Lanegan fait long feu

Mark Lanegan étoile noire du rock us. photo dr

Mark Lanegan étoile noire du rock us. photo dr

 

Concert. La meilleure veine rock de Seattle débarque. Mark Lanegan ex-complice de Kurt Cobain lundi au Rockstore.

Le chanteur de Seattle Mark Lanegan est une étoile noire du rock américain. Il a successivement été membre de The Jury un band monté avec le Kurt Cobain le chanteur guitariste de Nirvana, de Screaming Trees qui éclusait en pratiquant une douce mélodie entre psyché et hard rock. Il a partagé la destinée des métallos Queens of the Stone Age avec qui il a cartonné au Royaume-Uni.

Lanegan est de ceux qui proclamèrent la liberté en alignant des accords brouillons mais avec l’énergie (innocente) qui soulève les foules. Il peut aussi vous subjuguer avec des ballades mortelles comme One Hundred Years, Bombed ou Strange Religion. PJ Harvey, fan de toujours apparaît à plusieurs reprises sur ses albums, récemment sur le titre Come to Me du LP Bubblegum.

« A mes débuts, on disait que je chantais comme Jim Morrison et que je lui ressemblais, maintenant on dit que je chante comme Tom Waits et que je lui ressemble. Ça s’appelle vieillir» lâche l’antihéros. Ne vous y fiez pas trop pour autant, car quand la bête se réveille ça devient fulgurant.

JMDH

Lundi 24 août au Rockstore à 20h prix des places  20 euros.

Voir aussi : Agenda. Rubrique Musique, rubrique Montpellier,

Régionales : la gauche de la gauche peut-elle éviter la « soupe de logos » ?

La gauche aimerait entonner un nouveau refrain lors des régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Elle cite Podemos, Barcelone ou la mairie de Grenoble pour illustrer ce qu’elle tente de faire : rassembler diverses sensibilités et leur donner une patine « citoyenne ».

En préambule, Gérard Onesta, l’accent chantant, le cousinage célèbre, l’écologie au veston, assure qu’il ne s’agit pas de faire une « soupe aux logos ». Le rassemblement qu’il espère construire (et conduire) ne sera pas – inch’Allah – une collection de partis de gauche. Le tout ne sera pas la somme des parties. Mais quelque chose de neuf.

Jean-Luc Mélenchon et Marie-Pierre Vieu, en mars 2011 à Castanet-Tolosan

Jean-Luc Mélenchon et Marie-Pierre Vieu, en mars 2011 à Castanet-Tolosan

La communiste Marie-Pierre Vieu, conseillère régionale, abandonne même son matérialisme historique pour se lancer dans des métaphores vitalistes :

« Il faut qu’on énumère des points particuliers, mais la musique générale doit avoir la couleur de tout le monde. On doit y entendre chaque partition. »

 

 

Plus de 400 contributions à examiner

Peut-on encore dire que l’idée est originale ? Il s’agit de se mettre d’accord sur un programme avant de constituer la liste. Le « fond » avant les « hommes ». Si rien ne capote, cette démarche pourrait rassembler les Verts, les communistes, le Parti de Gauche (PG), les régionalistes et divers autres formations (Nouvelle gauche socialiste, Ensemble !). Mais aussi – décidément, c’est une obsession – des « citoyens ». Associatifs, syndicalistes, militants non-encartés.

Et encore. Parler de « programme » est prématuré. Ce dernier sera le produit d’une lente distillation. Il a d’abord été mis en place une plateforme au nom volontairement terne : Le Projet en commun. Sur ce site, les « citoyens » ont été encouragés à publier, tout au long de l’été, leurs contributions.

Il y en a plus de 400 en cette fin août. Tous les sujets sont abordés. Des pistes cyclables à la protection de l’ours brun en passant par la reconversion des ingénieurs licenciés par Airbus. Les contributions coulent agréablement, comme de la bonne pâte à tracts. Ce n’est pas trop bordélique et le langage est serré.

Le petit peuple est à fond, juré

Pour cause, le site est modéré (mais sans censure, me précise-t-on) et les propositions émanent des plus impliqués dans la politique locale, même si – juré – le petit peuple est à fond. Le résultat d’assemblées citoyennes, organisées en amont, a d’ailleurs été versé au dossier.

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Cécile Duflot et Gérard Onesta, en février 2011 à Toulouse (ERIC CABANIS/AFP)

Au téléphone, Gérard Onesta nous détaille la suite :

« Ces contributions vont être mise en forme dans des “pages consensus”, puis mises en ligne pour être commentées et éventuellement amendées avant que ne se dégage, début septembre, un socle programmatique. »

 

C’est à ce moment-là que l’on rentrera dans le dur, dans la constitution de la liste. Mais se joue dès maintenant le plus intéressant : la décantation du programme.

De la taille de l’Autriche

Quatre grandes thématiques ont émergé lors d’une réunion à Narbonne, en juillet. Du très classique : écologie, développement, culture et citoyenneté. A quoi vient s’ajouter une charte éthique inspirée de « Gouverner en obéissant » adoptée par Ada Colau, la maire de Barcelone issue des Indignés. Des référents « non encartés » ont été nommés pour animer les discussions. Ils ont été rejoints par des militants.

C’est par e-mails et au téléphone que l’alchimie doit se faire, dans une zone comparable à l’Autriche. La superficie n’est pas l’obstacle premier : il faut mettre d’accord des sensibilités aussi différentes que les écolos et les communistes (pensez au nucléaire !) et le Parti de Gauche et les régionalistes (pensez aux langues régionales !).

Et tout cela sans dénaturer les propositions, comme l’explique Guilhèm Latrubesse, du Partit Occitan :

« C’est tout l’enjeu de ce travail de réécriture. De plusieurs centaines de pages, en faire quatre ou cinq. Certains sujets sont hyper-traités, d’autres non. Mais la relecture collective garantit que l’on ne dénature pas la matière de base. »

 

 

Une question de points de vue

Guilhèm Latrubesse, en septembre 2009 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

Guilhèm Latrubesse, en septembre 2009 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

Il reste tout de même des points à trancher, même si le premier texte sera vague. Par exemple, sur les investissements de la région. Faut-il exclure des entreprises qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires ?

Guilhem Serieys, du PG, fait partie du groupe « industrie » et détaille la recherche du compromis. Pour lui, les différences tiennent plus à des « façons d’entrer le débat » :

« Au Front de Gauche, on entre par une question de principe : celle de la défense du service public. Alors que les Verts ont plutôt l’habitude d’y entrer par du terre-à-terre.

Par exemple, la défense du ferroviaire en tant que service public fait partie de l’ADN du Front de Gauche. EELV se pose plus la question en termes de diminution de l’usage de la voiture. Mais le résultat est le même. »

 

Et le nucléaire ? Et l’occitan ?

« Les ADN sont compatibles », renchérit Marie-Pierre Vieu, qui veut croire que tout ce beau monde se retrouve sur des « bases fortes » – le féminisme ou la lutte contre les discriminations (je te vois lecteur de Michéa qui bondit en hurlant « sociétal, sociétal »).

Mais enfin, il y a bien des sujets de dissension ?

  • Le nucléaire  : Eh bien, les verts et les communistes ont réussi à dire quelque chose ensemble sur Mediapart en demandant la fermeture de Malvési, l’usine de fabrication de carburant nucléaire située dans l’agglomération de Narbonne. Dans ce texte, on sent le balancement constant entre le cœur de cible écolo (« politique d’économie d’énergie ») et le « maintien de l’emploi » mis en exergue par les communistes. Au prix de quelques phrases alambiquées…
  • Les langues régionales : sujet classique de dissension entre les régionalistes et le Parti de Gauche, attaché à un certain jacobinisme républicain. Dans le coin, la question se cristallise autour des Calandretas, ces écoles qui enseignent l’occitan. Mais tout le monde se retrouve sur l’envie de re-basculer cela vers le service public. Et le PG local est peut-être moins farouche sur ces questions que Jean-Luc Mélenchon.
  • La ligne à grande vitesse : les communistes étaient plutôt favorables, mais ils ne vont peut-être pas trop le dire.

Pour Guilhem Serieys, il ne s’agit pas de gommer les aspérités, mais de trouver des biais pour les dépasser. En espérant éviter des débats nationaux (comme sur la réforme territoriale, par exemple) :

« Pour les grands projets, nous proposons de passer par des votations citoyennes. Donc les désaccords seront tranchés par la souveraineté populaire. »

 

 

Le poids des mots

Mais l’essentiel semble tenir au choix des mots, qui permet de dissoudre des désaccords. Marie-Pierre Vieu :

« Chaque parti est codifié. Chaque parti a l’impression que s’il place ses quelques mots, ça y est, il a sauvé l’essentiel. Mon parti a ses mots : “formation”, “alternative”, “anticapitaliste”. Les Verts ont les leurs : “reconversion”, “innovation”. Il y a des réflexes. Nous, c’est la protection de l’emploi. Eux, c’est de passer à une autre ère. Il faut qu’on trouve un nouveau langage. […]

On a inventé un langage du Front de Gauche. Le PG a avancé la “planification écologique”. Nous, les communistes, la planification, ça nous rappelait l’Union soviétique. Nous n’étions pas pour au départ. Mais c’est un terme qui a été restauré dans un autre contexte. »

 

Guilhèm Latrubesse, du Partit Occitan (dont le maître mot est « fédéralisme »), parle aussi de « méta-langage » qu’il faut dépasser.

« Quelque chose dans les gènes »…

On croit entendre en écho Pablo Iglesias. Le leader du mouvement ibérique a raconté comment ses étudiants – politisés – s’arrachaient les cheveux dans des assemblées où le mot « ouvrier » n’était pas prononcé :

« Les gens les regardaient comme des extraterrestres, et mes étudiants rentraient chez eux dépités. Voilà ce que l’ennemi attend de nous. Que nous employions des mots que personne ne comprend, que nous restions minoritaires, à l’abri de nos symboles traditionnels. »

 

Le reste est affaire de substrat. Gérard Onesta évoque Podemos ou les Indignés de Barcelone. Mais le contexte est différent – pas de mouvement du 15 Mai, pas de transition démocratique désenchantée. Il reste que la région est fertile. Sivens. Le Larzac. Les révoltes viticoles. Les paysans rouges-verts. Les régionalistes. « Il y a quelque chose dans les gènes », s’amuse l’écologiste.

Carole Delga, en juin 2015 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

Carole Delga, en juin 2015 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

La gauche de la gauche espère donc piquer la vedette à Carole Delga, qui mène la bataille pour les socialistes (et les radicaux de gauche). Ce n’est pas impossible : aux européennes, les listes EELV ont atteint un étiage de 11-12% en Midi-Pyrénées et en Languedoc-Roussillon. Le Front de Gauche était un peu en dessous, autour de 9% dans les deux anciennes régions.

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Faut-il faire les marchés ?

L’autre préoccupation est bien sûr la forme d’un tel rassemblement. On retrouve l’éternel débat entre le parti et le mouvement. Pour l’instant Le Projet en commun ne court pas le risque de se perdre dans l’« assembléisme ». Même si des personnes sans attache partisane se joignent à l’initiative, elle est surtout animée par les partis.

Membre du PG, Manon Le Bretton fait partie du groupe « citoyenneté ». Elle reconnaît volontiers que les non-encartés sont encore peu nombreux :

« Mais même s’il n’y a que quatre personnes “non encartées” dans la boucle, cela change la nature des échanges. On ne tombe pas dans les marchandages, le jargon ou les réflexes partisans. Et c’est un sas pour aller vers des gens qui ne sont pas dans ces circuits. »

D’où la question qui anime toutes les listes dites citoyennes et ouvertes : comment se dégager de la gangue partidaire ? Et puis, une fois l’élection passée, comment ne pas perdre le lien ? Faut-il faire les marchés comme la maire de Barcelone ? Lors d’une réunion, quelqu’un a proposé un système intégrant un tirage au sort pour constituer les listes… Mais ça n’a pas plu.

A la mode

Comment se mettre d’accord sur la liste, sur les noms ? C’est peut-être là le vrai obstacle. Plus que sur le programme. Dans Sud-Ouest, Jean-Luc Mélenchon a semblé fermer la porte à une alliance avec les Verts. Mais le PG local, par la voix de Guilhem Serieys, pense que cela va juste remettre sur le tapis la question de la tête de liste. On en revient donc à une question de personne.

Comme le dit avec prudence Maud Forgeot, cosecrétaire du PG dans le Tarn :

« Vous savez, les listes citoyennes, c’est à la mode… »

Rémi Noyon

Source : Rue 89 23/08/2015

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Les étangs, la mer et la misère

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Les noirs de l’été. « La maudite » de Waldeck aux éditions du Fil a retordre.

Dans le pedigree provisoire de Waldeck, petit fils d’immigré Républicain, figure entre autres faits d’armes une tentative en politique et différents engagements dans des mouvements sociaux pour des luttes foutues d’avance, une activité apparemment licite de plasticien et de constructeur de roulotte, sans vol de poule déclaré, une implication avérée dans la création de la FAR, maison d’édition associative du Fil à retordre, basée à Villeneuve-les-Maguelone et trois bouquins dont le dernier a pour nom La maudite

 L’auteur se fait à nouveau remarquer avec cet ouvrage qui met en scène des gens pas du tout fréquentables autour du village de Floréargues. Un nom fictif, mais qu’il situe tout de même précisément entre Montpellier et la plage des Aresquiers. Il peuple son livre de personnages dénués de valeurs, dopés à mort, ou qui s’accrochent sempiternellement à des commérages idiots, tels Jacqueline la fouineuse, Maryse-couche-toi-là, Jérémie le fumeur de chichon, Franck le fouille-merde…

Tout ce petit monde auquel l’auteur associe un élu local et un patron de pêche sétois qui fait régner la loi du silence, se retrouve mêlé à plusieurs meurtres et une disparition. On suit plusieurs versions de l’intrigue à partir des protagonistes qui éclairent partiellement les mêmes scènes de leurs illusions.

Tout se passe comme un cauchemar glauque dont on ne pourrait sortir. Les personnages subissent et s’agitent dans le vide absolu d’une société centrée sur la vie paisible des propriétaires à crédits. Un beau désenchantement local qui questionne.

JMDH

www.polar-dufilaretordre.com/

Source : La Marseillaise 18/08/2015

Voir aussi : Rubrique LivreRoman noir, Editions,

« Une forme de Roméo et Juliette au féminin »

La belle saison de Catherine Corsini sortie national mercredi 19 août

La belle saison de Catherine Corsini sortie national mercredi 19 août

Cinéma. Catherine Corsini présente en avant première à Montpellier son dernier film  La belle saison. Une histoire d’amour entre deux femmes au début des années 70 en pleine éclosion du féminisme.

Le cinéma français produit des histoires d’amour qui ne finissent pas toujours mal. Ni toujours bien d’ailleurs, ce qui compte, et qui plait, ce sont les hésitations sentimentales qui mettent en péril les êtres et les principes de la raison. Le dernier film de Catherine Corsini, La belle saison, projeté en avant première à Montpellier  jeudi au cinéma Diagonal, est de ceux là.

La réalisatrice porte à l’écran une histoire d’amour entre une jeune parisienne, militante féministe libérée (Cécile de France), et une fille de paysans creusois, qui peine à s’émanciper (Izïa Higelin). Les rapports amoureux et les questionnements sur l’identité sexuel jalonnent l’oeuvre de Catherine Corsini qui s’inscrit discrètement mais pleinement dans le paysage du cinéma français contemporain.

« Le cinéma c’est des hommes qui ont filmé des femmes », disait Jean-Luc Godard dans ses Histoires du cinéma, mais peut on être sensible à l’art cinématographique sans l’être à l’ouverture sur le monde et à la diversité que le cinéma véhicule?

Avec La belle saison Catherine Corsini aborde pour la première fois frontalement l’homosexualité féminine en appréhendant à la fois le contexte politique et le contexte social. Elle situe une grande partie de l’action dans l’environnement rural, loin des avancées idéologiques qui percent dans le monde urbain de l’après soixante-huit. Avancée qui comme l’on sait, ne sont jamais acquises.

ENTRETIEN

« Je reste attentive
au cinéma de mes consoeurs »

Photo Dr

Catherine Corsini  Photo Dr

Le film offre trois entrées, le féminisme des années 70, la vie et les valeurs du monde rurale de l’époque et l’histoire d’amour entre deux femmes, comment avez vous joué et imbriqué ces trois thèmes ?

J’avais depuis longtemps l’envie de faire une grande histoire d’amour entre deux femmes, contrariée par le drame de l’empêchement, une forme de Roméo et Juliette au féminin. Ce qui m’a poussé à raconter cette histoire ce sont les manifestations contre l’adoption du mariage pour tous et l’homophonie latente qu’elles ont véhiculé. J’ai préféré situer l’action au début des années 70 parce que je ne tenais pas à retomber dans les mêmes prismes du débat sociétal et politique. Cet épisode m’a fait réfléchir. J’ai réalisé que beaucoup d’acquis sur lesquels nous vivons, nous les devons aux féministes de cette époque parmi lesquelles il y avait de nombreuse homosexuelles.

Et concernant le choix de tourner dans le Limousin ?

La campagne, c’était le désir de retrouver une partie de ma jeunesse. J’ai choisi le paysage dont émane une sensualité très forte plutôt que les chambres. Cela permettait aussi de faire des allers et venues entre deux mondes. Celui de Delphine qui veut reprendre l’exploitation, – ce qui ne se faisait pas. On est femme d’agriculteur mais pas agricultrice – et celui de Carole, la prof parisienne engagée plus âgée, que la jeune fille va complètement perturber. Il y a une dimension initiatique qui joue dans les deux sens. Delphine initie Carole à l’homosexualité et Carole fait découvrir le combat féministe à Delphine qui s’y engage sans retenue. Elle se libère à Paris mais de retour à la ferme, elle choisit la terre. C’est viscérale.

Comment avez vous abordez les scènes de nu ?

Je voulais éviter le regard voyeur dans les scènes. L’angle est volontairement frontal presque en un seul plan. J’ai travaillé de façon picturale, comme dans les tableaux de Renoir et Manet, avec respect, surtout pour Izïa Higelin qui n’était pas à l’aise. Je ne savais pas si j’allais trouver la justesse et la rigueur de ton.

Vous montrez les hommes sous un beau jour…

Le propos n’est pas de placer les hommes dans un rapport antagoniste, bien au contraire. Ils sont plutôt chevaleresques, attentifs. Manuel le petit ami de Carole se demande s’il s’agit d’une expérience et quand il comprend sa dépendance amoureuse, il l’a met face à ses contradictions. Il est blessé mais ce n’est pas un salaud. Dans le personnage de l’éconduit, Antoine est très attachant. Il berce dans l’ironie dramatique.

Quel regard portez-vous sur le cinéma français en tant que réalisatrice ?

J’ai eu la chance de réaliser tous mes projets. Beaucoup de mes amies ont connu des interruptions de carrière après avoir eu un enfant. Je reste attentive au cinéma de mes consoeurs.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 15/08/2015

Voir aussi : Rubrique Cinéma Virginie Despentes : « Cherchez une femme dans les films qui lise un journal », Hollywood a la braguette qui coince, rubrique Rencontre, rubrique Société, Mouvements sociaux, Droit des femmes, Livre, Une encyclopédie du nu au cinéma,

 

Montpellier. Yeux ouverts derrière des lunettes noires

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Roman d’été. Antoine Chainas et Anthony Pastor signent «Le soleil se couche parfois à Montpellier ». Un captivant petit polar de la collection SNCF Le Monde.

C’est un lieu commun pas dénué de charme. On voit mieux l’été, derrière des lunettes noires. Avant d’arpenter Montpellier la nuit, on vous conseille de trouver un coin à l’ombre pour vous délecter de « Le soleil se couche parfois à Montpellier» un petit polar qui arrose les idées bien en place d’un petit coulis de fruit rouge avec un sens inné de la mise en scène qui met en lumière l’obscure nature du pouvoir.

Pour répondre à la commande du Monde et de la SNCF qui traversent cet été une dizaine de villes françaises pour la saison 4 Les Petits polars, Antoine Chainas, grand prix de la littérature policière 2014 pour son roman Pur, et le dessinateur Anthony Pastor, prix Fauve à Angoulême en 2013 pour son album Castilla Drive, croquent la cité Montpelliéraine.

« Cette histoire se déroule à Montpellier, l’ancienne Surdouée (…) A dix kilomètres au sud, la Méditerranée, plate et lourde. En saison estivale, les flots adoptent une teinte d’huile de vidange usagée. L’été paraît ici plus féroce qu’ailleurs. Le soleil, boule de magma vorace, pétrifie la cité, étend son empire ardent jusqu’aux confins du département. Le Lez, à l’est, s’essouffle. La Mosson et le Verdanson, à l’ouest, deviennent des filet d’eau à peine perceptibles, des chuchotement sur un lit de béton

Le décor planté en 2018, laisse place aux retrouvailles de MZ et d’Anna un couple de sexagénaires qui ont oeuvré 50 ans plus tôt, aux basses oeuvres des constructeurs, Frêche, Bofill et autres Dugrand, pour réaliser le grand rêve de gauche post  soixante-huitard « coulé avec un naturel confondant dans les aspirations du libéralisme des années 80. Aujourd’hui, en 2018, le rêve a pâle figure. Le capitalisme ne survit plus aux désastres économique et écologique qu’il a lui-même enfantés que par la perfusion des instances publiques

Le récit fait des aller-retours dans le temps exhumant, contextes politiques, luttes intestines, réalisations urbaines sans omettre les faits d’armes sur les terrains vagues attenants. Cette approche singulière de l’histoire contemporaine de Montpellier passe comme un songe. On n’en sort pas indemne, avec une légère mais tenace odeur de sous-sols qui persiste.

« Le réel n’existe pas, le réalisme non plus. L’ennemi de la vérité s’incarne dans la certitude »; rappelle Antoine Chainas, rien n’est donc moins sûr que les événements relatés dans ce précieux petit livre.

JMDH

En vente en kiosque jusqu’au 31 août 2015 . En septembre un Petit Polar sera diffusé dans l’émission « Samedi noir », et tout l’été sur le site Fictions. franceculture.fr !

Source La Marseillaise  05/08/2015

Voir aussi . Rubrique Livre, Roman noir, rubrique MontpellierMontpellier : Métamorphose aoûtienne, Pas de bouchon sur la voie du milieu, rubrique Politique, Politique locale, Un regard  sans fard sur le Languedoc-Roussillon,