Intermittents et précaires. Après l’accord Robin des bois la vigilance

L’entrée de  hTh, le CDN de Montpellier. Photo dr

L’entrée de hTh, le CDN de Montpellier. Photo dr

 Montpellier. Malgré la signature d’un accord favorable, l’occupation se poursuit au Centre dramatique national de Montpellier dans l’attente de la confirmation de sa mise en œuvre.

Les rapports entre la direction du CDN, les personnels et la  coordination des Intermittents et précaires (CIP) qui occupent toujours le lieu sont au beau fixe. A l’issue d’une conférence de presse de fin de saison, le directeur d’hTh Rodrigo Garcia est revenu sur l’occupation qu’il a qualifié d’aventure. « L’occupation s’est opérée dans le respect. Je suis heureux que le théâtre puisse être un lieu de travail. » Puis il a courtoisement invité les portes paroles du mouvement à venir s’exprimer sur l’état de la situation.

Ceux si se sont félicités de l’accord trouvé dans la nuit du 27 au 28 avril dernier par les organisations de salariés et d’employeurs du secteur du spectacle, sur l’assurance chômage spécifique aux intermittents. Encouragé par sa base, la CFDT qui restait  réservée, a finalement signé lundi à l’issue de son bureau fédéral. Désormais, le texte est paraphé par l’ensemble des syndicats représentatifs du secteur culturel. Ce qui est plutôt de bonne augure pour la suite, car comme le souligne les membres du CIP LR toujours sur le front, la vigilance reste de rigueur. « Cet accord reprend bon nombre de nos revendications construites, de luttes acharnées à décrypter, expliquer, convaincre et  d’occupations, d’actions menées depuis 2003. C’est un accord Robin des bois issu de treize ans de lutte

Parmi les principaux points actés dans cet accord figurent, l’ouverture des droits à l’indemnisation aussi bien pour les artistes que pour les techniciens, à partir de 507 heures travaillées sur 12 mois. L’accord prévoit aussi un retour à une date anniversaire pour le calcul des droits des intermittents, un système plus avantageux que l’actuel dispositif «glissant», instauré en 2003. Sont aussi prévus «la neutralisation des baisses d’indemnisation après un congé maternité» ou encore « un début de prise en compte des arrêts maladie concernant les affections de longue durée ».

Medef et gouvernement
Tout n’est pas résolu car c’est un accord de branche et il faudra encore qu’il franchisse l’étape interprofessionnelle de l’Unedic. En clair pour la CIP l’accord doit être avalisé tel quel par le Medef qui préconisait dans sa feuille de route de faire 400 M d’euros d’économie par an d’ici 2020. La conscience comme la connaissance du dossier pousse le mouvement unitaire à raffermir la solidarité interprofessionnelle et à se positionner d’or et déjà contre une participation ponctuel de l’Etat. «?Dans ce cas l’accord ne sera plus pérenne, et nous serions tributaires des budgets revus annuellement ainsi que  d’une alternance politique.?» Enfin, le triomphe n’est pas de rigueur car la revendication concerne l’ensemble des chômeurs. Les propositions du Medef sur le régime général prévoient des coupes terribles pour les activités réduites et les personnes les plus démunies comme les seniors «Ce que nous défendons nous le défendons pour tous»

Épilogue début juillet.

JMDH

Source La Marseillaise 04/05/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Société, Travail, Mouvements sociaux, Intermittents retour au front, Négociations explosives,  rubrique Politique, Politique Economique, il faut que le Medef et la CFDT « reconnaissent ce choix »,

Intermittents : un accord sur l’assurance chômage à confirmer

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Les deux parties ont trouvé un accord dans la nuit de mercredi à jeudi sur le régime d’assurance chômage spécifique aux intermittents, une première.

Un accord a été trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi par les organisations de salariés et d’employeurs du spectacle sur le régime d’assurance chômage spécifique aux intermittents, une première au sein du secteur. Selon une source patronale, il s’agit d’un « accord acceptable pour les parties » (…) avec de nettes améliorations pour la protection des travailleurs avec des efforts réciproques », conclu au terme de près de dix heures de négociations. « L’accord prévoit une hausse des cotisations patronales et aussi un effort côté salariés », précise-t-on de même source.

Ce que prévoit l’accord. Parmi les principaux points actés dans cet accord figurent, selon la CGT, l’ouverture des droits à l’indemnisation aussi bien pour les artistes que pour les techniciens, à partir de 507 heures travaillées sur 12 mois. L’accord prévoit aussi un retour à une date anniversaire pour le calcul des droits des intermittents, un système plus avantageux que l’actuel dispositif « glissant », instauré en 2003. Sont aussi prévus « la neutralisation des baisses d’indemnisation après un congé maternité » ou encore « un début de prise en compte des arrêts maladie concernant les affections de longue durée ».

« Tout n’est pas résolu ». « C’est un accord important mais en même temps tout n’est pas résolu car c’est un accord de branche et il faudra encore qu’il franchisse l’étape interprofessionnelle de l’Unedic », a expliqué une source proche du dossier. « Le risque existe d’un blocage à l’Unedic, qui gère l’assurance chômage, et que l’Etat reprenne la main sur le dossier », a ajouté cette même source. Une option que les intermittents ne souhaitent pas car ils redoutent que la participation de l’Etat n’ouvre la voie à une « caisse autonome », qui les sortirait alors de la solidarité interprofessionnelle.

Le mouvement continue. L’accord intervient après plusieurs semaines d’âpres discussions entre les partenaires sociaux qui négociaient, pour la première fois au sein du secteur, leurs règles spécifiques d’indemnisation d’assurance chômage. Les intermittents poursuivaient mercredi soir leur mouvement de protestation en occupant des théâtres à Paris et dans plusieurs grandes villes comme à Strasbourg, Bordeaux, Lille, Montpellier, sans perturber forcément des spectacles. Le théâtre de l’Odéon, occupé depuis dimanche soir, a dû annuler pour la seconde soirée consécutive la représentation de « Phèdre(s) » avec Isabelle Huppert.

Source E1 AFP 28/04/2016

Communique de la CGT spectacle (29/04/2016)
Cet accord rétablit des droits et en ouvre des nouveaux :

§ un champ identique pour les artistes et les techniciens (mais désormais fondé sur les conventions collectives pour ces derniers et non plus sur les codes NAF) ;

§ 507 heures sur 12 mois pour tous, artistes et techniciens ;
§ date anniversaire ;
§ une clause de rattrapage sur 2 ans permettant d’ouvrir les droits en cas d’accident de parcours;
§ la généralisation du cachet à 12h pour les artistes et réalisateurs ;
§ un élargissement de la prise en compte des heures d’enseignement données, y compris pour les techniciens, et dans un champ d’établissements beaucoup plus important ;
§ la neutralisation des baisses d’indemnisation après un congé maternité ;
§ un début de prise en compte des arrêts maladie concernant les affections de longue durée ;
§ une amélioration de la clause de maintien de droit jusqu’à l’âge de la retraite ;
§ la mise en place d’une commission de suivi et de recours pour les problèmes à la fois collectifs et individuels.

Nous n’avons pas tout obtenu mais l’accord est équilibré. La lutte continue pour le faire valoir, contre le cadrage Medef du 24 mars.

Nous refusons notamment le financement par l’Etat du régime des intermittents.
TOUTES LES RAISONS DE POURSUIVRE LA MOBILISATION SONT REMPLIES
Ø pour le retrait de la loi Travail ;
Ø contre le travail gratuit institué par l’article 11A dans la loi LCAP ;
Ø pour le respect de l’accord signé sur le régime des artistes et des techniciens.
#  CadrageDuMedefNonMerci
#  TravailGratuitNonMerci
#  LoiTravailNonMerci

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Directive « Secret d’Affaires » le vote des eurodéputés français,

12973446_1156203357759952_4868620748786630768_oVoir aussi : Actualité France, Rubrique UE, rubrique Politique, Affaires, rubrique Société, Citoyenneté,

La CGT se radicalise pour sortir de sa crise

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C’est sous le regard de ses trois prédécesseurs – Thierry Lepaon, Bernard Thibault et Louis Viannet – que Philippe Martinez va donner le coup d’envoi, lundi 18 avril, au 51congrès de la CGT, qui va réunir 1 000 délégués à Marseille jusqu’au 22 avril. Une image symbolique de la « crise sans précédent », selon M. Viannet, que traverse la centrale depuis quatre ans.

Le premier choc a eu lieu en mai 2012, quand M. Thibault avait été mis en échec dans sa volonté d’imposer Nadine Prigent pour lui succéder. Le second a pris l’allure d’un séisme quand M. Lepaon, successeur par défaut, a été contraint de démissionner, le 7 janvier 2015, à la suite d’affaires mettant en cause son train de vie, avec notamment les travaux effectués dans son logement de fonction, à Vincennes (Val-de-Marne). Une première depuis 1909. Elu secrétaire général, le 3 février 2015, M. Martinez, 55 ans, va tenter de surmonter cette crise en campant sur une ligne radicale.

Tout au long du congrès, la bataille contre la loi El Khomri sur la réforme du code du travail, dont la CGT exige le retrait, servira d’étendard à cette radicalité. Théâtre de ces assises, l’union départementale (UD) des Bouches-du-Rhône sera le réceptacle idéal. En février, à la suite d’une révolution de palais qui a conduit à « l’éjection », selon l’expression du groupuscule orthodoxe « Où va la CGT ? », du secrétaire général, Thierry Pettavino, jugé trop proche de la confédération et pas assez combatif, c’est un sympathisant de l’association d’extrême gauche Rouges vifs, Olivier Mateu, qui a été porté à la tête de l’UD. En décembre 2014, M. Mateu avait signé une pétition demandant le départ de M. Lepaon et déplorant « l’abandon du syndicalisme de lutte des classes » par la CGT. Dans le numéro d’avril d’Ensemble, le mensuel de la CGT, il voit dans le congrès de Marseille « l’occasion de conforter notre organisation de classe, de masse, démocratique et unitaire ».

« Le travail contre le capital »

M. Martinez aurait pu jouer sur du velours à Marseille, s’il n’y avait plus l’ombre de « l’affaire Lepaon », une bombe à déflagrations successives. Le rapport d’activité évoque une « situation difficile », en rappelant que M. Lepaon a été blanchi pour les travaux dans son logement et dans son bureau, même si « l’enquête se poursuit ». Mais l’ancien secrétaire général, qui attend toujours d’être nommé par le gouvernement à la tête de la nouvelle Agence de la langue française pour la cohésion sociale (Le Monde du 8 avril), est toujours payé par la CGT (4 200 euros net par mois). Depuis sa démission, il a coûté à la centrale, selon Les Echos, 150 000 euros. Et il n’a quitté son logement de Vincennes qu’en février. Une douloureuse qui passe mal à la base.

M. Martinez doit aussi faire oublier les conditions controversées de son élection. Le 13 janvier 2015, il n’avait pas obtenu la majorité des deux tiers requise pour être élu secrétaire général par le comité confédéral national (CCN), le parlement cégétiste qui réunit ses 33 fédérations et ses 96 UD. Et le vote avait été entaché de graves irrégularités. La fédération de la santé, dirigée par Nathalie Gamiochipi, la compagne de M. Martinez, n’avait pas respecté son mandat et avait voté pour au lieu de voter contre. L’UD du Nord avait agi de même. Les dirigeants de ces deux organisations ont ensuite été limogés. Mais M. Martinez, tout en occupant de facto la fonction, a dû patienter pour être confirmé.

A Marseille, M. Martinez, qui se vante d’avoir rencontré « 10 000 syndiqués », ne court aucun risque. Pour être réélu, il va défendre la radicalité qu’il incarne depuis quatorze mois. Le document d’orientation – la feuille de route pour les trois années à venir – affiche une stratégie de « contestation des choix patronaux et de la politique gouvernementale ». L’ancien métallo de Renault ne voit plus de différence entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Pour la CGT, « l’affrontement de classe, le travail contre le capital » est « le marqueur de toutes les lois prises par le gouvernement, à l’écoute du Medef ».

« Convergence d’intérêts »

Si, en 2015, les journées d’action à répétition, illustrant cette opposition frontale, ont été des échecs – au point que le rapport d’activité se demande pourquoi « nous ne parvenons pas à bouger le rapport de forces » –, le combat contre le projet de « loi travail » a donné un nouvel élan. Il va électriser les débats, comme la demande de relaxe pour les huit ex-salariés de Goodyear condamnés à de la prison ferme. M. Martinez ne nourrit pas d’illusions sur un retrait du projet de loi El Khomri, mais il met les reculs du gouvernement à son actif.

A Marseille, il sera aussi question du « syndicalisme rassemblé » cher à M. Viannet. La CGT écarte tout rapprochement avec Force ouvrière, sa compagne de manifs contre le projet de « loi travail », mais exclut de « se fondre dans un syndicalisme où tout le monde serait dans le même moule ». Si M. Martinez a évité d’attaquer la CFDT, qui sera la cible des congressistes, il a durci le ton dans L’Humanité Dimanche du 14 avril : « Il existe un syndicalisme d’accompagnement qui considère qu’il vaut mieux aménager la casse et un syndicalisme dont se revendique la CGT qui refuse d’accompagner les politiques d’austérité. » La CGT va aussi réaffirmer son indépendance tout en réhabilitant le concept de « convergence d’intérêts » avec des « composantes progressistes » comme le Parti communiste. Pour autant, M. Martinez a refusé de cautionner l’initiative de Gilbert Garrel, le patron des cheminots, qui a demandé, le 22 mars, que toutes les bases syndicales de la CGT prennent des abonnements à L’Humanité, en difficulté financière.

L’ultime bataille de Marseille concernera les instances. M. Martinez voulait ramener la commission exécutive (CE) – la direction élargie – de 56 à 44 membres, avec une stricte parité. Mais il a été battu : la CE comptera 50 membres. Il y a eu 85 candidatures et la liste adoptée, qui peut encore être modifiée par le CCN, a retenu des « réformistes », comme Eric Aubin, Sophie Binet, Mohammed Oussedik, mais a écarté les fédérations du commerce et de la santé. La pénurie de candidates a permis de « repêcher » certaines femmes, comme Marie-José Kotlicki (UGICT). Pour le bureau confédéral de dix membres, trois sortants sont annoncés : Colette Duynslaeger, la trésorière, Pascal Joly, membre du conseil national du PCF, et Denis Lalys, qui a été écarté des candidatures à la CE. Fabrice Angei devrait rester numéro deux et Catherine Perret devrait faire son entrée. Elle avait imposé, en 2014, la non-signature par la CGT d’un accord sur la formation. Bien dans la ligne.

Michel Noblecourt

Source Le Monde 16/04/2016

Voir aussi :  Actualité France, rubrique Société, Syndicat, La mauvaise passe de la CGT s’annonce durable, rubrique Politique, Affaires,

Rodrigo Garcia : « Perdre des droits correspond à un retour en arrière. »

Photo Pascal Guyot. AFP

« Nous ne refuserons jamais de grandir  » Photo Pascal Guyot. AFP

Le directeur  du  centre dramatique national de Montpellier Rodrigo Garcia, livre son point de vue sur l’occupation du CDN et sur l’avenir incertain du lieu où campent toujours les intermittents et précaires.

Comment réagissez-vous face à l’action menée par les intermittents et précaires  qui occupent le CDN depuis mardi soir ?

C’est une occupation très relative parce qu’habituellement lorsqu’on parle d’occupation on fait référence à une action violente qui ne s’est pas produite. Ils ont attendu la fin de la première du spectacle d’Ana Borralho et Joao Galante et sont montés sur scène d’une façon certes surprenante, mais de manière tout à fait respectueuse. Lorsqu’ils nous ont exprimé les raisons de leur intervention, personne n’a rien eu à redire. Leur action leur permet pour l’instant de profiter des locaux du CDN.

Que pensez-vous de leurs revendications ?

Je partage le point de vue des travailleurs. Perdre des droits correspond à un retour en arrière. Certaines préoccupations exprimées concernent aussi le futur de ce CDN qui font jour dans le débat sur la compétence culturelle qui se tient actuellement entre le Conseil départemental et la Métropole de Montpellier. La déclaration du président de la Métropole qui a évoqué le transfert possible du CDN au Domaine D’O, a généré beaucoup d’incertitudes pour les artistes, le public et auprès des différents personnels concernés.

Quelle est votre position face à cet éventuel déménagement ?

Pour ce qui nous concerne, nous ne refuserons jamais de grandir. Toute initiative qui viserait à faire du CDN un projet plus important, j’y serais favorable.

Pour l’heure, les tractations semblent de natures purement politiques mais personne n’évoque de projet artistique…

C’est une des choses que j’ai dite au Président Philippe Saurel.

Êtes-vous entré en contact avec vos tutelles depuis l’occupation ?

Oui, j’ai contacté l’ensemble des tutelles afin de les informer de la situation et je les ai invitées à venir. Je pense que des représentants  du ministère de la Culture ont assisté à une partie des débats.

Avez-vous obtenu des réponses de leur part ?

Pas pour l’instant. J’ai le sentiment que ce qui est débattu actuellement va bientôt tourner en rond parce que nous débattons face à une chaise vide.

Si l’on se réfère au mouvement de 2014, l’occupation pourrait se prolonger dans le temps. Comment envisagez-vous l’avenir ?

Je participe à presque toutes les AG et je leur ai dit que cette occupation me paraissait sensée si elle pouvait produire des résultats. Pour moi l’objectif est de faire venir les politiques, de s’asseoir et de discuter. Mais cela relève peut-être d’une vision naïve. Moi c’est comme ça que je vois les choses…  C’est aux personnes qui sont mobilisées de décider. Une AG a lieu cet après-midi…

Recueilli par JMDH

AU CDN DE MONTPELLIER LE MOUVEMENT UNITAIRE MAINTIENT LE CAMPS ET OUVRE LE DEBAT

« On occupe parce qu’on fait partie du monde et que le monde bouge. » Depuis mardi, une AG ouverte se tient chaque jour au CDN de Montpellier qui reste occupé par les membres de la coordination des intermittents et précaires et ceux de la CGT Spectacle. Mercredi après la représentation, une nouvelle intervention a eu lieu en direction du public dont les applaudissements soulignent la solidarité.

Dans la foulée l’AG  a accueilli des lycéens et citoyens participants aux Nuits debout dont les manifestations font gronder la ville. La réflexion s’oriente sur la convergence des luttes.  L’esprit consiste à changer de paradigme pour passer de la vision économique, schéma ultra-violent qui guide aujourd’hui la politique – dont les acteurs culturels mesurent tous les jours les effets mortifères -,  à un modèle social,  reposant sur le bien vivre ensemble.

Rien ou presque n’a filtré des négociations sur les annexes 8 et 10 qui se tiennent le jour même. Comme si  le climat social qui règne dans le pays mettait ce débat en sourdine. Le patron du Medef qui vient de qualifier par SMS, la présidente de la CFE-CGC, de « cégétiste »  menacerait de quitter la table sous le prétexte qu’il ne veut pas dialoguer « avec des gens partisans de la lutte des classes ». C’est tellement démodé.

Pour Stéphanie Marc de la CIP « Il ne s’agit pas s’inscrire dans une quelconque continuité du mouvement de 2014, mais d’inventer de nouvelles formes. Notre action a démarré de manière sage. C’est absolument normal que cela soit ainsi au début. Nous avons décidé de ne pas bloquer les spectacles et de respecter les outils de travail. Cela  c’est notre position aujourd’hui… »

Il apparaît clairement que le choix du CDN concerne en premier lieu l’Etat que l’on souhaite rappeler à sa raison d’être.  Un comédien revient sur certains fondamentaux : « Oui, le chômage, la maladie, la retraite, coûte de l’argent. On n’a pas à s’excuser d’être au chômage, d’être malade ou à la retraite. Dans une République , personne ne doit nous faire croire que nous sommes responsables de cela. La prise en charge de ces coûts, c’est républicain. Et nous sommes citoyens de cette République, à moins qu’on nous dise le contraire. »

Dans le hall où les occupants se relayent pour passer les nuits, on trompe la fatigue dans la bonne humeur : « Panama on y va ! » On réfléchit aussi  sur le mode « qu’est ce qu’on fait demain ?»  Personne ne tient à se tirer une balle dans le pied. Alors on cherche à fonder des alliances, et à trouver de nouvelles cibles.

Source : La Marseillaise culture 15/04/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Société, Travail, Mouvements sociaux, Intermittents retour au front, Négociations explosives, Lettre de Rodrigo Garcia en 2014,  rubrique Politique, Politique Economique, rubrique Montpellier,