Wall Street : le Dow Jones perd 4,6 % à l’issue d’une séance chaotique

 Un trader après la clôture de la bourse de New York et la chute de l’indice Dow Jones, le 5 février. Un trader après la clôture de la bourse de New York et la chute de l’indice Dow Jones, le 5 février. BRENDAN MCDERMID / REUTERS

Un trader après la clôture de la bourse de New York et la chute de l’indice Dow Jones, le 5 février. Brendan Mcdermid /Reuters

La hausse des salaires aux Etats-Unis a suscité un retour des craintes inflationnistes. Mais il n’est pas encore question de krach boursier.

Sévère correction à Wall Street : l’indice Dow Jones a perdu, lundi 5 février, 1 175 points à 24 345 points, soit un recul de 4,6 % tandis que le Nasdaq, l’indice riche en technologies, perdait 3,8 %. Cette séance, la pire depuis août 2011, fait suite à celle de vendredi où l’indice américain avait déjà perdu 2,54 %.

Ces événements ne font pas l’affaire de Donald Trump, qui n’a eu cesse de citer la Bourse comme juge de paix de son action. Dans un discours dans le MidWest, le président n’a pas évoqué la chute de Wall Street. Mais Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche a réagi: « Le président se concentre sur nos fondamentaux économiques à long terme qui restent exceptionnellement forts, avec le renforcement de la croissance économique, un taux de chômage historiquement bas et des salaires en hausse pour les travailleurs américains ».

Le déclencheur de ce mouvement de vente a été la publication vendredi matin par le département du travail américain de chiffres exceptionnellement bons pour l’emploi : non seulement l’économie américaine a créé 200 000 emplois en janvier, soit plus qu’attendu, mais surtout, les salaires ont progressé au rythme annuel de 2,9 %, contre 2,5 %. Du jamais vu depuis la fin de la récession en juin 2009. Cette tension sur les salaires était attendue en vain depuis des années, ceux-ci ne progressant pas aux Etats-Unis en dépit d’un taux chômage au plus bas depuis le début du siècle (4,1 %).

En attente de la nouvelle politique de la Fed

Ce retour à la normale a immédiatement suscité un retour des craintes inflationnistes du côté des opérateurs financiers. Si les actions sont élevées, c’est en raison des taux d’intérêts bas. Il est trop tôt pour parler de krach. Si la Bourse a effacé ses gains depuis le début de l’année et perdu 9 % depuis le plus haut historique atteint le 26 janvier, sa progression sur un an reste de 21,5 % et sur trois ans de 64 %. Visiblement, la baisse a été accélérée par les ventes automatiques.

Hasard du calendrier, ce lundi était le jour où Jerome Powell prêtait serment pour devenir président de la Réserve fédérale. Le successeur de Janet Yellen, dans une allocution podcastée, a assuré qu’« aujourd’hui, le chômage est bas, l’économie est en croissance, et l’inflation est basse. Par nos décisions de politique monétaire, nous soutiendrons une croissance économique continue, un marché du travail sain et la stabilité des prix », a déclaré M. Powell.

Le retour de la hausse des prix pourrait inciter la Réserve Fédérale Américaine à augmenter plus rapidement ses taux que prévu. En décembre, en augmentant ses taux directeurs d’un quart de points (compris entre 1,25 et 1,5 %), elle a laissé entendre qu’elle pourrait procéder à trois resserrements supplémentaires du crédit.

Ce rythme pourrait s’accélérer en période de surchauffe économique, d’autant que les colombes se font rares à la Fed avec le départ de Janet Yellen et de son adjoint Stanley Fischer. Toutefois, il n’y a pas eu de panique sur le marché obligataire. Les taux d’intérêt à dix ans sont retombés lundi à 2,794 % après avoir touché un plus haut de 2,852 vendredi soir. Ce mouvement s’explique parce que des vendeurs d’actions ont réinvesti sur les bons du trésor américain pour limiter leurs risques.

Une hausse du dollar

Dans ce contexte, la crise boursière américaine, qui a fait chuter les autres bourses mondiales (Tokyo a reculé lundi de 2,5 % et reculait mardi de 5,3% tandis quele Stoxx Europe 600 perdait lundi 1,6 %), a conduit à une hausse paradoxale du dollar. En cas de crise, les opérateurs choisissent la devise américaine, qui a gagné 0,2 % vis-à-vis des monnaies extérieures et 0,3 % par rapport à l’euro. Ce phénomène a été amplifié par le discours de Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne mettant en garde contre une hausse de l’euro, dans des propos tenus devant le Parlement européen. « La récente volatilité du taux de change a suscité de nouveaux vents contraires et ses implications pour les perspectives de stabilité des prix à moyen terme sont à surveiller de près », a déclaré M. Draghi.

La surchauffe américaine peut s’expliquer par un triple phénomène : la politique monétaire très accommodante depuis des années, mais aussi la réforme fiscale : celle-ci a conduit les entreprises qui regorgeaient de liquidités à les rapatrier aux Etats-Unis et va accentuer le déficit budgétaire des Etats-Unis, qui était encore supérieur à 3 % en 2017. Depuis le début des débats, la plupart des économistes estiment ce stimulus budgétaire inutile, voire dangereux.

Toutefois, sur le fond, la hausse des salaires aux Etats-Unis, si elle était confirmée, est une des meilleures nouvelles économiques engrangée depuis longtemps. Leur stagnation, conjuguée à une hausse des inégalités qu’incarne l’envolée de Wall Street, a conduit à une grave dégradation de la cohésion sociale aux Etats-Unis. Logiquement, ce retour à la normale marquerait la fin de l’argent gratuit et donc une valorisation plus faible des actifs, même si les profits des entreprises restent, pour 80 % des entreprises, supérieurs aux prévisions.

Arnaud Leparmentier

Source Le Monde 05/02/2018

 

LA BOURSE DE TOKYO PERD PLUS DE 4% A L’OUVERTURE

Un tableau répertoriant la chute du Nikkei à Tokyo, au Japon, mardi 5 février. Toru Hanai  / Reuters

Un tableau répertoriant la chute du Nikkei à Tokyo, au Japon, mardi 5 février. Toru Hanai / Reuters

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Bourse de Tokyo emboîte le pas à Wall Street, dévissant de plus de 4 % à l’ouverture mardi 6 février. Dans les premières minutes des échanges, l’indice Nikkei des 225 valeurs vedettes lâchait jusqu’à 4,41 % (-999,83 points) à 21 682,25 points, et l’indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau perdait 4,28 % (-78,01 points) à 1 745,73 points.

Les deux indices avaient déjà lâché plus de 2 % lundi, dans un contexte de nervosité des investisseurs face à la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. « Le marché prend acte des inquiétudes sur l’inflation et une possible dégradation de l’économie américaine alors que les taux d’emprunt ont augmenté trop rapidement », a commenté pour l’agence Bloomberg Toshihiko Matsuno, de SMBC Nikko Securities.

La place tokyoïte était en outre affectée par une appréciation du yen, valeur refuge prisée en période d’incertitudes : le dollar s’affichait ainsi à l’ouverture à 109,23 yens, contre 109,91 yens lundi à la fermeture, tandis que l’euro fléchissait à 135,16 yens contre 136,92 yens, des mouvements défavorables aux titres des sociétés exportatrices japonaises.

Le monde flottant de Naomi Kawase

Un homme qui perd la lumie?re et une femme qui la poursuit. Photo Dr

Avec « Vers la lumière», sorti cette semaine, la réalisatrice japonaise Noami kawase signe un film d’une grande maturité. Un film intimiste qui ouvre les horizons du sensible et évoque des zones peu connues de l’art cinématographique

Lors de sa projection à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard, le film de Naomi Kawase a reçu un accueil plutôt froid de la critique sans doute lié à la dimension expérimentale et sans concession dans laquelle nous entraîne le film de la réalisatrice japonaise. Naomi Kawase livre pourtant dans son dernier opus une représentation inédite et poétique du 7e art.

Avec Vers la lumière, Naomi Kawase porte à l’écran un métier peu connu pour la première fois traité au cinéma, celui d’auteur d’audodescription. Le métier d’autodescripteur permet de rendre accessibles des films, des spectacles ou des expositions aux personnes aveugles ou malvoyantes grâce à un texte en voix off qui décrit les éléments visuels de l’œuvre. Métier que la réalisatrice, de longue date captivée par les différents modes narratifs, a découvert lors de l’adaptation de son dernier film, Les délice de Tokyo.

Au début du film, on découvre, Misako, une jeune femme passionnée par son travail qui aime décrire les objets, les sentiments et le monde qui l’entoure. Pourquoi faisons nous toujours un focus sur quelque chose face à un champs de vision très large ? Lors d’une séance de travail Misako se trouve mise à l’épreuve par Nakamori un photographe dont la vue se détériore irrémédiablement. Naissent alors des senti- ments forts entre un homme qui perd la lumière et une femme qui la poursuit.

Avec ses relations aux images, au monde, à la mémoire… Naomi Kawase restitue à travers un montage non conventionnel tout un univers du sensible qui entoure l’histoire entre les deux personnages. Elle relève le défi de la parole, de la description de ce que l’on voit à l’écran par les mots. La bande son, signée Amin Maalouf est à la fois objective et subjective.

Un autre regard sur le cinéma

Partant de la cécité et de la transmission très profonde d’un récit aux non voyants on découvre l’amour des personnes privées de vue pour le cinéma. Le film éclaire aussi sur la perception d’un homme dévoré par les doutes et la peur d’entrer dans le néant, sans doute notre peur commune… L’amour des non voyants pour le cinéma la réalisatrice de Still the Water le partage. La place prépondérante qu’elle a souvent donné à la nature se déplace dans ce film vers les visages avec des gros plans sur les non voyants qui regardent.

La réalisatrice filme l’invisible pour exprimer ce que l’on ne voit pas. Vers la lumière est un film sur le cinéma, le rapport à l’image, sur la beauté, la spiritualité. « Il n’y a rien de plus beau que ce qui est en train de disparaître » souffle un vieux réalisateur à Nakamori dans une ultime mise en abîme. Un lien se tisse avec le spectateur et un autre entre le spectateur et le cinéma. Ce cinéma permettant d’arrêter la maladie pour nous faire exis- ter dans d’autres temporalités.

Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 12/01/2018

 

Entretien avec le Général Françis Lenne : « L’ultimatum ne mentionnait pas la bombe atomique »

Hiroshima

Hiroshima

Officier dans l’armée de l’air, le général retraité Françis Lenne participe aux commémorations des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. Il donnera une conférence autour de son livre Le deuil d’Hiroshima  qui dénonce la dissuasion nucléaire et ses dénis et prend position en faveur du traité pour le désarmement nucléaire mondial qui sera proposé à l’ONU le 20 septembre prochain.

Entretien

Après avoir été impliqué dans la dimension stratégique, comment est né votre engagement en faveur du désarmement nucléaire ?

La problématique du désarmement nucléaire n’est pas un sujet simple, d’autant qu’on cherche à l’embrouiller de la base jusqu’au plus haut niveau de l’État. Moi comme bien d’autres, j’ai eu le cerveau lavé par des considérations politiques de part et d’autre de l’Atlantique. J’ai travaillé sur la dissuasion dans un programme de transmission en relation avec les USA qui avaient un programme similaire. A ce titre, j’ai rencontré des stratégistes qui évoquaient savamment les biens faits de la dissuasion. Je me suis progressivement rendu compte que lorsque je grattais un peu leurs théories, ils fuyaient n’hésitant pas à avoir recours à des sophismes qu’auraient décelé des enfants de 7 ou 8 ans.

Cela m’a conduit à débuter mes recherches. N’étant plus à ce jour tenu par mon devoir de réserve, j’affiche ma thèse sans faux fuyant, selon laquelle la dissuasion nucléaire est le passage à l’acte d’une psychose liée au traumatisme d’Hiroshima et de Nagasaki, et justifiée par une transformation de l’Histoire.

Une forme de perversion constitutionnelle ?

On peut l’entendre ainsi, avec pour origine psychotique les événements de Hiroshima et de Nagasaki qui ont été refoulés. A partir de là, la collectivité s’est construite une autre réalité, celle de la stratégie de la dissuasion qui a justifié les bombes jusqu’à la fin de la guerre froide. Après la chute du mur, comme il n’y avait plus d’ennemi réel, cela s’est compliqué, il a fallu en trouver d’autres… Aujourd’hui, cette autre réalité, il est très difficile de l’évacuer, parce qu’on a construit dessus toute une série de dénis pour justifier l’événement et le rendre acceptable.

Cette falsification de l’Histoire est-elle également relative au contexte des journées des 6 et 9 août 1945 et de la réédition japonaise ?

La décision de produire la bombe atomique fut prise en décembre 1942. Roosevelt meurt en avril 1945, son successeur, Truman  débarque dans un moment difficile. Le secrétaire à la Guerre Stimson, lui révèle le projet seulement deux semaines après son entrée en fonction. Truman n’a qu’une connaissance approximative de leur capacité de destruction. Il arrive à Posdam au lendemain du 1er essai qui eu lieu le 16 juillet à Alamogordo, au Nouveau-Mexique. Staline qui avait un espion dans la place est au courant.

Pour Stimson le largage de la bombe est un moyen d’anticiper l’attaque Russe en Mandchourie qui eu lieu dans la nuit du 8 au 9 août. Le Japon était à plat. Le ministre de la guerre avait envoyé à son ambassadeur un message, intercepté par les américains, signifiant qu’ils étaient en train de se rendre.  Truman n’est pas vraiment au fait des enjeux. Il donne son accord tout en faisant promettre d’épargner les femmes et les enfants.

L’ultimatum envoyé au japonais ne mentionne pas la bombe atomique. Après Hiroshima, les journalistes japonais demandent à leur Premier ministre sa position. Celui si leur répond « Nous réfléchissons» une formule japonaise ambiguë qui peut aussi être interprétée par  «aller vous faire voir». Ce titre fait la une des journaux japonais et il n’est pas étranger au largage de la seconde bombe sur Nagasaki. Par la suite, on a réécrit l’histoire pour dire que les bombes avaient permis d’épargner deux millions de morts. L’histoire a été déniée y compris par les Japonais.

Plus de 70 ans après le drame, les risques nucléaires militaires ont-ils diminué ?
La situation a empiré. Elle s’est aussi complexifiée. Les armes nucléaires ont été produites de manière compulsive. L’arsenal planétaire comprend actuellement entre 15 000 à 16 000 têtes nucléaires. On sait  qu’il suffirait que cinq bombes explosent pour empêcher la terre de respirer.

Quand est il des risques accidentels ?
On dénombre de nombreux accidents qui ne sont que la face immergée de l’iceberg car beaucoup restent non connus. En France dans les année 60, un orage qui avait produit un bug dans les transmissions électriques a fait décollé un mirage 4 armé de bombe nucléaire. Le pilote n’a pas largué parce qu’il n’a pas trouvé son point de ravitaillement.

Les Russes et les Américains ont aussi connu des accidents. Jusqu’ici nous avons eu beaucoup de chance mais on doit s’attendre au jour où cette chance ne sera pas au rendez-vous. En 2009 deux sous-marin à propulsion nucléaire français et britannique sont entrés en collision. Il y avait 90 bombes à bord plus les moteurs nucléaires…

Cela paraît incroyable…
Non, justement parce que ces sous-marins sont construits pour être indétectables. Quand ils sortent de leur port d’attache, ils émettent des bruits pour se faire repérer puis ils disparaissent, et  à partir de ce moment, leur mission débute.

Quelle place occupe le nucléaire dans l’armée ? Comment ce sujet est-il vécu par les hommes ?
C’est très particulier et en même temps lointain parce que très cloisonné. Les gens qui ne participent pas aux forces de frappe n’ont aucune connaissance de ce sujet. Je ne sais pas précisément combien de personnes sont dans la confidence peut-être 280 ou 300 tout au plus. On ne pénètre pas comme ça dans le petit monde du nucléaire.

Les personnes informées sont très surveillées. Ils sont aussi formatés. J’ai quelques amis qui en font partie. Ils sont dans le déni total. Ce sont des gens intelligents par ailleurs, mais dès que l’on aborde ce sujet ils périclitent.

Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui vient d’être adopté à l’ONU en juillet ouvre-il des perspectives ?
Effectivement, les choses évoluent. C’est la première fois que nous avons quelque chose sur la table. Le travail mené à l’ONU en faveur du désarmement nucléaire mondial vient d’aboutir avec ce traité sur lequel les ONG et un certains nombres d’États travaillent depuis 2011. Après la résolution fin 2016,  la contribution de 122 pays a permis sa publication le 7 juillet dernier. Il faut noter qu’aucune des puissances atomiques ne l’a ratifié et que les Pays-Bas, seul pays parmi les 29 membres de l’OTAN à avoir suivi les discussions, se sont abstenus lors de l’adoption de la résolution.

Ce traité devrait entrer en vigueur en septembre une fois ratifié par 50 pays. Le texte du traité doit être accompagné d’un projet pour concrétiser cette avancée. Il n’y a que l’ONU qui peut le conduire.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

En savoir plus : « Le deuil d’Hiroshima » gratuit et libre de droit. https://www.dropbox.com/s/ysfew6nich6w6tu/Le%20deuil%20Hiroshima%20-2017.pdf?dl=0

Source La Marseillaise 5 août 2017

images4 jours de jeûne pour l’abolition des Armes nucléaires

Il y a 72 ans… Le 6 août 1945 à 8h15 du matin la première bombe atomique explosait sur Hiroshima. Le 9 août la seconde tombait sur Nagasaki.

Dans de nombreuses villes de France et d’autres pays (Royaume Uni, Allemagne, Togo, Etats-Unis…) un jeûne s’organise du  6 au 9 août pour exprimer la volonté d’éliminer les armes atomiques et se consacrer à l’information du public sur cette menace imminente et inacceptable pour le monde. Si le nucléaire civile et militaire sont liés depuis le début comme les doigts de la main.

A Montpellier, le collectif Stop armes nucléaire, regroupant les associations : Arrêt du nucléaire 34, Mouvement pour une alternative Non violente, Maison de la paix-Amis de l’Arche-Canva, Mouvement pour le désarmement, la paix et la liberté 34,(MdpL), Pax Christi,  compte un certain nombre de militants pour le désarmement. Le collectif montpelliérain qui s’associe au jeûne pour la seconde année, sera à l’initiative de différentes actions de sensibilisation durant ces quatre jour.

« Le jeûne est une manière de se consacrer à cet événement, indique Didier Lator, membre de Sortir du Nucléaire,  durant quatre jours, on donne de notre personne, sans mettre notre vie en danger,  pour un sujet important. Cela a un impact auprès de certaines personnes qui réalisent, à travers la teneur de notre engagement que c’est un vrai sujet. Mais beaucoup ont le sentiment que c’est un combat perdu d’avance. Parce que les centrales sont là et qu’on tient des discours complexes et très techniques pour que les citoyens ne s’emparent pas de cette question. Alors que 42 des 58 réacteurs nucléaires français ont dépassé la durée de vie de 30 ans pour lesquels ils ont été construits. A 75 km de Nîmes le réacteur n°1 de centrale Tricastin comporte 17 fissures

Au niveau local le collectif entend réitérer sa demande de rendez-vous restée lettre morte avec le maire Philippe Saurel. « Nous souhaitons juste le rencontrer pour connaître sa position.»

Du 6 au 9 août permanence sur l’esplanade de 11h à 17h. Le 6 août à 11h commémoration sur l’Esplanade. Le 7 août,  à 20h,projection du  Miracle Mile film à l’Utopia suivi d’un débat avec le Général Françis Lanne. Le 8  août à 18h30  sur l’Esplanade conférence du Général Françis Lanne, le 9 août à 11h02 ,  prise de parole à l’heure précise du bombardement de Nagasaki.

JMDH

Source La Marseillaise 5 août 2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Ecologie, rubrique DéfenseUn traité d’interdiction des armes nucléaires adopté à l’ONU, rubrique PolitiqueEdouard Philippe, un chef de gouvernement pas très « vert », Société civile, Face au lobby nucléaire, Ségolène Royal capituleUn accident nucléaire, c’est la fin de la démocratie, rubrique Economie, rubrique Rencontre,

Festival d’Avignon. L’Antigone fraternelle de Miyagi

ANTIGONE - FESTIVAL D AVIGNON - 71e EDITION -

Le drame universel passe de Sophocle à Miyagi. Photo Christophe Raynaud De Lage

Le maître japonais Satoshi Miyagi  présente « Antigone » dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, en ouverture du Festival d’Avignon.

Comme des spectres blancs qui se déplacent flottant sur un jardin d’eau japonais. Dans cette eau tenant lieu de frontière entre ce monde et l’au-delà, le metteur en scène japonais Satoshi Miyagi et sa compagnie nous font parvenir leur perception d’« Antigone » de Sophocle. C’est la première fois qu’une compagnie étrangère ouvre le festival dans son lieu le plus symbolique. De l’Occident à l’Orient le  mythe d’Antigone est passé de Sophocle à Satoshi et revient nous ouvrir les horizons à partir d’une autre intuition. Des sujets abordés par le drame, la transgression des lois, la désobéissance à l’autorité paternelle, la liberté féminine, la passion pour la justice… le metteur en scène retient certainement le plus universel, celui d’aimer tous les êtres humains sans les diviser.

Clarification de l’espace
Une pensée chère au bouddhisme japonais dont l’esprit emplit l’étendue de la Cour d’honneur du Palais des Papes où régnait jadis l’autorité chrétienne. Le travail de mise en espace offre des tableaux longilignes raffinés emplis de personnages dont l’esthétique chatoyante des maquillages et des costumes se déploie au gré des scènes narratives. En fond de scène, les âmes des morts composent le rang des musiciens qui propulse les mouvements de l’action. Dans le bassin circule sur un radeau le passeur vers le monde d’Hadès, les méditatifs déplacements sont orchestrés avec une infime précision sans troubler la surface de l’eau. L’ensemble du mouvement ne semble faire qu’un corps oscillant entre la compression du temps et la dilatation de l’espace. Satoshi s’adapte magistralement aux contraintes du lieu dont il tire partie avec un sens poussé de l’esthétique, transformant le haut mur en fond de scène en un théâtre des ombres obscures.

Après avoir confronté le théâtre japonais à l’épopée indienne, « Le Mahabharata », présenté à Avignon en 2014, Satoshi tire « Antigone » du berceau de la pensée occidentale. « Antigone », comme une forme accomplie de la culture de l’ici et maintenant. Dans ce saut spatio-temporel prodigieux qui nous sépare de Sophocle, cette incarnation de la révolte apparaît plus que jamais en capacité de fédérer dans son opposition au pouvoir face à l’arrogance des Créons modernes de Shinzo Abe, à Donald Trump en passant par Macron. Mais contrairement au clin d’oeil subtil à Pierre Henry avec les quelques notes de « Messe pour un temps présent » que laisse filtrer le metteur en scène au début du spectacle, cette référence à l’engagement n’est pas revendiquée par Satoshi qui reste fidèle à l’apparente neutralité  bouddhiste.

D’un point de vue formel, le spectacle emprunte aux spécificités irréductibles de la culture japonaise. Le ji-utaï, du nô japonais proche des choeurs grecs, le ku na’uka, méthode de travail où le même rôle est assuré par deux acteurs, l’un s’approprie la parole, l’autre le geste, ou le populaire théâtre kabuki. La pièce nous transporte  dans un temps cyclique, où chaque intervention expose des arguments en faveur de l’unité. Engagé contre la discrimination, Satoshi considère le théâtre comme un outil de solidarité et une fête pour apaiser les esprits…

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise

Voir aussi : Rubrique Festival, rubrique Théâtre, rubrique Asie, Japon, Tokyo dit non à l’arrogance d’Abe,

Japon. Tokyo dit non à l’arrogance d’Abe

7j-jonesLe parti du Premier ministre Shinzo Abe a essuyé une défaite cuisante aux élections de l’assemblée municipale de Tokyo, le 2 juillet. Un vote de sanction pour ce gouvernement qui bafoue les fondements de la démocratie, fustige le plus grand quotidien du pays.

Le Parti libéral-démocrate [PLD, conservateurs] a essuyé une défaite historique le 2 juillet aux élections à l’assemblée métropolitaine de Tokyo. À n’en pas douter, l’électorat attend beaucoup de Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, qui l’a emporté avec une large majorité. Mais cela ne suffit pas à expliquer la défaite désastreuse du PLD. Les résultats du scrutin doivent être interprétés comme un non retentissant à l’arrogance et à la suffisance du gouvernement du Premier ministre, Shinzo Abe.

On a pu constater à maintes reprises les effets néfastes de son autoritarisme. Shinzo Abe a refusé de répondre aux questions sur les scandales politiques dans lesquelles lui-même, son épouse Akie et son proche allié politique Koichi Hagiuda sont suspectés d’être impliqués. Son gouvernement a même rejeté la demande des partis d’opposition de tenir une session extraordinaire au Parlement, en vertu de l’article 53 de la Constitution.

Après avoir organisé à la hâte un débat en commission sur le projet de loi “anticonspiration” [loi adoptée le 15 juin], le gouvernement Abe s’est appuyé sur la large majorité dont il dispose dans les deux chambres pour faire passer en force cette législation très controversée [le texte est destiné à punir les individus se préparant à commettre des actes terroristes et est accusé d’être liberticide par ses opposants]. Par la force du nombre, le PLD a ni plus ni moins étouffé le débat au Parlement, qui est pourtant le cœur de la démocratie. Cela montre à quel point ce gouvernement ne respecte pas le Parlement.

Le discours de campagne qu’a prononcé M. Abe devant la gare d’Akihabara, à la veille du scrutin de Tokyo, a révélé le fossé qui le sépare du sentiment général. Quand l’assistance a commencé à scander des appels à sa démission, le Premier ministre a crié : “Nous ne serons pas vaincus par des gens pareils?!” Il a certainement pensé que ces huées ne provenaient que d’une poignée de détracteurs cherchant à saboter son discours. Les résultats de l’élection ont pourtant bien montré que sa politique mécontentait une part bien plus importante de l’opinion japonaise.

Des conséquences sur l’élection de 2018

Le mépris de son gouvernement pour le débat public n’est pas nouveau. Avant son retour au pouvoir en 2012, le Premier ministre s’est engagé, en campagne, à donner la priorité aux questions économiques. Les élections passées, il s’est empressé de faire adopter des lois soulevant de graves enjeux constitutionnels, à l’image de la législation sur la protection des secrets d’État ou de la nouvelle loi sur la sécurité nationale [qui a renforcé le rôle des militaires japonais].

Alors que de nombreux Japonais ainsi que des parlementaires ont dénoncé les problèmes posés par ces nouvelles législations, le PLD n’a guère pris la peine ni le temps d’en expliquer la nécessité pour qu’elles soient mieux acceptées. Pis, il s’est appuyé sur la majorité de son camp dans les deux chambres pour les faire passer en force, prétextant que les parlementaires leur avaient déjà consacré des heures de délibération.

Or le Parlement est la représentation du peuple, détenteur collectivement de la souveraineté nationale : les partis d’opposition représentent de larges pans de l’électorat japonais. Shinzo Abe semble avoir oublié ces principes de base de la démocratie.

Même si ces élections à l’assemblée de Tokyo restent un scrutin local, la défaite cuisante du PLD dans la capitale pèsera lourdement sur la mise en œuvre du programme national d’Abe. Cet échec aura des conséquences aussi sur l’élection à la présidence du PLD, prévue en septembre 2018, ainsi que sur les législatives, annoncées pour décembre 2018. À ce rythme, la révision de la Constitution, qui est le projet phare du Premier ministre, pourrait être compromise.

Ce qu’il doit faire aujourd’hui tombe sous le sens. Shinzo Abe doit réunir le Parlement en session extraordinaire et répondre à la demande de l’opposition, comme prévu par la Constitution, et donner des explications claires aux questions qui lui sont posées. Le gouvernement tire son pouvoir d’un mandat public qui le lui confie de façon temporaire : le Premier ministre n’en est pas le détenteur à titre personnel. Si Shinzo Abe n’a pas compris cette vérité simple, il n’est pas qualifié pour continuer à présider aux destinées du Japon.

Source Asahi Shimbun 04/07/2017

Gouverneure de Tokyo depuis 2016, Yuriko Koike, ancienne membre du PLD, a remporté une large majorité à l’assemblée de Tokyo avec 79 des 127 sièges. Sa campagne, lancée avec son nouveau parti, Tomin First no Kai (Association pour donner la priorité aux habitants de Tokyo), a mis en avant le besoin de transparence dans la gestion de la capitale. Première femme à diriger la mairie de Tokyo, elle partage certaines propositions controversées de Shinzo Abe, comme la révision de la Constitution pacifiste de 1947.

Voir aussi : Actualité Internationale , Rubrique Asie, Japon, rubrique Politique, Affaire, rubrique Société, Citoyenneté,