Avec Edouard oublions Fukushima

Le Canard enchaîné . 15/03/2017

Le Canard enchaîné . 15/03/2017

Le chef de l’Etat, qui n’a guère fait campagne sur les thématiques environnementales, s’est choisi un premier ministre, Edouard Philippe, lui-même peu sensible à l’écologie. Le maire du Havre (depuis 2010), diplômé de Sciences Po et de l’ENA, n’a pas vraiment manifesté, dans son parcours professionnel pas davantage que dans ses mandats électifs, d’attrait pour les questions environnementales.

Les ONG écologistes s’alarment de son passé – à leurs yeux de son passif – au sein du groupe Areva, alors fleuron du nucléaire français, dont il a été directeur des affaires publiques de 2007 à 2010. « Cette nomination est extrêmement inquiétante au regard des enjeux actuels, écrit le réseau Sortir du nucléaire. Aucune complaisance ne saurait être tolérée envers l’industrie nucléaire de la part de l’exécutif. Mais cette nomination d’un ancien VRP d’Areva laisse craindre le pire et en dit long sur l’intérêt d’Emmanuel Macron pour la transition énergétique. »

Ancien cadre d’Areva, le premier ministre a voté comme député contre les lois sur la transition énergétique et sur la biodiversité.

la suite de l’article du Monde

Voir aussi  : Actualité France, Rubrique Environnement, rubrique Politique, Politique économique, EDF va reprendre à Areva l’ingénierie des réacteurs nucléaires , Le réacteur EPR de Flamanville touché au cœur, Ségolène et le nucléaire, On Line, EPR de Flamanville : les quatre malédictions d’un chantier controversé, Rubrique Japon, Au Japon, les enjeux cachés des législatives,

Luxleaks. La relaxe pour Deltour, Halet et Perrin

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Motion adoptée au congrés du SNJ-CGT le 8 mars 2017

Le 15 mars prochain, la justice luxembourgeoise doit rendre son verdict dans l’affaire Luxleaks et décider du sort de deux lanceurs et d’un journaliste qui ont révélé le scandale financier de l’évasion fiscale dans ce dossier emblèmatique de la liberté d’expression et la reconnaissance des lanceurs d’alerte.

Lors de l’audience en appel le 12 décembre 2016, les syndicats de journalistes français avec la Fédération européenne des journalistes (FEJ) avaient témoigné au Luxembourg leur solidarité aux trois prévenus.

Aujourd’hui le SNJ-CGT réitère sa condamnation face à l’acharnement de la justice de ce pays qui « sous pression des multinationales, avait décidé en juillet de faire appel des condamnations (29 juin 2016) des lanceurs d’alerte Antoine Deltour et Raphael Halet à respectivement 12 et 9 mois de prison avec sursis et une amende de 1500€ et 1000€ pour leurs révélations ».

« Le parquet n’a pas digéré l’acquittement du journaliste Edouard Perrin dont l’enquête pour Cash investigation sur France 2 avait révélé les arrangements fiscaux au profit des multinationales, négociés avec l’administration fiscale luxembourgeoise par le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) », selon le texte des syndicats.

Le SNJ-CGT, réuni en congrés à Montreuil ce jour, appelle à la relaxe d’Edouard Perrin, d’Antoine Deltour et de Raphael Halet, qui n’ont fait qu’agir en conscience en informant et en dénonçant l’évasion fiscale.

Il faut tout mettre en œuvre pour assurer la liberté d’informer et la protection des lanceurs d’alerte.

Avec la FIJ/FEJ, le SNJ-CGT appelle la profession à se mobiliser. Il décide d’envoyer une délégation au Luxembourg le 15 mars pour témoigner de son soutien à Antoine Deltour, Raphael Halet et Edouard Perrin.

Voir aussi : Actualité Internationale, Actualité France, Rubrique Société, JusticeTravailPendant ce temps, les lanceurs d’alerte crèvent tout doucement, rubrique Politique, Société civile, Lanceurs d’alerte, Politique Economique, , Un nouveau droit à l’opacité pour les multinationales, rubrique UE, rubrique Médias,

Jean-Luc Mélenchon : « Convaincre les masses d’entrer dans le combat »

Jean-Luc Mélecnhon dans les locaux de la Marseillaise. Photos LM

Ecologie, Europe, candidature unique… Entretien avec Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise à la Présidentielle.

Colonne vertébrale du projet, la planification écologique est un sujet qui a progressé dans la société depuis 2012. Cependant, elle fait toujours débat à gauche ?

En préambule, je voudrais dire que si nous avons une dette à l’égard du mouvement écologique, c’est l’entrée en lice de notre famille politique qui a modifié la façon avec laquelle le sujet a pénétré le débat en France. A partir du moment notamment où les organisations de salariés ont pris conscience de cet enjeu vital pour la survie de l’humanité. Au point que, en mars 2012, nous avons pu organiser une première réunion des entreprises en lutte avec des solutions écologiques pour sortir de leur crise et renforcer l’emploi. Pas assez remarqué à l’époque, cet événement a été, pour moi, fondateur. A partir de là, toutes les luttes sociales, surtout les luttes industrielles, ont pris un axe nouveau, intégrant le paramètre de la responsabilité écologique de la production. Cela a permis de décloisonner socialement la préoccupation écologique.

Et du point de vue idéologique ?

Les choses ont été aussi spectaculaires pour tout une partie du courant progressiste qui avait, pendant de nombreuses décennies, confondu le développement des forces productives avec le progrès. Nous avons élargi le champ de la critique intellectuelle au contenu de la technique que nous avions tendance à juger spontanément bonne. Cela ne veut pas dire que nous pensons que la technique est dangereuse pour l’avenir. Au contraire, la transition écologique se présente d’abord comme un défi technique pour l’outil de production industriel. Pour mettre des parcs d’éoliennes en mer, couler des hydroliennes, en se cantonnant à la partie maritime du projet, c’est de la métallurgie, de la sidérurgie, ce sont des navires de service à construire et ce sont des milliers d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers… à mettre en mouvement.

Sur le plan idéologique, c’est l’intuition fondamentale du communisme qui est vérifiée par le défi de la crise écologique : il y a des biens communs et leur destruction détruit l’humanité elle-même. De même pour l’intuition républicaine -?nous sommes bien tous semblables puisque nous dépendons tous du même écosystème?- ou encore l’intuition socialiste qui est qu’on ne s’en sortira pas autrement que tous ensemble.

Il y a donc dans la situation que nous vivons, une vérification des fondamentaux de notre regard sur le monde. Ce qui est extraordinaire et doit être pris avec enthousiasme même si, sur le fond, c’est une catastrophe qui menace la civilisation elle-même. Ce que j’ai donc à dire à mes amis, c’est « reconsidérez la situation non pas à partir de la lettre de ce qu’ont été nos idées durant plusieurs décennies, mais de partir de l’esprit qu’elles portaient. Et vous verrez alors que vous êtes écologistes ».

Et le nucléaire qui ne fait pas non plus consensus ?

Il faut continuer à chercher à convaincre, mais en même temps il faut savoir trancher. Dans le Front de gauche, nous étions partisans d’un référendum car la question traversait toutes nos familles politiques. Depuis, il y a eu Fukushima et je considère que même si pendant 40 ans, voire plus, les salariés du nucléaire ont réussi à nous garantir un haut niveau de sécurité, ce n’est plus le cas. Non seulement parce que leur situation a été précarisée de manière dangereuse, mais parce que les installations ont vieilli et que le grand carénage coûterait plus cher que le passage aux énergies alternatives. J’estime de plus que le danger est particulier en France parce que nous ne sommes pas indépendants au niveau de la fourniture, l’uranium, et parce que les installations ont été implantées dans des endroits névralgiques qui créent des situations de sur-danger. Donc, ma décision est prise. On arrêtera les réacteurs qui doivent être arrêtés, ceux qui arrivent en fin de vie à 40 ans pendant le prochain quinquennat et on sortira du nucléaire aussi vite que possible. Mon appel est un appel à la mobilisation générale des ingénieurs, des techniciens et de la population. Le problème des emplois ne se posera pas, le recyclage de la totalité des gens qui travaillent pour le nucléaire se fera dans le démontage de ce nucléaire qui prendra au moins 20 ans, et dans les nouvelles énergies.

Un mot sur Nexcis que vous aviez soutenu à Rousset durant son conflit avec EDF ?

C’est le résultat de l’hyper-concentration de la décision dans EDF. Cela aboutit à des aberrations telles que l’investissement sur Hinckley Point qui est antinational et va peut-être couler EDF à cause du poids qu’il fait peser ; mais cela développe aussi une logique technicienne amie des seuls très grands projets. C’est ce que l’on a vu avec Nexcis. Les panneaux qu’elle produisait auraient permis, en équipant la tour CMA CGM à Marseille, de la rendre autonome et d’alimenter le quartier. Mais EDF a gelé le projet et coulé une chaîne de production. Je m’engage bien sûr à ce que cette chaîne de production soit immédiatement relancée à échelle industrielle.

Vous avez mentionné l’Europe et la nécessité d’un plan B comme le point insurmontable avec Benoît Hamon. Lors de la réunion sur la finance organisée par le PCF, Pascal Cherki a dit que ce rapport de force pouvait être mis en place grâce à la capacité de blocage de la France qui refusera de signer le Ceta. Qu’en pensez-vous ?

Il est vain de croire que la seule capacité de blocage constitue une énergie positive. D’autant qu’il ne s’agit pas que de bloquer mais de sortir des traités, de tous les traités constitutifs de l’actuelle union européenne. Je ne me réfère pas à ce que dit Pascal Cherki, au demeurant fort sympathique, mais à la réalité. Et cette réalité est que c’est le président Hollande qui est le penseur de l’Europe politique pour le PS. Il a clairement fixé sa trajectoire : l’Europe peut se refonder par la défense et la création d’un gouvernement économique de la zone euro, un budget de la zone euro et un parlement de la zone euro. Vous remarquez le mot qui manque : celui de Banque centrale européenne ! Une proposition qui date de juillet 2015 et qu’a fait sienne Benoît Hamon. Cette réalité n’a strictement rien à voir avec l’idée qu’on se fait de la négociation pour refonder l’Europe. Pour nous, elle part de l’impératif de l’harmonisation sociale et fiscale. C’est le point de départ, pas celui d’arrivée. Je ne peux pas avoir pour projet européen l’Europe de la défense qui est l’Europe de la guerre, et l’Europe du fric qui est l’Europe de l’euro.

Moyennant des discussions, la divergence pourrait, peut-être, déboucher sur des clarifications, et éventuellement des visions communes. Mais quand on commence ces discussions à 60 jours du premier tour, il y a peu de chances qu’on arrive d’une part à tomber d’accord, d’autre part à convaincre. Il est d’autres sujets dont je ne disconviens pas qu’en discutant, on aurait pu surmonter les divergences. Mais en 60 jours, personne n’est capable d’écrire un programme commun. Je voudrais rappeler que le premier programme commun qui a quand même donné quelques résultats en 1981, a été négocié pendant trente ans à l’initiative des communistes, et que la phase d’écriture a duré un an et demi. Pas parce que c’était des personnes tatillonnes mais parce qu’il s’agit de sujets sérieux. Et les Français sont lassés des accords d’appareils avec des formules creuses qui laissent des chèques en blanc à ceux qui ensuite exercent le pouvoir dans le cadre de la monarchie présidentielle.

Ces deux sujets montrent les différences d’analyse à gauche, gauche à laquelle vous ne faites que rarement référence même si vous répétez souvent votre respect des partis. Est-ce que vous ne croyez plus à la pertinence du clivage gauche-droite ?

Depuis le premier jour, pour reprendre l’expression de Jean Jaurès, il n’y a qu’une seule question : celle de la souveraineté politique du peuple. Il y a ceux qui pensent que ce peuple est le seul souverain et ceux qui croient que des lois permanentes -?d’économie, de marché…?- sont en dernière instance plus fortes que la volonté du peuple. Quant aux fondamentaux, ce clivage gauche-droite n’est donc pas dépassable, il a une dignité, une légitimité… Et il traverse notre histoire depuis les premiers jours de la grande révolution de 1789.

Concernant la forme actuelle, les étiquettes de vision du monde… Dire que François Hollande a eu un gouvernement de gauche, c’est s’empêcher de penser. Le PS à l’instar de toute la social-démocratie européenne, a plié avec des mots pour empêcher de penser. On a appelé politique de gauche une politique de l’offre qui consiste à dire produisez le moins cher possible, n’importe quoi, n’importe comment du moment qu’on arrive à le vendre alors que c’était traditionnellement la politique de la droite. Et la politique de la gauche a toujours été de partir de la demande, c’est à dire des besoins populaires, des besoins du grand nombre, des 99 % comme dirait Pierre Laurent.

La confusion de l’étiquette est destructrice parce que les gens en viennent à confondre ce que nous proposons avec ce que sont en train de faire les gouvernants et parce que cela assigne à une dispute qui nous marginalise. Si on arrive en disant il y a une fausse et une vraie gauche, les gens voient que nous nous sommes nous-mêmes rangés à un bout de l’arc et nous perdons ensuite notre temps à essayer de convaincre que nous ne sommes pas les extrêmes.
Je n’ai jamais récusé l’étiquette de gauche, mais je pars de l’idée que pour me faire comprendre j’ai intérêt à ne pas commencer à marcher avec l’étiquette devant. Parce qu’elle est source de confusion plutôt que de clarification… C’est mon propos à cette étape. Mais demain, lorsque nous aurons clarifié le champ politique, je n’ai pas d’inconvénient à ce qu’on me qualifie de gauche. Mais attention, notre action n’est pas avant-gardiste, c’est d’une action populaire de masse. Il s’agit de convaincre la masse d’entrer dans le combat, pas simplement se convaincre entre nous qu’on a psalmodié les bonnes formules.

Et cela est pensé jusque dans la forme. Quand je fais la France insoumise, je m’inspire de l’idéal fondateur du Front de gauche qui n’était pas de faire un cartel de partis mais de mettre en mouvement des millions de gens s’appropriant une idée. Et à la sortie de la prochaine élection, quelle que soit l’issue, la formation d’un mouvement sera posée, avec des bases qui ne sont pas des accords de sommets, mais des bases de masse.

Vous évoquez le peu de temps d’ici le 1er tour pour conclure un accord avec Benoît Hamon. Mais n’avez-vous pas le sentiment de peut-être rater une occasion historique pour la gauche ? N’était-il pas possible d’envisager un accord certes imparfait mais permettant de l’emporter, pour l’améliorer ensuite durant le quinquennat ?

Vous voulez parler de la candidature unique ? Je suis d’accord, si c’est la mienne. Et c’est pareil pour Benoît Hamon. Donc nous pouvons passer 60 jours à essayer de nous refiler le mistigri de la division. Mais lui et moi, en responsabilité, avons estimé que ce n’est pas ce qu’il fallait faire. Que 50% des Français ne savent toujours pas pour qui ils vont voter et qu’il suffit de gagner un quart de ces 50% pour l’emporter. Alors, que chacun y aille ! La situation va s’éclaircir et elle est en train de le faire. J’ai bien fait de maintenir la clarté d’un positionnement politique. Mon appel, quand je demandais des garanties, n’a pas été entendu. Ce n’était pas des garanties exagérées, ni des mises au pied du mur. C’était de dire qu’on ne pouvait pas faire une majorité de gouvernement pour défaire ce qui a été fait avec le précédent avec les gens qui l’ont fait. Tout le monde comprend ça, sauf les états-majors.

Le PS a une caractéristique : il a deux candidats. Quand on entend M. Delanoe ou le président de l’Assemblée appeler à voter pour Macron, on assiste là à un phénomène majeur. Il y a une recomposition politique aussi grâce à l’existence du pôle fort, dynamique et populaire que nous incarnons. La partie va se jouer là. Donc je dis à mes amis que cela ne sert à rien de ressasser. Personne n’est capable de me dire qu’il faut une candidature unique. J’en ai parlé avec Pierre Laurent. Je lui ai demandé s’il était sur la position de la candidature unique. Il m’a répondu que non. Pourquoi ferait-on cela ? On m’a cassé les pieds durant des mois sur la pluralité des candidatures à gauche. On va se retrouver à trois?: Nathalie Artaud, le candidat PS et moi. C’est moins qu’en 2012. Et qui a perdu la moitié de ses voix ? Pas nous. Nous sommes à notre niveau de 2012, un petit peu plus haut même. Qui peut penser qu’il suffirait qu’on se saute au cou pour qu’aussitôt les gens suivent ? Ce n’est pas le message que je porte. Les gens me disent : « ne viens pas me voir avec un accord d’appareil ! ».

J’ai aussi entendu des choses invraisemblables sur mon ego. Vous croyez que mon ego est engagé ? Cela n’a pas de sens. Je ne suis pas en train de commencer une carrière à mon âge, je suis en train de bâtir un mouvement. J’ai eu l’honneur d’être le candidat du Front de gauche en 2012 et je le suis toujours. Toutes ses composantes soutiennent ma candidature. Donc ce n’est pas ma personne qui est en cause, c’est ce que nous construisons. Celui qui baissera pavillon, baissera en même temps le niveau de ses exigences et de ses ambitions. Et notre peuple n’est pas prêt à cela.

Propos recueillis par Angélique Schaller et Sébastien Madau

Source : La Marseillaise 11 mars 2017

Voir aussi : Actualité France : Rubrique Politique10 omissions, flous et mensonges de François Fillon, Emmanuel Macron, le candidat attrape-tout, Rubrique Economie, rubrique Société, Emploi, Pauvreté,

France : l’étrange décret qui ouvre les forêts protégées à l’exploitation minière

Photo : Hugo Clément CC

Un projet de décret, discrètement soumis à consultation publique par le ministère de l’Agriculture jusqu’au 20 février, vise à autoriser l’ouverture de mines et de carrières dans les forêts protégées de France. Pourquoi ce décret aujourd’hui ? Faut-il voir un lien avec des projets extractifs spécifiques ? Sur tout le territoire, les collectifs citoyens opposés aux mines et aux carrières s’inquiètent. Une pétition en ligne a déjà recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures.

Dès les 1er mars, les principales forêts protégées de France pourraient se trouver ouvertes à l’exploitation minière. C’est ce que propose un projet de décret élaboré par le ministère de l’Agriculture et soumis à consultation publique jusqu’au 20 février. Celui-ci vise les « forêts de protection » – le régime de protection le plus contraignant, créé en 1922, qui concerne environ 150 000 hectares sur tout le territoire métropolitain. En bénéficient notamment les forêts de Fontainebleau et de Rambouillet en Ile-de-France. Jusqu’à présent, il était absolument impossible d’y procéder à des travaux de quelque type que ce soit, à l’exception de la recherche de sources d’eau potable. Désormais, il deviendrait envisageable d’y procéder, moyennant autorisation, à des fouilles archéologiques ou à « la recherche et l’exploitation souterraine des ressources minérales revêtant un intérêt national ou régional, telles que les substances de mines et certaines substances de carrières ».

Pourquoi ce décret aujourd’hui, et faut-il voir un lien avec la politique de « relance minière » souhaitée par de nombreux industriels et politiques ? Selon le ministère, il ne s’agit que de permettre le classement de massifs forestiers abritant déjà une carrière ou présentant un intérêt archéologique. Une démarche aujourd’hui irréalisable « faute de l’existence d’un régime spécial ». Sont notamment avancés les exemples de la forêt de Montmorency, dans le Val-d’Oise, qui abrite l’une des plus importantes carrières de plâtre d’Europe (propriété conjointe du groupe cimentier Lafarge et de Placoplatre, filiale de Saint-Gobain), ainsi que celui de la forêt de la Haye, près de Nancy, qui abrite des sites archéologiques.

Une formulation inquiétante

Il n’en reste pas moins que la formulation très large du décret, qui vise toutes les forêts de protection, inquiète les défenseurs de l’environnement ainsi que les dizaines de collectifs citoyens qui se sont créés ces dernières années sur tout le territoire métropolitain pour s’opposer aux nouveaux projets miniers. Beaucoup y voient le résultat du lobbying des industriels des carrières, représentés par l’Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction). D’autant plus qu’au même moment, la proposition de réforme du code minier n’a pas vraiment permis d’y intégrer les garde-fous environnementaux et démocratiques nécessaires (lire notre enquête récente).

Derrière ce décret, y aurait-il aussi des projets précis ? Il y a au moins un exemple. La société Variscan mines vient d’obtenir un permis de recherche en Ariège, le « permis de Couflens », à proximité de l’ancienne mine de Salau, mais aussi d’une forêt de protection de 1000 hectares…

Plus généralement, la logique d’affaiblissement des protections environnementales sous-jacente au projet de décret va immanquablement affecter les rapports de forces dans bien des endroits. Ainsi dans le Lot, où un collectif citoyen se bat pour préserver un verger à graines unique, au cœur d’un site classé « Espace naturel sensible », contre l’expansion d’une carrière de galets de quartz appartenant à l’entreprise française Imerys.

Une pétition en ligne a été créée, qui a déjà recueilli plus de 30 000 signatures.

Olivier Petitjean

Source : Observatoire des Multinationales 15/02/2017

Voir aussi : Actualité France : Rubrique Economie, rubrique Ecologie, rubrique Politique, Politique économique,

Mélenchon chiffre son programme à 273 milliards d’euros

Lors d'une émission de plus de cinq heures diffusée sur Youtube et Facebook, exercice sans précédent dans une campagne présidentielle en France, l'ancien ministre de Lionel Jospin a dit vouloir ramener le taux de chômage, de 10% aujourd'hui, à 6% en 2022. Crédits photo : FRANCOIS GUILLOT/AFP

Lors d’une émission de plus de cinq heures diffusée sur Youtube et Facebook, exercice sans précédent dans une campagne présidentielle en France, l’ancien ministre de Lionel Jospin a dit vouloir ramener le taux de chômage, de 10% aujourd’hui, à 6% en 2022. Crédits photo : FRANCOIS GUILLOT/AFP

Le candidat de la «France insoumise» a détaillé lors d’une émission de 5 heures sur Youtube le financement de son plan d’investissements de 100 milliards ainsi que ses 173 milliards de dépenses publiques supplémentaires.

Jean-Luc Mélenchon, candidat de «La France insoumise» à l’élection présidentielle, s’est engagé dimanche à un plan d’investissements de 100 milliards d’euros sur cinq ans et à 173 milliards de dépenses publiques supplémentaires axées sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté.

• Ramener le taux de chômage à 6% en 2022

Lors d’une émission de plus de cinq heures diffusée sur Youtube et Facebook, exercice sans précédent dans une campagne présidentielle en France, l’ancien ministre de Lionel Jospin a dit vouloir ramener le taux de chômage, de 10% aujourd’hui, à 6% en 2022.

• Un taux de croissance supérieur à 2%

Le cadrage macroéconomique du programme «L’Avenir en commun», qui se fonde sur un taux de croissance annuel supérieur à 2% dès 2018, prévoit la création de 3,5 millions d’emplois durant le prochain quinquennat, dont deux millions dans le secteur marchand, et une augmentation des salaires de six points en moyenne, avec une hausse du Smic net de 173 euros par mois.

• 100 milliards d’euros financés par l’emprunt

Sur les 273 milliards d’euros de dépenses programmées sur cinq ans, Jean-Luc Mélenchon débloquerait dès son élection un plan de relance de 100 milliards d’euros financé par l’emprunt.

• 173 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires

Sur les 173 milliards d’euros de dépenses nouvelles, 33 milliards seraient consacrés à la lutte contre la pauvreté, 32 milliards à la réforme des retraites (retraite à 60 ans à taux plein), 24 milliards à l’éducation, la culture et la jeunesse, 22 milliards à la revalorisation des salaires, ou encore 17 milliards à la jeunesse.

Un plan de 18 milliards d’euros est également prévu en vue de la construction d’un million de logements publics en cinq ans, à raison de 200.000 par an.

• 190 milliards d’euros de recettes

En parallèle, Jean-Luc Mélenchon table sur 190 milliards d’euros de recettes, avec notamment la suppression du CICE et le redéploiement du pacte de responsabilité (21 milliards), la lutte contre l’évasion fiscale (33 milliards) et la suppression de niches fiscales à hauteur de 38 milliards d’euros. Le taux d’inflation s’élèverait à plus de 4% au terme du quinquennat.

Le taux de prélèvements obligatoires passerait de 45% du produit intérieur brut aujourd’hui à 49,2% en 2022.

• Un déficit à 4,8% en 2018

Le groupe d’experts qui a travaillé avec le candidat estime que l’effet vertueux de cette politique permettrait de réduire le déficit public de 3,3% du PIB en 2016 à 2,5% du PIB à la fin du quinquennat, avec un taux de 4,8% en 2018, au-delà de la règle européenne. Selon les éléments de «L’Avenir en commun», la part de la dette publique passerait de 95,8% du PIB aujourd’hui à 87% en 2022 avec un bond à 96,8% en 2018.

Source : Le Figaro 19/02/2017

 Voir aussi : Actualité France : Rubrique Politique10 omissions, flous et mensonges de François Fillon, Emmanuel Macron, le candidat attrape-tout, Rubrique Economie, rubrique Société, Emploi, Pauvreté,