Enseignement supérieur. Près de 2 000 étudiants dans l’urgence.
Les effets de la crise chez les jeunes sont alarmants avec un taux de chômage en progression constante qui touche aujourd’hui un quart de la population des 16 24 ans. On retrouve localement les effets néfastes de la politique d’austérité chez les étudiants.
La progression du nombre total de boursiers cette années dépasse 7 %», assure le Crous de Montpellier qui a enregistré plus de 48 000 demandes d’aides financières concernant les bourses logement, contre 45 800 l’année dernière. Si le nombre d’étudiants demeure en progression, – On compte 2 % d’étudiants supplémentaires par an à Montpellier.- cette population est très fragile.
En 2014, 1 970 étudiants ont bénéficié des aides dites ponctuelles du fonds national d’aide d’urgence pour un montant global de près de 525 000 euros. Cette augmentation des demandes, et des bénéficiaires, se répercute sur le volume budgétaire des aides financières allouées.
Depuis la crise de 2008 les bourses versées par l’académie de Montpellier ont progressé de plus de 30% passant d’une enveloppe de 70 M d’euros à un peu plus de 100 M euros. Les récents changements dans le mode d’attribution des bourses favorisent les étudiants issus des familles de classes moyennes aux revenus modestes. Mais cette notion reste relativement floue et les couches de population les plus défavorisées sont condamnées au système D lorsqu’elles accèdent à l’enseignement supérieur.
Que chacun d’entre nous ait vécu les attentats du 7 janvier comme un coup de poing dans la gueule, c’est une évidence pour tous, lecteurs de Charlie ou pas, ou comme moi ex-lecteurs gourmands et assidus devenus abstinents à la fin des années 90 pour des raisons qu’Olivier Cyran explique parfaitement ici. Que la société entière manifeste son rejet viscéral de la violence armée contre l’imprescriptible liberté de pensée, rien de plus rassurant.
Ce qui est moins compréhensible, c’est qu’on soit surpris par un événement de cette nature.
On a diagnostiqué depuis quarante ans le « problème des banlieues ». Depuis quarante ans on sait que se combinent, dans ces lieux de relégation à l’intérieur du territoire, des problèmes d’urbanisme, de transport, d’aménagement, des phénomènes de ghettoïsation et un chômage massif. Des sociologues, des journalistes ont enquêté, écrit des bouquins, des rapports sur l’exil intérieur, le sentiment d’exclusion des enfants de ces immigrés qu’on est allé chercher au fond de leurs campagnes algériennes pour les mettre à la chaîne et les laisser sur le carreau quand le capitalisme financier a démantelé la production industrielle en Europe. On a écrit des rapports sur les problèmes de langue, d’apprentissage et par conséquent de repères dans la vie collective générés par ces conditions de vie.
Quelles réponses ont apportées les fiers cerveaux qui nous gouvernent à tant de précautionneuses analyses ? Ils ont renforcé l’exclusion – on ne parle des banlieues que quand on y brûle des bagnoles, et aussitôt on remet le couvercle sur la question –, et laissé à l’extrême droite le discours sur ces difficultés, discours évidemment réducteur, ethnique, raciste, et beaucoup plus apte à pénétrer une cervelle formatée par TF1 qu’une analyse sociologique, surtout si, en plus de la brutalité sans nuance du propos, on se pare des plumes de « la lutte contre la pensée unique ».
Depuis le milieu des années quatre-vingt, je vais régulièrement dans les banlieues pour faire écrire en atelier des jeunes gens de 15 à 20 ans. Je passe sur la somme de souffrance endurée par ces êtres qui, malgré leur jeunesse, n’ont pas l’avenir devant eux, sur la honte qu’ils portent – honte d’être le basané de service qui va se faire contrôler 4 fois par jour, qui habite là, dans cette banlieue éloignée de tout, mal entretenue, décrépite – « Les immeubles de ma ville sont malades » écrivait joliment une jeune trappiste. Je passe aussi sur la difficulté de vivre entre deux langues – même si la plupart des jeunes se débrouillent avec maestria du problème.
On ne peut pas en dire autant de la question – cruciale pour tout être humain – de l’identité. Ils sont français pour la plupart, nés en France. Mais aux yeux des autorités, représentées pour eux par la police, ils sont « de type maghrébin », « immigrés de la deuxième génération » (en dépit de son imbécillité, la formule fait florès) – sans parler de l’insulte « racaille », servie par un nanti né avec une cuillère en argent dans la bouche, qui au sommet de l’État s’est employé à siphonner les fonds publics mais court toujours, libre lui, tandis que les petits vendeurs de shit qui n’ont que cette activité pour donner de l’argent à la famille se font coffrer par un tribunal poussant en choeur des hurlements d’orfraie.
En conclusion, il est clair pour eux qu’ils sont Français mais en réalité ne sont pas Français. Ils ne sont pas Algériens non plus, ni Marocains ni Comoriens – la plupart n’ont jamais vu la terre de leurs parents, et ils n’en parlent qu’avec difficulté la langue.
Ni de là-bas, ni d’ici, qui sont-ils ?
On leur souffle : musulman.
Musulman ? Ça, c’est chouette ! Plus de problème de frontière ! Non seulement il y a des musulmans dans tous les pays du monde mais cette identité-là leur ôte du pied l’épine qui les empêche de marcher depuis leurs premiers pas. Une identité transfrontalière, planétaire, comment refuser cette aubaine ? Il suffit d’un foulard, d’une prière hebdomadaire à la mosquée, et hop ! le tour est joué.
Sauf que l’autruche se change en aigle et pousse des hurlements comme les dignités offensées des tribunaux, Comment ! Le voile ! Signe de soumission de la femme ! Interdit ! Des mosquées ? Hors de question ! Laïcité !
Bon, d’accord, il y a des croix sur toutes les collines, sur toutes les places de village, et pour moi qui ne suis pas de culture chrétienne mais athée, d’une tradition bien plus ancienne que la chrétienté et pas moins européenne, cette exhibition constante de la morbidité catho me donne des boutons, passons. La croix, d’accord, le foulard, pas d’accord. Les femmes françaises ne portent pas de foulard, elles sont les égales des hommes, la preuve il n’y a jamais eu en deux siècles et demi de République une présidente à la tête de l’État, le milieu politique est le plus atrocement sexiste qui soit, 10% de femmes sont ou ont été victimes de violences conjugales, sans parler du harcèlement sexuel au boulot, etc., passons, passons pudiquement, la femme française est l’égale de l’homme et tu vas me faire le plaisir de retirer ce torchon de tes cheveux.
Pendant ce temps, à la mosquée qu’on a refusé de construire et qui se planque dans un garage, d’autres qui ne sont pas des enfants de chœur ouvrent à ces jeunes sans avenir un avenir glorieux : mourir.
Mourir pour le Prophète ! Ça c’est une idée.
Le Midi Libre, haut lieu de la pensée contemporaine, se demandait récemment pourquoi, de Lunel, six jeunes gens sont partis faire le djihad en Syrie et y ont trouvé la mort. Lunel, bourgade de 25 000 habitants dans l’Hérault, maire classé « divers droite ». Rien à signaler, semble-t-il. Sauf qu’on ne peut pas s’empêcher de se demander pourquoi ces jeunes Français, au lieu de rêver aux filles ou aux garçons comme les garçons de leur âge, et à une vie tranquille au soleil de l’Hérault, ont préféré courir là-bas à une mort certaine. Cette question mériterait une enquête, et pas seulement une enquête de police évidemment. Le Figaro préfère à l’enquête l’émotion : « Lunel, traumatisée par le djihad ».
On s’étrangle.
La thèse implicite ? Lunel les aimait bien, ces enfants un peu basanés et assez malpolis. Seulement voilà, un méchant barbu à la mosquée les a abusés et envoyés à la mort. On fait l’impasse au passage sur tout le reste ci-dessus évoqué, sur l’interminable conflit israélo-palestinien jamais réglé pour cause de complaisance à l’extrême droite israélienne (leurs barbus à eux sont supportables, on ne sait pas pourquoi), sur la guerre en Irak et ses conséquences, l’implication contestable et contestée de la France « un pays de liberté, pluraliste, laïc », dixit Le Monde, dans cette non moins interminable guerre initiée par Bush et la droite américaine.
Je ne compte pas sur les aigles qui nous gouvernent pour apporter des réponses un peu moins sottes à la complexe question des banlieues, d’autant qu’après avoir laissé le champ libre à l’extrême droite elle a raflé la mise. Ils sont de toute façon trop préoccupés par la conservation de leurs prébendes pour oser une politique audacieuse (il faut voir avec quel aplomb ce Valls, hier pourfendeur des Roms pour vice originel, appelle aujourd’hui à l’unité nationale ! Comment ce Hollande droit dans ses bottes malgré sa trahison et l’échec magistral de sa politique tire les marrons du feu, « Paris, capitale du monde » !).
Je rêve qu’un peu de compréhension supplante l’amalgame, qu’un vrai désir de savoir prenne le relai de l’émotion, nous aide à faire notre deuil de ces grandes figures de notre culture disparues, à faire notre deuil aussi des morts anonymes, inconnus, des êtres humains qui ont eu la malchance de se trouver sur le passage de brutes fanatisées.
Je rêve en somme que cette politique qu’on prête à l’autruche – une légende, d’ailleurs – de se mettre la tête dans le sable en découvrant ses arrières, cesse d’être une norme gouvernementale : car le problème des banlieues n’est qu’une facette de cet autisme. Piketty en dit autant des choix économiques qui ne concernent pas, eux, 5 millions d’habitants des « quartiers » mais 65 millions de Français et 742,5 millions d’Européens. Et les millions de citoyens qui s’insurgeaient contre le ralliement des gouvernants de leur pays aux choix stratégiques de l’OTAN et n’ont pas plus été entendus ne se réjouissent évidemment pas d’avoir eu raison : quand la République fait l’autruche, c’est le sang des citoyens qui coule.
* Virginie Lou-Nony est Ecrivain, initiatrice d’ateliers d’écriture, présidente de l’association L’Ermitage à Bédarieux
Après l’attentat contre « Charlie Hebdo » et l’exceptionnelle mobilisation du 11 janvier, il est difficile pour chacun d’entre nous de reprendre une vie normale. La réaction à de tels événements ne peut pas se limiter au seul sursaut citoyen, aussi fort et emblématique soit-il. La prise de conscience doit se poursuivre, pour redonner du sens au fameux vivre-ensemble. Une fois l’émotion retombée, il faut la transformer en actions de fond, durables et à la hauteur des enjeux. Le débat a besoin de s’engager au plus vite, tout le monde doit y participer. Et il y a urgence, afin que la période qui s’annonce n’attise pas les peurs, ne nourrisse pas les exclusions et ne fasse pas l’amalgame inacceptable entre terrorisme et islam.
L’art difficile du débat – Attention toutefois à ce que la réponse ne soit pas uniquement sécuritaire, même si ce volet est indispensable. Contrairement à l’Amérique post-11-Septembre, évitons le piège d’un « Patriot Act » à la française, qui doterait l’Etat de trop larges moyens de surveillance, sans transparence. D’autres leviers existent, qu’il nous faut mobiliser.
La réponse à la haine passe forcément par une lutte renforcée contre la radicalisation, en prison mais pas seulement. La première priorité est celle de l’école, avec la délicate tâche d’apprendre aux élèves l’art difficile du débat et du respect de l’autre. Les actions de prévention et de civisme, l’insertion et l’emploi, l’éducation populaire, les projets autour de la mémoire, la culture et le dialogue, la politique de la ville sont indispensables pour améliorer le vivre-ensemble.
Rôle des collectivités territoriales – Les collectivités sont en première ligne de ces différents combats. Dans une tribune publiée dans « La Gazette » , une fonctionnaire territoriale les appelle avec raison à s’interroger sur leur rôle au service de l’intérêt général et de la défense des principes républicains. « Oui, les politiques publiques mises en œuvre par les collectivités ont le pouvoir de faire évoluer les choses, lance-t-elle. Elles ont cette capacité d’amener les citoyens à se construire une identité et des opinions. »
Un constat d’autant plus vrai dans les quartiers, comme le souligne l’association Ville et banlieue, qui plaide notamment pour développer la participation des citoyens et donner les moyens de « faire ensemble ». La ville de Strasbourg va par exemple organiser une « conférence citoyenne » chargée d’élaborer des propositions concrètes pour éviter que la prise de conscience ne s’essouffle.
Politique culturelle. Suite à une réduction inattendue de la subvention municipale, le Théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone voit son avenir menacé. L’Etat et la Région assurent un soutien à l’équipe.
La passe d’armes qui a eu lieu lors du dernier conseil municipal de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) fait des vagues. Jeudi dernier, le groupe d’opposition présidé par Serge Desseigne (PCF) est monté au créneau pour défendre la politique culturelle de la ville.
Au coeur du débat le vote du solde de la subvention au Théâtre de Villeneuve. Le montant attendu par la Scène conventionnée enfance et jeunesse pour boucler la fin de l’exercice se voit raboté de 33 000 euros. Le maire (divers gauche) Noël Segura avalise les propos de son adjoint aux Finances sur les difficultés de la commune conduisant à cette coupe budgétaire. Il n’a malheureusement pas trouvé la disponibilité pour s’exprimer sur ce dossier.
« Pour justifier le vote de la majorité, notre adjoint aux Finances a fait état de la mise à disposition du personnel municipal pour le théâtre et d’une certaine insatisfaction quant à ses missions », précise Serge Desseigne. « Mais dans le même temps il est question d’un budget d’investissement de 470 000 euros dans un dispositif de vidéo surveillance », s’indigne le conseiller qui voit dans ce choix politique l’influence de l’élu FN jouant la carte d’une démolition de la politique culturelle.
Surprise chez les partenaires
Outre l’irrigation directe du spectacle vivant sur la population et son articulation avec les écoles et le collège, le rayonnement culturel lié au théâtre dont bénéficie la commune de moins de 10 000 habitants apparaît comme un atout majeur de son développement. Ce que les deux autres partenaires de la convention tripartite confirment.
« La position de la ville va enclencher très prochainement une réunion de l’ensemble des partenaires, assure François Duval en charge du dossier à la DRAC. Nous sommes très attachés à la scène nationale de Villeneuve-lès-Maguelone et au projet de sa directrice Martine Combréas qui remplit parfaitement sa mission. »
Même son de cloche du côté de la Région par la voix de Josianne Collerais :
« La direction du Théâtre de Villeneuve remplit sa mission. C’est une équipe qui joue dans la cour des grands. Le théâtre a accueilli en 2010 la Soirée des Molière jeune public. Je ne comprends pas la décision de la Ville. Cela met le théâtre en difficulté et c’est d’autant plus stupéfiant qu’il n’y a eu aucun échange au préalable pour trouver des solutions. »
A court terme, la réunion des partenaires devrait déboucher sur des solutions. Mais la convention triennale de la scène conventionnée enfance et jeunesse de Villeneuve arrive à son terme à la fin de l’année. L’Etat et la Région se déclarent d’ores et déjà prêts à reconduire leurs engagements, respectivement 100 000 et 90 000 euros annuel, sans baisser leur budget.
La balle est maintenant dans le camp du maire Noël Segura qui est également vice-président de l’Agglo de Montpellier. Une participation de celle-ci paraîtrait logique s’il se montre convainquant.
Une trentaine d’artistes européens de premier plan, parmi lesquels le cinéaste Michael Haneke, ont envoyé lundi une pétition au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour s’opposer à la nomination de Tibor Navracsics comme commissaire à la Culture.
Le Parlement européen avait rendu un avis négatif début octobre contre le portefeuille à l’Education, la Culture et la Citoyenneté accordé à ce proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban, cheville ouvrière de lois jugées liberticides à la tête du ministère de la Justice de 2010 à 2014.
Le chef d’orchestre Simon Rattle, Pierre Audi, directeur du Dutch National Opera, les frères Dardenne, le directeur du théâtre de l’Odéon Luc Bondy, le compositeur anglais George Benjamin, les metteurs en scène Romeo Castellucci, Thomas Ostermeier, les chorégraphes Boris Charmatz et Anne Teresa De Keersmaeker, les metteurs en scène britanniques Simon McBurney et Katie Mitchell, Ariane Mnouchkine, directrice du Théâtre du Soleil et Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon sont parmi les signataires de ce texte lancé par le directeur du Festival lyrique d’Aix-en-Provence Bernard Foccroulle.
« M. Navracsics a été membre du gouvernement Orban en Hongrie, et a pris part à ce titre à une politique qui, dans les discours et dans la pratique, tourne le dos aux Droits de l’Homme, renie les valeurs communes européennes, limite la liberté d’expression, refuse la diversité culturelle, brime le secteur artistique », indiquent ces artistes. « La solution qui consisterait à lui retirer les compétences liées à la Citoyenneté n’est pas suffisante », soulignent-ils, la culture et l’éducation constituant « des enjeux fondamentaux de la construction européenne ». Les signataires « demandent avec force au président de la Commission et aux membres du Parlement européen de retirer à M. Navracsics la charge de la Citoyenneté, de l’Education et de la Culture, de développer la culture comme un des atouts majeurs de l’Europe et de continuer à oeuvrer activement pour une Europe fondée sur sa culture et portée par ses citoyens ».
Le texte, toujours ouvert aux signatures, doit également être publié dans de grands journaux européens dans les jours qui viennent.