Un encarté à Montpellier rapporte un extrait du débat de la Commission Administrative du PS 5e : » Je suis membre du parti SOCIALISTE, je ne veux plus débattre avec des gauchistes ou des infiltrés du Front de Gauche, il faudrait vérifier avant que chacun prenne la parole sa qualité de socialiste et son soutien au gouvernement. «
« Toutafé » commente notre ami Alain qui propose « comme critère, celui posé par Tonton à Épinay. » mais la roue idéologique a bien tournée depuis…
«Il y a ce sentiment que le pays tout entier est en train de perdre pied», s’est alarmé en pompier pyromane Manuel Valls, devant le Conseil national du PS réuni samedi à Paris. Un constat sans appel.
Pour lui, le seul message politique «identifié» aujourd’hui face à «une droite exsangue» et «une gauche déboussolée», c’est «celui de l’extrême-droite».
En conséquence, «le risque de voir Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle existe». Et dans cette nouvelle ère, «la gauche peut aussi disparaître».
Le problème est que le Premier ministre travaille autant à la disparition de la gauche qu’à la montée du FN au second tour des présidentielles dans l’intention de nous refaire le coup de Chirac en 2002. Ce qui apparaît désormais objectivement l’unique chance pour lui et/ou Hollande de conserver le pouvoir…
Alain Juppé qui vient de partir en croisade contre le FN l’a bien compris. L’UMP ou le PS n’ont plus besoin de programme, stratégiquement il leur suffit de bien gérer une campagne minimale pour se qualifier au second tour contre le FN et l’emporter mais ce qui reste incertain, c’est que les Français continuent de se laisser berner de la sorte.
Les analyses sans concession que j’ai publiées au fil des mois sur la révolution syrienne m’ont amené des réactions contrastées en termes positifs ou négatifs. Mais aucun de ces textes n’a suscité autant d’hostilité que ma mise en perspective du conflit syrien à la lumière de la guerre d’Espagne.
En avril 2013, j’ai tenté, dans les colonnes du Monde, de dresser un parallèle entre, d’une part, l’Espagne de Franco soutenue par l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini et, d’autre part, la Syrie d’Assad appuyée par la Russie de Poutine et l’Iran de Khamenei. Quant je parle d’Espagne, d’Allemagne, d’Italie en 1936-39, de Syrie, de Russie et d’Iran en 2011-2014, je ne parle pas des peuples de ces extraordinaires pays, mais des régimes despotiques qui en ont accaparé le devenir et les ressources.
Deux triades des dictatures
Face à cette triade des dictatures, active alors comme aujourd’hui, je mettais et je mets en exergue la résistance, alors du peuple espagnol, aujourd’hui du peuple syrien, déterminé une fois pour toutes à reprendre son destin en mains. Mais je soulignais et je souligne que cette révolution avait et a pour ennemi mortel les visées totalitaires des forces arrivées soi-disant pour la secourir, les staliniens dans l’Espagne républicaine, les jihadistes dans la Syrie soulevée contre Assad.
Que n’ai-je pas entendu pour avoir osé associer une partie de la geste « progressiste » européenne à ceux que de distingués intellectuels considèrent toujours comme des Arabes englués dans leurs querelles d’Arabes ! J’avais en effet brisé un tabou, celui du caractère exemplaire, et par définition exclusif, de notre « progrès » lorsque est en jeu la libération de peuples qui ne sont pas censés partager nos « valeurs ». Bel aveu de refus d’universalité des dites « valeurs », mais passons…
Les liens intimes de ma famille avec l’Espagne et ma haine aussi profonde du fascisme que du stalinisme m’ont préservé de la vision « sulpicienne » de la guerre d’Espagne. Ce conflit fut un épouvantable carnage, mais c’est du côté de la République qu’il fallait se tenir, quelles que soient les horreurs, et elle furent nombreuses, perpétrées en son nom. Et les franquistes avaient une indéniable base sociale, même si c’est au nom du peuple, et du peuple seul, qu’ont combattu et qu’ont été vaincus les Républicains.
Si j’invoquais au printemps 2013 les références de la guerre d’Espagne, c’est parce que la non-intervention prônée par le Front populaire en 1936 n’avait sauvé ni la République en Espagne, ni la paix en Europe. Après trois années à prôner l’abandon du peuple syrien, de crainte que les djihadistes n’en tirent profit, nous avons aujourd’hui contribué à nourrir le monstre djihadiste à l’ombre du monstre de la dictature d’Assad. Et ce monstre ne va pas éternellement rester contenu au Moyen-Orient.
« Hommage à la Catalogne »
Plutôt que les fresques héroïsantes de Malraux et d’Hemingway, toutes deux grands succès de librairie à leur sortie (« L’Espoir » en 1937, « Pour qui sonne le glas » en 1940), je préfère me replonger dans la guerre d’Espagne en compagnie d’Orwell.
Son « Hommage à la Catalogne » ne fut édité qu’à titre confidentiel en 1938 (dix-sept ans plus tard pour la version française), mais il reste pourtant inégalé dans sa description de l’exaltation populaire, du désordre milicien et de la volonté farouche qui firent de Barcelone en 1936-37 le bastion de la résistance au fascisme et au stalinisme.
Orwell, se confiant à Koestler, méditait sur le tournant essentiel de la guerre d’Espagne :
« En Espagne pour la première fois, je vis des articles de journaux qui n’avaient absolument aucun rapport avec la réalité des faits, pas même ce type de relation que conserve encore un mensonge ordinaire. Et je vis des journaux de Londres colporter ces mensonges, et des intellectuels zélés édifier toute une superstructure d’émotions sur des événements qui ne s’étaient jamais produits. Je vis en fait l’Histoire qui s’écrivait non pas suivant ce qui s’était passé, mais suivant ce qui aurait dû se passer, selon les diverses lignes officielles ».
Depuis 2011, on ne compte plus les journalistes assassinés, enlevés et blessés en Syrie. Pourtant, combien d’articles n’ont-ils pas été écrits sur la base de contre-vérités manifestes, de négation des massacres perpétrés à l’encontre du peuple syrien, de divagations dérivées de tel ou tel service de « renseignement ». Quant aux « intellectuels zélés » qui ont glosé sur la base de ces infamies, je les laisse à leur enfer personnel.
« Socialisme signifie justice et liberté »
Ecoutons encore une fois Orwell à l’heure où le débat fait de nouveau rage pour savoir s’il est « bien » ou « mal » d’intervenir en Syrie :
« La plupart d’entre nous persistent à croire que tous les choix, et même les choix politiques, se font entre le bien et le mal et que, du moment qu’une chose est nécessaire, elle doit aussi être bonne. Il nous faudrait, je pense, dépouiller cette croyance qui relève du jardin d’enfants. La guerre, par exemple, est parfois nécessaire, mais elle ne saurait être ni bonne, ni sensée. »
Orwell était libre, passionnément libre, et son exigence de justice et de liberté s’appelait « socialisme ». En Syrie, la même exigence de justice et de liberté, envers et contre tout, peut se parer d’autres couleurs, elle n’en demeure pas moins éminemment digne de respect et de soutien. Que chacun agisse selon sa conscience, avec le dernier mot à Orwell l’indémodable.
« Socialisme signifie précisément justice et liberté, une fois qu’on l’a débarrassé de toutes les sottises qui l’encombrent. C’est sur ces valeurs essentielles et sur elles seules que nous devons fixer notre attention. Rejeter le socialisme simplement parce que tant de socialistes, individuellement, sont des gens lamentables, serait aussi absurde que de refuser de voyager en chemin de fer parce qu’on n’aime pas la figure du contrôleur. »
Tant pis pour la tronche du contrôleur, je persiste et signe : la Syrie est notre guerre d’Espagne.
Essai. Remettre en question la répartition au cœur de l’analyse économique.
Retour sur un essai qui fait couler beaucoup d’encre : Le Capital au XXIème siècle (Le Seuil) de Thomas Piketty * qui a prononcé la leçon inaugurale des Rencontres Pétrarques à Montpellier en juillet . Une des idées centrales de ce chercheur en sciences-sociales, est que la question de la répartition des richesses, qui intéresse et concerne tout le monde, est trop importante pour être laissé aux mains des seules économistes.
Thomas Piketty s’intéresse à l’évolution de l’accumulation du capital privé en se gardant des préjugés idéologiques qui ne manquent pas sur le sujet. Pour se faire il a rassemblé des données historiques et comparatives portant sur trois siècles et vingt pays.
Best-seller aux Etats-Unis
Son travail établit patiemment des faits, et des régularités, et analyse les mécanismes, économiques, sociaux, politiques susceptibles d’en rendre compte. Une vaste entreprise d’enquête, en partie partagée par des chercheurs britanniques et américains, qui renouvelle le cadre théorique pour se baser sur les mécaniques actuellement à l’oeuvre. La démarche reconnue internationalement éclaire le débat démocratique sur la question des inégalités et contribue à redéfinir le débat. Le livre a rencontré un immense succès dans le monde anglo-saxon où il s’est vendu à 450 000 exemplaires contre 150 000 pour la version francophone (chiffres en juin 2014). Avec l’écho rencontré, l’ouvrage fait l’objet de nombreuses controverses auxquelles l’auteur répond point par point. «Dès lors que Le taux de rendement du capital dépasse durablement le taux de croissance de la production et du revenu, le capitalisme produit mécaniquement, des inégalités insoutenables, arbitraire, remettant radicalement en cause les valeurs méritocratiques sur lesquels se fondent notre société démocratique», souligne l’auteur qui revisite les théories généralement admises sans approfondissement par les économistes.
Les grandes théories revisitées
L’approche transversale, notamment historique et spaciale, de la démarche permet à Piketty de recontextualiser le débat. Ainsi à propos de L’essai sur le principe de population de l’économiste Thomas Malthus publié en 1798, il commente : «Tout n’est pas faux mais Malthus était très inquiet des nouvelles politiques et persuadé que la France courait à sa perte en acceptant de faire siéger le Tiers état au Parlement.» De même il souligne à propos de Marx : « Il écrivait dans un climat de grande exaltation politique (…) Il ne s’est guère posé la question de l’organisation politique et économique d’une société où la propriété privée du capital aurait été entièrement abolie.» Tout en reconnaissant : il conserve sur plusieurs points une certaine pertinence. Il part d’une vraie question, celle de l’invraisemblable concentration des richesses pendant la révolution industrielle, une démarche dont les économistes d’aujourd’hui ferait bien de s’inspirer. Le principe de l’accumulation infinie qu’il défend contient une intuition fondamentale pour l’analyse du XXI.» Et Piketty démontre l’ampleur du déséquilibre avec la très forte hausse de la valeur totale des patrimoines privés, mesurés en années de revenu national depuis les années 70 dans l’ensemble des pays riches.
Kuznets et la guerre froide
Plus proche de nous, l’auteur revient sur la théorie de Kuznets proposée en 1955, selon laquelle les inégalités de revenus sont spontanément appelées à diminuer dans les phases avancées du développement capitaliste, quelles que soient les politiques suivies ou les caractéristiques du pays, puis à se stabiliser à un niveau acceptable. S’il s’inspire du travail statistique approfondie de Kuznets, Piketty élargie l’étude des revenus dans le temps et l’espace et montre que la réduction des inégalités de revenus observée entre 1914 et 1945 est avant tout le produit des guerres mondiales et des chocs économiques et politiques qu’elles ont entraînés.
Dans sa dernière partie il tente de faire des propositions, comme l’impôt progressif sur le patrimoine privé, l’imposition des multinationales, ou des sanctions contre les paradis fiscaux… pour que la démocratie et l’intérêt général parviennent à reprendre le contrôle du capitalisme et des intérêts privés. «Trop lourd». C’est dans ces mots que Michel Sapin, ministre du Travail, a justifié son refus de lire le livre de Thomas Piketty
Jean-Marie Dinh
* Directeur d’études à l’EHESS il a publié Les Hauts Revenus en France au XXe siècle (Grasset), Pour une révolution fiscale (Seuil)
Uri Avnery* commence à réfléchir sur les conséquences de cette guerre en Israël. Et cela fait froid dans le dos. Alors que j’avais toujours été admirative de la totale liberté d’expression régnant en Israël il semblerait qu’il commence à y avoir des limites. et cela fait très peur.
Aline Baldinger
Metro de Gaza
Il n’y a pas de metro à Tel Aviv. On en a discuté pendant des années. Tous les maires l’ont promis. Hélas il n’y a toujours pas de métro
Lorsque l’armée Israélienne est entrée dans la bande de Gaza et a trouvé un extaordinaire réseau de tunnels, une idée a germé. Pourquoi ne pas inviter le Hamas à creuser le métro de Tel Aviv ? Ils possèdent l’expertise, la technologie, les plans et la main d’œuvre.
Mais la guerre n’est pas une plaisanterie c’est une terrible tragédie.Après 29 jours de combat (jusqu’à ce jour) qui a gagné?
Il est bien sûr beaucoup trop tôt pour pouvoir tirer des conclusions définitives. Le cessez le feu n’a pas duré. Cela prendra des années pour tirer toutes les conséquences. Mais la sagesse populaire des Israéliens a déjà tiré ses propres conclusions: Il y a match nul.
Cette conclusion est en elle-même une sorte de miracle. Pendant un mois entier les citoyens Israéliens ont été bombardés par un intense tir de barrage de propagande. Jour après jour, heure après heure ils ont été soumis à un courant ininterrompu de lavage de cerveau.
Les dirigeants politiques et militaires distillaient une image de la victoire. Les chars et les soldats sortant de Gaza ont reçu l’ordre d’agiter de grands drapeaux. Toutes les photos montraient des soldats quittant la bande de Gaza en souriant de toutes leur dents. ( Mon imagination me montre ces troupes s’entrainant à la sortie avec le sergent major criant : » Soldat Cohen un peu plus convaincu le sourire ! »
Si on en croit les paroles officielles notre glorieuse armée a rempli tous ses buts. Mission accomplie. Le Hamas est battu. Si l’on en croit un de ces correspondants militaires “aux ordres”: “ Le Hamas rampe à quatre pattes pour obtenir le cessez le feu”.
Cela a donc été une grande surprise que lors du premier sondage , 51% des Israéliens Juifs répondent que cette guerre s’est terminée par un match nul
Seulement 36% répondirent que nous avions gagné et 6% conclurent à une victoire du Hamas.
Lorsqu’une guerilla dirigeant au plus 10 000 combattants fait match nul avec une des plus puissantes armées du monde équipée des armes les plus modernes cela peut être considéré comme une sorte de victoire.
Le Hamas n’a pas seulement montré un grand courage pendant les combats mais aussi beaucoup d’intelligence dans la préparation de cette campagne. Et il est toujours debout.
L’armée Israélienne quant à elle a fait montre de très peu d’imagination. Elle n’était pas du tout préparée aux tunnels labyrinthiques. Le “dôme de fer » qui a obtenu de grands succès dans la défense contre les rockets a été installé il y a huit ans par un Ministre de la défense qui était un civil, contre l’avis express de l’armée. Sans cette défense la guerre aurait été bien différente. .
De fait, ainsi que ‘un commentateur a osé l’écrire l’armée est devenue une machine encombrante et conservatrice. Elle suit sa routine sans mettre en jeu des forces spéciales. Fondamentalement sa doctrine était de pousser la population civile à la soumission en faisant le plus de morts et destruction possibles afin de décourager toute résistance le plus possible et le plus longtemps possible. En Israël les terribles images de mort et de destruction n’ont provoqué aucune compassion. Au contraire. Les gens en étaient fiers.
A la fin les deux côtés étaient totalement épuisés. Pourtant pendant les négociations de cessez le feu du Caire, le Hamas ne s’est pas rendu.
Pour les dirigeants Israéliens l’alternative au retrait était la conquête de la totalité de la bande de Gaza. Cela aurait permis d’exterminer le Hamas et de démanteler toutes ses infrastructures. Mais l’armée contesta vigoureusement cette option et parvint à convaincre les politiques. Il y aurait eu au moins un millier de soldats morts et la bande de Gaza toute entière aurait été réduite en ruines.
32 ans auparavant le duo Begin-Sharon avait rencontré la même problématique. La conquête de Beyrout ouest aurait couté la vie à au moins 800 soldats Israéliens. Ils avaient renoncé tout comme le duo Netanyahu-Ya’alon venait lui aussi de renoncer.
La société Israélienne n’a pas la force d’affronter de si nombreux morts. Et les protestations internationales contre le carnage de civils aurait été trop important.
Et donc Netanyahou a fait ce qu’il avait juré de ne jamais, au grand jamais faire: il a commence des négociations avec une organisation terroriste méprisable- le Hamas
Il existe une maladie mentale appellee Paranio Vera. Elle a pour symptôme principal que le malade adhère à une affirmation folle ( la terre est plate, kennedy a été tué par un extraterrestre, les Juifs conduisent le monde) et reconstruisent toute un système logique à partir de cette affirmation. Plus le système est logique plus le patient est fou.
La paranoïa d’Israel concerne le Hamas. C’est l’affirmation que e Hamas est une organisation terroriste diabolique toute entière tournée sur l’annihilation d’Israël. Ainsi que l’écrivait un journaliste cette semaine « un gang de psychopathes ».
Toute la politique Israélienne est fondée sur cette affirmation. La guerre reposait elle aussi sur cette affirmation.
On ne peut pas parler avec le Hamas. On ne peut pas faire la paix avec el Hamas. Il faut juste le supprimer.
Ce tableau démoniaque n’a aucun rapport avec la réalité.
Je n’aime pas le Hamas. Je n’aime pas les partis religieux en général, ni en Israël, ni dans le monde Arabe, nulle part. Je ne voterais jamais mais pour un parti religieux.
Mais le Hamas fait partie intégrante de la société Palestinienne. Lors des dernières élections Palestiniennes, -supervisées par des instances internationales le Hamas a obtenu la majorité. Il a ensuite, c’est vrai, pris le pouvoir dans la bande de Gaza par la Force mais après avoir gagné une majorité dans la bande de Gaza.
Le Hamas n’est pas “Jihadiste” au sens de al-Qaeda ou de ISIS.Il ne se bat pas pour l’établissement mondial d’un califat. Le Hamas est un parti Palestinien entièrement dévoué à la cause Palestinienne. Il se donne à lui même le nom de résistance. Il n’a pas imposé la loi religieuses (sharia) à la population
Ah mais qu’en est il de la Charte du Hamas qui Demande la destruction de l’Etat d’Israel et comprend des affirmations antisémites virulentes ?
Je dirais que cela ressemble à du “déjà vu”. L’For me, this is frustratingly deja vu. La charte de l’OLP demandait elle aussi la destruction de l’Etat d’Israel. La propagande Israélienne s’en servait sans cesse. Yehoshafat Harkabi professeur respecté et ancien responsable des services secrets, pendant des années , n’a parlé que de cela. A respected professor and former army intelligence chief, , spoke for years about nothing else. Seulemetn après la signature des Accords d’Oslo entre Israel et l’OLP ces clauses furent tout simplement ôtées de la charte, en présence du Président Clinton.
En raison de d’interdictions religieuses, le Hamas ne peut pas signer lui même un accord de paix. Mais à l’instar de tous les peuples religieux du monde ( surtout les Juifs et les Chrétiens d’ailleurs) il a trouvé comment contourner les interdits divins. Le fondateur du Hamas le Sheik Ahmad Yassin (qui a écrit la charte et fut assassiné par Israel) avait proposé une Hudna de trente ans. Une Hudna est une trêve sanctifiée par Dieu et qui peut être renouvelée jusqu’au jugement dernier.
Gush Shalom, Le mouvement pour la paix auquel j’appartiens a demandé il y a hui tans que notre gouvernement commence à discuter avec le Hamas. Nous mêmes nous avons eu à plusieurs reprises des discussions amicales avec plusieurs leaders du Hamas. La ligne officilel actuelle du Hamas est que si Mahmoud Abbas parvient à un accord de paix avec Israel, le Hamas l’accepterait, après qu’il eut été ratifié par un referendum.
Malheureusement il y a peu d’espoir qu’Israel guérisse bientôt de sa paranoïa
En supposant que cette guerre finisse bientôt, que restera t il?
L’hystérie guerrière qui a submerge Israel pendant cette guerre a apporté une odieuse vague de fascisme. Il y eut des mouvements de lynchage d’Arabes à Jérusalem.
Des journalistes comme Gideon levy ont du être protégé par des gardes du corps, des professeurs d’Université ayant osé defendre la paix ont été censuré (provoquant un boycott universitaire dans le monde entier) et des artistes ayant osé avoir une opinion divergente ont été licenciés.
Certains pensent que c’est un évènement marquant dans la décadence de la démocratie israélienne. J’ose espérer que cette vague horrible va refluer. Mais quelque chose restera. Le fascisme a d’une certaine façon été approuvé dans le discours dominant.
L’un des symptômes du fascisme est l’histoire du “couteau dans le dos”. Adolf Hitler, l’a utilisé pendant toute son ascension au pouvoir : Notre glorieuse armée était proche de la victoire quand un complot de politiciens ( Juifs) lui a planté un couteau dans le dos.
On entend déjà dans les rue d’Israël : « Nos braves soldats auraient pu conquérir toute la bande de Gaza si Netanyahou et ses larbins – le ministre de la défense et son chef de cabinet- n’avaient pas donné l’ordre ignominieux d’une retraite honteuse.
A l’heure actuelle Netanyaou est au sommet de sa popularité . Un sondage lui accorde le soutien de plus de 77 % des citoyens Juifs sur sa conduite de la guerre. Mais cela peut changer en un jour. Les critiques murmurées aujourd’hui à voix basse, y compris au sein de son propre gouvernement peuvent devenir majoritaires et être dites à voix haute.
A la fin Netanyahu peut être dévoré par le feu de super patriotism qu’il a lui même allumé.
Les images de mort et de destruction venant de Gaza ont fait profondément impression à l’étranger. Ces images ne pourront pas être éffacées d’un coup de gomme. Le sentiment anti Israélien restera, parfois mêlé à un veritable antisémitisme. The awful pictures of devastation and death coming out of Gaza have made a profound impression abroad. They cannot be simply erased. Anti-Israeli sentiment will remain, some of it tinged with outright anti-Semitism. L’affirmation ( fausse) d’Israel voulant être reconnue comme “l’Etat nation du peuple Juif” et l’identification presque totale des Juifs de la diaspora avec Israel, conduira inévitablement à reprocher à tous les Juifs les exactions d’ Israel.
L’influence de cette guerre sera encore bien plus importante dans le monde Arabe. Pour chaque enfant tué, pour chaque maison détruite naitra un nouveau « terroriste ».
Peut-être y a t il quand meme des conséquences positives.
Ette guerre a créer, temporairement une alliance improbable en Israel, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et l’AUtorité Palestinienne.
Il y a deux mois Abbas était le souffre douleur de Netanyahou. Maintenant il est le favori de Netanyahou et de l’opinion publique Israélienne. En Même temps, parodoxalement, Abbas et le Hams n’ont jamais été si proches.
Cela pourrait constituer une opportunité unique pour commencer sérieusement un processus de paix à la suite d’une solution au problème de la bande de Gaza.
Si…
Uri Avnery
* Uri Avnery est un écrivain et journaliste israélien né le 10 septembre 1923 à Beckum. Surtout connu pour être un militant des droits des palestiniens et pacifiste convaincu
Judith Butler, née le 24 février 1956, philosophe américaine et théoricienne du genre, domaine qui fait couler beaucoup d’encre ces temps-ci, est une intellectuelle complexe qui laisse peu de monde indifférent. Lauréate du Prix Adorno en 2012*, elle fut violemment attaquée pour ses positons critiques et antisionistes sur le conflit israélo-palestinien. Elle s’explique dans cette lettre : autoportrait épistolaire d’une des grandes figures intellectuelles de notre temps.
Le Jérusalem Post a récemment publié un article, rapportant que certaines organisations s’opposent à ce que je reçoive le prix Adorno, un prix décerné tous les trois ans à quelqu’un qui travaille dans la tradition de la théorie critique au sens large. Les accusations portées contre moi disent que je soutiens le Hamas et le Hezbollah (ce qui n’est pas vrai), que je soutiens BDS (partiellement vrai), et que je suis antisémite (manifestement faux). Peut-être ne devrais-je pas être aussi surprise du fait que ceux qui s’opposent à ce que je reçoive le prix Adorno aient recours à des accusations aussi calomnieuses, sans fondements, sans preuves, pour faire valoir leur point de vue. Je suis une intellectuelle, une chercheuse, initiée à la philosophie à travers la pensée juive, et je me situe en tant que défenderesse et dans la perpétration, la continuité d’une tradition éthique juive comme le furent des personnalités tel que Martin Buber et Hannah Arendt. J’ai reçu une éducation juive au Temple à Cleveland, dans l’Ohio sous la tutelle du Rabbin Daniel Silver où j’ai développé de solides fondements éthiques sur la base de la pensée philosophique juive.
J’ai appris, et j’accepte, que nous sommes appelés par d’autres et par nous-mêmes, à répondre à la souffrance et à réclamer, à œuvrer afin qu’elle soit soulagée. Mais pour ce faire, nous devons entendre l’appel, trouver les ressources permettant d’y répondre, et parfois subir les conséquences d’avoir parlé comme nous le faisons. On m’a enseigné à chaque étape de mon éducation juive qu’il n’est pas acceptable de rester silencieux face à l’injustice. Une telle injonction est difficile à mettre en œuvre, car elle n’indique pas exactement quand, ni comment parler, ni comment parler de manière à ne pas produire une nouvelle injustice, ou encore comment parler de façon à être entendue et compris clairement et justement. Ma position actuelle n’est pas entendue par ces détracteurs, et peut-être cela ne devrait-il pas me surprendre, car leur tactique consiste à détruire les conditions d’audibilité.
[…] Il est faux, absurde et pénible que quiconque puisse prétendre que ceux qui formulent une critique envers l’Etat d’Israël sont antisémites ou, si juifs, victimes de la haine de soi. De telles accusations cherchent à diaboliser la personne qui articule un point de vue critique et à disqualifier ainsi, à l’avance son point de vue. C’est une tactique pour faire taire : cette personne est inqualifiable, innommable, et tout ce qu’elle dira doit être rejeté à l’avance ou perverti de telle façon que la validité de sa parole soit niée. Une telle attitude se refuse à considérer, à examiner le point de vue exposé, se refuse à débattre de sa validité, à tenir compte des preuves apportées, et à en tirer une conclusion solide sur les bases de l’écoute et du raisonnement. De telles accusations ne sont pas seulement une attaque contre les personnes qui ont des opinions inacceptables aux yeux de certains, mais c’est une attaque contre l’échange raisonnable, sur la possibilité même d’écouter et de parler dans un contexte où l’on pourrait effectivement envisager ce que l’autre a à dire. Quand un groupe de Juifs qualifie un autre groupe de Juifs d’ « antisémite », il tente de monopoliser le droit de parler au nom des Juifs.
Ainsi, l’allégation d’antisémitisme recouvre en fait une querelle intra juive.
Aux États-Unis, j’ai été alarmée par le nombre de Juifs qui, consternés par la politique israélienne, y compris l’occupation, les pratiques de détention à durée indéterminée, le bombardement des populations civiles dans la bande de Gaza, cherchent à désavouer leur judéité. Ils font l’erreur de croire que l’Etat juif d’Israël représente la judéité de notre époque, et que s’identifier comme juif signifie un soutien inconditionnel à Israël. Et pourtant, il y a toujours eu des traditions juives qui s’opposent aux violences des Etats, qui prônent une cohabitation multiculturelle et défendent les principes d’égalité ; et cette tradition éthique vitale est oubliée ou écartée lorsque l’un d’entre nous accepte Israël comme étant le fondement de l’identité et ou des valeurs juives. Nous avons donc d’une part, les juifs qui critiquent Israël et pensent qu’ils ne peuvent plus être juif puisqu’Israël représente la judéité, et d’autre part, ceux qui pour qui Israël représente le judaïsme et ses valeurs, cherchant à démolir quiconque critique Israël en concluant que toute critique est anti-sémite ou, si juive, issue de la haine de soi.
Je m’efforce, tant dans la sphère intellectuelle que dans la sphère publique de sortir de cette impasse, de cet emprisonnement.
À mon avis, il y a de fortes traditions juives, et même des traditions sionistes initiales, qui attachent une grande importance à la cohabitation et offrent une panoplie de moyens pour s’opposer aux violences de toutes sortes, y compris la violence d’Etat. Il est très important en ce moment, pour notre époque que ces traditions soient soutenues, mise à l’honneur, vivifiées, inspirées – elles représentent des valeurs de la diaspora, les luttes pour la justice sociale, et la valeur juive extrêmement importante, celle de « réparer le monde » (Tikkun).
Il est clair pour moi que les passions soulevées par ces questions rendent la parole et l’écoute très difficiles. Quelques mots sont sortis de leur contexte, leurs sens déformés, et ils étiquettent, labellisent un individu. C’est ce qui arrive à beaucoup de gens qui émettent un point de vue critiquant Israël – ils sont stigmatisés comme antisémites ou même comme collaborateurs nazis ; ces formes d’accusations visent à établir les formes les plus durables et les plus toxiques de la stigmatisation et de diabolisation. La personne est ciblée, en sélectionnant des mots hors contexte, en inversant leurs significations et en les collant à la personne : annulant en effet les propos de cette personne, sans égard pour la teneur de ses opinions, de sa pensée.
Pour ceux d’entre nous, qui sommes des descendants de Juifs Européens, détruits, exterminés par le génocide nazi (la famille de ma grand-mère a été anéantie dans un petit village au sud de Budapest), c’est l’insulte la plus douloureuse et une véritable blessure que d’être désigné comme complice de la haine des Juifs ou d’être défini comme ayant la haine de soi. Et il est d’autant plus difficile d’endurer la douleur d’une telle allégation lorsqu’on cherche à promouvoir ce qu’il y a de plus précieux dans le judaïsme, cette réflexion sur l’éthique contemporaine, y compris la relation éthique à ceux qui sont dépossédés de leurs terres et de leurs droits à l’autodétermination, à ceux qui cherchent à garder vivante la mémoire de leur oppression, à ceux qui cherchent à vivre une vie qui sera, et doit être, digne de faire son deuil. Je soutiens le fait que ces valeurs soient issues d’importantes sources juives, ce qui ne veut pas dire que ces valeurs soient spécifiquement juives. Mais pour moi, étant donné l’histoire à laquelle je suis liée, il est très important en tant que Juive de m’élever contre l’injustice et de lutter contre toutes formes de racisme. Cela ne fait pas de moi une Juive qui a la haine de soi ; cela fait de moi une personne qui souhaite clamer un judaïsme qui ne s’identifie pas à la violence d’Etat mais qui s’identifie à une lutte élargie pour la justice sociale.
[…]
J’ai toujours été en faveur de l’action politique non-violente, principe auquel je n’ai jamais dérogé. Il y a quelques années une personne dans un public universitaire m’a demandé si je pensais que le Hamas et le Hezbollah appartenait à « la gauche mondiale » et j’ai répondu sur deux points :
Mon premier point était purement descriptif : les organisations politiques se définissant comme anti-impérialistes et l’anti-impérialisme étant une des caractéristiques de la gauche mondiale, on peut alors sur cette base, les décrire comme faisant partie de la gauche mondiale.
Mon deuxième point était critique : comme avec n’importe quel groupe de gauche, il faut décider si l’on est pour ou contre ce groupe, et il faut alors évaluer de façon critique leurs positions.
[…]
A mon avis, les peuples de ces terres, juive et palestinienne, doivent trouver un moyen de vivre ensemble sur la base de l’égalité. Comme tant d’autres, j’aspire à un régime politique véritablement démocratique sur ces terres et je défends les principes de l’autodétermination et de la cohabitation des deux peuples, en fait, pour tous les peuples. Et mon souhait est, ce que souhaitent un nombre croissant de juifs et non juifs, celui que l’occupation prenne fin, que cesse la violence sous toutes ses formes, et que les droits politiques de chaque habitant soient assurés par une nouvelle structure politique.