Intermittents mais pas seulement

imagesMobilisation. Assurance chômage : dernier round de négociations, les intermittents manifestent et sont rejoints.

Les intermittents une nouvelle fois mobilisés dans plusieurs villes hier, pour occuper certains sièges locaux du Medef. A Montpellier le rendez-vous qui a rassemblé 400 personnes s’est tenu devant la Dirrecte pour un sitting. A l’heure de la dernière séance de renégociation de la convention d’assurance-chômage, qui réunissait au siège du Medef patronat et syndicats. Les travailleurs de la culture apparaissent au devant de la scène mais ne doivent pas masquer ce qui se joue pour l’ensemble des salariés, indique en substance la CGT très représentée dans le secteur culturel.

A la foule se sont joints les précaires, et l’union syndicale de l’Intérim. Le statut d’interimaire se trouve directement dans le collimateur du Medef qui veut supprimer leurs conditions d’indemnisation spécifique, Bien conscient que le dumping social se répercute directement sur tous les travailleurs et les demandeurs  d’emploi les associations de chômeurs sont aussi de la partie.

En milieu d’après-midi une délégation a été reçue par le directeur régional de l’emploi. « Nous souhaitons lui rappeler que le gouvernement doit rester garant d’un mieux-disant social dans les négociations en cours, indique Eva Loyer pour la CGT Spectacle. C’est  un jeu de dupe qui se joue actuellement entre le Medef et le pouvoir en place et ce sont les salariés qui vont trinquer. Il faut que les gens prennent conscience de l’impact des prérogatives du Medef en matière d’assurance chômage. Tout le monde est concerné. » Après interruptions et reprises des négociations à Paris un accord semblait s’éloigner.

JMDH

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Economie, rubrique Société Emploi, rubrique Mouvements sociaux,

Les intermittents debout entre le marteau et l’enclume

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Photo Rédouane Anfoussi.

Mobilisation. Reçus par l’Etat, la Région et l’Agglo les travailleurs de la culture attendent toujours du concret.

Le vice-président du Medef, Jean-François Pilliard, a réclamé hier à Paris « des premières mesures applicables de suite » pour réformer l’indemnisation chômage des intermittents, à « compléter » par de « nouvelles discussions » tandis que dans toute la France des cortèges unitaires défilaient à l’appel d’une l’intersyndicale des métiers de la culture.

Les syndicats rassemblés défendent des propositions pour un juste régime d’assurance chômage. Ils dénoncent les baisses programmées du budget du ministère et des collectivités locales avec les conséquences dramatiques sur l’emploi et l’économie locale.

A Avignon, les intermittents ont occupé la mairie. A Marseille, ils ont été gentiment gazés avant d’être reçus par le candidat socialiste Patrick Mennucci. A Montpellier, les intermittents ont rencontré le directeur régional des affaires culturelles, avant de se rendre à l’hôtel de Région puis de rencontrer J.-P Moure à l’Agglo. Au cœur de la discussion : l’illisibilité de la loi d’orientation qui devait régir les compétences et définir un programme.

« Il y aurait un volet concentré sur les métropoles et un volet régional. La loi prendrait effet en janvier 2015, mais on sent bien qu’il n’y a pas de projet et pour le budget, on nous renvoie sur Bercy », commente Yves Bommenel du SMA. La CGT spectacle souhaite une décentralisation basée sur des compétences partagées en refusant le transfert de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales.

« Ils veulent faire une loi alors que les collectivités ne s’entendent pas sur les compétences, souligne Eva Loyer. Le résultat sera une gestion à la petite semaine avec un retrait de l’Etat et nous au milieu. Ce gouvernement n’a aucune ambition culturelle. On perd tous sens du politique. On veut des écrits et des actes ! »

Au niveau national, le Medef n’évoque plus la suppression pure et simple du régime des intermittents. Provocation ?  « Notre mobilisations a joué, contre la casse de l’assurance chômage, constate Didier Taudière (SFA CGT). Mais, on peut aussi y voir un contre feu dans la négociation sur le pacte de responsabilité. » Prochain rendez-vous les 18 contre le pacte de responsabilité et 20 janvier, date de reprise des négociations sur l’indemnisation chômage.

   JMDH

Source : L’Hérault du Jour : 13/03/2014

Voir aussi : Rubrique Politique culturelle, rubrique Montpellier, rubrique Société, Emploi,

Accord entre le patronat et trois syndicats sur le pacte de responsabilité

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A l’issue d’une ultime séance de négociations, un terrain d’entente, a été trouvé sur les contreparties à apporter au pacte, ce jeudi. Il ne comporte pas d’engagements chiffrés.

Le premier secrétaire du PS Harlem Désir (photo AFP) a salué mercredi l’accord sur les contreparties du pacte de responsabilité comme «l’enclenchement d’une dynamique». «Grâce à l’engagement des partenaires sociaux, la dynamique du pacte de responsabilité est désormais enclenchée», se félicite Harlem Désir dans un communiqué.

«Le dialogue social qui va maintenant s’engager dans tout le pays doit porter en particulier sur les créations d’emplois, l’embauche des jeunes et le maintien des seniors dans l’emploi, la formation, la qualification, les investissements en France, la transition énergétique et une plus grande solidarité, au sein des filières, entre les grandes entreprises et les PME sous-traitantes», ajoute le premier secrétaire.

Le patronat (Medef, UPA, CGPME) et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont abouti mercredi à un accord sur les contreparties du pacte de responsabilité, a annoncé le Medef à l’issue d’une nouvelle séance de négociation. Le texte doit être soumis aux instances dirigeantes de ces organisations. La CGT et Force ouvrière ont émis, elles, un avis négatif sur le projet présenté par le patronat.

«Il n’y a pas d’engagements chiffrés» sur les créations d’emplois attendues des entreprises en échange de 30 milliards de baisses de cotisations promises par le gouvernement, a expliqué le chef de la délégation du Medef Jean-François Pilliard. Mais «le texte détaille de façon rigoureuse les dispositifs qui seront en place au niveau des branches (professionnelles) pour aller vers des objectifs» en matière d’emplois, a-t-il indiqué.

La négociatrice de la CFDT Véronique Descacq s’est dite satisfaite des «engagements» obtenus. «La CFDT est restée intransigeante sur ses demandes d’engagements chiffrés en matière d’emplois, de classification et d’investissements», a-t-elle assuré.

Le gouvernement, qui considère le pacte comme son arme ultime contre le chômage, avait demandé aux partenaires sociaux de parvenir à un accord d’ici à la fin mars sur les contreparties. «La bataille du pacte, c’est la bataille de la croissance. Redonner des marges de manoeuvre aux entreprises, ce n’est pas faire des cadeaux aux entreprises», a récemment assuré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

AFP 05/03/2014

« Bruits et couleurs» une union pour chasser les idées brunes

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« L’heure est venue de redescendre dans la rue pour travailler sur les consciences. » Photo Rédouane Anfoussi

Mobilisation. A Montpellier un rassemblement festif unit associations, syndicats et partis politiques, à la gauche du PS, contre le racisme.

Le cercle s’est élargi progressivement samedi en début d’après-midi autour des artistes du Cirque Baltazar. A l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme, 200 personnes étaient réunies pour se rassemblement «Bruits et couleurs» contre le racisme, et pour l’égalité des droits. AFPS34, ATMF, DIDF, FCPE, FSU 34, Habiter enfin, LDH, Mala Kurda, MDPL, MRAP, RESF34, CFDT, SAF Montpellier, Sud Solidaires, ULCGT Montpellier, Front de Gauche, NPA, PRG, PCF Montpellier,…  les associations syndicats et partis politiques ont donné à cet appel une diversité de couleurs, de circonstance, devant l’accroissement spectaculaire des inégalités qui frappent notre pays et se concentrent comme l’on sait sur les population issues de l’immigration et étrangères.

« A la LDH, cela fait des années que nous luttons contre le racisme et toutes les formes de ségrégations avec d’autres mouvements , confie Sophie Mazas, mais on voit ressurgir dans le débat public hexagonal des choses d’un autre âge. Je pensais qu’on en avait fini avec le racisme de peau comme on l’a vu dans l’affaire Taubira. Les déclarations de Valls sur les Roms démontrent non seulement qu’il a un problème avec la politique mais aussi avec la loi car la Roumanie fait partie de l’UE. La LDH est solide sur ses  positions mais l’heure est venue de redescendre dans la rue pour travailler sur les consciences et ne pas laisser le terrain au FN.»

Les choix politiques faits à l’échelon local sont aussi d’une importance capitale pour lutter contre les inégalités. « L’extrême droite ce n’est pas seulement le FN rappelle le secrétaire général de l’ULCGT, Julien Colet, on la retrouve dans les composantes de La Manif pour Tous et différents groupuscules.  Lutter contre ce fléau c’est promouvoir une certaine conception du vivre ensemble. Ce n’est pas déployer de manière spectaculaire 190 policiers comme jeudi dernier au plan Cabanes. Pour financer les cadeaux fiscaux faits au MEDEF le gouvernement taille dans les dépenses publiques notamment dans  les effectifs de la police de proximité et veut se rattraper à bon compte en organisant des opérations coup de point qui n’ont jamais rien résolu. C’est de la «com» qui surf sur l’insécurité. Nous n’acceptons pas  la banalisation de l’état de siège ni la stigmatisation médiatique de quartiers populaires

Egalement présent, Le collectif non à l’expulsion des familles Roms s’insurge contre les expulsions de camps de Roms prévues par la préfecture « Cela va réduire à zéro le travail de scolarisation et d’intégration par l’emploi que nous menons avec les familles, sans rien régler. »

Depuis la Marche pour l’égalité minée par la récupération politique et les déceptions consécutives, le monde associatif peine à développer des mouvements organisés et massifs de combat contre le racismes, l’exclusion et les discriminations. Les acteurs présents hier ont bien conscience qu’ils doivent se retrouver pour élargir et construire.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 22 février 2014

Voir aussi : Rubrique Société, Citoyenneté, Mouvement sociaux, rubrique Politique Locale, Dans le Gard la société civile s’engage contre la discrimination, Politique de l’Immigration, rubrique Montpellier,

Questions autour de la protection de l’emploi

 Par Stéphane Ménia

La protection de l’emploi, c’est ni bien, ni mal. Mais c’est pas si bien que ça. Enfin, faut voir.

Il y a deux catégories de gens sur Twitter : les cons et les autres. Bref, comme ailleurs. Ceux qui m’y suivent (et avant sur Facebook) savent que je publie de temps en temps des petits schémas visant à synthétiser des thèmes pour mes cours. Jeudi matin, j’en ai publié un, que je venais de finir pour illustrer un bout de cours que je faisais ce jour là. Habituellement, j’ai plutôt des remarques constructives. Là, je me suis fait pourrir la gueule pour pas un rond par un certain nombre d’hystériques. La protection de l’emploi, c’est comme le mariage gay, tu peux pas en parler avec n’importe qui…

Donc, voici le fameux schéma, que je vais préciser, pour ceux qui ont encore un cerveau pas totalement pavlovien.

Protection de l'emploi

Dans le poly de cours que je donne à mes étudiants (non spécialistes en économie), il illustre le paragraphe suivant, dans une partie qui traite des explications alternatives et complémentaires du chômage. J’y énumère les thèses les plus courantes et donne une synthèse du point de vue des économistes sur le sujet, au travers des estimations empiriques, quand elles sont disponibles. Oui, je dis bien « moyenne ». Que vous soyez d’accord avec la moyenne n’a aucune importance à mes yeux. Mon job est de donner un aperçu, pas de former des militants syndicaux ou patronaux. Bref, voici le paragraphe en question :

« L’argument complexe de la protection de l’emploi : lorsque l’emploi est protégé, on ne constate pas beaucoup plus de chômage que dans les pays où il ne l’est pas. En revanche, la durée du chômage est plus longue car les flux d’entrée et de sortie du chômage sont plus réduits (un employeur est plus réticent à embaucher ou à licencier, prévision intuitive du modèle d’appariement de Mortensen et Pissarides). A terme, cela peut poser un problème par le biais d’un effet d’hystérèse. La déqualification des chômeurs de longue durée pèse sur leur capacité à retrouver un emploi. L’effet est donc visible sur le taux d’emploi plus que le taux de chômage. Mais cela revient un peu au même, l’emploi est inférieur à ce qu’il devrait être.
On peut supposer également que lorsque l’employé est protégé, les travailleurs ont un pouvoir de négociation plus élevé, ce qui accroît les salaires et induit plus de chômage par le biais du coût du travail.
Il semble par ailleurs que les pays dans lesquels la protection de l’emploi est élevée ne soient pas ceux dans lesquels les salariés employés sont les plus heureux. La crainte de perdre son emploi sur un marché du travail où il est difficile ensuite d’en retrouver un serait la cause de ce « stress ». Cette crainte peut conduire les salariés à conserver un emploi protégé qui ne leur convient pas et pour lequel ils ne sont pas forcément les plus adaptés. Ce qui est un facteur de perte de productivité pour l’économie puisque les gens employés sur un poste ne sont pas forcément ceux qui devraient l’occuper. »

Sur quoi s’appuie cette synthèse ? Il y a d’abord eu un rapport du CAE, rédigé par Jean Tirole et Olivier Blanchard. Aux pages 12 et 13, on peut y lire :

« La plupart des théories du marché du travail suggèrent que la protection de l’emploi, c’est-à-dire les contraintes légales et administratives ainsi que les indemnités de licenciement versées aux salariés et paiements versés à l’État lors de licenciements, devrait avoir les effets suivants :
* un taux plus faible de licenciements, et donc des flux réduits sur le marché du travail ;
* une durée du chômage accrue ;
* un effet important sur la nature du marché du travail, qui devient plus sclérosé, plus « stagnant » (faibles flux, allongement de la durée de chômage) ;
* un effet net ambigu sur le taux de chômage (licenciements moins importants, mais chômage plus long).
(…)
L’évidence empirique sur données internationales est largement en accord avec ces prédictions théoriques :
* sur la base d’indices de protection de l’emploi construits, sur des échantillons de pays, par l’OCDE et divers auteurs, une forte corrélation négative apparaît entre protection de l’emploi et flux vers et en provenance d’un emploi, d’une part, et vers et en provenance du chômage, d’autre part ;
* sur la base de ces mêmes indices, la protection de l’emploi et la durée du chômage sont corrélées. Des durées moyennes de chômage élevées sont souvent observées dans les pays où la protection de l’emploi est forte ;
* pour une durée moyenne de chômage donnée, des flux plus faibles (pertes et gains d’emploi) diminuent le chômage. Pour des flux donnés, un accroissement de la durée de chômage accroît le chômage. La conjonction de ces deux effets a pour effet une quasi-absence empirique de corrélation entre protection de l’emploi et taux de chômage. La comparaison entre le Portugal et les États-Unis est très révélatrice à ce sujet (…). Bien que la protection de l’emploi soit beaucoup plus forte au Portugal qu’aux États-Unis, les taux de chômage y ont été très similaires ces trente dernières années. Cette similitude des taux cache cependant des réalités très distinctes : la durée du
chômage au Portugal a été en moyenne trois fois plus élevée qu’aux États-Unis. Les flux (vers et en provenance d’un emploi) ont été en moyenne trois fois plus faibles au Portugal qu’aux États Unis. »

Le rapport en question reflétait l’état de la littérature sur ce sujet. En bref, une protection de l’emploi plus forte ne signifie pas un chômage plus élevé. J’ai ajouté à ma synthèse l’idée qu’il existe un lien légèrement positif car il semble que si aucune des études ne met en évidence un lien flagrant, le panel d’études tend à conclure à un lien légèrement positif mais pas franchement convaincant. Car, voyez-vous, si le jour de l’examen (national) un jury a l’idée de dire à un de mes étudiants « Ah, mais je connais une étude qui montre un lien positif », j’aimerais que l’étudiant soit en mesure de devancer cette remarque.

En cherchant il y a quelques mois une actualisation des données, je suis tombé sur le billet du Captain Economics sur le sujet. Le simple nuage de points qu’il reproduit, dont il prend bien soin de préciser qu’il ne doit pas être interprété avec exaltation, montre clairement que même en dehors de toute analyse économétrique, si relation il y a, elle ne doit pas être bien violente…

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D’où, tous ces points étant pris en compte, le coeur du schéma et son cadre : « Constat empirique : chômage légèrement plus élevé que si protection faible ». J’aurais pu tout aussi bien écrire « Lien constaté en moyenne positif et statistiquement non significatif ». Quel progrès… mes étudiants n’auraient rien compris en relisant leurs notes, mais j’aurais employé un terme particulièrement précis scientifiquement. Là, ils ont compris. Et notamment qu’il ne fallait surtout rien conclure avec certitude devant un jury qui, avec une probabilité élevée, leur dégommerait la tête en cas de prise de position radicale, quel que soit le sens choisi. Accessoirement, ça leur permettra de donner l’état moyen de la connaissance sur le sujet, plutôt que de tenir des propos de comptoir.

Venons-en maintenant aux à-côté. Pascal Riché, de Rue89, a fait remarquer qu’il existait un schéma alternatif, d’une grande simplicité :

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Oui, c’est pas faux. J’avoue que je n’ai pas pris le temps sur mon schéma de mentionner que ne pas perdre son emploi avait quelques avantages (mais Riché a raison : il faut parfois reposer quelques bases ; sa contribution courte et amusante est légitime). Mais pour plusieurs raisons. La première, c’est que je vois mal comment ne pas insulter mes interlocuteurs en leur rappelant ça. Je dois vivre trop détaché du peuple, j’en viens à omettre ces détails. La deuxième raison, c’est que, toute forte soit-elle, la protection de l’emploi n’est pas un vaccin absolu contre le chômage. Car, effectivement, il y a chaque jour des emplois qui sont détruits en grande quantité. Et cet état de fait plus ou moins regrettable, du moins du point de vue des gens concernés, conduit à des tas de désagréments que j’ai voulu souligner dans le schéma.

Le premier, c’est que, s’il y a des gens dedans pendant longtemps, il y a des gens dehors pendant longtemps aussi. Le risque est donc double. Tout d’abord : ne plus être très sexy au bout d’un certain temps sur le marché du travail. Surtout dans un pays où le chômage de longue durée, quoique dramatiquement élevé (plus de 40% des chômeurs), est un marqueur à l’embauche. Et donc finir par se retirer du marché du travail, donc réduire le taux d’emploi sans accroître le taux de chômage. C’est la logique de l’effet d’hystérèse évoqué. L’autre risque, c’est d’être tellement conscient que si la probabilité de se retrouver sans emploi est faible, voire très faible (Wyplosz et Delpla relayaient un chiffre de 3,8% pour les gens en CDI), pondérer ce faible risque par le coût qu’il représenterait s’il venait à se réaliser est effrayant. Comme le dit Éric Maurin dans sa peur du déclassement : « Plus les murailles qui protègent les statuts sont hautes, plus la chute risque d’être mortelle – peu importe qu’elle soit improbable. ». A l’appui de ces dires, on peut citer ce travail de 2004 de Fabien Postel-Vinay et Anne Saint-Martin, qu’on peut résumer en disant que ce n’est pas dans les pays où la protection de l’emploi est la plus élevée qu’on se sent professionnellement le plus en sécurité. D’ailleurs, qui est en sécurité, formellement ? Ceux qui ont déjà un emploi stable, ne l’oublions pas. Jusqu’à ce qu’il ne l’ait plus, on l’a compris…
Alors, oui, quand on a un job, on s’y accroche beaucoup. Ne me dites pas : « Ah, jamais, moi quand je ne suis pas bien dans un boulot, je me tire ». Je veux bien le croire, mais vous avez la chance d’appartenir à une catégorie de gens qui sont suffisamment bankable (comme disent les gens dans le business) pour passer d’un CDI à un autre. Ou alors, vous êtes un risque tout (de préférence sans charge de famille, hein…). Ou encore, un risque-tout idéaliste qui a su se détacher des contingences matérielles (ce qui est tout à votre honneur). Hélas, ces catégories n’incluent pas grand monde et je vous invite à élargir votre champ d’observation des situations et comportements des travailleurs français. Ah, je sais aussi qu’il y a même des gens qui aiment leur travail et y sont bien. Mais alors, pourquoi donc la protection de l’emploi ne les rend pas davantage heureux ? Bref, on s’accroche. Y compris quand on déteste son boulot et qu’on y perd son temps, son talent, voire sa santé mentale. Y compris quand notre patron verrait d’un bon oeil que nous le quittions, mais ne franchira pas le pas du licenciement pour éviter les coûts correspondants. Ce qui, en toute logique, à une échelle plus large conduit à une conclusion corollaire : quand la protection de l’emploi est forte, il y a des gens qui ne sont pas dans l’emploi qu’ils devraient occuper. Ce qui représente une perte de productivité qui, si elle est dure à évaluer, ne fait guère de doute (et mérite à ce titre d’être mentionnée).

Mais, me direz-vous… le taux de rotation sur les emplois est particulièrement élevé en France ! C’est l’OFCE qui nous le rappelle dans un document de 2012 :