Les jeunes du Petit Bard en scène à Paris

C’est déjà une longue histoire pour certains comédiens de la Cie de l’Esquive originaire du Petit Bard. La présidente de cette association de théâtre adolescent a débuté les ateliers théâtraux de quartier à l’âge de 8 ans. Elle en a 17, aujourd’hui. « Notre travail dans le quartier a débuté il y a onze ans, dans le cadre d’un partenariat avec le Secours Populaire. Il est initialement  destiné à des enfants inscrits en soutien scolaire pour favoriser le processus de socialisation à partir de la pratique théâtrale, explique Stéphanie Rondot, de la Cie Intermezzo à l’initiative du projet. Les enfants ont pris goût à toutes les étapes de la création. Beaucoup sont restés avec nous pour poursuivre. On a tissé des liens avec leur famille. On se connaît bien. »

L’action culturelle en direction des enfants s’appuie sur des contes. « Un patrimoine culturel fondateur aujourd’hui menacé par la prédominance de l’audiovisuel et de la télévision, en particulier dans les milieux les moins favorisés. »

Fondée  en 2009, La Cie de l’Esquive regroupe des ados qui suivent l’atelier depuis plusieurs années. Ses membres ont monté leur premier spectacle, la pièce de Jean-Claude Carrière, Le jeune prince et la vérité, qui leur a valu le prix du concours  « Talents des Quartier de Montpellier ». La pièce a tourné dans plusieurs lieux à Montpellier et dans l’Agglo ainsi qu’à  l’Institut du Monde arabe à Paris.

En 2011, L’esquive a créé un nouveau spectacle qui s’intitule A qui la France ? La pièce part du désir de créer un spectacle humoristique inspiré de la vie dans le quartier du petit Bard. Elle a rencontré un beau succès dans la région. Cette année, le spectacle est repris par une équipe renouvelée qui compte 4 garçons et 4 filles entre 13 et 17 ans. Il sera présenté le 8 avril au Théâtre de la Piscine de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), dans le cadre d’un échange avec une autre troupe de jeune du quartier de la Butte Rouge. « C’est important de sortir du quartier pour aller jouer dans un vrai théâtre, indique Stéphanie Rondot, sur place nous en profiterons pour visiter l’Opéra Garnier et le Jamel comédie Club avec qui nous espérons travailler. » On peut assister au spectacle dimanche 1er avril à la Maison pour Tous François Villon et le 18 mai prochain au Théâtre de la Vista.

JMDH

Rens : 06 22 39 80 48 http://cie.intermezzo.free.fr

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Montpellier,

 

La capacité de l’art à resister

mur-aida

Photo Olivier Baudouin

Ecriture contemporaine. Après le Petit Bard la compagnie Sîn poursuit sa recherche en Cisjordanie. L’ artiste y est au carrefour de son intimité, de l’autre et du monde.

Après son escale en juin au Petit Bard, la compagnie Sîn a rejoint du 13 au 27 juillet le camp de réfugiés d’Aïda en Cisjordanie. Ce camp est situé à deux pas de Bethléem, de l’autre côté du mur de séparation de 12 m construit par l’autorité israélienne. C’est une initiative qui ne relève pas d’un projet de solidarité « classique » avec le peuple palestinien mais s’inscrit plutôt dans le cadre d’une démarche artistique innovante, au long court, là où s’initie un processus d’écriture. Un peu sur le modèle de l’événement qui s’est tenu en juin à Montpellier, dans le quartier du Petit bard. L’artiste devient témoin. Il se débarrasse de ses représentations. Il s’imprègne du mode de vie des gens, va à leur rencontre, échange, s’immerge personnellement dans leur environnement et trouve matière à créer.

Depuis 2002, la Cie Sîn s’est rendue à sept reprises en Palestine. Une dimension du temps importante et nécessaire pour fonder une démarche, tisser des liens de confiance, et approfondir des relations dans un monde étranger sous tension. Cette dimension temporelle participe à l’exigence d’un projet qui ne falsifie pas la réalité.  » En 2002, lors de notre premier séjour, nous sommes tombés en pleine indique le dramaturge Emilien Urbach à l’initiative de l’aventure. C’était la vraie guerre et en même temps nous nous trouvions au milieu d’un peuple plein d’espoir. Trois ans plus tard, le fatalisme avait gagné et l’espoir disparu. Désillusionnés, les gens s’etaient repliés sur la religion. » Le temps joue également sur l’expérience personnelle :  » la première fois tu pars avec des images symboliques, celles des résistants palestiniens. Tu te dis que tu vas rencontrer des enfants héros et puis sur place tu vois des connards, des esprits brillants, des allumés, des touristes militants, des gens qui résistent dans la durée, et l’usure qui gagne. Il y a de tout. C’est une situation extrêmement complexe. On doit toujours déconstruire les images médiatiques qui sont dans nos têtes. Il s’est passé la même chose au Petit Bard. On a concerné 2 000 personnes du quartier mais seulement une cinquantaine de l’extérieur. »

Habiter pleinement le monde

Le cadre de l’action menée par la Cie Sîn en Palestine vise à donner une visibilité à la création et à la culture palestinienne. Il est envisagé comme une participation artistique à la résistance. L’action a notamment permis six séjours d’artistes palestiniens en France et le déplacement d’une quinzaine d’artistes français en Palestine. Cette année la chorégraphe Lisie Phillip et le photographe Olivier Baudouin ont participé au voyage pour préparer une performance artistique prévue en Cisjordanie au printemps prochain. « C’était leur première rencontre avec ce territoire. Ils ont exprimé le désir de travailler avec des artistes israéliens, chose à laquelle nous avions renoncée. Mais on ne voulait pas rester figé et on a tenté l’expérience avec deux artistes israéliens, explique Emilien Urbach. Ca c’est bien passé avec l’un mais pas avec l’autre qui n’a pas pu intégrer la réalité. Plus tard nous en avons discuté avec Abdel Fatha qui s’occupe du centre culturel dans le camp d’Aïda. Il nous a expliqué qu’il trouvait déplacé qu’en Occident, à chaque fois que l’on donne la parole à un Palestinien, il faille qu’un israélien soit présent, comme si le Palestinien n’existait pas par lui-même. C’est un point vu intéressant. Ce n’est pas simple d’habiter pleinement le monde dont on fait partie. « 

Des quartiers à la Cisjordanie, la Cie Sîn part à la rencontre des territoires. Tels des ethnologues qui partent sur le terrain pour objectiver leur recherche, eux le font pour les subjectiver.  » On n’est pas des casques bleus de l’art, les choses se font si les artistes et la population y trouvent un sens. »

Jean-Marie Dinh


Voir aussi : Rubrique Palestine, Rachel une mort miroir , Rubrique Théâtre, Edward Bond en milieu rural , Sur le théâtre des opérations urbaines, On line Blog de voyage de la Cie Sîn http://outwallin.blogspot.com/

Petit-bard : Les réfugiés du bâtiment A

incendie-petit-bar-2010

Le dernier incendie s'est déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi

Quartier Petit-Bard à Montpellier. Après trois incendie dans leur immeuble en moins d’un mois, les familles de la rue des Trolles qui occupent la Maison pour tous attendent une vraie solution. Des propositions leur seront faites demain…

Ils se savaient socialement oubliés. Depuis l’incendie de 2004 où Houcine El Ouamari avait trouvé la mort en tentant de sauver sa nièce, hormis les paroles d’élus et la visite d’un ministre, rien n’a changé pour les habitants du Bat. A. Pour vivre dans cet immeuble promis à la destruction, ils avaient trouvé des solutions de fortune. En interdisant formellement à leurs enfants de toucher aux fils qui sortent des panneaux électriques dans l’escalier, en évitant de prendre l’ascenseur, en scotchant les contours de leurs fenêtres qui ne ferment plus. En ravalant chaque jour leur colère et en payant leurs charges pour rester digne. Mais les trois incendies qui se sont déclarés en moins d’un mois dans l’immeuble ont mis en évidence le danger immédiat qui menace leur intégrité physique.

 

enfant-petit-bar
Samedi deux enfants font la grasse matinée dans la Maison pour tous

 » Mercredi en pleine nuit on a été réveillé par un bruit de feu d’artifice, confie une habitante, revenue temporairement chez elle pour doucher ses enfants. On est sorti dans le noir, on avait peur. Il n’y avait plus d’électricité dans tout le quartier.  »  » Les pompiers ont éteint le feu et nous ont dit que l’on pouvait remonter. Il n’y a eu aucune expertise, explique un père de famille. Je ne sais pas pourquoi on nous traite de cette manière. On essaie de se maintenir dans le droit chemin. Les gens qui habitent à la Comédie ne savent pas comment nous vivons. Mais si une voiture brûle ici toute la France est au courant.  » Depuis quatre jours 69 adultes et 98 enfants sont réfugiés dans la Maison pour tous François Villon. Ils ne veulent plus retourner dans cet immeuble.  » C’est une revendication non violente et intelligente « , indique Patrick Vignal l’élu à la cohésion sociale de la ville qui était sur place hier.  » On n’a rien réglé pour l’instant. Nous ferons une proposition lundi.  » Affaire à suivre de près…

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Montpellier Rubrique Politique locale Petit Bard Pergola rénovation urbaine, Rubrique Médias, entretien avec Stéphane Bonnefoi Justice Les rois du Petit bard, Délinquance en col Blanc

Petit-Bard. S’achemine-t-on vers une incroyable indulgence ?

Délinquance en cols blancs au Petit-Bard. Un rapport épluche les graves errements des anciens syndics

Au moment où la copropriété du Petit-Bard vient d’être divisée en neuf, le volet judiciaire mettant en cause les trois syndics sur la période 1999/2001 qui s’empoussiérait sur le bureau du juge d’instruction depuis 31 mois, risque tout bonnement de passer à la trappe.

Un peu tardivement certes, le juge d’instruction Youl-Pailhes a fait entrer au dossier, le rapport d’expertise civil Trabé et celui réalisé par une enquête du SRPJ qui épluchent les graves errements des syndics et évaluent partiellement les préjudices soufferts par la copropriété du Petit Bard. Mais le juge n’envisage pas de donner suite à la plainte des copropriétaires et locataires. Le dossier Trabé révèle pourtant d’étonnantes irrégularités : honoraires prélevés indûment par les administrateurs pouvant être qualifié d’abus de confiance, travaux réalisés par des salariés de la copropriété dans les appartements privés des gestionnaires, nombreux surcoûts constatés dans les charges, comptabilité à trous, forte présomption de détournement financier… La liste des abus émanant des trois syndics qui se sont succédé entre 1999 et 2001 est édifiante. Le préjudice financier constaté sur cette période est estimé à 157 566F

Si la réalité des dépenses effectuées dans un autre intérêt que celui de la copropriété était avérée, de tels agissements seraient d’ailleurs susceptibles de recevoir une qualification pénale » note l’expert mandaté par le TGI. « Le même tribunal a déjà eu à considérer un abus de confiance commis par un des gestionnaires à l’encontre de cette copropriété mais seulement sur 51% des sommes que l’expert considère avoir été perçues indûment. La responsabilité pénale peut donc être encore recherchée » estime l’avocat Stéphane Fernandez qui a fait une demande d’actes au nom de la partie civile afin que l’enquête soit poursuivie. Le temps de la justice étant, comme l’on sait, une arme redoutable, les périodes antécédentes sont tombées sous le coup de la prescription. Le président de la chambre d’instruction de La Cour d’Appel, Georges Moitié, doit rendre maintenant une ordonnance pour dire s’il y a lieu ou non de donner suite à cette demande. S’il la rejette il ne restera plus aux plaignants qu’à deviser et se répéter la phrase de Saint-Just : «  rien ne ressemble à la vertu comme un grand crime. »

Jean-Marie DINH

Voir aussi :  Rubrique Justice Syndic Petit bard Bien loin des comparutions immédiates