Lanegan fait long feu

Mark Lanegan étoile noire du rock us. photo dr

Mark Lanegan étoile noire du rock us. photo dr

 

Concert. La meilleure veine rock de Seattle débarque. Mark Lanegan ex-complice de Kurt Cobain lundi au Rockstore.

Le chanteur de Seattle Mark Lanegan est une étoile noire du rock américain. Il a successivement été membre de The Jury un band monté avec le Kurt Cobain le chanteur guitariste de Nirvana, de Screaming Trees qui éclusait en pratiquant une douce mélodie entre psyché et hard rock. Il a partagé la destinée des métallos Queens of the Stone Age avec qui il a cartonné au Royaume-Uni.

Lanegan est de ceux qui proclamèrent la liberté en alignant des accords brouillons mais avec l’énergie (innocente) qui soulève les foules. Il peut aussi vous subjuguer avec des ballades mortelles comme One Hundred Years, Bombed ou Strange Religion. PJ Harvey, fan de toujours apparaît à plusieurs reprises sur ses albums, récemment sur le titre Come to Me du LP Bubblegum.

« A mes débuts, on disait que je chantais comme Jim Morrison et que je lui ressemblais, maintenant on dit que je chante comme Tom Waits et que je lui ressemble. Ça s’appelle vieillir» lâche l’antihéros. Ne vous y fiez pas trop pour autant, car quand la bête se réveille ça devient fulgurant.

JMDH

Lundi 24 août au Rockstore à 20h prix des places  20 euros.

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FG Ossang : un cinéaste vampire qui vide le temps…

FJ Ossang : « C’est la phase terminale d’une époque… » Photo Rédouane Anfoussi

Festival 100%. Hommage au cinéma de FG Ossang, qui considère le cinéma  » comme un psychotrope « . Trois films à découvrir jusqu’au 11 février.

L’enfant est né en 1956. Une légende dit que quelques fées du rock qui passaient par là se seraient penchées sur le berceau de FG Ossang pour y vomir après une nuit trop arrosée. Le mystère plane toujours sur ce qu’elles avaient mangé la veille. Bref le pauvre gosse, qui a grandi depuis, est atteint par cette incurable maladie nommée créativité débordante. Celles qui ébranlent la société dans ses certitudes. Les symptômes témoignent d’un attachement profond aux grands espaces, à la nature et aux spiritualités diverses, chamaniques, incas, tibétaines… dans lesquelles l’homme est partie intégrante du Cosmos.

Invité par le festival 100% dans le cadre d’un hommage à son travail cinématographique, l’artiste était à Montpellier pour évoquer son dernier film Dharma Guns (2011). L’opus nous propulse dans un univers d’entre-mondes qui nous fait plonger dans la noirceur des âmes. Ossang brode sur le motif récurrent de la perdition :  » Je voulais revenir à une enfance de l’art. Le film procède par stratification. C’est une attaque par les périphéries qui parle du monde vampire, des machines qui aspirent tout. On ne peut plus faire d’alchimie. C’est la phase terminale d’une époque… » (rire).

Poète et écrivain halluciné, qui prend son petit déj’ chez Burroughs, son plat du jour avec Céline et son dîner chez Vaché et Artaud, Ossang donne aussi de la voix dans les groupes MKB et Trobbing Gristtle entre punk et indus.  » C’est un type à part. En tant qu’artiste il incarne vraiment la modernité. Il est écrivain, musicien et cinéaste et il associe complètement les différentes formes d’écriture dans son travail « , commente un organisateur conquis. On le sent bien dans Dharma Guns, où chaque forme d’écriture est exploité indépendamment comme pour répondre à la formule de Cocteau  » Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité.  » Dans cette mise en abyme du jeu de la représentation, les plans (en noir et blanc) sont très travaillés  » C’est étonnant que le monde soit si bête. Il ne faut pas être sérieux au cinéma, mais c’est quand même important dit Ossang qui joue avec la force omniprésente de l’accidentel.  » Le cinéma, c’est quelque chose de sauvage. Il est né dans les cirques et les bordels. Le cinéma c’est la commotion… « 

Ses films lui collent à la peau comme la profondeur de son regard sur un monde qu’il voit s’effondrer.  » Bientôt il n’y aura plus qu’à découvrir les films de série Z tellement le cinéma se rétrécit. On apprécie la puissance du cinéma dans des périodes qui correspondent à des académismes de courte durée.  » En attendant il rappelle la faculté du cinéma à s’émanciper de tout carcan formel pour reprendre sa liberté.

Jean-Marie Dinh

 

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 Encore à l’affiche aux Cinémas Diagonal, Le trésor des îles chiennes et Docteur Chance, jusqu’à samedi.

Don DeLillo: La mort inspirée d’une légende US

Don DeLillo. Great Jones Street ou l’histoire d’une rock star qui plante son groupe pour s’enfermer dans un appart.

Enfin traduit, ce roman de Don DeLillo date de 1973.  Cette année-là, les forces US quittent le Vietnam, c’est le retour des GI à la maison. John McLaughlin produit sa dernière prestation avec son groupe Mahavishnu Orchestra et les New-york Dolls réinventent les années folles. Picasso casse sa pipe. Pinochet se paie Alliendé et Marco Ferreri fait scandale à Cannes avec La Grande Bouffe.

Pendant se temps, Don DeLillo écrit son troisième roman Great Jones Street, l’histoire d’une rock star qui plante son groupe au sommet de la gloire pour s’enfermer dans un appart minable de l’East Village. Démission du monde. Besoin de faire le vide, de redevenir intime avec sa propre folie. Bucky Wunderlick ne veut plus être le gourou de personne. Il demande aux parasites qui viennent le voir de rentrer chez eux.

Great Jones Street n’est pas plus un livre rock qu’Americana* serait une histoire de l’Amérique. Scalpel en main l’auteur américain coupe sa matière en tranches. Il se tape le boulot du légiste, et le cadavre parle, découvrant les excroissances d’une civilisation en mal de revival. Au passage DeLillo restitue le climat dans lequel s’inscrit l’hallucinante histoire de la pop culture américaine. « Tout le monde connaît l’histoire du nombre infini de singe, dit Fenig. On place un nombre infini de singes devant une machine à écrire, et à la longue, l’un d’entre eux reproduira une grande œuvre littéraire. » Près de 40 ans plus tard Don DeLillo est devenu l’auteur incontournable de la littérature postmoderne. Mais cela n’a rien d’un coup de dé.

Jean-Marie Dinh

* Premier roman de DeLillo paru en 1971.
Great Jones Street , éditions Actes-sud, 22 euros

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