Festival international du roman noir de Frontignan
Chaque année, Frontignan vit une semaine dans le noir… et la bonne humeur. Cette éclipse correspond au Festival international de roman noir, rendez-vous prisé qui permet aux amateurs de polar de rencontrer des écrivains confirmés (une cinquantaine) et de repérer des auteurs d’avenir dans un domaine où 1 200 titres sont publiés chaque année.
Cette année, la thématique choisie est celle des « métamorphoses du héros ». On constate en effet une évolution du héros récurant avec l’apparition de nouvelles figures. « On est passé du détective dilettante, à la Agatha Christie, au héros de polar à la Humphrey Bogart, mais aujourd’hui le flic ou le détective n’est plus du tout un mec macho et de moins en moins un homme, indique Michel Gueorguieff, le Président de Soleil Noir à l’origine du festival. Les héros ont des failles, les minorités ethniques ou sexuelles sont très présentes. Cette évolution est un miroir de nos sociétés ».
Ce thème réunit des auteurs venus de tous horizons. Parmi lesquels on peut citer : Yishaï Sarid, un Israélien, jamais venu en France, qui situe son roman Le poète de Gaza au cœur du conflit israélo-palestinien ; le Suédois Inger Frimansson, plutôt connu dans la littérature « blanche », qui a obtenu le prix du meilleur roman noir suédois pour Bonne nuit mon amour ; l’Américain David Vann dont le livre au suspens insoutenable Sukkwan Island a été couronné du prix Médicis étranger 2010.
A noter que l’invitée d’honneur du FIRN n’est autre que Fred Vargas, particulièrement rare sur la scène littéraire, qui vient de publier L’Armée furieuse, où l’on retrouve le mémorable commissaire Adamsberg en prise avec un seigneur d’un autre âge.
Mine G. Kirikkanat : " L'Europe a oublié l'histoire"
Mine G. Kirikkanat. Invitée dans le cadre du Festival International du Roman noir de Frontignan, l’auteur turque rappelle la place de sa culture dans l’identité européenne.
Mine G. Kirikkanat est née à Istanbul. Journaliste, sociologue et écrivain c’est une intellectuelle laïque qui a décidé de rester dans son pays pour défendre ses idées. Dans La Malédiction de Constantin (Métailié, 2006) et Le sang des rêves (1) qui vient de paraître, elle soutient une vision historique de la culture ottomane constitutive de l’identité européenne.
Le sang des rêves est un roman politique d’anticipation dont l’action principale se situe à Chypre. Istanbul est passé sous le contrôle des Nations Unies. La ville rebaptisée Nova Roma est devenue l’enjeu d’une nouvelle guerre froide. La Russie orthodoxe rivalise avec le Vatican et une hétéroclite union chrétienne occidentale. Trois agents européens d’origine turque sont chargés de retrouver des descendants d’un chef historiquement indiscutable afin de légitimer le pouvoir en place. La quête passe notamment par l’exploration des rêves de l’héritier supposé de Constantin le Grand qui porte la mémoire génétique du meurtre de son ancêtre.
Pourquoi réinstaurer la vision d’un affrontement entre deux blocs, alors que nous sommes sortis si péniblement de la guerre froide. L’idée d’une gouvernance mondiale multipolaire n’a-t-elle pas d’avenir à vos yeux ?
C’est mon côté métaphysique. Ying-Yang ou blanc noir si vous préférez, un jeu de forces contraires qui s’équilibrent. Cela vient aussi d’une analyse sociologique ; je pense que le bipolaire est une étape pour aller vers le multipolaire. Aujourd’hui, ce type de gouvernance nous conduirait objectivement vers beaucoup plus de guerres. Je considère la gouvernance bipolaire comme une période transitoire en attendant que les races soient suffisamment mélangées pour accéder aux multipolaires. Mais pour l’heure, l’histoire se répète. Le conflit génocidaire serbo-croate qui a secoué l’Europe dans les années 90, s’était déjà produit il y a un millénaire entre l’église d’Anatolie et l’église orthodoxe de Constantinople. Les Bosniaques (appelés Bogomiles) ont un lien de filiation avec les Cathares. Dans les Balkans, à l’époque de la première croisade, ils ont demandé la protection du sultan ottoman. Celui-ci les a laissés libres de choisir leur religion assurant qu’ils les protégeraient s’ils devenaient musulmans.
En ce début de XXIe siècle, la religion vous paraît-elle l’instrument du pouvoir politique ou directement à l’origine des conflits de pouvoir auxquels elle donne lieu ?
Je me suis beaucoup intéressée à la sociologie des religions et notamment à l’apparition de la religion. Au commencement, la religion est liée à la peur de la mort. S’étant forgé une conscience, il fallait que l’homme invente quelque chose face à ce vide, une vie dans l’au-delà, un espace magique, une religion… Les choses se sont gâtées avec l’apparition des religions monothéistes. C’est à partir de là que la religion est devenue une arme politique. C’est pour cette raison que la laïcité est si importante.
On constate en France un recul de la laïcité alors qu’elle est au cœur même du principe républicain…
C’est vrai que cet axe est mis à mal en France qui est le seul pays laïque de l’UE. De la même façon que les valeurs universelles qui n’occupent plus la même place. Tous les Etats ont mué pour devenir des structures économiques. De ce fait, les gens ont perdu le sens des choses. Aujourd’hui, l’UE est une machine kafkaïenne qui n’a aucune vision européenne.
Sur quoi se fonde, selon vous, l’identité européenne ?
L’identité européenne ne doit pas se construire sur les valeurs judéo-chrétiennes mais sur une vision séculaire laïque. La charte des droits fondamentaux dirigée par Guy Braibant et soutenue à l’époque d’une seule voix par Chirac et Jospin allait dans ce sens. L’Allemagne souhaitait faire figurer l’héritage judéo-chrétien. En définitive, pour faire adopter la constitution, on a déformé cette charte en faisant des concessions à tous les courants et en entamant l’identité même de l’Europe. En substance, la charte conditionnait l’entrée dans l’UE au fait de se déshabiller de ses relents fascistes et religieux. On connaît la suite. Avec l’élargissement aux pays de l’Est sous l’influence des Etats-Unis on a, au détriment de toute raison, obligé l’UE à devenir une machine à sous. L’OMC a imposé sa logique globale et glauque. D’ailleurs, cela a surtout servi la Chine et l’Inde, tant mieux pour eux. Les Etats-Unis qui croyaient sortir leaders de cette manœuvre mangent leur chapeau. C’est comme la ligne Maginot, on attend avec obstination les choses d’un côté et elles arrivent d’ailleurs.
Que pense le peuple turc de tout ça ?
La population turque n’est pas un bloc monolithique. Sur 75 millions d’habitants, nous avons 30% d’islamiques, 30% d’Alévis, un courant proche des traditions soufies et favorables à la laïcité, et 40% de laïques qui ne sont pas près de démordre des valeurs républicaines. Pour se faire élire le président Gül* a pris l’engagement de respecter les valeurs laïques mais il ne s’y tient pas vraiment. Une poignée d’intellectuels a tout de suite décelé la posture du président et dénoncé l’hypocrisie. Mais en Europe tout le monde a applaudi. Dès 2003, il fallait dire à la Turquie qu’elle serait intégrée à l’UE après le bannissement de l’enseignement coranique obligatoire et le respect intégral des règles démocratiques. Mais l’UE a temporisé. Avec la crise de Gaza, elle commence à prendre conscience de la situation. En feignant d’oublier que les Ottomans ont fait l’histoire de l’Europe avec les judéo-chrétiens, elle a joué avec le feu et aujourd’hui il y a le feu.
Que voulez-vous dire ?
Si les Turcs deviennent hostiles à l’UE qui pourra arrêter l’influence de l’Iran, de l’Afghanistan, et du Pakistan ? Les Turcs font aujourd’hui les cerbères aux portes de l’Europe, ils filtrent le flux migratoire en provenance de toute l’Asie centrale. L’UE est complètement dépendante de la Turquie. La population turque est jeune. La Turquie est un pays plein d’avenir et il constitue la seconde force armée de l’Otan.
La Turquie semble amenée à jouer un rôle de plus plus important dans le conflit israélo-palestinien ?
Je me considère personnellement comme une amie d’Israël, qui voulait être un exemple d’humanité et de démocratie au Moyen-Orient. Mais à la place de cela, les Israéliens ont mis leur existence en danger parce qu’ils sont entourés de haine dont ils sont en grande partie responsables. Et cela les rend fous. Aujourd’hui la stupidité de leur politique leur a fait perdre la notion de l’espace et du temps. La Turquie demeure un interlocuteur privilégié dans la région. Sur les tee-shirts des jeunes de Gaza, on voit plus l’effigie du Premier ministre turc Erdogan que celle des membres du Hamas. Là encore, l’UE ne mesure pas les enjeux qui concernent aussi ses relations avec le Maghreb. A travers l’intégration de la Turquie au sein de l’UE se joue aussi la reconnaissance identitaire des pays d’Afrique du nord. L’Europe a oublié l’Histoire.
Receuilli par Jean-Marie Dinh
* Abdullah Gül est membre du parti musulman de centre droit AKP il a été élu pour 4 ans en août 2007.
(1) Le sang des rêves, éditions Métailié 2010, 18 euros.
Né en 1967 dans le West Yorkshire, David Peace s’est fait connaître en France avec la publication du Quatuor du Yorkshire (Rivages Noir). Quatre romans d’une grande noirceur se déroulant dans les banlieues thachériennes. Le Festival International du Roman noir, qui s’est terminé hier à Frontignan, proposait cette année d’en découvrir l’adaptation cinématographique TheRed Riding Triogy qui participe au renouveau du cinéma noir britannique. « Comme Ellroy, David Peace est un auteur très soucieux des détails et de la vraisemblance du climat où se déroule l’action, indique François Guérif qui a signé les deux auteurs dans les collections dont il assure la direction (Rivage/ Noir, Rivage/Thriller). David ne veut surtout pas écrire un livre sur les années 80 avec la langue de 2002. C’est difficile parce que la langue évolue en permanence. Lorsqu’il prépare un livre il s’immerge totalement dans l’époque qu’il va traiter. » L’écrivain qui a vécu 9 ans à Tokyo écrit actuellement une trilogie sur le Japon de l’après-guerre. Le premier livre Tokyo année zéro est paru au printemps. Rencontre.
Quel est le phénomène déclencheur qui vous a poussé à écrire sur le Japon ?
Je vivais au Japon depuis plusieurs années, mon fils est né là-bas. Je voulais qu’il connaisse l’histoire du pays. Comment il a été détruit et comment il s’est reconstruit. Le premier volume débute en 1946 dans une ville en ruine.
Dans ce vaste cimetière où le pays abdique, l’inspecteur Minami découvre un cadavre et il va poursuivre son travail comme si de rien n’était…
A l’image de son pays, le personnage de Minami est désagrégé. Il tente de recoller les morceaux à travers l’exercice de son métier. Concernant le meurtre, je me suis inspiré d’une affaire réelle. On peut s’étonner de l’attitude de ce policier. Dans une ville où l’on compte les cadavres par centaines, à quoi bon s’intéresser au sort de cette femme morte ? Minami cherche à trouver l’assassin mais sa quête est aussi identitaire. A la fin, le problème de l’identité n’est pas résolu.
La période où vous nous plongez est celle où les forces d’occupation américaines mettent un terme à la culture japonaise. On assiste à l’éradication de la gauche réalisée avec l’aide des clans yakuzas, à la mise en place dune constitution et à l’imposition par la force des valeurs occidentales…
L’occupation américaine, qui s’est poursuivie jusqu’en 1952, a refaçonné complètement le pays et dessiné le Japon actuel. C’est la fin d’une culture millénaire. La même histoire s’est répétée en Irak. Pour le Japon on était dans le contexte de la guerre froide. La mafia japonaise a en effet largement participé à nettoyer le terrain au profit des grandes familles japonaises qui ont continué d’exercer le contrôle de l’économie. A une plus petite échelle, dans la France de l’après-guerre, la CIA a fait appel à la mafia corse pour briser les grèves.
Pourquoi s’appuyer sur des faits divers pour aborder l’histoire ?
Le fait de parler des crimes permet d’envisager un contexte politique plus global. Les gens sont fascinés par les crimes. C’est une façon de s’allier des lecteurs dans l’espoir qu’ils s’intéresseront à ce qui se passe derrière les meurtres. C’est le travail de l’écrivain ou du journaliste de relier les faits divers à des choses plus importantes.
Quel regard portez-vous sur la conscience politique des populations britannique et japonaise à la lumière des élections et de la démission du Premier ministre japonais faute d’avoir pu fermer la base militaire US d’Okinawa ?
Dans les deux cas, il me semble qu’aujourd’hui le problème principal concerne l’abandon de l’Etat providence. L’extrême droite est très puissante au Japon. La droite est au pouvoir depuis l’après-guerre hormis une petite parenthèse en 1993 et l’arrivée du centre gauche avec l’élection du Premier ministre Yukio Hatoyama qui n’a tenu que neuf mois. L’échec du déménagement de la base américaine sur l’île d’Okinawa qui faisait partie de son programme a lourdement pesé dans l’opinion publique. Les Japonais s’étaient mobilisés pour le départ des Américains à la suite du viol d’une fillette de neuf ans par un GI américain. En Grande-Bretagne, personne n’a voté pour la coalition des libéraux-démocrates et des conservateurs actuellement au pouvoir. Aujourd’hui ils proposent une politique imposée par les banquiers qui ne figurait dans aucun de leur programme respectif. Nous sommes les moins révolutionnaires du monde. Nous avons coupé la tête du roi et ensuite nous l’avons recollé. Aujourd’hui les Britanniques ne se préoccupent que de la World Cup !
Au-delà des séances de dédicaces qui gardent pleinement leur vocation, le Firn est un lieu où l’on forge sa pensée critique. Les nombreuses tables rondes organisées permettent d’approfondir la noire parole souvent bien plus édifiante que les austères critiques.
Samedi à l’heure où le soleil touchait à son zénith, un beau plateau d’auteurs mettait le couvert autour de la question : crime social et crime historique. Lorsqu’on demande à l’auteur américain Adam Braver, dont l’ouvrage 22 novembre 1963 sur l’assassinat de JF. Kennedy vient d’être traduit, s’il a du nouveau sur cette affaire, il répond que ce n’est pas ce qui l’intéresse. « Ce meurtre est un pavé dans la mare. Moi je m’attache aux petites ondes sur la surface de l’eau. Il s’agit davantage de parler du présent que de dénoncer quoi que ce soit. Parce qu’aux États-Unis tout devient très vite un mythe et se retrouve, de la sorte, gravé dans le marbre. Avec ce livre je m’intéresse à ce qui se passe dans la société autour de cet événement. Je voulais lui redonner une dimension humaine. »
Le roman noir est ici envisagé comme un moyen d’échapper à l’usine à rêve. Pour David Peace, il permet d’écrire une histoire qui n’est pas officielle : « Si on ne s’intéresse pas aux répercussions économiques sociales et politiques d’un fait on ne comprend pas ce qui se passe. » Didier Daeninckx dont l’œuvre confirme une volonté d’ancrer ses intrigues dans la réalité explique comment cela lui est venu : « L’histoire de ma rencontre avec la mémoire mondiale a débuté par l’assassinat par la police de Papon de quelqu’un qui m’était proche. » L’auteur de Meurtre pour mémoire a signé depuis une quarantaine d’ouvrages. Son dernier livre Galadio narre l’histoire d’un jeune Allemand, né à Duisbourg en 1920, qui découvre qu’il est également Galadio Diallo, l’enfant d’un tirailleur de l’armée française originaire du Mali et part à la recherche de ses origines africaines.
Le journaliste Denis Robert engagé dans la lutte contre le crime financier témoigne des difficultés qu’il a rencontrées dans son enquête sur l’affaire Clearstream. « Ce que je n’avais jamais mesuré auparavant, c’est la faiblesse des hommes, des journalistes, et des juges… Après un de mes procès perdus en appel, on a retiré un de mes livres des mains des lecteurs qui venaient l’acheter dans les Virgin et les Fnac. Le plus incroyable, dans un pays comme la France, c’estque personne n’en a vraiment parlé. » Le livre documentaire et le roman noir demeurent néanmoins de l’avis général un espace d’expression privilégié pour aborder des sujets dont on ne peut parler ailleurs. Même s’il faut lutter contre la censure à l’image de la journaliste et auteur turque laïque Mine G.Kirikkanat qui trouve dans la fiction un moyen de la dépasser.
Percy Kemp, figure parmi les nombreux auteurs invités du Festival International du Roman noir (Firn) ce week-end à Frontignan. On peut se faire un avis sur sa personnalité à travers quelques éléments connus de sa biographie. C’est un Anglais, né à Beyrouth en 1952 d’un père britannique et d’une mère libanaise. Il parle l’arabe couramment, écrit des romans en français et complète ses activités en tant que conseil dans le renseignement stratégique. On peut le lire aussi sur le site de Rue 89 où il tient des chroniques décalées.
Après des attentats manqués en Grande-Bretagne il y a trois , il signait du nom de Ben Laden, PDG d’Al Qaeda SA, un courrier où il s’insurgeait contre l’usage abusif de son label : « Le succès retentissant que notre marque connaît depuis quelques années, sa conquête impérieuse de l’audimat et la manière magistrale dont elle a su s’imposer dans tous les foyers, ont suscité d’innombrables vocations et autant d’imitations et de contrefaçons (…) Un peu partout dans le monde aujourd’hui, des paumés en crise d’identité et en mal de notoriété bricolent de ridicules petits attentats visant les infidèles et les apostolats. Attentats minables que des médias en mal de copie nous imputent immanquablement.
Le style de Percy Kemp est là. L’homme d’apparence flegmatique allie le savoir-faire à l’humour en s’ancrant avec érudition au cœur des enjeux post-11 septembre desquels se déploie les manoeuvres de la politique internationale. Dans son dernier roman, Noon Moon, l’auteur s’est nourri de la pensée grecque. A travers une double intrigue le livre pose une réflexion philosophique sur les dessous de la prétendue guerre des civilisations.
L’ouvrage s’ouvre sur un cafard qui progresse sur le corps de Zandie enchaîné dans une cellule. Après avoir été enlevé par les fous de dieu, Zandie est terrorisé. Il redoute le moment où son bourreau va ouvrir la porte et le saigner comme un mouton devant une caméra. Mais la porte s’ouvre sur un vieil homme féru d’hellénisme qui commence par évoquer la fin de Socrate et poursuit en l’instruisant sur la nature réelle et complexe du contexte historique global. L’écrivain use de la situation pour ouvrir des perspectives. La proximité de la mort fait du prisonnier un auditeur attentif à la profondeur du propos qui parvient à le libérer de la peur et de l’ego. Ailleurs, dans le théâtre des services secrets américains se joue une partie plus mouvementée. On pénètre dans les arcanes de la manipulation liée aux enjeux de la politique intérieure américaine. Et l’on suit le destin de Charlie lancé sur les pentes hors piste de la traque du terrorisme islamiste.
Noon Moon est un grand roman où les apparences se révèlent trompeuses. Et où les vérités les plus répandues sont mises en défaut. Il y a du Graham Greene dans cette manière éclairante d’explorer l’ambivalence morale et politique du monde. On pense à un Américain bien tranquille resitué dans le contexte beaucoup moins mélodramatique du XXIe siècle. Un contexte dont le réfractaire Percy Kemp dévoile les stratégies et la géographie secrète en s’appuyant sur la sagesse antique.