Crise dans le Golfe. Pourquoi le Qatar est mis au ban par ses voisins

unnamed_20L’Arabie Saoudite et ses alliés, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, l’Égypte et le Yémen, ont annoncé le 5 juin la rupture de leurs relations avec le Qatar, isolant ainsi cette petite monarchie du Golfe, accusée de soutenir des groupes terroristes. Le décryptage de cette crise sans précédent par le quotidien beyrouthin L’Orient-Le Jour.

Le “Sunnistan” [les États arabes sunnites du Golfe] est à nouveau éclaté. L’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, l’Égypte et le Yémen ont rompu le 5 juin leurs relations diplomatiques avec le Qatar. C’est une décision sans précédent qui illustre les nombreuses divisions au sein du “camp sunnite”. Les pays concernés ont annoncé de plus la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l’émirat qui est désormais exclu de la coalition arabe militaire qui intervient au Yémen.

Riyad et ses alliés ont justifié leur décision en accusant le Qatar de soutenir les “groupes terroristes” sunnites, y compris “Al-Qaida, l’organisation État islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans”, mais aussi les “groupes terroristes soutenus par l’Iran dans la province de Qatif”, [région portuaire située à l’est] en Arabie Saoudite. Le Qatar a réagi avec colère en accusant à son tour ses voisins du Golfe de vouloir le mettre “sous tutelle”.

Isoler diplomatiquement l’Iran

La crise sans précédent entre les partenaires du Golfe intervient une semaine après une vive polémique suscitée par des propos attribués à l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. Ce dernier aurait critiqué la volonté de Riyad d’isoler diplomatiquement l’Iran tout en prenant la défense du Hezbollah et des Frères musulmans. Il aurait également tenu des propos assez négatifs sur les relations entre l’administration de Donald Trump et le Qatar, pourtant un proche allié des États-Unis.

Les autorités qataries ont affirmé avoir été victimes de “hackers” [qui auraient publié fin mai sur l’agence de presse officielle qatarie, QNA, de faux propos attribués à l’émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani], mais cela n’a pas empêché Riyad et Abou Dhabi de bloquer, en conséquence, les médias qataris, comme Al-Jazira, sur leurs territoires.

Tensions préexistantes

La récente crise médiatico-politique a rallumé la mèche de la discorde au sein du camp sunnite. Mais elle n’a fait que révéler les tensions préexistantes entre d’une part le Qatar et d’autre part Riyad et ses alliés, dont les stratégies sur la scène régionale sont souvent en compétition.

Riyad a fait du containment iranien son principal objectif dans la région. Plus qu’une politique, c’est une véritable hantise pour le royaume wahhabite qui craint que l’Iran accroisse son influence dans toute la région et déstabilise les régimes du Golfe en encourageant la révolte des populations chiites. Doha n’est clairement pas sur la même longueur d’ondes puisqu’il ne considère pas Téhéran comme un ennemi, encore moins comme un ennemi prioritaire. Doha refuse de couper tous les ponts avec Téhéran et continue d’entretenir des relations diplomatiques avec ce dernier. Le Qatar était par exemple en première ligne ces derniers mois pour négocier l’évacuation des populations civiles syriennes au sein des deux camps avec les milices chiites pro-Téhéran.

Riyad et ses alliés reprochent également à leur voisin de soutenir les groupes islamistes, voire djihadistes, sunnites, dans la région. Doha refuse de placer les Frères musulmans sur la liste des groupes terroristes et continue d’apporter un soutien à plusieurs groupes islamistes, proches de la confrérie, notamment en Libye et en Syrie. Abou Dhabi et Le Caire, qui considèrent pour leur part les Ikhwan [Frères musulmans] comme l’ennemi absolu, entretiennent des relations très tendues avec le Qatar depuis déjà plusieurs années. En chef de file du camp sunnite, le roi Salmane d’Arabie Saoudite, moins hostile que son prédécesseur à la confrérie, arbitrait jusqu’à récemment les conflits entre ces différents États. Mais, conforté dans sa ligne anti-iranienne par les récents discours du président américain Donald Trump, Riyad semble avoir décidé qu’il n’était plus question de tolérer la moindre dissidence au sein du “Sunnistan”.

Faire plier Doha

Le projet de Donald Trump de créer un Otan arabe, qui aurait vocation à combattre l’extrémisme sunnite comme chiite, ressemble aujourd’hui plus que jamais à un mythe. Les pays arabes sunnites ne parviennent pas à s’entendre autour d’une stratégie commune et Riyad n’est toujours pas parvenue à imposer totalement son leadership aux autres puissances.

Le Qatar, émirat aux moyens importants, notamment en gaz et en pétrole, mais qui reste un petit pays dans la région, apparaît néanmoins aujourd’hui plus isolé que jamais. Il ne peut même pas vraiment compter sur la Turquie, dont la politique n’est pourtant pas si éloignée, mais dont la priorité est aujourd’hui donnée au combat contre les Kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et leurs satellites dans la région [le président turc Recep Tayyip Erdogan a néanmoins appelé le 6 juin à résoudre la crise par les négociations et le dialogue].

Le rapport de forces est clairement à l’avantage de Riyad et de ses alliés, qui vont faire pression pour faire plier Doha. Par tous les moyens.

Anthony Samrani
Source L’Orient du jour

Comédie du livre. Rencontres, 6 pieds sous Terre, Manuela Carmena , maire de Madrid, Les éditeurs réagissent à la nomination de Francoise Nyssen

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Rencontre BD
Toujours 6 pieds sous Terre

 Auréolée par le succès de l’autofiction burlesque aux accents satiriques,  Zaï Zaï Zaï Zaï  de Fabcaro dont le grand public a découvert l’humour incisif à travers l’expo que lui consacrait cette année La Comédie du livre, la rencontre proposée avec 6 Pieds Sous Terre était hier une bonne occasion de vérifier  si l’équipe auteurs/éditeurs n’avait pas lâché la rampe et avec elle, l’esprit alternatif qui l’anime depuis des lustres.

On souffle, on respire, car il n’en n’est rien. Précisons d’emblé qu’il n’est pas ici question de discuter de l’utilité de cette rampe, mesure élémentaire de sécurité après les brainstorming arrosées, (base formalisée de résolution créative de problème généralement orchestrée par un dessinateur) mais bien de connaître les nouvelles ambitions de la maison montpelliéraine abritant un des grands espoir de tout l’univers..?

La réponse est claire et elle fut spontanée : « Maintenant c’est Fab qui paye l’apéro.» Devant cette lourde tâche, tâche, tâche, tâche, le nouveau responsable confie qu’il préférait son ancien statut, parce que désormais il a le sentiment d’être attendu. Ce qui peut provoquer des crises d’angoisse. On le croit sur parole.

Pour échapper aux travaux forcés, il a décidé de se remettre au travail. Outre la couverture inédite de notre n° spécial Comédie du livre qu’il a griffonné en trois jours et pour laquelle nous lui sommes infiniment redevables, il prépare la sortie de plusieurs albums dont «Titre interdit» qui nous plongera dès novembre dans les affres de la célébrité après le succès de son dernier livre. Un vrai cauchemar.

Quand au boss Miquel, il pense  que cette notoriété est une bonne occasion pour éditer moins de livre et accompagner ses auteurs. Bref, pour faire plus la fête !

JMDH

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Manuela Carmena , maire de Madrid , une femme politique occasionnelle et exceptionnelle    Crédit Photo jmdi

Un digne hommage à Stéphane  Hessel

Rencontre
En tant que vecteur de pensée la littérature livre chaque année  matière à réflexion sur la manière d’appréhender le monde et la politique. La rencontre en hommage à Stéphane Hessel, qui aurait eu 100 ans, fut en ce sens un moment fort de l’édition 2017. Cette rencontre animé par l’auteur et éditeur Jean-Pierre Barou, réunissait Isabel Alba, Sylvie Crossmann, et la maire de Madrid Manuela Carmena.
Un lien de conscience commun et complice s’est tissé  naturellement entre les invités. Isabel Alba dont le roman La véritable histoire de Matías Bran, évoque une chronique minutieusement documentée sur le mouvement révolutionnaire mondial autours de la Révolution hongroise de 1919. Sylvie Crossmann qui a su rappeler la personnalité  hors norme du résistant humaniste  Stéphane Hessel en passant d’Aristote à Apollinaire, et le témoignage vivant qu’il est possible de  faire de la politique autrement incarné par Manuela Carmena.
A mi-mandat, la maire de Madrid, qui vient de publier Parce que les choses peuvent être différentes chez Indigène Editions, a captivé le public venu l’écouter. Après avoir remercié les spectateurs « merci de réfléchir, merci d’aimer penser…» elle est revenue sur sa décision de partir en campagne pour la mairie de Madrid alors qu’elle ne le souhaitait pas. « J’étais en retraite… J’ai finalement accepté parce que je me suis dit que  j’avais lutté toute ma vie pour la démocratie. Je me suis dit qu’il y avait un moyen de changer la façon de faire de la politique,» explique-t-elle.
Ce à quoi elle s’emploie : « nous devons apprendre à penser notre autonomie». étayant ses dires d’exemples puisés dans la vie quotidienne celle, du couple, de la vie des femmes…  » Nous devons faire  tout notre possible pour augmenter la sensibilité sociale parce que cela conduit à la solidarité sociale

JMDH

 

Editions

Françoise Nyssen sur la sellette

Sans inconfort…. Il eut été bien improbable en effet que se trouvant au milieu d’un parterre d’éditeurs lors de la comédie du livre la nouvellement ministre de la culture s’y trouve désapprouvée. Françoise Nyssen, madame la Ministre, a fait  de longue date et jusqu’à tout récemment fait  partie du bâtiment. Elle en sait un bout, sortant du sérail, sur les tenants et aboutissants concrets et abstraits de tout ce qui tient un livre. Pour ne pas qu’il vous tombe des mains mais aussi pour qu’il fasse longue et riche  route d’avenues en chemins de traverse. Il est toutefois bon d’aller entendre la parole de ceux qui, comme elle, savent lire entre les lignes, savent que les pages ne tiennent parfois qu’à un fil, à un arbre qui cache la forêt.

20170519_25_1_1_0_0_obj14772308_1_xwh_813x1170_xwhA la question essentiellement  cuisante  : la culture et l’économie peuvent elles faire bon ménage sinon pragmatique alliance, la réponse tombe plus ou moins  radicale : « on ne peut être un bon éditeur culturel sans être inscrit dans le monde économique. »  C’est dit de «la baraque noire» par le biais de «je t’écris au Gévaudan ma Lozère. Les éditions 2eme époque sis à Montpellier et l’Entre temps sont plus dithyrambiques encore : « Pour nous elle est une confrère exemplaire. C’est un choix plutôt heureux et rassurant car elle a les compétences requises dans le domaine. Elle a aussi acté la décentralisation dans un secteur très parisien ». Les éditions au diable Vauvert aussi  fémininement conduites  en font partie.

Les éditions Sansouire soulignent que la culture est un ministère énorme. Il y a le livre mais aussi le cinéma,  grosse industrie, la musique  Aude Courtiel auteure de La femme à la mer  et La folle amarante souligne comme son éditeur qu’il y a toujours des questions et des attentes dans une nomination de cet ordre, qu’il vaut mieux ne pas simplifier.Pour Indigène éditions :  » Françoise Nyssen est taillée pour l’emploi. Elle a un grand sens  du pouvoir. C’est une femme qui met en acte ce vers quoi la destinée l’orientait. Elle était sur les bons rails. Il faudrait qu’elle défende les intérêts de la profession. dans sa nouvelle fonction espérons qu’elle ne donnera pas la voix qu’à des best sellers. Il faut soigner la culture. On va la juger à ces soins là. Elles a rendu visible les nobelisés. Il faut rendre lisibles ceux qui n’ont pas encore eu droit au Chapitre ! »

Robert Lobert à la tête d’une petite maison (les éditions la Margeride)  se réjouit car « elle est ouverte aux art s». André Gardies, auteur  justifie la cohérence du choix, «  l’ouverture sur le monde tout en remettant le livre au coeur de la culture car il est  noyau décisif.

Reste que malgré la bonne augure, le secteur porte dans son coeur les problèmes ainsi que les vit la société. Le livre produit culturel d’une optique toujours plus marchande (cf amazone) est lié à l’univers de l’industrie ce qui plonge l’affaire dans des contraintes poussant hélas jusqu’à la quête de survie

MJ.L

Source : La Marseillaise 22/05/2017

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Comédie du livre. Des mots pour défendre les minoritaires

Débat sur le thème des voix invisibles  avec Alfons Cervera, Isabel Alba et Sophie G.Lucas.

Débat sur le thème des voix invisibles avec Alfons Cervera, Isabel Alba et Sophie G.Lucas.

Alfons Cervera, Isabel Alba et Sophie G. Lucas, trois auteurs publiés par Les Editions La Contre Allée, évoquent le goût et la nécessité d’écrire sur ceux que l’on oublie, les vaincus et les pauvres.

La forme peut être poétique, politique, ou romanesque, elle a pour point commun une volonté chevillée, celle de restituer la parole cachée. Comme si les trois auteurs présents vendredi sur le plateau de Espace Rencontre Comédie convenaient que la littérature transmet le plus souvent un récit hégémonique. Pour la romancière et scénariste Isabelle Alba qui met en scène dans Baby Spot Madrid, ses quartiers périphériques et ses vies déréglées : « il faut mettre en lumière d’autres récits comme outils de transformation

Alfons Cervera raconte tous les dégâts de la guerre d’Espagne à partir du village peuplé de 200 âmes où il vit. Il évoque les pays ayant traversé une période dramatique. « Après-guerre, la France s’est inventée un récit. S’il y avait eu tant de résistants, il n’y aurait pas eu d’occupation. En Espagne, ce sont les bons qui ont perdu. Le récit est celui des méchants. Il y a beaucoup de manières d’écrire sur la mémoire, on peut parler de la guerre d’un point de vue sentimental, on peut mettre en relief la partie humaine de l’horreur, moi je revendique une écriture politique et idéologique de la mémoire. »

Sophie G. Lucas s’emploie  à travailler sur l’humain. Avec Moujik Moujik elle s’intéressait à la figure des sans abris. Dans Témoin, son dernier roman, elle porte la voix de ceux qui n’en ont pas après avoir suivi plusieurs années les audiences du Tribunal correctionnel. « L’écriture est un moyen de lutter contre le silence. Rendre la voix aux gens est une manière de lutter contre le cynisme. »

La défaite n’a pas de récit pas plus que les pauvres n’ont de place dans le récit des riches. Le constat est là. Il est partagé par ses trois auteurs venus de différents horizons. « Ecrire sur ces  thèmes est non seulement une nécessité mais une façon de survivre » pense Isabelle Alba.
JMDH

Source La Marseillaise 20/05/2017

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Comédie du Livre. Pratique égalitaire de la distribution du pouvoir

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La démocratie directe exigeait que le pouvoir politique soit citoyen. Photo dr

Paulin Ismard, Maître de conférence en histoire grecque à la Sorbonne évoque son essai  La Démocratie contre les experts. Présentation  Bernard Travier  aujourd’hui à 17h Auditorium du Musée Fabre.

Supposons un instant que le dirigeant de la Banque de France, le directeur de la police et celui des Archives nationales soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français. Imaginons, en somme, une République dans laquelle certains des plus grands serviteurs de l’État seraient des esclaves. Le Maître de conférence en histoire grecque à la Sorbonne Paulin Ismard questionne l’expérience de la lointaine Athènes avec l’idée  qu’elle pourrait nous aider à affronter, ici et maintenant, notre malheur politique.

En Grèce, laboratoire de la nouvelle gouvernance et d’une nouvelle « doctrine du cho c», le peuple  a de quoi réfléchir à cette absence d’alternative qui constitue désormais en Europe le mode de gouvernance néo-libéral. Il peut  dénoncer le chantage par lequel il s’exerce. Les modalités sont diverses selon les pays, les situations, les histoires, bien qu’il soit aisé de retrouver une certaine constance comme la façon par lesquelles l’extrême-droite européenne a été systématiquement promue, mise en avant, instrumentalisée, et parfois validées et reprises par les tenants de l’élite néo-libérale.

Dans la crise de la langue politique que nous traversons Paulin Ismard  s’attache au grand mot que demeure : La Démocratie, « aux contours incertains, mais qui s’offre à nos yeux à la fois comme un principe d’action et une aspiration indémodable, précise l’auteur,  qui  nous replonge dans l’Athènes de l’époque classique. « Ils étaient archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, quoique jouissant d’une condition privilégiée, ils furent les premiers fonctionnaires des cités grecques. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui requéraient une expertise dont les citoyens étaient bien souvent dénués, il s’agissait pour la cité de placer hors du champ politique un certain nombre de savoirs spécialisés, dont la maîtrise ne devait légitimer la détention d’aucun pouvoir

La démocratie directe, telle que la concevaient les Grecs, impliquait que l’ensemble des prérogatives politiques soit entre les mains des citoyens. « Le recours aux esclaves assurait que nul appareil administratif ne pouvait faire obstacle à la volonté du peuple. En rendant invisibles ceux qui avaient la charge de son administration, la cité conjurait l’apparition d’un État qui puisse se constituer en instance autonome et, le cas échéant, se retourner contre elle

Une des manifestations du déni quotidien de l’idée démocratique ne tient-il pas dans l’exaltation du règne des experts ? Que la démocratie se soit construite en son origine contre la figure de l’expert gouvernant, mais aussi selon une conception de l’État qui nous est radicalement étrangère, voilà qui devrait nous intriguer.

JMDH

La démocratie contre les experts, Seuil (2015) 20 euros.

Rencontre avec Jean Claude Michéa.  Notre ennemi le capital

Jean-Claude Michéa Photo dr

Jean-Claude Michéa Photo dr

Dans un essai stimulant, Notre ennemi le capital, le philosophe montpelliérain prophétise la fin proche et souhaitable du libéralisme. Et établit Podemos en modèle pour la gauche européenne. « Il est aujourd’hui plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. » Avec Notre ennemi, le capital (Climats), le philosophe Jean-Claude Michéa poursuit son travail de clarification et de démolition entrepris avec des livres aussi importants que Orwell, anarchiste Tory, L’empire du moindre mal ou La double pensée. Mais est-il encore possible de « rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste » L’essayiste est devenu un auteur reconnu, notamment pour ses travaux sur George Orwell. Mais aussi, en raison d’une thèse qui pose le libéralisme économique comme indissociable du libéralisme politique.

Jean-Claude Michéa est l’un des invités de La Comédie du livre de Montpellier du 19 au 21 mai. Il participe à une rencontre ce soir à 19h00 au Centre Rabelais, entretien animé par Régis Penalva, directeur littéraire de la Comédie du Livre. Puis, il dédicacera ses ouvrages sur le Pôle 3 – Littérature française, librairie Sauramps, les 20 et 21 mai 2017.

Source La Marseillaise 19/05/2017

Voir aussi : Rubrique Livre, Essais, rubrique HistoirePoésie, Adonis : « Le problème, c’est la tyrannie théocratique »Hala Mohammad « la vérité et la liberté sont l’oxygène de la paix »,  rubrique Politique, rubrique International, Méditerranée, Montpellier, rubrique Société, Citoyenneté, On Line La Comédie du livre,

Cybertattaque: la rançon en bitcoins, garantie d’anonymat

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Les auteurs de la cyberattaque mondiale lancée vendredi exigent le versement des rançons en bitcoins car cette monnaie immatérielle permet l’anonymat, mais face à la mobilisation internationale, cela ne suffira peut-être pas pour couvrir leurs traces, assurent des experts.

Le bitcoin, qui tire son origine d’un logiciel mis en ligne en février 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, est une monnaie virtuelle autorégulée, qui préserve l’anonymat de ses propriétaires.

Sur l’écran qui apparait sur les centaines de milliers d’ordinateurs infectés par le virus «WannaCry» au cours des derniers jours, dans 150 pays, figure un lien pour permettre aux victimes d’acheter des bitcoins, puis une adresse où envoyer la rançon, en échange de laquelle les pirates promettent de décrypter les fichiers que leur virus a crypté.

«Le bitcoin, c’est l’argent liquide du numérique», explique à l’AFP Nicolas Debock, investisseur chez Balderton Capital, spécialiste des monnaies virtuelles. «Les transactions sont totalement anonymes, non répudiables. En revanche, elles sont totalement traçables».

«Toutes les transactions sont inscrites dans les chaînes de stockage, appelées «blockchains». C’est anonyme, mais tout le monde peut surveiller une adresse bitcoin et voir comment l’argent bouge», ajoute-t-il. «Personne ne pourra leur prendre cet argent, mais il sera possible de suivre à la trace l’activité de ce compte».

Pour Pierre-Antoine Gailly, rapporteur en 2015 d’un rapport sur le bitcoin et les monnaies virtuelles pour le Conseil économique, social et environnemental français (CESE), cela pose «un problème majeur».

«Le bitcoin n’a besoin d’aucune banque, donc cette circulation « monétaire » échappe à toute supervision, à tout contrôle», dit-il à l’AFP. «Les comptes n’ont pas d’adresse physique, pas d’adresse bancaire, il n’y a pas d’hébergeur central: l’anonymat est mis en tête de gondole».

«Un coup très fort»

L’ampleur des dégâts infligés aux ordinateurs du monde entier, le nombre de victimes et de pays concernés par ce piratage d’une gravité inédite va certainement pousser les services internationaux d’enquête et de renseignements à surveiller de près l’adresse bitcoin sur laquelle les rançons ont été ou vont être versées, estiment les experts.

Des services existent, appelés «tumblers», qui promettent aux détenteurs de bitcoins d’anonymiser entièrement leurs comptes en monnaie virtuelle.

«Le tumbler va diviser les sommes en bitcoins en milliers de petits morceaux, les répartir sur des milliers d’adresses différentes et faire plein de transactions», explique Manuel Valente, directeur à Paris de la maison du Bitcoin. «Au bout d’une semaine, on remet tous ces bitcoins sur une nouvelle adresse, en espérant avoir couvert ses traces. Ce sont des systèmes de blanchiment de bitcoins. Sur le darkweb, il y a des gens qui proposent ce genre de service».

Mais si, face à l’importance du préjudice, les polices et services de renseignement du monde entier, avec leurs formidables puissances de calcul, s’allient pour surveiller le compte bitcoin des pirates, cet argent virtuel sera intouchable sans se faire repérer.

Pour Clément Francomme, directeur général de Utocat, entreprise de logiciels spécialisée dans les technologies «blockchain», les pirates le savent si bien que la collecte d’argent via les rançons n’est peut-être pas le véritable but de cette cyberattaque.

«L’idée était peut-être de montrer au reste du monde qu’ils ont fait un coup très très fort. Avec une attaque pareille, ils vont être très connus dans le milieu des pirates internationaux. Cette équipe a fait une démonstration de force, et je suppose que dans pas très longtemps il va y en avoir une autre», dit-il.

«C’est une démonstration de puissance, pour construire un CV. Ils pourraient ne pas avoir envie de dépenser ces bitcoins, sachant qu’ils vont être très surveillés, mais plutôt de se servir de leur renommée mondiale pour vendre des services à côté».

Michel MOUTOT
Agence France-Presse 15/05/2017

 

Le bitcoin, qui tire son origine d'un logiciel mis en ligne en février 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, est une monnaie virtuelle autorégulée, qui préserve l'anonymat de ses propriétaires.

Le bitcoin, qui tire son origine d’un logiciel mis en ligne en février 2009 par un ou plusieurs informaticiens se cachant sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, est une monnaie virtuelle autorégulée, qui préserve l’anonymat de ses propriétaires.

Du rançongiciel au « kill switch », voici un lexique des principaux termes de cybersécurité utilisés pendant la cyberattaque attribuée au virus Wannacry, réalisé notamment à partir du glossaire de l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations).

– Bitcoin:

Le Bitcoin est une monnaie électronique virtuelle basée sur un algorithme. Elle permet d’acheter des biens et des services et peut être échangée contre d’autres devises. Indépendante des réseaux bancaires, elle fonctionne de manière décentralisée grâce à la technologie du blockchain ou « chaîne de blocs », un registre partagé sécurisé.

Permettant à ses utilisateurs de brouiller leur identité, elle est devenue très populaires sur les sites illicites.

– Kill switch

Un « bouton d’arrêt  » virtuel qui peut être présent dans le code d’un logiciel malveillant.

Dans le cas de Wannacry, un chercheur en cybersécurité a remarqué que le rançongiciel tentait avant chaque infection de contacter un nom de domaine et s’exécutait s’il était sans réponse de ce dernier. Il a donc enregistré le nom de domaine pour freiner la propagation du rançongiciel, semble-t-il avec succès.

Mais les experts avertissent que le code du logiciel peut être changé pour créer des variantes qui ne comportent pas de bouton d’arrêt.

Logiciel malveillant ou malware:

Tout programme développé dans le but de nuire à, ou au moyen, d’un système informatique ou d’un réseau. Il peut prendre la forme d’un virus ou d’un vers informatique.

– Faille:

Vulnérabilité dans un système informatique permettant à un attaquant de porter atteinte à son fonctionnement normal, à la confidentialité ou à l’intégrité des données qu’il contient.

Une faille « zero day » est une vulnérabilité qui n’a pas encore été rendue publique.

– Patch

Morceau de code que l’on ajoute à un logiciel pour remédier à un problème.

– Phishing ou hameçonnage:

Vol d’identités ou d’informations confidentielles (codes d’accès, coordonnées bancaires) par subterfuge : un système d’authentification est simulé par un utilisateur malveillant, qui essaie alors de convaincre des usagers de l’utiliser et de communiquer des informations confidentielles.

L’utilisateur est souvent invité à visiter le site frauduleux – qui ressemble au site authentique – par un courrier électronique.

– Rançongiciel ou ransomware:

Forme d’extorsion imposée par un code malveillant sur un utilisateur du système. Si ce dernier refuse de payer ou d’effectuer une tâche imposée, le service auquel il veut accéder lui est refusé.

Un tel code peut par exemple chiffrer des fichiers pour les rendre inexploitables. L’utilisateur reçoit une demande de payement pour récupérer ses fichiers.

– Réseau de machines zombies ou botnet

Un botnet, ou un réseau de robots, est un réseau de machines compromises à la disposition d’un individu malveillant. Ce réseau est structuré de façon à permettre à son propriétaire de transmettre des ordres aux machines du botnet et de les actionner à sa guise.

Certains réseaux peuvent atteindre plusieurs milliers de machines. Celles-ci peuvent faire l’objet de commerce illicite et être utilisées dans des opérations malveillantes contre d’autres machines.

– Virus et vers informatiques:

Un virus est un programme ou morceau de programme malveillant dont le but est de survivre sur un système informatique (ordinateur, serveur, appareil mobile, etc.) et souvent d’en atteindre les données, mémoire, réseau. Il peut être propagé par messagerie, partage de fichiers, portes dérobées, page internet frauduleuse, clés USB?

Un ver est un virus qui se propage de manière quasi autonome (sans intervention humaine directe) via le réseau. Il cherche à propager son code au plus grand nombre de cibles, puis de l’exécuter sur ces mêmes cibles à l’insu des utilisateurs.

Voir aussi : Actualité Internationale, rubrique Internet,