de l’accord de Paris ou en refusant de certifier l’accord avec l’Iran, il se délecte en jouant son rôle favori consistant à défier l’orthodoxie en matière de politique étrangère au nom des intérêts de ceux qui l’ont élu. »
« Pour Donald Trump, le statut de Jérusalem est plus un impératif politique qu’un dilemme diplomatique. Entre ses partisans [chrétiens] évangéliques et pro-israéliens (…) et des dirigeants arabes menaçant son propre plan de paix, le président s’est rangé à l’avis de ses partisans », écrit le quotidien.
Si, de prime abord, le Washington Post, dans son éditorial, veut voir « un certain bon sens » dans la décision prise par M. Trump, c’est pour, aussitôt, relever que ce dernier minimise les risques d’« un embrasement au Moyen-Orient et au-delà » et, qu’en adoptant une stratégie « peut-être efficace auprès de sa base électorale, ainsi que de nombreux Israéliens », il prend « un gros risque dans le seul but de marquer des points politiquement ».
« En pratique, le gouvernement israélien siège à Jérusalem-Ouest depuis 1949, et aucune solution impliquant la création d’un Etat palestinien ne pourra changer cela », rappelle le quotidien. C’est d’ailleurs ce qui fait dire à M. Trump que cette reconnaissance n’est « ni plus ni moins que la reconnaissance d’un état de fait ». Le Washington Post nuance ensuite :
« Mais en même temps, les présidents Bill Clinton, George W Bush et Barack Obama avaient de bonnes raisons de se retenir de franchir ce pas, même si, comme M. Trump, ils avaient promis durant leur campagne de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. Ils ont estimé que cette étape somme toute symbolique pourrait saper la diplomatie américaine dans tout le Moyen-Orient, ainsi que leurs espoirs de trouver un arrangement entre Israéliens et Palestiniens — et potentiellement déclencher des violences, y compris contre des ressortissants Américains.
REVUE PRESSE Moyen Orient
Dans un article intitulé « Trump n’a pas tué le processus de paix, il a juste annoncé sa mort », le quotidien israélien Haaretz estime que « la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par les Etats-Unis a fait voler en éclats l’illusion que, si les problèmes centraux du conflit israélo-palestinien pouvaient être résolus, le conflit prendrait fin ».
Dans un autre article intitulé « Des Palestiniens expriment leur désespoir face à la décision de Donald Trump sur Jérusalem », le journaliste Nir Hasson décrit la profonde désillusion des Palestiniens de Jérusalem-Est, se sentant abandonnés de tous depuis longtemps et pour qui la déclaration de M. Trump n’est qu’une goutte d’eau de plus : « Il semble que les attentes des Palestiniens vivant à Jérusalem soient si minces que rien ne peut les choquer. »
Dans le monde arabe, les alliés de Washington sont tiraillés entre leur puissant partenaire et une opinion publique hostile à Israël. L’Egypte, l’Arabie saoudite et la Jordanie, alliés clés des Etats-Unis dans la région, qui ont établi des liens géopolitiques ou de dépendance financière avec Washington, se retrouvent dans une position délicate.
En Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem, où le gouvernement a dénoncé la décision de M. Trump comme « une violation du droit international et de la charte des Nations unies », le quotidien anglophone Jordan Times estime que « déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem déclencherait un bouleversement régional ».
De son côté, le journal libanais Al-Akhbar, favorable au Hezbollah, titrait en « une » jeudi « Mort à l’Amérique », d’après la traduction de Reuters, réaction la plus vive d’une presse libanaise déjà très critique envers la décision de Trump. Al-Akhbar la qualifie de « Nouveau Balfour de l’Amérique », en référence à la déclaration Balfour, par laquelle le Royaume-Uni évoquait il y a un siècle l’établissement d’un foyer national juif au Proche-Orient. Le journal écrit :
REVUE DE PRESSE Europe
Trump enterre-t-il le processus de paix israélo-palestinien ?
La communauté internationale a réagi avec inquiétude à la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’Etat hébreu. Tandis que la France et la Grande-Bretagne ont sollicité une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Arabie Saoudite a appelé Washington à revenir sur sa décision. Seul Israël a salué l’initiative américaine. La presse européenne redoute que le président américain ne ravive le conflit israélo-palestinien.
A l’unisson des gouvernements européens, dont beaucoup ont condamné la décision de M. Trump, de nombreux titres européens dénoncent celle-ci, pointent l’isolement de Washington et affichent leurs inquiétudes quant aux conséquences possibles.
« Trump rompt l’équilibre international », pour El Pais, en Espagne ; « Trump isolé sur Jérusalem », pour le Corriere della Sera, en Italie ; « Donald Trump ébranle le Proche-Orient », pour Le Soir, en Belgique ; « Explosion de colère après que Trump a déclaré Jérusalem capitale d’Israël », pour Le Guardian, au Royaume-Uni…
Et le quotidien britannique de s’inquiéter dans une tribune : « L’erreur de Trump sur Jérusalem est un désastre pour le monde arabe… et les Etats-Unis. (…) Maintenant, il a annoncé que son administration reconnaîtrait Jérusalem comme capitale d’Israël, faisant marche arrière sur plusieurs décennies de politique américaine. Ce nouveau pas va engendrer de multiples conséquences négatives, impossibles à anticiper pour la plupart. »
Un médiateur devenu pyromane
El Mundo y voit une initiative irresponsable et stupide :
«Un an passé à la tête de la superpuissance mondiale et Trump n’a toujours pas compris que sa principale responsabilité consistait à résoudre les conflits, du moins à ne pas en créer de nouveaux. Sa décision de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël est l’une de ses pires erreurs en date ; elle pourrait raviver les conflits au Proche-Orient et renvoyer sine die la potentielle reprise des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Au titre de puissance garante, les Etats-Unis ont toujours assuré le rôle d’arbitre et de médiateur dans le dialogue sans fin entre les deux parties. S’ils se rangent du côté de Tel-Aviv, ils perdront toute leur influence et aggraveront la situation.»
Une violation du droit international
Cette décision entérine la colonisation israélienne, estime Aftonbladet :
«La politique de colonisation réduit mètre carré par mètre carré la marge de négociation. Ceci vaut notamment pour Jérusalem, dont la partie palestinienne est étouffée par les colonies. Sans accord préalable concernant Jérusalem, une solution à deux Etats est impossible. La décision de Trump de transférer l’ambassade américaine et de reconnaître les revendications israéliennes revient à avaliser la politique de colonisation. Cela signifie que les Etats-Unis acceptent et entérinent des violations du droit international. Dans le pire des cas, l’initiative entraînera un regain de violence ; dans tous les cas, l’étiolement d’une lueur d’espoir déjà faible et la perte d’influence des Etats-Unis dans la région.»
Trump alimente le terrorisme
La décision de Trump fait le jeu des islamistes, déplore Tages-Anzeiger :
«La situation risque de s’envenimer, comme si cette région en crise ne souffrait pas déjà assez. Les Palestiniens ont annoncé ‘trois jours de colère’, le Hamas a menacé de commettre des attentats. … Si l’on assiste à un nouveau soulèvement palestinien, le processus de paix ne sera plus bloqué, il sera tout simplement mort. Au profit de Daech, d’Al-Qaida et de tous les terrorismes islamistes. Jérusalem, al-Quds pour les Arabes, est la troisième ville sainte après La Mecque et Médine, surtout pour les sunnites. De même que l’interdiction d’entrée sur le territoire américain visant les musulmans, le déménagement de l’ambassade américaine est ‘instrumentalisable’ à souhait par la propagande. Ce qui aurait aussi des conséquences pour l’Europe. Une fois de plus, Trump hypothèque la sécurité internationale. »
Une bonne décision
Die Welt est favorable à l’initiative américaine :
«Les Israéliens avaient construit leurs bâtiments gouvernementaux alors que la ville était encore divisée et alors qu’ils n’en occupaient que la partie occidentale – la partie Est étant à l’époque contrôlée par la Jordanie. Le statut de Jérusalem en tant que capitale israélienne est donc plus ancien que la guerre des Six jours de 1967, au cours de laquelle Israël avait également conquis l’Est de la ville. Un tel acte de reconnaissance ne préempte d’aucune façon le résultat des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. Rien n’empêche les Palestiniens de faire de Jérusalem-Est leur capitale, dans la mesure où les deux parties s’entendent sur cette solution.»
Washington galvaude son leadership
Le quotidien Yeni ?afak craint que cette décision n’attise d’autres conflits :
«Le monde islamique est très en colère contre le gouvernement américain. … L’idée d’un transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem n’est pas nouvelle, et ce ne sera pas la dernière décision de ce type dans le cadre de la politique palestinienne du gouvernement Trump. Il ne serait pas surprenant non plus que l’on se mette bientôt à envisager des négociations sur une ‘solution à un Etat’. La crise se poursuit dans la région, elle s’institutionnalise. On veut manifestement mettre en œuvre au Proche-Orient la stratégie du ‘chaos créatif’, comme l’avaient nommée la ministre des Affaires étrangères de George W. Bush [Condoleezza] Rice et les penseurs néoconservateurs. Mais ce ‘chaos créatif’ se mue lentement en incendie qui cerne les Etats-Unis et menace de consumer leur hégémonie internationale.»
Un front uni contre l’Iran ?
Si le monde arabe tolérait la décision de Trump, alors il n’y aurait plus d’obstacle à une alliance contre Téhéran, juge Lucia Annunziata, rédactrice en chef du portail Huffington Post Italia :
«Le gouvernement israélien est convaincu qu’après ces ultimes années de guerres intestines dans le monde arabe, une bonne partie de l’opinion publique estime désormais qu’Israël est en fin de compte un bon allié, ne serait-ce que dans une perspective utilitaire, pour relever les défis du terrorisme et de l’Iran. Et donc qu’une nouvelle partition incluant Jérusalem est possible, transformant l’Etat hébreu en nouvel atout dans la région. Avec l’appui, peut-être, du prince héritier saoudien, le réformiste Ben Salmane, qui partage aujourd’hui avec Israël la volonté et la nécessité de mettre un frein à l’Iran, au nom de la revanche sunnite contre les chiites, quel que soit le prix à payer.»
Théâtre
Une expérience de La Vaste Entreprise proposée, écrite et menée par Nicolas Heredia avec la complicité artistique de Marion Coutarel.
Nicolas Heredia développe depuis 2007 le projet artistique de La Vaste entreprise où se rejoignent son travail théâtral et sa pratique des arts visuels. Sa démarche s’opère à travers une approche privilégiant la mise en valeur d’un ordinaire poétique et/ou politique et sensible plutôt que le spectaculaire. Sa dernière création L’Origine du Monde semble balisée par la notion de hasard. Un homme passe devant une brocante, son regard se pose sur une toile peinte. C’est l’Origine du Monde.
« Les dimensions de la toile de Courbet, “ L’Origine du Monde ”, sont de 46 x 55 cm. Les dimensions de la copie trouvée sur un marché aux puces sont aussi de 46 x 55 cm. Je ne connais pas le prix de la toile originale. Celle du marché aux puces coûtait 200 euros. Avec 200 euros, je pouvais, par exemple, faire réparer la vitre de ma voiture. Ou m’acheter un aspirateur sans fil Rowenta Delta Air Force All Floors Cyclonique.»
La mise en scène s’affûte à partir de ce point de départ, le texte n’est pas la seule référence de l’écriture. Nicolas Heredia empile les questions plus métaphysiques que pragmatiques, ou économiques, sur la valeur des choses, de l’argent, de l’aventure (de l’art, peut être) en s’appuyant sur une interactivité qui prend à contre pied la partition attendue.
L’artiste reconnaît les signes que sème le destin. Il instaure un jeu «dont vous serez peut être le héros, ou peut-être pas (et si ce n’est pas vous, un autre peut-être sera ce héros mais nous ne savons pas quand ce héros se manifestera)». L’expérience est pensée pour être collective. Et peu à peu, l’odyssée de L’Origine du monde impose sa parabole.
A qui appartient le quatrième pouvoir ? Les médias, que ce soit de presse écrite, télévisuels ou encore radiophoniques, sont régulièrement accusés d’être à la main de quelques puissants hommes d’affaires. Le fait que plusieurs grands quotidiens nationaux soient détenus par une poignée d’industriels des télécoms, du luxe ou encore de l’armement est souvent mis en avant. Mais les médias ne se réduisent pas aux quelques journaux nationaux. Julia Cagé, économiste à Sciences-Po, s’est lancée dans un travail d’analyse de l’actionnariat des médias pour répondre à la question : « Qui possède les médias ? ».
Première réponse de l’universitaire, dans une note publiée le 4 décembre : « Il s’avère extraordinairement difficile de répondre à cette question simple ». Complexité et manque de transparence sont les deux qualificatifs avancés par cette spécialiste de la presse pour décrire cet actionnariat.
En effet, entre l’actionnaire réel et le média, s’intercalent souvent nombre de sociétés, notamment des holdings. L’exemple du quotidien Libération est éclairant. Si le journal précise dans ses pages qu’il est la propriété de SFR presse, le lien entre Libération et l’opérateur n’est pas direct. Le quotidien est possédé à 99,99% par Press Media Participation. Cette société a pour actionnaire, à 50,01%, PMP Holding, qui elle-même appartient à 63,44% à Altice Media Group France, dont l’actionnaire principal est SFR.
Déterminer qui est l’actionnaire réel n’a donc pas été aisé pour l’universitaire. Mais à partir des données collectées entre décembre 2015 et juin 2016, Julia Cagé a dressé un portrait des actionnaires et surtout de leurs secteurs d’activités.
Ainsi, la moitié des actionnaires de la presse écrite et en ligne en France exercent dans la finance ou les assurances. Ceci s’explique en partie par quelques grands groupes, comme le groupe EBRA-Crédit Mutuel, qui possède la quasi-intégralité des quotidiens régionaux de l’Est de la France : des Dernières Nouvelles d’Alsace au Dauphiné Libéré en passant par Le Progrès. Ou encore le groupe du Crédit Agricole qui détient une participation minoritaire au sein du groupe La Montagne.
Cette note n’est qu’une première étape de recherche, des publications devraient suivre sur le cas d’autres pays, mais également sur l’impact de la structure de l’actionnariat sur la couverture médiatique.
S’il est une chose que les dérèglements climatiques ne chamboulent pas, c’est bien le froid piquant de décembre et la pluie fine, à la limite de la neige, qui transpercent les vêtements et congèlent la peau. Et c’est pendant l’hiver que la pauvreté de celles et ceux qui vivent dans la rue, sans toit ni hébergement, nous paraît le plus insupportable – même si non, la misère n’est pas moins pénible au soleil, les épisodes caniculaires se traduisant par des poussées de mortalité chez les SDF les plus fragiles. Il y a une constance, dans le froid ou sous le soleil, la rue tue. On estime à environ 47 ans l’espérance de vie des personnes sans domicile fixe (contre plus de 80 ans pour la population générale).
Malgré cela, les gouvernements successifs semblent avoir consciencieusement laissé de côté ce pan peu reluisant de notre modèle de développement. Et c’est particulièrement vrai ces dernières années, qui ont vu les inégalités sociales augmenter. Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre de janvier 2017, le nombre de SDF a augmenté de 50 % ces dix dernières années en France, et le nombre de mal-logés (logement insalubre, mal insonorisé, passoire énergétique, etc) atteint le chiffre faramineux de 4 millions de personnes. Sans compter les réfugiés, les Roms et toutes ces populations invisibles qui restent les grandes oubliées des politiques publiques. Or on le sait, le logement – et sa qualité – est la base pour la santé, le travail, la scolarisation des enfants, bref pour se réapproprier ses choix de vie.
Emmanuel Macron lui-même l’a d’ailleurs dit, il ne veut plus personne à la rue d’ici la fin de 2017. Beau projet (Lionel Jospin l’avait déjà évoqué alors qu’il était Premier Ministre il y a maintenant 20 ans !), mais qui tarde à se traduire en moyens (comme d’habitude). Et encore, quand les projets de centres d’hébergement ne rencontrent pas d’opposition des riverains eux-mêmes, comme ce fut le cas dans le 16ème arrondissement de Paris, qui avait vu voler en 2016 les insultes de certains habitants pour empêcher la création d’un centre (sic) qui, depuis, fonctionne pourtant très bien.
Face à la lenteur de la réaction et aux concerts des resto du cœur qui avive l’attention de l’opinion publique, chaque hiver donc, c’est la même chose : on pallie à l’urgence. Pour la seule Ile-de-France, l’Etat a mis à disposition plus de 10 000 places d’hébergements d’urgence pour la capitale, et 30 000 pour la région entière. Et Paris y ajoute des gymnases, transformés en dortoirs pour parer au plus urgent. Mais on est encore très loin du compte. Des centaines de personnes dorment dans les rues de Paris – avec dans certains cas, la présence d’enfants ! – et pour cause, le fameux 115, qu’il faut appeler pour obtenir une place, ne répond pas. En effet, seul un tiers des appels entraîne un hébergement.
Incroyable situation dans une région qui compte pas moins de 5 millions de m2 de bureaux vides (chauffés et pour certains gardés pour éviter les intrusions, ce qui coûte de l’argent pour rien) ! C’est là où le bât blesse. Car pour permettre l’hébergement de toutes et de tous, nous devrions pouvoir réquisitionner ces m2 aujourd’hui parfaitement inutiles (sauf à tendre encore un peu plus le marché immobilier et à faire monter les prix déjà très élevés). L’utilisation de ce type de surfaces de manière temporaire est possible : nous l’avons déjà expérimenté pour des bâtiments publics en attente de travaux ou de réhabilitation, par exemple à Porte de la Chapelle, avec l’installation d’un centre d’accueil pour les migrants ou encore dans le 19ème arrondissement, avec la transformation du lycée Jean-Quarré en centre d’accueil temporaire. Pour des coûts de mise aux normes très faibles. Pour des bénéfices humains incommensurables.
Depuis le 7 Juillet 2017, la France exprime son profond désaccord avec l’adoption à l’ONU du Traité d’interdiction des armes nucléaires, le TIAN. C’est un choix de vision diplomatique. Mais refuser d’envoyer un ambassadeur de premier rang à la cérémonie du prix Nobel de la Paix, c’est une erreur sans nom !
Le 10 décembre, le Comité Nobel norvégien va attribuer le prix Nobel de la paix à la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN). Ce collectif d’associations recevra ce prix pour son travail de sensibilisation sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires ainsi que pour son initiative inédite visant à obtenir l’interdiction de ces armes au moyen d’un traité.
Il est de coutume que la France, (comme les britanniques et les Etats-Unis) envoie un ambassadeur de haut rang, pour représenter le président de la république. Or cette année, Paris (avec Washington et Londres) a officiellement annoncé que cela ne sera pas le cas, un « simple » chargé d’affaire sera présent.
C’est une faute grave et démontre chez les acteurs de la politique étrangère de ces 3 Etats à quel point ils sont dans un aveuglement complet :
Une faute à l’égard du Comité Nobel et vis-à-vis de tous les récipiendaires de ce prix ; Ce comité qui, il ya tout juste 100 ans attribuait cette récompense au Comité Internationale de la Croix Rouge.
Une faute de rang et d’honneur. La France qui se dit promouvoir le multilatéralisme (discours du président Macron à l’ONU), protectrice des Droits de l’homme, respectueuse de la démocratie remet tous simplement en cause ses fondements.
Une faute dans le cadre de la crise nord-coréenne. Car, que signifie ce message. Il faut avoir et conserver des armes nucléaires ? Face cela, il est facile d’imaginer la réaction nord-coréenne dans une future réunion de l’ONU…
Une faute vis-à-vis de ses propres engagements réalisés à de multiples reprises en faveur du désarmement nucléaire à travers des traités internationaux et des résolutions du Conseil de sécurité. En effet, cet acte est bien une protestation contre une ONG qui travaille pour promouvoir le désarmement nucléaire.
Une faute vis-à-vis des 122 Etats à travers la planète qui ont adopté en juillet le Traité d’interdiction des armes nucléaires. Comment ces Etats vont-ils pouvoir croire les diplomates français qu’ils sont en faveur du désarmement, si ils boudent la cérémonie du prix Nobel !
La France joue depuis 2013 le jeu de la chaise vide. Après avoir été absente des trois conférences (2013 et 2014) intergouvernementales sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires ; des Groupes de travail de l’ONU sur le désarmement nucléaires (2013 et 2016) ; de la négociation du traité d’interdiction (mars, juin, juillet 2017) ; Elle ne sera donc pas (vraiment) présente ce 10 décembre.
A ceux qui s’interrogent pourquoi la France perd de son influence dans le monde, la réponse se trouve dans ces absences, le non respect de ces engagements et ce message d’un autre âge que le Président Macron et son ministre des affaires étrangères Le Drian viennent d’envoyer ….