Bocaj partage son histoire d’amour

25322_294_Capture-4Le montpelliérain Jean-Paul Bocaj expose pour la première fois à l’Espace Dominique-Bagouet dédié aux artistes régionaux du patrimoine, jusqu’au 18 septembre

C’est une évidence pour tous les Montpelliérain(e)s que Jean-Paul Bocaj appartient au patrimoine vivant et artistique de la ville. Au point où l’on serait presque étonné que cette « consécration » officielle n’ait pas eu lieu plus tôt. Qui n’a pas croisé les égéries féminines pulpeuses qui habillent cycliquement les murs de l’Ecusson ?  Les femmes séduisantes de l’artiste apparaissent aux coins des rues sur des affiches, comme  celle de Jazz à Sète ou annonçant de multiple rendez-vous liés à la scène de Montpellier.  Bocaj est une star du off local qui traverse le temps d’un pas tranquille après en avoir fait éclater les formes.

Les femmes…

Contrairement à ce qui peut paraître au regard de son oeuvre, Bocaj est plutôt un homme réservé. Parlez-lui de Monica Belucci, vous aurez ce qu’il vous dira : « Je l’adore. Je me suis inspiré d’elle. Elle revient souvent, avec d’autres personnages comme Frida Kahlo ou Jean Gabin » qu’il désigne sur une toile intitulée Mélodie en sous-sol. Avec ce commentaire qui semble vouloir noyer le poisson : « J’ai pensé à ce qu’il disait : Moi je boirais du lait le jour où les vaches  mangeront du raisin. »  Et il y a ce qu’il ne vous dira pas, comme par exemple : Monica Belucci, exerce sur moi un attrait sensuel irrésistible…

Posez-lui une autre question innocente, à partir du constat factuel qu’il met toujours du monde au balcon, du type : Envisagez-vous un jour de peindre Jane Birkin ? Il vous répondra, visiblement surpris et un peu pris de court : « Jane Birkin… J’ai peint Gainsbourg,  j’ai peint leur fille Charlotte mais je n’ai jamais peint Jane Birkin, c’est vrai, ajoutant en passant soudainement au conditionnel, ouais, j’aimerais peindre Jane Birkin… »

Les métaphores du second plan

Les toiles figuratives et pétillantes que l’artiste réalise depuis trente ans à l’aérographe sont idenfiables par la majorité de la population sédentaire montpelliéraine. Ceux qui s’attardent un instant sur le travail de Jean-Paul Bocaj n’auront pas manqué de discerner la place importante de l’humour et un certain esprit de dérision qui cousine avec l’underground. C’est une autre caractéristique de la patte du peintre qui ne se reconnaît dans aucun mouvement alors qu’un dialogue avec le voisinage de la figuration libre sétoise pourrait s’envisager.

Dans la jungle qui peuple les seconds plans, on relève des personnages mythiques ou historiques quand ce ne sont pas des créatures que l’auteur de La Ferme des animaux n’aurait pas renié. Dans le catalogue de l’exposition, le critique Louis Casinada évoque à juste titre « la flamboyante polyphonie » exprimée par l’oeuvre de Bocaj qui lui donne sa signification, et la liberté que nous offre un artiste qui fait entrer le monde dans ses tableaux.  Faire mine de rien, est une façon d’apprendre à devenir grand.

JMDH

Source : La Marseillaise 25/06/2016

Voir aussi :   Rubrique Art, rubrique Exposition, rubrique Montpellier

Le Festival de Thau solidaire et engagé

Angelique Ionatos Abbaye de Valmagne le 24 juillet  2016.  Photo dr

Angelique Ionatos Abbaye de Valmagne le 24 juillet 2016. Photo dr

La  26e édition du Festival de Thau qui mixe cultures musicales de la planète et conscience écologique affirme sa singularité  du 18 au 24 juillet.

Outre qu’il est toujours attractif avec une affiche très alléchante, la certification à la norme Iso 20121,  rend cette année le Festival de Thau officiellement responsable. De quoi glaner quelques précisions auprès de sa fondatrice Monique Tessier sur ce qui se cache derrière ce sigle qui en dépit des apparences n’a rien de barbare.

« Cela fait 10 ans que nous avons positionné le festival sur l’axe du développement durable. Notre association (Jazzamèze) a été certifiée en juillet 2015 nous avions candidaté parce que ce label correspond à notre démarche initiale. Pour l’heure, très peu de structures organisatrices de festivals bénéficient en France, de cette certification. C’est le cas des TransMusicales de Rennes par exemple.»

On  constatera une nouvelle fois avec l’édition 2016, que le Festival de Thau, moment phare d’un travail de développement d’activités artistiques à l’année, ne se contente pas d’une simple programmation musicale, mais s’efforce de trouver en permanence des prolongements à un moment festif qui favorise l’échange toujours en lien avec son territoire.

Cette année les Eco-Dialogues concoctés par Thierry Salomon, tourneront autour du film «Demain» de Cyril Dion et Mélanie Laurent. L’action avec le Silo, centre de création coopératif dédié aux musiques du monde et traditionnelles porté par Le Festival Détours du Monde et le Festival de Thau se consolide. Il donnera lieu à trois créations. Le 18 juillet à Bouzigues on pourra découvrir Raizes. Une rencontre musicale entre le Brésil et la Syrie sur le thème de la migration. Avec la création Béatik, le 20 juillet à Montbazin, Stéphane et Beata (France/Slovaquie) emprunteront à des chants traditionnels pour donner vie à une musique audacieuse reliant l’Est et l’Ouest de l’Europe. Le 22 juillet à Mèze la création Uèi fera pont entre la France et l’Occitanie, Marseille et Montpellier  autour de chants polyphoniques teintés d’électro.

Elargir le réseau

Pour le festival, l’obtention du label Iso 20121 vient couronner  un long travail de construction et le pousse à prolonger son travail dans des domaines comme l’économie durable, la réduction de l’empreinte environnementale, l’accessibilité des publics ou la promotion du respect de l’environnement.

« C’est un peu fou de l’obtenir pour une petite structure comme la nôtre. Cela nous pousse à aller plus loin, confirme Monique Tessier, à réfléchir à la gouvernance, à travailler de manière transversale, à mettre tous les salariés au même niveau d’information. Pour ne pas rester isolés, nous nous ouvrons à différentes collaborations au Vigan, à Bédarieux ou encore à Sète avec le festival Images Singulières

Côté concerts, la 26e édition demeure éclectique avec une forte présence africaine doublée d’une  thématique sur les femmes engagées à l’image des Amazones d’Afrique, premier groupe malien exclusivement féminin. A noter aussi la présence de l’ambassadrice Rokia Traoré, le retour de la reine du Calypso qui a fait succomber Manu Chao, Calypso Rose, ou encore la sublime chanteuse grecque Angélique Ionatos accompagnée par Katerina Fotinaki  qui apporteront une réponse poétique à la situation de leur pays.

Le festival de Thau est une perle dont la brillance comporte  plusieurs facettes. « C’est encore assez peu compris », indique Monique Tessier, On a du mal a appréhender un festival de musique plus largement ouvert sur la vie sociale, la lutte contre les discriminations, pourtant cette notion, on aimerait la porter au même niveau que les concerts…

JMDH

Source : La Marseillaise 08/06/2016

Voir aussi : Rubrique Actualité Locale, Rubrique Musique, rubrique Festival, rubrique Société, Droit des femmes, Ecologie, Education,

Intermittents et Précaires: Un accord vertueux qui donne l’exemple

drac

Pique nique à la DRAC Languedoc-Roussillon Midi Pyrénées. Photo dr

Alors que le Medef a fait échouer les négociations  sur le régime d’assurance chômage, le mouvement unitaire du Languedoc-Roussillon fête l’annonce de l’application de l’accord du 28 avril 2016 qui sera appliqué par décret.

L’issue de la dernière réunion sur l’assurance-chômage, prévue hier, s’annonçait mal. Et elle a tenu en partie ses promesses. Après quatre mois de discussions infructueuses, les partenaires sociaux ont pris acte, jeudi 16 juin, de l’échec des négociations sur l’assurance-chômage.

La conclusion d’une convention censée fixer les règles de l’indemnisation des chômeurs pour les deux années à venir n’aboutira pas. Mais poussé dans ses derniers retranchement, le ministère du travail a indiqué que le gouvernement allait « assurer sans délai » la continuité de l’indemnisation chômage en prorogeant la convention actuellement en vigueur au-delà du 30 juin. Et surtout qu’il « transposera dans les règles de l’assurance-chômage » l’accord relatif aux intermittents signé le 28 avril. Le projet de décret sera transmis au Conseil d’Etat d’ici la fin du mois de juin et publié au journal officiel d’ici la mi-juillet.

Depuis le début des négociation entre  les partenaires sociaux (organisations d’employeurs et de salariés nationales et interprofessionnelles) le Medef qui dispose pourtant de l’oreille attentive du gouvernement, a joué la carte de la provocation – un fait reconnue par Audrey Azoulay elle-même –  à l’égard des Intermittents du spectacle en refusant tout augmentation de charge et en préconisant 400 M d’euros d’économie par an d’ici 2020.

La lutte paie !

Rassemblé en milieu de journée devant la DRAC  à Montpellier,  le mouvement unitaire des intermittents et précaire LR,  a réitéré hier sa demande pour des droits justes et adaptés à la discontinuité de l’emploi. En laissant la situation se dégrader entre les partenaires sociaux le gouvernement a sans doute voulu mesurer la teneur de  la détermination. Mais  durant quatre mois,  celle-ci n’a pas faibli avec des dizaines d’actions locales  dont un mois et demi d’occupation du CDN hTh. Des ponts se sont érigés avec la résistance contre le projet de loi du travail El Khomri .

« La lutte paie !, ils veulent éteindre le feu branche par branche, confie la Secrétaire régional de la CGT spectacle Eva Loyer, Maintenant on va se pencher sur le projet de loi du travail

Parmi les principaux points actés dans cet accord figurent, l’ouverture des droits à l’indemnisation aussi bien pour les artistes que pour les techniciens, à partir de 507 heures travaillées sur 12 mois. L’accord prévoit aussi un retour à une date anniversaire pour le calcul des droits des intermittents, un système plus avantageux que l’actuel dispositif.

On a fêté hier soir le premier petit pas de la séparation de l’Etat et du Medef qui sort grand perdant de son bras de fer.  « Notre accord est utile pour sécuriser les emplois discontinus», souligne Eva Loyer consciente du chemin qui reste à parcourir…

JMDH

Source La Marseillaise17/05/2016

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Société, Travail, Mouvements sociaux, Intermittents retour au front, Négociations explosives,  rubrique Politique, Politique Economique,

Performance de Marino Formenti. « Nowhere » comme une respiration

0-nowhere2

Performance
Avec Nowhere, Marino Formenti ouvre un espace musical en ville où le temps s’abolit. Proposé par hTh avec la complicité du Printemps des Comédiens.

Jusqu’au 18 juin à 22h, Nowhere est un non-lieu au centre-ville de Montpellier occupé par le pianiste, chef d’orchestre, performer Marino Formenti. Dans les locaux privés d’Epitech, des matelas et des coussins sont posés dans les couloirs et les nombreuses pièces  mises à la disposition du public qui y circule librement. Réparti sur deux niveaux, l’espace offre la possibilité de déplacement ou d’isolement. Les pièces sont vides ou occupées par des concitoyens avec qui il est possible de partager un moment d’intimité.

Dans l’une de ces salles, le pianistes enchaîne au gré de son inspiration, un répertoire riche et diversifié allant de la musique baroque à la musique contemporaine qu’il consigne toutes les quinze minutes au marqueur sur les murs.   Leur lecture donne une idée des oeuvres jouées en notre absence: Erik Satie, Brian Eno, John Cage, Morton Feldman, Jean-Henri d’Anglebert, Gaspard le Roux en bien d’autres. A côté des titres figure l’heure d’interprétation, plus en lien avec la valeur de trace qu’avec un quelconque repère temporel. Car la sensibilité d’interprétation, le cadre où l’habituelle division entre scène et vie est abandonnée, tout comme les conventions et la relation à l’écoute, apportent une forme de plénitude où le temps et l’espace se fondent…

Né en Italie, Marino Formenti est l’un des interprètes les plus originaux de sa génération, pour la création des formes performatives nouvelles et expérimentales. Avec Nowhere, les activités de Marino Formenti se résument à jouer du piano et assurer ses besoins vitaux : manger, dormir, aller aux toilettes. « Une sorte de chapelle païenne où la vie et la musique peuvent se fondre. » C’est ainsi que  Marino Formenti décrit son projet.

Jusqu’à samedi 22h, rien ne sert de lui adresser la parole, il ne vous répondra pas. Pour communiquer, il utilise des post-it sur lesquels il griffonne les quelques mots nécessaires à l’échange avec l’équipe d’encadrement. Pendant huit jours, il occupe l’espace où il réside et y joue douze heures quotidiennement.

Formenti « disparaît » dans la musique en nous entraînant dans une sédation  plus ou moins forte ce qui explique peut-être que l’espace soit équipé de couchettes, comme les fumeries d’opium. Avec Nowhere, le musicien révèle sa capacité à réduire l’anxiété. Il procure une sensation de soulagement, de protection et ouvre de nouvelles fenêtres de respiration…

JMDH


Vous pouvez y assister : de 10h à 22h, 16 bd du Jeu de Paume, et 24/24h par live streaming sur le site d’hTh : www.humaintrophumain.fr

Source : La Marseillaise 15/06/2016

Voir aussi : Actualité France Rubrique Musique, rubrique Montpellier,

4 x 11 : l’Ensad se déchaîne sur scène

"NNN" : les élèves mi humains mi robots abordent le travail de désynchronisation  avec Gildas Milin.  Photo dr

« NNN » : les élèves mi humains mi robots abordent le travail de désynchronisation avec Gildas Milin. Photo dr

Le Printemps des Comédiens ouvre largement son programme aux étudiants de  l’Ensad dont on découvre le talent au travers de  quatre création

Le festival qui porte haut l’art du théâtre, entretient de longue date un lien étroit avec l’école nationale supérieure d’art dramatique (Ensad) de Montpellier.  Avant de fouler les planches du Théâtre d’Aubervilliers en novembre, la promo du regretté Richard Mitou, l’ex directeur de l’Ensad, libère une énergie époustouflante dans les quatre pièces données au Théâtre du Hangar.

Le marathon s’organise jusqu’au 24 juin, sous la houlette de Gildas Milin, le nouveau directeur de l’Ensad qui impulse une énergie de création continue, dans une optique de professionnalisation. 4 x 11 est un projet où les  élèves se confrontent à quatre metteurs en scène de générations différentes : Alain Françon, Robert Cantarella, Jean-Pierre Baro et Gildas Milin. Une traversée de plusieurs décennies à partir de textes choisis aboutissant à quatre créations aux esthétiques et rythmes très différentes.

Robert Cantarella emprunte à Rivette, Corneille et Marivaux pour construire  Monstre, dont la trame tourne autour du jeu collectif et du complot. Jean-Pierre Baro, le benjamin, explore  l’intime et le politique avec La mort de Danton. Alain Françon, pose un montage de textes de Botho Strauss sur la table. La langue soutenue du dramaturge allemand, nourrit un regard satyrique sur le couple toujours au cœur de l’ordre social, dont il renouvelle les problématiques. La mutation physique et celle des modes de vie sont abordées par Gildas Milin avec NNN (Ni égaux, Ni frères Ni libres) inspiré de  la fiction théâtrale des années 20 de Karel Capek RUR. La pièce apparaît toujours comme l’ovni qui a pu séduire Artaud.

La fougue des onze jeunes comédiens relègue le ballon rond aux oubliettes pour investir un tout autre terrain de jeu à découvrir.

JMDH

"Triptyque" Les 7 doigts de la main photo dr

« Triptyque » Les 7 doigts de la main photo dr

Nouveau Cirque. « Tripyque »  Un défi à l’apesanteur au Printemps des comédiens

C’était en 2012. Et l’amphi d’O, plein jusqu’au faîte, avait retenu son souffle. Ce que proposaient cette année-là les danseurs-acrobates des 7 doigts de la main, était un peu la quintessence de ce nouveau cirque dont le Printemps des Comédiens a été, avant tout le monde, une constante vitrine. C’est-à-dire l’alliance de la poésie et de la performance physique, de l’humour et de la prouesse technique, de l’imaginaire et du corps. Revoici les Canadiens avec un spectacle plus ambitieux encore. Leur credo de base est le même : relever le défi permanent de la gravité. Gravité dans ses deux sens : celui de l’attraction terrestre qui contraint le corps du lever au coucher, celui de la légèreté souriante à mettre cette confrontation en scène. Pour les trois pièces dont est composé ce spectacle, la compagnie s’est, pour la première fois, alliée à trois chorégraphes et à une danseuse étoile québécoise. Est-ce à dire que la danse prend le pas sur la performance physique ? Non : Triptyque amalgame les deux plus étroitement encore, repousse un peu plus loin les frontières entre les disciplines. Et garde intacte cette capacité d’émerveillement que chacun de ses spectacles sait faire naître.

Aujourd’hui et demain  à 22h

Source La Marseillaise 14/06/2016

Voir aussi ;  Rubrique Théâtre, rubrique FestivalMontpellier,