Une Amérique populaire oubliée

 Emma Goldman (1869/1940) : « La liberté ne descent pas vers le peuple. Le peuple doit s’élever vers la liberté ». DR


Emma Goldman (1869/1940) : « La liberté ne descend pas vers le peuple. Le peuple doit s’élever vers la liberté ». DR

 Il ne faut pas manquer le premier volet du film Howard Zinn Une histoire populaire américaine, coréalisé par Olivier Azam et Daniel Mermet. Ce regard sur les Etats-Unis retrace 500 ans d’histoire enfouie sous le mythe du rêve américain révélé par l’historien Howard Zinn (1922/2010) dont les travaux retracent les guerres sociales et la lutte des classes dans un pays où les classes dominantes, les médias, les politiques et le monde des affaires, ont tout fait pour ne jamais les reconnaître.

Le film est construit à partir de l’histoire personnel d’Howard Zinn fils d’immigrés juifs d’Europe de l’Est qui faisait partie de la working class neyworkaise. On le voit au début du film à bord des bombardiers qui larguent leurs bombe au napal sur Rouen. « Zinn ne comprend pas tout de suite, explique Daniel Mermet, après Hiroshima, il partage la joie de la victoire. Puis, il va réaliser que ceux qui tuent les méchants ne sont pas forcément les gentilles

De la même façon, Zinn n’est pas vraiment marxiste, mais il se retrouve entraîné dans sa jeunesse au coeur des mouvements sociaux où il découvre la violente répression du mouvement ouvrier. C’est ainsi qu’il va développer sa vision du monde en faisant un pas de côté par rapport à l’image idéologique atlantiste et progressiste que cultive son pays.

En 1980, Howard Zinn sort son livre L’histoire populaire américaine qui rencontre un succès énorme. Au point où il contribue à changer le regard des Américains sur leur propre histoire. L’approche dévoile un bon nombre d’inégalités sociales.

Dans la constitution de 1787 La formule Nous le peuple des États-Unis, qui affirme la volonté démocratique américaine sur le principe de l’égalité en droit fut adoptée par 55 hommes blancs représentant 13 États qui n’avaient pas tous les mêmes intérêts et ne tenait pas compte des femmes, des pauvres et des indiens.

« L’histoire répond toujours aux nécessités du présent et elles sont souvent politiques souligne Olivier Azam L’oeuvre comme le parcours d’Howard Zinn remettent en cause le grand récit national américain

Dans ce premier volet défile tous les grands combats de la classe ouvrière qui sont liés à la révolution industrielle. L’exploitation associe la violence de l’esclavage du Sud à la violence de l’esclavage des salariés du nord pour construire des fortunes colossales.

Face aux grandes familles industrielles émerge les figures mythique de la résistance comme la philosophe féministe Emma Goldman ou les responsables syndicaux August Spies et George Engel exécutés avec trois autres camarades en 1887 suite à une grève dans l’usine McCormick de Chicago. Les ouvriers revendiquaient la journée de huit heures de travail. Cet événement a traversé l’histoire, il est à l’origine de la célébration du 1 mai.

Jean-Marie Dinh

Ce soir à 18h ciné-débat au Diagonal en présence d’Olivier Azam demain au Festival international du documentaire en Cévennes de Lasalle.

Source : La Marseillaise 13/05/2015

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Cinéma Les terrasses de Merzak Allouache. Un cadre entre ciel et rue

Merzak Allouache

Avant première. Le réalisateur algérien Merzak Allouache présente son dernier long métrage Terrasses au Diagonal dans le cadre de Regards sur le cinéma algérien.

Alger la belle, Alger et ses collines aux immeubles délabrés, Alger et ses terrasses transformées progressivement en lieu d’habitation, la Casbah, Bab el Oued, Belcourt, Notre-Dame d’Afrique, Telemy, Alger et son espace naturel qui plonge à l’horizon dans la grande bleue. Merzak Allouache commence par un décors. Ce paysage merveilleux de la baie d’Alger dit tout l’amour que le réalisateur porte à son pays même si ce qui se dévoile et se joue derière ce décors, l’afflige profondément.

« J’ai décidé de tourner sur les terrasses qui sont omniprésentes à Alger. Les terrasses étaient l’espace extérieure des femmes qui sortaient peu. Elles venaient y faire leur lessive. Cela a changé, aujourd’hui elles servent de refuge pour une grande partie de la population rurale exilée en ville qui y vivent comme dans les bidonvilles

Les terrasses d’Alger, jadis lieu de tranquillité, sont désormais des espace de vie, des squats, envahis par les antennes paraboliques. « Il est très difficile de tourner dans les rues d’Alger qui grouille de jeunes «désoccupés» que l’on éloigne de la vie. 50% de la population algérienne a moins de 19 ans. C’est un gâchis terrible. J’ai travaillé en équipe réduite avec un temps de tournage très court. Nous avons travaillé sur cinq terrasses, dans cinq quartiers, rythmés par les cinq appels à la prière. Et nous avons été confrontés au problème de la gestion des terrasses. Celles-ci sont souvent collectives et très convoitées par les habitants.»

Ce parti pris, filmé à la lumière d’Alger, donne une sensation de recul sur la vie de la cité. Il ouvre aussi un espace singulier entre vie collective et vie privée où se croise une galerie de personnages contemporains tourmentés en lien avec de grands épisodes de l’histoire du pays.

Un miroir à ciel ouvert

Dans les cinq récits que nous conte Merzac Hallouache, « C’est comme si j’avais tourné cinq courts métrage qui s’entremêlent.» tout démarre en douceur.« Je montre l’Algérie qui semble sereine, qui savoure la paix retrouvée. On entend  l’appel à la prière qui est en principe un appel à la tolérance mais on s’aperçoit que chacun est en train de faire ses petites affaires.  Les contradictions surgissent doucement, liées à une forme de désespérance et petit à petit elles se transforment en une bouillonnante et incontrôlable violence

Sur les terrasses d’Allouache défilent les douleurs du peuple algérien. Tout le talent du réalisateur est de poser un cadre neutre au bon endroit en attendant que la réalité le traverse. «Je n’ai pas envie de m’appesantir mais les choses sont là. Les décors et les personnages parlent. Quand on la regarde, on a l’impression que la ville est saccagée. On a l’impression que les gens ne l’aiment pas

Pas facile d’être artiste algérien. Certains réalisateurs et intellectuels jouent le jeu de la vitrine, ou refusent d’évoquer l’intolérance et les nombreux conflits qui minent la société algérienne. Face à la propagande officielle l’autocensure artistique reste de bon ton.

Ce n’est clairement pas le parti de Merzak Allouache qui profite de son exil pour explorer une société complexe et perturbée sans projet politique. On se souvient de la bourde de Hollande déclarant sur le ton de la plaisanterie à l’occasion d’une réunion du CRIF que le Ministre de l’intérieur (Manuel Valls à l’époque) était rentré d’Algérie saint et sauf. Mais qui se soucie de la jeunesse algérienne abandonnée ?

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 19/03/2015

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Taxi Téhéran. La vraie vie par-delà la censure

edito-taxi-teheranCinema. «Taxi Téhéran» l’Ours d’or du réalisateur iranien Jafar Panahi.

Rien n’arrêtera Jafar Panahi. Le réalisateur est devenu la bête noire des autorités iraniennes, qui l’ont condamne en 2010 à ne plus réaliser de films, à ne plus accorder d’entretiens à la presse étrangère et à ne plus quitter son pays. Sous peine de vingt ans d’emprisonnement pour chaque délit. Mais c’est à peine perdue, nous invite à penser Panahi qui continue de raconter la réalité de son pays avec les moyens du bord.

Son nouveau film Taxi Téhéran actuellement sur les écrans a remporté l’Ours d’or du dernier festival de Berlin. Il était présenté mercredi au Diagonal Montpellier par Amnesty International. L’occasion d’aborder la situation du pays et d’alarmer sur la forte croissance des peines de mort depuis l’accession au pouvoir d’Hassan Rouhani en 2013, pourtant soutenu par les réformateurs.

Autre sujet du débat, la condition des femmes iraniennes relayées par les autorités religieuses au rôle de la procréation. Jafar Panahi, signe avec Taxi Téhéran un bijou d’humour et d’ironie. Il accueille dans son taxi un échantillon représentatif de la société iranienne. A l’abri des oreilles indiscrètes, la population restitue quasi naturellement, les vérités du quotidien. Au delà de l’acte de résistance, l’intelligence de la mise en scène offre un grand moment de cinéma où le docu-fiction touche du doigt la notion de culture, de transmission et d’espoir sur le devenir d’un pays amené à retrouver sa liberté d’expression.      

JMDH

Source La Marseillaise 18/04/2015

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Daniel Mermet : « A Radio France, c’est une grève de civilisation »

« Celles qui ont engagé la grève ce sont les femmes de ménage. » DR

Daniel Mermet, le producteur-réalisateur-journaliste, évoque le conflit social de la radio publique toujours dans l’impasse et présente un documentaire sur le travail de l’historien Howard Zinn.

Ecarté des programmes de France Inter en juin 2014, Daniel Mermet a créé Là-bas Hebdo un site internet payant* animé par une équipe de professionnels. Il était à Montpellier jeudi 9 avril pour présenter en avant-première au cinéma Diagonal le premier volet d’une trilogie sur l’histoire populaire américaine*. Ce film co-réalisé avec Olivier Azam, revisite l’histoire populaire de Christophe Colomb à nos jours à travers le parcours personnel de l’historien Howard Zinn, figure majeure de la gauche américaine.

Après plus de trois semaines de grève, quel regard portez-vous sur le conflit social de Radio France ?

Je suis justement venu pour faire une collecte au profit de Mathieu Gallet, le PDG de la Maison ronde qui se trouve en grande difficulté… (rire) Non, plus sérieusement je pense que c’est une grève historique, très importante, exceptionnellement longue et profonde. Il s’agit d’une grève de civilisation où deux possibilités sont offertes entre une civilisation de l’émancipation et une civilisation de la consommation.

Rien à voir donc pour vous, avec le problème budgétaire qui est évoqué ?

Mathieu Gallet est une figure caricaturale qui incarne parfaitement l’idéologie dominante. Lorsqu’il est arrivé, il a tout de suite annoncé la couleur en déclarant : « Je ne suis pas un homme de radio, je ne suis pas un journaliste, je suis un manager. » La stratégie a été de dire : on est frappé par la crise. Il y a un déficit et un trou dans la caisse et il va falloir y remédier par des économies et un pléthorique plan de départs volontaires. Ainsi, le problème budgétaire est asséné comme une vérité absolue, 20 millions de trou alors qu’il est très difficile d’avoir accès aux comptes. Sur le fond du problème, on veut démanteler le service public mais il n’y a pas de crise dans ce pays, il y a en revanche entre 60 et 80 milliards d’euros d’évasion fiscale

La durée de la grève semble faire grincer des dents une partie des journalistes ?

Celles qui ont engagé la grève ce sont les femmes de ménage au-sous-sol de la Maison ronde, puis les pompiers et les intermittents, et le mouvement s’est étendu aux journalistes précaires et finalement à l’ensemble du personnel. Cette question sur les journalistes renvoie à celle de leur encadrement. Si cet encadrement existe, c’est bien parce que les journalistes voulaient pratiquer leur métier autrement. Au fil du temps les journalistes intériorisent les limites dans lesquelles ils évoluent. Si on prend un support d’investigation comme Médiapart qui sort une affaire tous les jours, on peut considérer cela comme une pratique du métier excessive mais on peut se dire aussi que Radio France qui emploie 700 journalistes ne sort jamais aucune affaire… Prenez un sujet comme l’amiante, personne n’en parlait alors que Radio France a déjà consacré 10 M d’euros au désamiantage depuis 2006. Eh bien, il n’y a pas eu une seule enquête des journalistes sur leur propre maison alors que cela concerne leur propre santé !

Nous dirigeons-nous vers une arrivée massive de la publicité sur les antennes du service public ?

Il faut décrypter le discours des managers et des spécialistes de la communication en lisant entre les lignes. Quand ils disent par exemple qu’il n’y aura plus de pub dans les matinales cela signifie qu’il y aura de la pub dans tout le reste de la journée. Les radios qui attrapent les auditeurs par les oreilles pour les vendre aux publicitaires ça s’appelle des radios commerciales. Contrairement à ce qui a été dit, Radio France n’est pas née en 1963 avec la création de la Maison de la Radio par le Général de Gaulle. L’acte de naissance remonte au 22 août 1944, lors de la libération de Paris après une période où la grande majorité des médias avaient joué la carte collabo. La volonté de créer un pôle de radios publiques est issue de la Résistance. On retrouve cet esprit dans un texte du CNR qui affirme la volonté d’avoir une presse échappant aux puissances de l’argent et à celles des puissances étrangères. Aujourd’hui, l’ensemble des antennes de Radio France touche 14 millions d’auditeurs jour. On a très peu besoin de pub puisque le financement provient de la redevance et assure un budget pérenne.

Vous venez présenter en avant première Du pain et des roses, premier film d’une trilogie sur l’histoire populaire des USA à partir du travail d’Howard Zinn. Par quel bout avez-vous entrepris ce travail gigantesque ?

Tout est parti d’une rencontre avec cet homme extraordinaire en 2003. En 1980, Howard Zinn (1922/2010) sort son livre L’histoire populaire américaine qui rencontre un succès énorme. C’est un bouquin facile à lire, précis et documenté, qui fait que les gens s’y retrouvent. Au point où ce livre a contribué et contribue toujours à changer le regard des Américains sur leur propre histoire. Pour retracer 500 ans de cette histoire enfouie, nous sommes partis du parcours de Zinn lui-même qui a grandi dans une famille pauvre d’immigrants juifs ce qui lui a donné dès le départ une conscience de classe.

Une lutte de classe américaine mise en exergue dans ce premier film, du XIXème à la Première guerre, est littéralement gommée de l’histoire…

Oui, Zinn explique cette lecture de l’histoire très familière en Europe en commençant par la révolution américaine présentée comme une guerre contre l’occupant alors que ce fut surtout une guerre des riches contre les pauvres. Zinn a passé sa vie à faire comprendre comment cette vision politique du monde a été passée sous le tapis par la mobilité sociale. C’est à dire la forme de religion qui tend à vous faire croire qu’en étant cireur de chaussures vous pouvez devenir Rockfeller…

Recueilli par Jean-Marie Dinh

* Une histoire populaire américaine editions Agone

Source La Marseillaise 13/04/2015

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Une petite virée dans le cinéma social français

Les Règles du jeu de Patrice Chagnard

Les Règles du jeu de Patrice Chagnard

Contre bande. Second volet du festival avec la projection des règles du jeu suivie d’un débat avec réalisateur Patrice Chagnard ce soir à 20h au Diagonal.

La seconde édition du festival de cinéma social proposé par la CGT se poursuit ce soir au cinéma Diagonal avec la projection du film Les règles du jeu en présence du réalisateur Patrice Chagnard. Le spécialiste du cinéma Patrick Bedos qui oeuvre à la programmation
de Contre bande – ainsi qu’à celle du volet cinéma du festival du roman noir de Frontignan (FIRN) qui se tiendra du 22 au 28 juin -, souligne le pont existant entre les deux genres.

« Derrière la trame des films noirs avec leurs sombres histoires de meurtriers apparaît une mise en question morale et sociale qui secoue les normes. Le point commun de ce cinéma c’est qu’il se veut réaliste et propose de représenter des situations « réelles », le tout avec une critique radicale de l’organisation sociale

Un cinéma qui parle de l’humain

Parmi les ancêtres français du cinéma social on trouve Jean Renoir qui fait dans les années trente l’inventaire social de la France d’avant guerre. Dans les années 50, Jean Gabin souvent dirigé par Jacques Becker incarne le français moyen en jouant des rôles de personnes sans importance camionneurs, artisants…

Avant guerre, le PCF et des organisations qui lui étaient liées comme la CGT produisaient, réalisaient et distribuaient, de nombreux films destinés à soutenir des orientations politiques, ou des luttes sociales en marge des circuits commerciaux. Au cours des années cinquante et soixante, se développe un courant de cinéma anticolonialiste indépendant. René Vautier en tête, de nombreux cinéastes réalisent des films contre le colonialisme français en Afrique, les guerres d’Indochine et la guerre d’Algérie.

Sous l’influence de ce qui conduira à mai 68 un certain nombres de réalisateurs réinvestissent l’art du cinéma au service d’un projet collectif. Les premières tentatives de regroupement de forces militantes dans la profession voit le jour sous l’impulsion de Chris Marker. Loin du Vietnam regroupe quelques 150 professionnels du cinéma qui collaborent à la production des courts métrages qui composent ce film anti-guerre. Cet élan ne se révèle pas sans prise sur la réalité mais pas suffisante pour produire un élan de masse. Il pose cependant une critique radicale de l’organisation existante de la société. La lutte emblématique des LIP en 1973 relayée par des documentaires syndicaux marquera les esprits.

« Le cinéma ne change pas tout, souligne Patrick Bedos, mais il peut s’ancrer dans le réel comme l’oeuvre sans intrigue de Claude Sautet révéle la détresse et la désillution des bourgeois dans les années 70. En 1974, Les Valseuses de Bertrand Blier jette un pavé dans la marre du conformisme et le film fait entre 4 et 5 millions d’entrées. Dans les années 80 c’est le fric qui gagne et le cinéma social qui s’efface pour ne ressurgir que bien plus tard dans les année 2000. A quelques exceptions près comme Jacques Audiard qui habille ses films d’intentions noires mais qui ne parle que de l’humain. De nos jours, on ne peut plus refaire un film comme Les Valseuses. Le succès de Mammuth de Kerven et Delépine fait 400 000 à 500 000 entrées et c’est du gros lettrage avec des cadres télé.»

Le renouveau du cinéma réaliste et donc social, des années 2000 est multiforme. Il passe par le cinéma documentaire porté par des réalisateurs engagés et franc-tireur comme Pierre Carles. Il s’ancre aussi dans une observation méticuleuse des comportements comme dans les films d’Abdelllatif Kechiche, un réalisareur qui produit une analyse anticipatoire de notre actualité tout en s’interrogeant sur la responsabilité de ceux qui regardent.

Alors, si le cinéma social existe, sa raison d’être serait de questionner l’ordre social avec ses immenses ombres étirées qui recouvrent les vrais humains !

Jean-Marie Dinh

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