Montpellier. Yeux ouverts derrière des lunettes noires

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Roman d’été. Antoine Chainas et Anthony Pastor signent «Le soleil se couche parfois à Montpellier ». Un captivant petit polar de la collection SNCF Le Monde.

C’est un lieu commun pas dénué de charme. On voit mieux l’été, derrière des lunettes noires. Avant d’arpenter Montpellier la nuit, on vous conseille de trouver un coin à l’ombre pour vous délecter de « Le soleil se couche parfois à Montpellier» un petit polar qui arrose les idées bien en place d’un petit coulis de fruit rouge avec un sens inné de la mise en scène qui met en lumière l’obscure nature du pouvoir.

Pour répondre à la commande du Monde et de la SNCF qui traversent cet été une dizaine de villes françaises pour la saison 4 Les Petits polars, Antoine Chainas, grand prix de la littérature policière 2014 pour son roman Pur, et le dessinateur Anthony Pastor, prix Fauve à Angoulême en 2013 pour son album Castilla Drive, croquent la cité Montpelliéraine.

« Cette histoire se déroule à Montpellier, l’ancienne Surdouée (…) A dix kilomètres au sud, la Méditerranée, plate et lourde. En saison estivale, les flots adoptent une teinte d’huile de vidange usagée. L’été paraît ici plus féroce qu’ailleurs. Le soleil, boule de magma vorace, pétrifie la cité, étend son empire ardent jusqu’aux confins du département. Le Lez, à l’est, s’essouffle. La Mosson et le Verdanson, à l’ouest, deviennent des filet d’eau à peine perceptibles, des chuchotement sur un lit de béton

Le décor planté en 2018, laisse place aux retrouvailles de MZ et d’Anna un couple de sexagénaires qui ont oeuvré 50 ans plus tôt, aux basses oeuvres des constructeurs, Frêche, Bofill et autres Dugrand, pour réaliser le grand rêve de gauche post  soixante-huitard « coulé avec un naturel confondant dans les aspirations du libéralisme des années 80. Aujourd’hui, en 2018, le rêve a pâle figure. Le capitalisme ne survit plus aux désastres économique et écologique qu’il a lui-même enfantés que par la perfusion des instances publiques

Le récit fait des aller-retours dans le temps exhumant, contextes politiques, luttes intestines, réalisations urbaines sans omettre les faits d’armes sur les terrains vagues attenants. Cette approche singulière de l’histoire contemporaine de Montpellier passe comme un songe. On n’en sort pas indemne, avec une légère mais tenace odeur de sous-sols qui persiste.

« Le réel n’existe pas, le réalisme non plus. L’ennemi de la vérité s’incarne dans la certitude »; rappelle Antoine Chainas, rien n’est donc moins sûr que les événements relatés dans ce précieux petit livre.

JMDH

En vente en kiosque jusqu’au 31 août 2015 . En septembre un Petit Polar sera diffusé dans l’émission « Samedi noir », et tout l’été sur le site Fictions. franceculture.fr !

Source La Marseillaise  05/08/2015

Voir aussi . Rubrique Livre, Roman noir, rubrique MontpellierMontpellier : Métamorphose aoûtienne, Pas de bouchon sur la voie du milieu, rubrique Politique, Politique locale, Un regard  sans fard sur le Languedoc-Roussillon,

Festival de Radio France : Sur le thème musique et pouvoir

La photo de l'affiche de l'édition 2013

Festival de Radio France. La 29e édition de l’événement musical régional se tiendra du 11 au 25 juillet. 200 concerts dont 90% sont gratuits devraient mettre en valeur l’ensemble du territoire.

Le festival de Radio France et Montpellier Languedoc- Roussillon battra son plein du 11 au 25 juillet prochain. C’est la 29e édition de cette manifestation et la seconde pour son directeur Jean-Pierre Le Pavec. La conférence de presse de présentation de cet événement comporte généralement une double dimension : elle donne l’occasion de faire le point entre les différents partenaires concernés et permet à la Région, qui assure les deux tiers du financement, de faire valoir son orientation. L’autre partie est consacrée à la présentation de la programmation.

Concernant la dimension politique, Hélène Mandroux et l’adjoint à la culture Philippe Saurel pour la Ville, Jean-Pierre Moure et son adjointe à la culture Nicole Bigas côté Agglo, ont brillé hier par leur absence, tandis que le vice-président du conseil général Jacques Atlan s’est efforcé de rester consensuel, ne pouvant cependant retenir quelques bons mots : « Le festival est bienvenu. Lorsqu’on est dans le Domaine d’O, on peut presque se passer d’argent. » Ce à quoi le président Bourquin lui a plaisamment répondu : « Nous n’avons aucune objection à ce que vous gardiez votre O pour y substituer des espèces sonnantes et trébuchantes. » Au-delà de ces petites passes d’armes entre amis, le président de Région a affirmé son souci de décentraliser le festival dans l’ensemble du territoire régional et de maintenir sa vocation de service public à travers la gratuité. « 90% des concerts sont gratuits ». Il a aussi réaffirmé son plein soutien à J-P. Le Pavec pour tenir la feuille de route. Celui-ci manifestant ostensiblement ses bonnes relations avec le directeur contesté de l’Orchestre et opéra de Montpellier, Jean-Paul Scarpitta, présent dans la salle.

Après le duo Frêche Koering, l’avenir du festival semble désormais reposer sur le duo Bourquin Le Pavec. Si le modèle de gouvernance reste inchangé, la nature de la programmation elle, varie. Le nouveau directeur affirme vouloir maintenir la présentation d’œuvres inédites qui fait l’identité du festival de Radio France. Dans ce registre, on retient le concert d’ouverture Mass de Mass, qui sera l’un des temps forts de l’événement. «Mass, commande de Jacky Kennedy, est une oeuvre qui allie symbolique, électroacoustique, jazz, gospel, rock, pop, dans une emballante mosaïque musicale à l’image de la mosaïque des peuples qui composent les Etats- Unis d’Amérique », précise Jean- Pierre Le Pavec. Reste que son : « Nous essayons d’avoir des idées » manque un peu d’audace. A l’instar de l’affiche, on ne peut plus figée dans l’académisme, la programmation patine un peu trop sur les autoroutes.

Un retour sur la musique baroque méditerranéenne Au titre de la lisibilité et de la logique de programmation, le choix thématique a été à nouveau retenu. On comprend mal pourquoi le choix des thèmes recoupe quasiment celui de l’année dernière comme la séquence violon avec Renaud Capuçon en tête d’affiche, même si celui-ci n’a pas déçu l’an passé. On poussera volontiers notre curiosité vers le volet méditerranéen qui propose un retour sur la musique baroque médi- terranéenne sous la direction de Christina Pluhar.

La thématique Musique et pouvoir devrait être l’occasion de rappeler qu’il est important que les territoires respectifs des politiques culturelles et des programmations artistiques préservent leur autonomie, ce qui ne signifie pas forcément l’indépendance.

JMDH


Programmation complète sur www. festivalradiofrancemontpellier.com

Source : L’Hérault du Jour 11 /04/2013

Voir aussi : Rubrique Politique culturelle, rubrique Musique, rubrique Festival, Festival de Radio France,

Entretien Philippe Saurel « Ma vision de la culture à Montpellier »

Philippe Saurel vient de prendre ses nouvelles fonctions en tant qu’adjoint au maire délégué à la Culture suite au remaniement de l’équipe municipale décidé par Hélène Mandroux en juin dernier. Le socialiste (tendance Valls) qui se verrait bien dans le fauteuil du maire en 2014, était auparavant en charge de l’Urbanisme qui revient à Michael Delafosse (tendance Aubry), son prédécesseur à la culture. Philippe Saurel est aussi Conseiller général. Il est Conseiller municipal depuis 1995, (troisième mandat de Georges Frêche), il était alors délégué aux affaires sociales.

Comment s’explique selon vous ce remaniement de l’équipe municipale opéré par Hélène Mandroux à mi mandat ?

« Je pense qu’Hélène Mandroux a voulu booster l’ensemble de l’équipe municipale. Je n’avais pas demandé la culture mais j’ai accueilli cette délégation avec enthousiasme et j’envisage aujourd’hui cette responsabilité avec passion. J’occupe déjà au Conseil général de l’Hérault la vice-présidence de la commission culture.

Quelle est votre relation à la culture ?

Dès le plus jeune âge, j’ai fait du violon. A l’origine mon cursus est littéraire. J’ai par la suite poursuivi des études dentaires, puis j’ai repris l’université pour obtenir un DEA en histoire de l’art..

Quelle différence faite-vous entre art et culture ?

On peut considérer que tout est art. Cela dépend de notre appréhension. Un boulon, une vis, c’est de l’art. L’art pour moi, c’est tirer parti de ce dont on dispose pour arriver au meilleur. A la beauté, et plus encore à l’harmonie, qui est moins subjective que la beauté. J’ai une conception très ouverte de la culture. Je ne l’entends pas sous l’angle d’une accumulation de savoirs mais comme quelque chose qui nous unit, que l’on met en partage dans notre vie quotidienne. Je suis souvent touché par l’émotion que l’on trouve dans l’expression de la vie. Au spectacle ou au cinéma, je suis bon public.

Que vous évoque le concept d’excellence artistique ?

Personnellement pas grand chose, je souhaite conduire une politique culturelle qui ne soit ni élitiste ni populiste. La culture populaire peut être de grande qualité. Je pense au festival des fanfares dans le quartier des Beaux Arts qui est à la fois singulier et populaire. Dans le domaine de la photo, Montpellier a sa place entre Arles et Perpignan. Le travail que mène Gilles Mora au Pavillon populaire est remarquable et doit être poursuivi. Je pense qu’il faut en même temps positionner en réseau tous les acteurs montpelliérains de la photo. Avec Sophie Boniface-Pascale, nous allons signer une convention entre le service culture et les Maisons pour tous pour avancer dans ce sens.

Avez-vous eu le temps de vous plonger dans les grands dossiers ?

C’est en cours, je rencontre les acteurs culturels. Je viens de   faire connaissance avec Jean-Pierre Le Pavec, le nouveau directeur du Festival de Radio France. En 2012 nous ferons deux grands concerts gratuits place de l’Europe avec une soirée musique du monde et une soirée de musique classique et de musique de film. Je vais bientôt me pencher sur la Comédie du Livre. 2012 verra l’ouverture du centre d’art la Panacée. Ce projet de pépinière d’artistes, n’est pas incompatible avec celui d’un Musée d’art contemporain à vocation régionale. Je souhaite développer des relations productives avec les collectivités territoriales. En matière de culture il faut penser à une échelle supérieure à la ville.

Qu’avez-vous envie de dire aux créateurs montpelliérains ?

Les budgets 2011 sont consommés. Mais je serai extrêmement attentif à leurs demandes pour l’avenir. Dans les manifestations liées à la ville comme les Zat, je souhaite que leur participation soit plus grande. Je pense qu’il faut à la fois conserver les bons côtés de Quartier Libres et ceux des Zat. Allier les initiatives locales avec une nouvelle façon d’envisager la ville.

Le type d’alliance vers laquelle tendent toutes les politiques culturelles depuis Malraux sans y parvenir ?

Je suis utopiste. Je veux faire se rencontrer des mondes qui ne se rencontrent pas. Il manque une connexion entre l’institution culturelle et la culture populaire.

Quel regard portez vous sur le projet culturel du Parti socialiste ?

Une politique de gauche doit donner plus de place à la culture. C’est une affaire de cohésion sociale et de solidarité. Ce n’est pas un hazard si Lang a encore une image nationale. Je ne suis pas en accord avec la politique de Frédéric Mitterrand mais je lui reconnais une hauteur d’esprit. La gauche est vraiment la gauche quand les artistes et les intellectuels sont avec elle. Quand ils la désertent, elle est en piteuse état. Moi je suis pour la remise en question ».

recueilli par Jean-Marie Dinh

Voir aussi :  Rubrique Politique culturelle, Montpellier Christopher Crimes au Domaine d’O, Le retour des Guitar Heores , Le bilan du surintendant Koering, Première saison Scarpitta, Trois expos à ne pas manquer, rubrique Rencontre, Olivier Poivre d’ArvorJérome Clément, Marion Aubert,

Montpellier : Le retour des « Guitar Heroes » à tous vents.

Al Di Meola le 13 octobre au Rockstore

Les Internationales de la guitare, IG pour les familiers, figurent à Montpellier et dans l’Agglo comme le festival musical de la rentrée. La 16e édition qui se tiendra du 24 septembre au 15 octobre répond aux principes fondateurs de cette manifestation. Le cocktail artistique original  du directeur Talaat El Singaby fait recette. Il se compose d’une ouverture sur le monde tirée par des grandes pointures de l’instrument à six cordes relayé par une armée de petites mains. Ajoute un souci d’éclectisme qui associe des origines très diverses (treize pays sont représentés cette année) et une redistribution qui casse le cloisonnement des genres. Classique, rock, jazz, flamenco, blues, musique tzigane, world… se côtoient à l’affiche des IG avec la volonté affichée de cohérence. Autour des grands concerts, 24 cette année, le festival propose une myriade de concerts et manifestations associées. Le programme 2011 compte près de 300 propositions, réparties dans quatre départements de la Région concernant 19 communes de l’Hérault, et dix sept villes de l’agglo.

Pour bien marquer son implication territoriale, samedi 24 septembre, l’ouverture des  IG aura lieu simultanément avec le swing manouche de Sanseverino au théâtre municipal de Mende, un concert de l’ex chanteur de Louise Attaque, Gaetan Roussel à Aigues-Mortes et la présence exceptionnelle de l’Irlandais Neil Hannon de The Divine Comedy au Corum de Montpellier.

Des concerts pour tous

Talaat El Singaby souligne la place que le festival accorde à la création citant le duo flamenco  Chicuelo et Duquende, accompagné pour l’occasion par le danseur Maria Del Mars Fuentes, 5 musiciens et un chanteur (le 25 septembre à Sérignan, La Sigalière), ou encore le trio Renan Luce, Alexis HK et Benoît Dorémus réunis pour une aventure éphémère (le 4 oct au Corum). L’épisode III de Opéra Rom est programmé au Corum le 1er octobre afin d’explorer en profondeur « tous les paroxysmes de la musique tzigane » en compagnie de grands professionnels du genre.

On peut citer aussi  Paco Ibanez qui chantera Brassens  à Lunel (le 30 septembre), Elliott Murphy au chai du Terral de Saint-Jean de Védas  le 6 octobre, John Scolfield  dans le nouvel Espace Lattara à Lattes, le 7 octobre. Le Rockstore qui s’apprête à souffler ses 25 bougies, accueillera notamment : Catherine Ringer (11 octobre), Saul Williams (12 octobre), Al di Meola (13 octobre).  Le réseau des Maisons pour Tous ainsi que certaines associations de quartier relaieront les IG au quatre coins de la ville, les médiathèques feront de même dans l’Agglo. On entend déjà les bruits de fond, la machine s’apprête à faire sonner ses moteurs à grands coups de larsens contrôlés.

Rens : Programmation 04 67 66 36 55 ou www.les-ig.com

Billet. L’ambiance des grands jours.

Couvert d’éloges pour son parcours atypique à la tête des IG, le frêchiste Talaat El Singaby affirme la cohérence de son projet. 

Talaat El Singaby

Il y avait du beau monde pour la présentation des IG 2011, mercredi. Artistes, partenaires économiques et médiatiques, acteurs culturels, emplissaient la salle de réception de la Maison des relations internationales de la ville pour cette rencontre protocolaire accessoirement baptisée conférence de presse. Cette présence immédiate à laquelle les journalistes n’ont pas vraiment accès pour exercer leur métier, les plongent parfois dans des visions oniriques intenses. Au côté de Philippe Saurel qui inaugurait ses nouvelles fonctions municipales en tant que délégué à la culture, le directeur Talaat El Singaby jubilait intérieurement de cette pleine reconnaissance. Il est en effet rarissime pour une structure associative d’accueillir à sa table l’ensemble des institutions culturelles que compte la décentralisation. Mais au-delà des répercutions en terme de financements croisés qui abondent et valident le projet, après un été mouvementé*, la plus grande satisfaction a sans doute été symbolique pour cet homme de réseau. On n’a finalement très peu parlé  d’organisation, de politique culturelle ou de programmation artistique  au cours de cette présentation. On s’est en revanche étendu sur les mérites, l’adhésion du public et la cohérence de la démarche.

« Les IG cultivent les traits qui ont fait sa marque de fabrique. Mais elles cultivent davantage leur mutation perpétuelle en prenant de court les accélérations flagrantes qui bouleversent notre monde , y compris  les arts et la culture. Elles cultivent la continuité et la rupture», affirme le directeur du festival à l’adresse du public. Ce qui replace la notion de cohérence dans une vision de confort, non dans la confrontation à un besoin concret ou exprimé, mais dans l’idée ou dans la perception qu’on s’en fait. Le directeur des IG se compte parmi les héritiers de Frêche. Il cite Nietzsche : « Je compte mes privilèges au nombre de mes devoirs ». Est-il pour autant un authentique héritier du prophète de « la mort de Dieu »  qui a cassé les systèmes ?

Jean-Marie Dinh

* En juillet, le Conseil des prud’hommes condamne l’association Confluence qui gère le personnel des IG pour non paiement d’heures supplémentaires et rupture anticipée du CDD d’une salariée. En Août, Talaat El Singaby reçoit la distinction honorifique de Chevalier des Arts et des lettres des mains du ministre de la Culture.

Voir aussi :  rubrique Musique, rubrique Montpellier Culture : Le bilan Koering, Les grandes expos à ne pas manquer en ville, rubrique Festival,   Festival de Radio France, Koering : Le public est devenu connaisseur,  rubrique Politique culturelle, rubrique Politique locale, On line Montpellier Journal IG : 390 000 euros de subvention et des interrogations ,

Le bilan du surintendant de la musique

Les bons résultats du Festival de Radio France 2011 clôturent l’ère Koering

Musique Lyrique. Avec la fin de l’ère Koering une page se tourne vers un avenir incertain.

A l’heure du bilan, le Festival de Radio France qui s’est clôturé le 28 juillet dernier affiche une fréquentation totale de 121 700 spectateurs en très légère baisse comparée à  2010 qui avait réuni  123 500 spectateurs. Au Corum, les 15 soirées payantes sur les 194 manifestations du festival représentent 16% de la fréquentation. Les concerts gratuits de jeunes solistes à 12h30 et ceux de musique de chambre à 18h confirment leur succès avec près de 20 000 personnes. Cette année, le retour des concerts jazz au château d’O est à l’origine d’une hausse de la fréquentation (12 200 spectateurs). La musique électronique programmée place Dyonisos (3 concerts au lieu de 6 en 2010) a accueilli 7 000 personnes contre 14 500 l’année dernière.  44 concerts ont été décentralisés en région et 29 dans l’agglomération où 50 à 200 personnes ont été refusées chaque soir en raison de la faible capacité des lieux d’accueil. A noter aussi cette année, une présence renforcée de Radio France à Montpellier où 43 émissions dont 34 de France Culture ont été enregistrées en public.

Les raisons d’un succès

Cette réussite ne tient pas qu’à une dimension quantitative mais à un véritable savoir-faire dans les équilibres liés à une réelle exigence qualitative. Il n’est pas rare de voir des collectivités proposer des concerts gratuits mais il est rarissime de trouver des concerts entrée libre du Quatuor Prazak…

On a pu reprocher au directeur du Festival son enthousiasme modéré pour la décentralisation régionale. A la vérité, c’est plutôt son assurance et son souci d’exigence qui semble faire tâche dans le décor. Le fondateur du festival s’est toujours refusé à confondre décentralisation culturelle et culture au rabais. Par ailleurs, ce festival est comme son nom l’indique un festival de Radio. Il est destiné à être diffusé. Et il l’est plutôt bien. « Avec près de 300 diffusions internationales par an, le festival a fait connaître Montpellier dans le monde entier » rappelle René Koering. Un intérêt rehaussé par la programmation originale dont le surintendant de la musique avait le secret.

Transition chaotique

Concernant la naturelle transition qui devait voir le jour, la disparition de Georges Frêche a manifestement précipité les choses. Après avoir démissionné de la direction de l’Orchestre national et de l’Opéra de Montpellier en décembre 2010, René Koering, dont la candidature à sa succession a été soutenue par le président de l’Agglo Jean-Pierre Mourre, a quitté la direction du Festival le 28 juillet. Jean-Pierre Le Pavec, le nouveau directeur du festival, qui fut à l’origine du Festival de Saint Denis (une vingtaine de concerts) doit désormais prendre la mesure d’une machine qui produit dix fois plus de manifestations en 17 jours.

Questions d’avenir

Quelques questions se posent aussi pour la gestion de l’Orchestre et de l’Opéra, tombée dans les mains de l’imprévisible Jean-Paul Scarpitta. Après s’être empressé de faire le ménage autour de lui, (l’ex-préfet Constantin qui présidait l’Euterp*, le chef  d’Orchestre Lawrence Foster…) il n’est pas dit que les premières décisions prises par le nouveau directeur, comme la suppression des concerts du week-end, réjouissent les abonnés. S’ajoutent aussi quelques interrogations budgétaires. Le système frêchiste n’a jamais été un modèle de démocratie mais il reposait néanmoins sur un certain équilibre, notamment sur une profonde confiance relationnelle. Il semble à ce jour, que l’on ait gardé la structure, la maîtrise en moins. Et comme l’on sait, le goût immodéré pour le prestige ne fait pas toujours bon ménage avec l’argent du contribuable.

Jean-Marie Dinh

* Association gérant l’Orchestre et l’Opéra  financée par les collectivités.

Voir aussi :  Rubrique Festival,  rubrique Musique, 16e Internationales de La Guitare, Festival de Radio France, René Koering, rubrique Politique culturelle, rubrique Politique locale, rubrique Rencontre, Koering : le public est devenu connaisseurAldo Ciccolini,