Dans la nuit du 7 au 8 mars, les Vingt-Huit et la Turquie sont parvenus à un accord censé endiguer l’afflux vers l’UE de réfugiés en provenance du Moyen-Orient. Le texte, qui doit être entériné lors d’un sommet européen le 17 mars, prévoit entre autres, le renvoi vers la Turquie des Syriens candidats à l’asile débarqués illégalement en Grèce (et l’accueil de ceux qui auront déposé une demande en Turquie), le versement d’une aide de 3 milliards d’euros supplémentaires à Ankara pour gérer les réfugiés, des patrouilles maritimes mixtes UE-OTAN en Mer Egée et la réouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. Si la presse turque fait preuve de réalisme, les journaux européens s’indignent de ce que l’UE se soit pliée aux exigences d’Ankara, au moment où le régime marque une dérive autoritaire sans précédent.
L’Europe brisée en deux au grand bal du Sultan
Il Sole 24 Ore, Milan, 8 mars Pour Adriana Cerretelli, le « pacte de fer » signé avec le pouvoir de Recep Tayyp Erdo?an a « érigé tout à coup la Turquie en 29e Etat membre de l’Union. De fait, si ce n’est de droit. » Qui plus est, après « un volte-face retentissant qui brise les résistances que l’on croyait insurmontables et, surtout, qui ignore les conditions minimales requises, à savoir le respect des valeurs fondamentales européennes, comme la liberté d’information et d’expression, l’égalité des sexes, la protection des minorités. » Ce n’est pas la première fois que les Européens font preuve d’une « amnésie sélective », poursuit la journaliste : « mais il n’était jamais arrivé qu’un candidat à l’adhésion, houspillé encore il y a peu parce qu’il ne remplissait systématiquement pas les conditions essentielles pour devenir un partenaire, rédige carrément un nouvel accord bilatéral dans lequel il multiplie par deux la demande de concessions en échange de l’endiguement des flux migratoires. C’est l’Europe habituelle, cynique et sans scrupules, mais pas plus lucide pour autant. Affaiblie par le triomphe de ses propres nationalismes, elle demeure prisonnière du risque habituel d’être incongrue. Même lorsqu’elle joue avec sa propre identité et qu’elle accepte de voltiger au grand bal du Sultan. On verra avec quels résultats à la fin. »
Culbute
Die Tageszeitung, Berlin, 8 mars « Pervers, fou, juridiquement contestable et moralement insupportable » : Eric Bonse ne mâche pas ses mots. Et sa virulente critique s’adresse avant tout contre la chancelière allemande Angela Merkel : « D’abord une roulade arrière, et maintenant une culbute ? Les méandres de la politique des réfugiés de l’UE laissent pantois. […] Tout d’un coup, non seulement la route des Balkans devrait être bloquée pour les réfugiés. Mais la mer Egée tout entière doit devenir une zone sans passeurs. Et encore plus fou : pour chaque migrant ‘illégal’ que la Grèce renvoie en Turquie, un [migrant] ‘légal’ doit venir en Europe. Ce soi-disant principe un-pour-un, serait, dit-on, une idée du Premier ministre turc Davuto?lu. En vérité, il porte la signature de Merkel – comme d’ailleurs tout ce sommet, qui a été convoqué à la demande de la Chancelière juste avant les élections régionales. Ce principe pervers signifie une rupture radicale avec le droit d’asile tel que nous le connaissons en Europe. Auparavant, ce droit était individuel, maintenant il sera éludé par l’expulsion massive des réfugiés. C’est juridiquement contestable; moralement, c’est insupportable. »
Le pacte de la honte
El País, Madrid, 8 mars Pour l’éditorialiste Rubén Amón, « l’Europe se renie elle-même, offrant à Erdogan l’adhésion de la Turquie à l’UE » : « Ne pouvant et ne voulant pas résoudre la crise des migrants, l’UE a décidé de la sous-traiter. Elle l’a externalisée. Elle a engagé la gendarmerie turque, pas tellement en échange de 6 milliards d’euros – le double de la somme prévue initialement – mais au prix incalculable du reniement des principes fondateurs de l’Union. Soit parce que l’Europe s’exempte de toute responsabilité humanitaire. Soit parce que l’accord entérine des expulsions à chaud. Soit encore parce que l’UE brade les conditions d’adhésion de la Turquie à l’UE. Le grand paradoxe étant qu’Ankara a avancé ses aspirations à l’intégration au moment où elle sape le plus ses standards démocratiques. »
La Serbie et le Kosovo se sont entendus vendredi à Bruxelles sur une gestion commune de leurs frontières et sur une représentation internationale du Kosovo sans que la Serbie ne reconnaisse l’Etat. Ce compromis, qui intervient juste avant les délibérations de ce lundi des ministres des Affaires étrangères de l’UE sur l’éventuel octroi à la Serbie du statut de candidat à l’adhésion, est très positif pour Belgrade, estime le quotidien Lidové noviny : « Cet accord arrive littéralement au dernier moment. Aucun progrès n’a été possible pendant des mois. Ce n’est pas un hasard si les choses avancent maintenant : les Serbes sont en effet sous pression. Ils espéraient obtenir dès le mois de décembre le statut de candidat à l’adhésion européenne. … La deuxième occasion approche maintenant. … La Serbie mériterait le statut de candidat. Elle s’efforce de remplir toutes les conditions et ne se trouve pas dans une situation plus mauvaise que la Croatie voisine. Si le statut de candidat devait ne pas lui être accordé, cela pourrait jouer en faveur des nationalistes aux élections du mois de mai. Ce serait à nouveau une régression considérable. »
La Commission européenne a proposé mercredi de geler les 495 millions d’euros de fonds de développement que doit recevoir la Hongrie l’année prochaine, en raison du non-respect par celle-ci du pacte de stabilité. Mais bloquer ce fonds de cohésion est incompréhensible au vu de la situation économique actuelle, critique le quotidien conservateur Dziennik Gazeta Prawna : « Si les Hongrois veulent venir à bout de la crise, ils ont besoin d’une croissance économique au même titre que les pays d’Europe méridionale. Actuellement, les prévisions du PIB pour 2012 varient entre zéro et 0,3 pour cent. Comme si la Commission n’avait pas remarqué le rôle particulier que joue la politique de cohésion pour les pays relativement pauvres de la soit disant nouvelle Europe en matière de relance économique. Il est difficile de trouver judicieux le gel de versements de près d’un demi-milliard d’euros alors que Budapest est au bord de la récession. »
Dans le débat relatif à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite en Pologne, le vice-Premier ministre et chef du parti paysan, Waldemar Pawlak, a proposé que pour chaque enfant mis au monde, une mère de famille voit son âge de départ à la retraite diminuer de trois ans. Cette proposition est inacceptable car elle fait de la femme une machine à procréer et occulte les problèmes essentiels, s’emporte la féministe Magdalena ?roda dans une tribune au quotidien libéral Gazeta Wyborcza : « M. le vice-Premier ministre se permet de réduire les femmes à leur fonction purement biologique de procréation. … Pour Pawlak il s’agit de ‘tradition’. Espérons que Pawlak soit pour sa femme un époux fidèle et généreux. Du moins jusqu’à ce qu’il rencontre une femme plus jeune. Car beaucoup d’hommes trouvent soudain une partenaire plus jeune. Une fois qu’ils mènent leur nouvelle vie, ils cessent tout bonnement de verser des pensions alimentaires convenables. Puis ils ne soutiennent plus leur ex-femme à l’âge de la retraite. C’est aussi une tradition. Et celle-ci est également soutenue par le parti paysan. »
Gazeta wyborcza 27.02.2012
Amsterdam : Big Brother à l’hôpital
Les autorités sanitaires néerlandaises ont ouvert une enquête contre la clinique universitaire d’Amsterdam (VU), celle-ci ayant autorisé une chaîne de télévision à filmer le service des urgences à l’aide de 30 caméras cachées. Les patients ont souvent été informés a posteriori que les prises étaient destinées à un reality show. La chaîne privée RTL a annulé l’émission prévue pour le samedi. Ce scandale digne de Big Brother est une conséquence du néolibéralisme, critique le quotidien de centre-gauche De Volkskrant : « Cette affaire dévoile clairement la dégénérescence des normes dans l’espace public. L’appétit de sensationnel des médias, soumis depuis l’avènement de la télévision commerciale au terrorisme de l’audimat, est aiguisé : tout ce qui peut rapporter de l’argent est le bienvenu. On constate en deuxième lieu la mercantilisation de la société. Les hôpitaux sont désormais eux aussi des entreprises qui doivent s’imposer sur le marché. Pour renforcer son image de marque dans une concurrence qui met en opposition les différentes cliniques universitaires, la VU est prête à tout. … Par manque de repères moraux, sa direction a oublié où étaient les limites. »
En Belgique, selon les données officielles, quelque 11.000 enfants et jeunes prennent des psychotropes. Une tendance dangereuse, estime le quotidien de centre-gauche De Morgen : « Sous la pression des vendeurs de médicaments, les sautes d’humeur pubertaires, les caractères rebelles ou les tendances à l’expérimentation – spécificités caractéristiques et même saines des jeunes – sont considérés comme les symptômes de maladies psychiques. … L’industrie pharmaceutique puissante et les médecins trop dociles sont responsables de cet état de fait, mais ils ne sont pas les seuls. La manière dont nous obligeons les enfants à prendre des médicaments reflète l’attitude de notre société en matière d’éducation. Les parents, peu sûrs d’eux, sont poussés dans ce piège par les images de parents et d’enfants parfaits. Ce qui est hors normes, appuyé par une littérature pseudo-scientifique, est jugé malade. … Nous nous rendons nous-mêmes dépendants de l’illusion d’un bonheur prescriptible sur ordonnance. »
Par Bruno Amable professeur de sciences économiques à l’université Paris-I Panthéon- Sorbonne, membre de l’Institut universitaire de France.
Qui aurait souhaité démontrer le caractère antidémocratique de la construction européenne aurait pu difficilement trouver un meilleur exemple que l’histoire du référendum grec. Sa tenue à l’automne avait été annoncée en juin mais cela n’a pas empêché les principaux chefs d’Etat et tous les professionnels de l’intégrisme européen de feindre la surprise et de hurler au «coup de poker irresponsable», mettant en garde contre les «conséquences imprévisibles» (mais certainement abominables) qu’aurait un refus du plan «de sauvetage». On connaît la suite, après s’être vu imposer une reformulation de la question à poser, Georges Papandréou a finalement dû abandonner son projet au terme d’un processus particulièrement humiliant qui a révélé que la Grèce, à la différence de l’Islande, avait un statut de protectorat.
Il y eut aussi cette lettre envoyée le 5 août par le président de la Banque centrale européenne (BCE) et son successeur au Premier ministre italien (son homologue espagnol était destinataire d’une lettre semblable) dans laquelle les premiers, employant à cette occasion le ton qui convient pour indiquer à son majordome la liste des tâches quotidiennes, enjoignaient à Silvio Berlusconi de procéder aux sempiternelles réformes néolibérales : déréglementation du secteur des services, privatisation complète des services publics locaux, décentralisation au niveau de la firme des négociations salariales, abaissement du niveau de protection de l’emploi, durcissement des conditions d’accès à une retraite complète, baisse des salaires dans la fonction publique, instauration de procédures de coupes automatiques dans les dépenses publiques en cas de dépassement des objectifs de déficit, réforme de l’administration pour que celle-ci soit plus «amicale» envers le monde des affaires… Il était aussi précisé que tout ceci devait se faire dans les meilleurs délais : par décrets avec une ratification par le Parlement avant fin septembre.
La démarche des deux banquiers centraux de Francfort a au moins le mérite de dissiper l’hypocrisie habituelle sur ce qui relèverait des domaines communautaires, partagé ou national. Visiblement plus rien n’échappe à la compétence de la Banque centrale européenne. Lorsque celle-ci fut instaurée, comme une banque centrale «indépendante», le traité de Maastricht lui interdit de «solliciter ou accepter» des instructions des gouvernements des Etats membres de l’Union européenne. A l’évidence, ces derniers auraient dû prévoir une clause de réciprocité.
L’intégration européenne a donc d’abord conduit à l’abandon du contrôle de la politique commerciale puis à celui de la politique monétaire avec la création de l’euro. Comme la monnaie unique impose aux pays de la zone euro qui ont perdu en compétitivité (ceux du sud de l’Europe notamment) de chercher à la regagner par la baisse des salaires et des prix au moyen de politiques macroéconomiques restrictives qui mènent à la récession, accroissent le chômage, creusent les déficits publics, rendent les problèmes de dette publique plus difficiles à résoudre et accroissent la fragilité financière, l’abandon de la maîtrise de la politique budgétaire est presque réalisé. Et le renoncement à la conduite de politiques structurelles, de politiques de l’emploi ou de politiques sociales qui s’écarteraient de la saignée néolibérale est en très bonne voie.
Il y a alors une erreur de raisonnement à penser que la situation actuelle, qui voit par exemple les Indignés occuper Wall Street plutôt que manifester devant la Maison Blanche, témoigne du recul de la politique face à l’économie. Ce que cela représente, en fait, c’est le recul de la démocratie élective face à une nouvelle forme de politique, non démocratique. Elle est menée en Europe par des technocrates qui se sont certes garantis une indépendance à l’égard du demos, mais n’en mènent pas moins une action politique au sens où les décisions qu’ils prennent, comme les mesures ou les législations qu’ils contraignent les gouvernements à adopter, favorisent ou protègent certains intérêts, notamment financiers, au détriment d’autres intérêts. De même qu’il n’est pas de pire idéologie que celle de l’absence d’idéologie, il n’est pas de politique plus hypocrite que celle qui se dissimule derrière l’«apolitisme» techniciste ou des «contraintes» qu’on a soi-même contribué à ériger. Abandonner la politique à la bureaucratie néolibérale est bien la dernière bêtise à faire en Europe.
Libération 08/11/11
Papandréou veut bien retirer son référendum mais la crise continue
Georges Papandréou a quasiment enterré jeudi son projet contesté de référendum sur le plan européen de sauvetage de la Grèce pour tenter d’éviter à son pays en crise politique aigüe, la faillite et la sortie de l’euro, alors que les pressions des pays créanciers ont continué de s’accumuler.
A la tête d’un gouvernement déchiré et sur le point de tomber, le Premier ministre grec, aux prises depuis des mois avec la tentaculaire crise de la dette en zone euro, a fait une concession de taille en se disant prêt à retirer son projet de référendum, qui a créé la stupeur en Europe et au delà en début de semaine.
Mais les moyens de sortir de la crise politique dans laquelle s’enfonce la Grèce sont encore loin d’être identifiés, aucun accord de gouvernement n’ayant été trouvé avec l’opposition de droite pour pouvoir ensemble approuver le plan européen de désendettement de la Grèce, adopté dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles.
Gouvernement de transition
Le leader de la Nouvelle Démocratie (droite) Antonis Samaras a pourtant lui aussi fait une concession en laissant entendre pour la première fois depuis le début de cette crise que sa formation était prête, devant la gravité de la situation, à envisager de participer à un gouvernement de transition.
«Là où on en est arrivé avec la politique du gouvernement (socialiste), le nouvel accord sur la poursuite de l’aide à la Grèce est inévitable et il faut le garantir», a déclaré M. Samaras.
Mais à peine les deux camps avaient-ils fait un pas l’un vers l’autre dans la journée que les vieux démons ont repris le dessus. Et le débat parlementaire censé aboutir vendredi à un vote de confiance sur la politique menée par le gouvernement s’est traduit par une reprise des hostilités.
M. Samaras a notamment exigé la démission du Premier ministre en réitérant ses exigences de la tenue d’élections anticipées.
Mais M. Papandréou a répondu qu’«un gouvernement responsable ne peut pas démissionner». Il a appelé en revanche tous les partis politiques «à la formation d’un gouvernement de coalition dans l’immédiat afin de rétablir la stabilité» et assurer l’aide européenne au pays.
A Cannes, réunis pour un sommet du G20, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont averti que la Grèce serait jugée sur ses actes.
Ils ont rappelé qu’ils attendaient d’abord de sa part un «oui» aux décisions prises le 27 octobre par les 17 pays de la zone euro et quelques dizaines de banquiers pour assurer le désendettement de la Grèce.
N’excluant plus une sortie du pays de la zone euro, les créanciers ont suspendu mercredi soir le versement de toute aide financière à la Grèce dans l’attente d’une clarification de la volonté des Grecs sur leur soutien au plan de désendettement du pays.
Sortie de la zone euro
Le président français, radouci, a rappelé ses origines grecques et fait part de son «admiration» pour ce pays, en expliquant qu’il ne voulait «en aucun cas» s’insérer dans la vie politique grecque. Mais il a justifié la position de fermeté adoptée la veille vis-à-vis de M. Papandréou destinée à «défendre l’euro et l’Europe».
«L’important, c’est qu’il y ait vite un ’’oui’’pour les décisions du 27 octobre» en Grèce, a résumé la chancelière allemande.
Dans la journée, l’éventualité de la formation d’un gouvernement de coalition avait encouragé la Bourse d’Athènes qui a clôturé en hausse, après s’être effondrée mardi et mercredi sur le projet de référendum qui a fait craindre aux investisseurs une faillite imminente du pays menaçant la viabilité de l’ensemble de la zone euro.
Dans un climat de grande fébrilité, traversé de rumeurs en tous sens, le ministre des Finances Evangélos Vénizélos, numéro deux du gouvernement et poids lourd de la majorité socialiste, a gardé la tête froide en annonçant publiquement pour la première fois l’échéance fatidique à laquelle est confrontée le pays: le 15 décembre.
Il a clairement fait comprendre qu’à cette date, la Grèce serait en situation de défaut de paiement si elle ne recevait pas la sixième tranche du premier prêt accordé à Athènes en 2010 par l’UE et le FMI, soit 8 milliards d’euros.
Il a également réclamé officiellement à M. Papandréou d’annoncer l’abandon de son projet de référendum pour qu’un processus de validation puisse être entamé.
L’heure de vérité devait sonner dans la nuit de vendredi à samedi, à la fin du débat parlementaire, où un vote de confiance était prévu.
AFP (3/11/11)
Papandréou attendu au G20
Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, qui se sont rencontrés à Cannes, où doit se tenir un G20 à partir de jeudi, se sont déclarés « déterminés » à faire appliquer le plan de sauvetage de la Grèce malgré l’annonce de référendum.
Georges Papandréou, dont la majorité au parlement fond comme neige au soleil, s’est rendu aussi à Cannes mercredi, où il a rencontré les dirigeants allemand et français, ainsi que ceux de l’Union européenne et du Fonds monétaire international.
L’accord européen du 27 octobre prévoit que les banques créancières de la Grèce acceptent de réduire de moitié la valeur des obligations de dette grecque qu’elles détiennent, ainsi que la poursuite du soutien financier des Etats européens à la Grèce, écrasée par sa dette et par la récession causée par les plans d’austérité successifs.
En échange, il prévoit un renforcement du contrôle des créanciers sur la marche budgétaire du pays, une accélération du programme de privatisations et la poursuite des sévères mesures d’austérité débutées en 2010.
« La seule voie possible »
L’accord est « la seule voie possible pour résoudre le problème de la dette grecque », a martelé Nicolas Sarkozy à l’issue d’une réunion interministérielle à l’Elysée.
Le message que les deux poids lourds de la zone euro doivent adresser à Georges Papandréou est brutal, mais limpide. « Il a le droit de faire un référendum, mais avant Noël et uniquement pour poser la question de l’appartenance à la zone euro », a commenté une source proche du gouvernement français, « et s’ils disent ‘non’, eh bien qu’ils en sortent ».
S’il a lieu, le référendum devrait se tenir en janvier et serait le premier dans le pays depuis celui qui avait aboli la monarchie en 1974.
A Athènes, la fronde de plusieurs parlementaires socialistes, dont l’une a réclamé un gouvernement « de salut national » pour garantir l’exécution du plan de sauvetage, a réduit à 152 sur 300 le nombre de députés acquis à Georges Papandréou.
Au milieu de cette crise politique qui pourrait entraîner la chute du gouvernement, la Grèce a annoncé mardi un changement de tout son état-major militaire.
AFP (02/11/11)
Papandréou est irresponsable
Si l’Europe a montré qu’elle voulait assumer ses responsabilités vis-à-vis de la Grèce, le référendum grec est en revanche une preuve d’irresponsabilité du pays vis-à-vis de l’Europe, critique le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung : « Par son cavalier seul dans le sens d’un référendum, Papandreou vient de replonger l’Europe dans l’incertitude qui caractérisait les jours précédant le sommet européen. Pire encore, alors que l’on pouvait encore agir ces dernières semaines, on risque aujourd’hui la paralysie totale. … Une issue est difficilement envisageable : si Papandreou décide de se retirer une nouvelle fois, il se désavouera lui-même et ne fera vraisemblablement qu’accroître la colère dans les rues d’Athènes et dans les rangs de son propre gouvernement. S’il va jusqu’au bout de son initiative, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, les Etats de la zone euro et l’UE dans son ensemble, la BCE et le FMI, en d’autres termes presque tout le reste du monde, devront trouver quelque chose pour couvrir la période qui s’étendra jusqu’à ce que la décision soit prise ; et aussi savoir quoi faire si une majorité de Grecs se prononcent contre le plan de sauvetage. »
Süddeutsche Zeitung (Allemagne)
Le peuple doit décider seul
Le référendum en Grèce est la bonne voie pour apporter plus de démocratie en Europe, estime le quotidien de centre-gauche Libération : « Papandréou soulève la seule vraie question : que pensent les peuples de la brutale cure d’austérité qui va s’abattre sur eux ? Merci aux Grecs, à l’avant-garde du désespoir, de la poser et d’y répondre en premier. Et de nous rappeler, au passage, que la crise économique sonne toujours le premier acte de l’ébranlement des démocraties. Nous vivons actuellement les effets d’un fédéralisme de la catastrophe, purement négatif. Qui conduit dans l’urgence à mettre sous tutelle certains Etats, dépouillés de leur souveraineté et repris en main par les prêteurs. Gouvernés, de fait, par les dirigeants élus d’autres pays. Dans ce schéma, les peuples ne sont qu’une variable d’ajustement, la démocratie une procédure risquée. En Europe… un fédéralisme positif, doté d’outils de contrôle et de gouvernement, conduira lui aussi à des pertes partielles de souveraineté. … Il devra nécessairement être contrebalancé par des institutions démocratiques. »
Libération
Les Grecs sont leur propre maître
Les vives réactions politiques et économiques consécutives à l’annonce d’un référendum en Grèce prouvent quatre choses, estime l’économiste João Pinto e Castro sur le site de blogs Jugular : « Premièrement, l’idée qui sous-tendait l’accord conclu la semaine dernière n’était pas d’exonérer la Grèce de 50 pour cent de ses dettes, mais de garantir 50 pour cent des paiements. Avec cet accord de nouveau remis en cause, les actions se sont immédiatement mises à baisser. Deuxièmement, le gouvernement allemand n’est pas le seul à avoir le droit de s’inquiéter de son opinion publique. Les Grecs décident dans leur propre pays et leur gouvernement doit répondre devant eux, même s’il prend ainsi des risques énormes. Troisièmement, même les pays en grande difficulté ont toujours une certaine marge de manœuvre. Il est désormais clair qu’aussi bien les débiteurs que les créanciers ont un problème, les deux ayant commis des erreurs dans l’évaluation des risques, et les deux devront au final renoncer à quelque chose. Quatrièmement, si montrer les muscles est la seule langue reconnue dans les relations internationales, chacun utilise les atouts qui sont à sa disposition pour obtenir l’effet voulu. »
Blog Jugular (Portugal)
Les eurocrates refusent d’admettre leur erreur
L’agitation suscitée par l’annonce du référendum grec révèle le véritable problème de l’Europe, à savoir la crainte des eurocrates quant à l’amère réalité de l’Union monétaire, estime le quotidien conservateur The Daily Telegraph : « Les eurocrates sont prêts à payer n’importe quel prix du moment qu’ils n’aient pas à reconnaître que la monnaie unique était une erreur. En d’autres termes, ils attendent de leurs citoyens qu’ils payent tandis que les fonctionnaires européens sont exemptés d’impôts nationaux. Les pays situés à la périphérie de l’Europe souffrent de la pauvreté, du chômage et de l’émigration, les pays au cœur de l’Europe de hausses d’impôts permanentes, afin que les partisans de l’euro puissent sauver la face. Il est triste de devoir écrire cela, mais les dirigeants de l’UE sont manifestement prêts à détruire la démocratie grecque et à anéantir l’économie grecque. Tout cela seulement pour empêcher l’échec de l’euro. »
Confrontés à la dure réalité des salaires impayés, des entreprises en faillite et du chômage de masse, les Grecs ont de plus en plus recours à la désobéissance civile. Va-t-on vers une reconfiguration du paysage politique grec ? se demande The Guardian.
A Thessalonique, parmi les bars élégants qui s’alignent sur le front de mer historique, un restaurant attire les regards. « Rendez-nous notre argent ! », clame une banderole accrochée à la devanture de cette franchise d’Applebee’s [chaîne américaine de restaurants-grills]. A l’intérieur, 12 salariés ont changé les serrures. Ils servent des canettes de bière de supermarché et dorment à tour de rôle sur le sol du restaurant pour protester contre des retards de salaires qui durent depuis plusieurs mois et la fermeture soudaine du restaurant. On a là un nouveau symbole de la crise financière grecque : une grève de serveurs avec occupation des locaux.
Margarita Koutalaki, une serveuse de 37 ans à la voix douce, divorcée et mère d’une fille de 11 ans, a travaillé ici à temps partiel pendant huit ans. Elle gagnait environ 6,50 euros de l’heure. Aujourd’hui, elle a installé son matelas gonflable dans une pièce à l’étage, occupant les locaux tandis que ses parents gardent sa fille.
« On me doit environ 3 000 euros de salaires impayés », explique-t-elle, rappelant qu’elle partage le sort d’une multitude de salariés dans toute la Grèce, qui ont plusieurs mois de salaire en retard, leurs entreprises étant en difficulté.
« On nous a d’abord dit qu’on nous paierait le mois suivant, puis la paie s’est arrêtée complètement et on nous a appris par téléphone que le restaurant fermait. Nous travaillons toujours, nous faisons tourner l’entreprise, nous fournissons de la nourriture et des boissons à ceux qui nous soutiennent. Nous avons davantage de clients qu’autrefois. C’est la seule action que nous puissions faire, cela s’est imposé comme une évidence. »
Les serveurs proposent des boissons bon marché et des dîners à prix réduits à ces « indignés », dont le mouvement est apparu il y a quatre mois. Auparavant, cette nouvelle clientèle, souvent gauchiste, n’aurait jamais mis les pieds dans ce bastion de l’impérialisme. Une banderole en anglais appâte les touristes en proposant des souvlakis et des boulettes de viande bon marché « pour soutenir les travailleurs ».
Voilà un mois que la Grèce est paralysée par une grève générale anti-austérité. Ainsi, la place Syntagma, à Athènes, a été le théâtre d’importantes mobilisations, avec des batailles rangées entre la police et les manifestants.
Le mouvement n’a pas faibli pendant les vacances d’été
Les Grecs se méfient plus que jamais de la classe politique et doutent de sa capacité à les sortir de cette crise financière sans précédent. Les sondages font apparaître un mépris grandissant envers tous les partis, ainsi qu’un discrédit du système politique. Le chômage touche 16 % de la population active, atteignant des sommets parmi les jeunes. Ceux qui ont la chance d’avoir encore un emploi ont subi de fortes baisses de salaire, ce à quoi vient s’ajouter l’augmentation des impôts.
Récemment, les médecins et les infirmières se sont mis en grève pour protester contre les coupes budgétaires dans les hôpitaux. Ces deux dernières semaines, les chauffeurs de taxi en grève ont perturbé la circulation dans toute la Grèce, protestant contre l’ouverture de leur secteur à davantage de concurrence. Ils ont notamment bloqué les accès aux ports et occupé le bureau de délivrance des billets pour l’Acropole, laissant passer les touristes gratuitement.
Fait essentiel, le mouvement de désobéissance civile n’a pas faibli pendant les vacances d’été : des citoyens lambda refusent toujours de payer les péages, les tickets, les hausses des honoraires médicaux, etc. Le mouvement « Nous ne paierons pas » se veut l’expression par excellence du « pouvoir du peuple ». Ses organisateurs annoncent que l’offensive pourrait reprendre de plus belle en septembre, lorsque le gouvernement va lancer une nouvelle série de mesures d’austérité.
Sur la route principale Athènes-Thessalonique, tandis que les automobilistes regagnent Thessalonique après un dimanche à la plage, une foule de manifestants en gilets de sécurité orange montent la garde au poste de péage principal menant à la deuxième ville de Grèce. Leurs gilets sont frappés du slogan : « Désobéissance totale ». Ils soulèvent les barrières rouges et blanches et invitent les conducteurs à passer sans payer les 2,80 euros de péage. Sur leurs banderoles, on peut lire : « Nous ne paierons pas », ou encore : « Nous ne donnerons pas notre argent aux banquiers étrangers ». Les automobilistes passent, reconnaissants, certains adressant un signe d’encouragement aux manifestants.
Les partis de gauche ont adhéré
« Nous allons assister à un résurgence de la désobéissance civile à l’automne », nous déclare Nikos Noulas, un ingénieur civil de Thessalonique, dans un café du centre, tout en déroulant une série d’affiches appelant au refus de payer.
Dès le début de l’année, le mouvement battait son plein : les voyageurs étaient invités à resquiller dans le métro à Athènes, les manifestants ayant recouvert les distributeurs de tickets sous des sacs plastiques, et à Thessalonique, les usagers ont pendant longtemps refusé de payer le bus après la hausse du ticket imposée par des sociétés privées subventionnées par l’Etat. D’autres refusent de payer leur redevance de télévision.
Les partis de gauche ont adhéré au mouvement, lui donnant une plus grande visibilité. En mars, plus de la moitié de la population était favorable au principe du refus de payer. Le gouvernement a pourfendu ce qu’il qualifiait de « parasitisme » irresponsable, affirmant que les resquilleurs nuisaient à la réputation du pays et privaient l’Etat de sources de revenus indispensables. De nouvelles lois contre le resquillage ont été adoptées et la police a sévi.
« C’est le début d’un divorce entre les Grecs et leurs responsables politiques, affirme l’écrivain Nikos Dimou. Dans tous ces mouvements, on retrouve un même ras-le-bol de la classe politique ». A Thessalonique, les esprits sont particulièrement échauffés. Fin juillet, les « indignés » ont dû replier les tentes qu’ils avaient déployées sur la place Syntagma, mais la Tour blanche de Thessalonique, située sur le front de mer, est toujours entourée de tentes et tendue de banderoles affichant « A vendre » et « Pas à vendre ».
« La Grèce vit un tournant de son histoire politique »
Il faut dire que le nord de la Grèce a été particulièrement frappé par la crise. Des entreprises ont commencé à mettre la clé sous la porte avant même le début de la débâcle financière. Résultat, l’activité économique est au point mort, et la mairie de Thessalonique a même pu afficher une nette amélioration de la qualité de l’air dans cette ville jusqu’alors congestionnée. Le 10 septembre, quand le Premier ministre grec Georges Papandréou se rendra à la célèbre foire internationale de Thessalonique pour présenter ses nouvelles mesures économiques, il sera accueilli par des manifestations.
Les indignés de Thessalonique pratiquent le flash-mobbing (mobilisations éclair), notamment devant des banques ou des bâtiments publics. Leur dernière cible a été le consulat d’Allemagne, devant lequel des dizaines de manifestants ont scandé des slogans et peint les trottoirs à la bombe, exigeant de l’Union européenne un plus gros effort, tandis que des policiers en civils se contentaient de regarder.
Antonis Gazakis, professeur de langue et d’histoire, affirme qu’il est frappé de voir qu’aujourd’hui le mouvement fait de nouvelles recrues, issues de toutes les tendances politiques, certains manifestants [de la Tour blanche] n’étant liés à aucun parti et ne s’étant jamais mobilisés auparavant. Ils veulent tous participer pleinement à ce débat sur les moyens de renouveler un système politique et parlementaire qu’ils jugent corrompu. « La Grèce vit un tournant de son histoire politique, assure Gazakis. C’est pourquoi je compte bien rester ici cet été. La dernière fois que le peuple est descendu dans la rue pour exiger un changement de constitution d’un telle importance, c’était en 1909. C’est une occasion idéale, un changement de modèle. La Grèce s’est réveillée. »
La participation des créanciers privés confirmée en France, en débat dans le reste en Europe
Alors que Nicolas Sarkozy a annoncé que des créanciers privés prendraient part à un nouveau plan de soutien français en faveur de la Grèce, banquiers et responsables gouvernementaux européens se sont réunis sur le sujet, sans pour autant décider.
C’est au moment où l’on apprenait que l’Institut de la finance internationale (IIF), principal lobby des banques, devait se réunir lundi matin à Rome avec les responsables gouvernementaux européens, que Nicolas Sarkozy a confirmé la proposition d’un nouveau plan français en faveur de la Grèce, auquel prendraient part des créanciers privés.
Banquiers, responsables gouvernementaux européens, et représentants du secteur public et du secteur privé, dont Vittorio Grilli, le président du Comité Economique et Financier européen et Charles Dallara, directeur général de l’IIF, ont participé à cette réunion. La nouvelle proposition élaborée par le Trésor français et des banques françaises a été étudiée.
Le plan mis au point ce week-end prévoit que les banques et assurances françaises créancières de la Grèce réinvestissent, sur la base du volontariat, 70% des sommes qu’elles perçoivent lorsque Athènes leur rembourse des obligations arrivées à échéance. Sur ces 70%, 50% doivent allouées à des nouveaux emprunts publics grecs à 30 ans, et 20% doivent être placés sur une sorte de garantie qui sécurise cette nouvelle dette grecque.
A l’issue de la réunion, aucune décision n’a cependant été prise à l’échelle européenne. « Cette réunion était un échange de vues à un niveau technique entre le monde financier et les responsables européens », a indiqué une source gouvernementale à l’AFP à l’issue de cette réunion.
Des négociations entamées avec les assureurs depuis mercredi
Les autorités des pays de la zone euro avaient entamé dès mercredi des négociations avec les créanciers privés de la Grèce, principalement des banques et des assureurs, pour obtenir d’eux une participation volontaire au nouveau plan de soutien à l’Etat grec. Selon un porte-parole de l’IIF, M. Dallara a rencontré ces derniers jours des « responsables publics et des créanciers privés afin de fournir un soutien informel à la poursuite du programme grec ».
L’enjeu de ce consensus consiste à éviter que la formule adoptée ne soit interprétée comme un défaut de paiement par les agences de notation, ce qui pourrait déclencher une réaction en chaîne et menacer le système financier tout entier. Malheureusement, cette réunion qui aura lieu au siège du Trésor italien à huis clos ne sera pas suivie d’une conférence de presse.
New Assurance Pro avec AFP
« Nous voilà endettés pour trente ans ! »
Le quotidien de gauche Eleftherotypia ne partage le soulagement du reste de la presse grecque après l’adoption du second plan européen pour le sauvetage du pays.
Le plan accordé hier à la Grèce nous plonge dans un tunnel d’emprunt de trente ans. Le futur est incertain quant à la sortie du pays de la tutelle économique internationale, d’autant que la dette grecque sera désormais qualifiée de « défaut sélectif » par les agences de notation. Tout les dirigeants européens ont mis de l’eau dans leur vin et ont reculé sur les objectifs ; surtout le gouvernement grec. D’ailleurs, peut-on vraiment parler de plan de sauvetage ? Devant nous, une seule issue se dessine : « Un nouveau plan de sauvetage pour le pays, avec le FMI et une participation volontaire des banques » comme l’indique le texte rédigé par les Vingt-sept.
La participation du secteur privé n’a pas été précisée avec exactitude et la possibilité d’une mise en faillite n’a pas été écartée ; l’éventualité d’une contagion aux autres pays en difficulté non plus. Cela signifie que ce programme pourrait s’accompagner d’un taux d’intérêt supérieur à ceux pratiqués habituellement (2,8 % pour l’Allemagne, 3,5 % pour le reste de l’Europe en moyenne). D’autres détails sont tout aussi inquiétants.
La participation volontaire de 50 milliards serait, si on en croit les données de l’Institute of International Finance, un simple programme de « roll-over », c’est à dire un simple roulement sans résoudre le problème de la dette. Ce roulement réduit la marge de manœuvre des banques. Et les agences de notation pourront toujours taper sur le défaut sélectif de la Grèce.
L’apport de liquidités aux banques grecques est inutile. Il s’agit de de 35 milliards pour couvrir leurs besoins en cas de difficulté. Au total, les banques greques ont reçu quelque 100 milliards. Mais l’UE veut que ce financement assure le développement, c’est à dire fournir des liquidités aux marchés pour encourager les entreprises. C’est l’essence du nouveau « plan Marshall ». Or pour l’instant elles ne le font pas.
On ne sait toujours pas quelles mesures d’austérité accompagneront ce nouveau plan.
Est-ce que le sauvetage des banques comprend aussi les caisses d’assurances ? Elle aussi possèdent, pourtant, des obligations… Que de questions en suspens sur des mesures qui seront au final, peut-être, testées sur la Grèce pour mieux être appliquées ailleurs… La seule chose de sûre est que les technocrates américains et européens se préparent à s’installer en Grèce pour au moins 30 ans afin d’exercer un contrôle international sur les comptes du pays.
Eleni Kostarelou (Eleftherotypia)
La Grèce, esclave de l’Europe
Privés du contrôle de la dette de leur pays, les Grecs sont châtiés et pressurés par la BCE et le FMI. Le point de vue d’un économiste américain.
Imaginez que, au cours de l’année la plus noire de notre récente récession, le gouvernement des Etats-Unis ait décidé de réduire le déficit budgétaire de plus de 800 milliards de dollars en taillant dans les dépenses publiques et en augmentant les impôts. Imaginez que, conséquence de ces mesures, la situation économique se soit détériorée, que le chômage ait crevé le plafond, pour dépasser 16 %. Imaginez maintenant que le président promette de récupérer 400 milliards de dollars de plus cette année, en économies et en hausses d’impôt supplémentaires. Comment croyez-vous que réagirait l’opinion publique ?
Probablement comme elle le fait en Grèce aujourd’hui, manifestations de masse et émeutes comprises. Car c’est exactement ce qu’a fait le gouvernement grec. Les chiffres ci-dessus sont simplement proportionnels aux dimensions respectives des deux économies. Certes, le gouvernement américain ne se risquerait jamais à ce qu’a entrepris son homologue hellène : n’oubliez pas que la bataille du budget d’avril dernier, qui a vu les républicains de la Chambre menacer de faire tomber le gouvernement, a abouti à des coupes budgétaires de 38 milliards de dollars seulement.
Les Grecs sont d’autant plus en colère que le châtiment collectif dont ils sont victimes leur est infligé par des puissances étrangères – la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI). Cela met en lumière ce qui est peut-être le problème le plus aigu, celui qu’incarnent des institutions supranationales, orientées à droite et échappant à tout contrôle. La Grèce n’en serait pas là si elle n’était pas membre d’une union monétaire. Si ses propres dirigeants étaient assez idiots pour, de leur propre chef, pratiquer des coupes claires dans les dépenses publiques et augmenter les impôts en pleine récession, ils seraient remplacés. Puis un nouveau gouvernement ferait ce que la grande majorité des gouvernements de la planète a fait lors de la récession de 2009 : exactement le contraire. Ils mettraient en œuvre un plan de relance, ou ce que les économistes définissent comme une politique contracyclique.
Et si cela devait passer par une renégociation de la dette publique, alors c’est ce que ferait le pays. De toute façon, c’est ce qui se produira, même sous la férule des autorités européennes, mais au préalable celles-ci soumettent la Grèce à des années de souffrances inutiles. Et elles profitent de la situation pour privatiser des actifs publics pour une bouchée de pain et restructurer l’économie et l’Etat grecs à leur convenance.
Châtiment collectif
Un gouvernement grec démocratiquement responsable adopterait une ligne beaucoup plus dure face aux autorités européennes. Par exemple, il pourrait commencer par un moratoire sur le paiement des intérêts, qui se montent actuellement à 6,6 % du PIB. (C’est un fardeau terrible, et selon les prévisions du FMI il devrait représenter 8,6 % du PIB d’ici à 2014. En comparaison, en dépit de tout le tintamarre qui se fait à propos de la dette américaine, le taux d’intérêt net sur la dette publique étasunienne représente aujourd’hui 1,4 % de son PIB.) Cela dégagerait assez de fonds pour un programme sérieux de relance, tandis que le gouvernement négocierait une inévitable révision de la dette à la baisse. Bien sûr, cela exaspérerait les autorités européennes – qui considèrent la situation du point de vue de leurs grandes banques et des créanciers –, mais le gouvernement grec se trouverait au moins dans une position raisonnable avant d’ouvrir les négociations.
A en juger par la toute dernière révision de l’accord entre le FMI et Athènes, il semblerait que l’euro soit encore surévalué de 20 à 34 % pour l’économie grecque. Ce qui écarte encore un peu plus la possibilité d’une reprise engendrée par une “dévaluation interne” – qui consiste à rendre l’économie plus compétitive en maintenant le chômage à un niveau extrêmement élevé pour faire baisser les salaires. Mais le plus gros problème, c’est que la politique budgétaire du pays ne va pas dans le bon sens. Et, évidemment, Athènes ne peut pas faire jouer la politique monétaire, puisqu’elle est sous le contrôle de la BCE.
Les autorités européennes disposent de tout l’argent nécessaire pour financer un programme de relance en Grèce, tout en renflouant leurs banques si elles ne veulent pas les voir essuyer les pertes inévitables liées à leurs prêts. Rien ne justifie que l’on continue ainsi à infliger un châtiment sans fin au peuple grec.
Mark Weisbrot (The Guardian)
Note : * Economiste et codirecteur du Center for Economy and Policy Research, un centre de recherche de Washington, il publie régulièrement des chroniques pour The Guardian.
L’été européen sera chaud, mais orageux, Le Monde 24 mai 2011
Le printemps arabe sera-t-il suivi d’un été européen ? La question revient à nous demander si l’ingrédient qui a mis le feu aux poudres en Tunisie pourrait exploser à la Puerta del Sol à Madrid et dans d’autres villes ibériques. « Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des politiciens et des banquiers » clame la banderole de cette photo.
Le problème de l’emploi des jeunes était l’un des premiers slogans tunisiens, et est au cœur de la réalité européenne. Depuis des années, les jeunes, même éduqués et diplômés, ne trouvent plus de travail dans la plupart des pays européens. Ils expriment un ras le bol face a l’egoisme de leurs aînés.
Des systèmes provisoires ont été mis en place pour organiser des formules contractuelles à court terme qui leur permettent de travailler. Les entreprises en ont fait un usage abondant, sans nécessairement se sentir la moindre obligation d’engager à la suite de ces « stages ». Il semblerait que les statistiques soient désastreuses et que les entreprises se soient contentées de « consommer » une main d’oeuvre à court terme. La demande classique « Venez nous revoir lorsque vous aurez eu un premier emploi » est un déni : quelles sont les entreprises qui offrent ces premiers emplois d’une manière qui permette d’envisager une carrière ?
Après l’Espagne, le mouvement des Indignés fera-t-il tâche d’huile en région ?
Jeunesse indignée à Madid
Le midi Libre le 24/05/2011 à 00h00 C. GREUET (avec AFP) 25/05/2011
D’inspiration espagnole, le mouvement « Réelle démocratie, maintenant ! » organise plusieurs rassemblements dans plusieurs régions de France, dont le Languedoc-Roussillon. (AFP) Le mouvement des « indignés » continue à faire rage en Espagne, alors que des sympathisants français commencent à se réunir, via internet, dans de nombreuses grandes villes françaises. Dans la région, des campements sont d’ores et déjà organisés à Perpignan, Nîmes et à Montpellier. Une foule de jeunes et de sympathisants a de nouveau envahi mardi soir le village alternatif de la Puerta del Sol, dans le centre de Madrid, où se poursuit le mouvement de protestation des jeunes « indignés » contre le chômage, la crise et la classe politique « corrompue ». Des centaines de personnes participaient aux interminables assemblées qui émaillent les journées du campement, pendant que d’autres travaillaient à l’organisation du village, qui ne cesse de s’étendre et de se structurer depuis une semaine. « Il y a toujours une importante participation citoyenne », assurait Nerea, une des porte-parole. Les grands rassemblements de la semaine dernière, qui ont réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes à la Puerta del Sol et tout autour, ont laissé place à une mobilisation moindre, une fois passées les élections locales qui avaient constitué le premier objectif du mouvement.
En France, le collectif « Belle démocratie maintenant ! », calqué sur le « Democracia real, ya ! » des jeunes espagnols, appelle (sur le web et les réseaux) les citoyens à se réunir sur les places des grandes villes, pour la « régénération démocratique du système politique et défense d’une politique sociale ». Après la Place de la Bastille à Paris, des rassemblements sont organisés ce mercredi dans une vingtaine de villes françaises. Après que les forces de l’ordre aient prié lundi à une cinquantaine d' »indignés » de libérer la place de la République de Perpignan, de nouveaux rassemblements sont annoncés. Aujourd’hui, le mouvement appelle à rejoindre ce « campement permanent ». Des rassemblement similaire est également organisé aujourd’hui et demain à Montpellier, à l’Esplanade (18 h) et demain à Nîmes à la Maison carrée (19 h).
Les « indignés » se mobilisent , Le progrès de Lyon, le 26/05/2011 à 00:00
Ils sont une bonne centaine désormais à se regrouper sous la statue de Louis XIV au soleil couchant. Espagnols et Français qui veulent prendre part et relayer le printemps démocratique né sur la place Puerta del Sol à Madrid et qui progresse via les réseaux sociaux internet. Hier c’est à Athènes que des milliers de protestataires se sont retrouvés place Syntagma au cœur de la capitale grecque. Comme en Espagne, ils protestent contre les mesures d’austérité qui frappent le pays, englué dans la récession.
En France aussi des rassemblements fleurissent à Paris, à Lyon ou encore à Bayonne où a eu lieu hier un premier meeting. Ces personnes « courantes et ordinaires » réclament des « droits basiques » concernant le logement, le travail, la santé, l’éducation, l’égalité… Le droit au bonheur aussi. Parmi eux, Ophélie, petite brunette de 22 ans. « Je suis danseuse et je galère. Il n’y a pas de place pour les jeunes, pas de place pour la culture. On est à la veille d’élections et on se rend compte qu’aucun parti ne nous satisfait », déplore celle qui se dit « oppressée dans cette société qui manque d’humanité ».
Désenchantement et désir de changer les choses résument cette mobilisation citoyenne qui parle de révolution. « Je me retrouve dans ce qui se passe ici car l’état des lieux n’est pas acceptable. S’il y a un ailleurs pour sortir du désert dans lequel nous sommes, il faut y aller », développe de son côté un jeune qui après avoir enseigné deux ans à Marseille, a choisi de prendre une année sabbatique. Même constat de la part d’un étudiant en anthropologie. « Je suis en dernière année. On peut dire que ça va bien pour moi mais j’attends autre chose. » « Expliquer simplement la gravité de la situation actuelle », c’est ce que propose un peu plus tard dans la soirée, un plus âgé revendiquant des connaissances en économie. « Car il faut s’entendre et défendre les mêmes idées, les mêmes valeurs pour avancer et être toujours plus nombreux », défend à son tour au micro une jeune femme.
« Pour l’instant c’est le bordel, mais on va trouver une organisation », reconnaissait mardi soir un modérateur des débats. Chaque soir, des règles de fonctionnement sont prises ou rappelées. Et un nouvel ordre du jour est débattu. L’expulsion du site par la police risque de faire partie du rituel, même si le « yes we camp » exprimé ailleurs n’a pas encore gagné Lyon. Place Bellecour, des membres du campement libertaire monté en avril à la Croix-Rousse, poussent pour qu’un nouveau voit le jour. Leurs tipis et yourtes sont prêts à être acheminés. Pas forcément le genre des étudiants espagnols Erasmus du collectif lyonnais Democracia Real Ya ! (Démocratie réelle maintenant) à l’origine du mouvement lyonnais. Alors qu’en Espagne la jeunesse précaire, ceux que l’on appelle « los Indignados » (« Les indignés »), défie toujours les politiques après plus d’une semaine, à Lyon les citoyens indignés s’organisent pour durer. Un degré supplémentaire dans la mobilisation est attendue en fin de semaine.
« YES WE CAMP »: en France aussi les jeunes en ont ras-le-bol !
Le 24/05/2011 à 14h19 sur (Boursier.com) —
A l’image de ce qui se passe actuellement à Madrid, Génération Précaire relaie l’appel lancé par le mouvement « reelledemocratie.com » pour un rassemblement devant les marches de l’opéra Bastille à Paris tous les soirs à 19 heures « afin de faire entendre sa voix et rassembler de plus en plus d’ici dimanche 14H30 ». L’organisation commente : « Nous sommes des millions. Le mouvement est suivi dans toute l’Europe avec des manifestations en Grande-Bretagne ou encore en Grèce sous le slogan « People of Europe Rise Up » (Peuples d’Europe, soulevez-vous !). Solidaires de ces jeunes Espagnols qui ont eu le courage de se lever pour dire « stop », nous sommes à leurs côtés, et nous refusons le bizutage social actuel, tout en revendiquant une société ouverte à son avenir ». « Premiers touchés par la crise, les jeunes se révèlent une véritable variable d’ajustement et revendiquent un droit au travail qu’on leur refuse sous prétexte de crise économique mondiale » poursuit Génération Précaire qui « soutient les mouvements de protestations spontanés de cette jeunesse européenne et appelle à la mobilisation pour que l’on cesse de brader la jeunesse tout en consolidant un système qui a été sauvé sans contrepartie sociale ».
Rassemblements de solidarité avec les jeunes espagnols
(AFP) – le 24/O5/2011
Jeunesse indignée à Paris
PARIS — Inspirés par les manifestations espagnoles et les révolutions arabes, des centaines de jeunes se réunissent depuis quelques jours en France contre l’austérité et pour une « démocratie réelle », et prévoient un grand rassemblement dimanche place de la Bastille à Paris.
Si les protagonistes du printemps arabe luttaient chacun contre un ennemi physique explicitement féroce à déloger – leurs dictateurs respectifs -, les indignados européens luttent contre un ennemi autrement plus caché : un système que contrôle le pouvoir politico-financier, pouvoir sans tête, latent et invisible par principe. Seulement armés de leur indignation inspirée de Stéphane Hessel, leur problème est complexe : critiquant la main mise des marchés financiers sur les décisions économiques des états, ils contestent des institutions échappant en large partie (FMI, Commission Européenne) ou totalement (les marchés financiers, les banques) à la souveraineté des peuples. C’est sans doute ce qui explique leur programme de revendications inégales mais pourtant pas inintéressantes. Passage en revue de ce que veulent les contestataires.
1. Une « réforme de la Loi Electorale pour que toutes les voix aient la même valeur »
Ce qu’ils dénoncent : en apparence mystérieuse (les voix n’ont-elles pas déjà toute la même valeur qu’on soit un homme ou une femme, puissant ou misérable ?), cette revendication tend en fait à faire disparaître le bipartisme, en allant vers des élections aux résultats proportionnels, qui garantiraient ainsi l’expression de toutes les opinions. Les manifestent exigent aussi en toile de fond que les partis retirent de leurs listes les candidats les plus compromis dans des scandales de corruption.
Ce qui existe : en France, le scrutin est uninominal à deux tours. Les citoyens votent pour un candidat qui doit être un des deux « meilleurs » pour accéder au second tour où il doit alors obtenir la majorité absolue pour être élu. Ce mode de scrutin conduit a des alliances entre les deux tours qui lissent les dissensions politiques. Ceux qui n’en font pas sont privés de représentation. Le vote proportionnel permettrait à chaque parti (même les micro-partis) d’être représentés ; c’est un système où il s’agit moins de voter pour un homme que pour un parti ou un programme. Seulement sa mise en place reste extrêmement compliquée pour des raisons de calcul de la proportionnalité justement. Qui le propose ? Certainement pas le think tank Terra Nova qui cherche à renforcer le bipartisme en supprimant toutes les candidatures « hors système », pas plus qu’un micro parti comme Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan, qui pourrait pourtant trouver son compte dans la proportionnelle. En revanche, Marine Le Pen rappelle que le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple exige le respect et la juste représentation dans les institutions politiques de tous les Français et des formations politiques qui les représentent et considère que cette exigence de démocratie passe par l’instauration de la proportionnelle intégrale.
2. « L’établissement de mécanismes de démocratie directe, tant à l’échelle nationale qu’européenne »
Ce qu’ils dénoncent : la perte de la souveraineté du peuple citoyen. Ils constatent en effet que ni les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale, ni ceux de l’OCDE, de l’OMC ou encore des banques centrales, dont les décisions ont pourtant un fort impact sur la vie des populations, ne sont élus par elles. Ainsi les citoyens ne voteraient plus que pour des représentants sans pouvoir.
Ce qui existe : à l’échelle nationale, ça, c’est-à-dire un système en grande partie représentatif. A l’échelle européenne, les citoyens votent seulement pour le Parlement, qui partage ses pouvoirs législatifs avec le Conseil de l’Union Européenne.
Qui le propose ? Ceux qui pensent que la démocratie représentative dépolitise le citoyen, c’est-à-dire essentiellement des intellectuels. Le site d’Alain Soral Egalité et Réconciliation et l’association Attac arrivent aux mêmes conclusions sans proposer de moyens pour récupérer la souveraineté. Quelques socialistes arrivent aussi au même constat, mais se contentent d’en accuser la politique de Nicolas Sarkozy, tout en prévenant du danger d' »une démocratie directe ou d’une captation aristocratique des décisions. » Cette prise de position est symptomatique du paysage politique qui dénonce l’abstention, sans toutefois oser tenter de nouveaux modes électoraux. Le Front National se démarque de la classe politique en proposant « un grand référendum par an pourrait être organisé sur les orientations essentielles pour l’avenir de notre pays et de notre peuple » (réponse à Helder, dans l’article en lien).
3. La « création d’une Loi de Responsabilité Politique »
Ce qu’ils dénoncent : la corruption des politiques, particulièrement mise en valeur par les conflits d’intérêt de l’Affaire Woerth-Bettencourt. Ce qui existe : La loi (n°2007-1598) du 13 novembre 2007 relative à la lutte contre la corruption. Cette mise à jour de 2007 permet de réprimer « le trafic d’influence », c’est-à-dire le fait de monnayer l’influence d’un intermédiaire, pour obtenir un avantage d’un agent public exerçant dans une organisation internationale. La loi sanctionne aussi bien la tentative de corruption ou de trafic d’influence que sa réussite, et prévoit des peines spécifiques envers les commanditaires comme les bénéficiaires. Elle prévoit des peines spécifiques pour les actes de corruption commis dans le monde du travail. Seulement rien n’est prévu particulièrement contre la corruption politique et l’action de lobbying n’est toujours pas reconnu législativement. Qui le propose ? Les partis de la « droite des valeurs », c’est-à-dire Debout la République et le Fn qui oeuvrent pour une politique des mains propres et proposeraient l’inéligibilité en cas d’affaire de corruption.
4. Une « augmentation de la transparence au sein de l’Administration, publicité de toute information sur les dépenses publiques »
Ce qui existe : les rapports de la Cour des Comptes, une juridiction financière qui avertit le gouvernement, le Parlement et l’opinion publique sur l’état des comptes de l’Etat. Pour 2010, la Cour estime que le compte général de l’Etat en 2010 « est régulier et sincère et donne une image fidèle de la situation financière et du patrimoine de l’Etat « , même si elle enregistre un déficit historique. Le problème de ces rapports c’est qu’ils sont peu accessibles et nécessitent des médiateurs neutres qui décryptent et dégagent les points essentiels. Qui le propose ? Les Maquizards, un groupe émergent de hauts fonctionnaires anonymes, qui veulent « mettre sur la place publique ce que les gens du Siècle se disent entre eux, mais qu’ils n’oseront jamais écrire dans leurs papiers, ou dire dans leurs communications. »
5. La « défense de services publics et de qualité »
Ce qu’ils dénoncent : le sabotage des services publics pour justifier leur privatisation. Le Pr André Grimaldi l’expliquait déjà, indépendamment de la french revolution, au niveau du milieu hospitalier : l’Etat a fait entrer le service public dans « une logique gestionnaire », ce’st-à-dire de rentabilité. Il diminue son soutien financier aux services publics, sans que la demande baisse, ce qui entraîne une chute progressive de la qualité qui conduit, à terme, à se tourner vers le privé. Cet extrait du « Cahier de politique économique » n°13 de l’OCDE explicite bien cette logique : « Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement. » Ce qui existe : un démantèlement progressif des services publics en déficit. Voilà ce que ça donne si on fait un petit état des lieux. Justice : un tribunal sur trois en instance de fermeture, suppression programmée des juges d’instruction ; santé : baisse du remboursement des médicaments à vignette bleue, fermeture d’hopitaux et de services pas assez rentables décidée par la loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires » ; éducation : 16 000 postes d’enseignants supprimés, tandis que le nombre d’élèves augmente. Qui le propose ? La défense du service public est un combat de gauche (du PS au Front de Gauche) mais aussi désormais d’extrême droite.
6. L' »introduction d’une taxe sur les transactions financières internationales »
Ce qu’ils dénoncent : la spéculation et l’hypocrisie de la fiscalisation censée maintenir les grandes entreprises en France. Ce régime fiscal privilégié déjà dénoncé avec l’Affaire Bettencourt s’explique de la manière suivante : en démantelant les frontières, la mondialisation permet aux entreprises de jouer sur deux tableaux. En effet, elles peuvent réclamer un allègement des impôts auxquels elles sont assujetties dans leur pays d’origine, en mettant en avant les faveurs fiscales que des pays moins développés leur offrent. La France a donc créé des niches fiscales qui permettent aux entreprises du CAC 40 d’être taxées aux alentours des 8%. Seulement, selon l’économiste Frédéric Lordon, ces entreprises ne joueraient pas le jeu et engageraient économistes et juristes pour profiter des deux systèmes. Elles échapperaient ainsi au fisc, tout en bénéficiant d’un environnement (infrastructures, formation, etc.) financé par les impôts des autres contribuables. Qui le propose ? Le PCF et le Front de Gauche qui propose la « suppression des exonérations et aides aux entreprises » et l’association Attac qui propose « trois taxes pour maîtriser la spéculation ».
Tout comme en Espagne, la french revolution ne propose aucune plate-forme revendicative claire (même si des débats se déroulent sur le site Réelle Démocratie) et pourrait bien prôner pour les élections de 2012, soit l’alternance politique soit l’abstentionnisme, alors qu’elle les disqualifie dans ses revendications. Les manifestants iront-ils au bout de leurs idées, tandis que leurs revendications entrent en résonnance avec des idées politiques issues des deux extrêmes -gauche et droite-, qui ont tous les deux en commun de réclamer un retour à une nation souveraine, y compris dans le domaine économique ?
Les jeunes Espagnols commencent à essaimer en France
PARIS (Reuters)
Plusieurs dizaines de jeunes français regroupés tous les soirs depuis quelques jours place de la Bastille par solidarité avec les « indignés » espagnols appellent à un vaste rassemblement à Paris dimanche prochain. Des rassemblements sont prévus d’ici à là un peu partout en France mardi et mercredi, notamment à Lyon, Toulouse, Lille, Nantes, Strasbourg, Nantes ou Bordeaux. Le mouvement « Démocratie réelle, maintenant ! » estime que la mobilisation citoyenne des jeunes Espagnols, qui occupent depuis le 15 mai des places jour et nuit, concerne tous les Européens, qui doivent devenir « acteurs de cette dynamique de changement. ». « La révolte des pays arabes a traversé la Méditerranée. Le réveil du peuple espagnol envoie un message clair à tous les Européens, à nous de saisir cette opportunité », écrit-il sur son site internet. « Nous sommes pris à la gorge par les plans d’austérité qui se multiplient partout en Europe », ajoute-t-il, estimant que la crise économique et financière « touche tout le monde ».
« Démocratie réelle, maintenant ! » estime qu’en France, où les profits du CAC 40 ont doublé, le chômage des jeunes atteint 25 %. « En Espagne, c’est 40 % des moins de 35 ans qui sont sans emploi. »
Le mouvement a reçu le soutien de Génération précaire, qui souligne qu’en France aussi, « les jeunes en ont ras-le-bol ». « Nous sommes des millions. Le mouvement est suivi dans toute l’Europe avec des manifestations en Grande-Bretagne ou encore en Grèce sous le slogan » People of Europe Rise Up » (Peuples d’Europe, soulevez-vous !), écrit le mouvement dans un communiqué. Pour l’association, les jeunes, premiers touchés par la crise, « se révèlent une véritable variable d’ajustement et revendiquent un droit au travail qu’on leur refuse sous prétexte de crise économique mondiale. »
Gérard Bon, édité par Patrick Vignal
La « révolution » virtuelle deviendra-t-elle réelle ?,
Place de la Bastille, à Paris, mardi 24 mai. Copyright : Benjamin SEZE, témoignage chrétien
Le mouvement de protestation qui secoue l’Espagne depuis le 15 mai gagne la toile française. Néanmoins la mobilisation dans les principales villes de France reste réduite. Depuis vendredi, le souffle démocratique qui agite l’Espagne ces dernières semaines essaie de gagner la France via Internet. « Democratia Real Ya », disent-ils là-bas. « Une démocratie réelle maintenant », l’idée a séduit des internautes français. Sur Twitter, les messages pullulent. A travers le mot clé #frenchrevolution, des appels aux rassemblements dans les principales villes de France sont lancés quotidiennement. Des pages facebook sont nées et un site dédié au mouvement a été créé : Reelledemocratie.com. Plusieurs dizaines de personnes à Nantes, Marseille et Perpignan, entre 100 et 200 à Grenoble, Lyon, Montpellier et Toulouse, une centaine de plus à Paris… Peu relayé par les médias, l’engouement peine à se concrétiser sur le terrain. Et pour cause : se définissant comme « une mobilisation citoyenne totalement indépendante et autogérée », le mouvement ne bénéficie pas des relais et du soutien logistique des organismes politiques, syndicaux et associatifs. « Il y a une méfiance, voire une certaine défiance, de la part de ces jeunes vis-à-vis de tout type d’organisation politique, et même syndicale », constate Françoise, 55 ans, qui participe aux rassemblements place du Capitole, à Toulouse. « On sent bien que certains viennent de courants de gauche. Mais personne ne le revendique. Pour eux, si une tendance gagnait, ce serait perdu. »
Apolitique
Rester apolitique est un moyen de toucher un maximum de monde. « Il y a évidemment des jeunes militants d’extrême gauche, pourtant, nous voulons avant tout porter un discours citoyen », insiste Pablo, 26 ans, présent place de la Bastille, à Paris, mardi soir. Ce jeune Espagnol, qui travaille depuis quatre mois en France, était Plaza Catalunya à Barcelone ce week-end. « Cela n’a rien à voir, nous étions 15 000. Mais ici, c’est une bonne manière de commencer. » À quelques pas, assis sur le trottoir ou sur les marches de l’Opéra, les 200 participants français et espagnols sont regroupés en commissions. Quelques pancartes appellent les passants à se joindre à eux : « Venez donner vos idées, on a besoin de vous, de tous ». « Le mot révolution n’est qu’une métaphore de ce qui est en train de se passer », explique Pablo. « Nous savons que ce n’est pas une révolution classique, mais une mobilisation pacifique et modérée. » Le but : échanger des idées, et faire émerger des propositions qui seront ensuite adoptées en Assemblée générale. Pour l’instant, le discours n’est pas encore structuré et les revendications peu concrètes, néanmoins cela devrait venir. « Le monde ne se refait pas en cinq jours », justifie Françoise. Un premier manifeste, voté dimanche 22 mai par les 150 participants de Bastille, explique : « Depuis le début de la crise financière en 2008, nos gouvernants ont décidé de mettre à genoux les peuples au lieu de faire payer les banques. » Il annonce donc deux axes de revendications : « Régénération démocratique du système politique et défense d’une politique sociale ».
Test
La mobilisation a-t-elle des chances de décoller ? « Je ne sais pas, répond Françoise. Je sais toutefois que ce mouvement fait suite à de nombreuses mobilisations de la jeunesse (CPE, réforme Fillon, réforme Darcos, loi LRU…) et qu’il est une pierre de plus apportée à la prise de conscience de la réalité du monde injuste dans lequel nous vivons. » Pablo explique le succès espagnol : « En Espagne, il y a effectivement un très fort taux de chômage, mais nous avions surtout un discours connecté au citoyen. Nous avons repris des sujets qui reviennent dans les conversations – le chômage, la précarité, les inégalités, la corruption – et nous avons dit « il y a un problème, nous devons réfléchir à des solutions ». » Concernant la France, « tout dépend de l’organisation à venir du mouvement et de notre capacité à avoir un discours qui peut concerner le citoyen classique », conclut-il. Premier test, dimanche 29 mai, dans plusieurs grandes villes où sont programmés des « grands rassemblements populaires en solidarité avec la révolte en Espagne ».
A Marseille aussi, une poignée d’ « indignados » essaient de se faire connaître et ont organisé plusieurs manifestations ces derniers jours.
Depuis le début de la crise financière en 2008, nos gouvernants ont décidé de mettre à genoux les peuples au lieu de faire payer les banques. Les démocraties européennes ont été séquestrées par les marchés financiers internationaux. Nous sommes pris à la gorge par les plans d’austérité qui se multiplient partout en Europe. Le chômage a explosé et plonge dans la précarité et la misère des millions de personnes. La crise touche tout le monde. En France, alors que les profits du CAC 40 ont doublé, le chômage des jeunes atteint 25 %. En Espagne, c’est 40 % des moins de 35 ans qui sont sans travail. Solidarité avec les indignés Barcelonais violemment réprimés vendredi 27 avril 2011 matin (121 blessés)
Démocratie réelle… Maintenant ! La Spanish Revolution débarque à Marseille
25 Mai 2011 par Philippe Leger
Samedi 21 mai à Marseille, vers 20 h 30, cours Julien, les terrasses des restaurants sont bondées, on tchatche, on galéje, on flirte, on regarde le foot sur les écrans en plein air et, tout à coup, irruption de plus d’une centaine de manifestants, scandant des slogans en espagnol, brandissant des pancartes polyglottes: «Democratia real Ya!»… «Marsella – Frenchrevolution»… «Spanishrevolution»… «People of Europe Rise up!» Je me maudis d’avoir laissé à la maison mon appareil photo. Je pars aux renseignements. Une Espagnole, la trentaine (comme beaucoup de manifestants) m’apprend que « dans toutes les grandes villes du monde, Berlin, New York… des membres de sa communauté se rassemblent et défilent pour clamer leur indignation contre un système démocratique dévoyé, aux ordres des banquiers et de la puissance financière, d’une oligarchie qui ne défend que ses intérêts et oublie le peuple. » Nous échangeons nos adresses mail. Elle m’informe « qu’un rassemblement aura lieu demain, devant la préfecture ». Le soir-même, Raquel me précise dans un courriel* l’heure du rendez-vous et me fournit des informations, des adresses de sites pour approfondir ma connaissance du mouvement en cours. Dimanche, à l’heure dite, petit attroupement très pacifique d’une quinzaine de personnes, 20-30 ans devant la préfecture… et sans autorisation administrative ! Ces jeunes ont été informés de cette réunion d’information grâce aux réseaux sociaux, Facebook est le plus cité. Il y a des Marseillais pur sucre, une Allemande, des Espagnols…
A Marseille aussi, on manifeste (très timidement) pour une « Democracia real ya »
Par Esther Griffe le 24 mai 2011
A Marseille aussi, une poignée d’ « indignados » essaient de se faire connaître et ont organisé plusieurs manifestations ces derniers jours. L’évènement a été très peu relayé par les médias et pourtant, depuis plusieurs jours maintenant, un mouvement de protestation s’élève auprès des jeunes espagnols qui réclament de profonds changements sociétaux, comme l’explique le site Réelle Démocratie, version française du site espagnol Democracia Real Ya. Depuis le 15 mai, ils occupent la Puerta del Sol à Madrid. Et dans plusieurs villes de France aussi, le mouvement essaie de décoller comme à Nantes, Toulouse, Lyon ou encore Paris, où ils étaient près de 400 samedi dernier. Ce mouvement de protestation reste encore très discret dans les médias nationaux, ce qui peut expliquer la très faible mobilisation en France. Pourtant, à l’image des dernières révolution arabes, des jeunes français voudraient eux aussi mener leur French Revolution. A grand renfort de réseaux sociaux, on tente par tous les moyens de faire passer l’information. Pas sûr que ça prenne. La France n’est pas l’Espagne, et encore moins la Tunisie. Malgré plusieurs manifestations prévues sur l’ensemble du pays pour les prochains jours. Dimanche, ils n’étaient qu’une vingtaine en début de soirée mais gardent pourtant bon espoir. Alors feu de paille où début d’un grand mouvement ?
Les jeunes Européens sont solidaires. Ils veulent être écoutés. Respectés. Et représentés !
Si les élections régionales espagnoles des 15 et 22 mai constituent le détonateur, il est évident que le mouvement ne s’arrêtera pas avec la proclamation des résultats électoraux, la déculottée du parti de Zapatero et le triomphe des partis de droite. Il est clair que Sheila, comme toutes les hirondelles hispaniques, souhaite un printemps des peuples pour chasser, comme en Islande, les « partis majoritaires et leurs politiciens corrompus, pour juguler banquiers et financiers internationaux, réorganiser les priorités économiques et sociales, la vie démocratique… » Mais peut-on faire de la politique en dehors des réalités institutionnelles ? Probablement pas. À tout le moins, pas plus plus que les « institutionnels » ne peuvent continuer à faire de la politique en dehors des réalités véritables, celles que les personnes vivent dans leur chair et dans leur sang, faites de chômage, de difficultés financières, de difficultés à trouver un logement décent etc. L’année 2011, une année conviviale, sympathique, avant la grosse tempête… en 2012 ?
Vers un printemps européen ?
Il faudra davantage, croyons-nous, que des « mots d’ordre » relayés par une « presse vénale » et des médias trop souvent déconsidérés, pour démobiliser une jeunesse européenne diplômée et au chômage, à la puissance décuplée par les outils technologiques et l’internet (sa force et son talon d’Achille). Une jeunesse qui fédère d’autres catégories de la population, dans toutes les tranches d’âge. Et qui n’a plus rien à perdre ! Mais il y a plus important : grâce à la jeunesse d’Espagne, les jeunes d’Islande, de France, d’Allemagne et probablement de toute l’Union européenne commencent à croire qu’ils peuvent changer le monde. Ça, c’est nouveau ! Et réjouissant !
Nous sommes des personnes courantes et ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour travailler ou pour chercher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui travaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entourent.
Parmi nous, certain-e-s se considèrent plus progressistes, d’autres plus conservateurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéologies très définies, d’autres se considèrent apolitiques. Mais nous sommes tous très préoccupé-e-s et indigné-es par la situation politique, économique et sociale autour de nous. Par la corruption des politiciens, entrepreneurs, banquiers, … . Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue. Cette situation nous fait du mal quotidiennement ; mais, tous ensemble, nous pouvons la renverser. Le moment est venu de nous mettre au travail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure. Dans ce but, nous soutenons fermement les affirmations suivantes :
* L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.
* des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.
* Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.
* La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique.
* La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.
* La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.
Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.
* Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.
A la vue de cela, je suis indigné/e. Je crois que je peux le changer. Je crois que je peux aider. Je sais que, tous ensemble, on le peut. Sors avec nous. C’est ton droit.
MARSEILLE – Lieu : Cours Estienne d’Orves
14 h – Dimanche 29 mai 2011 – Appel national aux citoyens
Nous sommes des personnes venues de manière libre et volontairement, et qui avons décidé après la manifestation de continuer à nous réunir pour revendiquer la dignité et la conscience politique et sociale. Nous ne représentons aucun parti ni association.
Ce qui nous unit, c’est une vocation de changement. Nous sommes ici par dignité et solidarité avec ceux qui ne peuvent pas être présents. Pourquoi sommes-nous ici ? Nous sommes ici car nous voulons une société nouvelle qui donne la priorité à la vie au-delà des intérêts économiques et politiques. Nous plaidons pour un changement de la société et de la conscience sociale. Démontrer que la société ne s’est pas endormie et que nous continuerons à lutter de manière pacifique pour ce que nous méritons. Nous soutenons nos compagnons arrêtés après la manifestation et nous demandons leur mise en liberté sans charge. Nous voulons tout, nous le voulons maintenant, si tu es d’accord avec nous: REJOINS-NOUS! “C’est mieux prendre des risques et perdre que perdre sans avoir rien risqué”
Voici quelques unes des mesures que, en tant que citoyens, nous considérons essentielles pour régénérer notre système politique et économique. Tu peux donner ton avis et proposer tes propres mesures dans le forum.
1.- SUPPRESSION DES PRIVILÈGES DE LA CLASSE POLITIQUE:
Contrôle rigoureux de l’absentéisme des élus dans leurs fonctions. Sanctions spécifiques à l’abandon de fonctions. · Suppression des privilèges par rapport aux charges fiscales, aux années cotisées et au montant des pensions. Égalité du salaire des élus au salaire espagnol moyen plus les frais nécessaires indispensables pour l’exercise de leurs fonctions. · Suppression de l’immunité accordée aux responsables politiques. Imprescriptibilité des délits de corruption. · Publication obligatoire du patrimoine de tous les titulaires de fonctions publiques. · Réduction des postes à nomination discrétionnaire.
2.- CONTRE LE CHÔMAGE: · Une répartition du travail qui favorise la réduction du temps de travail quotidien et la conciliation de la vie professionnelle et la vie privée jusqu’à la disparition du chômage structurel (c’est à dire, jusqu’à ce que le chômage atteigne moins de 5%). · Retraite à 65 ans et aucune augmentation de l’âge de retraite tant que le chômage des jeunes n’ait pas disparu. · Prîmes pour les entreprises qui emploient moins de 10% de leur personnel en intérim. · Sécurité de l’emploi: interdiction de licenciements collectifs o pour des causes objectives dans les grandes entreprises tant qu’il y a de bénéfices, contrôle des grands entreprises afin de garantir qu’elles n’ont pas recours à l’intérim pour occuper des postes permanents. · Rétablissement de l’aide de 426 € pour tous les chômeurs de longue durée.
3.- DROIT AU LOGEMENT: · Expropriation par l’État des logements bâtis et non vendus afin de les placer dans le marché en tant qu’habitations à loyer modéré (HLM). · Aides au logement pour les jeunes est pour les personnes aux revenus modestes. · Possibilité d’hypothéquer sa maison pour rembourser son prêt immobilier.
4.- SERVICES PUBLICS DE QUALITÉ: · Suppression des dépenses inutiles dans les Administrations Publiques et mise en place d’un contrôle indépendant des budgets et des dépenses. · Embauche de personnel médical tant qu’il y a des listes d’attente de patients. · Embauche de personnel enseignant afin de garantir le ratio d’éleves para cours, les groupes de soutien scolaire et de rattrapage. · Réduction des frais d’inscription dans tous les établissements d’enseignement universitaire et mise à égalité du prix des licences et des masters. · Financement public de la recherche afin de garantir son indépendance. · Transport public à bas prix, de qualité et durable: rétablissement des trains qui sont en train d’être remplacés para les lignes de grand vitesse (AVE) à leurs prix initiaux, réduction du coût des abonnements de transport en commun, restriction de la circulation automobile privée dans les centres villes, aménagement de pistes cyclables. · Ressources sociales locales: application effective de la Loi de Dépendance, réseaux d’aides- soignant municipaux, services locaux de médiation et de garde.
5.- CONTRÔLE DES BANQUES: · Interdiction de toute sorte de sauvetage ou injection de capital aux banques: les banques en difficulté doivent faire faillite ou être nationalisés afin de créer une banque publique sous contrôle social. · Augmentation d’impôts pour les banques au prorata du coût social généré par la crise occasionnée par leur mauvaise gestion. · Remboursement à la caisse de l’état par les banques de tout le capital publique qui leur a été apporté. · Interdiction aux banques d’investir dans des paradis fiscaux. · Réglementation des sanctions aux opérations spéculatives et à la mauvaise pratique bancaire.
6.- FISCALITÉ: · Augmentation du taux d’impôt su la fortune et de l’imposition pour les banques. · Suppression des SICAV. · Rétablissement de l’impôt sur le patrimoine. · Contrôle réel et efficace de la fraude fiscale et de la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux. · Promotion international de la adoption d’une taxe aux opérations internationales (taxe Tobin).
7.- LIBERTÉS CITOYENNES ET DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE: · Non au contrôle d’Internet. Abolition de la Loi Sinde. · Protection de la liberté d’information et du journalisme de recherche. · Référendums obligatoires et contraignants pour les sujets d’ampleur qui modifient profondément les conditions de vie de tous les citoyens. · Référendums obligatoires pour toute mise en place des mesures dictées para l’Union Européenne. · Modification de la Loi Électoral afin de garantir un système représentatif et proportionnel réel, qui ne discrimine aucune force politique ou volonté social, où le vote blanc et le vote nul soient aussi représentés au sein du législatif. · Indépendance du Pouvoir Judiciaire: reforme du Ministère Public afin de garantir son indépendance; non à la nomination de membres du Conseil Constitutionnel et du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Pouvoir Exécutif. · Mise en place des mécanismes effectifs afin de garantir la démocratie interne au sein des partis politiques.