Légitime défense, outrages… L’Assemblée approuve le projet de loi controversé de sécurité publique

Déjà voté au Sénat, le texte devrait être définitivement adopté d'ici la fin du mois.

Déjà voté au Sénat, le texte devrait être définitivement adopté d’ici la fin du mois.

Dans un contexte tendu en pleine affaire d’Aulnay-sous-Bois, l’Assemblée nationale a approuvé, mercredi 8 février, le projet de loi de sécurité publique. Ce texte, présenté comme une réponse aux manifestations policières de l’automne, assouplit les règles de légitime défense pour les policiers, durcit les peines pour outrages aux forces de l’ordre et autorise l’anonymat des enquêteurs.

Le projet de loi aligne les règles de légitime défense des policiers sur celles des gendarmes, qui disposent d’une plus grande marge de manœuvre. Le texte liste cinq situations dans lesquelles les forces de l’ordre, ainsi que les douaniers et les militaires de l’opération Sentinelle, pourront utiliser leurs armes :

• face à la menace de personnes armées

• lorsqu’ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu’ils occupent

• lorsqu’une personne cherche à échapper à leur garde, qu’ils ne peuvent l’arrêter autrement et qu’elle présente une menace

• lorsqu’ils ne peuvent arrêter autrement un véhicule présentant une menace et enfin dans le but d’empêcher un « périple meurtrier ».

La droite voulait aller plus loin

Durant la discussion de l’article sur la légitime défense, Marc Dolez (Front de gauche) et Pouria Amirshahi (non-inscrit) ont relayé l’argumentaire du Défenseur des droits, Jacques Toubon, selon lequel le projet de loi risque de donner le « sentiment d’une plus grande liberté pour les forces de l’ordre alors que les cas prévus sont déjà couverts »« A Viry-Châtillon, les fonctionnaires de police étaient parfaitement en situation de se défendre (…) Au Louvre, le droit de la légitime défense n’a pas empêché de répondre pour se protéger », a indiqué Pouria Amirshahi.

A ces critiques, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a répondu que la légitime défense resterait régie « par les principes d’absolue nécessité et de stricte proportionnalité » imposés par la Cour européenne des droits de l’Homme. Comme lui, les orateurs socialistes ont jugé qu’il n’y avait « aucune raison » de maintenir une « dichotomie entre gendarmerie et police nationale, toutes placées sous la même autorité du ministère de l’Intérieur ».

A l’inverse, Les Républicains, représentés par Eric Ciotti, ont regretté que le texte « n’aille pas assez loin », relayant vainement les demandes des syndicats de policiers municipaux pour bénéficier aussi de ces règles. Les policiers municipaux « n’ont pas le même statut, pas la même hiérarchie de commandement et ne participent pas au processus du maintien de l’ordre », a objecté le socialiste Jean-Yves Le Bouillonnec.

Une adoption définitive d’ici la fin du mois ?

Les autres points principaux du texte ont été peu débattus. Il s’agit de l’extension possible de l’anonymat des enquêteurs dans certains actes de procédure, pour les protéger, ainsi que leur famille. Autre mesure : le doublement des peines prévues pour outrage aux forces de l’ordre pour les aligner sur celles d’outrage aux magistrats, passibles d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Cette dernière mesure risque de « creuser le fossé déjà existant entre la force publique et la population », avait averti Jacques Toubon.

Le projet de loi a été approuvé à l’unanimité de la quinzaine de députés PS, LR et FN présents. Seul le Front de gauche avait annoncé son intention de s’abstenir.

Ce texte ayant déjà été voté au Sénat en janvier, la majorité de gauche de l’Assemblée et celle de droite du Sénat vont maintenant devoir surmonter leurs faibles divergences, principalement sur l’extension de ce régime de légitime défense à la police municipale. Le texte devrait être définitivement adopté d’ici la fin des travaux parlementaires, fin février.

Source AFP 09/02/2017

M 5

Manif après le viol commit par un policier

Aulnay-sous-Bois : les policiers tentent la défense du viol… par accident

viol-violences-policiers-en-garde-a-vue-aulnay_5794673Quatre policiers de la brigade spécialisée de terrain (BST) d’Aulnay-sous-Bois ont été mis en examen ce dimanche 5 février pour violences volontaires en réunion, à la suite d’un contrôle d’identité qui a dégénéré d’une manière à peine croyable. L’un d’entre eux est accusé d’avoir violé, lors de ce contrôle, le jeune homme de 22 ans interpellé.

Un simple contrôle de police qui aurait dégénéré en viol. Quatre policiers soupçonnés d’avoir interpellé avec violence un jeune homme de 22 ans à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, alors qu’ils procédaient le jeudi 2 février à un contrôle d’identité, ont été mis en examen ce dimanche soir pour violences volontaires en réunion et l’un d’entre eux pour viol, a annoncé le parquet de Bobigny. Plus tôt dans la journée, le Parquet avait pourtant requalifié les faits, ne retenant que l’accusation de violences en réunion.

Bien que le jeune homme présente selon les médecins « une lésion du canal anal de dix centimètres de profondeur », le parquet de Bobigny a en effet estimé qu’il n’y aurait pas eu d’élément intentionnel de pénétration. Un avis toutefois balayé par le juge d’instruction chargé de l’affaire, qui a finalement mis en examen le policier soupçonné d’avoir provoqué ces blessures avec une matraque télescopique, pour viol par personne ayant autorité et violences volontaires.

« C’est une affaire exceptionnellement grave (…), ce gamin n’est pas connu des services, il appartient à une famille de gens parfaitement intégrés qui ne cherchent pas d’histoires. (…) Il y a une exigence vis-à-vis de la justice, la famille veut des réponses », a réagi sur France Inter ce lundi 6 février l’avocat de la victime, Eric Dupond-Moretti, saluant l’intervention du maire Les Républicains de la ville, Bruno Beschizza – lui-même ancien policier -, qui a publiquement dénoncé dans un communiqué la tentative de requalification des faits.

Placés sous contrôle judiciaire et « immédiatement » suspendus par le ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, les quatre agents de police de brigade spécialisée de terrain (BST) d’Aulnay-sous-Bois ont quant à eux désormais « l’interdiction d’exercer l’activité de fonctionnaire de police » et « l’interdiction de paraître en Seine-Saint-Denis ». Sur le déroulé de l’interpellation du jeune Théo, filmée par les habitants, les versions divergent cependant.

Le pantalon aurait… « glissé tout seul »

Quand les policiers sont arrivés sur place dans la Cité des 3.000, raconte un témoin dans Le Parisien, « ils ont giflé un petit. Par la suite, le petit Théo a voulu s’interposer pour défendre son pote (…) et les flics n’ont pas aimé. » « Il y a des échanges de mots mais on ignore ce qui se dit, complète une source proche de l’enquête dans Le Monde. Assez rapidement, les policiers font usage de gaz lacrymogène ».

Comment la matraque de l’un des policiers a-t-elle pu finir par pénétrer l’anus du jeune homme ? Eh bien les policiers affirment, rapporte toujours cette source proche de l’enquête, que le pantalon du jeune homme « semble glisser tout seul ». « Sur la vidéo, on voit un coup de matraque télescopique, à l’horizontale, vers la victime. Le coup traverse le caleçon, nous pensons que c’est celui-ci qui entraîne la blessure », conclut la source dans le quotidien.

Une version qui a provoqué ce lundi matin l’ironie outrée de Me Dupond-Moretti : « Il est contrôlé par quatre flics qui le battent, il y a du sang partout sur le mur, et on introduit dans l’anus de ce jeune homme une matraque (…), le pantalon baissé qui a dû tomber par hasard… ». Sur la tentative du Parquet de ne garder que la qualification de violences, l’avocat relève : « Tous ceux qui introduiront un objet quel qu’il soit dans le sexe ou dans l’anus pourront revendiquer qu’ils n’ont pas de visées sexuelles, et ils seront donc mis en examen pour violences, avis aux amateurs ! »

Outre cette blessure, Théo présente également des ecchymoses au visage et au niveau du crâne. Il affirme avoir été frappé au moment de son interpellation, de son menottage ainsi que dans le véhicule de police où les agents de la BST lui auraient de surcroît asséné des insultes à caractère raciste comme « bamboula » ou « négro ». Lorsque le policier a pris « sa matraque » et qu’il me « l’a enfoncée dans les fesses » (…) « volontairement » (…) j’ai cru que j’allais mourir » (…) mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal », a quant à lui confié Théo à ses avocats selon un document audio auquel à eu accès BFM. Un état de santé qui lui a d’ores et déjà valu soixante jours d’interruption totale de travail.

Ce week-end, l’affaire a provoqué de brefs incidents à Aulnay-sous-Bois : une voiture incendiée et une tentative d’incendie sur un bus. Un habitant s’est confié auprès de l’AFP : « C’est un vrai choc, comme on en a jamais connu à Aulnay ».

Source Mariane 06/02/2017

On line. Aulnay-sous-Bois : « Si les policiers nous attaquent, qui va nous protéger ? »

La marche en soutien au jeune homme, dont la famille n’est pas à l’initiative, va commencer. Il a été grièvement blessé à l’anus avec une matraque, jeudi dernier, lors d’une interpellation par quatre policiers. Depuis, trois d’entre eux ont été mis en examen pour violences volontaires en réunion, et un pour viol. Tous ont été suspendus.

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Camille Tolédo « Faire face à l’angle mort de l’histoire »

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Camille Tolédo : « Le massacre d’Utoya révèle un état politique réactionnaire en Europe ». Photo dr

L’auteur Camille Tolédo évoque son drame contemporain « Sur une île » donné au Théâtre de la Vignette. Une pièce inspirée de la tragédie d’Utoya en Norvège où le raid d’Anders Bechring Breivik s’est soldé par la mort de 69 jeunes et une dizaine de blessés

Sur une île fait suite à votre texte « L’inquiétude d’être au monde » paru chez Verdier, comment s’est opéré ce passage au théâtre ?

J’avais écrit ce texte suite au carnage d’Utoya où ce gamin, qui s’est mis à tirer sur des enfants comme dans un jeu vidéo, m’est apparu comme le marqueur d’un cycle historique qui se réveille  en Europe  sous le fantasme de la pureté des origines, comme un besoin de revenir aux fondamentaux identitaires et religieux réducteurs. Cela révèle un état politique réactionnaire en Europe. Une vague très lourde, qui m’a inspiré un chant pour prendre à rebours et inverser ce cycle de mort. Le metteur en scène Chistophe Bergon avec le Théâtre Garonne de Toulouse et le TNT qui produisent la pièce, m’ont demandé d’écrire une adaptation.

Cette adaptation, que l’on vient de découvrir à Montpellier, nous donne une nouvelle perception de cet événement plus intime et prégnante que celle véhiculée par les médias.  Est-ce à vos yeux le rôle politique et social du théâtre ?

J’aurais du mal à assigner une fonction au théâtre. Chacun s’en saisit à sa manière. Le théâtre dans sa forme classique, qui met des gens dans une assemblée, recoupe la fonction politique. Aujourd’hui on le voit avec ses formes stéréotypées de discours, l’arène politique est ruinée. J’observe dans l’art contemporain et dans la littérature une reprise de l’activité politique. L’expression artistique propose des scénarii. Pour cette pièce, je voulais aller sur ce terrain. Je souhaitais que l’assemblée réunie au théâtre se retrouve face à ces grands cortèges souverainistes  extrémistes qui défilent massivement en Europe.  Dans la pièce, on fait face à l’angle mort de l’histoire, face à une Europe putréfiée qui fait histoire.

Vous faites remonter la conscience d’un temps historique et générationnel, ce sont les premiers enfants du siècle qui sont morts à Utoya écrivez-vous. Pensez-vous que la perception de votre pièce par les jeunes diffère de celle de leurs aînés sans doute moins aptes à agir ?


Quelque chose chez moi fait appel à nos enfances. Après le virage néo-libéral, il est juste de dire que le discours dominant depuis une vingtaine d’année, s’est accommodé de ce monde sans perspective. La génération des trente glorieuses et celle qui lui succède n’ont pas les capteurs sensoriels  aiguisés. Ils n’ont pas vu venir la violence et cette violence s’est installée.  Là, on retombe sur deux enfances captées par le désir des petits soldats radicaux qui tuent pour exister, celle des Breivik et celle des islamiques et puis il y a la jeunesse  d’Utoya, la jeunesse sociale démocrate. Celle qui se réveille le lendemain du Bataclan soudainement face au loup, à la verticalité de l’Histoire et à la mort.

Sur une ïle. Production Théâtre Garonne, TNT, programmé au Théâtre La Vignette

Sur une ïle. Production Théâtre Garonne, TNT, programmé au Théâtre La Vignette

Vous pointez la soumission, l’obéissance à un monde révolu. Dans la pièce, Jonas le bon enfant de Norvège, finit par tuer Breivik devenu un décideur européen. Assumez-vous ce rapport à la violence ?

Je la mets très clairement dans la bouche de Jonas, mais son acte individuel doit questionner nos impuissances. La séquence ouverte par François Furet, qui a enterré la Révolution française dans les année 80, s’ouvre à nouveau aujourd’hui. Nous sommes dans un moment où nous devons prendre en charge la question du politique. Face à la résurgence du KKK sous sa forme trumpiste ou à l’ordre nihiliste de type islamiste, il est temps de sortir de la vision : la violence c’est mal. Je crois qu’une violence peut être plus légitime qu’une autre.

On sait qu’un ordre politique naît souvent du meurtre. Ce savoir tragique a été complètement oublié. Le pouvoir tyrannique qui règle la question de nos peurs fonde les dérives de la démocratie avec toujours plus de sécurité et d’Etat d’urgence. L’Etat reste en suspension mais la question demeure. Quel meurtre dois-je commettre pour fonder un autre monde ?

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 03/02/2017

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Pour éviter la « destruction de la famille », la Russie dépénalise les violences domestiques

 La députée Olga Batalina à la tribune de la Douma défend le projet de loi dépénalisant les violences intra-familiales, le 25 janvier. La députée Olga Batalina à la tribune de la Douma défend le projet de loi dépénalisant les violences intra-familiales, le 25 janvier. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP

La députée Olga Batalina à la tribune de la Douma défend le projet de loi dépénalisant les violences intra-familiales, le 25 janvier. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP

Sous la pression du pouvoir et de l’Eglise orthodoxe, les députés ont voté un projet de loi qui allège les peines en cas de violences dans le cercle familial.

A une écrasante majorité, les députés russes ont adopté, mercredi 25 janvier, un projet de loi controversé visant à dépénaliser les violences commises dans le cercle familial. Le texte, voté en deuxième lecture avec 385 voix et seulement 2 contre, prévoit de commuer en peine administrative des actes de violence n’entraînant pas d’hospitalisation, mais considérés jusqu’alors comme un délit pénal passible de deux ans d’emprisonnement. « C’est un vote historique car, dans certains pays, le rôle de l’Etat dans la vie familiale dépasse toutes les bornes », s’est réjoui, en séance, le député Andreï Issaïev.

« Le pouvoir veut faire trois pas en arrière en dépénalisant complètement la violence et en retirant aux victimes leur seul mécanisme de protection », s’insurge un collectif de femmes qui appelle à une manifestation, le 4 février, dans un quartier nord de Moscou. Leur précédente tentative de rassemblement, sur la place Bolotnaïa – lieu de rassemblement des grands défilés de protestation contre la réélection de Vladimir Poutine durant l’hiver 2011-2012 – s’est heurtée à un cynique refus des autorités : « Pas assez de place pour 1 000 personnes », a affirmé la mairie.

Pression de l’Eglise orthodoxe

Féministes et défenseurs des droits de l’homme ne désarment pas pour autant et font valoir qu’en Russie, plus de 10 000 femmes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. Selon Svetlana Aïvazova, membre du conseil des droits de l’homme au Kremlin, qui s’appuie sur les statistiques officielles, 40 % des crimes graves, dont sont victimes en priorité des femmes mais aussi des enfants, se produisent en milieu familial.

Sous la pression du pouvoir et de l’Eglise orthodoxe, les promoteurs du projet, qui devrait être adopté définitivement le 27 janvier – une simple formalité – avant d’être promulgué par Vladimir Poutine, ont remis en cause l’introduction, en juillet 2016, de la notion de « proches » dans l’article 116 du code pénal russe relatif aux violences physiques. Ils jugeaient « discriminatoire » le fait que ces proches puissent être poursuivis pénalement alors que les auteurs d’agressions bénignes qui ne font pas partie du cercle familial relèvent du droit civil.

L’entrée en vigueur de cette disposition aurait pu « aboutir à ce que les parents consciencieux soient menacés de poursuites pénales, jusqu’à deux ans de prison, pour n’importe quel recours, même modéré et judicieux, à la force physique dans l’éducation des enfants », avait aussitôt réagi la commission des affaires familiales du patriarcat sur son site Internet.

En décembre 2016, interrogé sur ce sujet lors de sa conférence de presse annuelle, Vladimir Poutine avait lui-même répondu : « Il existe d’autres moyens d’éducation que les fessées mais bien sûr, il faut aussi rester raisonnable. » Aller trop loin dans l’interdiction, « c’est mauvais à la fin, ça détruit la famille », avait-il ajouté.

On se charge un peu et on va aux putes ? Non moi après,  je rentre à la maison mais c'est pareil et gratos ...

On se charge un peu et on va aux putes ? Non moi après, je rentre à la maison. C’est pareil et en plus c’est gratos …

Société « traditionnelle »

Une première mouture du texte, présentée en juillet 2016 par la sénatrice Elena Mizoulina – connue pour être à l’origine d’une loi contre la « propagande homosexuelle », pour ses positions conservatrices sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ou sa proposition de taxer les divorces –, mettait en avant la « préservation des valeurs traditionnelles familiales », dans la droite ligne des discours appelant à s’écarter des « valeurs occidentales ».

Dans la version actuelle, défendue par la députée Olga Batalina, l’exposé des motifs a été expurgé de ces éléments, mais aucune modification sur le fond n’a été introduite. Et le débat public a éludé le sort des femmes battues pour se concentrer sur le droit des parents à punir leurs enfants. « Les traditions russes ne reposent pas sur l’éducation des femmes par le fouet comme certains essaient de nous en convaincre », a toutefois fustigé le député communiste Iouri Sineltchikov, l’une des rares voix discordantes de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.

Mais peu de victimes de violences domestiques finissent par porter plainte, et seulement 3 % des enquêtes ouvertes franchissent le seuil d’un tribunal. Parfois, la police n’intervient même pas. Fin novembre 2016, le pays s’était ému du cas d’une jeune femme morte sous les coups de son compagnon à Orel, dans la région d’Orlov, 360 kilomètres au sud-ouest de Moscou. Peu avant le drame, la victime avait appelé les secours, en vain.

Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)

Source Le Monde 25/01/2017

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Primaire de la gauche : comment les chiffres du scrutin ont été manipulés

CHIFFRE MAGIQUE DU PS !

CHIFFRE MAGIQUE DU PS !

Le Parti socialiste se perd en explications sur le taux de participation. Quelques calculs simples prouvent bien qu’il y a eu une manipulation de ce chiffre.

28% C’est le chiffre magique qui montre bien comment la haute autorité de la primaire a manipulé le nombre de participants du premier tour, dimanche 22 janvier. Il est assez facile à établir :

Voici une capture d’écran des résultats tels qu’ils apparaissaient sur le site de la primaire lundi à 0 h 45 :

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Et voici ceux que donne le même site lundi dans la matinée :

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On le voit, les pourcentages restent quasi identiques (à 0,1 point près pour Sylvia Pinel), mais le nombre de voix n’est plus le même : précisément, il y en 352 013 de plus.

Un ajout de 28 % pour chaque candidat

Comment est-il possible d’augmenter le nombre de voix sans modifier la répartition de celles-ci ? C’est toute la question. Nous avons calculé rapidement combien chaque candidat a gagné de voix :

En clair, les 352 013 voix ont été réparties à quasi-égalité (à quelques décimales près) entre tous les candidats, ne modifiant donc qu’à l’extrême marge les résultats constatés à 21 heures. Ce qui serait sinon impossible, du moins très fortement improbable, naturellement.

Alors d’où vient le problème ? Christophe Borgel, président du comité d’organisation de la primaire, interrogé par Libération, parle d’un « bug » :

« Il y a eu un bug, rien de plus. Et c’est un peu de ma faute. Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation. J’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et, effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille. »

Selon l’explication de M. Borgel, les organisateurs se sont donc contentés de prendre le nouveau score de votants avec les 352 013 voix supplémentaires, de calculer que cela représentait une progression de 28 %, et donc de donner à chaque candidat 28% de voix en plus. Ce qui revient à reconnaître que ces chiffres ont bien été manipulés.

Gonflage de chiffres, hasard statistique, ou incompétence ?

Mais cette explication peut-elle suffire ? En réalité, il y a trois possibilités :

  • Première hypothèse : les voix ont été décomptées, et par un miracle statistique de l’ordre d’une chance sur mille, elles se sont réparties presque exactement comme les précédentes en ne modifiant en rien les scores de chacun. Peu probable.
  • Deuxième hypothèse, fermement démentie par M. Borgel : ces voix n’existent pas, c’est un ajout artificiel pour gonfler la participation. Mais pourquoi l’avoir fait entre minuit et 10 heures du matin, alors que l’attention médiatique n’était plus dans les chiffres de participation mais sur le résultat ?
  • Troisième hypothèse : le Parti socialiste (PS) a donc ajouté 352 013 voix entre minuit et 10 heures du matin, c’est établi. Mais ces voix existent-elles réellement ? Si oui, cela signifie qu’à minuit le PS n’avait à sa disposition qu’un total de voix, sans leur répartition, et qu’il restait donc 352 013 bulletins non dépouillés. Ce qui n’aurait toujours pas été fait, puisque les chiffres n’ont pas varié depuis ce matin.

C’est l’hypothèse qu’invoque M. Borgel auprès du Monde. Il assure que, lundi matin, il a demandé une actualisation du seul chiffre de participation, mais qu’en ajoutant celui-ci, le tableau a automatiquement donné nos fameux 28 % supplémentaires à chaque candidat.

Si on croit la parole de M. Borgel, qui plaide sa « totale transparence », la haute autorité aurait donc communiqué à minuit une répartition provisoire des voix par candidat, puis aurait commis une erreur en « actualisant » le seul chiffre de participation, ce qui aurait automatiquement ajouté des voix (en même proportion) aux candidats. Ce nombre de voix erroné serait ensuite resté en ligne toute la journée sur le site de résultats de la primaire, sans que rien ne soit fait pour – par exemple – mettre la page hors ligne, ou y ajouter un message prévenant que ces chiffres sont faux.

Une réponse insuffisante

Ce qui pose d’autres questions : d’une part, cela signifie que la tableur utilisé par le PS avait une formule pour répartir automatiquement un nombre total de votants par candidat en fonction du score (en pourcentage) de ceux-ci. Mais la logique voudrait l’inverse : que ce score en pourcentage soit le résultat du calcul. Or dans ce qu’explique M. Borgel, les résultats en voix sont fonction des résultats en pourcentages.

Ensuite, dans ce cas, pourquoi ne pas avoir corrigé ces chiffres, en ligne depuis plusieurs heures ? M. Borgel assure qu’il attend désormais « d’avoir le maximum de bureaux validés pour ne pas repartir dans une nouvelle polémique », et refuse de communiquer les chiffres en nombre de voix avant que ceux-ci soient validés – alors que le site des résultats affiche bien des nombres de voix non validés depuis hier soir.

Surtout, comme l’explique Libération, des corrections ont eu lieu à la marge pour modifier à plusieurs reprises le score de Sylvia Pinel, et ce durant la journée. Il aurait été possible de modifier les scores de cette dernière, mais pas la page ?

Reste que près de vingt-quatre heures après le vote, impossible de connaître le score de chacun des candidats en nombre de voix, ni même, de fait, leur score définitif. Ce qui ouvre la voie à tous les soupçons.

Samuel Laurent

Source Le Monde Les Décodeurs 23/01/2017

 

COMMENTAIRE

Affligeant et stupide

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Ce n’est pas une première au PS. Côté cuisine, on sait de longue date que la saveur de la tambouille socialiste a souvent tenu aux épices ajoutées et on se doit de préciser que ces pratiques sont assez largement partagées par les partis politiques français. Etrangement cette question n’a jamais vraiment soulevé l’intérêt des médias qui préfèrent généralement protéger le système que de défendre la démocratie. Mais dans le cadre d’une primaire ouverte et dans le contexte politique particulièrement difficile où se trouve le parti socialiste français, Ce « nombre de voix erroné » est une nouvelle erreur politique majeure, et un signe de mépris consommé pour tous les citoyens, ceux de gauche en particulier.

Il serait certes injuste de considérer d’emblée  tous les candidats individuellement responsables de cette malversation démocratique mais il est édifiant d’analyser leur réaction. Benoît Hamon a commenté le retard de publication des chiffres sur France 2 : « Pour un grand parti, être en situation de ne pas pouvoir confirmer 24 heures après l’élection, les chiffres de la participation pose problème« . Face aux soupçons de manipulation, Manuel Valls a appelé « les électeurs, les socialistes –ils sont pas venus suffisamment nombreux–, à venir, à être fiers, à revendiquer une gauche qui assume les responsabilités, qui veut gouverner, (…) une gauche qui assume avec fierté ce qu’elle fait. Moi j’attends surtout de la clarification, que le résultat de dimanche prochain –c’est le plus important– ne souffre d’aucune contestation« , sic.

Pour les hommes d’appareil tout va semble t-il rentrer dans l’ordre mais l’hémorragie qui touche la démocratie se poursuit…

JMDH

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