Amnesty International dénonce des « disparitions forcées sans précédent » en Egypte

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Adolescents suspendus par les jambes, jeunes hommes frappés et électrocutés, citoyens séquestrés pendant des mois : Amnesty International accuse le pouvoir égyptien de tortures et d’enlèvement dans un rapport publié mercredi 13 juillet. Le Caire nie régulièrement avoir recours à de telles pratiques, reconnaissant seulement des « incidents isolés ».

« Ce rapport révèle les tactiques choquantes et sans pitié que les autorités égyptiennes sont prêtes à employer pour terrifier les opposants au pouvoir et les réduire au silence », explique Philip Luther, directeur de l’ONG pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

« Les disparitions forcées sont devenues un des instruments clés de la politique d’Etat en Egypte. Toute personne qui ose exprimer des critiques est en danger », déplore l’organisation, qui note une recrudescence des disparitions depuis l’arrivée au ministère de l’intérieur de Magdi Hamid Abdel Ghaffar, ex-membre du SSI, l’ancienne police secrète du président déchu Hosni Moubarak. Amnesty estime que trois à quatre personnes sont enlevées chaque jour, le plus souvent lors de raids chez eux du NSA, l’héritier du SSI.

Entre Jérusalem et Le Caire, l'heure est à la normalisation

Entre Jérusalem et Le Caire, l’heure est à la normalisation

Un adolescent violé avec un bâton

Parmi les dix-sept cas cités par l’ONG, cinq concernent des mineurs, dont un adolescent de 14 ans, « violé à plusieurs reprises avec un bâton, afin qu’il fasse de faux aveux ». Amnesty dénonce « la collusion » entre les forces de sécurité et des autorités judiciaires, « disposées à mentir pour couvrir leurs agissements ou qui s’abstiennent d’enquêter sur les allégations de torture ».

L’organisation sise à Londres n’est pas la seule à s’alarmer. La Commission égyptienne des droits et des libertés, qui incrimine les services de sécurité, a décompté 544 cas de disparitions entre le 1er août 2015 et le 31 mars 2016.

sisi-kerry1« Tous les Etats, en particulier les Etats membres de l’Union européenne et les Etats-Unis, doivent utiliser leur influence et faire pression sur l’Egypte pour qu’elle mette fin à ces violations », réclame M. Luther. Le rapport appelle également le président Abdel Fattah Al-Sissi à mettre en place une commission d’urgence pour enquêter sur ces violences en mesure d’auditer « sans interférence » toutes les agences gouvernementales, y compris militaires.

La question des disparitions en Egypte retient l’attention des pays occidentaux depuis l’affaire Giulio Regeni, un étudiant italien enlevé le 25 janvier et retrouvé mort avec des traces de torture dans une banlieue du Caire. Selon la police, il a été victime de la violence d’un gang, une version à laquelle les autorités italiennes ne croient pas.

Source Le Monde AFP 13/07/2016

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L’Union européenne malade de l’atlantisme

NatoEagle_WallBlood2-wDivisée sur la guerre en Irak, l’Union européenne pourrait toutefois en retirer un « avantage collatéral » : celui d’affirmer une identité propre en prenant ses distances avec un « partenaire » américain qui confond alliance et allégeance. Mais il faudrait, pour cela, donner un contenu politique à l’euro, remettre en cause le tout-marché et promouvoir le savoir-faire européen en matière de droit et de justice.

u moment où ils se retrouvent à Athènes, le 16 avril 2003, pour signer le traité d’adhésion, les représentants des dix nouveaux pays membres de l’Union européenne (UE) et ceux des quinze actuels sont loin d’être tout entiers saisis par l’émotion de cet instant de retrouvailles historiques et géographiques. Si les Etats-Unis ne sont pas physiquement présents, leur ombre portée depuis Washington et Bagdad rend quelque peu surréalistes les proclamations obligées d’unité de chefs d’Etat et de gouvernement prétendant soutenir les efforts des Nations unies « pour garantir la légitimité internationale et la responsabilité mondiale ». Cette « légitimité internationale » n’est-elle pas, brutalement, et au même moment, tournée en dérision en Irak par quelques-uns des participants, M. Anthony Blair et M. José Maria Aznar en tête, soutenus par la majorité des autres réunis pour la « photo de famille » devant l’Acropole ?

Déjà, en décembre 2002 à Copenhague, lors de l’adoption du traité par le Conseil européen, chacun avait bien compris que, paradoxalement, cette Europe à vingt-cinq serait encore moins porteuse d’une volonté européenne autonome qu’auparavant . L’agression anglo-américaine a donné un formidable coup de projecteur sur cette vassalisation – désirée ou résignée, selon les cas -, qui était seulement implicite dans les discours officiels. C’est pourquoi l’effet d’annonce psychologique de l’élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale a été nul, les citoyens étant bien conscients que les choses importantes se passaient ailleurs. Avant même de tenter de régler ses problèmes internes, et ils sont légion, l’Union est ainsi confrontée à sa question existentielle jamais sérieusement posée depuis de Gaulle : celle du « lien transatlantique ».

Pour qu’il y ait « lien », encore faudrait-il qu’existe à chaque extrémité une entité décidée à le valoriser et à ne pas le considérer comme une simple courroie de transmission de la rive ouest de l’Atlantique à l’autre. En fait, il n’y a d’atlantistes que sur (…)

 

Bernard Cassen

 

(1) Sous réserve de ratification du traité, seront membres de l’UE à compter du 1er mai 2004 : Chypre, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie.

(2) Lire « Une Europe de moins en moins européenne », Le Monde diplomatique, janvier 2003, et Anne-Cécile Robert, « L’étrange politique étrangère de l’Union européenne », Le Monde diplomatique, décembre 2002.

(3) John Vinocur, « European detractors fault Bush, but where are the counterexamples ? », International Herald Tribune, Paris, 9 avril 2003.

(4) Zbigniew Brzezinski, Le Grand Echiquier, Hachette, coll. « Pluriel », Paris, 1997.

(5) Defense Policy Guidance 1992-1994, cité dans Philip Golub, « Métamorphoses d’une politique impériale », Le Monde diplomatique, mars 2003.

(7) William Pfaff, « Which country is next on the list ? », International Herald Tribune, 10 avril 2003.

(8) Lire Frédéric F. Clairmont, « Vivre à crédit ou le credo de la première puissance du monde », Le Monde diplomatique, avril 2003. Lire également, dans Politis du 10 avril 2003, le commentaire du rapport « Fin d’empire » d’un institut de recherche britannique, Independent Strategy, qui met à mal le mythe de la surpuissance économique américaine.

(9) « Logique jusqu’au bout », Le Monde, 12 avril 2003.

Les remords de Blair face aux accusations de la commission d’enquête sur la guerre en Irak

4964937_6_6c99_devant-le-centre-de-conferences-ou-devait_14dfa6a3b6a525056cdefca568d7666eLe Royaume-Uni est intervenu en Irak en mars 2003 aux côtés des Etats-Unis alors que Saddam Hussein « ne présentait pas de menace imminente » et que « toutes les alternatives pacifiques (…) n’avaient pas été épuisées ». John Chilcot, le haut fonctionnaire qui préside la commission d’enquête sur les conditions de l’engagement britannique, en a dressé, mercredi 6 juillet, un bilan accablant, en particulier pour le premier ministre travailliste de l’époque, Tony Blair. « Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, a souligné le rapporteur, le Royaume-Uni a participé à l’invasion et à l’occupation complète d’un Etat souverain. »

Peu après la publication du document, M. Blair s’est exprimé lors d’une conférence de presse : « C’était la décision la plus difficile que j’ai jamais prise, a déclaré Tony Blair. Je l’ai prise de bonne foi. J’en endosse l’entière responsabilité. J’éprouve plus de peine, de regrets et d’excuses que vous pouvez l’imaginer. »

Fort de douze volumes et de 2,6 millions de mots, le rapport Chilcot, rendu public mercredi établit que M. Blair s’est appuyé sur son propre jugement alors que les services de renseignement « n’avaient pas établi de façon incontestable » que Saddam Hussein, le dictateur qu’il s’agissait de renverser, continuait de produire des armes chimiques et biologiques. En particulier, devant la Chambre des communes, le 24 septembre 2002, Tony Blair a présenté « avec une certitude qui n’était pas justifiée [la] sévérité de la menace » posée par ces armes de destruction massive.

Le rapport souligne la docilité du premier ministre à l’égard du président américain Georges W. Bush, et même ses pressions en faveur d’une invasion. Le 28 juillet 2002, dix mois après le 11-Septembre, le premier ministre britannique assurait par écrit le président américain : « Je serai avec vous quoiqu’il arrive. »

Cent soixante-dix-neuf soldats tués en Irak

Or, selon le rapport Chilcot, non seulement Saddam Hussein ne posait pas de menace imminente, non seulement « la stratégie de confinement [poursuivie par les Nations unies] pouvait continuer pendant un certain temps », non seulement « le Royaume-Uni a sapé l’autorité du Conseil de sécurité de l’ONU », mais en plus « les conséquences de l’invasion ont été sous-estimées ». Selon M. Chilcot, le gouvernement britannique « a échoué à prendre en compte l’ampleur de la tâche nécessaire pour stabiliser, administrer et reconstruire l’Irak et les responsabilités qui allaient incomber au Royaume-Uni ». A propos des relations anglo-américaines, le rapport estime qu’« un soutien inconditionnel n’est pas nécessaire lorsque nos intérêts ou notre appréciation diffèrent ».

C’est peu dire que les conclusions du rapport, commandé le 15 juin 2009 par Gordon Brown, successeur de M. Blair à Downing Street, étaient attendues. Les familles des 179 soldats britanniques morts en Irak menaçaient même de poursuites judiciaires en cas de nouveau report. En 2009, au moment du retour des derniers combattants, M. Brown, avait annoncé que les investigations dureraient un an.

Sept ans plus tard, l’enquête était devenue un mauvais feuilleton et son indépendance mise en doute, tant les services du premier ministre ont tenté – finalement en vain – d’empêcher la déclassification de documents, notamment la correspondance entre Tony Blair et George Bush, et tant M. Blair lui-même a multiplié les embûches et les « droits de réponse ». Dans l’intervalle, 120 personnes, dont MM. Blair et Brown ont été entendues, pour un coût de 10 millions de livres (11,7 millions d’euros), l’un des membres de la commission est mort et M. Chilcot lui-même a fêté ses 77 ans.

La publication officielle du rapport a été organisée dans un centre de conférences en face du Parlement de Westminster, en présence de familles des militaires décédés. Certaines envisagent de s’appuyer sur ses conclusions pour lancer des poursuites à l’encontre de Tony Blair. « Il a détruit nos familles. On devrait lui retirer tout ce qu’il possède, témoignait ainsi le père d’un soldat mort au front. Cette guerre était illégale. Mon fils est mort pour rien. »

Devant le centre de conférences où devait être présenté le rapport Chilcot sur l’engagement britannique dans la guerre contre le régime de Saddam Hussein, à Londres, le 6 juillet 2016. Matt Dunham / AP

Devant le centre de conférences où devait être présenté le rapport Chilcot sur l’engagement britannique dans la guerre contre le régime de Saddam Hussein, à Londres, le 6 juillet 2016. Matt Dunham / AP

« Pas d’opinion sur la légalité de l’intervention »

Alors que les Verts et l’aile gauche du Parti travailliste – dont son chef actuel Jeremy Corbyn – militent afin que M. Blair soit poursuivi pour « complicité de crimes de guerre », le rapport « n’exprime pas d’opinion sur la légalité de l’intervention militaire », renvoyant la question à la compétence d’une cour internationale.

Devant le centre de conférence, sur un podium dressé par la coalition « Stop the war », très active en 2003 et dont M. Corbyn a longtemps été le président, un personnage portant un masque de Tony Blair avait pris place entre deux faux juges perruqués. « Blair a menti. Des milliers de gens sont morts », claquait la banderole. « Blair est un criminel de guerre », a lancé Caroline Lucas, la dirigeante des Verts.

Aux Communes, un débat de deux jours sur le rapport Chilcot sera organisé mi-juillet. Mais dès mercredi après-midi, moment traditionnel des questions au gouvernement, le premier ministre démissionnaire David Cameron et le chef contesté du Labour, Jeremy Corbyn, se sont exprimés.

M. Cameron a appelé à « retenir les leçons du rapport » Chilcot. « Il serait faux d’en conclure que la Grande-Bretagne ne doit pas soutenir les Etats-Unis, a-t-il tempéré. Il serait faux d’en conclure qu’une intervention armée ne peut être couronnée de succès. » Le locataire en fin de bail de Downing Street avait reporté la publication du rapport Chilcot au-delà du référendum du 23 juin, pour ne pas perturber le Labour dans la campagne contre le Brexit, mais aussi pour l’affaiblir une fois la victoire passée. Le scénario s’est révélé différent : il a perdu le référendum et le Labour est depuis lors en état de guerre civile.

Une « catastrophe » selon le chef du Labour

Son chef, Jeremy Corbyn, a mis en cause les dirigeants de l’époque pour « tromperie dans l’engagement de la guerre ». « Tous ceux qui ont pris les décisions mises en évidence dans le rapport Chilcot doivent subir les conséquences de leurs actes quelles qu’elles soient », a-t-il ajouté, visant implicitement Tony Blair. « L’invasion et l’occupation de l’Irak ont été une catastrophe, a poursuivi M. Corbyn. Elles ont conduit à casser la confiance dans la politique et dans les institutions. »

Rappelant l’énorme manifestation anti-guerre organisée en février 2003 au Royaume-Uni et dans d’autres pays, le chef du Labour a ajouté : « Pendant que la classe gouvernante se trompait si cruellement, une large partie de notre peuple a eu raison. » Une remarque qui renvoie directement à sa situation actuelle. Jeremy Corbyn, appelé à la démission par 80 % des députés travaillistes en raison de son faible engagement pro-européen dans la campagne contre le Brexit, se maintient en poste en se prévalant du mandat (59,5 %) qu’il a reçu de la base du parti.

Philippe Bernard

Source Le Monde 06/07/2016

 

Voir aussi: Actualité Internationale, Rubrique EuropeGrande Bretagne, Rubrique Moyen Orient  Irak : Un premier bilan de la guerre, Une série d’attentats marque l’ouverture des élections , Pétrole contre nourriture L’Irak demande des réclamations, Le président irakien vient conclure des contrats à Paris, rubrique Afghanistan, Enlisement total : Actualité nationale Les « idiots utiles » de la guerre en Irak , Gilles Kepel : « La politique française arabe est difficile à décrypter. » , La première victime de guerre c’est la vérité , On line  En 2015, les excuses de Tony Blair pour la guerre en Irak, une « opération de communication »

La base américaine d’Okinawa, épine dans le pied du premier ministre japonais

 Shinzo Abe au mémorial de la paix d'Itoman, près d'Okinawa, le 23 juin.

Sous prétexte de s’émanciper des Etats-Unis, M. Abe Shinzo veut contourner la Constitution pacifiste de son pays. Le premier ministre japonais masque ainsi sa volonté de renforcer l’armée, malgré une forte opposition de la population. Du reste, il a accepté l’extension des bases militaires réclamée par Washington dans l’île d’Okinawa, qui abrite déjà les deux tiers des troupes américaines déployées au Japon.

par Gavan McCormack   

Si les tensions entre le Japon et la Chine, ou entre la Chine et des pays voisins, font couler beaucoup d’encre, le conflit qui oppose l’archipel d’Okinawa à Tokyo et à Washington est, lui, bien moins médiatisé. Depuis dix-huit ans, les habitants de cette préfecture japonaise s’insurgent contre le projet de construction, décidé par les deux gouvernements, d’une nouvelle base militaire de marines américains à Henoko, dans le Nord. Le premier ministre Abe Shinzo, qui a entamé son second mandat en décembre 2012, considère ce projet comme prioritaire. Mais il fait face à des adversaires plus déterminés que jamais.

En avril 2015, devant un Congrès américain conquis, il a proclamé son attachement aux « valeurs partagées » de démocratie, de respect de la légalité et des droits humains, ainsi qu’à certains objectifs particuliers, tels que la base militaire de Henoko. Un mois après sa visite, le gouverneur d’Okinawa, M. Onaga Takeshi, arrivait à son tour à Washington pour le contredire : pas question de tolérer la construction d’une nouvelle base.

Entre Taïwan et l’île japonaise méridionale de Kyushu, l’archipel que recouvre la préfecture d’Okinawa s’étire sur quelque 1 000 kilomètres. Pour la Chine, il constitue potentiellement un « grand mur maritime » commandant l’accès au Pacifique. C’est dire s’il joue un rôle essentiel dans l’équilibre des forces en Asie de l’Est.

Avant d’être intégrées au Japon, ces îles formaient le royaume de Ryukyu ; elles dépendaient à la fois des Etats pré-modernes chinois et nippon, et connurent cinq siècles de voisinage paisible en mer de Chine orientale, dans le cadre du système du tribut chinois (1). Dans les années 1850, le royaume jouissait d’une indépendance qui lui permit de négocier des traités avec les Etats-Unis, la France et les Pays-Bas.

Mais cette relative autonomie prit fin dans les années 1870. L’Etat japonais moderne, établi en 1868, abolit le royaume de Ryukyu pour le punir d’avoir tenté de conserver ses liens avec la Chine. Il annexa les îles, qui devinrent la préfecture d’Okinawa, et fit du château de Shuri, surplombant la capitale, Naha, la première base militaire de l’archipel. Les Okinawaïens se virent interdire l’usage de leur langue ; ils furent contraints d’employer des noms japonais et d’adopter la religion impériale shintoïste.

De la part du Japon, cette annexion de l’archipel représentait un signe d’hostilité envers la Chine, puis envers les Etats-Unis, ce qui conduisit à la catastrophe de 1945 : un Okinawaïen sur quatre trouva la mort dans le cyclone américain d’acier et de napalm qui s’abattit entre fin mars et fin juin (2). Nombre d’habitants, accusés d’espionnage, furent exécutés ou contraints par les forces japonaises de se « suicider » collectivement (ce fut le cas parfois de familles entières). Le traumatisme a profondément marqué l’âme d’Okinawa.

Soixante-dix ans après la défaite du Japon lors de la seconde guerre mondiale, l’armée américaine occupe encore 20 % du territoire de l’île, où se concentrent les trois quarts de ses forces présentes dans le pays. Elle exerce une autorité souveraine (extraterritoriale) à peine moins étendue qu’à l’époque où les Etats-Unis administraient directement l’archipel — une période qui a duré jusqu’en 1972, soit vingt ans après la fin de l’occupation du reste du Japon.

En théorie, la base prévue à Henoko doit remplacer celle de Futenma, qui s’étend au beau milieu de la ville de Ginowan, dans le sud de l’île. Les hangars et les pistes y jouxtent les écoles, les hôpitaux et les zones d’habitation, ce qui en fait « la base la plus dangereuse du monde » pour la population, comme l’a reconnu l’ancien secrétaire américain à la défense Donald Rumsfeld. Chacun se souvient encore de l’hélicoptère qui s’est écrasé en 2004 sur l’université internationale d’Okinawa, fort heureusement en août, donc sans faire de victimes.

Les installations de remplacement (Futenma Replacement Facility, FRF), bien plus vastes et aux fonctions encore plus diverses, doivent comporter des infrastructures terrestres, maritimes et aériennes, dont un port en eau profonde, sur un site de 160 hectares qui doit être gagné sur la mer, face à la baie de Henoko au sud et à celle d’Oura au nord. La base consiste en une masse de béton s’élevant à 10 mètres au-dessus de la mer, avec deux pistes d’atterrissage de 1 800 mètres et un quai de 272 mètres de longueur.

 

Adieu, coraux, tortues et crustacés

Or il s’agit de l’une des plus belles zones côtières du pays, théoriquement protégée — le ministre de l’environnement japonais veut même obtenir son classement au Patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco)… Le site recèle une biodiversité particulièrement riche. Il abrite de multiples formes de vie : coraux, crustacés, concombres de mer et algues, des centaines d’espèces de crevettes, d’escargots, de poissons, de tortues, de serpents et de mammifères, dont beaucoup sont rares ou menacées de disparition.

Si cette base voit le jour, elle figurera probablement parmi les plus importantes concentrations de puissance militaire du XXIe siècle en Asie de l’Est, ce qui en fera un élément-clé du « pivot » cher à M. Barack Obama (3). Constat amer pour les Okinawaïens : le déplacement de Futenma a été promis en 1996 sans aucune condition. Le gouvernement Abe affirme que les marines jouent un rôle essentiel dans la défense du pays et ont donc toute leur place à Henoko ; mais le ministre de la défense Nakatani Gen a lui-même concédé, début 2014, qu’il n’y avait aucune raison militaire ou stratégique de ne pas transférer la base en plusieurs autres endroits, dont Kyushu, par exemple ; seule l’empêche l’opposition de Tokyo (4).

En réalité, depuis le départ, l’occupation de Futenma par les marines est illégale, la base ayant été installée sur des terres extorquées à leurs propriétaires par la force « des baïonnettes et des bulldozers », selon la formule gravée dans la mémoire de tous les Okinawaïens. Et ce en violation de l’article 46 de la Convention de La Haye, qui interdit à des armées d’occupation de confisquer des biens privés. Cette considération devrait conduire sur-le-champ à la fermeture de Futenma, sans même que l’on ait besoin d’invoquer le danger, le bruit et les nuisances.

La résistance locale englobe une majorité de la population, le gouverneur de la préfecture, les assemblées préfectorale et municipale, les sections préfectorales des principaux partis politiques nationaux ainsi que les deux plus grands journaux, Ryukyu Shimpo et Okinawa Times. Au cours des premières années, elle a réussi à bloquer le projet. Mais, à partir de 2013, le second gouvernement Abe n’a eu de cesse de la neutraliser. Le premier ministre a d’abord persuadé les cinq parlementaires d’Okinawa de sa propre formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), de s’aligner sur ses positions, puis la section préfectorale du PLD elle-même, et enfin, en décembre, le gouverneur, M. Nakaima Hirokazu.

Outrés par ces défections successives, les opposants à la base militaire ont pris leur revanche en remportant une série d’élections tout au long de l’année 2014 : la mairie et l’assemblée de la ville de Nago, dans le nord de l’île, en janvier et en septembre, puis le poste de gouverneur en novembre et les quatre sièges de la chambre basse de la Diète en décembre. A l’élection pour le poste de gouverneur, le conservateur Onaga Takeshi préconisait une politique du « tout Okinawa » — un slogan qui rassemble tous les partis, des communistes aux conservateurs, autour de la défense de l’île — et promettait de « faire tout ce qui était en [son] pouvoir » pour stopper le projet. Il a remporté une victoire décisive avec 100 000 voix d’avance sur le candidat sortant (360 800 voix contre 261 000) et une participation record, supérieure à 64 %.

Cela n’a pas empêché le secrétaire du cabinet — qui a rang de ministre —, M. Suga Yoshihide, d’affirmer que les dés étaient jetés et que le gouvernement allait s’atteler « de façon sérieuse et appropriée », selon son expression favorite, à la construction de la base. Les travaux d’études préliminaires, entamés en juillet 2014 et interrompus durant la période qui a précédé les élections législatives de novembre, ont repris en janvier 2015. Mobilisant la police anti-émeutes et des navires garde-côtes, M. Abe a alors adopté une stratégie du choc et de la terreur contre les manifestants. Le 4 mars, par exemple, lors de la journée nationale du sanshin (le luth d’Okinawa), vingt-neuf musiciens rassemblés à l’extérieur du site de la FRF pour donner un concert de musique classique en faveur de la lutte contre la base militaire ont été brutalement interrompus par la police anti-émeutes, qui a détruit l’abri de fortune destiné à les protéger de la pluie.

En janvier 2015, M. Onaga a nommé une commission d’experts dite « de la troisième voie », chargée d’examiner les étapes qui avaient conduit son prédécesseur à autoriser le déplacement de la base de Futenma. Il voulait savoir si la procédure s’était déroulée correctement ou s’il existait un moyen de l’annuler. Il a aussi demandé aux autorités de Tokyo d’interrompre les travaux d’études qu’elles avaient commandités, en soulignant qu’ils avaient endommagé les coraux.

Au cours des quatre mois qui ont suivi son élection, le gouvernement a refusé ne serait-ce que de lui parler. « A quoi cela servirait-il ? », a interrogé le ministre de la défense Gen Nakatami (5). Lorsque, enfin, en avril et mai 2015, il a pu rencontrer le secrétaire du cabinet, le premier ministre et le ministre de la défense, le fossé séparant les deux camps n’avait fait que se creuser davantage. « Plus vous emploierez des termes condescendants, plus les Okinawaïens se détourneront de vous et plus leur colère grandira », a martelé M. Onaga —des paroles qui ont eu un grand retentissement dans l’île. « Rien ne serait plus scandaleux que d’affirmer que les Okinawaïens, dont la terre a été confisquée pour y construire une base aujourd’hui obsolète, la plus dangereuse du monde, devraient supporter ce fardeau et que, si cela ne leur plaît pas, ils n’ont qu’à proposer une solution de rechange », a-t-il prévenu en ouverture de sa rencontre avec M. Abe. Il a alors été interrompu, après ne s’être exprimé en public que trois minutes sur les cinq convenues, et les journalistes ont été priés de quitter la salle.

Le premier ministre japonais exerce un contrôle sans précédent sur la Diète ; l’opposition est divisée et affaiblie, et les médias nationaux sont en grande partie acquis au pouvoir — ce n’est pas pour rien que M. Abe soigne les magnats de la presse, qu’il côtoie sur les terrains de golf et dans les réceptions mondaines. Mais, au-delà de la Diète et des salles de rédaction, la sympathie pour Okinawa et sa résistance grandit.

Lors de sa visite de 2013 à Washington, M. Abe n’avait pas reçu un accueil très chaleureux. Aucun dîner ni conférence de presse n’avait été prévu avec le président Obama. « Le Japon revient », « En finir avec le régime d’après-guerre » ou encore « Enseigner une histoire digne de ce nom, dont les gens seront fiers » : ses mots d’ordre ne pouvaient qu’offenser ses interlocuteurs, à la fois par l’hostilité qu’ils manifestaient envers l’Etat d’après-guerre que façonna l’occupant américain et par l’attachement qu’ils révélaient aux valeurs du Japon d’hier, militariste et fasciste.

Deux ans plus tard, cependant, le premier ministre japonais s’est vu dérouler le tapis rouge, et il a prononcé un discours devant les deux chambres du Congrès réunies. La raison de ce retournement est simple : il s’était au préalable engagé à mettre en œuvre le calendrier réclamé par les conseillers « experts » du Japon de Washington. Revenant sur la ligne qui avait prévalu durant les six décennies précédentes, son gouvernement avait revu son interprétation de la Constitution japonaise pour étendre le champ d’intervention des forces d’autodéfense et leur permettre de se joindre à de futures « coalitions de volontaires » n’importe où dans le monde, comme le réclament les Etats-Unis. Il s’apprêtait à intégrer les 225 000 militaires japonais sous commandement américain et promettait de continuer à payer pour conserver les forces américaines au Japon. Les chiffres sont gardés secrets, mais on peut estimer le coût de ce maintien à plus de 8,6 milliards de dollars (7,8 milliards d’euros) par an (6). Enfin, outre la nouvelle base militaire promise à Henoko, M. Abe s’était engagé à construire et à financer en majeure partie de nouvelles bases militaires américaines à Guam et dans les îles Mariannes du Nord, soit un versement direct de 2,8 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros). Si l’on y ajoute les frais de déménagement de 8 000 marines et leurs familles (au moins 9 000 personnes), la subvention totale sera de 6,09 milliards de dollars.

C’est ce que le premier ministre appelle un « pacifisme positif », censé supplanter le pacifisme inscrit dans la Constitution et qui prévaut au Japon depuis 1947. Au cas où cela ne serait pas suffisamment clair, M. John McCain, président du comité des forces armées du Sénat américain, a précisé dans Japan Times ce qu’il fallait entendre par là : l’envoi des forces d’autodéfense japonaises en Corée, au Proche-Orient et dans la mer de Chine méridionale (7).

Le Japon est peut-être bien gouverné aujourd’hui par le dirigeant national le plus activement proaméricain de son histoire. L’attitude de M. Abe envers Washington se caractérise par un curieux mélange de soumission servile et d’hostilité profonde. Il se retrouve prisonnier de la contradiction fondamentale de l’Etat japonais moderne : devoir conjuguer asservissement clientéliste et affirmation nationaliste (8).

Un problème immédiat se pose à lui : celui d’Okinawa, pour lequel il n’a aucune réponse. Devant l’effritement de sa base sociale dans tout le Japon (lire « Une Constitution pacifiste en péril »), le gouvernement temporise. Bien que les premiers contrats pour la construction de Henoko, d’un montant de 460 millions de dollars, aient été signés, il hésite toujours à donner le coup d’envoi des travaux, d’autant que, le 16 juillet dernier, la commission d’experts « de la troisième voie » a rendu son rapport et constaté plusieurs irrégularités dans les processus de décision de l’ex-gouverneur. Dans le même temps, M. Onaga a annoncé son intention de porter l’affaire dès septembre devant le Comité des droits de l’homme des Nations unies à Genève.

Puis, le 4 août, à la surprise générale, le gouvernement Abe a annoncé un accord en quatre parties avec le gouverneur d’Okinawa : ouverture de négociations, suspension de tous les travaux entre le 10 août et le 9 septembre, suspension de toute action juridique de la part d’Okinawa et autorisation de l’enquête d’impact — réclamée par le gouverneur — sur le corail de la baie d’Oura.

Certes, le gouvernement ne prend pas trop de retard dans ses projets, la saison des typhons étant peu propice aux travaux. Mais, politiquement, cela confirme que l’affrontement avec l’île lui pose un problème qu’il ne peut complètement ignorer.

Après cette trêve d’un mois, peut-être réussira-t-il à imposer sa volonté à la préfecture. Mais le peuple okinawaïen pourrait alors ne plus se contenter de demander l’arrêt de la construction d’une nouvelle base, et aller jusqu’à réclamer la fermeture de toutes les bases militaires.

Gavan McCormack

Professeur émérite à l’université nationale d’Australie, coordinateur du site Japan Focus. Dernier ouvrage paru (avec Satoko Oka Norimatsu) : Resistant Island : Okinawa Confronts Japan and the United States, Rowman & Littlefield, Lanham (Etats-Unis), 2012.

(1) La Chine, au centre de l’Asie de l’Est, proposait aux pays voisins un système d’allégeance en contrepartie de droits commerciaux.

(2) Les actes les plus horribles de la bataille d’Okinawa se déroulèrent dès le 26 mars dans les îles Kerama. Les combats durèrent jusqu’au 22 juin 1945. Les troupes américaines débarquèrent dans l’île, qui leur servit de base arrière pour bombarder puis occuper le reste du Japon.

(3) Lire Michael T. Klare, « Quand le Pentagone met le cap sur le Pacifique », Le Monde diplomatique, mars 2012.

(4) Okinawa Taimusu, Naha, 25 décembre 2014.

(5) Okinawa Times, Naha, 13 mars 2015.

(6) Estimations de 2012.

(8) Lire Bruce Cumings, « Le couple nippo-américain à l’heure du soupçon », Le Monde diplomatique, avril 1999.

Source : Le Monde Diplomatique Septembre 2015

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Etats-unis : Hillary Clinton et Donald Trump face au casse-tête du Proche-orient

Hillary-Clinton-candidate-d-mocrate-pr-sidentielle-am-ricaineLa fusillade meurtrière d’Orlando aux États-Unis a atteint de plein fouet la campagne des deux candidats à la présidence qui doivent s’affronter dans les urnes le 8 novembre 2016. Elle ne sera pas sans conséquences sur leur attitude face à des dossiers aussi brûlants que l’islam et le Moyen-Orient, en proie à des bouleversements politiques, communautaires et militaires exceptionnels. Outre le front ukrainien et la tension en mer de Chine, les crises syrienne et irakienne et leur corollaire Daech, les suites de l’accord sur le nucléaire iranien et le conflit israélo-palestinien sont les dossiers de politique étrangère les plus brûlants que Barack Obama s’apprête à léguer à son successeur.

Quelle sera l’attitude d’Hillary Clinton et Donald Trump face à ces casse-têtes?  Seule l’évolution de ces foyers de tension le dira, même s’il existe un début de réponse pour chacun.

Hillary Cliton affiche une tendance interventioniste
Forte de son expérience d’ex-première dame des Etats-Unis et d’ex-secrétaire d’Etat sous la présidence Obama, Hillary Clinton est solidement rodée à ces terrains friables.

La candidate démocrate à la Maison Blanche a clairement affiché dans sa campagne une tendance interventionniste dans les zones de crises, par opposition au président sortant qui lui apporte désormais son soutien.

Dans le conflit qui oppose Israéliens et Palestiniens depuis plus de soixante-dix ans, l’épouse de Bill Clinton, l’homme qui a accueilli la première poignée de mains entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, donne la priorité à la sécurité de l’Etat hébreu tout en restant partisane d’une solution à deux Etats.

Lors de l’incontournable passage devant l’American Israel Public Affaires Committe (AIPAC), le principal lobby américain pro-israélien, elle a ironisé sur son rival républicain. «Oui, nous avons besoin de constance, a-t-elle assuré, pas d’un président qui dit qu’il est neutre le lundi, pro-Israël le mardi et on ne sait quoi d’autre le mercredi, parce que tout est négociable. La sécurité d’Israël n’est pas négociable».

Donald Trump veut «redonner à l’Amérique sa grandeur» 
De son côté, le candidat républicain Donald Trump a construit sa campagne sur le mot d’ordre «redonner à l’Amérique sa grandeur», tout en laissant croire qu’il se désintéressait des questions internationales ou encore qu’il prônait un isolationnisme pour mettre le pays à l’abri des tumultes du monde.

Donald-Trump-candidat-r-publicain-pr-sidentielle-am-ricaineMais, «quand je serai président, a-t-il déclaré à son tour devant l’AIPAC, il en sera fini des jours où l’on traitait Israël comme un citoyen de seconde zone». Il s’est même engagé «à reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu et à transférer l’ambassade américaine de la Tel Aviv à la Ville sainte», tout en se disant, lui aussi, favorable à la solution des deux Etats.

Et comme il ne tergiverse pas non plus sur la sécurité d’Israël, il a juré de «démanteler l’accord catastrophique signé entre les grandes puissances et l’Iran sur son programme nucléaire», ajoutant : «Obama est peut-être la pire chose qui soit jamais arrivée à Israël».

Sur ce dossier, Hillary Clinton a soutenu l’accord avec l’Iran, en dépit de son amitié avec le Premier ministre israélien. Elle se dit toutefois prête à rétablir les sanctions unilatérales contre Téhéran en cas de non respect des engagements, voire à engager des actions militaires si besoin.

Des positions fluctuantes sur la Syrie, l’Irak et Daech
Concernant les crises syrienne et irakienne et l’apparition du phénomène Daech, les deux candidats ont des positions qui fluctuent au rythme des événements.

Dans un email daté de décembre 2012 et révélé par Wikileaks en mai 2016, celle qui n’était encore que secrétaire d’Etat avait écrit : «la meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran est d’aider à renverser le régime de Bachar al-Assad».

On ne s’étonnera donc pas qu’elle soit favorable à une intervention en Syrie, comme elle l’avait été pour la Libye. Ralliée bon gré mal gré à la politique résolument pacifiste de Barack Obama, elle pourrait renouer avec son choix premier pour redonner aux Etats-Unis son rang de «gendarme du monde» comme elle le souhaite.

Quant à Daech, elle estime que «la création de l’Etat islamique est principalement et avant tout le résultat d’une situation désastreuse en Syrie causée par Bachar al-Assad qui est appuyé par l’Iran et la Russie».

Des perceptions opposées de Vladimir Poutine
Une manière de souligner la relation exécrable qu’elle entretient avec Vladimir Poutine. En mars 2014, elle avait dit à son propos : «si vous avez l’impression d’avoir déjà vu ce qui se passe en Ukraine, c’est parce que c’est ce qu’a fait Hitler dans les années 30».

Donald Trump, qui respecte Vladimir Poutine parce qu’il est «un homme respecté», préconise de laisser au Président russe et à son protégé Bachar al-Assad le soin de régler leur compte aux combattants de l’organisation de l’Etat islamique.

Plus globalement, le candidat à la coiffure coiffure excentrique regrette le temps de Moammar Kadhafi et de Saddam Hussein. «Le monde était meilleur avec eux» dit-il, parce qu’ils ne laissaient pas le choix aux terroristes, «ils les tuaient immédiatement».

Des rapports orageux avec les pétromonarchies du Golfe
Enfin, en ce qui concerne les relations avec les pétromonarchies du Golfe, les deux candidats entretiennent les mêmes rapports orageux avec des pays pourtant alliés.

«Il est plus que temps que les Saoudiens, les Qataris, les Koweitiens et d’autres empêchent leurs ressortissants  de financer des organisations extrémistes», a déclaré Hillary Clinton après le massacre homophobe d’Orlando.

Quant à Donald Trump, qui veut purement et simplement interdire l’entrée des musulmans sur le territoire américain, il estime que les Etats-Unis «protègent les Saoudiens en échange de presque rien. Et sans notre protection, ajoute-t-il, ils ne survivraient pas plus d’une semaine».

Alain Chémali

Source : Geopolis15/06/2016

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