Mille et un feux culturels éclairent les terres héraultaises

Ariane Mouchkine et le théâtre du Soleil présentent leur création Une chambre en Inde au Printemps des Comédiens.

Ariane Mouchkine et le théâtre du Soleil présentent leur création Une chambre en Inde au Printemps des Comédiens.

Festivals
Après une année d’incertitude, l’orientation du conseil départemental de l’Hérault en terme de culture reprend de la couleur.

« Rien n’est jamais évident et acquis ». C’est en ces termes que Michaël Delafosse Président de la commission de l’éducation, de la culture du conseil départemental de l’Hérault (34)  a ouvert la présentation de la saison des festivals soutenus par cette institution. Propos s’inscrivant en référence aux présidentielles, auxquels ne peuvent que souscrire les acteurs culturels impliqués dans le tohu-bohu de l’an dernier autour des questions de compétences culturelles. Revenant sur l’accord convenu entre le département et la Métropole de Montpellier, Renauld Calvat, le maire de Jacou délégué à l’éducation et à la culture a souligné que le conseil départemental conservait sa compétence culturelle avec un budget dédié de 12 M d’euros en 2017. Force est de constater que l’ambition culturelle demeure dans l’Hérault au-delà du calendrier politique, ce qui constitue un véritable atout pour le territoire et son développement.

Festivals à l’aube de la floraison


D’après l’accord signé avec la Métropole qui prendra progressivement les rênes au cours de cette année (période de transition) dans le nord du Domaine d’O, le financement des festivals restera départemental. « Nous marchons sur nos deux jambes précise Renauld Calvat, avec l’EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial) dont la vocation est de s’étendre à d’autres structures culturelles départementales produisant une offre à l’année, et le maintien des festivals. Les budgets du Printemps des Comédiens, Arabesques, et les Folies d’O sont pérennisés à travers un engagement pluriannuel ce qui permet aux directeurs artistiques de s’organiser. Les autres festivals bénéficient du financement dans le cadre du transfert de la partie nord du Domaine D’O.»

La compagnie Puéril-Péril présente Bankal dans le cadre du festival Saperlipopette les 6 et 7 mai. Photos dr

La compagnie Puéril-Péril présente Bankal dans le cadre du festival Saperlipopette les 6 et 7 mai. Photos dr

La saison débute du 6 au 24 mai avec le Festival jeune public Saperlipopette qui souffle cette année ses vingt bougies sur le thème de l’invitation au voyage. Une jolie promesse de rencontre à travers 14 spectacles présentés les 6 et 7 mai au Domaine d’O et les 20 et 21 au Domaine de Bayssan à Béziers. Du 8 au 24 mai, 7 spectacles seront en itinérance sur les routes héraultaises.

La 12e édition d’Arabesques festival dédiée aux cultures du monde arabe toutes expressions artistiques confondues ne cesse d’élargir son influence en tant que porte voix de la modernité du Maghreb, du Proche-Orient sans sous-estimer la créativité de l’astre hexagonale. Il a largement contribué à conceptualiser, diffuser et accompagner les expressions culturelles nouvelles sans se couper des racines. Du 9 au 21 mai, l’édition 2017, permettra de découvrir la nouvelle scène du monde arabe avec notamment la soirée sound system au Rockstore présentant trois ambassadeurs de musiques électronique. A suivre aussi le volet consacré  aux Dames d’Orient de l’hommage à la grande diva algérienne Warda El Djazairia à l’Opéra Comédie au récit de femmes dans la révolution égyptienne, Place Tahir, proposé par le conteur Jihas Darwiche.

La DJ palestinienne, Sama Abdulhadi, alias Skywalker invitée au festival Arabesques 2017, sera le 12 mai au Rockstore.

La DJ palestinienne, Sama Abdulhadi, alias Skywalker invitée au festival Arabesques 2017, sera le 12 mai au Rockstore.

Un nouvel hommage au théâtre au sens large du terme se profile avec l’édition du Printemps des Comédiens, 31e du nom. Dans ce programme dont les pages se tournent du 30 mai au 01 juillet comme autant de promesses captivantes, drôles et sensibles défilent les monstres sacrés d’hier, et les artistes singuliers d’aujourd’hui, Mnouchkine, Dromesko, Gorki,  Castellucci, Sade, Isabelle Huppert, Jean-Claude Carrière… Pour ne citer qu’eux. Comment ne pas trembler ? Non pas de peur, mais de bonheur.

Le Festival Folies d’O 2017, opérette et comédie musicale sous les étoiles, présente La chauve souris de Johann Strauss. Le spectacle qui est co-produit par l’Opéra national de Montpellier sera donné avec le Choeur de l’Opéra et l’Orchestre national de Montpellier les 5, 6 et 7 juillet 2017 à 21h30 à l’amphithéâtre, du Domaine d’O.

Dans le cadre du festival de Radio France le volet Jazz sera  comme de coutume accueilli dans l’amphithéâtre du domaine d’O du 17 au 27 juillet pour une série de concerts gratuits. L’affiche diversifiée de cette édition est très attractive. Le big band jazz teinté d’électro Kelin-Kelin’Orchestra qui ouvre la danse aux rythmes de l’Afrique. Sont également attendus, le batteur d’origine mexicaine Antonio Sanchez & Migration, le pianiste cubain Alfredo Rodriguez en trio, ou le saxophoniste norvégien Mette Henriette que du beau linge…

La saison des festivals se termine du 24 août au 2 septembre par les fameuses Nuits d’O associant concert & ciné qui nous conduiront à surfer entre la Hongrie, et l’Argentine car si rien n’est jamais acquis tout est toujours possible.

JMDH

Réservation : www.domaine-do-34.eu/billetterie

Source La Marseillaise 24/03/2017

Voir aussi : Rubrique Politique, Politique culturelleDernière saison d’hiver au Domaine d’O ?, Politique Locale, rubrique ThéâtresortieOuest un théâtre de toile et d’étoiles reconnu et défendu, Dossier. Théâtre en péril, fin d’un modèle à Montpellier et dans l’Hérault, SortieOuest archives, rubrique Festival, rubrique Montpellier,

Entretien Philippe Saurel « Il faut batîr Montpellier destination culture »

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Dans le milieu de la culture, il faut laisser de l’autonomie liée à l’identité du fonctionnement

Entretien
Montpellier terre de toutes les cultures, c’est le défi que lance le maire et président de la Métropole Philippe Saurel qui s’en explique ici.

Montpellier et sa Métropole bénéficient d’une croissance démographique soutenue, d’une densité universitaire et d’une mobilité internationale importante sur un territoire qui rencontre des difficultés socio-économiques. Sur quoi repose votre vision de la politique culturelle ?
Il faut bâtir  le hashtag #MontpellierDestination Culture. Pour y parvenir nous avons les ingrédients que vous avez cités, la croissance de la ville, sa jeunesse, le caractère universitaire « d’une ville monde ». C’est-à-dire une ville dans laquelle se reflètent tous les visages de la planète.

Parmi les faits nouveaux vous affirmez la volonté de développer les arts plastiques…
Nous mettons l’accent sur l’art contemporain. Un maillon de la chaîne qui était un peu défaillant et que nous allons traiter de manière originale. Nicolas Bourriaud  en assure la direction artistique à la tête d’un EPPC qui comprendra la Panacée, à laquelle viendra s’ajouter le MoKo un nouveau Centre d’Art. Ces deux lieux seront liés à l’école des Beaux Arts. Ce triptyque doit maintenant s’ adosser à une fondation pour faire venir les collections et éventuellement financer des projets. Nous sommes en cours de réflexion pour trouver la personne idoine qui présidera l’EPPC, comme Aurélie Filippetti préside le Cinemed et donne son éclat au festival du cinéma Méditerranéen. La notion d’enseignement avec  les Beaux Arts pourrait s’étendre à l’Ecole nationale d’architecture,  et la Faculté des lettres et sciences humaines. Nous travaillons actuellement à la rédaction d’un protocole d’accord sur la culture entre La Métropole et Montpellier 3.

Votre champ opérationnel s’est élargi avec le transfert de compétences du Département …
En effet, par le truchement du  transfert de compétences, nous avons reçu en legs le Domaine D’O,  le Printemps des Comédiens,  Folie d’O et Arabesques. Trois grands festivals qui viennent compléter le dispositif prestigieux dont nous disposions déjà.

Qu’en est-il pour le festival jeune public Saperlipopette ?
Je pense que Saperlipopette devrait rester sous l’égide départementale. Si ce n’était pas le cas on le conservera.  C’est un très bon festival.

Les 25 agents transférés doivent-ils s’attendre à un changement de culture ?
Le transfert s’est opéré à partir de la signature début janvier 2017. A ce jour, on ne voit toujours pas le logo de la Métropole sur le Théâtre Jean-Claude Carrière. Nous nous sommes donnés un an pour faire le transfert et discuter avec tous les acteurs. En 2017 c’est le Département qui reste maître d’ouvrage sur la programmation et le financement du Théâtre d’O.

Quelles perspectives à moyen terme?
D’après la délibération jointe à la signature du contrat, tant que nous gardons le festival, le Département s’engage à le financer. Il n’y a donc aucun problème sur la pérennité des festivals.

Quelle est votre vision de la construction de la coopération concernant les structures et les hommes ?
Parlons des hommes. Je leur laisse une totale liberté. Jean-Paul Montanari, Valérie Chevalier,  Nicolas Bourriaud, font ce qu’ils veulent.

Il peut apparaître des contradictions entre une vision internationale et une programmation culturelle qui répond aux attentes.  Cela s’est illustré avec Rodrigo Garcia.
Je n’ai eu aucun problème avec Rodrigo Garcia. Sa programmation artistique est magnifique. Elle ne concerne pas tous les publics mais je l’ai défendue. Nicolas Bourriaud peut répondre à la  contradiction que vous soulevez. Le projet qu’il conduit dispose des deux dimensions. Il a collé au ventre, la soif de montrer que Paris  est contournable et que l’on peut développer une programmation internationale à Montpellier. Il faut que l’art décape !

Prenez-vous en compte la singularité des domaines artistiques ? Le théâtre par exemple en tant qu’art politique…
Le théâtre est à la fois le plus incisif et le plus fragile des secteurs artistiques. Dans les sociétés totalitaires, les régimes politiques durs ont toujours combattu en priorité, le théâtre et le livre. En même temps le théâtre est un vase d’expansion des fresques carnavalesques en passant par le théâtre de rue de Molière. Pendant la guerre en Allemagne et ailleurs, les pièces qui ont commencé à être données sur le ton de la dérision ont rapidement été interdites. C’est un domaine artistique très subtil.

Dans la problématique financière liée aux deux orchestres nationaux métropolitains Montpellier licencie et Toulouse embauche ce qui semble annoncer la fin du lyrique à Montpellier ?
Non, aujourd’hui un expert a été nommé par l’Etat pour rendre un rapport dans les deux mois, sur la situation réelle des finances de l’OONM. En fonction de ce rapport, avec le Drac j’inviterai les actionnaires pour évoquer la situation.

Porter cette réflexion sur la seule dimension financière résume la situation…
C’est le problème principal parce que des dépense non prévues ont fait jour à la fin de l’année. La Métropole est le premier financeur avec 13 M d’euros. Il nous revient de  trouver une issue à cette situation.

Comment miser sur la culture au niveau international et abandonner l’Orchestre ?
Je ne vise pas à l’abandon de l’Orchestre tout au contraire. Mais pour garder l’Orchestre, il faut peut-être revoir un certain nombre de ses fonctionnements internes à l’aune du rapport qui sera rendu. Il faut d’abord sauver l’OONM et après le booster.

Au chapitre de la nouvelle donne de la décentralisation entre Marseille et Toulouse  comment envisagez vous les relations inter-métropolitaines coopération ou concurrence ?
J’entretiens d’excellentes relations avec Toulouse notre capitale régionale. Cela n’empêche pas que le maire de Toulouse joue pour sa ville et le maire de Montpellier également, mais on est capables de se parler et de travailler ensemble. Avec Jean-Claude Gaudin nous avons évoqué le fait de tisser des liens entre les opéras de Marseille et Montpellier. Nous pourrions aussi faire des échanges de musiciens avec l’Opéra de Palerme.

En matière de coopération décentralisée souhaitez-vous raffermir la notion d’identité méditerranéenne ?
De civilisation méditerranéenne, cette idée il est important de la faire ressurgir parce qu’elle génère une forme d’apaisement. Il suffit que l’on visite à Palerme le Palais des Normands pour constater que le plafond de cette chapelle palatine est décoré avec des sourates du Coran.

Privilégiez-vous la gestion particulière des différents lieux ou une gestion commune ?
Dans le milieu de la culture, il faut laisser de l’autonomie liée à l’identité du fonctionnement. En revanche, au niveau des services de la Métropole et de la Ville nous allons créer une direction mutualisée de la culture. Et les organigrammes feront état de fonctions mutualisées ou pas.

Envisagez-vous l’apport de financements privés ?
J’y suis favorable sous toutes ses formes à une seule condition. Que la gouvernance de  la logistique liée à l’exercice de la compétence reste à la Métropole

Quelle place prend la culture dans votre vie quotidienne ?
La culture est omniprésente. Je ne peut pas séparer la culture de la décision politique.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 23/02/2017

Voir aussi ;   Rubrique Politique culturelle, rubrique Théâtre, rubrique Festival, rubrique Cinéma, rubrique Artrubrique Photo, rubrique Danse, rubrique Exposition, rubrique Livres, Littératures, rubrique Musique, rubrique Rencontre, rubrique Education,

Nicolas Fenouillat au CRAC. Accroche musicale en trois temps

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Nicolas Fenouillat ou le retour des héros contemporains. photo dr

Exposition
L’artiste Nicolas Fenouillat investit le CRAC avec trois propositions où l’art contemporain agrège l’univers musical. Loin très loin de nous laisser dans l’indifférence.

« J’ai fait le conservatoire où je me suis formé à la percussion contemporaine puis les Beaux-arts. Au sortir  de ma formation, on m’a demandé de me situer. Je suis resté entre les deux », résume  Nicolas Fenouillat à Sète où il présente deux oeuvres vidéo et une installation. Trois tentatives qui transportent le questionnement artistique et son vocabulaire dans l’univers immensément sensible de la musique.

Retour aux sources avec Silence inspiré par 4’33’’ un morceau composé par John Cage pour décrire le silence. Nicolas Fenouillat fait appel à un dialogue tourné à l’Ircam entre deux sourds-muets qui interrogent non sans humour les résonances et significations du vide auditif.

Métronome

Totem, est un long travelling à travers des rangées de pierres tombales sans inscription au pied desquels 100 métronomes marquent la mesure dans une temporalité différente. L’artiste semble vouloir donner la mesure du monde sans ego ou signe religieux. Une forme d’hommage à la paix et au temps débarrassé du superflu.

Avec Iron man lives again ! l’artiste réussit l’exploit de déplacer les traces de sa performance donnée au Louvre sans performer. Conçu comme une partition, le dispositif retrace son interprétation à la batterie du morceau culte de Black Sabbath dans une amure du  XVe siècle. Une réflexion sur l’utilité des héros en temps de crise.

« Marvel n’a jamais autant marché qu’en ce moment », commente l’artiste qui prépare une performance au Musée Picasso.

JMDH

Jusqu’au 26 février. L’expo La traversée de Johan Creten est prolongée jusqu’au 17 avril, au CRAC à Sète, 26 quai Aspirant Herber. 04 67 74 94 37.

Source : La Marseillaise 11/02/2017

Voir aussi :   Rubrique Artrubrique Cinéma, rubrique Musique, rubrique Danse, Prejocaj Empty moves, rubrique Photo Exposition,

Smith & Matthieu Barbin : « De nouvelles formes peuvent exister dans le chaos »

Matthieu Barbin dans Traum, une fiction multidisciplinaire en cours de création.  Photo dr

Matthieu Barbin dans Traum, une fiction multidisciplinaire en cours de création.Photo dr

Entretien
En janvier le centre chorégraphique national ICI accueillait en résidence  la plasticienne et cinéaste  Dorothée Smith et le chorégraphe Matthieu Barbin qui travaillent sur une fiction multidisciplinaire et fragmentaire autour de la métamorphose. «Traum» casse les codes de la narration classique. La résidence a donné lieu à une expo, deux projections et une performance chorégraphique à Montpellier. Le travail se poursuit au Centre national de la danse à Pantin.

Si Traum aborde la question de la métamorphose, c’est aussi une création qui semble en mutation permanente. Comment s’est déroulée votre rencontre et qu’a-t-elle transformé ?

Smith. Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans. J’étais sur le projet d’écriture du scénario du film. Une fiction futuriste, qui décrit l’amitié de deux cosmonautes dont l’un devient un héros spatial tandis que l’autre narcoleptique, devient l’opérateur du lancement de la fusée. Mais il s’endort et provoque la mort de son ami. Suite à cet accident, il reste hanté par ce souvenir traumatique  au point de perdre son intégrité mentale et corporelle. Au départ il y avait l’idée de situer l’intrigue depuis le point de vue d’un personnage vivant des traumatismes. Celui qui tue, éprouve  des pulsions de retour, des pulsions de mort. On passe d’une réalité à l’autre. Le film joue sur différents registres d’image et de réalité. On est dans un état d’entre- deux lié au sommeil et à la mort.

Dans mon travail , je questionne les médiums . Sur ce projet nous avons cherché à constituer une sorte d’archipel autour de la mutation originale dans un système où s’imbriquent les écritures. Le défi avec Matthieu a été de retraduire et recontextualiser les questions pour les réinjecter hors champs dans le contexte du spectacle vivant. Nous avons opéré des ajustements sur le fond et la forme. Cela nous a permis de revisiter certains endroits, de repenser la notion d’être dedans et dehors.

© SMITH / Spectre Productions / Galerie les Filles du Calvaire 2016

Matthieu Barbin photo dr

Où situez-vous la place de la fiction par rapport à l’objet proprement esthétique ?

Smith.A l’état foetal, le projet offre des possibilités de transformation intime, la fiction engendre et modifie la subjectivité des personnages. Elle permet par ailleurs de lier différents centres d’intérêt dans une histoire qui forme une galaxie faisant tenir tous les éléments. J’aimerais que cela soit lu à partir des lunettes du monde dans lequel nous sommes.

Matthieu. La fiction est nécessaire dans les temps troubles. Elle autorise l’extrapolation de principes scientifiques que l’on ne peut pas appliquer à l’échelle humaine comme la physique quantique. La fonction des ondes n’est pas une entité exclusivement symbolique. Le spectacle vivant offre la possibilité d’inclure des outils permettant une expression de cette nature. La narration induit un effet  miroir chez les spectateurs qui sont renvoyés à un signifiant sensible. Il y a le besoin d’un retour à l’histoire pour se mouvoir. Dans la première phase de ce projet, nous avons accumulé beaucoup de matière théorique. Maintenant il faut laisser les choses décanter pour faire émerger la poésie.

Comment se déroule votre collaboration avec les chercheurs ?

Smith. J’aime travailler avec des scientifiques. La Science et l’art ont des langages différents. L’art produit du savoir au même titre que la science. Avec une plus grande liberté pourrait-on penser, mais pas forcément…Les disciplines ont littéralement à apprendre les unes des autres. Nous avons travaillé avec des astrophysiciens pour approcher la physique quantique mais aussi avec des philosophes ou des psychologues cliniciens. C’est une manière d’appréhender le monde de manière différente. A  partir de là, on s’est demandé comment nous pouvions créer. Nous croisons les disciplines et les théories scientifiques. Les chercheurs se servent de notre travail pour enrichir leurs travaux. Dans la phase de création nous invitons des gens qui viennent du monde artistique, technique, théorique à s’impliquer en tant que collaborateur. Nous participons aussi à des rencontres débats qui nous font sortir de la sphère artistique.

th_e73b93a01332ac556c73823f9550a5f4_1467628926SMITH_TRAUM_pictures_019Dans la performance  chorégraphique présentée en sortie de résidence au CCN de Montpellier le corps semble alterner entre conscience et inconscience ?

Matthieu. On voulait se donner la possibilité de l’impossibilité du corps. Travailler sur son absence. Dans la vie, on fait porter au corps des charges qui ne sont pas les sienne, mais en réalité, il peut s’avérer très utile ou inutile. La pièce dessine des formes sans les arrêter. Elles s’esquissent juste. Le corps est un corps dont on pourrait se débarrasser, pour le remplacer par des poèmes ou des chants. Cette notion était un des enjeux du travail. Le plateau fonctionne comme un système imbriqué d’écritures. Texte, lumière, musique, corps, images, composent cet univers, chacun des éléments pouvant s’effacer. On a quand même eu besoin de  créer des repères. La présence du  texte dans le spectacle permet vraiment cela. C’est en anglais, mais avec des résonances, des répétitions qui balisent un peu. Il y a aussi une porte quantique. Une terre inconnue vers laquelle ont essaye d’attirer les gens.

A propos de résonance, la question de la perte d’identité fait écho à notre monde et peut générer un certain nombre d’inquiétudes or, dans votre travail, elle apparaît plutôt comme une forme de plaisir de la perte. S’ouvrir à de nouvelles formes esthétiques suppose-t-il de s’affranchir des formes critiques ?

Matthieu. Nous traversons une époque  de totale indétermination. C’est un état de fait. Cet état de jouissance de la perte, peut exister,  pas uniquement comme porte possible pour un après…

Smith. Nous ne sommes pas dans un rapport d’épouvante. Cet état participe au processus post-modern. On traverse un moment de déconstruction des identités. Le film évoque un traumatisme qui pulvérise l’identité et qui nous plonge dans le neutre. Cela n’exclut pas une nouvelle création. De nouvelles formes peuvent exister dans ce chaos. Nous tentons de les faire émerger.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

La création Traum devrait voir le jour à l’automne au Théâtre de la Cité à Paris.

Source : La Marseillaise 10/02/2017

Voir aussi :   Rubrique Artrubrique Cinéma, rubrique Danse, rubrique Photo Expositionrubrique Montpellier,  rubrique Rencontre,

Michel et Yvette font leur cabaret chaud devant !

cc21644a0da2b48d94b4a1e01fe155f4Chanson
Soutenu par Les Nuits du chat, le duo sétois de chanson humoristique Michel et Yvette débarque au Théâtre Gérard-Philipe les 3 et 4 février pour deux soirées qui s’annoncent drôles et chaleureuses.

Il était une fois une rencontre.  Une rencontre entre un homme et une femme. Michel adepte du ukulélé, de la percussion pédestre et du chant et Yvette, pratiquante aguerrie de l’accordéon, du chant et des tics nerveux, quand ces deux artistes drôles et pleins d’esprit, sont tombés l’un sur l’autre, ils ont naturellement… Non.Reprenons, lorsque Michel et Yvette se sont acoquinés… Bref, quand ils se sont trouvés, ils ont décidé de faire quelque chose ensemble. Devinez quoi ?

« Cela c’est fait un peu au hasard, commente Michel, au départ on partait sur du réaliste, type Fréhel, Bourvil… des reprises puisées dans le répertoire de la chanson réaliste. Dans la pratique, on s’est aperçu que l’on avait des choses humoristiques à exprimer ensemble

Ils se mettent alors à écrire et composer. « Nos textes parlent des relations entre les hommes et les femmes.  Nos chansons sont le plus souvent drôles, parfois tendres, mais l’émotion est toujours au rendez-vous, enfin si elle n’est pas là elle va arriver. »

Le processus de création est plutôt spontané. « On part souvent d’une idée drôle et puis les choses s’enchaînent. On réfléchit en terme de spectacle. Yvette, Aude de son vrai nom, dispose d’une expérience solide dans le théâtre de rue, moi j’ai participé à plusieurs formations musicales comme Les Michels, Les Enjoliveurs, Les Sévères... »

Michel et Yvette donnent leur premier concert il y a un an à l’invitation de l’association  montpelliéraine  Les Nuits du chat qui organise chaque année un festival musical automnal mélangeant de talentueux artistes d’expression francophone. Ils ont beaucoup tourné depuis en développant ce qui leur tient le plus à coeur : le contact avec le public.

« On aime les ambiances chaleureuses et on essaye d’y contribuer sur scène en développant un rapport complice et coquin indique  Yvette. Entre le spectacle comique et la chanson, la chanson humoristique est un genre un peu à part qui requiert de bonnes conditions d’écoute. On est souvent surpris car celles-ci se créent assez vite

Au Théâtre Gérard-Philipe
Michel et Yvette sont attachés à leur liberté créative en terme de temps et de contenu. Ils revendiquent une démarche artisanale et polyvalente qui les conduit à réaliser leur site, leur vidéo et bien sûr leurs compositions. Ils viennent d’enregistrer un E.P à Pézenas.

Le 3 et 4 février prochain il fêteront sa sortie au Théâtre Gérard-Philipe à Montpellier en organisant une soirée cabaret avec plein d’amis artistes. On pourra notamment compter sur des marionnettes pour le service d’ordre, apprécier les talents d’une femme orchestre, ou découvrir le plus petit piano bar du monde. Michel et Yvette assureront le final en beauté !

JMDH

Source La Marseillaise

Résa en ligne www.lesnuitsduchat.com/: 04 67 58 71 96

Voir aussi : Rubrique Musique, rubrique Montpellier,