Régionales : dans le Sud-Ouest, l’union de la gauche écologiste pourrait battre le PS

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Un rassemblement politique réunit en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées six formations politiques pour les élections régionales de décembre. À leur tête, l’écologiste Gérard Onesta. Promettant une autre pratique de la politique, cette liste plurielle se place dans le sillage des victoires aux municipales d’Éric Piolle à Grenoble et d’Ada Colau à Barcelone, devant le PS.

Toulouse, reportage

« Je n’aurais jamais été candidat sur une liste uniquement EELV ou Front de gauche », assure Serge Regourd. C’est le rassemblement de ces deux formations politiques, en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, qui l’a convaincu. À un mois des élections régionales, l’ancien doyen de la faculté de droit et de sciences politiques de Toulouse a même accepté de mener cette liste plurielle, intitulée « Nouveau monde », dans le Tarn-et-Garonne. « Le département où le FN est le plus fort », précise celui qui ne revendique aucune appartenance politique ni syndicale. « Le rassemblement est la condition de l’alternative, le seul truc en lequel je peux encore croire. Sinon, c’est le désespoir politique. »

Une sinistrose contre laquelle veut lutter ce rassemblement « inédit », selon sa tête de liste, Gérard Onesta. Le candidat, estampillé EELV, conduit un liste unissant pas moins de cinq partis politiques aux côtés des Verts : le parti régionaliste occitan (Partit occitan), la Nouvelle Gauche socialiste – parti nouvellement fondé par l’ancien député européen et frondeur socialiste Liem Hoang Ngoc – mais surtout le Front de gauche, au complet. Avec PACA, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées est la seule région de France où les écologistes sont unis avec le Parti de gauche, le Parti communiste et Ensemble !

Mais n’allez pas parler de « ralliements » à Gérard Onesta : « Le mot est faux, personne n’a fait allégeance. On est égaux, on partage le projet. On parle de partenariat, pas d’ouverture : cela sous-entendrait qu’il y en a un qui tient la clé pour fermer. » Un partenariat qui fait justement grincer plus d’une dent du côté socialiste : « C’est une alliance contre-nature », soutient Laurent Méric, élu local et membre actif dans la campagne de Carole Delga, l’ancienne secrétaire d’État au Commerce et à l’Artisanat, qui mène la liste PS.

Un autre notable socialiste dénigre le « fantasme Onesta » : « Il n’y a aucun élément de convergence entre tous ces partis, si ce n’est celui de virer le PS. Ce sera leur seul slogan de campagne. Mais historiquement, on est en territoire radical-socialiste, on ne gagne pas en faisant campagne à l’extrême-gauche. » Pourtant, Gérard Onesta invoque d’autres héritages. « C’est un terre cathare, de révolte. C’est une terre de Larzac, pour ‘’un autre monde possible’’. C’est une terre de Sivens. »

Les deux difficultés : le nucléaire et le projet de LGV Sud-Ouest

Et pour cause. Le Testet a joué un rôle clé dans l’impulsion de cette dynamique politique. « Dès notre appel à moratoire d’octobre 2013, EELV, le Parti de gauche et le Parti communiste ont été des soutiens indéfectibles, de toutes les manifestations, en signature de chacun des communiqués », témoigne Ben Lefetey, le porte-parole du collectif du Testet. La lutte crée alors les conditions du travail commun, comme une première expérimentation de l’unité possible. « Il n’y avait pas d’enjeu fondamental de pouvoir et on veillait à les mettre strictement sur un pied d’égalité », poursuit M. Lefetey qui s’est, depuis, engagé à leur côté. Non comme candidat, mais comme coordinateur de la campagne dans le Tarn : « Cela fait quinze ans que je suis dans le contre-pouvoir. Mais pour mener une vraie politique de transition, il faut aussi changer les gens au pouvoir et être élu. En cela, l’action des partis politiques est légitime et importante. »

Suffit-il cependant de lutter ensemble pour porter un projet commun ? « Communistes et écologistes ne partagent rien sur les dossiers de fond, ce serait une majorité impossible à gouverner », insiste Laurent Méric, en référence directe aux deux principales dissensions : le nucléaire et le projet de LGV Sud-Ouest. Ces derniers mois pourtant, des responsables politiques des différentes formations ont signé des tribunes communes pour dénoncer l’absurdité de l’investissement public dans ce projet d’infrastructure ferroviaire et pour porter un projet alternatif de restructuration de l’usine Areva-Malvési de traitement de l’uranium.

« Un emploi utile et responsable, non-précaire et non-délocalisable »

« Là où il a été impossible de s’entendre avec les communistes sur des sujets comme Roybon ou le Lyon-Turin en Rhône-Alpes-Auvergne, la construction des échanges dans le Sud-Ouest a permis de lever tous les verrous pour un véritable accord écologiste », analyse Julien Bayou, porte-parole national d’EELV. Presque tous, car la fédération Haute-Garonne du Parti communiste – la plus importante de la région – ferait encore sécession. Mais le soutien officiel du PCF est désormais acquis, Marie-Pierre Vieu, porte-parole du parti dans la campagne, ayant joué un rôle important dans le rassemblement des troupes tandis que Martine Pérez, conseillère régionale communiste sortante en Aveyron, confiait son optimisme (à écouter ici).

Sur quelle base ont été trouvés ces accords ? « Sur l’emploi, explique Gérard Onesta. Pas n’importe lequel, mais un emploi utile et responsable, non-précaire et non-délocalisable. Ainsi redéfini, l’emploi réinvente l’agriculture, l’énergie ou le transport et dessine un nouveau paradigme. Voilà comment on se met d’accord sur un projet foncièrement écologiste sans jamais dire que nous le sommes. » Trouver les bons angles pour regarder les objets de débat autrement : selon Patric Roux, ancien directeur de l’Estivada (un festival inter-régional des cultures occitanes) et secrétaire fédéral du Partit occitan, c’est la méthode qui fait consensus, comme dans la lutte autour de l’usine de Malvési : « Il ne s’agissait plus de lutter ou non contre le nucléaire, mais d’extraire des emplois de la pression du néo-libéralisme qui domine ce secteur, explique la tête de liste dans l’Aude. Là-dessus, tout le monde était d’accord. »

Un projet trop à « contre-emploi », justement ? Gérard Onesta l’assure, « le projet écologiste est totalement respecté, nous n’avons rien retranché ». L’emploi ancre le projet écologiste dans le concret : « C’est la vraie préoccupation des gens, la première des dignités qui ouvre la porte à de la santé, du logement, de l’éducation… » Il traverse ainsi les autres thèmes de campagne, parmi lesquels les lycées, premier poste d’investissement du Conseil régional Midi-Pyrénées avec 2 milliards d’euros prévus entre 2001 et 2019. « Un symbole de la défense d’un idéal de service public », estime Myriam Martin, porte-parole d’Ensemble !.

« Une véritable aspiration à faire de la politique autrement »

Autre compétence majeure des conseils régionaux : les transports. « On veut montrer qu’on peut faire autrement en privilégiant la rénovation des lignes inter-régionales, avance Liem Hoang Ngoc. La LGV représente une logique de métropolisation poussée jusqu’au bout. » L’idée de solidarité entre les territoires, c’est la raison de l’engagement de Judith Carmona : « Il y a un vrai souci de la ruralité et de sa place dans le développement de la région, un souci qui se ressent dans la composition des listes. » Éleveuse dans les Pyrénées-Orientales, elle a dû se mettre en congés de ses fonctions nationales auprès de la Confédération paysanne pour s’engager comme porte-parole « citoyenne » dans la campagne. Afin de défendre, par d’autres voies, son modèle d’agriculture, dit-elle.

Comme elle, Pascal Dessaint se lance pour la première fois dans des élections. « On ne peut pas toujours être dans la contestation sans prendre de dispositions par rapport à la vie réelle. C’est la limite de la posture face aux menaces qui pèsent », justifie l’écrivain, réputé pour ses polars mêlant nature et critique sociale. Il raconte avec enthousiasme le premier meeting de campagne et les 2.000 personnes devant lesquelles il a lu sa profession de foi : « C’est excitant, il y a une véritable aspiration à faire de la politique autrement. »

D’autres, telles Marie-France Barthet, la présidente de l’Université fédérale de Toulouse ou Anne-Marie Faucon, cofondatrice des cinémas Utopia, ont suivi la promesse d’une autre pratique de la politique, promesse incarnée par la proposition de Charte éthique à destination des élus et ses 43 articles fixant des règles de transparence ou de non-cumul des mandats.

« Se rassembler, non se ressembler »

Ce « citoyennisme » fait la fierté de la liste et se revendique l’héritage direct de Grenoble, où Éric Piolle avait emporté la mairie en mars 2014 sur la dynamique d’un mouvement similaire. La volonté de poursuivre ce laboratoire politique à plus grande échelle place la future troisième plus grande région de France (5,7 millions d’habitants) en possible jonction – pas seulement géographique – de Grenoble et de Barcelone.

Car de la cité catalane est né le « projet en commun » – l’intitulé étant directement inspiré du « Barcelona en Comú » qui a porté Ada Colau à la tête de la mairie au mois de mai. Sur cette plateforme publique, 4.000 contributions (consultables ici) ont été déposées de juin à août, à partir desquelles se sont construits les thèmes de campagne. La clef du succès pour Gérard Onesta : « Le juge de paix, c’est le projet, pas les tambouilles de parti. C’était un vrai défi : nous, formations politiques, étions-nous encore capables de pondérer ce qui fait combat commun chez les citoyens plutôt que ce qui fait différence entre nous ? »

Il en a tiré son slogan : Se rassembler, non se ressembler.

Barnabé Binctin (Reporterre)

Source Reporterre 04/11/2015

Voir aussi : Actualité France, Actualité Locale, rubrique Ecologie, rubrique Politique, Politique locale, rubrique Société, Consommation,

Régionales : la gauche de la gauche peut-elle éviter la « soupe de logos » ?

La gauche aimerait entonner un nouveau refrain lors des régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Elle cite Podemos, Barcelone ou la mairie de Grenoble pour illustrer ce qu’elle tente de faire : rassembler diverses sensibilités et leur donner une patine « citoyenne ».

En préambule, Gérard Onesta, l’accent chantant, le cousinage célèbre, l’écologie au veston, assure qu’il ne s’agit pas de faire une « soupe aux logos ». Le rassemblement qu’il espère construire (et conduire) ne sera pas – inch’Allah – une collection de partis de gauche. Le tout ne sera pas la somme des parties. Mais quelque chose de neuf.

Jean-Luc Mélenchon et Marie-Pierre Vieu, en mars 2011 à Castanet-Tolosan

Jean-Luc Mélenchon et Marie-Pierre Vieu, en mars 2011 à Castanet-Tolosan

La communiste Marie-Pierre Vieu, conseillère régionale, abandonne même son matérialisme historique pour se lancer dans des métaphores vitalistes :

« Il faut qu’on énumère des points particuliers, mais la musique générale doit avoir la couleur de tout le monde. On doit y entendre chaque partition. »

 

 

Plus de 400 contributions à examiner

Peut-on encore dire que l’idée est originale ? Il s’agit de se mettre d’accord sur un programme avant de constituer la liste. Le « fond » avant les « hommes ». Si rien ne capote, cette démarche pourrait rassembler les Verts, les communistes, le Parti de Gauche (PG), les régionalistes et divers autres formations (Nouvelle gauche socialiste, Ensemble !). Mais aussi – décidément, c’est une obsession – des « citoyens ». Associatifs, syndicalistes, militants non-encartés.

Et encore. Parler de « programme » est prématuré. Ce dernier sera le produit d’une lente distillation. Il a d’abord été mis en place une plateforme au nom volontairement terne : Le Projet en commun. Sur ce site, les « citoyens » ont été encouragés à publier, tout au long de l’été, leurs contributions.

Il y en a plus de 400 en cette fin août. Tous les sujets sont abordés. Des pistes cyclables à la protection de l’ours brun en passant par la reconversion des ingénieurs licenciés par Airbus. Les contributions coulent agréablement, comme de la bonne pâte à tracts. Ce n’est pas trop bordélique et le langage est serré.

Le petit peuple est à fond, juré

Pour cause, le site est modéré (mais sans censure, me précise-t-on) et les propositions émanent des plus impliqués dans la politique locale, même si – juré – le petit peuple est à fond. Le résultat d’assemblées citoyennes, organisées en amont, a d’ailleurs été versé au dossier.

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Cécile Duflot et Gérard Onesta, en février 2011 à Toulouse (ERIC CABANIS/AFP)

Au téléphone, Gérard Onesta nous détaille la suite :

« Ces contributions vont être mise en forme dans des “pages consensus”, puis mises en ligne pour être commentées et éventuellement amendées avant que ne se dégage, début septembre, un socle programmatique. »

 

C’est à ce moment-là que l’on rentrera dans le dur, dans la constitution de la liste. Mais se joue dès maintenant le plus intéressant : la décantation du programme.

De la taille de l’Autriche

Quatre grandes thématiques ont émergé lors d’une réunion à Narbonne, en juillet. Du très classique : écologie, développement, culture et citoyenneté. A quoi vient s’ajouter une charte éthique inspirée de « Gouverner en obéissant » adoptée par Ada Colau, la maire de Barcelone issue des Indignés. Des référents « non encartés » ont été nommés pour animer les discussions. Ils ont été rejoints par des militants.

C’est par e-mails et au téléphone que l’alchimie doit se faire, dans une zone comparable à l’Autriche. La superficie n’est pas l’obstacle premier : il faut mettre d’accord des sensibilités aussi différentes que les écolos et les communistes (pensez au nucléaire !) et le Parti de Gauche et les régionalistes (pensez aux langues régionales !).

Et tout cela sans dénaturer les propositions, comme l’explique Guilhèm Latrubesse, du Partit Occitan :

« C’est tout l’enjeu de ce travail de réécriture. De plusieurs centaines de pages, en faire quatre ou cinq. Certains sujets sont hyper-traités, d’autres non. Mais la relecture collective garantit que l’on ne dénature pas la matière de base. »

 

 

Une question de points de vue

Guilhèm Latrubesse, en septembre 2009 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

Guilhèm Latrubesse, en septembre 2009 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

Il reste tout de même des points à trancher, même si le premier texte sera vague. Par exemple, sur les investissements de la région. Faut-il exclure des entreprises qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires ?

Guilhem Serieys, du PG, fait partie du groupe « industrie » et détaille la recherche du compromis. Pour lui, les différences tiennent plus à des « façons d’entrer le débat » :

« Au Front de Gauche, on entre par une question de principe : celle de la défense du service public. Alors que les Verts ont plutôt l’habitude d’y entrer par du terre-à-terre.

Par exemple, la défense du ferroviaire en tant que service public fait partie de l’ADN du Front de Gauche. EELV se pose plus la question en termes de diminution de l’usage de la voiture. Mais le résultat est le même. »

 

Et le nucléaire ? Et l’occitan ?

« Les ADN sont compatibles », renchérit Marie-Pierre Vieu, qui veut croire que tout ce beau monde se retrouve sur des « bases fortes » – le féminisme ou la lutte contre les discriminations (je te vois lecteur de Michéa qui bondit en hurlant « sociétal, sociétal »).

Mais enfin, il y a bien des sujets de dissension ?

  • Le nucléaire  : Eh bien, les verts et les communistes ont réussi à dire quelque chose ensemble sur Mediapart en demandant la fermeture de Malvési, l’usine de fabrication de carburant nucléaire située dans l’agglomération de Narbonne. Dans ce texte, on sent le balancement constant entre le cœur de cible écolo (« politique d’économie d’énergie ») et le « maintien de l’emploi » mis en exergue par les communistes. Au prix de quelques phrases alambiquées…
  • Les langues régionales : sujet classique de dissension entre les régionalistes et le Parti de Gauche, attaché à un certain jacobinisme républicain. Dans le coin, la question se cristallise autour des Calandretas, ces écoles qui enseignent l’occitan. Mais tout le monde se retrouve sur l’envie de re-basculer cela vers le service public. Et le PG local est peut-être moins farouche sur ces questions que Jean-Luc Mélenchon.
  • La ligne à grande vitesse : les communistes étaient plutôt favorables, mais ils ne vont peut-être pas trop le dire.

Pour Guilhem Serieys, il ne s’agit pas de gommer les aspérités, mais de trouver des biais pour les dépasser. En espérant éviter des débats nationaux (comme sur la réforme territoriale, par exemple) :

« Pour les grands projets, nous proposons de passer par des votations citoyennes. Donc les désaccords seront tranchés par la souveraineté populaire. »

 

 

Le poids des mots

Mais l’essentiel semble tenir au choix des mots, qui permet de dissoudre des désaccords. Marie-Pierre Vieu :

« Chaque parti est codifié. Chaque parti a l’impression que s’il place ses quelques mots, ça y est, il a sauvé l’essentiel. Mon parti a ses mots : “formation”, “alternative”, “anticapitaliste”. Les Verts ont les leurs : “reconversion”, “innovation”. Il y a des réflexes. Nous, c’est la protection de l’emploi. Eux, c’est de passer à une autre ère. Il faut qu’on trouve un nouveau langage. […]

On a inventé un langage du Front de Gauche. Le PG a avancé la “planification écologique”. Nous, les communistes, la planification, ça nous rappelait l’Union soviétique. Nous n’étions pas pour au départ. Mais c’est un terme qui a été restauré dans un autre contexte. »

 

Guilhèm Latrubesse, du Partit Occitan (dont le maître mot est « fédéralisme »), parle aussi de « méta-langage » qu’il faut dépasser.

« Quelque chose dans les gènes »…

On croit entendre en écho Pablo Iglesias. Le leader du mouvement ibérique a raconté comment ses étudiants – politisés – s’arrachaient les cheveux dans des assemblées où le mot « ouvrier » n’était pas prononcé :

« Les gens les regardaient comme des extraterrestres, et mes étudiants rentraient chez eux dépités. Voilà ce que l’ennemi attend de nous. Que nous employions des mots que personne ne comprend, que nous restions minoritaires, à l’abri de nos symboles traditionnels. »

 

Le reste est affaire de substrat. Gérard Onesta évoque Podemos ou les Indignés de Barcelone. Mais le contexte est différent – pas de mouvement du 15 Mai, pas de transition démocratique désenchantée. Il reste que la région est fertile. Sivens. Le Larzac. Les révoltes viticoles. Les paysans rouges-verts. Les régionalistes. « Il y a quelque chose dans les gènes », s’amuse l’écologiste.

Carole Delga, en juin 2015 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

Carole Delga, en juin 2015 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)

La gauche de la gauche espère donc piquer la vedette à Carole Delga, qui mène la bataille pour les socialistes (et les radicaux de gauche). Ce n’est pas impossible : aux européennes, les listes EELV ont atteint un étiage de 11-12% en Midi-Pyrénées et en Languedoc-Roussillon. Le Front de Gauche était un peu en dessous, autour de 9% dans les deux anciennes régions.

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Faut-il faire les marchés ?

L’autre préoccupation est bien sûr la forme d’un tel rassemblement. On retrouve l’éternel débat entre le parti et le mouvement. Pour l’instant Le Projet en commun ne court pas le risque de se perdre dans l’« assembléisme ». Même si des personnes sans attache partisane se joignent à l’initiative, elle est surtout animée par les partis.

Membre du PG, Manon Le Bretton fait partie du groupe « citoyenneté ». Elle reconnaît volontiers que les non-encartés sont encore peu nombreux :

« Mais même s’il n’y a que quatre personnes “non encartées” dans la boucle, cela change la nature des échanges. On ne tombe pas dans les marchandages, le jargon ou les réflexes partisans. Et c’est un sas pour aller vers des gens qui ne sont pas dans ces circuits. »

D’où la question qui anime toutes les listes dites citoyennes et ouvertes : comment se dégager de la gangue partidaire ? Et puis, une fois l’élection passée, comment ne pas perdre le lien ? Faut-il faire les marchés comme la maire de Barcelone ? Lors d’une réunion, quelqu’un a proposé un système intégrant un tirage au sort pour constituer les listes… Mais ça n’a pas plu.

A la mode

Comment se mettre d’accord sur la liste, sur les noms ? C’est peut-être là le vrai obstacle. Plus que sur le programme. Dans Sud-Ouest, Jean-Luc Mélenchon a semblé fermer la porte à une alliance avec les Verts. Mais le PG local, par la voix de Guilhem Serieys, pense que cela va juste remettre sur le tapis la question de la tête de liste. On en revient donc à une question de personne.

Comme le dit avec prudence Maud Forgeot, cosecrétaire du PG dans le Tarn :

« Vous savez, les listes citoyennes, c’est à la mode… »

Rémi Noyon

Source : Rue 89 23/08/2015

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Politique, Politique locale, rubrique Montpellier, Toulouse,