Fucking Tuesday

imagesUne sélection d’articles parus dans la presse française et anglo-saxonne pour comprendre et prolonger la réflexion.

 

LEçON POLITIQUE.

Viser l’intérêt premier de l’électeur même si tout ce que vous dites est contradictoire

No, Trump voters were not irrational 

Source The Washington Post

 

 

Trump, le châtiment

Défaite du néolibéralisme « de gauche »

Commencée il y a dix-huit mois, l’élection présidentielle s’est conclue après les dizaines de scrutins des primaires, deux conventions à grand spectacle dans des États industriellement sinistrés, des dizaines de milliers de spots de publicité politique et plusieurs milliards de dollars, par un match entre deux Américains richissimes, l’un et l’autre résidents de New York et détestés par la majorité de la population. C’est finalement le candidat républicain honni par les médias, les élites de Washington et même les caciques de « son » propre parti, qui l’a emporté. Celui qui a le moins dépensé et que tout le monde donnait perdant.

Durant cette interminable campagne, l’attention des commentateurs s’est souvent portée sur les provocations racistes et sexistes du futur président des États-Unis, ses scandales, ses excès, Mme Hillary Clinton étant présentée par contraste comme la candidate formée depuis toujours pour hériter de la Maison Blanche en même temps qu’elle briserait, raisonnablement, le « plafond de verre ». Mais rassurer l’establishment et séduire les électeurs ne sont pas des exercices toujours compatibles…

D’aucuns analysent déjà les résultats d’hier comme une preuve de la régression de l’Amérique dans le nationalisme, le « populisme », le racisme, le machisme : le vote républicain serait principalement déterminé par un rejet de l’immigration, un désir de repli, une volonté de revenir sur les conquêtes progressistes des cinquante dernières années. Or si M. Trump l’a emporté, en réalisant apparemment de meilleurs scores chez les Noirs et les Latinos que son prédécesseur Willard Mitt Romney, c’est avant tout parce que les démocrates se sont révélés incapables de conserver en 2016 l’appui des électeurs que M. Barack Obama avait su convaincre en 2008 et en 2012, en Floride ou dans les États de la « Rust Belt ».

La victoire de M. Trump, c’est donc avant tout la défaite du néolibéralisme « de gauche » incarné par Mme Clinton : son culte des diplômes et des experts, sa passion pour l’innovation et les milliardaires de la Silicon Valley, sa morgue sociale et intellectuelle. L’instrument du châtiment est redoutable. Mais la leçon sera-t-elle retenue ailleurs ?

Source Le Monde Diplomatique 09/11/2016

 

 

 

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Les électeurs blancs et riches ont donné la victoire à Donald Trump

Le résultat des élections américaines est loin d’être une simple  révolte  des Blancs les plus pauvres laissés pour compte par la mondialisation. Les sondages de sortie des urnes laissent apparaître que la victoire de Trump s’appuie aussi pour bonne part sur la classe moyenne blanche instruite et la classe aisée.

White and wealthy voters gave victory to Donald Trump, exit polls show

Source The Gardian

 

 

Le New York Times le reconnaît ce matin  : ses équipes n’ont pas pris la mesure de ce qui se passai

« Les journalistes n’ont pas remis en question les chiffres des sondages quand ceux-ci confirmaient ce que leur disait leur instinct : que Trump n’arriverait jamais, jamais, à la Maison Blanche, et de loin. Ils ont décrits les partisans de Trump qui croyaient à la victoire comme totalement déconnectés de la réalité. Mais c’étaient eux qui avaient tort. »

 

Source New York Times 10/11/2016

 

 

La démocratie après les faits (divers)

Depuis le Brexit et la campagne Trump, la presse anglo-saxonne s’interroge profondément sur le statut des faits dans les démocraties contemporaines.

La campagne pro-Brexit a été menée avec des arguments factuellement faux, aussi faux qu’environ 70 % des arguments de Trump selon les fact-checkers.

De plus en plus d’analystes avancent que nous sommes entrés, en grande partie avec les réseaux sociaux, dans une ère « post-faits », où les faits ne comptent pas, la vérité est une donnée annexe, et seuls pèsent dans la balance le spectacle et l’émotion.

Cela s’explique par, entre autres,

  • la montée de populismes centrés sur des individus charismatiques jouant sur l’émotion,
  •  le rôle des réseaux sociaux et des « chambres d’écho » ce phénomène qui fait que les filtres algorithmiques ont tendance à montrer des contenus homogènes à ceux des utilisateurs. Plusieurs voix dénoncent depuis longtemps ce filtrage algorithmique qui éclate le public en « bulles », et selon certains, menace la sphère publique démocratique telle qu’on la connaît,
  • la crise du secteur des médias, qui privilégient les titres sensationnels assurés de faire cliquer, et les contenus viraux.

C’est, selon de nombreux analystes, une des clés du succès de Trump. Il a été le spécialiste des contenus qui polarisent et qu’on adore ou qu’on déteste. Dans les deux cas, ils sont partagés sur les réseaux sociaux, par ses partisans et ses adversaires, puis repris à la télé. Tout ce cycle de viralité produit énormément d’argent, et de publicité pour Trump, qui a déboursé pour sa campagne bien moins qu’un Jeb Bush, par exemple.

Face à cela, le fact-checking est de moins en moins efficace.

source Washington Post.

Dans ce monde, les sentiments comptent plus que les faits et les chiffres valent comme indicateurs de ces sentiments (que ressentent les électeurs ?) non comme marqueurs de la vérité,  « L’époque de la politique post-faits ».

Source New York Times

 

 

Dans ce contexte, comment encore s’accorder sur des faits partagés, sur l’existence de vérités communes, sociales, économiques, environnementales ?

C’est ce que se demandait cet été la rédactrice en chef du Guardian cet été dans un long article désabusé. « Le statut de la vérité chute  », écrivait-elle.

La logique des réseaux sociaux a avalé tout le reste, dit-elle, et imposé une culture de la viralité et de l’équivalence, où tout contenu s’équivaut comme potentiellement doté d’une mesure de vérité, variable selon ses opinions.

Et le secteur qui était chargé d’informer le public est moribond :

« Nous sommes en train de vivre un bouleversement fondamental dans les values du journalisme : une transition vers le consumérisme. Au lieu de renforcer les liens sociaux, ou de créer un public informé, l’idée que l’information est un bien public et une nécessité en démocratie, il suscite des gangs, qui répandent des rumeurs qui les confortent comme des traînées de poudre,renforcent les opinions prééxistantes et s’auto-entraînent dans un univers d’opinions partagées plutôt que de faits établis. »

Source Le Guardian 12/07/2016

 

 

DANS LE MONDE

 

 

L’élection de Donald Trump va être un séisme pour le monde

Le candidat républicain a fondé sa campagne sur la promesse de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Quelles conséquences pour le reste du monde

Si le vote pour le Brexit, le 23 juin, a été un séisme pour l’Union européenne, l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis, première puissance militaire, est un séisme pour le monde.

Le candidat républicain a fondé sa campagne sur la promesse de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Cette grandeur, cependant, ne s’entend pas par la projection de la puissance américaine à l’extérieur, mais plutôt sur une priorité donnée au retour du bien-être et de la prospérité des Américains chez eux. Le pays « est en ruines », dit M. Trump, il faut commencer par le reconstruire. Pour le reste du monde, cela donne un signal de repli et d’isolationnisme.

On sait, en réalité, assez peu de chose sur le programme concret de Donald Trump en politique étrangère car ses conseillers dans ce domaine sont peu connus ; l’establishment washingtonien et le petit monde des think tanks spécialisés dans les relations internationales, qui conseillent habituellement les candidats en politique étrangère, se sont tenus à distance de lui et de ses vues peu orthodoxes. Mais M. Trump a régulièrement émis quelques idées maîtresses qui donnent un canevas de ce que pourrait être sa diplomatie.

Vis-à-vis de l’Europe, Donald Trump, qui a soutenu le vote en faveur du Brexit en critiquant l’Union européenne, considère qu’il appartient aux Européens de se prendre en charge et surtout de financer leur défense, plutôt que de s’abriter sous le parapluie américain. Ainsi l’OTAN ne peut fonctionner, et les Etats-Unis venir au secours d’un allié dans l’éventualité d’une attaque, que si les Etats européens augmentent leurs budgets de défense.

Placer « les intérêts américains en premier »

Donald Trump est critique de l’interventionnisme américain à l’étranger et du cycle d’opérations militaires lancé par l’administration George W. Bush. Il est, dans ce sens, anti-néo-conservateur. Le président Obama lui-même avait promis de « ramener les troupes à la maison », mais la réalité du Moyen-Orient l’a contraint à maintenir ou à lancer un certain nombre d’opérations. M. Trump se veut plus radical, tout en souhaitant augmenter la taille de l’armée américaine : pour la coalition internationale (dont la France) actuellement engagée aux côtés des États-Unis, en particulier sur le théâtre irakien et syrien, c’est une nouvelle donne. Violemment hostile aux « djihadistes », qu’il accuse Hillary Clinton d’avoir engendrés, il a promis de les « mettre KO » – mais n’a pas précisé comment.

« Nous nous entendrons avec tous les pays qui veulent s’entendre avec nous » : dans son discours de victoire, mercredi matin, le président-élu Trump a voulu se montrer conciliant, tout en précisant qu’il placerait « les intérêts américains en premier ». Un grand point d’interrogation concerne les relations avec la Russie, qui se sont gravement détériorées depuis un an. Donald Trump a, à plusieurs reprises, chanté les louanges de Vladimir Poutine, qu’il considère comme « un meilleur leader que Barack Obama », et les services de renseignement américains ont accusé la Russie d’être derrière le piratage des comptes e-mail qui ont embarrassé le camp de Hillary Clinton pendant la campagne. Mais les deux hommes ne se connaissent pas personnellement, et le président russe s’est abstenu de souhaiter publiquement la victoire du candidat républicain. Comme Vladimir Poutine, Donald Trump est sensible aux rapports de force. Sa fascination pour l’homme à poigne de Moscou ira-t-elle jusqu’à accepter certaines de ses visées sur le voisinage de la Russie (Ukraine, Géorgie) et le Moyen-Orient, voire l’idée d’un deuxième Yalta auquel aspirerait M. Poutine ? Le candidat républicain est resté très évasif sur ces questions. Mais on peut parier qu’il s’entourera de vieux routiers de la guerre froide, qui vont retrouver quelques éléments familiers dans le paysage actuel et ne seront pas disposés à brader les intérêts américains en Europe.

Donald Trump veut dénoncer l’accord de Paris sur le réchauffement climatique : le fera-t-il ? Un autre axe de sa campagne a porté sur le rejet de la mondialisation et des accords de commerce international, accusés d’avoir détruit l’emploi aux États-Unis. L’une des grandes bénéficiaires de cette mondialisation, la Chine, est donc dans son viseur. Il veut instaurer des barrières tarifaires sur les produits chinois, il rejette l’accord de libre-échange avec l’Asie TPP (Partenariat Transpacifique) et a proposé de renégocier l’accord de libre-échange avec le Canada et le Mexique conclu par Bill Clinton. Il ne s’est pas prononcé sur les tensions en mer de Chine méridionale. Sur ces très gros dossiers, cruciaux pour les Etats-Unis, il va avoir affaire à un autre homme fort, le président Xi Jinping.

Autre conséquence d’une victoire Trump : elle confortera les mouvements et leaders populistes du monde entier, de l’Europe à l’Asie. Cela aura forcément un impact sur les relations internationales.

Enfin, les institutions américaines accordent plus de latitude au président en politique étrangère qu’en politique intérieure, où les « checks and balances » servent de garde-fous. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le reste du monde. Mais on peut aussi imaginer que la réalité et le pragmatisme amèneront le président Trump à tempérer certaines de ses vues, comme cela a été le cas pour Ronald Reagan, et que les élites républicaines de politique étrangère, après leurs réticences initiales, le rejoindront une fois au pouvoir. La période de transition, au cours de laquelle il va former sa future équipe d’ici au 20 janvier, va fournir à cet égard des indications anxieusement attendues dans le monde entier.

Sylvie Kauffmann

Source Le Monde 09/11/2016

 

 

Au Proche-Orient, Donald Trump attendu sur le dossier syrien

Le républicain semble être plutôt favorable au régime de Bachar Al-Assad, tout en rejetant l’accord nucléaire iranien.

Le Proche-Orient s’est réveillé mercredi 9 novembre sous le choc de la victoire de Donald Trump. Alors qu’Hillary Clinton, forte de ses quatre années à la tête du département d’Etat, garantissait une forme de continuité diplomatique, l’inexpérience en politique étrangère du nouveau président et son penchant pour l’autoritarisme sont lourds d’incertitudes pour la région. « Les Etats-Unis ne peuvent plus se poser en champion de la morale », a tranché sur Facebook Sultan Sooud Al-Qassemi, un célèbre commentateur des Emirats arabes unis.

C’est sur le dossier syrien que le nouveau président est évidemment le plus attendu. Durant la campagne, le candidat républicain s’était signalé par des positions plutôt favorables au régime Assad, ou du moins à son allié russe, au point de contredire publiquement son colistier, Mike Pence, qui avait appelé à « l’usage de la force militaire » contre les autorités syriennes.

« Je n’aime pas Assad. Mais Assad fait la guerre à l’Etat islamique. La Russie fait la guerre à l’Etat islamique. Et l’Iran fait la guerre à l’Etat islamique », avait déclaré M. Trump, lors du second débat télévisé avec Hillary Clinton, avant de moquer l’intention de son adversaire, en cas de victoire, d’accroître le soutien de Washington à l’opposition syrienne : « Elle veut se battre pour les rebelles. Il y a seulement un problème. On ne sait même pas qui sont les rebelles. »

Mercredi matin, avant le bouclage de cette édition, Damas n’avait pas réagi au triomphe de M. Trump. Nul doute cependant que la chute d’Hillary Clinton ravit le président syrien, Bachar Al-Assad, qui voit ainsi disparaître l’une de ses bêtes noires.

  • Crainte et attentisme dans le Golfe

Dans le Golfe, une forme d’attentisme mêlée de crainte prévaut. Une vidéo du vainqueur déclarant que les Etats du Golfe ne seraient rien sans le soutien des Etats-Unis et qu’il entend les faire payer pour reconstruire la Syrie a été retweeté des milliers de fois en l’espace d’une heure.

L’inquiétude suscitée dans les palais de la péninsule par ce genre de déclarations, la rhétorique antimusulmans et l’isolationnisme revendiqué du nouveau président est cependant tempérée par un intérêt non dissimulé pour son opposition marquée à l’accord sur le nucléaire iranien conclu par Barack Obama, « l’accord le plus stupide de l’histoire », selon M. Trump.

  • Première réaction prudente en Iran

« Prévoir ce que sera sa politique étrangère au Moyen-Orient est la chose la plus difficile qui soit, affirme le journaliste saoudien Jamal Kashoggi. Il est contre l’Iran, mais il soutient Poutine en Syrie, ce qui le range du côté de l’Iran. »

La première réaction de Téhéran est prudente. « L’Iran est prêt pour tout changement », a déclaré le porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi, à l’agence semi-officielle Tasnim.

Lire aussi :   En Iran, Hillary Clinton est perçue comme « la candidate la moins pire »

  • Sentiments mêlés en Israël

Israël, de son côté, accueille la victoire de Donald Trump avec des sentiments mêlés. Son entourage est connu pour être très pro-israélien, mais le candidat a charrié dans son sillage des forces suprémacistes et antisémites. Il s’est constamment opposé à l’accord sur le nucléaire iranien, mais sans expliquer ce qu’il en ferait, une fois élu. En outre, va-t-il marquer une rupture explosive en déménageant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem ? Il en a fait la promesse, à plusieurs reprises.

Mais auparavant, Donald Trump avait envoyé des signaux incohérents. En février, par exemple, il avait expliqué qu’il voulait être « une sorte de gars neutre » dans la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien. Une expression qui avait inquiété les officiels israéliens.

En mars, il avait dit qu’Israël, comme d’autres pays, « payera » pour l’aide militaire américaine, alors qu’un nouvel accord sur dix ans, d’un montant de 38 milliards de dollars, vient d’être conclu entre les deux partenaires. Depuis, il a multiplié les signaux amicaux à l’égard d’Israël. En mai, Sheldon Adelson, magnat des casinos aux Etats-Unis et soutien indéfectible de Benyamin Nétanyahou, s’était décidé à appuyer sa candidature.

Par Ghazal Golshiri (Téhéran, correspondance), Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)

Source : Le Monde 09/11/2016

 

LES APPUIS

 

Le phénomène Trump s’explique aussi par l’histoire du parti républicain, indique un article du Times Literary Supplement. Il est l’aboutissement d’un long conflit entre deux tendances, qui remontent à sa formation  :

  • d’un côté les «  Yankees  », anciens aristocrates et barons industriels militants de l’abolition de l’esclavage et plutôt internationalistes,
  • et de l’autre «  les cowboys  », les nouveaux riches ayant fait fortune dans l’industrie du pétrole, l’aérospatiale et la défense, et le commerce, largement plus conservateurs.

La radicalité de Trump s’explique aussi par le changement de composition du parti démocrate. Celui-ci s’est opéré dans les années 1960. Auparavant, une partie des Démocrates du Sud ne votaient ainsi parce que c’était un Républicain, Abraham Lincoln, qui avait aboli l’esclavage. Cet électorat a basculé lorsque les Démocrates ont signé le Civil Rights Act, qui mettait fin à la ségrégation de fait dans les Etats du Sud.

« Quand la droite et la gauche étaient présents dans les deux partis, l’art du compromis était l’essence même de la politique. »

Mais une fois que tous les tenants d’une droite dure (radicaux, religieux et très largement Blancs) se sont retrouvés dans le même parti, « le fait de coopérer avec les Démocrates est devenu impensable ».

C’est cette histoire là qui a rendu possible l’émergence, puis la victoire, d’un candidat comme Trump

Source : Times Literary Supplement

 

 

Guerres culturelles et alt-right

Outre le rejet des élites (telle la ploutocratie incarnée par Clinton, comme l’écrit Slate) et de la mondialisation financière, comme l’explique La Tribune, le candidat Trump répondait aussi à de puissantes tendances culturelles chez tout une partie du peuple américain.

Sur la Vie des Idées, un autre article décrit les partisans évangélistes de Trump d’une petite ville du Midwest, Pleasant Fields. Là, le secteur industriel ne s’est pas effondré, au contraire et des emplois ont récemment été créé.

« De nombreux évangélistes soutenant Trump parmi ceux que j’ai interviewés font partie de classes sociales plutôt aisées », écrit l’auteur.

Persuadés que s’est engagée une guerre pour la sauvegarde de la civilisation chrétienne, ils votent Trump contre l’Islam et les LGBT. Pour eux, rapporte l’auteur, les musulmans sont des gens d’une autre civilisation, qui maltraitent leurs femmes et veulent partout faire régner la charia. Quant aux LGBT, ils incarnent un relativisme moral qui est la fin de l’Amérique.

« Tandis que la proportion de chrétiens évangéliques blancs dans la population américaine décroît, leur sentiment d’appartenance et leur attachement à la nation demeurent très fort.

Ils continueront ainsi de se battre pour leurs croyances et leurs valeurs en dépit du résultat de l’élection. »

 

source La vie des Idées

 

 

 

 

 

 

 

 

La pensée Trump l’extrême droite

Voici une enquête (en version abonnés) sur «  l’alt-right  », l’extrême-droite extrêmement active sur le Net (où, comme le rappelle le Monde, les partisans de Trump ont été particulièrement actifs) qui soutient Trump.

Ceux-ci partagent un rejet de ce qu’ils appellent

« le mensonge égalitaire, aussi bien comme fait que comme valeur, un goût pour l’ordre hiérarchique, ainsi qu’une grille de lecture raciale de la société. »

Dans cette mouvance, certains sont des «  néoréactionnaires  », libertariens purs et durs échappés de la Silicon Valley, autoritaristes convaincus que les libertés du peuple doivent être encadrés. D’autres – la plupart – sont des nationalistes blancs, qui «  rêvent tous de restaurer la grandeur de la civilisation occidentale, aujourd’hui engluée dans la médiocrité égalitariste, consumériste et multiculturelle  ». Ils sont obsédés par la question de l’identité blanche et militent pour limiter l’immigration et expulser tous les étrangers en situation illégale. Deux points qui figurent dans le programme de campagne de Trum

Source Mediapart

 

Pourquoi l’Amérique hait les intellos

Ce court article de la revue Books rappelle quelques-unes des raisons historiques et culturelles pour lesquelles l’anti-intellectualisme, sur lequel a tant surfé Donald Trump, est si fort aux Etats-Unis.

Crise des médias et le monde « post-faits »

Au lendemain d’une victoire que la plupart des grands médias et des instituts de sondage avaient déclarée impossible, les grands médias ont commencé à faire leur examen de conscience.

Source Books

 

 

Le président Trump pourra s’appuyer sur une majorité républicaine au Congrès

 

Les républicains conservent le pouvoir à la chambre des représentants du Congrès américain (« House of representatives« , ndlr), selon les projections électorale d’Associated Press.

Les républicains ont également remporté le Sénat et continueront ainsi de contrôler l’ensemble du Congrès des États-Unis, fournissant une majorité parlementaire sur laquelle le président élu Donald Trump pourra s’appuyer, selon plusieurs médias.

En contrôlant la Maison Blanche et le pouvoir législatif, les républicains auront la capacité de défaire les réformes du président Barack Obama et notamment sa controversée réforme de l’assurance-maladie baptisée « Obamacare« .

Majorité plus courte à la House of representatives

Bien que les républicains perdent un peu de poids, ils ont remporté suffisamment de sièges pour prolonger les six années consécutives dans la majorité de la chambre des représentants.

Le Grand Old Party a recueilli au moins 222 sièges, soit plus que le seuil de 218 requis pour contrôler la chambre basse, selon le New York Times. Les démocrates en comptabilisaient au moins 158 lors des dépouillements toujours en cours peu après minuit aux USA.

Les républicains disposaient de 247 sièges durant le mandat qui se termine. Ils devraient donc bénéficier d’une plus courte majorité. L’homme fort des républicains restera Paul Ryan qui a également été reconduit.

Le Sénat aux mains des républicains

La mainmise sur le Sénat, qui vient s’ajouter à celle de la Chambre des représentants, leur permettra par ailleurs d’avoir la haute main sur le processus de nomination des plus hauts responsables gouvernementaux et des juges de la Cour suprême.

La chambre haute du Congrès, qui était renouvelée mardi à un tiers (34 membres), avait basculé dans le camp républicain en 2014, restreignant considérablement la marge de manœuvre du président Obama.

Récemment, les sénateurs républicains ont ainsi bloqué le processus de confirmation d’un juge de la Cour suprême nommé par Barack Obama après le décès d’un de ses neuf membres.

Le nouveau rapport de forces au Sénat n’était pas encore connu dans l’immédiat. Jusqu’à présent, les républicains détenaient 54 sièges et les démocrates 46.

Source RTBF 09/11/2016

 

La bataille de Mossoul se joue aussi à Paris

bombardement-gaza-02En France aussi, ces derniers jours, la question de l’engagement militaire à l’extérieur et sur le territoire national est à nouveau posée : participation des Rafale, des forces spéciales et artilleurs français aux opérations de reconquête de Mossoul, en Irak ; hommage national, à Nice, aux victimes de l’attentat du 14 juillet ; naissance officielle d’une « Garde nationale » dans l’Hexagone, pour soutenir les forces armées ; surenchères à droite pour conjurer le risque terroriste ; retour d’un débat, à gauche, sur la légitimité d’une opération qui mettrait en danger les populations « ici et là-bas »…

La bataille lancée pour la reprise de Mossoul, deuxième ville d’Irak, présentée comme « décisive », est le fait de l’armée irakienne, appuyée par des milices kurdes, chiites, sunnites, et leurs protecteurs iraniens ou turcs. Elle a été précédée — côté coalition internationale — d’une opération au sol qui ne disait pas son nom, comprenant des milliers de soldats occidentaux.

Ainsi, par exemple, outre ses 150 instructeurs en poste à Bagdad, l’armée française déployait depuis plusieurs mois dans le secteur de Mossoul 140 éléments de ses forces spéciales, notamment auprès des combattants kurdes peshmergas, ainsi que 160 artilleurs chargés de mettre en œuvre les batteries de canons lourds Caesar.

Une telle intervention, décidée dans le secret des conseils de défense quasi hebdomadaires à l’Élysée, aurait mérité au minimum une information du Parlement, comme l’a rappelé par exemple l’ancien ministre Pierre Lellouche (du parti Les Républicains). La première déclaration officielle n’est intervenue que mercredi dernier, au Sénat, devant un hémicycle clairsemé, suivie d’un débat sans vote… et sans passion. (1).

La France avait également anticipé cette offensive sur Mossoul, en envoyant fin septembre en Méditerranée orientale — en concertation avec l’allié américain — son unique porte-avions, le Charles de Gaulle, avec son escadrille embarquée d’une vingtaine de Rafale qui ont multiplié les missions depuis le début octobre. Tout en restant très minoritaire dans la coalition, Paris a ainsi triplé les moyens de frappe de son opération Chammal au Proche-Orient, ce qui lui permettra — selon le général Vincent Desportes (francetvinfo.fr, 30 septembre) — « d’avoir un peu plus la parole au moment du règlement du conflit ».

Guerre sans images

À l’exception de ce qui reste du PCF et des organisations gauchistes, quelques rares voix s’élèvent contre l’interventionnisme militaire français. Le philosophe et essayiste Michel Onfray a relevé le défi ces dernières semaines, appelant à « faire la guerre à la guerre », pour une série de raisons exposées dans une de ses chroniques récentes sur sa nouvelle WebTV :

• Les bombardements génèrent le terrorisme, par l’enchaînement classique de répliques, vengeances, etc.

• Ils font le miel de la presse et des marchands de canon (qui possèdent, on le sait, plusieurs des médias les plus importants (2) ;

• en s’attaquant à Mossoul, puis Raqqa, en Syrie, on ne fait que déplacer le problème ;

• on fabrique des réfugiés qui débarquent sur le territoire français ou ailleurs en Europe ;

• on fait l’impasse sur les droits humains (par exemple, en coopérant et en commerçant avec l’Arabie saoudite, qui mène sa propre guerre sans principes au Yémen) ;

• on nous cache les images, les « dégâts collatéraux » (mort ou blessures de civils).

Ennemi-système

Sur ce dernier point, l’état-major fait valoir que :

• la France n’agit pas isolément, mais dans le cadre d’une coalition sous direction américaine (NDLR : dans une proportion de 5 % environ en temps normal, et de près de 20 % depuis que le porte-avions Charles de Gaulle croise en Méditerranée orientale) ;

• les sorties d’appareils français sont plus nombreuses depuis deux semaines (reconnaissance, appui aux troupes au sol, traitement de cibles programmées [assassinats ciblés], contrôle aérien, ravitaillement), mais menées selon une règle d’attribution en « time block », par jour et par secteur aérien, selon une programmation qui a peu de relation directe avec la situation du moment (3) ;

• le type de mission et d’armement varie selon les caractéristiques de la cible traitée ;

• le bilan concret d’un bombardement reste de toute façon difficile à établir, même si l’on procède toujours à des réunions d’évaluation post-frappes, et si des contacts, notamment avec des militants de certaines ONG sur le terrain (comme l’Observatoire syrien des droits de l’homme), combinés avec d’autres sources, permettent de s’en faire une idée, au moins quelques jours ou semaines plus tard ;

• l’issue d’un raid pris isolément « n’a pas de sens tactique », puisqu’il s’agit d’agir contre un ennemi-système (centres de commandement, garages, camps d’entraînement, ateliers, etc), l’objectif étant, selon le chef de la cellule de communication à l’état-major, de « déstructurer ce système ».

Règles d’engagement

Un haut-gradé de l’armée de l’air nous a par ailleurs rappelé, lors d’un point de presse récent au ministère de la défense, que les « règles d’engagement » françaises restaient très strictes, avec croisement et recroisement des sources : elles seraient « un poil plus restrictives que celles des Américains », et beaucoup plus que celles des Russes (qui ne s’interdisent pas de bombarder en zone urbaine). Cet officier assure qu’il n’a jamais eu d’écho de « bavures » d’origine française (qui auraient été signalées par une ONG ou d’autres sources) (4).

On relèvera, sur ce thème, le propos ironique récent du président russe Vladimir Poutine, accusé de « crimes contre l’humanité » pour les bombardements de ses chasseurs sur des quartiers d’Alep, en Syrie : au cours d’un conférence de presse à Goa, en Inde, le 16 octobre dernier, en marge d’un sommet sur les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), M. Poutine a dit « espérer que nos partenaires américains, et nos partenaires français aussi, agiront avec précision [dans leurs frappes sur Mossoul] et feront tout pour minimiser, ou mieux, exclure toute victime civile parmi la population civile ».

Guerre juste

Reste une vaste autre question : quelle utilité, quelle efficacité, quelle légitimité ont ces bombardements de la coalition ? Certes ils vont désormais s’amplifier, en appui aux troupes au sol, mais quid de ceux menés depuis plus de deux ans sans résultats déterminants ? Les frappes aériennes contribuent-elles à l’antiterrorisme, ou alimentent-elles au contraire le terrorisme, en raison des « dommages collatéraux » qu’elles engendrent inévitablement, du ressentiment qu’elles créent, etc. ?

Une question à laquelle s’est intéressé également Michel Onfray, décidément très porté sur le sujet, qui fait grand cas d’un livre de Howard Zinn, La Bombe, sous-titré « De l’inutilité des bombardements aériens » (réédition, récemment traduite en français, d’un ouvrage paru en 1955). L’auteur, jeune militaire, était à bord d’un des appareils de l’US Air force qui ont bombardé et détruit Royan en 1945, aux motifs d’une « guerre juste », mais sans raison militaire valable, selon lui (5). Professeur en science politique, membre de la gauche critique, auteur d’une somme sur le mouvements populaires aux États-Unis, Zinn (mort en 2010 (6)) avait également contesté dans ce livre le lancement par l’aviation américaine de bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, ou la destruction de la ville de Dresde. (7)

Se référant à Jean Jaurès, regrettant l’alignement en 1990 de François Mitterrand sur George Bush père lors de la deuxième guerre d’Irak, Michel Onfray soutient que « le reniement de la tradition de la gauche pacifiste a mis les terroristes dans la rue » : la multiplication des interventions occidentales plus ou moins calamiteuses au Proche-Orient et en Afrique, sans légitimité ou utilité sinon celle de satisfaire les lobbies de l’armement ou assurer l’accès aux ressources pétrolières, a contribué, selon le philosophe, à créer un climat de ressentiment et de vengeance dans ces pays, terreau pour toutes sortes d’aventures.

Continuum défense-sécurité

Au gouvernement, on estime à l’inverse qu’il n’y a pas de connexion directe entre les frappes en Irak-Syrie et les attentats dans l’Hexagone : ce n’est pas parce qu’elle ne serait pas attaquée là-bas, entre autres par des soldats français, que l’Organisation de l’État islamique (OEI) renoncerait à frapper en France. Au contraire, le meilleur moyen de protéger la population est d’attaquer le mal à sa source, en Irak et en Syrie, comme en Libye et au Sahel.

Cependant, explique-t-on, il s’agit du « même ennemi » ici et là-bas. D’où la convergence entre la police — qui a tendance à se militariser, pour faire face à des menaces de type nouveau — et l’ armée, qui intervient de plus en plus sur le territoire national (opération Sentinelle) : une illustration du « continuum » défense-sécurité déjà pris en compte dans les deux derniers Livres blancs sur la défense.

La prochaine étape de ce processus sera vraisemblablement son extension en direction de la société civile (polices municipales, sapeurs pompiers, sécurité civile, sociétés privées de sécurité). Laquelle est déjà sur les rails, mais que ne manquera pas de mettre en œuvre, si elle arrive au pouvoir, une droite avide depuis des décennies de muscler et étendre les dispositifs de sécurité. D’ores et déjà, cette question de l’intervention des militaires dans la sécurité du territoire national aura suscité ces derniers mois un débat stratégique comme il y en a rarement eu en France, ainsi que le souligne Florent de Saint-Victor, sur le site spécialisé Mars attaque.

Vrais professionnels

C’est dans ce cadre aussi qu’il faut placer la création d’une Garde nationale, décidée le 12 octobre dernier en Conseil des ministres, « pour répondre au besoin de protection et au désir d’engagement des Français », souligne l’Élysée. Loin de constituer une armée-bis (comme elle l’est aux États-Unis, avec, dans chaque État, une garde nationale relevant du gouverneur), cette Garde nationale à la française relance et modernise les réserves des armées, de la gendarmerie et de la police, qui existent depuis toujours. Elles sont actuellement de 63 000 hommes et femmes, et devraient passer à 85 000 d’ici 2018 (40 000 pour la défense, 40 000 pour la gendarmerie, 5 000 pour la police).

Cette accélération du recrutement est donc la seule nouveauté du dispositif. Pour ce faire, des « mesures d’attractivité » ont été décidées, comme une aide de 1 000 euros à l’obtention du permis de conduire, des primes de fidélisation, un soutien aux entreprises qui « prêtent » leurs salariés pour des périodes de quelques jours à quelques semaines chaque année, etc. Le budget des réserves (qui se monte actuellement à 210 millions d’euros) a été porté à 311 millions. Un portail internet (garde-nationale.fr) a été créé.

Un secrétaire général (général d’armée ou de gendarmerie) coordonnera l’ensemble des réserves, sous ce nouveau label « Garde nationale » ; mais leur emploi sera de la compétence des chaînes de commandement des différentes forces, le ministère de la défense insistant sur le fait que les réservistes sont des vrais militaires, même s’ils sont de fait des « professionnels à temps partiel ».

L’objectif est de pouvoir déployer dans deux ans jusqu’à 9 250 réservistes chaque jour (contre 5 500 aujourd’hui), sans que soit définie, pour le moment, une éventuelle spécificité de cette Garde nationale, en terme de missions (de sécurité surtout, pour décharger Sentinelle ?), de champ d’action (le territoire national en piorité ?), de chaîne de commandement (plus autonome, avec commandement unifié ?). Pour l’heure, les plus réservés paraissent être… les réservistes actuels.

Philippe Leymarie

 

(1) La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a publié le 13 juillet dernier un rapport très complet sur les interventions extérieures de la France.

(2) Lire « Cet avion qui émerveille “Le Figaro” » et voir l’infographie « Médias français : qui possède quoi », Le Monde diplomatique, respectivement avril et juillet 2016.

(3) Sauf, bien sûr, en cas de demande d’appui feu, lorsqu’une unité au sol alliée est en difficulté.

(4) Ce qui paraît plutôt étonnant, puisque d’autres pays de la coalition, notamment les États-unis, n’y échappent pas, en dépit de l’extrême précision des tirs.

(5) Les unités de la Wehrmacht encore opérationnelles dans la région stationnaient hors de la ville ; et la capitulation paraissait inévitable. Le bombardement de Royan, en trois vagues, avait fait plus de mille morts. Le napalm y avait été utilisé pour la première fois.

(6) Lire « Howard Zinn est mort », La valise diplomatique, 28 janvier 2010.

(7) On trouvera, dans « Bombarder pour vaincre », de l’universitaire américain Robert Page ( Centre d’Etudes stratégiques aérospatiales-La Documentation française, 2011) une étude approfondie de l’exercice géopolitique de la puissance aérienne, et de la réaction des bombardés au Japon, bien sûr ; mais aussi en Corée, au Vietnam, en Allemagne ou en Irak.

Source Blog du Monde Diplomatique 22 octobre 2016

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Moyen-Orient, Irak, Syrie, Turquie, rubrique Politique  Politique de l’immigration, rubrique Méditerrranée, rubrique Géopolitique, Dans l’engrenage de la terreur. Cinq conflits entremêlés,

Dossier. Théâtre en péril, fin d’un modèle à Montpellier et dans l’Hérault ?

""Les choses paraissent fragiles mais, en fait, c'est toute la vie qui est fragile" Patrick Neu

«  »Les choses paraissent fragiles mais, en fait, c’est toute la vie qui est fragile » Patrick Neu

Déjà sous pression budgétaire, la vie théâtrale héraultaise et montpelliéraine subit les affres du redécoupage territorial et de la méconnaissance des politiques. Attention fragile !

Dossier Réalisé Par JMDH Source La Marseillaise 12/10/2016

 

 

 

 

Beziers : sortieOuest dissolution imminente de  l’association     

4602945_3_42fb_le-chapiteau-theatre-sur-le-domaine-de_8a80da1b9d2301c1d82328f8476cb8deLe lieu culturel populaire et parfaitement compatible avec les questionnements contemporains est menacé. Le Conseil départemental programme la fin de l’association, les spectateurs se mobilisent jeudi à 16h, jour du Conseil d’Administration.

 

Montpellier. Départ de Rodrigo Garcia

Le président de la Métropole Philippe Saurel botte en touche.

201504281637-full«  Il a porté à ma connaissance par courrier qu’il ne souhaitait pas renouveler son mandat. J’entretiens d’excellentes relations avec le directeur du CDN de Montpellier, Rodrigo Garcia. J’ai négocié avec beaucoup de doigté. Nous avons déjeuné ensemble. Il propose une programmation de qualité. C’est vrai que c’est un théâtre peut-être pas à la portée de tous les publics. Je l’ai soutenu. Dans les moments de crise, j’ai pris le parti de dire que le homard n’est pas un animal de compagnie. »

Nomination. Aurelie Filippetti s’adapte.
aurelie-filippetti-ministre-aux-ordres,M93849L’ancienne ministre de la culture qui avait nommé Rodrigo Garcia à la tête du CDN assure aujourd’hui la présidence du festival montpelliérain CINEMED. « Pour les artistes c’est toujours délicat. On a souvent le cas de personnes qui ne veulent jamais lâcher leur mandat , cette fois c’est le contraire. C’est lui qui annonce son départ

 

 

 

 

VIE ARTISTIQUE

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Déjà sous pression budgétaire,  la vie théâtrale héraultaise et montpelliéraine subit les affres du redécoupage territorial et de la méconnaissance des politiques. Attention fragile !

Depuis toujours, le théâtre se passionne pour le quotidien ordinaire des hommes et des femmes. Face à la crise planétaire que traverse l’humanité, il doit faire face aujourd’hui à la barbarie d’une radicalisation religieuse, politique, sociale et économique qui se présente sous les traits d’une violence aux multiples facettes. A Montpellier, dans la Région et au-delà, cette violence quotidienne questionne les artistes et les acteurs culturels de façon aiguë. Comment l’éducation à la consommation qui va de concert avec la paupérisation des connaissances et la montée de la violence pourrait-elle ne pas peser de tout son poids sur les politiques culturelles et plus particulièrement le théâtre ?

Le théâtre est un art politique, non par son contenu idéologique, mais à travers la progression régulière de l’action qui fonde l’intensité dramatique, politique aussi, à travers la contestation des valeurs données comme intangibles. Certains artistes, c’est le cas de Rodrigo Garcia, annonçant vendredi qu’il ne briguera pas un second contrat à la direction du CDN de Montpellier, ont fait du consumérisme le tremplin d’une mutation des formes dramatiques et scéniques. Ils proposent un travail artistique affirmé plein d’ambivalence. Et le désordre s’empare du plateau, parce que le quotidien qui se présente résiste à toute forme de sens. La scène devient le lieu où se renouvelle l’espace.

Le public jeune perçoit l’expression d’une rupture 

« Mes choix artistiques peuvent paraître radicaux si on les compare aux autres. Moi, je n’ai pas ce sentiment. La majorité de ce qui est programmé dans les CDN est radicalement conservateur, dans ce contexte, ma propre radicalité ouvre une fenêtre pour l’expression plurielle », formulait ily a peu, le directeur d’hTh.

Le public cultivé traditionnel ne voit pas dans «l’insignifiance» enchanteresse un moyen de relever le défi. Il peut éprouver dans cette transgression le sentiment d’un espace qu’on lui retire. A l’inverse, le public nouveau, plus jeune, perçoit  dans cette inquiétante étrangeté l’expression d’une rupture liée à la violence de l’histoire contemporaine. Une alternative aussi à la culture high-tech que lui propose la société de consommation.

Le CDN hTh occupé en avril 2016

Le CDN hTh occupé en avril 2016

Le projet hTh se caractérise par un esprit d’ouverture sans frou-frou. Le hall du théâtre est devenu lieu de création et d’échanges tous azimuts.  Rodrigo Garcia n’a jamais revendiqué le statut d’artiste engagé politiquement. Il a eu maille à partir avec le conflit des intermittents du spectacle. En 2014, il annule les représentations de Golgota Picnic au Printemps des Comédiens. S’il affirme à l’époque son soutien aux intermittents et précaires en lutte,  il se fend d’une lettre où il fait référence aux artistes étrangers victimes de la grève. «Les intermittents français défendent leurs droits avec un égoïsme prononcé et ne se préoccupent pas de ce qui se passe autour d’eux.»  En avril dernier, alors que le CDN est occupé il déclare «Je partage le point de vue des travailleurs. Perdre des droits correspond à un retour en arrière.» Cette fois, les spectacles se poursuivent et le combat trouvera une issue favorable.

Au-delà de la représentation esthétique, force est de constater que le communiqué de Rodrigo Garcia ne focalise pas sur le contenu de ses propositions mais sur l’étroitesse financière de son budget artistique, 350 000 euros, que l’on peut mettre en regard avec le budget d’une ZAT  (Zone artistique temporaire), 500 000 euros pour deux jours. Le directeur du CDN hTh pointe notamment le refus de la Métropole de mettre à disposition un bus pour accéder au Domaine de Grammont qui n’est pas desservi par les transports en commun.

Enfin le projet de transfert du CDN au Domaine d’O proposé par le maire de Montpellier et président de la Métropole, Philippe  Saurel, apparaît comme un élément majeur dans la décision de Rodrigo Garcia de ne pas prolonger son mandat. «Pour ce qui nous concerne, nous ne refuserons jamais de grandir. Toute initiative qui viserait à faire du CDN un projet plus important, j’y serai favorable »,  indiquait-il en avril dernier.

Il ne s’est rien passé depuis, qu’une stérile lutte de pouvoir sans l’ombre d’un projet artistique. Jean Varela directeur de sortieOuest et grand défenseur de l’action publique l’a dit d’un autre endroit : « La seule question est de savoir comment les politiques conçoivent un service public de qualité. »

Jean-Marie Dinh

 

PRODUCTION hTh 2016
Markus Ohrn  s’attaque à l’ancien testament

markus-1168x350Rodrigo Garcia l’a souligné, il remplira son contrat. Et qu’on se le dise, la saison hTh 2016/2017 mérite le détour. Elle se compose d’une succession de propositions internationales, mais pas seulement, parfaitement décoiffantes. Le coup d’envoi a été donné avec To Walk the Infernal Field, une création post bourgeoise, de l’artiste visuel suédois Markus Ohrn en collaboration avec le dramaturge Pär Thörn, qui s’inspire librement de l’Ancien Testament relu au gré d’un univers Hard metal.

Un retour à la genèse reposant sous la forme d’une série de 70 épisodes en 10 chapitres. L’aventure, pour le moins risquée, a débuté à Montpellier où les trois premières soirées ont été données du 5 au 7 octobre. L’inventivité débridée et le principe performatif adapté à celui de la série produisent pour beaucoup un effet addictif. Qu’ils se rassurent, le chapitre 2 se tiendra à hTh du 1er au 3 décembre. Pour les suivants, il faudra surveiller les programmations des théâtres et festivals des grandes villes européennes.

To walk the infernal fields donne une interprétation des Livres de Moïse en tant que doctrine d’économie politique, construction d’une identité nationale et des lois terrestres autant que religieuses. « Je trouve pertinent de procéder à un examen de la Bible dans une époque au cours de laquelle tout le monde est obsédé par l’interprétation du Coran », indique Markus Ohrn.

Autre parti pris radical exprimé par l’auteur face au public après l’une de ses représentations « Je ne veux pas créer une performance qui puisse être envisagée comme un produit à vendre ou à acheter. Je veux  que l’expérience soit réellement ressentie comme l’ici et maintenant. C’est pourquoi, il n’y aura pas d’autre opportunité de la voir ensuite, car elle disparaîtra

Dans le public, auquel on a fourni à l’entrée des boules-Quies afin qu’il préserve son audition, une dame interroge le metteur en scène « Moi j’ai 80 ans, et je me demande si vous pensez au public quand vous faites vos spectacles ?                                                   – Oui bien-sûr, répond l’artiste, je considère que c’est un don que je vous fais.»

Cette dame reviendra le jour suivant et répondra à l’invitation faite à l’ensemble de la salle d’investir le plateau…

PROGRAMMATION : CDN hTh

 

 

ECRITURES

La Baignoire : Elément indispensable au paysage artistique

Béla Czuppon capitaine de  La Baignoire , 7 rue Brueys à Montpellier

Béla Czuppon capitaine de La Baignoire , 7 rue Brueys à Montpellier


La Baignoire débute sa saison. Le petit laboratoire montpelliérain  consacré aux écritures contemporaines résiste modestement au tsunami qui ravage la création en Région.

Elle n’est pas insubmersible mais tient son cap, comme une petite bête d’eau qui se propulse sans raison apparente à la surface des eaux pas très claires, dans la bassine du mondillo culturel. Chaque saison, la Baignoire accueille des artistes, des auteurs et des compagnies.

« Chaque année la situation s’empire et les demandes s’accroissent, constate le capitaine Béla Czuppon qui sait de quoi il parle puisqu’il est aussi  comédien et metteur en scène.   Nous participons au glissement général. L’adaptabilité  qui encode les solutions aux problèmes nous fait devenir coproducteurs en proposant des résidences dotées de 2 000 ou 3 000 euros » évoque-t-il avec dépit.

Ce lieu, il le  tient, avec un budget de fortune, par passion, par goût, et aussi nécessité, celle d’offrir un lieu de travail et de découverte. A la Baignoire, les propositions et les formes sont diverses mais toujours qualitatives.

Lydie Parisse ouvre la saison avec L’Opposante (voir ci-dessous). La Comédienne et metteur en scène Marion Coutarel prendra le relais  avec Si ce n’est toi, une sortie de chantier du 17 au 19 nov avant une création programmée au Périscope à Nîmes. Une virée poétique d’Andréa d’Urso sera conduite par le collectif marseillais Muerto Coco accueilli le 24 nov en partenariat avec la Cave Poésie à Toulouse. A découvrir aussi l’installation sonore immersive La Claustra de Marc Cals qui fait causer les meubles, et les micro-concerts de l’Oreille Electrique qui rythmeront la saison, ainsi que les lectures-déjeuners proposées par Hélène de Bissy qui feront la part belle aux nouvelles.

La Baignoire reste un lieu essentiel à l’écosystème du travail artistique local, les artistes et le public le savent déjà, il y aurait-il d’autres personnes à convaincre ?
Rens 06 01 71 56 27

PROGRAMMATION : La Baignoire

 

SPECTACLE

Baignoire.  L’opposante mise en scène par Lydie Parisse et Yves Goumelon

Lydie_LightC’est à partir d’une histoire réelle que l’auteure a élaboré le récit de cette femme – morte à 97 ans – qui a enfoui dans le secret de son âme un amour interdit. Elle a aimé un Allemand durant la seconde guerre mondiale avant d’en être séparée, sans jamais l’avoir oublié. Depuis le jour de sa mort elle se met à parler pour un compte à rebours avant de s’enfoncer à jamais dans la brume. Lydie Parisse signe un texte saisissant de liberté, celle d’une femme morte un dimanche, jour où la France entre en guerre au Mali. Rapport de la petite histoire à la grande, rapport à une guerre du silence qui forge le destin de l’opposante. La pièce met en lumière une vie  sous forme de confidences emportées. La simplicité intense et sincère d’Yves Gourmelon porte l’interprétation à un niveau de sensibilité rare. Le texte est touchant, drôle et jubilatoire quand il bouscule les tabous et les simagrées commémoratives. Pour ceux qui restent, la mort est un grand théâtre. La mise en scène présentée à Avignon, accueille le public dans une quasi-obscurité permettant aux spectateurs d’entrer dans un espace d’entre deux mondes où l’acuité s’aiguise. « C’est comme ça et pas autrement. »

                                                                                                                                                                   L’opposante à La Baignoire les 14 et 15 oct

 

 LIEU MENACÉ

sortieOuest dans la tourmente

 

Le poumon culturel du Biterrois en proie aux intrigues  politiciennes  dr

Le poumon culturel du Biterrois en proie aux intrigues politiciennes dr

Créée il y a dix ans par le Conseil départemental et cultivée par son directeur Jean Varela et son équipe, sortieOuest  est devenue  un espace de diffusion pluridisciplinaire, un lieu privilégié d’élaboration de projets culturels pensés en collaboration avec les acteurs locaux. Une réussite totale remise aujourd’hui en question...
Après le quasi-avis de décès du festival la Terrasse et del Catet, c’est au tour des spectateurs-amis de sortieOuest, qui viennent de se monter en association, de manifester une vive inquiétude quant à l’avenir de leur théâtre « attaqué sur ses missions de service public de la culture par sa propre tutelle : le conseil départemental de l’Hérault

Victime des dégâts collatéraux  liés au bras de fer qui oppose  le Conseil départemental de l’Hérault  à la Métropole de Montpellier à propos de la compétence culturelle métropolitaine, le lieu a vu sa présentation de saison repoussée, puis annulée. Aucun programme n’a été édité, ce qui renforce l’inquiétude du public fidélisé autour d’une programmation accessible de grande qualité.

Le directeur artistique Jean Varela, par ailleurs directeur du Printemps des Comédiens garde le silence. Il avait évoqué lors de la présentation à la presse de la saison d’hiver du Domaine D’o « l’impatience du public biterrois» et les répercutions néfastes de la loi NOTRe sur les territoires ruraux : « cette loi pose la question des politiques en milieu rural. Le populisme est partout…»

Depuis la situation n’a pas évolué, des spectacles programmés ont été annulés et rien ne s’éclaircit si ce n’est que l’équipe qui compte dix salariés ne peut plus faire son travail. SortieOuest est en théorie à l’abri du conflit impliquant la Métropole Montpelliéraine mais se retrouve concernée dans un projet alambiqué notamment défendu par le président de la structure Philippe Vidal, qui consisterait à élargir l’Epic du Domaine d’O à d’autre structures dont sortieOuest.

Dans cette perspective, le Conseil départemental a annoncé la dissolution de l’association. Un Conseil d’administration de l’association se tiendra demain à Béziers, précédé d’un rassemblement du public qui s’est approprié la démarche artistique et la convivialité de ce lieu incontournable. Le flou n’est cette fois pas artistique mais bien politique.

PROGRAMMATION : sortieOuest

 

THÉATRE UNIVERSITÉ
Au coeur de la fac La Vignette consolide sa mission

GetAttachmentThumbnailLes problèmes du théâtre seraient-ils inhérents au marasme politique ? La question mérite d’être posée si l’on se réfère à la bonne santé du Théâtre universitaire montpelliérain La Vignette, qui évolue partiellement hors de cette arène.

L’université Paul Valéry a bien compris l’intérêt d’assumer pleinement sa mission culturelle figurant au cahier des charges de toutes les universités françaises. Elle dispose d’un Centre culturel très actif et d’un théâtre qui développe les échanges intra-universitaires et inter-universitaires tout en restant ouvert au public extérieur.

Douze ans après sa création La Vignette est devenue une scène conventionnée pour l’émergence et la diversité. «Cette année, Patrick Gilli, le nouveau président est venu approuver  la place du théâtre en tant que lieu d’échanges et de recherches, se félicite le Directeur Nicolas Dubourg, le théâtre s’est affirmé comme un outil de rayonnement sur le territoire, nous poursuivons maintenant  sur la voie de la professionnalisation en tissant des liens qui favorisent l’insertion des étudiants dans le monde actif.»

Le Théâtre s’inscrit  par ailleurs comme partenaire du nouveau Master Création Spectacle Vivant du département Cinéma&Théâtre en participant à la formation des étudiants en études théâtrales. En tant que représentant régional du Syndeac, Nicolas Dubourg n’est pas insensible à la crise actuelle.

«Les attaques contre la liberté de programmation par les maires  ou par le public via des débats participatifs tronqués se multiplient, il faut que la profession se mobilise. Ici nous ne sommes pas concernés car notre théâtre n’est pas un simple lieu de diffusion. Il y a une  différence entre programmer un spectacle et voir ce qui se passe avant et après, pour nous le spectacle n’est pas un événement mais un parcours où interviennent professionnels, chercheurs, étudiants et public.»

La programmation de cette saison réserve de très bonnes surprises ; elle se décline cette année autour de l’engagement et de l’intention de réaffirmer un théâtre de texte contemporain.

PROGRAMMATION : Théâtre La Vignette

 

 

SORTIR ENCORE

 Théâtre.  Sélection de trois spectacles qui ouvrent les esprits sur le monde

L’offre théâtrale montpelliéraine de cette saison demeure globalement qualitative à l’instar de ces trois spectacles à découvrir prochainement. Les spectateurs citoyens doivent se manifester s’ils ne veulent pas mesurer les répercutions du désastre qui s’annonce dans les années à venir.

 

142-illustration-hearing-amir-reza-koohestani_1-1450362282Hearing texte et mise en scène de l’artiste iranien Amir Reza Koohestani qui conçoit ses récits comme des jeux de miroirs pour évoquer le rapport aux autres et la distance entre les individus. Proposé par le Théâtre La Vignette les 15 et 16  novembre prochain.

portfolio_pleine_hd02marc-ginotPleine Texte et mise en scène de Marion Pellissier par la cie montpelliéraine La Raffinerie. Une femme qui n’accouche pas, une sage-femme et un médecin inquiétants, un foetus qui observe la vie de l’intérieur…Spectacle proposé par le Domaine d’O du 13 au 15 oct.

 

ATMEN-5159 Time’s Journey Through a Room scénario et mise en scène de la japonaise Toshiki Okada reconnue comme une figure majeure des arts de la scène.  Les 18 et 19 oct à hTh.

Voir aussi : Rubrique Théâtre, hTh 2017 Libre saison de bruit et de fureur, SortieOuest archivesBéziers, le débat déconstruit la mystification, Sortieouest. Des spectacles vraiment vivants ! , Un théâtre de toile et d’étoiles reconnu et défendu, rubrique Politique, Politique culturelleDernière saison d’hiver au Domaine d’O ?, Politique Locale, rubrique Danse,  rubrique Montpellier, rubrique Rencontre, Rodrigo Garcia : «Vivre joyeusement dans un monde détestable»,

Le Pentagone aurait dépensé 540 millions de dollars pour produire de fausses vidéos djihadistes

Le Pentagone

Le Pentagone

Selon une enquête menée par un collectif britannique de journalistes d’investigation, le Pentagone aurait dépensé plus d’un demi-milliard de dollars, afin de réaliser de fausse vidéos d’Al-Qaïda. Tout cela dans le cadre d’une campagne de propagande entre 2006 et 2011 lors de la guerre en Irak.

Le scandale des fausses vidéos d’Al-Qaïda va-t-il surgir dans la dernière ligne droite de la présidentielle américaine ? C’est le Bureau of Investigative Journalism, un collectif britannique de journalistes d’investigation, qui a révélé dimanche 2 octobre que le Pentagone aurait dépensé plus de 540 millions de dollars afin de produire une campagne de propagande dans le cadre de la guerre en Irak entre 2006 et 2011.

C’est la société britannique de communication et de relations publiques Bell Pottinger qui aurait bénéficié de ce juteux contrat estimé à 120 millions par an. Leur mission ? Produire les contenus d’un programme de propagande classé « top secret ».

De fausses vidéos d’Al-Qaïda

Un ancien salarié de cette entreprise habituée à travailler avec les régimes les plus contestés (Syrie, Sri Lanka, Biélorussie…) a révélé l’envers du décor au Bureau of Investigative Journalism qui ont été relayés par le Daily Beast et le Sunday Times le 2 octobre.

Le réalisateur Martin Wells explique ainsi que la société Bell Pottinger -qui a employé jusqu’à 300 personnes en Irak- avait produit plusieurs vidéos tout en étant supervisé par des militaires du Pentagone. Au delà des films publicitaires anti-Al-Qaïda, qui étaient bien officiels, d’autres, beaucoup plus secrets, étaient fabriqués.

Selon son témoignage, des reportages vidéos étaient réalisés et produits de manière à faire croire qu’il s’agissait de « productions de télévisions arabes ». Ils étaient ensuite vendus, puis diffusés sur les chaînes locales, en omettant de signaler que le Pentagone en était le commanditaire.

Des appâts numériques

La révélation la plus fracassante de cet ancien employé réside dans le pistage des fausses vidéos. Toujours selon cet ancien employé de la firme britannique, de fausses vidéos de propagande signées Al-Qaïda aurait été crées par l’entreprise Bell Pottinger. Leur but ? Piéger et traquer les personnes qui les auraient visionnées.

Lord Bell said he was « proud » of Bell Pottinger’s secret propaganda work for the Pentagon in #Iraq https://t.co/IIvHhME8BT

— The Bureau (@TBIJ) 2 octobre 2016

Les vidéos, gravées sur CD, se transformaient ainsi en appâts numériques. La CIA pouvait localiser l’ordinateur « grâce à son adresse IP », précise L’Obs, car elles étaient encodées afin de se connecter automatiquement à internet lors du visionnage. Selon Martin Wells, certains de ces CD se seraient retrouvés en Iran, en Syrie, voir même aux Etats-Unis. La société aurait rendu des comptes au Pentagone, à la CIA, et au Conseil de sécurité national américain.

Un étrange écho

Le Pentagone, bien loin de réfuter les dires de Martin Wells ou l’article du BIJ, a confirmé avoir eu recours aux services de la société Bell Pottinger. Aussi, Tim Bell, l’ancien directeur de l’entreprise a confirmé au Sunday Times, que sa société avait signé un contrat en relation avec des opérations militaires, « protégé par plusieurs clauses de confidentialité ».

Comme l’écrivent nos confrères de France 24, « ces révélations trouvent un écho particulier aujourd’hui ». Nombreux spécialistes de la mouvance djihadistes estiment que le processus de radicalisation se fait aussi à travers le visionnage de vidéos de propagande. Indirectement, le Pentagone a peut-être contribué à promouvoir Al-Qaïda et à inspirer d’apprentis réalisateurs djihadistes de l’organisation EI.

 Brice Laemle

Source : I télé 05/10/2016

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Etats-Unis, rubrique Politique«Radicalisations» et «islamophobie» : le roi est nu, Politique Internationale, rubrique Société, Propagande, La première victime de guerre c’est la vérité, Radicalisation, On LineLien vidéo,

Embarassant soutien de la «brigade Krasucki» aux salariés d’Air France

Depuis la Syrie, le soutien de la «brigade Krasucki» aux salariés d’Air France

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«Liberté pour les 16 d’Air France ! Victoire pour la CGT !» ont écrit sur un muret de la ville de Manbij les membres de ce groupe, qui ont rejoint un bataillon de syndicalistes britanniques luttant contre l’Etat islamique.«Syndicalistes, pas voyous ! Antifascistes, pas terroristes !» Ainsi se conclut le message de combattants français en Syrie, posté mardi sur la page Facebook de la CGT Cheminots Versailles. Sur la photo accompagnant le message, cinq hommes en tenue militaire, armés de fusils d’assaut, prennent la pose sur le toit d’un immeuble délabré, avec derrière eux ces mots écrits sur un muret : «Liberté pour les 16 d’Air France ! Victoire pour la CGT ! Brigade Henri Krasucki.» La date de la publication n’est pas anodine : mardi s’ouvrait le procès de quinze salariés (et non seize, mais l’un d’eux est mis en cause deux fois) d’Air France dans le cadre de l’affaire dite «de la chemise arrachée».

Source Libération :

Procès Air France : le soutien inattendu de la « brigade Krasucki » en Syrie

15511617Cest un soutien pour le moins inattendu. Les 15 salariés d’Air France, qui comparaissaient mardi et mercredi devant la justice dans l’affaire des « chemises arrachées », ont reçu un message de solidarité de la part de combattants alliés aux milices kurdes en Syrie.

Sur une photographie, on voit cinq hommes cagoulés, Kalachnikov au poignet. Les combattants posent devant un mur marqué de ce slogan :

« Liberté pour les 15 d’Air France. Victoire pour la CGT. »

Les inscriptions sont signées « Brigade Henri Krasucki ».

La photo peut paraître surréaliste, ou anachronique. Pourquoi ce message en français sur un mur de Syrie ? Et pourquoi une brigade de combattants porte-t-elle le nom d’un ex-dirigeant du syndicat français CGT ?

Est-ce un photomontage ? Non, le reporter Nicolas Hénin, spécialisé dans les conflits, assure qu’il n’y a aucun doute sur l’authenticité de la scène. « On avait déjà vu des photos et vidéos de ce groupe par le passé », explique-t-il à « l’Obs ».

D’où vient la photo ?

La photo est d’abord diffusée sur le compte Facebook de la CGT cheminot Versailles, qui a obtenu l’image via leurs homologues d’outre-Manche : « Nous sommes liés au syndicat cheminot britannique RMT. Au sein des Bataillons Internationalistes de Libération, s’est constituée la brigade ‘Bob Crow’, contenant des membres du syndicat anglais », explique à « l’Obs » le secrétaire de la CGT Cheminot Versailles qui a reçu la photo mardi, « c’est un responsable du RMT qui m’a envoyé la photo. »

Un message accompagne la photo et révèle les revendications de ce bataillon :

« Nous, combattants français, de la Brigade Henri Krasucki, du Bataillon Internationaliste de Libération, soutenons la journée de mobilisation contre la répression du 27 septembre à l’initiative de notre syndicat, la Confédération Générale du Travail ; et apportons notre soutien aux syndicalistes d’Air France et à toutes celles et ceux qui luttent. »

A la fin du communiqué, la brigade fait la corrélation entre leur lutte en Syrie et celle de la CGT en France :

« Si nous luttons ici, loin de chez nous, pour le peuple syrien opprimé par les années de guerre et successivement par les régimes dictatoriaux et fascistes djihadistes, si nous luttons aux côtés du peuple kurde pour sa libération et son indépendance, si nous luttons contre l’organisation terroriste fasciste DAECH, notre but n’est pas différent du vôtre : LIBERTE ET JUSTICE ! »

Enfin, le message conclut par :

« VIVE LA CGT ! SYNDICALISTES, PAS VOYOUS ! Antifascistes, pas terroristes ! »

Krasucki et l’esprit brigadiste

Les brigades internationalistes viennent de participer à la bataille de Manbij. Ils ont libéré la ville de Daech, d’où les inscriptions qui apparaissent sur le bâtiment de la photo. Ils combattent au Rojava, la région kurde du nord de la Syrie, auprès du YPG, émanation syrienne du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie. L’idéologie du PKK est issue du marxisme-léninisme et la région du Rojava s’est tournée vers un système confédéral, une gestion décentralisée de la politique et de l’économie. En théorie, une approche peu éloignée du syndicalisme.

Le secrétaire de la CGT cheminot de Versailles estime pour sa part:

« Ils honorent la CGT en ayant cet esprit brigadiste, progressiste et en prenant le nom d’Henri Krasucki. Ce qui n’est pas un hasard. »

Henri Krasucki était une grande figure du syndicalisme français et secrétaire général de la CGT. Résistant pendant la Seconde guerre mondiale, il fut membre actif de la section juive des FTP-MOI et membre du Parti communiste. Ses actes de bravoures face à l’occupation allemande, sabotages, lancement de tracts depuis le métro aérien, actions militaires ou encore recrutement, explique pourquoi la brigade internationaliste française a choisi un tel nom pour la représenter.

Bob Crow, lui, était un responsable syndical anglais, ancien secrétaire général du syndicat RMT. La brigade « Bob Crow » est composée d’Anglais, d’Irlandais et de Canadiens. Elle a, tout comme le bataillon français, choisi de se ranger derrière une bannière internationaliste, à l’instar de la guerre d’Espagne. Ces combattants prennent part au conflit syrien pour lutter contre Daech, qui incarne « le fascisme ».

Charles Thiefaine

Source l’Obs 28/09/16

la CGT publie un « démenti« , en fin d’après-midi sur son site internet.

cgt-confederationC’est avec stupeur et consternation que la Confédération Générale du Travail et ses militants ont découvert sur les réseaux sociaux une publication d’une brigade, membre du bataillon international de libération, faisant référence à la CGT et à son ancien premier dirigeant Henri KRASUCKI.

La CGT tient à affirmer que ces individus agissent en leur nom propre et sans aucun mandat d’une organisation de la CGT.

Non seulement nous réfutons tout lien avec ce groupuscule mais surtout nous condamnons l’utilisation des valeurs de fraternité et de paix entre les peuples qui ont guidé notre ami et camarade Henri KRASUCKI tout au long de sa vie notamment au cours des heures les plus difficiles de sa jeunesse.

Montreuil, le 28 septembre 2016

 

Réponse de la brigade Henri-Krasucki à la confédération CGT, publié le 29 septembre 2016 sur la page Facebook du Bataillon international de libération du Rojava :

Camarades et amis,

Nous sommes étonnés du démenti qu’a dû fournir la direction de la CGT suite à notre message de soutien aux syndicalistes d’Air France en procès. La photo prise de la ville de Manbij et notre déclaration n’étaient destinés qu’aux camarades en procès pour leur assurer que, même a l’autre bout du monde, ils avaient du soutien, et aucun cas entraîner la CGT dans une quelconque polemique.

Non ce n’est absolument pas le syndicat qui nous a envoyés combattre en Syrie et ce n’est pas lui qui nous a organisés. Ce n’est pas le but de la CGT. C’est de notre propre chef que nous nous sommes rendu en Syrie pour combattre l’organisation fasciste Daech au côté du peuple kurde.

C’est ici même que nous nous sommes rendus compte que nous étions plusieurs à être syndiqués à la CGT, ce qui a renforcé notre lien, et c’est simplement de camarades à camarades que nous avon voulu apporter notre soutien aux syndicalistes en procès.

Même d’ici nous pouvons suivre l’actualité de notre pays et nous sommes fiers du travail effectué par la CGT, particulièrement lors des dernières grèves contre la loi Travail. Cependant nous n’avons aucun droit à nous exprimer au nom de la CGT. Nous nous excusons auprès de nos camarades si cela les a entraînés dans une polémique.

Cependant nous souhaitons répondre ceci à la direction de la CGT :

  • tout d’abord nous ne pouvons être considérés comme un « groupuscule » car nous ne sommes pas une organisation politique,
  • ensuite nous avons choisi le nom du camarade Henri Krasucki pour notre Brigade (ou takim ici) car nous pensons notre combat dans la continuité du sien. Internationaliste il a combatu l’occupant nazi en France dans les rangs des FTP-MOI, puis a continué son combat au sein du Parti communiste et à la direction de la CGT pour défendre les droit des tavailleuses et des travailleurs. Ses valeurs de fraternité et de paix, nous les portons ici contre l’organisation fasciste Daech et pour la liberté des peuples de Syrie écrasés par tant d’années de guerre.

Durant la guerre d’Espagne ce sont par centaines que l’on pouvait compter les membres de la CGT partis combattre le franquisme aux côtés des républicains espagnols.

Nous continuons leur combat.

 

brigade Henri-Krasucki

 

Notes

Henri Krasucki jeune     Lors de son arrestation, en mars 1943. © coll. Préfecture de Police de Paris

Henri Krasucki jeune
Lors de son arrestation, en mars 1943. © coll. Préfecture de Police de Paris

Henri Krasucki a combattu le fascisme les armes à la main. Résistant sous l’Occupation, membre de la FTP-MOI, arrêté par la gestapo, torturé, déporté en camp de concentration, puis partie prenante de l’insurrection de Buchenwald, le 11 avril 1945.

* « Brigade Henri-Krasucki » est le nom que se s’est donné un groupe de cégétistes français engagés au sein du Bataillon international de libération du Rojava, qui accueille les volontaires venu.es de l’étranger pour participer à la lutte révolutionnaire au Kurdistan. Le bataillon est intégré aux Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance arabo-kurde se battant pour l’instauration du confédéralisme démocratique en Syrie.

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