David Vann « Désolations » : Dernière frontière sur les bords du lac glaciaire

Rentrée Littéraire : David Vann l’auteur de Sukkwan Island, prix Médicis 2010, est à Montpellier aujourd’hui où il dédicacera son second roman traduit en français Désolation à la librairie Sauramps. L’écrivain participera à une rencontre en partenariat avec le Festival du roman noir de Frontignan (FIRN) dont il était l’hôte en juin dernier.

Les lecteurs du premier opus de l’auteur américain retrouveront dans Désolation le climat géographique où l’auteur a passé son enfance. L’Alaska dont la puissance prend le pas sur l’Homme. Dans les romans de David Vann, la force de l’environnement présente à chaque page, semble nourrir la volonté désespérée des personnages qui confrontent leurs faiblesses aux forces gigantesques de la nature. David Vann fonde ses fictions à partir d’histoires qui l’ont touché personnellement. Dans Sukkwan Island il partait du suicide de son père qui a marqué à jamais son enfance.

Un homme en profonde dépression vend son cabinet dentaire et débarque sur une île déserte perdue au Sud de l’Alaska. Son fils de treize ans qui préférerait rester en Californie, l’accompagne pour limiter les dégâts. L’ado pressent que cette renaissance improvisée tire vers l’exorcisme et risque de finir par le suicide de son père. Seul face à la nature, il doit le porter  à bout de bras. Au milieu du livre tout bascule…

Gary entraîne sa femme dans une quête perdue

La matière littéraire de Désolation procède du même cheminement. David Vann évoque cette fois la mère de la seconde femme de son père qui a tué son mari après qu’il lui ait annoncé qu’il allait la quitter. L’auteur, se livre au récit factuel d’Irène et Gary, un couple au bout des désillusions après trente ans de vie commune. Gary entraîne sa femme dans une quête perdue. Il a pour obsession de construire une cabane de ses mains pour  aménager avec sa femme sur un petit îlot coupé du monde alors que s’annonce un hiver terrible.

Le roman suit la ligne drammaturgique du tronc sur la rivière, dont on sait  qu’il va se faire caïman. La relation du couple est gelée.  Irène  a conscience du mensonge dès le début. Elle est torturée en permanence par d’inexplicables migraines. A la recherche d’un  destin qui lui échappe, son mari s’aveugle dans un rêve de petit garçon. La tragédie familiale prend son temps. On suffoque dans l’espace immense. L’auteur du bout de l’Amérique décrit  la nature pour mieux faire apparaître ses personnages. Ils s’y confrontent avec une capacité perdue à être spirituelle. Passée une certaine limite, le retour en arrière est impossible suggère David Vann.

Jean-Marie Dinh

Désolations , éditions Gallmeister, 23 euros
Rencontre avec l’auteur à partir de 18h chez Sauramps entrée libre.

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