Zoom noir avec Thomas H Cook

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Le célèbre écrivain américain évoque son  « dernier crime » à Montpellier

A Montpellier, les amateurs de roman noir sont archi pourris gâtés  avec la proximité du Firn de Frontignan et sa marée annuelle d’auteurs venus des quatre coins de la planète mais aussi le travail fondateur de l’association Soleil noir, sans compter la chance de pouvoir disposer d’un des plus grands rayon de roman noir de France dans la grande librairie indépendante en coeur de ville.

Ces acteurs du travail noir abreuvent les nombreux addictes locaux des Rencontres K-Fé- Krim animées par le libraire Jérôme Dejean, un connaisseur. Il recevait jeudi au Gazette Café, un poids lourd américain en la personne de Thomas H Cook un type bien, reconnu pour ses intrigues obsessionnelles autour des secrets de famille, de culpabilité, de rédemption…

Son dernier bouquin, Le crime de Julien Wells débute par un suicide propre et sans bavure de l’écrivain Julian Wells qui se tranche les veines avec une froide détermination au milieu d’un étang. L’acte hante son ami Philip Anders, critique littéraire, qui décide, comme par devoir, de mener une enquête sur la vie secrète du défunt.

Sur cette piste faite de rencontres étranges et de sordides allusions, il va bientôt approcher les tueurs qui peuples l’oeuvre de Wells et percevoir avec effroi, l’état d’esprit qui l’animait.

On est happé par ce parcours ambigu dans lequel on s’enfonce dans le noir au fil des pages. Thomas H Cook nous entraîne dans une atmosphère qui n’est pas sans rappeler le film d’espionnage de Carol Reed, Le troisième homme dans un contexte clairement plus horrible.

JMDH

Le crime de Julian Wells, éditions du Seuil, 21,5 euros

Source La Marseillaise 02/11/2015

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Magdalena Project 2015

Culture. Le réseau international dédié aux arts vivants créé par des femmes choisit Montpellier pour sa 1ère escale en France.

Du 21 au 26 septembre, la Bulle Bleue organise en association avec le Théâtre de la Remise et Réseau en scène LR The Magdalena Project Montpellier. Depuis bientôt trente ans, Magdalena – réseau international d’échanges dédié au théâtre et aux arts vivants créé par des femmes – traverse les continents et les générations par le biais des événements régulièrement organisés dans différentes villes du monde. L’événement est porté cette année par Marion Coutarel, comédienne et metteuse en scène au Théâtre de la Remise, associée à la Bulle Bleue depuis 2012. Pour cette première en France, des femmes artistes du Danemark, d’Angleterre, de Suisse, de Biélorussie, d’Argentine, d’Inde, d’Allemagne, du Brésil, de Pologne, d’Espagne, d’Italie, du Japon et d’Australie viendront à la rencontre des professionnel(le)s de la région et de tous les publics. Magdalena Project est aussi un espace facilitant l’échange, le soutien et la formation artistique.
L’édition montpelliéraine propose des temps d’ateliers, de pratiques et de recherche artistiques animés et portés par des professionnelles à destination de professionnels.

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Fusion festive des univers

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Ghost Dog samedi 29 août pour la Nuit des Gangsters. Photo D.R.

Domaine d’O. Seconde semaine des Nuits d’O qui se poursuivent ce soir avec la nuit Sénégal et African jazz roots.

Après une première semaine très suivie, la deuxième vague des Nuits d’O, rencontres thématiques de la musique et du cinéma, se poursuivent au Domaine d’O à Montpellier avec trois rendez-vous de choix. Dans le cadre de la soirée Sénégal France : dès 20h on retrouve ce soir le groupe African Jazz roots, un quartet associant le jazz et la musique traditionnelle sénégalaise.

Malgré d’évidents liens historiques entre le jazz et la musique traditionnelle africaine peu de projets réunissant des musiciens occidentaux de jazz et des musiciens traditionnels africains réussissent la fusion de ces musiques… A 21h30 ce sera l’heure de  Afrik’aïoli, un long-métrage de Christian Philibert présentée en 2013 au Cinemed et sorti en salles en France l’année suivante. Jean-Marc est un « jeune retraité » : il vient tout juste de vendre son bar. Son ami Momo le convainc de partir avec lui en vacances au Sénégal. Un séjour « haut en couleur » avec partie de pêche, marabout et belles « gazelles ».

Demain même endroit même heure pour la nuit Harmonica avec Jean-Jacques Milteau’Bluezz gang’ quintet. L’harmoniciste virtuose invite quelques honorables confrères à célébrer le blues et le jazz. Sans le blues, le jazz aurait raté son entrée et sans le jazz, le blues serait resté ignoré. Le film de la soirée Le Petit Fugitif réalisé par Ray Ashley et Morris Engel, est sorti en 1953. Il raconte l’errance d’un enfant seul au milieu de la foule. Le groupe Sväng qui clôture s’approprie le répertoire finlandais qui donne un souffle nouveau à l’harmonica.

Conclusion samedi avec la Nuit des gangsters et les 17 musiciens de Amazing Keystone big band, bouillonnants spécialistes de la musique de film, l’incontournable Ghost Dog de Jarmusch et les Lyre. Un temps qui mêle swing, jazz, hip hop et electro. Le rattrapage de sommeil peu attendre un peu, non ?

JMDH

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Le côté ténébreux des artistes napolitains

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Massino Stanzione Suzane et les veillards. photo DR

Musée Fabre. L’âge d’or de la peinture à Naples de Ribéra à Giordano à découvrir jusqu’au 11 octobre.

Après l’expo Corps et ombres : Caravage et le caravagisme européen qui avait suscité en 2012 la jalousie des parisiens, on peut découvrir, L’Âge d’or de la Peinture à Naples : de Ribera à Giordano au musée Fabre jusqu’au 11 octobre. Le parcours composé de 84 oeuvres majeures de la peinture napolitaine suit l’évolution du caravagisme au baroque.

Tous les grands maîtres de la peinture napolitaine sont représentés Caravage, Caracciolo, Vitale, Ribera, Stanzione, Di Lione, Cavallino, Giordano, Beinaschi, Solimena. L’exposition trace aussi le portrait de la cité où réside le vice-roi et siège l’administration du royaume de Naples. Les artistes qui répondent aux commandes fastueuses ne se privent pas de montrer les aspects populaires du port de commerce très actif et la foule qui grouille au marché.

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Ribera St Marie l’Egyptienne

Parmi tous les grands maîtres de la peinture napolitaine présents figurent douze oeuvres majeures du fécond Ribera dont la saisissante et pathétique St Marie l’Egyptienne. Le biographe de Ribera souligne comment l’artiste se rallia au style Caravage tout en notifiant qu’il aurait eu une vie de bohème agitée. Ce que semble attester le regard de l’ange dans le Baptême du Christ.

Au-delà des thèmes classiques des oeuvres ayant attrait au religieux, à la mythologie, aux natures mortes et à l’humanisme, on est saisi par l’ambiance ténébreuse que renforce l’usage du clair obscur. Comme si le climat de guerre politico-religieux qui enflamme l’Europe de l’époque, transparaissait de manière diffuse dans l’expression des grands maîtres tout comme la proximité menaçante du capricieux Vésuve et de la grande peste qui dévasta 60% de la population du royaume. La peinture témoigne de l’inventivité technique des peintres napolitains mais pas seulement. A l’instar du lyrisme sensuel qui se dégage de la martyre Saint Agathe de Guarino.

JMDH

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Source : La Marseillaise 27/08/2015

Voir aussi : Voir aussi : Actualité France, Rubrique Art, rubrique Exposition, rubrique Italie,

 

JonOne. De la couleur et du mouvement

A Montpellier JonOne se fond dans les couleurs de son art. Photo dr

A Montpellier JonOne se fond dans les couleurs de son art. Photo dr

Exposition. L’artiste JonOne issue du street art expose une oeuvre abstraite au Carré Saint Anne jusqu’au 1er novembre.

Free style au Carré Sainte-Anne avec les oeuvres grand format de JonOne qui occupent l’espace de l’église désacralisée jusqu’au 1er novembre. Dans l’enceinte où l’artiste a visiblement pris plaisir  à composer sa mélodie en faisant exploser les couleurs sur les toiles et des volumes en plexi, on songe au cheminement étrange de ce fils d’immigrés dominicains qui a grandi à Harlem où sa famille, vit toujours.

Dans les années 70 et 80, JonOne a commencé à écrire son nom sur les murs et sur la grande flotte des rames du métro new-yorkais. Il évoque comme élément fondateur de son style, la vision d’une rame de métro graffée engendrant des traînées de couleurs avec la vitesse. Le passage de l’esprit de rue à la peinture abstraite s’opère quand il arrive à Paris au milieu des années 80. C’est au moment où le street art explose en France que JonOne passe à la toile.

Avec un coup d’avance, l’artiste s’adapte et fait les bonnes connexions en se référant à Kandinsky, Matisse et bien sûr aux expressionnistes abstraits américain, Pollock, de Kooning, Joan Mitchell… L’optique optimiste que cultive l’artiste lui réussit. L’oeuvre circule dans les galeries dont JonOne a vite saisi les codes.

L’usage des couleurs attractives parfaitement maîtrisées allié au récit de vie de l’artiste suscite cet espoir dont nous avons tant besoin aujourd’hui. Et le destin heureux de l’artiste issu du ghetto vient renouveler l’éternelle vision du rêve américain.

Il expose à Tokyo, Berlin, Hong Kong et partira pour Shanghai, après Montpellier qui manifeste son ambition muséale en matière de street art. Côté pile on retire le collage à proximité de l’église St Roch avant le pèlerinage du 15 août, côté face on investit dans le mouvement pictural urbain pour le faire entrer dans l’institution. Vous avez dit mutation ?


JMDH

Voir aussi : Rubrique Arts, Abstraction la seconde école de Paris, Artistes méconnus de RDA, Cy Twombly tire un trait, rubrique Exposition, rubrique Montpellier,

Source : La Marseillaise 22/08/2015