Une offre artistique globale

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Par Jean-Marie Dinh

Sept  festivals incontournables se succéderont au Domaine départemental d’O du 7 mai  au 27 août 2016.

Les rapports à la culture se déplacent mais l’espace départemental dédié à la culture du Domaine d’O conserve son attractivité. Le président du Conseil départemental Kléber Mesquida entouré du président de l’Epic du Domaine, Michael Delafosse, et des directeurs artistiques des festivals d’été Elysé Lopez, président des Folies d’O, Habib Dechraoui pour Arabesques, Sabine Maillard pour les Nuits d’O, Jean Varela pour le Printemps des comédiens et Isabelle Grison pour Saperlipopette, Mélanie Villenet-Hamel pour la direction du pôle artistique ainsi que Jean Pierre Rousseau pour la longue escale du Festival de Radio France ont présenté succinctement l’offre culturelle du Domaine d’O jusqu’à la fin de l’été.

Qualité diversité accessibilité


L’offre est pléthorique et la qualité se dispute avec la diversité dans un souci d’accessibilité qui a toujours guidé la politique culturelle du département de l’Hérault. « Parce qu’elle émancipe et rassemble, la culture doit être ouverte à tous plus que jamais, le Département s’engage pour le savoir, les artistes et le spectacle vivant », résume le vice-président à l’Education et à la Culture Renaud Calvat.

La fête commencera les 7 et 8 mai avec Saperlipopette, festival dédié aux plaisirs des enfants et des parents qui répond cette année à la thématique « Il était une fois… Aujourd’hui ». Occasion d’aborder la dimension contemporaine des textes et des spectacles destinés au jeune public, souligne Isabelle Grison. Après le week-end d’ouverture à Montpellier le festival rayonnera dans pas moins de 18 communes du département jusqu’au 29 mai.

Du 11 au 22 mai le festival Arabesques, grand rendez-vous des arts du monde arabe, prendra le relais. Pour sa 11e édition, sans se départir de ses épices festives et éclectiques, l’expression artistique donnera de l’air à la confusion politique, aux idéologies pernicieuses et aux libertés confisquées sur le thème de L’Orient Merveilleux de Damas à Grenade. Les recettes de ce festival qui concerne un public  peu présent dans la sphère culturelle habituelle, s’avéreront savoureuses en termes de partage.

30e Printemps des Comédiens

En trente ans, combien de représentations ? combien d’artistes ? combien d’éclats de rire ? combien d’orages ? d’éblouissements ? de bonheurs de théâtre ? Le second festival de théâtre français après Avignon se tiendra du 3 juin au 10 juillet au Domaine d’O avec une nouvelle programmation, signée Jean Varela, d’un équilibre exceptionnel. Le public fidèle s’y rend désormais les yeux fermés. Un signe de confiance, dans un monde qui en manque, mais Jean-Claude Carrière, qui préside le festival et garde toujours les yeux ouverts, nous invite par ce geste à affirmer que nous sommes vivants. « Cette année nous avons une raison de plus d’aller au théâtre. Car il y a quelques mois, à Paris, un théâtre a été mitraillé, acteurs et spectateurs. »

Pour sa 10e édition, Folies d’O qui propose une programmation d’opérettes et comédies musicales en plein air présentera  Orphée au Enfers les 2, 3 et 5 juillet dans l’amphithéâtre d’O. Oeuvre parodique de libération pour Offenbach mis en scène par Ted Huffman sous la direction musicale de Jérôme Pillement. Le Festival de Radio France poursuivra la fête du 11 au 26 juillet avec son volet Jazz concocté par  Pascal Rozat et un Carmina Burana dans la version pour deux pianos. Les Nuits d’O musique et cinéma  clôtureront l’été du 18 au 26 août avec six fiévreuses soirées à déguster sous les étoiles.

Transfert de compétence

La bataille politique engagée pour la gouvernance du Domaine d’O servira-t-elle la culture ?

La présentation de l’offre culturelle départementale s’inscrit dans un âpre débat sur le transfert de compétence entre le département de  l’Hérault et la Métropole de Montpellier présidée par Philippe Saurel. Celui-ci dispute la compétence culturelle au département qui tente de conserver la vitrine d’une politique culturelle ambitieuse.

Alors que la carte  des nouvelles compétences des 13 Métropoles est presque achevée, ce combat fait de la Métropole montpelliéraine un cas d’école. A l’exception de la Métropole Rouen-Normandie qui a acquis par convention la gestion de trois musées, aucune des conventions de transferts signées à ce jour ne concerne la culture. L’enjeu semble avant tout politique pour Philippe Saurel, dont l’exclusion assumée du PS et le faible score aux Régionales, le pousse à asseoir son assise sur le territoire métropolitain.

La question de ce transfert se pose aussi en termes économiques. Le budget culturel global du Conseil départemental de l’Hérault avoisine les 12M d’euros dont 3M à 4M d’euros devraient être compensés par la Métropole en cas de transfert, si celle-ci conserve la qualité de l’offre actuelle.

Une troisième réunion sur le sujet est prévue prochainement entre les représentants des deux institutions. Dans le cas où les deux parties ne parviendraient pas à un accord, un ensemble beaucoup plus vaste de compétences serait transféré de plein droit à la métropole pour un budget estimé à 31M d’euros.

Pour l’heure, ce dossier n’a pas été débattu au Conseil de la Métropole. Dans l’hypothèse d’un transfert du Domaine d’O, Philippe Saurel s’est déjà prononcé pour y installer le CDN. Ce projet qui nécessite l’avis de l’Etat, avait naguère été évoqué par le Conseil général mais aujourd’hui, d’un côté comme de l’autre, personne ne se soucie de projet artistique et les directeurs qui jouissent d’une liberté de programmation n’ont pas voix au chapitre…

 

L’évolution des festivals

Faute de pouvoir présenter la programmation artistique de chaque festival et d’en mesurer la pertinence dans les équilibres, la présentation mutualisée  a été nourrie par le regard d’ Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS en Science politique dont les travaux confrontent les politiques culturelles à l’épreuve des pratiques.

Auteur de plusieurs études sur les festivals, l’expert a évoqué le phénomène de la  festivalisation en soulignant plusieurs grandes tendances.  Ainsi à quelques exceptions près concernant une poignée de grands festivals en Europe, l’inflation des festivals consolide leur ancrage territorial. Les festivals deviennent des opérateurs culturels  et développent des actions tout au long de l’année.  50% des manifestations étudiées «?génèrent?» ainsi une activité à l’année.  70% du public des festivals est local. Sociologiquement ont assiste à une féminisation du public ainsi qu’à son vieillissement, accompagné d’une fragmentation des goûts artistiques.

Si on  compare les coûts de fonctionnement d’un théâtre ou d’une salle de concert, les festivals permettent de faire des économies  notamment grâce au recours au bénévolat. Mais ils bénéficient moins des politiques publiques en matière de pédagogie et de démocratisation artistiques.

 

Voir aussi : Actualité Locale  Rubrique Politique culturelle, Vers un Domaine d’O multipolaire, Crise : l’effet domino, rubrique Festival, Théâtre, rubrique Musique,,

Entretien Bernard Lahire. Quand les sociologues sont jugés responsables de l’état du réel

Bernard Lahire « Le problème n’est pas de préserver un mode de vie français figé » Photo EdItIons La Découverte

 

Bernard Lahire, professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure de Lyon était l’invité de la Librairie Sauramps hier à Montpellier. Il a évoqué son dernier essai : « Pour la sociolo- gie » qui porte réponse au procès fait aux sciences sociales qu’a relayé Manuel Valls.

 

La mise en évidence des inégalités économiques, scolaires et culturelles sont des réalités qui fâchent. Suffisamment, pour intenter un procès aux sciences sociales et à la sociologie en particulier. Dans votre dernier ouvrage : Pour la sociologie. Et pour en finir avec une prétendue « culture de l’excuse, vous revenez sur les fondamentaux. D’où part votre motivation ?

Le point de départ est lié à l’ouvrage Malaise dans l’inculture, paru en 2015. Son auteur, Philippe Val, ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, puis directeur de France Inter, s’en prend au « sociologisme » mais l’on se rend compte à la lecture, que c’est bien contre la sociologie et ses adeptes dans le monde des sciences sociales qu’il part en guerre, enl es accusant tout à la fois de justifier ou d’excuser la délinquance, les troubles à  l’ordre public, le terrorisme… Dans un mélange de méconnaissance et de résistance, ces motivations reposent sur une vision conformiste et libérale assez classique de l’individu selon laquelle celui-ci œuvre dans son propre intérêt, et la somme de ces actions concoure à l’intérêt général.

Votre ouvrage se veut très accessible.

Habituellement, j’écris des livres plutôt savants. Pour la circonstance, j’ai ressenti le besoin d’écrire de manière accessible. J’ai essayé de faire de la pédagogie pour expliquer en quoi consiste le travail des sciences sociales et tout particulièrement de la sociologie qui prend en compte les dimensions relationnelles. On ne pense pas un individu indépendamment des relations avec l’ensemble des éléments composant le tout dans lequel il s’inscrit. De même, nos actions sont liées au groupe, elles n’en sont pas isolées.

A propos de l’analyse relationnelle, vous citez Marx. Lorsqu’il défend que les détenteurs des moyens de production s’approprient la richesse produite par les ouvriers, il démontre aussi que les riches n’existent pas indépendamment des pauvres. Cette charge des détenteurs de privilèges ou de pouvoirs ne cherche t-elle pas à réfuter l’analyse des structures en terme de classes sociales dans une société de plus en plus inégalitaire ? Quelles sont les autres interdépendances qui se font jour ?

On voit bien que la question des différences de classes est quelque chose qui les entête beaucoup. Mais l’interdépendance n’existe pas qu’entre les riches et les pauvres. Elle existe entre les hommes et les femmes, les parents et les enfants… Il est difficile de penser un « eux » indépendamment d’un « nous » parce qu’il se trouve que ce «eux» est en lien avec nous.

Cette interdépendance vaut au sein d’une société donnée, et il en va de même au sein des différentes nations qui coexistent sur terre. Le problème n’est pas, de préserver un mode de vie français en le figeant dans certaines représentations. Il est international. Cette manière de penser de façon relationnelle la réalité sociale à des échelles très différentes, interroge la politique étrangère de la France, comme elle peut interroger la politique coloniale, des Belges ou des Européens. D’une manière comme une autre, cela met en cause des politiques parce que penser en terme de relations interdépendantes n’isole pas totalement un « ennemi » sans aucun lien avec nous. Le recul que permettent les sciences sociales permet de ne pas foncer bille en tête comme le fait notre premier ministre.

Après avoir déclaré en avoir assez « de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé », Manuel Valls a rétropédalé. Cela vous satisfait-il ?

Il est revenu de manière extrêmement confuse sur ses propos . Je les ai relevés pour prendre conscience de la confusion cérébrale du Premier ministre : « Bien sûr il faut chercher à comprendre » dit-il, à propos de la plongée dans la radicalisation djihadiste. « Ce qui ne veut pas dire chercher je ne sais quelle explication », ajoute-t-il. Je dois dire qu’il atteint là, un degré qui m’échappe.

Dans le contexte actuel caractérisé par une montée de la violence économique, sociale, psychologique, environnemental, ne mettez- vous pas le doigt sur la violence politique ?

Le virilisme politique est très présent avec des formules toujours plus dures, plus intransigeantes. Nous sommes en présence de personnes qui occupent le terrain, pour des raisons électoralistes et qui nous disent un peu : « N’ayez pas peur, papa est là.» C’est un rappel de l’autorité, mais est-ce efficace ? On ne voit pas très bien quel dispositif sécuritaire empêcherait quelqu’un de se faire sauter.

Quel regard portez-vous sur la sociologie de la radicalisation et des travaux comme ceux de Farhad Khosrokhavar ?

Je n’ai pas d’avis sur le travail de Farhad Khosrokhavar que je ne connais pas assez. Je me méfie du terme radicalisation. Il y a des jeunes qui se sont convertis en quinze jours. Je suis aussi distant avec des gens comme Michel Onfray qui vous dise : J’ai lu les textes du Coran, il y a un problème de violence. D’abord parce que la plupart des croyants ne lisent pas les textes, et que l’argument n’est pas solide. On trouve dans la Bible aussi des textes d’une extrême violence.

Les critiques portées ne résultent-elles pas d’une incompréhension, notamment dans la différence entre comprendre et juger ?

On prête des intentions aux sciences sociales qu’elles n’ont pas. Le scientifique étudie ce qui est et n’a pas à apprécier si ce qui est «bien»ou«mal». Il ne se préoccupe pas de savoir si les vérités qu’il découvre seront agréables ou déconcertantes.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Pour la sociologie. Et pour en finir avec une prétendue « culture de l’excuse » Editions La Découverte 2016, 13,5 euros

Source : La Marseillaise 25/03/2016

Voir aussi : Rubrique Science, Sciences Humaines, rubrique LivreEssais, rubrique Société, rubrique Rencontre, rubrique Montpellier,

 

Création. Genevève de Brabant d’Offenbach

Un langage revisité mais fidèle   Crédit Photo dr

Un langage revisité mais fidèle Crédit Photo dr

Opéra Bouffe Création . A Montpellier, la mise en scène de Carlos Wagner reconduit sans mignardise  l’immédiateté sensible d’Offenbach vers de nouvelles potentialités.

Le père de La Belle Hélène appliquait les thèmes mythologiques occidentaux à la musique dans un esprit païen et joyeux. On a retrouvé cette bonhomie dans la nouvelle coproduction de l’Opéra Orchestre de Montpellier LR et l’Opéra national de Lorraine qui fait  revivre cette oeuvre oubliée d’Offenbach.

Geneviève de Brabant exploite le filon parodique à partir de La légende dorée du chroniqueur italien du Moyen Âge Jacques de Voragine. Geneviève, fille du duc de Brabant, est l’épouse du palatin Siffroi qui la quitte pour rejoindre Charles Martel en croisade. Geneviève, enceinte le jour du départ de son mari mais sans qu’elle le sût encore, est confiée à l’intendant Golo. Ne parvenant à la séduire, celui-ci l’accuse adultère. Siffroi ordonne à Golo de faire noyer la mère et l’enfant. Attendris, les domestiques charger de la sentence leur laissent la vie. Geneviève et son enfant survivent dans la forêt. Siffroi parvient jusqu’à la grotte où ils vivent. Devant le caractère miraculeux de cette rencontre, il comprend la vérité et fait exécuter Golo.

La Geneviève de Brabant. de Carlos Wagner s’appuie sur deux des trois versions qui existent de l’oeuvre. Celle de 1867, et de 1859. Le metteur en scène à qui l’on a reproché sa propension à l’émancipation s’inscrit dans la ligné d’Offenbach qui ne cessait de revoir, refaire, réadapter en laissant libre court à ses inclinaisons spontanées et désacralisantes.

Carlos Wagner ajoute de petits éléments dramaturgiques qui renverse l’ordre pour l’adapter à notre environnement psychique, politique, et social. Du clientélisme du bourgmestre local, à la fausse croisade contre les musulmans en passant par la bêtise policière.

Le décor unique conçu par Rifail Ajdarpasic cadre l’action dans un lotissement plus kitch que chic. Sur la scène, les deux maisons à étage entourées de jardins ressemblent à des appartement témoins.

Dans le rôle-titre la soprano Jodie Devos sert bien son personnage, les airs les plus marquants reviennent à Sifroy interprété par le ténor Avi Klemberg consistant et convainquant. La direction de Claude Schnitzer entraîne la fosse au service du divertissement.

Avec Offenbach on partait en croisade en chemin de fer,  avec Carlos Wagner on a recours au nain de jardin et aux superwomen.

JMDH

Source La Marseillaise 26/03/2016

Voir aussi : Actualité France Rubrique Musique, rubrique Montpellier,

Attirance magnétique

791906-antoine-et-cleopatreLes comédiens Sofia Dias et Vitor Roriz ,  grandeur et subtilité . Photo dr

Antoine et Cléopâtre mis en scène par Tiago Rodrigues.  Shakespeare est mort, vive Shakespeare…

Antoine et Cléopâtre, la pièce montée par Tiago Rodrigues, a été créée en mémoire à la tragédie de Shakespeare. « L’érosion du temps et du langage condamne la mémoire à l’incomplétude et, pour cela même, ouvre la porte à notre contribution personnelle », indique le jeune directeur du Théâtre National D. Maria à Lisbonne, invité par Rodrigo Garçia au CDN de Montpellier hTh. Les sources de la mise en scène empruntent à Plutarque comme l’avait fait lui-même le dramaturge dont on célèbre cette année les 400 ans de sa disparition.

Tiago Rodrigues change les valeurs relatives des incidences et des personnages secondaires, tire sur un fil de conscience, s’émancipe du texte pour se concentrer sur le couple prestigieux et donner toute la force au thème central de la pièce. L’histoire du couple Antoine et Cléopâtre qui assume les valeurs mythiques de leur passion dans les rapports avec l’histoire extérieure qui déterminera leur destin.

L’oeuvre en elle-même poussait à cet acte transgressif. Elle ne figure pas sur le podium des tragédies de Shakespeare en raison de sa structure construite sur une série de dichotomies?:  Orient et Occident, raison et sentiments, masculin féminin, sexe et politique… Autant d’appels à la liberté dont Tiago Rodrigues et son équipe se saisissent en réduisant la distribution pharaonique à un duo intense.

Dans un corps étranger
Suivant la trame de Plutarque selon laquelle «l’âme d’un amant vit dans un corps étranger», dans  ce spectacle, Antoine et Cléopâtre assurent et précisent la possibilité d’une transcendance des passions humaines au sein même de la corruption et du désespoir et en face de la mort. «Il est important de dire qu’étranger ne signifie pas éloigné, précise Tiago Rodrigues. Bien au contraire. Cette collaboration est née de la reconnaissance de l’affinité artistique à ce corps étranger. Bien qu’il soit étranger, nous pourrions l’imaginer nôtre.» Le propos fait écho à l’actualité, tout comme cette pièce complexe où la richesse et l’expérience humaine et poétique s’enchevêtrent. A cet endroit, Shakespeare n’infléchit pas la tragédie vers le drame politique.

Loin des contingences
Il est question d’une tragédie personnelle, dans le cadre d’une lutte gigantesque au cours de laquelle, malgré leur statut, les amants seront écrasés. Mais qu’importe, l’autre, l’étranger, ouvre sur une renaissance, sur les vastes perspectives d’un monde  où l’homme pourrait se réconcilier avec ses passions.

Cléopâtre parle obsessionnellement d’un Antoine et Antoine parle avec la même minutie de Cléopâtre. L’amante décrit tous les faits et gestes de son amant vivant dans une mise en scène imaginaire. Et vice et versa. Le procédé offre des passages d’une grande beauté. La passion est traitée au présent de manière pleine et entière. Elle ne craint pas le passage du temps. Chacun garde sa personnalité et l’infléchit chez l’autre.

Toutes les épreuves contingence, absence, infidélité, tentation de puissance, honte de la défaite, n’ont d’autre effet  que de renforcer l’emprise de l’amour, jusqu’au dépassement final.

L’espace scénique et la création lumière jouent sur l’instabilité et le mouvement permanent renforçant l’exaltation, la sensualité et la puissance des comédiens qui transmettent une énergie vitale.

JMDH

Ce soir et demain à 20h. Domaine de Grammont. Montpellier (34).
04 67 99 25 00  ou http://www.humaintrophumain.fr/web

Source : La Marseillaise 23/03/2015

Voir aussi : Rubrique  Théâtre, rubrique Montpellier,

Hélène Hoppenot au Pavillon Populaire. Un voyage à travers l’histoire

 Marchande  de jouet , Toluca, Mexique  1952-1953  Crédit Photo Hélène Hoppenot Expo Photo Première rétrospective photographique d’ Hélène Hoppenot. Le Monde d’hier 1933-1956 au Pavillon Populaire  jusqu'au 29 mai. Montpellier Hélène Hoppenot peut être considérée comme une préfiguratrice de la photographie de voyage. L’exposition que lui consacre le Pavillon Populaire présente 160 clichés, petits et moyens formats, issus des archives du ministère des Affaires étrangères. Par le truchement d’un regard intime défile une saga historique qui conduit le visiteur dans un autre temps, aux quatre coins de la planète. Epouse de diplomate, Hélène Hoppenot (1894-1990) commence à parcourir le monde à la fin de la première guerre mondiale au gré des nominations de son mari. Elle désire garder trace des moments vécus, souhaite rapporter des souvenirs de ses périples. La jeune femme tient un journal de voyage illustrant ses écrits par quelques photos. Bonheur intraduisible  Hélène Hoppenot s’installe en Chine en 1933 avec un plaisir certain. Ce bonheur sera à l’origine d’un vrai passage indique le commissaire de l’exposition Alain Sayag « Elle s’imaginait incapable de traduire en mots ce sentiment qui s’enroule autour d’elle, selon ses mots :  comme une chaude écharpe. Elle renonce alors à l’écriture pour se consacrer à la photographie.» Dans la foulée, Hélène Hoppenot acquiert son Rolleiflex 6x6 auquel elle restera fidèle toute sa vie. Hélène Hoppenot fait des photos dans le but de confectionner des albums. Les images sont souvent conventionnelles. Elles reflètent des excursions sur la colline parfumée ou au Palais d’été, mariage mondain, croisière sur le Yang Tsé... Un des intérêts de l’exposition est de révéler l’évolution de cette pratique amateur vers celle du photographe. Au fil de ses voyages à travers le monde, la femme de diplomate impose ses propres valeurs esthétiques. Quand la souffrance s’impose Si les photographies d’Hélène Hoppenot demeurent celles d’une bourgeoise expatriée et tombent parfois dans l’exotisme de l’aventure grisante, elle voit le jour dans des contextes culturels fermés. « La photographie est une manière réconfortante de maintenir une distance rassurante, tout en donnant un sens explicite à cette confrontation», analyse justement Alain Sayag. Au fil du temps on passe de la photo d’amateur à la photographie  documentaire, puis à une dimension plus esthétique. Le cadre se resserre, les angles se multiplient et Hélène Hoppenot qui s’est beaucoup consacrée aux moeurs et coutumes et aux paysages, se laisse interpeller par les hommes.  « Ainsi, au Japon j’avais envie de ne respirer qu’à moitié, de marcher à tous petits pas comme ces femmes, à courber l’échine pour me mettre à la taille de ses habitants, de leurs demeures, de leurs jardins» confie-t-elle en 1936. Cette confrontation avec la réalité est assurément à l’origine des meilleurs clichés de l’exposition. Lorsque l’on croise l’enthousiasme perdu du danseur Oaxaca mexicain, les indiens brûleurs d’encens guatémaltèques ou le travail de force de la paysanne chinoise.

Marchande de jouet , Toluca, Mexique 1952-1953 Crédit Photo Hélène Hoppenot

Expo Photo
Première rétrospective photographique d’ Hélène Hoppenot. Le Monde d’hier 1933-1956 au Pavillon Populaire  jusqu’au 29 mai. Montpellier

Hélène Hoppenot peut être considérée comme une préfiguratrice de la photographie de voyage. L’exposition que lui consacre le Pavillon Populaire présente 160 clichés, petits et moyens formats, issus des archives du ministère des Affaires étrangères. Par le truchement d’un regard intime défile une saga historique qui conduit le visiteur dans un autre temps, aux quatre coins de la planète. Epouse de diplomate, Hélène Hoppenot (1894-1990) commence à parcourir le monde à la fin de la première guerre mondiale au gré des nominations de son mari. Elle désire garder trace des moments vécus, souhaite rapporter des souvenirs de ses périples. La jeune femme tient un journal de voyage illustrant ses écrits par quelques photos.

Bonheur intraduisible
Hélène Hoppenot s’installe en Chine en 1933 avec un plaisir certain. Ce bonheur sera à l’origine d’un vrai passage indique le commissaire de l’exposition Alain Sayag « Elle s’imaginait incapable de traduire en mots ce sentiment qui s’enroule autour d’elle, selon ses mots :  comme une chaude écharpe. Elle renonce alors à l’écriture pour se consacrer à la photographie.» Dans la foulée, Hélène Hoppenot acquiert son Rolleiflex 6×6 auquel elle restera fidèle toute sa vie. Hélène Hoppenot fait des photos dans le but de confectionner des albums. Les images sont souvent conventionnelles. Elles reflètent des excursions sur la colline parfumée ou au Palais d’été, mariage mondain, croisière sur le Yang Tsé… Un des intérêts de l’exposition est de révéler l’évolution de cette pratique amateur vers celle du photographe. Au fil de ses voyages à travers le monde, la femme de diplomate impose ses propres valeurs esthétiques.

 

Quand la souffrance s’impose
Si les photographies d’Hélène Hoppenot demeurent celles d’une bourgeoise expatriée et tombent parfois dans l’exotisme de l’aventure grisante, elle voit le jour dans des contextes culturels fermés.

« La photographie est une manière réconfortante de maintenir une distance rassurante, tout en donnant un sens explicite à cette confrontation», analyse justement Alain Sayag. Au fil du temps on passe de la photo d’amateur à la photographie  documentaire, puis à une dimension plus esthétique. Le cadre se resserre, les angles se multiplient et Hélène Hoppenot qui s’est beaucoup consacrée aux moeurs et coutumes et aux paysages, se laisse interpeller par les hommes.  « Ainsi, au Japon j’avais envie de ne respirer qu’à moitié, de marcher à tous petits pas comme ces femmes, à courber l’échine pour me mettre à la taille de ses habitants, de leurs demeures, de leurs jardins» confie-t-elle en 1936. Cette confrontation avec la réalité est assurément à l’origine des meilleurs clichés de l’exposition. Lorsque l’on croise l’enthousiasme perdu du danseur Oaxaca mexicain, les indiens brûleurs d’encens guatémaltèques ou le travail de force de la paysanne chinoise.

JMDH

Au Pavillon Populaire, Esplanade De Gaulle Montpellier. (34). www.montpellier.fr


Projet d’Expo
Le photographe d’Hitler
Heinrich_Hoffmann_cropped« L’oeuvre »  du photographe Heinrich Hoffmann qui avait ses entrées dans la résidence d’Hitler et siégeait en tant qu’expert à la Commission des oeuvres dites « dégénérées » devrait être accueilli en 2018 au Pavillon Populaire, galerie municipale montpelliéraine dédiée à la photographie. Ce projet entre dans le cadre d’une exposition consacrée  à la photo et la propagande.« l’influence de la photographie comme  caution d’une dictature ignoble » a précisé le conservateur Gilles Mora.

Source : La Marseillaise 18/03/2016

Voir aussi :   Rubrique Artrubrique Photo, rubrique Exposition, rubrique Montpellier