Une crise sociale plane sur les élections européennes

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Manifestation des gilets jaunes le 15 décembre 2018. [Ian Langsdon/EPA/EFE]

Les gilets jaunes en France et en Belgique pourraient bien être la partie émergée de l’iceberg d’un plus grand bouleversement social avant les élections européennes.

De manière justifiée ou non, la crise migratoire reste un thème clé à l’approche des élections du 26 mai prochain. Le sujet a semé le trouble dans l’Union européenne. L’arrivée massive de migrants en Europe a par exemple joué un rôle non négligeable dans la campagne du référendum sur le Brexit en 2016.

La Suède est quant à elle dans l’impasse politique, sans gouvernement, après la victoire de l’extrême droite lors des élections de septembre, avec un programme anti-immigration radical.

En Belgique, le Premier ministre Charles Michel a présenté sa démission après que son partenaire de coalition, le parti d’extrême droite flamand N-VA, a abandonné le gouvernement pour des divergences sur le dossier migratoire.

Mais dans d’autres pays, les cataclysmes politiques ont eu lieu pour d’autres raisons que l’immigration. En Slovaquie, le Premier ministre a été remplacé à la suite d’un soulèvement après l’assassinat du journaliste Ján Kuciak. En Espagne, Mariano Rajoy a été évincé à cause de scandales de corruption.

L’Italie est un cas à part : le pays a toujours été un laboratoire de projets politiques et a porté au pouvoir un gouvernement anti-establishment, avec le mouvement populiste 5 étoiles de Luigi di Maio et la Ligue d’extrême droite de Matteo Salvini. Une coalition qui a deux objectifs principaux : mettre un terme à l’immigration illégale et stimuler l’État providence. Ce dernier a été source de tensions avec la Commission européenne, soucieuse de maintenir la discipline budgétaire.

Le mal-être de la mondialisation

D’autres gouvernements au contraire n’ont pas fait du domaine social leur priorité et en ont payé le prix. Les événements ont été accélérés par la hausse des prix du pétrole, causée par les fluctuations du marché, mais aussi par les politiques fiscales visant à améliorer la qualité de l’air en réduisant l’utilisation du diesel. De la Bulgarie à la Croatie en passant par la France et la Belgique, la population est descendue dans la rue pour manifester.

Le dénominateur commun?? Ces personnes protestent contre la dégradation de leurs conditions de vie et ne veulent pas être représentées par les forces politiques existantes.

Au Portugal, en France et en Belgique, le mouvement a pris comme symbole quelque chose que tout le monde a à portée de main : le gilet jaune, obligatoire dans chaque voiture. Les personnes soutenant le mouvement, sans toutefois rejoindre les manifestants, pouvaient donc mettre leur gilet jaune de manière visible derrière leur pare-brise. Les « gilets jaunes?» sont soutenus par un pourcentage étonnamment élevé de la population.

Il est intéressant de noter qu’en Hongrie, malgré les nombreuses raisons qu’avait l’opposition de manifester contre les politiques de Viktor Orbán, le dénominateur commun qui les a unis était de nature économique et sociale : la loi dite de « l’esclavage », qui permet notamment aux employeurs de demander aux salariés de travailler jusqu’à 400 heures supplémentaires chaque année.

Signal universel

Selon l’analyste polonais Piotr Kaczy?ski, le signal que les gilets jaunes envoient dans toute l’Union est un message universel des «?laissés pour compte?», c’est-à-dire, des personnes fatiguées de la mondialisation.

Il estime qu’en réalité, la mondialisation tant vantée n’a profité qu’à une minorité de personnes, et clairement pas aux citoyens ordinaires, souvent sans emploi, sous-payés, sans sécurité de l’emploi, vulnérables face à un monde changeant, face à l’afflux de migrants du Sud et à la concurrence de l’Est.

Piotr Kaczy?ski soutient que la situation en Pologne n’était pas différente, bien que certains pensent que le pays a tiré profit de la mondialisation.

«?Le salaire moyen en Pologne, selon l’office statistique national, est de 1?100 € avant impôts et Eurostat dit que le chômage est inférieur à 4 %. Mais ce n’est que sous un astérisque (*) que l’on peut constater que 60 % des travailleurs polonais ne sont pas pris en compte dans la moyenne. Le salaire commun en Pologne n’était que de 350 € après impôts il y a deux ans », explique-t-il.

Reste à savoir si cela va se répercuter sur les résultats des élections européennes. Pour le Polonais, c’est évident : «?Les impatients ont déjà montré les dents avec toute sorte de votes de protestation contre les systèmes politiques de la plupart des États membres de l’UE et, maintenant, de l’Union elle-même. Mais ce n’est pas toujours une voix anti-européenne. Il y a de graves problèmes, beaucoup d’angoisse et de manque de patience et très peu de dirigeants qui s’attaquent aux vrais problèmes sociaux.?»

Georgi Gotev

Source Euractiv 03/01 2019

Croatie quand l’Etat brade sa souveraineté aux hedge fonds

Le Premier ministre Andreï Plenkovi doit faire face à de nombreux défis

Le Premier ministre Andreï Plenkovi doit faire face à de nombreux défis

Croatie L’Etat n’a plus son mot à dire

Face aux révélations quasi-quotidiennes de nouvelles irrégularités et d’imbrications entre politique et économie, Novi list craint que l’Etat croate n’ait bradé depuis longtemps sa souveraineté à des entreprises étrangères :

«Si l’on a cédé le contrôle d’un groupe qui est sous surveillance étatique à un hedge fonds étranger, si le droit de gage sur les biens immobiliers a été transféré à un agent situé à Hong Kong, il ne reste à la Croatie que de se torcher le cul avec la ‘Lex Agrokor’. On peut alors mettre au rencart les autorités judiciaires, le parlement, les tribunaux, le gouvernement et la présidente. Ils peuvent plier bagage et émigrer.»

Source : Novi list journal quotidien croate

Panique au gouvernement

 L’affolement provoqué par la perspective d’une commission d’enquête parlementaire montre combien l’affaire est explosive pour le parti au gouvernement HDZ, estime Jutarnji list La véhémence avec laquelle le HDZ s’oppose à une enquête parlementaire sur d’éventuelles implications politiques et sur la responsabilité des dettes colossales contractées par Agrokor et accumulées depuis des années, mais aussi l’entêtement du Premier ministre Andreï Plenkovi? et de sa marionnette [le président du parlement] Gordan Jandrokovi?, sont autant de signes révélateurs de la nervosité de l’équipe qui cherche à s’abriter du mal qui risque de s’abattre sur eux. …

Mais si le HDZ et ses acolytes réussissaient bel et bien à empêcher la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, une coalition croissante anti-HDZ risquerait de le mettre davantage en danger.»

Nino Dula

Source Jutarnji list journal quotidien croate

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Un WE à Avignon nombril du Théâtre

De quelle manière se bat-on pour avancer dans  un monde anormal  ?

De quelle manière se bat-on pour avancer dans un monde anormal ?

Chronique
Une ville à l’heure du choix. Un million de visiteurs sont attendus au Festival d’Avignon  qui propose plus de 1500 spectacles.

Il y a foule à Avignon où l’on attend un million de visiteurs, touristes culturels, parisiens (environ 25% du public), professionnels et amateurs éclairés… jusqu’au 26 juillet. Ce qui vous laisse moins d’une chance sur dix de parler à un avignonnais lorsque vous cherchez votre chemin. C’est bien-sûr le Off qui saute aux yeux, pavé de 1 480 spectacles proposés en trois semaines, contre une quarantaine pour le In – dont 29 coproductions – qui revendique 110 000 places payantes. Autrement dit, il est indispensable et pourtant impossible de se forger un avis sur une édition du festival d’Avignon. On fait des choix heureux ou malheureux…

Dans cette ville théâtre, un des élément frappant est la dimension du temps. Le temps que votre café refroidisse entre le moment où vous l’avez commandé et où il arrive, le temps de transport et de parking. Le temps passé dans les queues, où il faut bien dire, n’en déplaise à Olivier Py,  les parisiens ont acquis dans ce domaine une civilité disciplinaire qui dépasse de beaucoup le degré moyen de patience d’un méditerranéen.

A la différence du Off où le business horaire tourne à plein, les programmateurs du In laissent se déployer la durée nécessaire à l’expression théâtrale. C’est la tradition, et le public joue le jeu en restant concentré sur des spectacles dont la majorité dépassent trois heures. C’est rassurant,  mais cela surprend quand même, dans le monde numérique du spot publicitaire intrusif et du rasage gratis qui forge désormais notre quotidien.

Comme l’étau se resserre et qu’il faut bien faire  son métier : Parlons des spectacles. Ceux qu’on a vu dont on se serait passé, comme Memories of Sarajevo de Julie Bertin et Jade Herbulot. Les deux metteuses en scène et leurs acteurs, nous plongent dans la guerre en ex-Yougoslavie.

Livré comme élément d’une fresque historique qui ambitionne d’embrasser l’Europe, le sujet est bien creusé mais ce Sarajevo peu crédible, voire brouillon dans l’identification des appartenances fait naître une pièce bien plus pédagogique que théâtrale. Besogneux dans la restitution des faits et des gesticulations politiques, le spectacle plombé par vision chargée de pathos, ne décolle pas.

Le temps trop long, laisse place à un temps juste, proche de celui de Bergman, pour l’australien Simon Stone et son Ibsen Huis. La scénographie inventive, parfaitement appropriée, nous permet de suivre à travers les générations les mensonges qui vont miner la famille Kerkman. Leur maison de vacances est en verre. Elle tourne sur elle même et dans le temps. Chaque chapitre de la généalogie est une pièce.

Simon Stone puise dans la mythologie d’Ibsen, Solness le constructeur, Une maison de poupée, le Canard sauvage, Petit Eyolf, pour travailler ses personnages et recomposer une famille du XXIe siècle qui résonne à nos consciences. Une autopsie glaçante, économe et précise sur les ravages des non-dit pour tenter d’y voir clair.

JMDH

Source La Marseillaise 19/07/2017

Voir aussi : Rubrique Festival, Avigon 2017, L’Antigone fraternelle de Miyagi, Les Parisiens d’Olivier Py,rubrique Théâtre, Ibsen : Le dramaturge des invisibles sauts de l’âme,

Srebrenica: les Pays-Bas responsables du massacre

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Justice internationale En juillet 1995, 35o musulmans ont été massacrés par les Serbes dans une enclave sous protection des casques bleus néerlandais de l’ONU. L’Etat néerlandais est fautif, selon le TPI.

 

L’Etat néerlandais est tenu partiellement responsable du décès de 350 musulmans lors du massacre de Srebrenica en 1995, selon un jugement de la Cour d’appel de La Haye rendu mardi.

«La Cour juge que l’Etat néerlandais a agi illégalement» et «condamne l’Etat à verser une compensation partielle» aux familles des victimes, a déclaré la juge Gepke Dulek. Les Casques bleus néerlandais ont «facilité la séparation des hommes et des garçons musulmans tout en sachant qu’il y avait un risque réel qu’ils subissent un traitement inhumain ou qu’ils soient exécutés par les Serbes de Bosnie», a-t-elle expliqué.

Environ 8000 hommes et garçons musulmans ont perdu la vie en 1995 lors du génocide de Srebrenica, théâtre des pires atrocités commises en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

30% des dommages et intérêts

Les troupes néerlandaises, connues sous le nom de «Dutchbat», retranchées dans leur base, avaient recueilli des milliers de réfugiés dans l’enclave des Nations unies.

Mais, submergées, elles avaient d’abord fermé les portes aux nouveaux arrivants, puis permis aux Serbes de Bosnie d’évacuer les réfugiés. Les hommes et les garçons avaient alors été séparés et mis dans des bus.

«Dutchbat aurait dû prévenir ces hommes des risques qu’ils couraient et aurait dû leur laisser le choix de rester dans l’enclave pendant que leur famille était évacuée», a poursuivi la juge.

Toutefois, la Cour d’appel condamne l’Etat néerlandais à verser seulement 30% des dommages et intérêts réclamés par les familles des victimes car elle «n’est pas certaine que ces personnes n’auraient pas été tuées plus tard même si elles étaient restées dans l’enclave.»

Une cour inférieure avait déjà statué en 2014 que l’Etat néerlandais était responsable du décès de ces 350 hommes et garçons bosniaques.

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Présence contestée

L’Etat néerlandais avait fait appel du verdict, en disant que personne n’aurait pu prévoir un génocide. Aux Pays-Bas, le rôle des anciens Casques bleus néerlandais continue de susciter la controverse.

Plus de 200 d’entre-eux demandent également des dommages et intérêts au gouvernement pour les avoir envoyé à Srebrenica remplir «une mission irréaliste, dans des circonstances impossibles», selon les mots prononcés l’année dernière par Jeanine Hennis-Plasschaert, ministre de la Défense.

«A partir de demain (mardi), 206 de mes clients réclament une compensation de 22’000 euros chacun», a déclaré leur avocat à l’émission télévisée néerlandaise Jinek lundi soir. Au total, les dommages s’élèveraient à environ 4,5 millions d’euros. (ats/nxp)

Source : La Tribune de Genève 27/06/2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique UE, rubrique  De l’Etat de droit à l’Etat de sécurité, rubrique Pays-BasComment expliquer la réussite de Wilders aux Pays-Bas ?, rubrique PolitiquePolitique Internationale, rubrique Société, Justice,

Ventes d’armes pour la Syrie et le Yémen : la filière des Balkans

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En recoupant contrats officiels, photos d’avions, de cargos ou d’hommes armés sur les front syrien ou yéménite, un collectif de journalistes met pour la première fois au jour un circuit de vente d’armes entre les pays des Balkans et du Moyen-Orient.

Très peu d’informations ont filtré jusqu’ici sur les quantités colossales d’armes qui parviennent depuis cinq ans aux différents groupes combattants en Syrie et au Yémen. L’enquête menée par un groupe de journalistes d’investigation des Balkans (1) lève une partie du voile sur la provenance et la trajectoire de ce matériel destiné aux champs de bataille du Moyen-Orient. Le marché, évalué à 1,2 milliard d’euros, implique huit pays vendeurs d’Europe centrale et orientale (Bulgarie, Croatie, République tchèque, Roumanie et Slovaquie, membres de l’Union européenne, mais aussi Serbie, Bosnie et Monténégro) et quatre acheteurs l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats arabes unis et la Turquie. Des partenaires qui avaient très peu de relations commerciales avant le conflit syrien. Or, depuis 2012, des avions gros-porteurs chargés d’armes légères – fusils-mitrailleurs, lance-roquettes et munitions – décollent régulièrement des aéroports de Zagreb, Sofia ou Bratislava pour se poser à Djedda, Abou Dhabi ou Amman. Les livraisons ont considérablement augmenté en 2015 et comprennent du matériel plus lourd, y compris des chars de fabrication russe, acheminé par bateau.

Embargo contourné

«Ce commerce est certainement illégal, selon les experts des armements comme des droits de l’homme», souligne le rapport des journalistes produit dans le cadre d’un projet «pour une meilleure gouvernance». Ils ont traqué des documents et des photos sur les vols, les contrats, les rapports de l’ONU et de sources gouvernementales. Les licences d’exportation accordées contournent l’embargo décrété par l’UE sur les ventes d’armes aux belligérants en Syrie. Or des photos et des vidéos du terrain en Syrie, postées sur les réseaux sociaux montrent certaines de ces armes aux mains de brigades de l’Armée syrienne libre, soutenues par certains pays occidentaux et arabes, mais aussi de certains groupes salafistes.

Transactions pays par pays

 

Belgrade Airport | BIRN

Belgrade Airport | BIRN

Ces contrats ont rapporté des centaines de millions d’euros aux pays concernés et fait tourner leurs usines de production de munitions à plein régime. L’enquête publie les chiffres détaillés des transactions pays par pays. Ainsi, la Croatie et la République tchèque figurent en tête des vendeurs et 4 700 tonnes de matériel ont été livrés par la Bulgarie et la Roumanie à l’Arabie Saoudite. Le royaume sunnite, acheteur de près de 80% des armes des Balkans est aussi le principal bailleur de fonds des rebelles syriens. Il est en outre engagé dans une guerre au Yémen où des groupes de combattants sunnites porteurs d’armes d’origine balkanique ont été repérés sur des photos.

Les informations inédites de l’enquête des reporters des Balkans ont le mérite de révéler l’existence de l’une des filières d’armes vers les conflits sanglants de Syrie ou d’ailleurs dans la région. Les journalistes reconnaissent qu’il doit y en avoir bien d’autres et s’étonnent par exemple que le Qatar, connu pour être l’un des principaux fournisseurs des groupes armés syriens islamistes, n’apparaisse pas dans le commerce qu’ils ont mis au jour.

Hala Kodmani

(1) The Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) and the Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP)

Source : Libération 28/07/2016

Voir aussi : Rubrique Politique Comment la France est devenue une cible « légitime » pour les groupes djihadistes, rubrique Affaires, La France et l’Italie, premiers fournisseurs européens d’armes à KadhafiKarachi le dossier avance, Renault et la “fabrication de chars pour la Wehrmacht, rubrique Economie, Rubrique UE, rubrique Moyen Orient, Israël, Drones : les secrets de la success-story israélienne,