Printemps des Comédiens. Place au théâtre dans ce monde où tout arrive

Stéphane Ricordel & Dakh Daughters débarquent d’Ukraine pour «Cabaret»  Crédit Photo dr

Stéphane Ricordel & Dakh Daughters débarquent d’Ukraine pour «Cabaret» Crédit Photo dr

Festival
Cette nouvelle édition du Printemps des Comédiens accueille de grands maîtres de la scène internationale, et de jeunes artistes, elle reflète une grande diversité de manières de questionner le monde.

La 31 édition du Printemps des Comédiens débute mardi 30 mai au Domaine d’O à Montpellier. Contre vents et marais, plus que jamais, le Printemps des Comédiens porte l’ouverture dans son ADN et nous entraîne dans son ambition artistique, politique et poétique, à questionner le monde. Le voyage proposé durera un mois. Et la fête du théâtre et du cirque dénouera les corps et les langues sur les plateaux et sous la pinède jusqu’au 1er juillet, où la page se refermera avec Sentiments connus, visages mêlés, date unique en France de Christoph Marthaler, et le Vosksbühne de Berlin.

Un mois de rencontre avec les oeuvres et tous ceux qui les font vivre, un mois de plaisir où le festival oeuvrera à faire émerger de la conscience par les différents chemins qu’emprunte la programmation.  Des grands maîtres de la scène internationale, sont attendus à commencer par le retour  d’Ariane Mnouchkine et le Théâtre du Soleil, ou  celui de Roméo Castellucci, du 15 au 17 juin, avec Democracy in America co-prodruit par le festival.

Mnouchkine ouvre le bal
Le spectacle Une chambre en Inde est donné du 30 mai au 10 juin ( Il reste quelques places mais il serait sage de ne pas trop tarder…) Dans cette chambre indienne séjourne Cornélia, réfugiée de l’histoire qui assume la direction d’une troupe de théâtre depuis que son directeur, terrassé par l’horreur des attentats de Paris, a fui. Cornélia (Hélène Cinque !) doit annoncer le thème du prochain spectacle. Dehors tonne le bruit de la tempête chaotique qui dévaste le monde. « Ce spectacle résolument contemporain aborde une question qui me hante. Comment aujourd’hui raconter le chaos d’un monde devenu incompréhensible ? Comment raconter ce chaos sans y prendre part, c’est – à – dire sans rajouter du chaos au chaos, de la  tristesse à la tristesse, du chagrin au chagrin, du mal au mal ? Comment créer un objet d’art...» confiait Ariane Mnouchkine à propos de sa nouvelle quête sans frontières.

Musique débridée, humour, virtuosités athlétiques, six chanteuses slaves au look déglingué de rockeuses gothiques débarquent du 1er au 4 juin dans l’amphithéâtre d’O.  Elles se font appeler Dakh Daughters, sont multi-instrumentistes, usent des techniques vocales insoumises des chanteuses traditionnelles, et seront les « monsieur loyal » de ce moment à partager. Ce cabaret singulier sera aussi l’occasion d’échanger autour d’un repas ukrainien.

Avec Angelus Novus, donné au CDN hTh du 2 au 4 juin Sylvain Creuzevault interrompt le silence des démons avec son Antifaust. Il est aussi question des tourments de l’histoire et des figures tutélaires qui fondent. Ainsi qu’advient-il du Faust de Goethe dans notre société d’aujourd’hui qui fait de tout savoir une marchandise ? Le théâtre de Creuzevault ferraille sans relâche avec ces questions : «Il s’agit peut-être d’écrire un Faust contre son propre mythe

A dire vrai, dans cette programmation, rien ne fait mentir le président du festival  Jean-Claude Carrière, lorsqu’il rappelle : « Au Printemps des Comédiens, nous sommes l’accueil et la bienvenue, nous ouvrons nos bras et nos idées, nous nous intéressons aux autres, et nous pensons que le théâtre est là pour nous permettre de nous réunir, et de nous réjouir ensemble d’être libres et vivants.» Les heureux spectateurs de l’édition 2017 mesureront que ce ne sont pas que des mots, même si les mots comptent

JMDH

Source La Marseillaise 27/05/2017

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Montpellier rubrique Festival,

Une offre artistique globale

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Les politiques entourés des directeurs artistiques Crédit Photo jmdi

Par Jean-Marie Dinh

Sept  festivals incontournables se succéderont au Domaine départemental d’O du 7 mai  au 27 août 2016.

Les rapports à la culture se déplacent mais l’espace départemental dédié à la culture du Domaine d’O conserve son attractivité. Le président du Conseil départemental Kléber Mesquida entouré du président de l’Epic du Domaine, Michael Delafosse, et des directeurs artistiques des festivals d’été Elysé Lopez, président des Folies d’O, Habib Dechraoui pour Arabesques, Sabine Maillard pour les Nuits d’O, Jean Varela pour le Printemps des comédiens et Isabelle Grison pour Saperlipopette, Mélanie Villenet-Hamel pour la direction du pôle artistique ainsi que Jean Pierre Rousseau pour la longue escale du Festival de Radio France ont présenté succinctement l’offre culturelle du Domaine d’O jusqu’à la fin de l’été.

Qualité diversité accessibilité


L’offre est pléthorique et la qualité se dispute avec la diversité dans un souci d’accessibilité qui a toujours guidé la politique culturelle du département de l’Hérault. « Parce qu’elle émancipe et rassemble, la culture doit être ouverte à tous plus que jamais, le Département s’engage pour le savoir, les artistes et le spectacle vivant », résume le vice-président à l’Education et à la Culture Renaud Calvat.

La fête commencera les 7 et 8 mai avec Saperlipopette, festival dédié aux plaisirs des enfants et des parents qui répond cette année à la thématique « Il était une fois… Aujourd’hui ». Occasion d’aborder la dimension contemporaine des textes et des spectacles destinés au jeune public, souligne Isabelle Grison. Après le week-end d’ouverture à Montpellier le festival rayonnera dans pas moins de 18 communes du département jusqu’au 29 mai.

Du 11 au 22 mai le festival Arabesques, grand rendez-vous des arts du monde arabe, prendra le relais. Pour sa 11e édition, sans se départir de ses épices festives et éclectiques, l’expression artistique donnera de l’air à la confusion politique, aux idéologies pernicieuses et aux libertés confisquées sur le thème de L’Orient Merveilleux de Damas à Grenade. Les recettes de ce festival qui concerne un public  peu présent dans la sphère culturelle habituelle, s’avéreront savoureuses en termes de partage.

30e Printemps des Comédiens

En trente ans, combien de représentations ? combien d’artistes ? combien d’éclats de rire ? combien d’orages ? d’éblouissements ? de bonheurs de théâtre ? Le second festival de théâtre français après Avignon se tiendra du 3 juin au 10 juillet au Domaine d’O avec une nouvelle programmation, signée Jean Varela, d’un équilibre exceptionnel. Le public fidèle s’y rend désormais les yeux fermés. Un signe de confiance, dans un monde qui en manque, mais Jean-Claude Carrière, qui préside le festival et garde toujours les yeux ouverts, nous invite par ce geste à affirmer que nous sommes vivants. « Cette année nous avons une raison de plus d’aller au théâtre. Car il y a quelques mois, à Paris, un théâtre a été mitraillé, acteurs et spectateurs. »

Pour sa 10e édition, Folies d’O qui propose une programmation d’opérettes et comédies musicales en plein air présentera  Orphée au Enfers les 2, 3 et 5 juillet dans l’amphithéâtre d’O. Oeuvre parodique de libération pour Offenbach mis en scène par Ted Huffman sous la direction musicale de Jérôme Pillement. Le Festival de Radio France poursuivra la fête du 11 au 26 juillet avec son volet Jazz concocté par  Pascal Rozat et un Carmina Burana dans la version pour deux pianos. Les Nuits d’O musique et cinéma  clôtureront l’été du 18 au 26 août avec six fiévreuses soirées à déguster sous les étoiles.

Transfert de compétence

La bataille politique engagée pour la gouvernance du Domaine d’O servira-t-elle la culture ?

La présentation de l’offre culturelle départementale s’inscrit dans un âpre débat sur le transfert de compétence entre le département de  l’Hérault et la Métropole de Montpellier présidée par Philippe Saurel. Celui-ci dispute la compétence culturelle au département qui tente de conserver la vitrine d’une politique culturelle ambitieuse.

Alors que la carte  des nouvelles compétences des 13 Métropoles est presque achevée, ce combat fait de la Métropole montpelliéraine un cas d’école. A l’exception de la Métropole Rouen-Normandie qui a acquis par convention la gestion de trois musées, aucune des conventions de transferts signées à ce jour ne concerne la culture. L’enjeu semble avant tout politique pour Philippe Saurel, dont l’exclusion assumée du PS et le faible score aux Régionales, le pousse à asseoir son assise sur le territoire métropolitain.

La question de ce transfert se pose aussi en termes économiques. Le budget culturel global du Conseil départemental de l’Hérault avoisine les 12M d’euros dont 3M à 4M d’euros devraient être compensés par la Métropole en cas de transfert, si celle-ci conserve la qualité de l’offre actuelle.

Une troisième réunion sur le sujet est prévue prochainement entre les représentants des deux institutions. Dans le cas où les deux parties ne parviendraient pas à un accord, un ensemble beaucoup plus vaste de compétences serait transféré de plein droit à la métropole pour un budget estimé à 31M d’euros.

Pour l’heure, ce dossier n’a pas été débattu au Conseil de la Métropole. Dans l’hypothèse d’un transfert du Domaine d’O, Philippe Saurel s’est déjà prononcé pour y installer le CDN. Ce projet qui nécessite l’avis de l’Etat, avait naguère été évoqué par le Conseil général mais aujourd’hui, d’un côté comme de l’autre, personne ne se soucie de projet artistique et les directeurs qui jouissent d’une liberté de programmation n’ont pas voix au chapitre…

 

L’évolution des festivals

Faute de pouvoir présenter la programmation artistique de chaque festival et d’en mesurer la pertinence dans les équilibres, la présentation mutualisée  a été nourrie par le regard d’ Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS en Science politique dont les travaux confrontent les politiques culturelles à l’épreuve des pratiques.

Auteur de plusieurs études sur les festivals, l’expert a évoqué le phénomène de la  festivalisation en soulignant plusieurs grandes tendances.  Ainsi à quelques exceptions près concernant une poignée de grands festivals en Europe, l’inflation des festivals consolide leur ancrage territorial. Les festivals deviennent des opérateurs culturels  et développent des actions tout au long de l’année.  50% des manifestations étudiées «?génèrent?» ainsi une activité à l’année.  70% du public des festivals est local. Sociologiquement ont assiste à une féminisation du public ainsi qu’à son vieillissement, accompagné d’une fragmentation des goûts artistiques.

Si on  compare les coûts de fonctionnement d’un théâtre ou d’une salle de concert, les festivals permettent de faire des économies  notamment grâce au recours au bénévolat. Mais ils bénéficient moins des politiques publiques en matière de pédagogie et de démocratisation artistiques.

 

Voir aussi : Actualité Locale  Rubrique Politique culturelle, Vers un Domaine d’O multipolaire, Crise : l’effet domino, rubrique Festival, Théâtre, rubrique Musique,,

Jean-Claude Carrière « sur le terrain de l’infiniment grand »

Jean-Claude Carrière. Photo Dr

Jean-Claude Carrière. Photo Dr

Jean-Claude Carrière. L’homme de contes et de cinéma converse avec l’astrophysicien et poète Michel Cassé à propos de l’unité de l’homme et de la connaissance dans le cadre des Chapiteaux du livre.

Conteur, écrivain, scénariste, parolier, metteur en scène. Michel Cassé est astrophysicien et poète, spécialisé dans la physique stellaire, la nucléosynthèse, l’étude des rayonnements et la physique quantique. Ils réfléchissent ensemble à ce qui fait l’unité de l’homme et de la connaissance. Ils étaientt tous deux aux Chapiteaux du livre pour une conversation originale où se croise leurs modes de pensée différents ainsi que leur rapport aux êtres et aux choses. Des points de vue de curieux aux opinions parfois opposées, parfois semblables qui se complètent ou se respectent et permettent aux spectateurs de nouveaux questionnements.

Entretien avec Jean-Claude Carrière.

Vous êtes un des rares hommes de lettres à manifester de l’intérêt pour les sciences et, plus inhabituel encore, à entreprendre une réflexion commune avec des scientifiques. Comment cela vous est-il venu ?

Comme un déclic. Au début des années 80, je collaborais régulièrement à l’émission de télévision de Michel Polac Droit de réponse. Il m’invitait à faire partie du public. Je tenais le rôle d’un allié. J’intervenais dans les débats notamment sur des questions philosophiques. A l’occasion d’une émission où le débat portait sur la science et la philosophie, je me suis surpris ce soir là à être plus intéressé par les propos scientifiques que philosophiques. Par la suite j’ai rencontré Hubert Reeves qui m’a présenté ses deux élèves Michel Cassé et Jean Audouze avec qui j’ai co-signé plus tard le livre Conversations sur l’invisible. J’avais cinquante ans à l’époque, je me suis rendu compte que j’étais peut-être en train de passer à côté de la révolution de l’esprit du XXe siècle, c’était formidablement important, j’étais en train de mourir idiot !

Que se passe-t-il quand un écrivain amateur de science rencontre deux astrophysiciens amateurs de littérature ?

Mon rapport à la science était nul. Je ne connaissais pas la différence entre un neutron et un proton. Ils m’ont reçu tous les jeudis à l’Institut d’Astrophysique pendant deux ans pour faire mon éducation scientifique. Ils me parlaient de leurs recherches et moi du Mahâbhârata. Nos échanges dressaient des ponts entre les rêves anciens des hommes et les réalisations de la science. On a recommencé à se revoir autour d’un projet relatif au rapport de l’esprit et de la réalité.

Les programmes académiques de l’Education nationale n’entravent-ils pas cette relation féconde entre science et lettres en cloisonnant les domaines de connaissances dès le lycée ?

J’ai été moi-même victime de cette ségrégation en sortant de Normale Sup sans avoir quasiment entendu un mot sur les sciences. De nos jours dans le secondaire, même si on choisit science, les manuels scolaires relaient presque Einstein à une note de bas de page. Entre le moment de la découverte, c’est-à-dire celui où les travaux sont publiés et trouvent un consensus, il se passe cinquante ans avant qu’il figure dans les programmes. Il faut que cela vienne du ministère. Le cheminement du savoir est désespérément lent. Les crédits de la recherches ne cessent de baisser. Le CNRS qui recrutait 500 chercheurs n’en recrute plus que 200. Notre nouvelle ministre de la Recherche, qui n’a pas fait cette formation, ne connaît rien en science. On est incroyablement en retard. On est en train de se laisser supplanter par la Chine et l’Inde qui investissent dans la recherche à grande échelle.

Votre conversation avec Michel Cassé se propose de renouer le dialogue, interrompu depuis un peu plus d’un siècle, entre la science et l’art. A quoi doit-on cette séparation ?

Elle a eu lieu à la fin du XIXe siècle, un moment où la science affirme quelle tient les rênes de l’univers. Au XXe, on assiste à un basculement du système ancien newtonien, l’objectivité des sciences s’en retrouve invalidé. La physique quantique et son principe d’indétermination remet en question le déterminisme. Il est très difficile de faire admettre à nos esprits l’inadmissible comme le fait qu’il y a plusieurs univers. L’expérience des fentes de Young montrent qu’une particule insécable passe en même temps par deux trous. La matière présente un comportement ondulatoire.

Cette résistance de l’esprit est aussi partagée par les scientifiques si l’on en croit Feynman qui disait : « je crois pouvoir affirmer que personne ne comprend vraiment la physique quantique »…

Faut-il mettre de l’ordre dans les choses ? Est-ce que les mathématiques existent dans l’univers et nous les découvrons ou est-ce que nous les inventons en percevant le monde avec nos sens et notre interprétation ? Il y a des centaines de milliards de galaxies. Nous sommes sur le terrain de l’infiniment grand qui sommes-nous pour être au centre ? Dans la réflexion de Feynman, je retiens le mot comprendre, parce qu’on sait que certaines choses se passent mais on ne sait pas pourquoi. La première question n’est pas de comprendre mais d’admettre. On trouve dans le milieu scientifique comme partout, des gens qui sont dans la routine. « Moi je fabrique des allumettes », m’a dit un jour un grand chimiste.

Dans le domaine des arts, je constate par exemple que les peintres contemporains sont plus aptes à saisir cette incompréhension du réel que les esprits littéraires qui sont moins ouverts. Face à ces grandes questions, la connaissance se heurte à la croyance. L’obscurantisme est un échec de la science. On a travaillé sur la vitesse de la lumière mais qu’elle est la vitesse de l’obscurité ?

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je finis un livre sur la notion de croyance. En novembre, j’irai recevoir l’Oscar d’honneur que m’a attribué l’Académie américaine des arts et sciences du cinéma. Je leur ai dit que c’était un bon encouragement pour les trente années à venir.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 28/09/14

Voir aussi : Rubrique Science, rubrique Rencontre, rubrique Livre, Littérature, Rubrique Société, Education, rubrique Théâtre, Connaisseurs en la chose,

Les jeunes du Petit Bard en scène à Paris

C’est déjà une longue histoire pour certains comédiens de la Cie de l’Esquive originaire du Petit Bard. La présidente de cette association de théâtre adolescent a débuté les ateliers théâtraux de quartier à l’âge de 8 ans. Elle en a 17, aujourd’hui. « Notre travail dans le quartier a débuté il y a onze ans, dans le cadre d’un partenariat avec le Secours Populaire. Il est initialement  destiné à des enfants inscrits en soutien scolaire pour favoriser le processus de socialisation à partir de la pratique théâtrale, explique Stéphanie Rondot, de la Cie Intermezzo à l’initiative du projet. Les enfants ont pris goût à toutes les étapes de la création. Beaucoup sont restés avec nous pour poursuivre. On a tissé des liens avec leur famille. On se connaît bien. »

L’action culturelle en direction des enfants s’appuie sur des contes. « Un patrimoine culturel fondateur aujourd’hui menacé par la prédominance de l’audiovisuel et de la télévision, en particulier dans les milieux les moins favorisés. »

Fondée  en 2009, La Cie de l’Esquive regroupe des ados qui suivent l’atelier depuis plusieurs années. Ses membres ont monté leur premier spectacle, la pièce de Jean-Claude Carrière, Le jeune prince et la vérité, qui leur a valu le prix du concours  « Talents des Quartier de Montpellier ». La pièce a tourné dans plusieurs lieux à Montpellier et dans l’Agglo ainsi qu’à  l’Institut du Monde arabe à Paris.

En 2011, L’esquive a créé un nouveau spectacle qui s’intitule A qui la France ? La pièce part du désir de créer un spectacle humoristique inspiré de la vie dans le quartier du petit Bard. Elle a rencontré un beau succès dans la région. Cette année, le spectacle est repris par une équipe renouvelée qui compte 4 garçons et 4 filles entre 13 et 17 ans. Il sera présenté le 8 avril au Théâtre de la Piscine de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), dans le cadre d’un échange avec une autre troupe de jeune du quartier de la Butte Rouge. « C’est important de sortir du quartier pour aller jouer dans un vrai théâtre, indique Stéphanie Rondot, sur place nous en profiterons pour visiter l’Opéra Garnier et le Jamel comédie Club avec qui nous espérons travailler. » On peut assister au spectacle dimanche 1er avril à la Maison pour Tous François Villon et le 18 mai prochain au Théâtre de la Vista.

JMDH

Rens : 06 22 39 80 48 http://cie.intermezzo.free.fr

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Montpellier,

 

Connaisseurs en la chose

Les mots pour dire la chose

Les mots pour dire la chose. Photo Marie Clauzade

Au Printemps des Comédiens, on a entendu. « Les mots et la chose »: un voyage à travers le vocabulaire érotique de la langue française avec Elodie Buisson et Jean Varela.

Le café de la diversité portait particulièrement bien son nom vendredi et samedi dernier à l’occasion du spectacle Les mots et la chose. Car de diversité il fut question à propos des mots qui s’offrent à nous pour dire la chose. Le texte de Jean-Claude Carrière adapté par Daniel Bedos, fait écho à celui du galant abbé Gabriel-Charles de Lattraignant connu pour avoir pris son sacerdoce avec une certaine désinvolture. A n’en pas douter, cet homme défraierait aujourd’hui les chroniques.

De quoi inspirer Jean-Claude Carrière qui en tira une nouvelle avant de l’adapter au théâtre dans une version qui fait l’éloge du beau vocabulaire ! Il s’agit d’une correspondance qui vient au secours d’une jeune comédienne contrainte par la cruauté des temps à faire du doublage de films pornographiques. La pauvre femme qui n’en perd pas pour autant son esprit, se désespère de la pauvreté que l’on met à sa disposition. Elle s’en ouvre donc à un érudit afin que celui-ci enrichisse quelque peu son lexique. Ce qu’il fait avec grand plaisir.

Débute un voyage aux quatre coins du vocabulaire érotique qui nous fait découvrir que rien n’est plus utile que de savoir parler de ce qui ne se dit pas. Paroles succulentes, dit par le directeur de Sortie Ouest, Jean Varela dont la maîtrise du texte et la diction s’avèrent parfaitement adaptées à un exercice scénique assez difficile. On mesure également tout le talent de la comédienne Elodie Buisson qui lui donne la réplique. La complicité est au rendez-vous, le duo fonctionne à merveille. La présence et la qualité du public confirment le succès d’un spectacle parfaitement huilé. « N’ayons pas peur des mots, même quand ils nous parlent de la chose « , indique l’auteur dans la présentation. Les secrets de langue française seraient donc impénétrables !

Jean-marie Dinh