A Beaucaire, le FN dans un gant de velours

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Choc régional. Dans le sud-est du Gard les résultats du premier tour tournent au plébiscite pour le parti d’extrême droite. Le maire FN Julien Sanchez engrange près de 60% des voix. Reportage.

A l’heure où le parti de Marine Le Pen arrive en tête du premier tour dans six régions sur treize et concentre déjà ses efforts pour les présidentielles de 2017, force est de constater que le FN consolide son ancrage dans les banlieues et les zones rurales délaissées par la sphère politique. Reportage à Beaucaire dans le Gard où Julien Sanchez a pris la mairie en mars 2014 sous l’étiquette Front National.

Dimanche 6 décembre, le jour baisse sur les routes du sud-est gardois, Dans le couloir rhodanien, c’est un crépuscule plutôt morne qui s’annonce avec une bande brumeuse, et le soleil comme un ballon rouge enseveli sous les nuages gris. A l’entrée de Beaucaire l’immense cimenterie toujours en activité s’érige comme le dernier vestige d’un passé ouvrier.

Dans la petite ville de 16 000 âmes, les rues sont clairsemées. A l’arrivée d’un journaliste près du canal trois vieux messieurs de la génération des chibanis prêtent l’oreille aux questions sans y répondre. Ont-ils constaté des changements depuis l’arrivée du  maire FN ? : « Quand les choses sont bien on peut en parler mais quand ça va mal, mieux vaut se taire,» lâche l’un d’entre eux en indiquant gentiment la direction de la mairie.

Rue nationale se concentrent les commerces maghrébins. En juillet dernier, le maire a fait voté l’interdiction du commerce nocturne uniquement dans cette rue. L’arrêté municipal est toujours en vigueur, mais jugeant cette décision discriminatoire, les commerçants ont porté l’affaire en justice. Le rendu est attendu le 7 janvier 2016.

Marrakech Café

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Escale au café Marrakech, le gérant revient sur l’affaire tout en se demande à qui il a à faire. « Nous sommes sept commerçants à avoir porté plainte. Il n’est pas normal que notre rue soit la seule concernée par cette interdiction. Et le maire n’a pas choisi son moment au hasard, le décret correspond précisément au premier jour du Ramadan. »

Rassuré par le tenant de la conversation, il poursuit,  » Le maire n’est jamais venu nous voir pour parler de ses projets. Il a préfèré aller au crash direct. Sinon la vie suit son cours la police municipale, on l’a connaît depuis dix ans. Je vais aller voter pour faire mon devoir citoyen mais je sais que fondamentalement ça ne changera rien

Où sont les électeurs du FN ?

Les autres rues du village sont silencieuses, quasi désertes hors mis quelques silhouettes aux pas rapides. Les terrasses sont vides, on se demande où sont les électeurs frontistes. L’animation se concentre à l’intérieur d’un café et d’une salle où l’on joue au Loto.

Attablés devant leurs cartons, les gens poussent des soupirs. Les yeux cerclés de rouge par des années de misère une femme d’une cinquantaine d’année s’écrie «  oui » comme si elle se remettait à vivre à l’énoncé du chiffre 27. Puis, son visage s’assombrit de nouveau en regardant le carton par dessus l’épaule de son voisin.

« Le maire dit qu’il veut nous associer, confie l’élue de l’opposition Rose-Marie Cardona. Il m’a nommée dans plusieurs commissions mais toutes les décisions sont prises sans concertation par son cabinet venu de l’extérieur

« La majorité municipale est composée d’encartés disposant de peu d’expérience ajoute Francis Froussard du collectif Réagir pour Beaucaire On sent bien que le cabinet bien rodé à la politique doit apprendre ce qu’est la gestion d’une commune. Toutes les décisions du maire sont prises pour faire levier médiatique mais il n’a pas encore les résultats de Ménard. »

L’ action municipale se concentre sur la moitié de la population excédée par la gabegie du précédent maire (UDI puis UMP) l’autre partie qui réside dans les deux zones urbaines sensibles est laissée dans un dénuement complet.

« Côté pile le maire s’est vu intenter plusieurs procès. Côté face Julien Sanchez s’occupe du bonheur des vieilles dames en leur offrant des roses. Pour la fête d’Halloween la mairie a distribué des bonbons aux enfants. C’est un maire parfait,» ironise Rose-Marie Cardona.

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Sur la façade de la mairie deux panneaux noirs ont été tendus en  » Hommage aux victimes du terrorisme islamiste « .  A l’intérieur une grande crèche de santons de Provences clignote sous l’escalier. Les hommes du cabinet du maire à l’allure solide et responsable sont repérables. On sent la force qui contrôle la ville sur le qui vive. On approche de la fermeture des bureaux de vote.

Dans la salle de dépouillement, Julien Sanchez croise les bras devant l’urne en gardant le menton levé, sa voix n’a rien d’autoritaire. On passe au dépouillement, dans le rôle du démocrate le jeune maire veille sur ses coéquipiers, il tente de flatter les membres de l’opposition tout en gardant les yeux fixés sur les petits paquets d’enveloppes bleues.

Après le comptage de la première centaine, les voix de Louis Aliot s’entassent comme l’affirmation d’une adhésion à une chose peu définie.  Il y en a plus de quatre dizaines sur la table des assesseurs.

D’un signe de tête, le maire FN, répond positivement aux journalistes qui le sollicitent. Il sort de la salle, se retourne brièvement, quand il reporte son regard sur le tas qui reste à dépouiller, une lueur de légèreté et de soulagement brille dans ses yeux.

 Jean-Marie Dinh

Julien Sanchez travaille son image

sanchezElu maire en 2014 avec 39,82% des voix à la faveur d’une quadrangulaire, ce jeune trentenaire au sourire hésitant est né en 1983 à Aubervilliers. Il a fait des études supérieures de communication à Montpellier. Membre du Comité central du FN, il est Conseiller régional du Languedoc-Roussillon depuis 2010. C’est un proche de la famille Le Pen. En charge de la presse régionale pour la campagne présidentielle de Marine Le Pen. Il fut aussi un interlocuteur privilégié de Jean-Marie Le Pen. Il rendait compte de son journal de bord. Depuis le 30 mars 2014 Julien Sanchez cultive son image de maire attentionné en l’articulant systématiquement à l’idéologie de l’extrême droite.

Source : La Marseillaise 08/12/2015

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Dans le Gard, victoire du FN à Beaucaire, défaite à Saint-Gilles

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Saint-Gilles et Beaucaire sont distantes de 25 kilomètres et émargent à la région camarguaise, entre terre et mer, entre vignobles et marais. Situées dans l’orbite nîmoise jusqu’à en être devenues les dortoirs, les deux villes gardoises ont sensiblement la même taille (environ 15 000 habitants), la même sociologie, un même taux de chômage flirtant avec les 20 %, le même goût pour la tranquillité et la même défiance envers Paris.

Non négligeable, elles ont encore en commun un solide tropisme pour le Front national, portant de longue date ce parti autour de 40 %. Mais, dimanche 30 mars, le destin des deux communes a divergé : Beaucaire aura désormais un maire FN, pas Saint-Gilles.

Gilbert Collard a été privé d’une victoire qui lui était plus que promise, quasiment acquise. L’avocat et député du Gard avait recueilli plus de 52 % des voix à Saint-Gilles, lors des élections législatives de 2012. Il était arrivé très largement en tête au premier tour des municipales, le 23 mars, avec 42,57 % des voix. Dimanche, il a totalisé 48,5 % des suffrages, perdant de 194 voix face à Eddy Valadier (UMP). La faute à une mobilisation importante de l’électorat (plus de 75 % de participation) et à un front républicain qui s’est mis en place entre les deux tours.

Le maire sortant socialiste, Alain Gaido, et le candidat UDI, Samuel Serre, s’étaient désistés. « Je ne pouvais laisser Collard l’emporter et me remplacer », justifie Alain Gaido

Benoît Hopquin

Le Monde 31/03/2014

Dans le Gard, le Front national a gagné dimanche au second tour des municipales à Beaucaire avec Julien Sanchez mais perdu à Saint-Gilles où Gilbert Collard a dénoncé le Front Républicain.

Le sénateur maire-sortant de Nîmes, l’UMP Jean-Paul Fournier, a décroché sans surprise son troisième mandat avec 46,80% devançant largement le FN, Yoann Gilet (24,42%) Âgé de 30 ans, cadre du FN à Nanterre et responsable du département du Gard, Julien Sanchez avait hésité à se présenter à Beaucaire, une petite ville de 16.000 habitants, à 20 kilomètres à l’est de Nîmes.

Avec 39,82 % des suffrages, il a bénéficié de l’incapacité de la droite de s’unir, le maire sortant Jacques Bourbousson (DVD) recueillant 29,01 %, devant le DVD Christophe André (24,32%). Le DVG Claude Dubois (6,86%) s’était aussi maintenu.

Le Front républicain voulu par Solférino avec le retrait du maire sortant, le PS Alain Gaudy (25,36%) à Saint-Gilles a empêché, en revanche, le député Rassemblement Bleu Marine de la 2e circonscription du Gard d’être élu à Saint-Gilles.

Arrivé en tête avec 42,57% dimanche dernier à Saint-Gilles – première ville à avoir élu un maire FN (1989) – devant l’UMP Eddy Valadier (25,36%), Gilbert Collard n’a obtenu que 48,5 % des suffrages, soit 194 voix de retard.

Pour M. Collard, qui avait obtenu 53 % des suffrages dans cette commune aux législatives, cette différence va l’amener à « un déposer un recours ». Et de dénoncer dans le même temps, « l’association de malfaiteurs qui fait barrage » à savoir « l’UMPS » qui forme un « couple sadomasochiste fonctionnant un peu mais de moins en moins ».

Gilbert Collard a également vu dans cette défaite le vote d’une cité de Saint-Gilles. « Mes adversaires ont énormément travaillé la communauté maghrébine en lui racontant des histoires », a déploré Me Collard.

L’autre commune, où le FN était en mesure de gagner lui a échappée. Il s’agit de Vauvert, également dans la circonscription de Collard. Le PS et ami de Manuel Valls, Jean Denat y a remporté une triangulaire (41,5%) devant le FN Jean-Louis Meizonnet (35,35 %) et le DVD Gérard Gayaud (23,16 %).

Quant à Nîmes, Jean-Paul Fournier, élu en 2008 avec 54,31 % des suffrages devant la liste de gauche du PCF Alain Clary a profité de l’incapacité des deux candidates de la gauche à s’entendre.

La Front de gauche Sylvette Fayet (14,83%) et la député socialiste Françoise Dumas (13,94%) avaient déposé leur liste mardi à la toute dernière seconde après deux jours de discussion.

« On a joué l’union et on a gagné. Le socialisme a touché le fond, ici dans le Gard », a déclaré M. Fournier, rappelant qu’il avait décidé de céder sa place de président de l’agglomération à son numéro deux, l’ex-député UDI Yvan Lachaud. « Cette décision a joué », a-t-il estimé.

 AFP 31/03/2014

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