Dans le Gard, victoire du FN à Beaucaire, défaite à Saint-Gilles

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Saint-Gilles et Beaucaire sont distantes de 25 kilomètres et émargent à la région camarguaise, entre terre et mer, entre vignobles et marais. Situées dans l’orbite nîmoise jusqu’à en être devenues les dortoirs, les deux villes gardoises ont sensiblement la même taille (environ 15 000 habitants), la même sociologie, un même taux de chômage flirtant avec les 20 %, le même goût pour la tranquillité et la même défiance envers Paris.

Non négligeable, elles ont encore en commun un solide tropisme pour le Front national, portant de longue date ce parti autour de 40 %. Mais, dimanche 30 mars, le destin des deux communes a divergé : Beaucaire aura désormais un maire FN, pas Saint-Gilles.

Gilbert Collard a été privé d’une victoire qui lui était plus que promise, quasiment acquise. L’avocat et député du Gard avait recueilli plus de 52 % des voix à Saint-Gilles, lors des élections législatives de 2012. Il était arrivé très largement en tête au premier tour des municipales, le 23 mars, avec 42,57 % des voix. Dimanche, il a totalisé 48,5 % des suffrages, perdant de 194 voix face à Eddy Valadier (UMP). La faute à une mobilisation importante de l’électorat (plus de 75 % de participation) et à un front républicain qui s’est mis en place entre les deux tours.

Le maire sortant socialiste, Alain Gaido, et le candidat UDI, Samuel Serre, s’étaient désistés. « Je ne pouvais laisser Collard l’emporter et me remplacer », justifie Alain Gaido

Benoît Hopquin

Le Monde 31/03/2014

Dans le Gard, le Front national a gagné dimanche au second tour des municipales à Beaucaire avec Julien Sanchez mais perdu à Saint-Gilles où Gilbert Collard a dénoncé le Front Républicain.

Le sénateur maire-sortant de Nîmes, l’UMP Jean-Paul Fournier, a décroché sans surprise son troisième mandat avec 46,80% devançant largement le FN, Yoann Gilet (24,42%) Âgé de 30 ans, cadre du FN à Nanterre et responsable du département du Gard, Julien Sanchez avait hésité à se présenter à Beaucaire, une petite ville de 16.000 habitants, à 20 kilomètres à l’est de Nîmes.

Avec 39,82 % des suffrages, il a bénéficié de l’incapacité de la droite de s’unir, le maire sortant Jacques Bourbousson (DVD) recueillant 29,01 %, devant le DVD Christophe André (24,32%). Le DVG Claude Dubois (6,86%) s’était aussi maintenu.

Le Front républicain voulu par Solférino avec le retrait du maire sortant, le PS Alain Gaudy (25,36%) à Saint-Gilles a empêché, en revanche, le député Rassemblement Bleu Marine de la 2e circonscription du Gard d’être élu à Saint-Gilles.

Arrivé en tête avec 42,57% dimanche dernier à Saint-Gilles – première ville à avoir élu un maire FN (1989) – devant l’UMP Eddy Valadier (25,36%), Gilbert Collard n’a obtenu que 48,5 % des suffrages, soit 194 voix de retard.

Pour M. Collard, qui avait obtenu 53 % des suffrages dans cette commune aux législatives, cette différence va l’amener à « un déposer un recours ». Et de dénoncer dans le même temps, « l’association de malfaiteurs qui fait barrage » à savoir « l’UMPS » qui forme un « couple sadomasochiste fonctionnant un peu mais de moins en moins ».

Gilbert Collard a également vu dans cette défaite le vote d’une cité de Saint-Gilles. « Mes adversaires ont énormément travaillé la communauté maghrébine en lui racontant des histoires », a déploré Me Collard.

L’autre commune, où le FN était en mesure de gagner lui a échappée. Il s’agit de Vauvert, également dans la circonscription de Collard. Le PS et ami de Manuel Valls, Jean Denat y a remporté une triangulaire (41,5%) devant le FN Jean-Louis Meizonnet (35,35 %) et le DVD Gérard Gayaud (23,16 %).

Quant à Nîmes, Jean-Paul Fournier, élu en 2008 avec 54,31 % des suffrages devant la liste de gauche du PCF Alain Clary a profité de l’incapacité des deux candidates de la gauche à s’entendre.

La Front de gauche Sylvette Fayet (14,83%) et la député socialiste Françoise Dumas (13,94%) avaient déposé leur liste mardi à la toute dernière seconde après deux jours de discussion.

« On a joué l’union et on a gagné. Le socialisme a touché le fond, ici dans le Gard », a déclaré M. Fournier, rappelant qu’il avait décidé de céder sa place de président de l’agglomération à son numéro deux, l’ex-député UDI Yvan Lachaud. « Cette décision a joué », a-t-il estimé.

 AFP 31/03/2014

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« Bruits et couleurs» une union pour chasser les idées brunes

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« L’heure est venue de redescendre dans la rue pour travailler sur les consciences. » Photo Rédouane Anfoussi

Mobilisation. A Montpellier un rassemblement festif unit associations, syndicats et partis politiques, à la gauche du PS, contre le racisme.

Le cercle s’est élargi progressivement samedi en début d’après-midi autour des artistes du Cirque Baltazar. A l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme, 200 personnes étaient réunies pour se rassemblement «Bruits et couleurs» contre le racisme, et pour l’égalité des droits. AFPS34, ATMF, DIDF, FCPE, FSU 34, Habiter enfin, LDH, Mala Kurda, MDPL, MRAP, RESF34, CFDT, SAF Montpellier, Sud Solidaires, ULCGT Montpellier, Front de Gauche, NPA, PRG, PCF Montpellier,…  les associations syndicats et partis politiques ont donné à cet appel une diversité de couleurs, de circonstance, devant l’accroissement spectaculaire des inégalités qui frappent notre pays et se concentrent comme l’on sait sur les population issues de l’immigration et étrangères.

« A la LDH, cela fait des années que nous luttons contre le racisme et toutes les formes de ségrégations avec d’autres mouvements , confie Sophie Mazas, mais on voit ressurgir dans le débat public hexagonal des choses d’un autre âge. Je pensais qu’on en avait fini avec le racisme de peau comme on l’a vu dans l’affaire Taubira. Les déclarations de Valls sur les Roms démontrent non seulement qu’il a un problème avec la politique mais aussi avec la loi car la Roumanie fait partie de l’UE. La LDH est solide sur ses  positions mais l’heure est venue de redescendre dans la rue pour travailler sur les consciences et ne pas laisser le terrain au FN.»

Les choix politiques faits à l’échelon local sont aussi d’une importance capitale pour lutter contre les inégalités. « L’extrême droite ce n’est pas seulement le FN rappelle le secrétaire général de l’ULCGT, Julien Colet, on la retrouve dans les composantes de La Manif pour Tous et différents groupuscules.  Lutter contre ce fléau c’est promouvoir une certaine conception du vivre ensemble. Ce n’est pas déployer de manière spectaculaire 190 policiers comme jeudi dernier au plan Cabanes. Pour financer les cadeaux fiscaux faits au MEDEF le gouvernement taille dans les dépenses publiques notamment dans  les effectifs de la police de proximité et veut se rattraper à bon compte en organisant des opérations coup de point qui n’ont jamais rien résolu. C’est de la «com» qui surf sur l’insécurité. Nous n’acceptons pas  la banalisation de l’état de siège ni la stigmatisation médiatique de quartiers populaires

Egalement présent, Le collectif non à l’expulsion des familles Roms s’insurge contre les expulsions de camps de Roms prévues par la préfecture « Cela va réduire à zéro le travail de scolarisation et d’intégration par l’emploi que nous menons avec les familles, sans rien régler. »

Depuis la Marche pour l’égalité minée par la récupération politique et les déceptions consécutives, le monde associatif peine à développer des mouvements organisés et massifs de combat contre le racismes, l’exclusion et les discriminations. Les acteurs présents hier ont bien conscience qu’ils doivent se retrouver pour élargir et construire.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 22 février 2014

Voir aussi : Rubrique Société, Citoyenneté, Mouvement sociaux, rubrique Politique Locale, Dans le Gard la société civile s’engage contre la discrimination, Politique de l’Immigration, rubrique Montpellier,

BD : François Hollande croqué en trois actes

 Aurel

Un recueil de dessins signé Aurel et Dély évoque la politique et la posture du président de la République sous le titre « Monde de merde ».

En cette période de fêtes matinée de crises, lorsqu’on entend le mot politique on pourrait être tenté de sortir son revolver. C’est dire si le travail d’Aurel (1) et de Renaud Dély (2) qui suivent avec humour les frasques de nos présidents est pacifique. Après Hollande et ses deux femmes et C’est dur d’être de gauche, les deux complices sont de retour pour réveiller notre cerveau. Loin de l’innocence, le dessin et l’humour sont une forme de résistance qu’ils cultivent sans OGM. Entre un bonnet rouge et leur dernier opus sobrement intitulé Un Monde de merde, y a pas photo.

L’ouvrage se découpe en trois jetés de dés. Dans Le petit pépère des peuples, on nous explique comment notre président normal qui n’a pas bénéficié de l’état de grâce a affronté le «Holland bashing ». Une grande leçon de stoïcisme car le temps est long même quand on dispose du talent peu commun de mécontenter tout le monde.

Ambiance GPS en panne dans la partie 2 : La gauche c’est par où ? Avec l’entrée en piste du clone viril de Sarkozy, Manuel Valls. « A l’approche des municipales, l’électeur chauffé à blanc par la montée du FN et la Lepénisation des esprits de l’UMP, s’affole à la vue de la première caravane, de peur de la voir se garer dans son jardin », décrypte Dély. Aurel revisite d’un trait léger la montée en puissance des ministres grands défenseurs des métallos comme Arnaud Montebourg menaçant la grande industrie de « nationalisation ». Le Medef et le milliardaire indien Lakshmi Mittal n’en ont toujours pas retrouvé le sommeil…

Le dernier volet du parcours : La France rayonne (mais le ciel est couvert) nous entraîne sur les pistes incertaines où le président mal aimé tente d’exister par tous les moyens. Hollande se fait siffler sur les Champs Elysées mais il va se faire acclamer à Tombouctou. Est-ce le rétropédalage permanent sur les dossiers nationaux qui pousse notre capitaine de pédalo à enfiler son treillis en Afrique où il entraîne la France dans une politique ultra volontariste ?  Enivré par un triomphe contestable au Mali, le président français s’est ridiculisé en Syrie où Obama a saisi la main tendue de Poutine pour se tirer du bourbier en abandonnant son allié français comme on oublie la grand-mère sur l’autoroute. Le volontarisme du petit François fait beaucoup moins de vagues du côté de l’Europe des patrons et des financiers sous l’inflexible gouvernance d’Angela, souligne le duo rieur. Le chapitre international se termine avant la fuite en avant en Centrafrique qui réserve certainement bien des rebondissements dans le sable.

JMDH

(1) Aurel  est dessinateur et reporter pour Le Monde, Marianne et Politis, le nouvel Obs et CQFD. 2) Renaud Dély est chef du service politique du Parisien, redac-chef des matinales de France-Inter. Il est actuellement directeur de la rédaction au Nouvel Obs.

Un Monde de merde, Clénat, 15,5 euros.

Voir aussi : Rubrique Livre, BD, Hollande et ses deux femmes, rubrique Politique,

Lumière sur les résidants invisibles

Louis Sclavis et Luc Jennepin ©Sophie Pourquié

Louis Sclavis et Luc Jennepin © Sophie Pourquié

« Chibanis la question », le projet lauréat du prix de l’audace artistique et culturel de l’EN poursuit sa route

Le projet lancé par Uni’sons  avec la Caravane Arabesque allait de soi comme les caravanes qui passent et traversent l’histoire avec un grand H. Dans leurs sillages, il y a des vies qui glissent de nos mémoires un peu comme les mirages économiques qui justifient l’austérité, jusqu’au jour où le pays se déclare dans l’incapacité de rembourser sa dette ou dans l’incapacité de reconnaître le travail des hommes qui ont fondé son existence. C’est précisément le sort des Chibanis en France.

Ce sont ces vies qui se poursuivent dans l’oubli du monde et des villes aveugles que le photographe Luc Jennepin met en lumière actuellement à la médiathèque Jean-Jacques Rousseau jusqu’au 21 décembre.

Une juste émotion
Le projet est itinérant, à la croisée de l’histoire, de l’action culturelle et de la démarche artistique (photographique, musicale et littéraire). Il présente l’intérêt de circuler à l’intérieur des villes étapes pour trouver d’autres témoins muets de cette histoire perdue loin de ses racines. Après Montpellier où il a vu le jour dans le foyer d’insertion Adoma, le projet partira dans toute la France. Il est attendu dans des espaces prestigieux de l’architecture contemporaine à Toulouse, Marseille, Bordeaux, Lyon, Nantes, Paris et s’enrichira à chacune des étapes de nouveaux portraits.

Grand amateur d’aventure sans frontière, le clarinettiste Louis Sclavis a créé une bande dédiée aux Chibanis. Les plumes de Nasser Djemaï, Magyd Cherfi, Pascal Blanchard, sont également mobilisées autour de Chibanis la question qui trouve ainsi un relais littéraire. Il suffisait d’aller à leur rencontre, les acteurs de cette aventure l’on fait avec un esprit juste et beaucoup de talent.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 05/12/13

Voir aussi : Rubrique Société, rubrique ExpositionPhoto, rubrique Festival,

Cinéma Diagonal : Afrique 50 les colonies en héritage

Michel Le Thomas à Montpellier Photo Rédouane Anfoussi

Michel Le Thomas à Montpellier Photo R. Anfoussi

Le réalisateur Michel Le Thomas était au Diagonal jeudi pour présenter De Sable et de sang dans le cadre d’un débat animé par l’historien Jacques Choukroun.

Le film relate l’histoire de Akjoujt, une ancienne ville minière de Mauritanie, en rendant compte de l’impact de l’entreprise néo-colonialiste sur la vie des habitants à partir de leurs expériences. ?« Au départ, il s’agissait de faire un documentaire pour transcrire la dimension humaine de l’action de coopération engagée par la ville communiste de Sevran dans le cadre d’un jumelage avec Akjoujt, explique le réalisateur formé par Jean Rouche, mais cela a pris un peu de temps et cette commune de Seine St Denis a basculé à droite. Le jumelage n’y a pas survécu et le film est resté en plan. Et puis, suite à une rencontre avec René Vautier célèbre pour avoir réalisé le premier film anti-colonial français nous avons décidé de bâtir un scénario.»

Le film joue sur la fiction pour faire le lien entre l’Europe coloniale d’hier et l’Europe forteresse d’aujourd’hui mais De Sable et de sang garde pour l’essentiel la teneur d’un documentaire. On retrouve René Vautier dans son propre rôle de résistant. L’auteur de Afrique 50 et de Avoir 20 ans dans les Aurès, porte un regard sincère sur sa vie de combat contre l’exploitation humaine.

L’intérêt majeur de ce film est de montrer les éléments qui font la continuité entre l’exploitation dénoncé avec fougue dès les années 50 et ce qu’il en reste aujourd’hui.

« Je ne veux pas entrer dans le travers de ceux qui défendent l’idée que rien n’a changé, souligne Michel Le Thomas, car si les gens souffrent de la même façon, ils sont politiquement indépendants.»

ivre DVD, ed Les Mutins de Pangée, 22 €

Livre DVD, ed Les Mutins de Pangée, 22 €

« Afrique 50 » film coup de poing

Cette trajectoire entre le colonialisme et le néocolonialisme est rendue tout à fait perceptible grâce à la bonne idée de la coopérative audiovisuelle et cinématographique de production, Les Mutins de Pangée qui inaugure leur nouvelle collection Mémoire populaire en éditant un livre CD* qui regroupe le film Afrique 50 censuré pendant un demi-siècle en revenant sur sa passionnante histoire ainsi que le film de Michel le Thomas enrichie des commentaires et du fond iconographique de l’historien Alain Ruscio. L’ensemble s’offre comme un objet complet de référence sur la question des colonies françaises d’Afrique.

« Si l’on veut comprendre et apprécier Afrique 50 on doit impérativement le voir en ayant en permanence en tête l’état d’esprit moyen des Français à cette époque, explique Alain Ruscio Le crâne bourré par trois-quarts de siècle de propagande émanant du parti colonial.» Un autre constat similaire sera à faire par les futurs historiens afin de comprendre l’esprit des Français du début du XXIe siècle baignant dans la propagande totale du néolibéralisme.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise16/11/2013

Voir aussi : Rubrique Histoire, rubrique Afrique, rubrique Livre, Comédie du Livre une fenêtre sur l’Afrique,