Thomas Piketty: «On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond. Pas de cette improvisation permanente»

Thomas Piketty, vendredi, dans son bureau de l'Ecole normale supérieure, à Paris. Thomas Piketty  (Photo Jérôme Bonnet)
C’EST QUOI UNE ÉCONOMIE DE GAUCHE ?

L’économiste lance notre série d’interview et débats sur la politique économique.

 

Avec son livre le Capital au XXIe siècle (le Seuil, 2013) vendu à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde, Thomas Piketty est devenu une star planétaire de l’économie (1). Classé à gauche, il a conseillé des candidats socialistes à la présidentielle, donne un coup de main à Podemos… Dans son petit bureau de Normale supérieure situé aux portes de Paris, il affirme qu’il existe bien, quoi qu’on en dise, une alternative à la politique menée par François Hollande. A «l’improvisation» actuelle du gouvernement, il oppose deux niveaux de réforme : la fin de l’austérité, dit-il, passe par une zone euro rénovée, au fonctionnement plus démocratique. Puis, fidèle à sa marotte théorique, qu’il défend depuis des années, il rappelle qu’une réforme fiscale en profondeur permettra de financer notre modèle social.

Les derniers chiffres sur le chômage signent-ils l’échec de la politique de l’offre menée par Hollande depuis le début de son quinquennat ?

 

Le problème de Hollande, c’est surtout qu’il n’a pas de politique. La soi-disant politique de l’offre est une blague. En arrivant au pouvoir, Hollande a commencé par supprimer – à tort – les baisses de cotisations patronales décidées par son prédécesseur. Avant de mettre en place, six mois plus tard, le CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi), qui est une gigantesque usine à gaz consistant à rembourser avec un an de retard une partie des cotisations patronales payées par les entreprises un an plus tôt. Avec, au passage, une énorme perte liée à l’illisibilité du dispositif. Et maintenant, on envisage de revenir d’ici à 2017 à une baisse de cotisations. On a besoin de réformes fiscales et sociales de fond, pas de cette improvisation permanente.

Et, surtout, on a besoin d’une réorientation de l’Europe. Le nouveau traité budgétaire ratifié en 2012 par Sarkozy et Hollande était une erreur, et doit être aujourd’hui dénoncé. On a voulu réduire les déficits trop vite, ce qui a tué la croissance. Même le FMI a reconnu ses erreurs sur l’austérité, mais Berlin et Paris persistent et signent. Il y a cinq ans, le taux de chômage en zone euro était le même qu’aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis, qui ont su faire preuve de souplesse budgétaire pour relancer la machine. Nous avons transformé par notre seule faute une crise financière américaine privée – celle des subprimes – en une crise européenne des dettes publiques.

Une politique économique de gauche est-elle possible ?

 

Il y a toujours des politiques alternatives possibles. A condition de prendre un peu de recul et de faire un détour par l’histoire. L’idée selon laquelle il n’existe aucune alternative à la pénitence ne correspond à aucune réalité historique. On observe dans le passé des dettes publiques encore plus importantes que celles constatées actuellement, et on s’en est toujours sorti, en ayant recours à une grande diversité de méthodes, parfois lentes et parfois plus rapides.

Au XIXe siècle, le Royaume-Uni choisit la méthode lente, en réduisant par des excédents budgétaires, avec une inflation nulle, l’énorme dette publique – plus de 200 % du PIB – héritée des guerres napoléoniennes. Cela a marché, mais cela a pris un siècle, au cours duquel le pays a consacré davantage de recettes fiscales à rembourser ses propres rentiers qu’à investir dans l’éducation. C’est ce que l’on demande aujourd’hui à la Grèce, qui est censée dégager un excédent budgétaire de 4 % du PIB pendant les prochaines décennies, alors même que le budget total de tout son système d’enseignement supérieur est d’à peine 1 % du PIB.

La France et l’Allemagne souffrent d’amnésie historique : en 1945, ces deux pays avaient plus de 200 % de PIB de dette publique, et ne l’ont jamais remboursé. Ils l’ont noyé dans l’inflation et dans les annulations de dettes. C’est ce qui leur a permis d’investir dans la reconstruction, les infrastructures et la croissance. Le traité budgétaire de 2012 nous fait choisir la stratégie britannique du XIXe siècle : c’est une immense erreur historique, un acte d’amnésie extraordinaire.

Actuellement, l’Europe consacre un minuscule budget de 2 milliards d’euros par an à Erasmus, et 200 milliards d’euros par an à se repayer des intérêts de la dette à elle-même. Il faut inverser cette stratégie absurde. Il faut mettre les dettes publiques dans un fonds commun et engager une restructuration d’ensemble, pour la Grèce comme pour les autres pays.

La gauche est accusée d’avoir lâché les classes populaires, le FN serait en train de les récupérer…

 

L’Europe s’est construite sur l’idée d’une mise en concurrence généralisée entre les pays, entre les régions, entre les groupes mobiles et les groupes moins mobiles, sans contrepartie sociale ou fiscale. Cela n’a fait qu’exacerber des tendances inégalitaires liées à la mondialisation, à l’excès de dérégulation financière. Des économistes, des intellectuels, des hommes et des femmes politiques disent aujourd’hui qu’il faut sortir de l’Europe. Y compris à gauche, où l’on entend : «N’abandonnons pas la question de la sortie de l’euro, voire de l’Europe, à Marine Le Pen, il faut poser la questionCe débat est légitime et ne pourra pas être éludé indéfiniment.

Un chantage à la sortie de l’euro serait-il efficace ?

 

Il est temps que la France, et en particulier la gauche française, dise à l’Allemagne : si vous refusez la règle de la démocratie dans la zone euro, à quoi ça sert d’avoir une monnaie ensemble ? On ne peut pas avoir une monnaie unique sans faire confiance à la démocratie, qui est aujourd’hui corsetée par des critères budgétaires rigides et par la règle de l’unanimité sur les questions fiscales. La force des classes populaires, c’est d’être nombreux : il faut donc changer les institutions pour permettre à des majorités populaires de prendre le pouvoir en Europe.

Il faut arrêter de fonctionner avec cette espèce de directoire franco-allemand dans lequel Paris joue un rôle étrange. On a l’impression que la France ne peut décider de rien, alors qu’en vérité, rien ne peut se décider sans elle. Si on mettait ensemble nos parlements nationaux pour construire une véritable chambre parlementaire de la zone euro, chacun envoyant un nombre de représentants au prorata de sa population, je suis certain que nous aurions eu moins d’austérité, plus de croissance et moins de chômage. Cette Chambre parlementaire serait responsable pour décider démocratiquement du niveau de déficit et d’investissement public, ainsi que pour superviser la Banque centrale européenne, l’union bancaire et le Mécanisme européen de stabilité. Bien sûr, l’Allemagne aurait peur d’être mise en minorité dans une telle instance. Mais si la France, l’Italie, la Grèce, demain l’Espagne, faisaient une telle proposition de refondation démocratique et sociale de l’Europe, l’Allemagne ne pourrait s’y opposer indéfiniment. Et si elle s’y opposait, alors le discours en faveur de la sortie de l’euro deviendrait irrésistible. Mais pour l’instant, il n’y a rien sur la table.

Pour vous, une politique de gauche passe par l’Europe, mais aussi par la France…

 

Il faut se battre pour changer l’Europe. Mais cela ne doit pas empêcher de mener en France les réformes de progrès social que nous pouvons conduire tout seuls. Nous pouvons engager en France une réforme fiscale de gauche, mais là, on a très mal commencé en votant, fin 2012, une augmentation de la TVA, alors même que le Parti socialiste n’a cessé de dire, quand il était dans l’opposition, que l’augmentation de la TVA est la pire des solutions.

Le financement de notre protection sociale repose trop fortement sur les salaires du secteur privé. Pour la droite, la bonne solution est d’augmenter indéfiniment la TVA, qui est l’impôt le plus injuste. L’alternative de gauche est de financer notre modèle social par un impôt progressif pesant sur tous les revenus (salaires du privé, salaires du public, pensions de retraites, revenus du patrimoine), avec un taux qui dépend du revenu global.

Contrairement à ce que l’on entend parfois, la CSG progressive est parfaitement constitutionnelle : elle existe déjà pour les retraités, et peut être étendue dans les mêmes conditions aux salaires et aux autres revenus. Autre réforme de gauche : les retraites. Notre système est extrêmement complexe avec des dizaines de caisse de retraite qui font que les jeunes générations ne comprennent rien à ce que seront leurs droits futurs.

Une réforme de gauche, une réforme progressiste sur les retraites serait d’unifier, pour les jeunes générations, pas pour ceux qui s’apprêtent à partir à la retraite, tous les régimes publics, privés, non salariés, avec une même cotisation pour toutes ces activités et des droits identiques. Une politique de gauche consisterait à refonder un régime de retraite universel où ce sont les systèmes qui s’adaptent aux trajectoires professionnelles des personnes et pas l’inverse. Dans tous ces domaines, le gouvernement est à des années-lumière d’engager la moindre réforme.

Quand est-ce que vous devenez ministre de l’Economie ?

 

Je n’ai aucun goût pour les petits fours. Ce qui me semble plus intéressant, c’est de contribuer, à la place qui est la mienne, de faire bouger l’opinion dominante en participant au débat public. C’est comme ça que les choses changent. La politique ne devrait pas être un métier. On en paie aujourd’hui les conséquences. Nous sommes gouvernés par des personnes qui confondent la rhétorique et la réalité.

(1) Il est aussi chroniqueur à Libération.

Recueilli par Cécile Daumas et Philippe Douroux
Source : Libération 
Voir aussi : Actualité France, Rubrique Finance, rubrique Economie,  rubrique  Politique, Politique économique, rubrique Société, Citoyenneté,

Reconnaissance faciale, une menace pour la vie privée ?

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, à San Francisco, en mars. (Photo Josh Edelson. AFP)

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, à San Francisco, en mars. (Photo Josh Edelson. AFP)

Pour le «Washington Post», les nombreuses applications capables de reconnaître les visages créent des bases de données biométriques dangereuses pour la «confidentialité numérique».

L’anonymat en public pourrait être une chose du passé.» Dans le Washington Post du 11 juin, Ben Sobel, chercheur au Centre sur la vie privée et la technologie de l’école de droit de Georgetown, consacre un article au risque qui pèse sur notre «confidentialité biométrique». Selon lui, les technologies de reconnaissance faciale se développent à la vitesse grand V sous l’impulsion du marketing individualisé. Et pas toujours de manière très légale…

Aux Etats-Unis, Facebook fait l’objet d’un nouveau procès en action collective, concernant la violation du droit à la protection des données personnelles de ses utilisateurs. En cause, le réseau social serait en train de créer «la plus grande base de données biométriques privées au monde» sans demander assez explicitement le consentement de ses utilisateurs comme l’explique le site Sophos. Le gouvernement américain et le département du Commerce auraient déjà invité des associations de défense de la vie privée ainsi que des représentants des grandes entreprises de ce secteur comme Google et Facebook pour essayer de réglementer l’usage de ces technologies.

Mais pour le moment, seul l’Illinois (2008) et le Texas (dès 2001) ont des lois interdisant l’utilisation de cet outil sans le «consentement éclairé» des utilisateurs, explique Ben Sobel. Selon lui, l’issue de ce procès, qui devra déterminer si Facebook a enfreint la «Biometric Information Privacy Act» (BIPA) de l’Illinois, déterminera l’avenir des applications de reconnaissance faciale sur le marché. Il encourage ainsi les Etats-Unis à adopter une loi fédérale pour garantir la «confidentialité biométrique» des Américains.

Le boom des applications de reconnaissance faciale

FaceNet (Google), Name Tag (FacialNetwork) ou encore Moments (Facebook). Toutes ces applications utilisent des algorithmes de reconnaissance faciale. Et pour les imposer sur le marché, les entreprises sont prêtes à tout pour mettre leur adversaire échec et mat.

FaceNet, la technologie développée par le géant Google, possède une précision de 99,63 % selon Ben Sobel. Elle est actuellement utilisée par Google Photos dans ses versions non européennes. Dans la même lignée, Name Tag, développé par FacialNetwork, ambitionne de fonctionner sur les Google Glass. Cette application permettrait de rassembler tous les profils sur les réseaux sociaux disponibles sur Internet (Twitter, Instagram, Google+ et sites de rencontres américains) selon un article du Huffington Post. Une application qui pourrait permettre d’avoir le profil social de quelqu’un en temps réel.

Parmi les fonctionnalités envisagées, il y aurait par exemple celle de révéler la présence de quelqu’un dans les bases de données criminelles. Pour le moment, Google a refusé que NameTag soit disponible sur ses Google Glass, pour des questions de problèmes de respect de la vie privée… Mais il n’est pas le seul à s’engouffrer dans ce marché.

Depuis 2011, Facebook utilise un système de suggestion de tags (identifications) sur les photos. Bien qu’interdit en Europe, Deepface, l’algorithme expérimental du réseau social, serait capable de reconnaître les gens à leur posture corporelle. De fait, son algorithme utilise ce que l’on appelle des «poselets». Inventés par Lubomir Bourdev, ancien chercheur de Berkeley œuvrant désormais chez Facebook IA Research. Ceux-ci repèrent les caractéristiques de nos visages et trouvent ce qui nous distingue de quelqu’un d’autre dans une pose similaire, explique un article de Numérama. Mais Facebook ne s’arrête pas là. En juin, le réseau social a présenté Moments, une application permettant de partager de manière privée des photos avec des amis utilisant elle aussi une technologie de reconnaissance faciale. D’ores et déjà disponible gratuitement aux Etats-Unis, elle permet à un utilisateur d’échanger avec ses amis des photos où ils figurent de manière synchronisée. Une vidéo en explique les rouages :

Moments ne devrait pas s’exporter en Europe de sitôt, puisque l’UE exige la mise en place d’un mécanisme d’autorisation préalable qui n’est pas présent sur la version américaine. Et ce, bien que les utilisateurs puissent désactiver les suggestions d’identification sur les photos, via les paramètres de leur compte.

L’inquiétude autour du succès de ces technologies

En 2012, une recommandation formulée par le G29, qui réunit les commissions vie privée de 29 pays européens, mettait déjà en garde contre les dangers de la reconnaissance des visages sur les médias sociaux. Notamment concernant les garanties de protection des données personnelles, tout particulièrement les données biométriques. Pour le moment relativement bien protégés par la législation européenne, nous ne sommes pas pour autant épargnés par ces outils.

Tous les jours, 350 millions de photos sont téléchargées sur Facebook, selon Ben Sodel. Or, le public semble majoritairement insouciant face à la diffusion de son identité (nom, image…), souligne InternetActu. A l’exemple de l’application How Old mise en ligne fin avril, qui se targue de deviner votre âge grâce à une photo. Corom Thompson et Santosh Balasubramanian, les ingénieurs de Microsoft à l’origine du projet, ont été surpris de constater que «plus de la moitié des photos analysées» par leur application n’étaient pas des clichés prétextes mais de vraies photos, rapporte le Monde.

Mais le succès (bien qu’éphémère) de cette application démontre bien que le public n’est pas vigilant face à la généralisation de la reconnaissance faciale. Un peu comme avec la diffusion des données personnelles au début de Facebook. Il ne s’agit pas tant du problème de stocker des photos d’individus que de mémoriser l’empreinte de leur visage. Entre de mauvaises mains, ces bases de données pourraient mettre à mal notre «confidentialité biométrique».

Camille Pettineo

Source Libération 26/06/2015

Oxygène : un combat pour la défense des terres agricoles

cp_15-1024x768Environnement. A St Clément de Rivière, le projet de création d’une zone commerciale sur 23 ha trouve un groupe d’opposants citoyens sur sa route.

Le rejet par la CNAC du recours du collectif Oxygène, contre le projet Oxylane, qui prévoit la création d’une zone commerciale sur un terrain de 23 ha à Saint Clément de Rivière, n’a pas fait rentrer les opposants à la maison. Les membres du collectifs qui rassemble 13 associations en luttes depuis six mois étaient de sortie hier pour une grande manifestation à vélo depuis Saint-Clément-de-Rivière jusqu’au Décathlon Odysseum, où ils ont déposé symboliquement devant le magasin de la terre « que Décathlon veut détruire» en provenance des terres agricoles où devrait s’implanter le projet.

Le diagnostic est plus qu’alarmant. Dans les périphéries des agglomérations grandes et moyennes, la multiplication anarchique des implantations commerciales s’accompagne d’une consommation foncière excessive. L’entrée des villes et leur périphérie, sont là pour témoigner de la croissance incontrôlée de la grande distribution (création de 3 à 4 millions de m2 de surfaces de vente chaque année en France, ) et des conséquences parfois néfastes pour le tissu économique, le patrimoine architectural et environnemental des territoires.

« Une étude de la CCI met en évidence que si la population a doublé dans l’aire montpelliéraine au cours des trente dernières années, la surface commerciale a elle, été multipliée par dix », indique Jean-Michel Hélary un des porte-paroles du collectif Oxygène.

Ainsi, les centralités urbaines se fragilisent et le processus de banalisation des paysages d’entrée de ville se poursuit avec une surproduction manifeste de surfaces de vente au regard des potentiels locaux de consommation. Les déséquilibres spatiaux s’accentuent avec la concurrence territoriale.

Dans le cas de l’implantation d’Oxylane, la commune de Saint Clément de Rivière qui n’a toujours pas transformé son POS en PLU, dépend de la Communauté de communes du grand Pic St Loup. « Le paradoxe explique Michel Hélary c’est que le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) de cette Communauté de communes a été attaqué par le Préfet et annulé par le Tribunal Administratif au motif qu’il ne protège pas suffisamment les terres agricoles. Du coup il n’existe plus et on peut faire n’importe quoi.»

La loi LME du 4 août 2008 a introduit plusieurs innovations en matière d’urbanisme commercial, en modifiant les critères d’obtention de l’autorisation, de création. La législation s’inscrit dans une perspective d’environnement et de développement durable tout en respectant les exigences de la législation européenne relative à la liberté d’installation et l’égalité de traitement pour les entreprises afin de garantir la concurrence.

A l’instar de l’action d’hier, le collectif Oxygène s’inscrit dans une démarche citoyenne. La plupart des membres ne sont pas des riverains puisqu’il n’y a pas d’habitation. Il entendent faire connaître leur lutte et se rapprocher de thème analogue comme le collectif Caylus qui lutte contre l’implantation d’un lotissement de 20 ha à Castelnau le Lez où les opposants à la gare TGV de la Maugère.

L’action citoyenne qui passe par l’action judiciaire embarrasse de plus en plus les élus, les promoteurs et la grande distribution. Serait-ce pour cela que la loi Pinel entrée en vigueur en janvier supprime le recours aux collectifs citoyens ?

Jean-Marie Dinh

Source L a Marseillaise 08/06/2015

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Echanges littéraires comme une antidote au repli identitaire

image31-1080x675Premier bilan. L’esprit Ibérique de la trentième Comédie du Livre a bercé les esprits. La littérature, à l’instar de la musique, adoucirait-elle les mœurs ?

 Le travail préparatoire de cette trentième édition de La Comédie du Livre restera comme chaque année invisible. Il a été nourri par des réflexions croisées, politiques, économiques, culturelles, et assurément littéraires qui ont fondé sa réussite de part l’intérêt des propositions et la présence des auteurs invités, même s’il est encore trop tôt pour en faire le bilan économique.

« Après les littératures Nordiques l’an passé, nous sommes revenus à la maison pour fêter cette anniversaire » a indiqué Philippe Saurel dans son discours d’ouverture, en précisant que 60% de la population de la Métropole aurait des liens familiaux avec l’Espagne.

L’histoire politique de la péninsule Ibérique, dont il a été beaucoup question au cours de cette édition, est à l’origine de flux importants d’immigration en provenance d’Espagne, liés aux soubresauts politiques de la monarchie puis à la guerre civile.

Dans le contexte de crise et de repli identitaire exacerbé que connaît le Sud de la France, il est heureux que La Comédie du livre qui célèbre les idées et la pensée depuis trois décennies, donne à rappeler cette conscience des réalités en mettant en jeu les caractéristiques d’une identité mixte et partagée qui conditionnent l’avenir de la société française.

Dans la prairie chardoneuse de la politique locale, force est de constater que la manifestation suscite des avancées. On a pu percevoir une collaboration assez rarissime en matière de politique culturelle.

Si la Métropole métropolise, via le réseau des médiathèques, elle laisse aussi une large place au département qui gère les archives et les bibliothèques départementales. Sur le stand Pierrevives, on fêtait cette année le 10e Prix littéraire des collégiens de l’Hérault qui soutient les auteurs jeunesses et contribue à développer le plaisir de lire chez les jeunes.

Le Centre de ressources et de soutien à l’innovation LR2L (Languedoc-Roussillon livre et lecture) qui accompagne la filière du livre a également pu prendre toute sa part en accueillant les éditeurs en Région. Sur son stand, on célébrait cette année les 50 ans de Fata Morgana, les 15 ans des éditions Au diable Vauvert, ou encore Indigène éditions, autour de la guerre d’Espagne. Le centenaire Edmont Charlot était également mis à l’honneur avec les éditions Domens et Méditerranée vivante.

Enfin, la présence emblématique de Lydie Salvayre et de ses invités comme celle d’une nouvelle génération d’auteurs espagnols et portugais ont contribué à une réflexion citoyenne exigeante sur la nécessité d’un changement profond dans le système politique européen paralysé dans son fonctionnement.

JMDH

Régis Jauffret Bravo

Jauffret

Jardins de la Drac

Comment imaginer qu’on puisse marcher gaillardement vers la mort,

«cet inévitable pays où l’on finit tous par aller se faire foutre »,

Régis Jauffret : Bravo, (éditions du Seuil 2015)

ce roman est constitué de seize fictions.

La vieillesse est le véritable héros du livre qu’incarnent

des fous,

des sages, des braves gens et

des infâmes

« Je n’ai jamais apprécié l’immobilité, ce lac, ce fond de puits.

J’ai conservé un peu du tempérament du spermato-zoïde que je fus il y a un peu plus de quatre-vingt-sept ans, agité, fébrile, le flagelle toujours en branle.

Elle ne bronche pas la mort,

même si les cendres des cadavres s’envolent avec le vent

 

Source La Marseillaise01/06/2015

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Littératures ibériques : Les fantômes du passé

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Le débat a soulevé la campagne en faveur de l’oubli et la réinterprétation.

Débat. Querelles autour de la mémoire et questions qui restent ouvertes…

La thématique des littératures ibériques offre l’occasion d’ouvrir le débat sur les drames ayant traversés l’histoire de l’Espagne et du Portugal au XXe. Douleurs d’un passé largement revisité par les auteurs contemporains portugais et espagnols. La guerre d’Espagne, le franquisme mais aussi les expériences politiques, des dictatures aux transitions démocratiques, tourments et mythes coloniaux compris, trouvent un attrait sans cesse renouvelé des lecteurs.

Hier, l’actualité politique s’est invitée dans le débat avec une salle comble au Corum pour une intervention des membres victorieux de Podémos à Barcelone dans le sillage des perspectives ouvertes par le livre de Jean-Pierre Barou La guerre d’Espagne ne fait que commencer (Seuil 2015).

La veille, trois romanciers étaient réunis au Centre Rabelais pour évoquer le rôle de l’histoire et de la mémoire dans leur oeuvre. Le jeune auteur portugais David Machado qui dans Laissez parler les pierres, pose la question de la mémoire et de la trahison, l’espagnol Andrès Trapiello, qui fait de même dans Plus jamais ça à propos de la guerre d’Espagne, et le basque Fernando Aramburu qui s’intéresse aux liens entre souvenirs et imaginaire.

Egalement présent, Antonio Altarriba, figure de la BD satirique, a expliqué comment le suicide de son père anarchiste en 2001, soixante ans après la fin de la guerre civile, faisait toujours échos en lui. S’opposant à l’idée d’Andrès Trapiello selon laquelle l’oubli permettrait la réconciliation.

 JMDH

Source La Marseillaise 31/05/2015

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