Die Linke prend les rênes d’un Land allemand, une première

arton29266-8e717Bodo Ramelow, 58 ans, vient d’être élu à la tête du Land de Thuringe, porté par une coalition rouge-rose-verte. Une alliance dont le SPD ne veut toujours pas au niveau fédéral.

Un responsable de Die Linke a été élu ce matin à la tête de la Thuringe (est), suscitant un débat dans un pays encore marqué par la dictature communiste. Allié aux sociaux-démocrates (SPD) et aux Verts, Bodo Ramelow, 58 ans, ancien syndicaliste d’Allemagne de l’Ouest, un protestant réputé pragmatique, a réussi à passer outre les inquiétudes autour d’un « retour des communistes » dans cette ancienne région de RDA, rassemblant 46 voix sur 91 (28 Die Linke, 12 SPD et 6 Verts). La formation de gauche radicale était arrivée en seconde position des législatives régionales de septembre avec 28,2 % des voix, derrière la CDU (33,5 %).

Bodo Ramelow met fin à 24 ans de règne du parti d’Angela Merkel, qui dirigeait cette région agricole et forestière d’un peu plus de deux millions d’habitants depuis les premières élections libres de 1990. C’est la première fois qu’un responsable de Die Linke, formation née en 2007 d’une alliance entre des héritiers de l’ancien parti communiste est-allemand SED et des déçus du SPD, accède à de telles responsabilités dans un pays fédéral où les Länder disposent d’importants pouvoirs. Même si Die Linke (La gauche) a déjà participé à des gouvernements régionaux, comme actuellement dans le Brandebourg voisin.

Le président de la République, Joachim Gauck, ancien pasteur et militant des droits de l’homme en RDA, est passé outre la neutralité de sa fonction pour faire part de son inquiétude après la victoire de Bodo Ramelow. « Les gens qui ont connu la RDA et appartiennent à ma génération doivent faire un gros effort pour accepter cela », a-t-il déclaré récemment. À plusieurs reprises, des manifestations ont réuni plusieurs milliers de personnes dans les rues d’Erfurt, la capitale régionale. Ils étaient encore près de 2 000 jeudi soir.
Die Linke, né d’une fusion en 2007 du PDS, héritier du SED, avec les déçus du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, est régulièrement accusé de ne pas condamner avec assez de fermeté la RDA.

Aussi Bodo Ramelow a-t-il salué aujourd’hui son « ami » Andreas Möller, un opposant de Thuringe qui fut emprisonné par le régime, lui demandant « pardon » au nom des anciens communistes. Dans un communiqué, l’Union des associations de victimes de la tyrannie communiste (UOKG) a cependant vivement condamné son élection : « Les vieux camarades du SED et les mouchards de la Stasi (la police politique du régime) sont aux commandes de l’État régional. »

Un programme « pragmatique »

Après avoir prêté serment, le nouveau chef du gouvernement de Thuringe a adopté, dans son discours d’investiture, la devise d’un ancien président de la République fédérale, Johannes Rau (1999-2004) : « Réconcilier plutôt que diviser ». « C’est à cette aune que l’on devra […] me juger », a-t-il affirmé. M. Ramelow a toujours souligné qu’il avait grandi à l’Ouest et n’avait donc rien à voir avec le régime politique de RDA, qu’il n’hésite pas à dénoncer. Il a commencé une carrière de vendeur à Marburg (Hesse) avant de se lancer dans le syndicalisme dans les années 1980. Cette dernière activité l’a conduit à s’installer en Thuringe en 1990, un an après la chute du Mur, pour doter la région de véritables structures de représentation des salariés. Il est entré au Parlement local en 1999 sous l’étiquette PDS.
Politiquement, M. Ramelow entend se montrer « pragmatique », d’autant que sa majorité tient à une voix et que son programme de gouvernement est le fruit d’une négociation avec ses alliés. Parmi les mesures emblématiques du contrat de coalition, se trouvent l’embauche annuelle de 500 professeurs, la gratuité de la première année en crèche ou encore l’objectif d’autosuffisance énergétique, sur la base des renouvelables, à l’horizon 2040.

La Thuringe peut-elle faire école ? À gauche, certains aimeraient que la réussite de M. Ramelow puisse aider à détrôner Angela Merkel lors des législatives de 2017 à l’aide d’une coalition similaire dite « rouge-rouge-verte » au niveau national. Depuis les dernières législatives, le SPD, les Verts et Die Linke totalisent 320 sièges au Parlement, soit une majorité de neuf députés sur le parti de Merkel. Un gouvernement d’union de la gauche était théoriquement possible. Mais le SPD l’avait exclu d’emblée, préférant gouverner avec Mme Merkel au sein d’une « grande coalition ».

Aujourd’hui, les sociaux-démocrates ne sont toujours pas prêts à franchir le pas. Leur secrétaire générale, Yasmin Fahimi, vient de le rappeler en soulignant que la Thuringe « n’avait rien à voir » avec l’échelon fédéral.

Source AFP : 05/12/2014

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Aéroport de Toulouse: les preuves du mensonge

macron-vallsEmmanuel Macron prétend que l’aéroport de Toulouse restera contrôlé à 50,1 % par des actionnaires publics. Mediapart publie des fac-similés du pacte d’actionnaires secret qui attestent du contraire : les trois membres du directoire seront désignés par les investisseurs chinois. Et l’État a signé une clause stupéfiante, s’engageant à soutenir par avance toutes leurs décisions.

Dans le dossier de la privatisation de l’aéroport de Toulouse, Emmanuel Macron a décidément pris une incompréhensible posture. Prétendant que la cession aux investisseurs chinois ne portera que sur une part minoritaire du capital, et suggérant du même coup que l’État et les collectivités locales resteront aux commandes de l’entreprise, il s’en est pris, samedi, très vivement aux détracteurs du projet.

Dans le prolongement de notre précédente enquête, dans laquelle nous pointions plusieurs contrevérités énoncées par le ministre de l’économie (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti), Mediapart est pourtant en mesure de révéler la teneur précise du pacte d’actionnaires qui lie désormais l’État aux investisseurs chinois ayant remporté l’appel d’offres lancé pour la privatisation. Ce document a pour l’instant été tenu soigneusement secret par Emmanuel Macon. Les reproductions que nous sommes en mesure de révéler établissent clairement que le ministre de l’économie a menti.

Laurent Mauduit

Avant d’examiner le détail de ce pacte d’actionnaires secrets, reprenons le fil des événements récents pour comprendre l’importance de ce document. Annonçant au journal La Dépêche que l’aéroport de Toulouse-Blagnac allait être vendu au groupe chinois Symbiose, composé du Shandong Hi Speed Group et Friedmann Pacific Investment Group (FPIG), allié à un groupe canadien dénommé SNC Lavalin, Emmanuel Macron avait fait ces commentaires : « Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital. On ne vend pas l’aéroport, on ne vend pas les pistes ni les bâtiments qui restent propriété de l’État. […] Nous avons cédé cette participation pour un montant de 308 millions d’euros », avait dit le ministre de l’économie. Au cours de cet entretien, le ministre appelait aussi « ceux qui, à Toulouse, sont attachés à l’emploi et au succès d’Airbus, [à] réfléchir à deux fois aux propos qu’ils tiennent. Notre pays doit rester attractif car c’est bon pour la croissance et donc l’emploi », avait-il dit.

Dans la foulée, le président socialiste de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, avait aussi laissé miroiter l’idée, dans un communiqué publié dans la soirée de jeudi, que cette privatisation n’en serait pas véritablement une et que l’État pourrait rester majoritaire. « J’ai dit au premier ministre et au ministre de l’économie et des finances, depuis plusieurs semaines, que si l’État cédait 49,9 % des parts qu’il détient – et quel que soit le concessionnaire retenu –, je souhaitais que la puissance publique demeure majoritaire dans le capital de Toulouse-Blagnac. C’est possible. Soit que l’État garde les parts qu’il possédera encore – 10,1 % – soit que le candidat désigné cède une partie de celles qu’il va acquérir. Emmanuel Macron confirme que le consortium sino-canadien n’y serait pas opposé. Je suis prêt à étudier cette hypothèse avec les autres collectivités locales, la Chambre de commerce et d’industrie et le réseau bancaire régional, voire d’autres investisseurs. Nous pourrions nous réunir au tout début de la semaine prochaine pour faire avancer une réflexion déjà engagée sur la base d’un consortium ou d’un pacte d’actionnaires en y associant l’État », avait-il déclaré.

Invité dimanche soir du journal de France 2, Manuel Valls a, lui aussi, fait entendre la même petite musique lénifiante. L’aéroport de Toulouse, a-t-il fait valoir, « va rester majoritairement dans les mains des collectivités territoriales et de l’Etat (…) il faut assumer que nous vivons dans une économie ouverte », a-t-il déclaré. « Nous, nous avons le droit de vendre des Airbus, d’investir en Chine et les Chinois ne pourraient pas investir chez nous ? Mais dans quel monde sommes-nous ? », s’est-il insurgé, avant d’ajouter : « Il faut assumer que nous vivons dans une économie ouverte et, en même temps, nous préservons bien sûr nos intérêts fondamentaux. Ce que nous faisons pour un aéroport, nous ne le ferons évidemment pas dans d’autres filières, je pense par exemple au nucléaire ».

En somme, le ministre de l’économie, le président socialiste de la région et le premier ministre ont, tous les trois, fait comprendre que l’aéroport de Toulouse resterait entre les mains de l’État et des collectivités locales, l’investisseur chinois ne mettant la main que sur 49,9 % du capital, l’État gardant 10,1 %, la Région, le département et la ville de Toulouse détenant le solde, soit 40 %.

En apparence dans son bon droit, Emmanuel Macron a donc monté encore d’un cran, en prenant très vivement à partie, samedi, tous ceux – et ils sont nombreux, au plan national comme au plan régional – qui s’inquiètent de ce projet de privatisation soi-disant partielle. « Celles et ceux que j’ai pu entendre, qui s’indignent de cette cession minoritaire de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse, ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français », a-t-il déclaré, en marge du congrès de l’Union nationale des professions libérales.

La formule volontairement féroce contre ceux qui « ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français » risque fort, toutefois, de se retourner contre son auteur car la combinaison du mensonge et du dénigrement des opposants est une curieuse vision de l’exercice du pouvoir en démocratie.

Oui, du mensonge ! Le terme n’est pas exagéré. Déjà dans notre précédente enquête, nous avions usé de cette formulation et, pour l’étayer, nous avions révélé quelques courts extraits du pacte d’actionnaires qui va désormais lier l’État français aux acquéreurs – pacte d’actionnaires dont ont eu connaissance certaines des collectivités publiques concernées par le projet et auprès desquelles nous avions obtenu ces informations. Mais comme le ministre de l’économie persiste à dire qu’il s’agit d’une privatisation partielle et suggère que les actionnaires publics gardent la main, nous sommes en mesure de rendre publics les fac-similés des passages les plus importants de ce pacte d’actionnaires secret, qui établissent le mensonge du ministre et que ces mêmes collectivités nous ont transmis.

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Dès le premier coup d’œil, on trouve donc la confirmation que le pacte d’actionnaires lie bel et bien l’État, qui conserve pour l’instant 10,1 % du capital, non pas à la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse (25 % du capital), le Conseil général du département (5 %), le Conseil régional (5 %) et la Ville de Toulouse (5 %). Non ! Alors que sur le papier les actionnaires publics restent majoritaires, l’État trahit ses alliés naturels et conclut un pacte d’actionnaires avec l’acquéreur chinois. En clair, les investisseurs chinois sont des actionnaires minoritaires, mais l’État leur offre les clefs de l’entreprise pour qu’ils en prennent les commandes.

Les dispositions prévues par ce pacte d’actionnaires secret pour les règles de gouvernance de la société viennent confirmer que les investisseurs chinois, pour minoritaires qu’ils soient, seront les seuls patrons de la société. Voici les règles de gouvernance prévues.

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D’abord, la société sera supervisée par un conseil de surveillance de 15 membres, dont 2 désignés par l’État et 6 désignés par l’investisseur chinois, selon la disposition « 2.1.2 » du pacte. Autrement dit, ces huit membres du conseil de surveillance, liés par le pacte, garantiront aux investisseurs chinois minoritaires de faire strictement ce qu’ils veulent et d’être majoritaires au conseil de surveillance.

Le point « 2.1.3 » du pacte consolide cette garantie offerte aux investisseurs chinois puisqu’il y est précisé que « l’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membres du conseil de surveillance présentés par l’Acquéreur, de telle sorte que l’Acquéreur dispose de six (6) représentants au Conseil de surveillance ».

Mais il y a encore plus grave que cela. Au point « 2.2.2 », l’État donne la garantie quasi formelle à l’investisseur chinois, aussi minoritaire qu’il soit, qu’il pourra décider strictement ce qu’il veut et que la puissance publique française ne se mettra jamais en travers de ses visées ou de ses projets. C’est consigné noir sur blanc – et c’est la clause la plus stupéfiante : « L’État s’engage d’ores et déjà à ne pas faire obstacle à l’adoption des décisions prises en conformité avec le projet industriel tel que développé par l’Acquéreur dans son Offre et notamment les investissements et budgets conformes avec les lignes directrices de cette Offre. »

Qu’adviendrait-il ainsi si l’investisseur chinois décidait d’augmenter le trafic de l’aéroport dans des proportions telles que cela génère de graves nuisances pour le voisinage ? Par un pacte secret, l’État a déjà pris l’engagement qu’il ne voterait pas aux côtés des collectivités locales pour bloquer ce projet, mais qu’il apporterait ses voix aux investisseurs chinois.

Si on prolonge la lecture de ce pacte d’actionnaires pour s’arrêter aux « décisions importantes » pour lesquelles l’État sera contraint d’apporter ses suffrages aux investisseurs chinois, on a tôt fait de vérifier que cela concerne tous les volets de la vie de l’entreprise. Voici en effet, au point « 4 » les « décisions importantes » qui sont en cause :

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En clair, les « décisions importantes » concernent tout à la fois « l’adoption du plan stratégique pluriannuel », « l’adoption du plan d’investissement pluriannuel », « l’adoption du budget », etc.

Bref, les investisseurs chinois ont carte blanche pour faire ce qu’ils veulent. Au point « 3 », on en trouve d’ailleurs la confirmation, avec cette autre clause stupéfiante : « Le Directoire sera composé de (3) trois membres. L’État s’engage à voter en faveur des candidats à la fonction de membre du directoire et de Président du directoire présentés par l’acquéreur, étant précisé que ces candidats feront l’objet d’une concertation entre l’État et l’Acquéreur préalablement à la séance du  Conseil de surveillance concerné, afin de s’assurer que l’État n’a pas de motif légitime pour s’opposer à la désignation de l’un quelconque des candidats proposés par l’Acquéreur. » En clair, là encore, l’État trahit ses alliés naturels que sont les collectivités locales, pour offrir les pleins pouvoirs aux investisseurs chinois, même s’ils sont minoritaires.

Au passage, l’État donne aussi les pleins pouvoirs aux investisseurs chinois, sans le moindre garde-fou, pour qu’ils pratiquent la politique de rémunération qu’ils souhaitent au profit de ceux qui dirigeront la société. « Les mêmes dispositions s’appliqueront, mutatis mutandis, s’agissant de la détermination de la rémunération de ces mêmes candidats », lit-on à ce même point « 3 ».

Et toute la suite du pacte est à l’avenant. Voici la fin du point « 4 » et les points « 5 » et « 6 » :

57SkhxEo8XK8pJyH0toFaKbsZnEEt il est prévu au point « 10 » que ce pacte liera les parties pour une très longue durée. Voici ce point « 10 » :

Id4DgdyyOkRXumQX_0aixQZqk3wLe pacte est donc prévu pour une durée de douze ans, reconductible ensuite pour les dix années suivantes.

Alors, avec le recul, les belles assurances ou les anathèmes du ministre de l’économie prennent une bien étrange résonance. Comment comprendre que le ministre de l’économie ait pu jurer, croix de bois, croix de fer, « qu’il ne s’agit pas d’une privatisation mais bien d’une ouverture de capital dans laquelle les collectivités locales et l’État restent majoritaires avec 50,01 % du capital » ? Comment comprendre cette sortie tonitruante contre ceux qui « ont pour profession d’une part d’invectiver le gouvernement et d’autre part d’inquiéter les Français » ? Un mélange de mensonge et de cynisme…

Gerard Karageorgis

Source Médiapart et Sans langue de bois : 07/12/2014

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Réforme territoriale : l’Assemblée nationale vote définitivement la carte des 13 régions

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La carte des 13 nouvelles régions a été adoptée en deuxième lecture à l’Assemblée nationale, dans la nuit de mercredi à jeudi. Après un ultime débat passionnel.

Les députés ont finalement adopté en deuxième lecture l’article 1erde la réforme territoriale qui prévoit de redessiner la France en 13 régions. Une adoption qui s’est déroulée dans un débat particulièrement passionnel comme l’ont illustré les débats qui ont agité l’hémicycle. Les députés devraient probablement achever ce jeudi la deuxième lecture de ce texte, qui prévoit aussi de repousser les élections régionales de mars à décembre 2015. celui-ci fera l’objet d’un vote solennel le 25 novembre.

Six heures de débats et soixante amendements

Il aura fallu près de six heures de débats en effet pour aboutir au vote de ce 1er article qui prévoit la réduction du nombre de régions métropolitaines de 22 à 13 à compter de 2016. Sur la soixantaine d’amendements pour le supprimer ou le réécrire encore, aucun n’a été adopté.

Le dialogue est « allé à son terme », a plaidé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, défendant notamment les choix de découpage au nom de la nécessité de donner aux régions la « taille critique » nécessaire face à d’autres régions européennes. La taille ne fait pas la puissance, ont objecté des députés de droite mais aussi de gauche, invoquant les cas des régions allemandes ou espagnoles.

Observant qu’« aucune carte ne fera jamais l’unanimité » et affirmant que le gouvernement n’entend « ni heurter ni gommer les identités locales », le secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale André Vallini a appelé à « faire enfin cette nouvelle carte des régions et cette réforme territoriale que les Français attendent ».

Bronca alsacienne

Mais la dizaine d’élus UMP alsaciens, qui avait reçu quelques heures plus tôt l e soutien indirect de Nicolas Sarkozy en meeting à Mulhouse, ont fait bloc jusqu’au bout pour tenter de maintenir l’Alsace seule, quelques heures après avoir déployé une grande banderole « Ne tuez pas l’Alsace » dans la salle des Quatre-Colonnes.

«  Dans quelle société peut-on marier les gens contre leur gré ? », s’est exclamé Jean-Luc Reitzer, là où Laurent Furst a souligné que « l’Histoire nous a appris à vivre des moments difficiles mais aussi à ne jamais rien lâcher ». En guise de démonstration par l’absurde, Eric Strauman a défendu deux amendements pour fusionner toutes les régions ou créer deux régions, l’Ile-de-France et la province.

Dans leur combat, ils ont invoqué pêle-mêle la géographie ( »la nouvelle région serait aussi grande que la Belgique »), l’histoire (les annexions de 1870 et 1940), l’économie (tournée vers l’Allemagne), le contre-exemple de la Bretagne et de la Corse inchangées, ou l’identité alsacienne avec le risque d’une montée de l’extrême droite aux cantonales et régionales de 2015.

Multiples renforts

Depuis Mulhouse, où il poursuivait sa campagne pour la présidence de l’UMP, Nicolas Sarkozy a promis, si l’UMP revient au pouvoir, de «?défaire?» la carte de la réforme territoriale et affirmé que « l’Alsace est la région la plus ouverte au coeur de l’Europe ». Dans l’hémicycle, les élus alsaciens de droite ont reçu le renfort du coprésident du groupe écologiste François de Rugy, soutien de « la revendication légitime d’une région Alsace, qui a une forte identité et travaille depuis des années à une réforme territoriale ».

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a lui tenté un appel au calme en formant « le voeu que le débat ne soit pas l’occasion de rajouter des tensions aux tensions, des passions aux passions dans ce pays ». Martelant l’absence « d’antinomie entre l’identité et la modernité », il s’est aussi voulu rassurant: « Strasbourg se trouvera plus forte si, dans son statut de capitale européenne, elle devient la capitale d’une grande région », le droit particulier des Alsaciens et Mosellans sera préservé…

La « Bretagne historique » n’est pas passée

Pour le nord, des socialistes, tel Bernard Roman, ont tenté en vain de repousser de trois ans la fusion du Nord-Pas-de-Calais avec la Picardie critiquée par la maire de Lille Martine Aubry, mais soutenue par exemple par l’ex-ministre Frédéric Cuvillier, pour lequel « La réponse à des souffrances qui peuvent être exploitées par des mouvements extrémistes n’est pas le repli sur soi ».

Des élus de gauche du sud ne sont pas parvenus à défaire la fusion Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, au profit d’une fusion de Midi-Pyrénées avec l’Aquitaine entre autres. Pas plus de succès pour les élus de divers bords voulant fusionner Centre-Pays de la Loire.

Des écologistes à l’UMP en passant par l’UDI, des bretons n’ont pas réussi à reconstituer la « Bretagne historique » à cinq départements, en rattachant la Loire-Atlantique, enlevée par «?décret de Vichy?». Ils chercheront donc à assouplir le « droit d’option », mécanisme prévu pour permettre à un département de changer de région une fois la nouvelle carte en vigueur en 2016.

Source : AFP 20/11/2014

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Rémi Fraisse et la résistance citoyenne

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Pour les manifestants la mort du jeune homme de 21 ans n’est pas une bavure

Société civile. A Montpellier, la manifestations contre la violence d’Etat rassemble 400 personnes.

La mort de Rémi Fraisse lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens le week-end dernier soulève un mouvement d’indignation dans la société civile.  Des dizaines de manifestations se sont tenues hier dans les villes françaises contre les brutalités policières, les manifestations servent de plateforme pour mettre en évidence les cas, de plus en plus nombreux, de violence de la police qui vont crescendo en parallèle avec l’intensification des luttes sociales et la défense de l’environnement face à l’aménagement marchant du territoire.

A Montpellier, la mobilisation a rassemblé 400 personnes: citoyens, membres des partis (PG, NPA, Ensemble, EELV ), anarchistes, écologistes, organisations et ONG (Attac, LDH, la Confédération Paysanne Le Centre démocratique Kurde de Montpellier…) Parti de la Comédie, le cortège s’est orienté vers la préfecture où plusieurs prises de parole se sont succédé suivies d’une minute de silence à la mémoire de Rémi Fraisse.

Les opinions exprimées hier devant la préfecture mettent en exergue le phénomène de violence policière de moins en moins contrôlé par le pouvoir politique. En rappelant le précédent lors de l’expulsion de la zad de Notre Dame des Landes où de nombreux jeunes militants ont été blessés gravement par des tirs de flasballs et grenades.

Les positions de la rue divergent sur l’avenir attendu et les moyens à déployer pour y parvenir mais les expressions convergent sur la responsabilité du gouvernement et du le CG du Tarn qui avaient stigmatisé les manifestants, et «tenté de les diviser pour noyer le poisson». L’ensemble des forces représentées a finalement scandé en coeur « Cazeneuve démission

Ce sinistre événement témoigne d’une fracture entre une raison d’Etat qui s’éloigne du service public et des contestataires qui militent pour des droits environnementaux. L’engagement en acte dans la résistance pourrait être contagieux, certains évoquant « La future gare TGV Odysseum de Maugère construite en zone inondable.»

JMDH

Source : L’Hérault du Jour : 02/11/20142

Voir aussi : Rubrique Ecologie, rubrique Politique, Société civile, rubrique Société, Mouvement sociaux, rubrique Montpellier,

 

Saison d’hiver, de la buée sur la vitre au Domaine d’O

Clinc ! de la Cie Pep Bou

Clinc ! de la Cie Pep Bou. Photo Dr

Culture. Les directeurs des festivals d’été composent une programmation éclectique alors que le Conseil général de l’Hérault se préoccupe d’un avenir incertain face à la réforme territoriale.

Après une première présentation de la saison d’hiver du Domaine d’O en mai, le Département de l’Hérault a renouvelé l’opération qui lui offre l’occasion d’évoquer la conduite de sa politique culturelle. Ce choix n’est pas fortuit au moment où l’institution s’interroge sur son avenir dans la perspective incertaine des réformes territoriales avancées aux forceps par le gouvernement Valls. Il fait par ailleurs suite à la mobilisation des intermittents et précaires vent debout à Montpellier contre la réforme Unedic ayant abouti à l’annulation du Printemps des Comédiens en juin dernier.

Au fil des années, l’équipement culturel du Domaine d’O s’est structuré pour répondre à son rôle de vitrine départementale mais aussi proposer une offre culturelle  qualitative diversifiée. Il accueille aujourd’hui 150 000 spectateurs par an avec un budget global de 3,2 millions d’euros et démontre, à lui seul, l’importance de la responsabilité culturelle départementale qui s’étend bien au-delà de ses compétences obligatoires (Patrimoine, bibliothèques et archives départementales).

Doté d’un budget global de 13 à 14 millions d’euros, la politique culturelle du Conseil général joue également un rôle pivot dans l’aménagement et l’accompagnement des territoires de proximité. Dans l’arrière-pays, les projets culturels englobent d’autres champs d’intervention de l’institution comme la jeunesse, l’éducation et la cohésion sociale.

Entouré du directeur du Domaine d’O Marc Lugand et des directeurs artistiques de festivals (Jérôme Pillement, Sabine Maillard, Jean Varéla et Isabelle Grison dont les propositions composent désormais la saison), le vice-président du Conseil général Jacques Atlan s’est dit préoccupé par les projets de loi en cours.

« Les perspectives sont incertaines pour l’institution dans son ensemble. Concernant la culture et le renforcement du rôle des métropoles et des régions je vois mal comment on pourrait casser une machine comme le Domaine d’O. L’idée d’accueillir le CDN sur le site a été discutée puis interrompue mais elle n’est pas abandonnée. Tout le monde regarde le Domaine avec les yeux de Chimène, pour le reste je leur souhaite bien du courage. »

Espace privilégié de l’implication citoyenne, la culture est une arme pour défendre les Départements et l’action publique en général, si on ne la dote pas de moyens financiers optionnels.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour, La Marseillaise 03/10/14

Voir aussi : Rubrique Actualité locale,  rubrique Politique, Réduire le nombre de Région pour rembourser les banques, Politique culturelleVers un Domaine d’O multipolaire, rubrique Montpellier,